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ans d'histoire au prieuré de saint-gabriel. |
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Le
prieuré de Saint-Gabriel, situé sur les bords de la Seulles, à
quelque distance de l'église paroissiale, est un des monuments les plus
beaux du département du Calvados. Il
se peut fort bien que Guillaume-le-Conquérant soit passé au prieuré
de Saint-Gabriel, fondé en 1058. Si des premiers temps il n'existe plus
aucun souvenir monumental, les édifices subsistant s'échelonnant de la
première moitié du XII ème à la fin du XV ème, se prieuré évoque
cependant, parfaitement encore, ce que pouvait être au moyen âge une
exploitation rurale monastique de moyenne importance. Quels
furent les principaux moments de l'histoire du prieuré ? 1058
- Après les invasions scandinaves, le monastère bénédictin
de Fécamp joua un rôle important dans la reconquête de la
Basse-Normandie par l'église régulière. Le prieuré de Saint-Gabriel
fut fondé en faveur de l'abbaye de Fécamp par le Seigneur de Creully
qui avait un frère, moine affectant (Vital). Celui
-ci fut chargé de créer le prieuré et obtint à cet effet une
copieuse dotation. En retour, les donateurs reçurent de substantiels
cadeaux, ainsi le Duc Guillaume reçut 30 livres et son demi-frère Odon
7. Il n'est donc pas impossible que le futur Roi d'Angleterre et l'évêque
de Bayeux soient venus à Saint-Gabriel. Aux premiers domaines proches
de Creully et de Langrune furent bientôt Ajoutées des dépendances
plus lointaines, notamment près de Carentan. Vital
créa un prieuré très prospère. Ses talents lui valurent d'être
ensuite appelé à gouverner l'abbaye de Bernay, puis vers 1076, celle
de Westminster. Ces débuts favorables expliquent que Saint-Gabriel ait
été plus qu'un prieuré ordinaire. On espéra longtemps en faire un
monastère autonome. XII
ème De
cette époque date le porche d'entrée. C'est une oeuvre assez typique
du style des bénédictins qui cherchaient à donner un certain faste a
l'aspect extérieur de leurs monastères. XIV
ème Dans
l'église, apparemment jugée que trop obscure, fut percée une grande
baie de style gothique. A
droite de la grande cour qui servait de centre d'exploitation, au
rez-de-chaussée du manoir prioral, se trouve le réfectoire, une belle
salle gothique de cinq travées voûtées d'ogives sur deux nefs. XV
ème A
l'angle du manoir prioral s'élève une fort belle tour carrée, flanquée
à droite d'une tourelle d'escalier de ronde. Immédiatement à gauche
s'ouvre un large porche surmonté du blason de l'abbaye de Fécamp.
Selon la tradition, les pauvres se réunissaient sous ce porche pour
recevoir du pain. En effet, tous les jeudis depuis la fête de Saint-Luc
(18 octobre) jusqu'à celle de la Saint-Claire (18 juillet) on donnait
au prieuré une demi-livre de part a chacun des pauvres qui se présentaient.
Plus tard, cette aumône fut convertie en en 400 boisseaux de blé qui
devaient être distribués chaque année, par le soin des curés, aux
pauvres des 21 paroisses ou le prieuré avait des domaines. De
cette époque date également la tour de justice priorale, située au
bord de la route. C'est une sorte de donjon en miniature. Une salle
basse servait de prison. 7
septembre 1470 Louis
XI qui se rendait en pèlerinage à la Vierge noire de La Délivrande
fit en passant un Don au prieuré. Le roi venait du Mont-Saint-Michel et
s'était arrêté à Bayeux. Il était accompagné par l'évêque de
Bayeux, Louis II d'Harcourt et le maréchal de Lohéac, anciens
compagnons d'armes de Jeanne d'arc. XVI
ème Les
guerres civiles qui dévastèrent alors la France furent néfastes pour
le prieuré. Vers
1615 Il
était entre les mains d'un personnage peu recommandable : Jean Le Héricy.
Pour ce faire construire un logis majestueux, les cloches de la tour de
l'église en ruine furent vendues et certains bâtiments tels que le cloître
furent démolis. Celui
-ci était situé au nord de l'église. Le beau passage voûté
prolongeant le réfectoire donnait, semble-t-il, accès au cloître.
Jean Le Héricy fit construire dans le logis principal une magnifique
salle ornée de vitraux et de tapisseries. La lucarne et la belle cheminée
de la grande salle située au dessus du réfectoire datent peut-être de
cette époque. Un pavillon renaissance prolongeait cette partie. Ce
pavillon figure sur une gravure de 1845. Le monastère de Saint-Gabriel
ne se remit jamais de cette mauvaise gestion. 1674 Mgr
de Nesmond appliqua le tiers des revenus à la mens conventuelle de
Saint-Vigor près de Bayeux. Les bénédictins de Fécamp avaient
cependant conservé la jouissance du prieuré. 1750 Ils
furent autorisés par Mgr de Luynes à démolir la nef de l'église
comme étant dangereuse. "
La nef n'avait plus de couverture, les deux murs d'enceinte étaient inégaux
en longueur et en élévation, le plus long des deux était terminé par
une grosse tour inachevée et pourtant d'une hauteur considérable......
Des arbres plantés en avenue devaient remplacer les piliers". 1789 A
la révolution le prieuré fut vendu comme bien national, l'église
devint un hangar agricole. 1824 Le
chœur de l'église était entièrement découvert et les voûtes
commencaient à s'effondrer. 1845 Grâce
à l'intervention des meilleurs archéologues locaux, notamment d'Arcisse
de Caumont (1802 - 1873), l'état en décida l'acquisition et la
restauration. Restaurée mais désaffectée, ce que l'on appelle
aujourd'hui la Chapelle appartient toujours à l'état. 1911 Les
bâtiments d'exploitation de l'ancien prieuré restés propriété privée
furent achetés par M. et Mme Emmanuel Fauchier Delavigne qui créèrent
en 1929 un Centre d'apprentissage horticole. 1929 Il
s'agissait du premier établissement créé en France dans le cadre de
la loi du 18 janvier 1929 sur l'apprentissage agricole et horticole. D'importants
travaux de restauration et d'aménagement furent réalisés. De 6 élèves
au départ de l'établissement en comptait 180 en septembre 1979. 1970 Des
travaux d'agrandissement furent réalisés. Deux bâtiments qui avaient
existé autrefois furent reconstruits, l'un dans le prolongement de la
partie gauche du manoir prioral, l'autre le long de la route et ont
permis d'aménager une nouvelle cuisine, un nouveau réfectoire, des
sanitaires, des salles d'eau et d'installer le chauffage central dans
l'ensemble. Les
subventions étant limitées il fut fait appel, pour le gros oeuvre, à
l'aide de jeunes volontaires de l'association "Études et
Chantiers". Actuellement le Centre Mixte d'Enseignement Horticole abrite 180 élèves en internat et les prépare aux Certificats d'Aptitude Professionnelle Horticole et au Brevet d'Études Professionnelles Agricoles (option horticole, culture légumière, floriculture, pépinière, jardins et espaces verts).
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