1er Juillet 2025

UN SIÈCLE D’HISTOIRE DU CALVADOS

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DOUVRES - la - DÉLIVRANDE

Canton de Douvres-la-Délivrande

Les habitants de la commune sont des Douvrais, Douvraises

14 Août 1473.    Louis XI s'arrête à la chapelle de la Délivrande. Il avait avec lui Louis de Harcourt, patriarche de Jérusalem, et une suite nombreuse de seigneurs et de gardes. Son séjour dans le hameau se prolonge jusqu'au 19 du même mois. (source Le Journal de Honfleur)

 

Septembre 1828   -   Un accident mortel.  -   Dimanche dernier, sur le chemin qui conduit de Bayeux à la Délivrande, une femme montée sur le devant d'une charrette qui portait un tonneau de cidre, effrayée en voyant la voiture prête à verser, a voulu sauter à terre, malheureusement elle est tombée près de la roue, qui lui a écrasé la tête, elle est morte de suite, sans qu'aucuns secours aient pu lui être apportés.

Cette femme est mère de 6 enfants et soutenait cette nombreuse famille par son travail. (Le Journal de Caen et de la Normandie)

 

Janvier 1829   -   Un incendie.   -   Vendredi matin, vers 5 heures, le feu s'est manifesté à la Délivrande à l'une des premières maisons de ce bourg en y arrivant de Caen, les progrès de l'incendie étaient effrayants, on n'a pu prévenir un plus grand désastre qu'en abattant deux bâtiments voisins, on s'est ainsi rendu maître du feu qui menaçait de consumer d'autres habitations et une grange remplie de grains.

Parmi les personnes qui se sont empressées de signaler leur dévouement dans cette circonstance, un témoin oculaire nous indique deux ecclésiastiques qu'il croit être le curé et le vicaire de Douvres. Rien n'arrêtait leur courage, ils semblaient ne rien redouter et se sont toujours trouvés au milieu des flammes et là où il semblait y avoir plus de danger. M. Dedouit, ancien notaire, a montré le même courage et a eu un doigt brûlé.

Cet évènement qui a détruit cinq maisons, frappé des gens peu fortunés dont tout le mobilier a été dévoré par le feu. Leur position est d'autant plus triste qu’ils ne pourront relever leurs chaumières qui presque toutes se trouvaient dans l'alignement de la nouvelle route, et dont une seule était assurée.

Ces cinq familles ont le plus pressant besoin de secours, une souscription en leur faveur est ouverte chez M. Blancagnel, notaire, qui a déjà reçu plusieurs offrandes.

Ce terrible accident est attribué à l'imprévoyance d'une femme qui gardait le corps d'une jeune fille décédée de la veille.  (Le Journal de Caen et de la Normandie)

 

Mai 1829   -   Cour d’Assises.   -   Présidence de M. Gournay. Jeudi 21.

-   Il existe à Douvres un tailleur d'habits nommé Lepetit qui paraît jouir d'un certain crédit, dont un sieur Grout s'est permis de profiter pour obtenir de MM. Ameline et Guittard, marchands de drap à Caen, une certaine quantité de marchandises, à l'aide d'une lettre ou billet au bas duquel il fabriqua la signature du sieur Petit.

Il usa même une seconde fois du même moyen chez M. Duval Vautier. Ce n'était peut-être là, dans l'esprit de Grout, qu'une petite espièglerie qui lui semblait commode pour être bien vêtu à bon marché, mais la justice a malheureusement envisagé les choses d'après les articles 150 et 151 du Code pénal, et Grout a été condamné en cinq années de réclusion et à la marque. (Le Journal de Caen et de la Normandie)

 

Septembre 1830    -    Les Jésuites de la Délivrande dispersés : un avenir incertain.   -   Plusieurs de nos abonnés nous ont demandé ce que sont devenus les Jésuites-Missionnaires, dont le quartier général était à la Délivrande, et qui, de la, faisaient leurs incursions sur le territoire des infidèles des environs.

Voici les renseignements qui nous sont parvenus sur ces membres nomades de la tribu de Levi : sur 8 qu'ils étaient avant la révolution, 3 seulement sont restés pour desservir la chapelle où la piété attire ces nombreux pèlerins que l'on rencontre sur toutes les routes, couverts de gros bouquets de fausses fleurs. Les 5 autres sont rentrés comme desservants ou vicaires dans les paroisses du diocèse, en attendant, probablement, qu'un nouveau Néhémie rassemble les débris dispersés de la congrégation. Ce que les almanachs ne prédisent pas pour l'an de grâce 1830.

On nous a assuré que, seuls entre tous les autres ecclésiastiques, ceux de la Délivrande ont été cachés pendant plusieurs jours, craignant une persécution que personne ne songeait à leur faire subir.  (Le Pilote du Calvados)

 

Septembre 1830    -    Souscription.   -   En faveur des veuves et des orphelins des victimes tuées à Paris le 27, 28 et 29 juillet 1830.

Au bureau du Pilote( 9º. liste ).

MM. Jouin, maire de Verson, 5 fr. ; Jean-Baptiste Leduc, adjoint, 5 fr. ; Jean-Baptiste Mahyer, percepteur, 5 fr. ; Gambier,  officier retraité, 5 fr. ; Delaunay, capitaine retraité, 5 fr. Lejeune, P. J., capitaine, 5 fr. ; Paul-Alexandre Lepelletier, 5 fr. ; Marc, maire de Mathieu, 10 fr. ; Bellier fils, propriétaire à Cully , 5 fr. ; Castel géomètre du cadastre, 5 fr. ; Jobert père, propriétaire, 20 fr. 

Souscription ouverte à Argences, en l'étude de Me Hoguais, notaire, 103 fr.

Souscription ouverte à Villers, en l'étude de Me Langlois, notaire, 32 fr. 30 c. Gosse, huissier à Douvres, 5 fr. ; Daubert, directeur des postes à la Délivrande, 5 fr. ; Fournier, capitaine retraité, à Erne, 15 fr. ; Fitz-Gérald, écuyer irlandais, 10 fr. ; Révérend, chef de bataillon retraité, 5 fr. Collecte faite à Banneville, lors de l'inauguration du drapeau, déposée par M. Denis, maire, 44 fr. 30 c. Boullin jeune, 10 fr. ; Simon, J. B., et son petit fils Léon, 6 fr. La première compagnie de chasseurs de la garde nationale de Caen, produit d'une collecte faite à la suite d'un banquet, 88 fr.

Souscription ouverte à Goustranville-Saint-Clair, déposé par M. Hoybel, maire, 160 fr. ; François Lecael, garde champêtre, à Carpiquet, 3 fr. ; Laurent l'aîné, maire à Carpiquet , 10 fr. (Le Pilote du Calvados)

 

Octobre 1830    -    Surveillance accrue autour de la Délivrande.   -   Le journal du Havre annonce que près d'un petit port du département de la Seine-Inférieure, des familles carlistes et congréganistes du pays se réunissent depuis quelque temps.

Informé de l'existence de leurs conciliabules, le gouvernement a bientôt appris que des individus suspects s'occupaient en Angleterre de leur faire parvenir des armes.

Les bâtiments gardes-pèche ont reçu l'ordre de croiser dans les

lieux ou les débarquements pourraient s'opérer.

Nous devons, comme ce journal , appeler l'attention de l'administration sur d'autres conciliabules qui se tiennent aussi non loin de nos rivages, dans le village de la Délivrande, à Douves, nous apprenons, d'une manière non équivoque, que souvent pendant la nuit, des équipages arrivent par la route de Caen dans l'établissement religieux, et qu'ils repartent tous avant le jour. On répondra peut-être que ces voyages nocturnes n'ont pour objet que de pieuses retraites, et qu'il s'agit la beaucoup plus de choses spirituelles que de manœuvres suspectes. Cela se peut, mais personne ne le croira, et l'autorité, tout en supposant que la piété seule conduise à des heures obscures les pèlerins à la Délivrande, devrait, ce nous semble , s'enquérir de la cause des pèlerinages. Il n'y a qu'un quart de lieue de Douvres au rivage, et la maison des missionnaires excite depuis assez longtemps des murmures dans notre pays, pour que l'on doive s'assurer si l'on y fait autre chose que des vœux et des prières.

Est ce aussi pour prier que certain fonctionnaire de notre ville  fait, par une des nuits du commencement de ce mois, une excursion vers la demeure de ces missionnaires ?   (Le Pilote du Calvados)

 

Octobre 1830    -    La garde nationale est fin prête.   -   La garde nationale de Douvres est entièrement organisée, depuis la fin du mois dernier elle a nommé ses officiers, et elle s exerce maintenant avec activité. (Le Pilote du Calvados)

 

Février 1831    -    Rumeurs d'un drapeau blanc à La Délivrande.   -    Depuis plusieurs jours le bruit s'est accrédité à Caen que la semaine dernière, dans le village de la Délivrande, un drapeau blanc aurait été exposé à la fenêtre d'une maison où quelques individus venaient de dîner. Nous n'avons pu obtenir des renseignements assez certains pour rien affirmer à cet égard, mais comme nous ne doutons pas que l'autorité ne prenne d'exactes informations, nous espérons être à portée de dire dans notre prochain numéro si ces bruits sont ou non fondés. (Le Pilote du Calvados)

 

Février 1831    -    Des températures anormalement élevées pour la saison.   -    Depuis quelques jours, dans notre pays a succédé à un froid assez vif une chaleur inaccoutumée dans une saison aussi peu avancée, pendant les trois derniers jours le thermomètre s'est élevé à 12 degrés, aujourd'hui il est monté à 14.

Il est à craindre que ces variations de l'atmosphère ne soient préjudiciables à la végétation, qui, par suite de ces chaleurs, va prendre des développements d'autant plus considérables que les nuits même conservent une grande partie de la chaleur du jour. (Le Pilote du Calvados)

 

Mai 1831    -    Collecte illégale à la chapelle de la Délivrande.   -   On nous assure qu'au mépris des lois, violées depuis trop longtemps, et sur l'exécution desquelles M. le préfet du Calvados a déjà plusieurs fois rappelé l'attention de l'autorité compétente, il existe encore dans la chapelle de la Délivrande un tronc pour les séminaires. Si ce fait est exact, comme nous avons lieu de le croire, on a lieu de s'étonner que M. le maire de Douvres, président de droit du conseil de fabrique, et chargé spécialement de surveiller tout ce qui peut porter préjudice aux pauvres de sa commune, soit par des quêtes illégales, soit par des troncs qui détournent la bienfaisance publique de sa véritable direction, que ce maire laisse se perpétuer un abus proscrit par les dispositions législatives que nous avons citées dans notre numéro du 3 avril; et qui sont mentionnées dans les circulaires administratives. (Le Pilote du Calvados)

 

Juin 1831    -    Les deux drapeaux de la chapelle de la Délivrande, cause de guerre.   -   La chapelle de la Délivrande, si renommée dans notre pays par ses miracles, est située sur le territoire de Luc, aux confins de celui de Douvres.

Par sa position comme qui dirait je suis sur la limite de deux états, elle a failli être en petit ce que sera bientôt en grand le Luxembourg, une cause de guerre entre les peuples limitrophes, sur le point de savoir lequel des deux planterait son drapeau sur le faîte sacré.

Reprenons les choses de plus loin, et racontons comment une diplomatie officieuse a su dans un congrès prévenir par ses protocoles d'imminentes hostilités.

Plusieurs fois déjà le maire de Luc avait remplacé sur la chapelle le drapeau tricolore que le vent, le diable ou quelqu'autre puissance mystérieuse, malfaisante et anti-tricolore, déchirait sans cesse, malgré la solidité de l'étoffe dont il était fait. Témoins des efforts inutiles de Luc pour maintenir son drapeau sur le nid de nos ci-devant missionnaires, les Douvrois en firent dernièrement fabriquer un sur lequel l'ouragan même serait sans empire, car confectionné en tôle ce serait bien le diable s'il ne résistait pas. Le drapeau métallique fut placé sur la chapelle.

A cet aspect grande rumeur a Luc, qui voit dans ce fait un acte attentatoire à ses droits et à sa propriété. Le maire de cette commune substitue bientôt son drapeau à celui des Douvrois, qui s’entêtant pour ne pas perdre le bénéfice de leur bonne intention, attachent de nouveau leur étendard au pignon de la chapelle et en scellent fortement dans la muraille la lance dont la longueur le place au dessus de celui des Lucois. Nouveaux murmures de la part de ceux-ci, furieux qu'un drapeau rival, vint par sa hauteur humilier le leur. Enfin les têtes se montent et déjà on s'apprête d'un côté à renverser et de l'autre à défendre le drapeau douvrois (1).

Fort heureusement des diplomates neutres sont intervenus pour régler les affaires, un plan qui plaçait la chapelle sur le juste milieu de la ligne séparative des deux états avait éveillé les anciennes prétentions et les pensées jalouses des Douvrois, mais un plan exact, copié sur celui du cadastre, a été soumis au congrès, et le premier protocole a rejeté la prétention. Restait le grand point à juger : Douvres voulait que son drapeau fût maintenu, et offrait d'inscrire son nom dessus, conjointement avec celui de Luc ; Luc rejetait ce mezzo termine

comme une concession contraire a son droit exclusif sur la chapelle. L'intention des Douvrois mieux appréciée ( elle était surtout de voir un drapeau sur la chapelle qui n'en voulait pas souffrir ) a servi de base au protocole définitif, et il a été convenu que les deux drapeaux resteraient sur le toit, pourvu que celui de Douvres ne dépassât pas celui de Luc.

La paix a été signée à ces conditions, et maintenant les deux drapeaux flottent fraternellement sur la chapelle, d'où la main invisible qui lui a attiré ce double déboire, ne cherchera pas sans doute à les abattre, de peur que le lendemain on n'y en plaçât un plus grand nombre.

 

(1) Les choses en étaient venues au point qu'un pauvre diable de perruquier, dont la boutique est sise sur Luc, à deux pas de la chapelle, allait perdre toutes ses pratiques. Les Lucois ayant trop loin pour venir se faire raser chez leur concitoyen de la frontière, et les Douvrais ne voulant pas qu'on put dire, dans l'état ou en étaient les affaires, qu'un habitant de Luc leur faisait la barbe.  (Le Pilote du Calvados)

 

Juin 1831    -    Service d’une voiture publique de Caen à Luc.   -   A dater du dimanche 12 juin 1831, le sieur Quesnel, entrepreneur de voitures publiques, fera partir tous les jours de Caen pour Luc, à 7 heures du matin, et de Luc pour Caen, à 7 heures du soir, une voiture à 4 roues, montée sur ressorts et très commode.

L'exactitude que le sieur Quesnel a apportée dans le service les années précédentes, lui fait espérer que les personnes qui ont bien voulu l'honorer de leur confiance daigneront la lui continuer.

Le prix des places est fixé à 1 fr. tout payé.

Les bureaux sont toujours établis à Caen, chez M. Jeanne, cafetier au Marché au Bois ; à la Délivrande, chez M. Deliot, cafetier, et à Luc, hôtel du Grand Orient.

A dater de la même époque, il fera partir tous les jours une voiture pour Courseulles à 7 heures du matin, et de Courseulles pour Caen à 5 heures et demie du soir.

Les bureaux sont, à Caen, chez M. Jeanne ; à la

Délivrande, chez M. Deliot, et à Courseulles, hôtel des Étrangers.

Le prix est fixé à 1 fr. 4o c. par place, tout payé. . (Le Pilote du Calvados)

 

Juillet 1831    -    Divisions à Douvres lors de l'élection de la Garde Nationale.   -   Il y a trois jours, les habitants de Douvres se sont réunis pour procéder à l'élection des officiers de leur garde nationale. Il s'agissait d'élire deux capitaines, deux lieutenants et deux sous-lieutenants.

L'élection du capitaine en premier se fit sans difficultés, et M. Léopold Hettier obtint ce grade à la presqu'unanimité des suffrages.

Quand il s'agit de la nomination du second, l'accord cessa, les deux parties de la commune, c'est-à-dire la Délivrande-sur- Douvres et Douvres proprement dit, portant chacune un candidat. On procéda néanmoins, en présence du maire, au scrutin qui fut favorable au candidat de la Delivrande. Les douvrais prétendirent que les formalités n'avaient pas été observées, que l'appel nominal, fait lors du premier scrutin n'avait pas eu lieu au second, que par cette omission ou négligence le nombre des membres pressens n'était pas constaté et que par suite il y avait eu fraude, quelques individus ayant remis chacun plusieurs bulletins dans l'urne.

Le maire crut ramener les esprits en disant qu'ayant la faculté de former deux compagnies il allait adopter cette mesure, et qu'alors chaque compagnie nommerait séparément ses officiers. Cette proposition ne fut point écoutée et l'assemblée se sépara sans rien décider.

S'il est vrai que l'appel nominal n'ait pas eu lieu au second scrutin, il est certain que l'omission de cette formalité entraîne la nullité du vote exprimé. Toutefois il est fâcheux que par suite de petites querelles de coterie et d'amour propre, des dissensions de cette nature s'élèvent entre des citoyens tous animés de la même intention, et disposés à agir en commun si jamais l'ordre public menacé réclamait leur intervention. On espère que mieux éclairés sur la nécessité de rester fermement unis, les citoyens de cette commune vont s'entendre et ôter tout prétexte de critique aux gens qui sont toujours prêts à profiter de la désunion des bons citoyens. Puisque deux moyens leur sont offerts, ils doivent se décider pour l'un ou pour l'autre afin de ne pas prolonger leur division, et s'il y restent organisés en une seule compagnie, l'intérêt public leur fait un devoir de chercher à arriver moins à nommer un camarade qu'à choisir l'homme le plus digne et le plus capable de les commander.

Malheureusement la cause de cette division ne tient point à la circonstance actuelle, elle remonte bien au-delà et se rattache à la disposition même de la commune formée d'un village considérable, qui en est la moitié environ, et de plusieurs autres villages qui composent le reste. Une sorte de jalousie, bien ou mal fondée, a toujours existé entre ces deux fractions de la commune, et l'élection dont nous venons de parler lui a donné occasion d'éclater. Les habitants de cette dernière fraction reprochent aux autorités, qui demeurent dans le bourg de la Délivrande, de favoriser cette partie de la commune au détriment de l'autre.

Entre autres réclamations, ils se plaignent que tous les chemins vicinaux qui vont aboutir au bourg même ont été toujours bien entretenus, même lorsqu'on ne songeait pas à faire les réparations dans Douvres. Nous ne pouvons apprécier le mérite de ces plaintes, toujours est il qu'il est fâcheux, nous le repetons, que des querelles de cette nature se soient élevées dans une circonstance où il était si désirable de voir régner l'union, et il est du devoir de tous les bons citoyens de Douvres et de la Délivrande de se faire des sacrifices mutuels pour les faire cesser. (Le Pilote du Calvados)

 

Novembre 1831    -    Incident lors des élections.   -  Dimanche dernier, 29 octobre, jour fixé par les arrêtés de la préfecture pour les élections de la commune de Douvres, les électeurs de cette commune, et plusieurs propriétaires venus du dehors pour participer aux opérations qui devaient avoir lieu, se sont présentés à la municipalité, et ont été fort étonnés d'en trouver les portes fermées.

On n'ignorait pas dans le pays que M. le maire avait du recevoir dès lundi soir ou mardi matin la décision du préfet qui rejetait sa proposition de diviser le collège électoral en deux sections. Par conséquent on s'attendait que rien ne s'opposerait à ce que l'on procédât à l'élection. On y comptait même d'autant plus qu'aucun contre-ordre n'avait été donné par M. le maire, et que dont cet état on devait regarder que l'instruction du préfet allait recevoir son exécution, puisqu'autrement on pensait que M. le maire aurait été sans doute assez prévenant pour éviter à ses administrés, et surtout à ceux qui devaient venir du dehors, un déplacement inutile.

Il n'en a point été ainsi. Aucun avertissement n'avait été donné pour prévenir les administrés du changement survenu dans la fixation du jour de l'élection. Aussi les citoyens désappointés ont-ils exprimé hautement le mécontentement que leur causait cet oubli des convenances.

On doit supposer que ce n'est pas de sa pleine autorité, et en vertu d'un pouvoir discrétionnaire que la loi ne lui attribue pas, que M. le maire a retardé l'époque qu'un arrêté administratif avait fixée irrévocablement, car alors il y aurait de sa part un abus de pouvoir qu'on ne saurait excuser. Mais en admettant qu'on n'ait pas à lui reprocher cet oubli de ses devoirs, on ne peut méconnaître du moins qu'il ait commis dans cette circonstance une faute que la simple politesse et les convenances lui commandaient d'éviter. (Le Pilote du Calvados)

 

Juin 1833    -    Idylle contrariée.   -    Une aventure assez singulière vient d'arriver à la Délivrande. Quelques-unes des circonstances nous ont même paru si peu ordinaires, que nous les aurions révoquées en doute, si des personnes dignes de foi ne nous en avaient garanti l'exactitude.

Il y a quelques années, un jeune homme, appartenant à une bonne famille du département de l'Orne, se trouvait à Caen pour ses études, lorsqu'il fit la connaissance d'une jeune personne de la rue Saint-Martin, et en devint bientôt éperdument amoureux. Il la demanda en mariage à sa mère, qui s'empressa d'accepter pour sa fille un aussi bon parti, et il ne restait plus au jeune étudiant, pour se croire le plus heureux des hommes, qu'à obtenir le consentement de ses parents. Mais ceux-ci, loin de se rendre aux vœux de leur fils, le menacèrent de le déshériter s'il venait à contracter une alliance qu'ils regardaient comme disproportionnée.

Soit que la jeune fille ne voulût point exposer celui qu'elle aimait au courroux de ses parents, soit qu'elle ne vit plus dans son union avec lui tout l'avantage qu'elle en avait espéré, elle renonça tout-à-coup au monde, et alla s'enfermer, avec l'intention de se faire religieuse, dans la maison d'éducation fondée depuis plusieurs années au village de la Délivrande.

Le jeune homme s'y présenta plusieurs fois, et fut très bien accueilli par les chefs de l'établissement, mais ce n'était point assez pour lui. Dévoré des maux de l'absence, il ne peut plus vivre loin de l'objet qu'il adore, si on lui refuse de le voir, de l'entretenir, il veut au moins respirer l'air qui le respire, et, pour cet effet, il change d'habits, et va s'établir à la Délivrande, où il achète un petit fonds de boutique, et le voilà métamorphosé par l'amour en marchand de livres de prières.

Nous ignorons combien de temps dura ce trafic, mais, jeudi dernier, une nouvelle idée lui passa par la tête, le soir, il quitte son petit magasin, et, armé de deux pistolets, il va escalader le mur du jardin de l'établissement qui renferme tout ce qu'il aime.

Il était couché sur ce mur, lorsque le chien de la maison, par ses aboiements, le fit découvrir aux domestiques. On ne douta point que ce ne fût un voleur, et l'on envoya chercher la gendarmerie. Interrogé sur ce qu'il était et sur ce qu'il faisait là, le jeune homme répondit qu'il n'avait aucune mauvaise intention, qu'il était venu pour voir que personne qu'il aimait, et pour l'emmener avec lui, si elle consentait à le suivre, et que les armes qu'il portait étaient destinées uniquement à vaincre les obstacles qu'il aurait pu rencontrer dans l'exécution de son dessein.

On pense bien que MM. les gendarmes ne se montrèrent pas très sensibles à ces raisons. Le jeune homme fut arraché du poste où il se tenait cramponné. Nous sommes fâchés d'être obligés de dire qu'on lui lia les bras, qu'on lui mit des menottes comme à un malfaiteur, et que, vendredi matin, il fut amené dans cet état à la maison d'arrêt de Caen.

Nous ne savons ce qui a été ordonné de son sort, mais nous ne doutons point que nos magistrats n'aient senti les mouvements d'une indulgente pitié pour cette victime de la faiblesse humaine, et qu'ils ne l'aient promptement rendu à la liberté. (Mémorial du Calvados)

 

Octobre 1833    -    Attente des « grands événements » politiques.   -   Les temps prédits doivent être enfin arrivés. La révolution triennale, vantée par la Gazette de France, est expirée depuis deux mois, et nous attendons encore les grands événements qu'elle nous annonçait avec tant de solennité. Cependant les fidèles redoublent leurs prières.

On nous mande de la Délivrande que jamais, à une autre époque, les processions n'y avaient été si nombreuses et les pèlerins si fervents. Ce ne sont que quarantaines, neuvaines, prières publiques et particulières. La route est sillonnée continuellement par des dévots isolés ou en troupe, priant ou chantant, à pied, à cheval ou en voiture. C'est une recrudescence de zèle, qui donne un démenti éclatant aux accusations d'irréligion élevées contre le dix-neuvième siècle.

Mais serait-il vrai qu'un maire des environs de notre ville ne se soit pas contenté d'unir ses prières à celles de ses administrés dans une de ces processions, mais qu'il aurait encore jugé à propos d'y paraître décoré de l'écharpe aux trois couleurs ? Nous prions M. le maire d'E .... d'éclaircir nos doutes à cet égard, c'est un fait par trop singulier pour que nous y ajoutions foi avant qu'il nous l'ait certifié lui même. (Mémorial du Calvados)

 

Mai 1834   -   Un incendie.   -   Samedi dernier, sur les trois heures et demie du soir un incendie a éclaté dans le bourg de la Délivrande. Favorisé par un vent violent, il a étendu rapidement ses ravages, et, malgré les efforts qui ont été employés, en peu d'instants cinq maisons sont devenues la proie des flammes. La perte peut être évaluée à 5,000 fr.

Les habitants du bourg et ceux des communes voisines ont rivalisé de zèle. M. le capitaine de la garde nationale, M. le curé et son vicaire, et M. le brigadier de gendarmerie sont arrivés les premiers sur les lieux. On nous cite comme s'étant principalement distingués MM. les missionnaires, Louis Lemarchand ; Siméon ; Dauber ; Pierre Patey ; Charles-Pierre Gehanne ; Guillemette, adjudant-major ; Victor Lepley ; Pihan et le garde champêtre de la commune. (Mémorial du Calvados)

 

Juin 1834   -   Tribunal de police correctionnelle.   -   Le 16 avril dernier, le sieur Roger, cultivateur à Torteval, accompagné de Vatel, son domestique, revenait de porter un tonneau de cidre au village de la Délivrande lorsqu'étant arrivés à l'endroit de la route appelé le Nouveau-Monde, ils furent accostés par le nommé Cabot, journalier à Caen, qui, saisissant le sieur Roger par la jambe, paraissait vouloir le renverser de dessus son cheval.

Vatel se joignit à son maître, et Cabot fut terrassé, mais aussitôt arriva le nommé Chapelle, vidangeur à Caen, qui porta à Vatel un violent coup de pierre, et lui fit une grave blessure.

L'arrivée d'une voiture publique mit fin à cette première scène, mais, à peine se fut-elle éloignée que Cabot retourna à la charge, porta des coups au sieur Roger, et parvint même à le renverser, et il lui dit alors ; « c'est de l'argent qu'il me faut, ou tu auras des coups ». L'intervention du conducteur de la voiture publique, rappelé par les cris de Vatel, fit enfin cesser cette attaque.

Tels sont les faits qui avaient conduit sur les bancs de la police correctionnelle les nommés Cabot et Chapelle. Celui-ci a été acquitté, et Cabot condamné à un mois de prison et aux dépens. (Mémorial du Calvados)

 

Juillet 1834   -   Les secours.   -  Par décision du 3 ce mois, M. le ministre du commerce a accordé un secours de 300 fr. aux habitants de Douvres qui ont été victimes d'un incendie le 21 mai dernier.

Un secours de 500 fr. vient d'être également accordé au sieur Blin, de la commune d'Epaney, pour l'indemniser de la perte de ses récoltes. (Mémorial du Calvados)

 

Juillet 1834   -   Tribunal de Police Correctionnelle.   -   Audience du samedi 12 juillet 1834. Présidence de M Lhermitte.

- Par arrêté de M. le maire de Luc du 30 avril dernier dûment homologué, défense est faite de mendier à la porte de la chapelle de la Délivrande. Le 16 juin dernier, une femme Lefèvre, demeurant à Douvres, fut surprise en état de mendicité.

Non contente de résister au brigadier de gendarmerie, qui l'engageait à se retirer, elle l'outragea de propos injurieux, en le traitant de voleur et de fripon.

Le tribunal, lui faisant l'application des articles 224 et 52 du code pénal, l'a condamnée à 16 fr. d'amende et aux dépens.  (Mémorial du Calvados)

 

Août 1834   -   Un prétendu miracle à la Chapelle de la Délivrande.   -   On parle beaucoup dans notre ville d'un nouveau miracle qui vient de s'opérer à la chapelle de la Délivrande.

Hier, la procession de la paroisse de Vaucelles était allée à cet antique pèlerinage. L'affluence des dévots était très considérable. Dans le nombre, une femme de 27 ans, persiste depuis plusieurs années pour obtenir sa guérison. Son espoir n'a point été trompé, au moment de la consécration, elle s'est levée debout, et s'est écriée : « je marche ».

Aussitôt la foule l'a entourée, on l'a couronnée de fleurs, de rubans, et la procession est revenue au milieu des acclamations, et en remerciant la patronne de la Délivrande de la merveille dont elle avait été témoin.

Nous ignorons ce qui a pu donner lieu à un tel récit, et à quel travers d'idées est dû ce prétendu miracle. Les gens sages sourient maintenant des écarts auxquels peuvent se livrer le faux zèle et le charlatanisme. Il savent que la religion bien entendue n'a pas besoin de pareils auxiliaires, et qu'elle les repousse ouvertement. (Mémorial du Calvados)

 

Septembre 1834   -   Un miracle.   -   Une fille qui habite le hameau de la Folie, était atteinte depuis près de 4 ans, d'une affection nerveuse. Les accès revenaient tous les jours, et alors la malheureuse entrait en fureur, et aboyait comme un chien. Elle n'osait plus sortir de chez elle. Voilà que tout-à-coup, il y a quelques jours, elle se décide a faire un pèlerinage à la Délivrande, et elle en est revenue parfaitement guérie.

Il est impossible de ne pas voir, dans cette guérison, un miracle aussi bien conditionné qu'il puisse s'en faire. Les esprits-forts de la folie conviennent eux-mêmes qu'il y a là quelque chose qui passe leur portée. (Mémorial du Calvados)

 

Septembre 1834   -   Un accident de chasse.   -   Un accident malheureux est arrivé vendredi dernier dans la commune de Douvres.

M. C. C. était à la chasse, il croit apercevoir un lièvre, il tire, le coup part, et va atteindre une jeune fille qui venait de traire sa vache. Elle n'a dû la vie qu'à sa cruche de cuivre qu'elle portait sur l'épaule, et qui lui a garanti une partie de la tête.

Son état est néanmoins assez inquiétant. (Mémorial du Calvados)

 

Décembre 1839   -  Arrestation brutale d'un chasseur.   -    On nous écrit des environs de Lion-sur-Mer, pour nous dénoncer. Un fait que nous ne saurions trop blâmer. Nous nous contenterons de le raconter tel qu'il nous est communiqué sans faire de commentaires.

Cette semaine le nommé Carpentier de la Délivrande, homme estimé de tout le pays, et jouissant d'une réputation à l'abri de tout reproche était à l'affût dans les broussailles d'une propriété appartenant à Mme, de Than. Le garde de cette propriété ayant aperçu le chasseur, lança son chien sur lui. Celui-ci se défendit comme il put. Le garde alors courut au château de la propriétaire, et revint accompagné de quelques individus qui se jetèrent sur le sieur Carpentier, le garrottèrent après lui avoir donné un coup de sabre sur le bras et le conduisirent à la Délivrande lié comme un criminel.

Les gendarmes de la Délivrande joignirent aux liens par lesquels était retenu Carpentier les poucettes aux doigts et une corde aux bras, et forcèrent ce malheureux père de famille à faire ainsi le trajet de la Délivrande au parquet de Caen.

M. le procureur du roi relâcha immédiatement le sieur Carpentier. Nous aimons à penser que ce n'est pas d'après les ordres de Mme de Than que le sieur Carpentier a été traité d'une semblable manière. (Source : Le Haro, National Normand )

 

Décembre 1843   -  Des pratiques abusives.   -   Nous avons eu plusieurs fois occasion de parler de la manière dont on fait la pêche sur nos côtes. Nous avons surtout réclamé contre celle des moules. 

Il en est une autre contre laquelle nous devons nous élever, celle du petit poisson : c'est vraiment une chose désastreuse que cette pêche, les marins de la côte du Calvados, notamment ceux de l'arrondissement de Caen, se servent de filets à mailles très serrées, et il n'est pas étonnant de voir à la Délivrande, par exemple, vendre le poisson par mesure. Ajoutons même que lorsque le poisson est trop petit pour être vendu, on le garde pour le donner aux volailles du pays. 

C'est là un abus que nous signalons à MM. les syndics, et qu'il est temps de voir disparaître. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Décembre 1846   -  Cour d'assises du Calvados.  -  Geneviève Borel, veuve Maheult de Vauconleurs, âgée de 45 ans, dentellière, née à Christot, sans domicile fixe, et Auguste-Louis Désirié Maheult de Vaucouleurs, son fils, âgé de 18 ans, né au Locheur sans profession, présentèrent, le 30 sept, et le 20 oct. 1845, au sieur Deuzet, garçon boulanger à Caen, 2 billets  le premier de 90 fr., le second de 60 fr., souscrits par un sieur Letellier, au profit de la veuve de Vaucouleurs. Deuzet consentit à escompter ces billets et le passé a l'ordre fut écrit par le fils Maheult et signé par sa mère, tous deux dirent à Deuzet que Letellier était un riche propriétaire de Christot. Mais Deuzet ne tarda pas à savoir qu'ils étaient faux.

Quelque temps après, ils passèrent un billet de 354 f. 55 c., faux aussi, à Ste-Croix, marchand mercier à Douvres, qui a été poursuivi par le dernier porteur de cet effet.

En outre, la veuve Vaucouleurs était entrée, en qualité de domestique à gages, chez le sieur Ste-Croix, elle était dénuée de tout. Bientôt elle fut à son aise. Elle profita de ce que Ste-Croix, au mois de juin dernier, fut mis en prison pour dettes, elle s'introduisit dans un magasin à l'aide d'une échelle, en y cassant un carreau, enleva de chez lui une grande quantité d'effets et de marchandises, et continua à vendre comme si le magasin était ouvert, sans rendre compte de ce qu'elle recevait. Son fils partageait avec elle le bénéfice de ses soustractions et lui aidait à en tirer parti. Vers le mois de juin dernier, il offrit à la demoiselle Legrix, à Douvres, une pièce de mérinos sur laquelle il consentait, disait-il, à perdre moitié  du prix qu'il avait versé. Cette demoiselle ne voulut pas participer à une action qu'elle considérait comme coupable.

La veuve Maheult de Vaucouleurs est en fuite, son fils seul est présent. Le jury le déclare coupable des deux crimes de faux, mais l'acquitte sur le chef relatifs aux vols commis au préjudice de Ste-Croix,  il admet en outre des circonstances atténuantes. La cour condamne en conséquence, Maheult de Vaucouleurs à deux années d'emprisonnement. ( source : Journal de Honfleur)

 

Juin 1849  -  Cour d’Assises du Calvados.   -   Présidence de M. d'Angerville.   -   Audience du 22.

Le nommé Jean, journalier, à Douvres, est accusé d'avoir, le 16 janvier dernier, commis une tentative de viol sur la personne de la demoiselle Amandine Pinçon, âgée de 16 ans, qu'il avait rencontrée vers midi, sur la route de Ouistreham à Lion-sur Mer.

Pour se soustraire à la brutalité de cet homme qui, du reste, essayait vainement d’accomplir ses projets obscènes, la jeune fille eût l’idée de lui offrir de l’argent et elle venait de tirer de sa poche quelque monnaie lorsque survint un voiturier qui mit en fuite le coupable.

Jean comparait devant le jury. Il ne méconnaît pas avoir rencontré la jeune fille sur la route, mais il nie l'avoir outragée et, dans tous les cas il prétend en avoir perdu le souvenir à cause de l'ivresse, dans laquelle, à l'en croire, il était alors plongé. Il subira 5 années de prison.

— Les nommés Anne, accusé de faux et Roger, accusé de vol, étant l'un et l'autre, en ce moment, atteints de la variole dans la prison, ne seront jugés qu'à la session prochaine.  (source :  Le Journal de Honfleur)

 

Octobre 1849   -   Une trombe.   -  On parlait hier, dans notre ville, d'un grave désastre qui serait arrivé à la Délivrande par suite d'une trombe, voici ce qu'on écrit à ce sujet à un journal de Caen :

Dimanche, vers neuf heures du matin, une trombe, que quelques coups de tonnerre accompagnaient, s'est abattue sur le bourg de la Délivrande. Une partie du toit de la chapelle a été enlevée et dévastée, deux baraques de marchands d'images et de chapelets qui stationnent autour de la chapelle ont été détruites. Dans la cour d'une auberge, un banneau monté de grosses roues a été soulevé de plusieurs mètres au-dessus du sol, et porté assez loin de la place qu'il occupait. Plusieurs personnes ont éprouvé des contusions, mais aucun accident grave n'est à déplorer. On nous affirme que cette trombe a également passé sur Douvres, et qu'elle a dévasté les fermes de M. Hettier. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Octobre 1849   -   Trombe à Douvres et à La Délivrande.   -   Nouveaux détails.    Nous lisons dans le Haro : Dimanche matin une trombe d'une grande puissance a dévasté les bourgs de Douvres, de la Délivrande et du Vieux-Luc. Ce phénomène atmosphérique parait s'être formé près de Basly, car au-dessus de ce hameau on n'en a pas de trace. De là il est arrivé, sans causer des ravages dignes de remarque, sur Douvres, en suivant la direction du sud-ouest au nord-est. Il est descendu par un petit vallon qui commence près du calvaire de la Délivrande, il est tombé sur Douvres, a enlevé le toit en chaume de la ferme de M. Leconte, qu'il a porté avec violence sur le toit d'un autre corps de bâtiment, il a attaqué la maison de M. Hettier père, où il à causé quelques dégâts.

Suivant toujours sa direction et brisant les arbres, il est passé par le chemin qui conduit de la Délivrande à Douvres, et a enlevé les toits en paille de quelques maisons qui se trouvent à l'entrée du premier bourg, il s'est engouffré dans la grande rue de la Délivrande, à la hauteur de la maison de M. Hébert, où la couverture en zinc de son étude a été arrachée. Une grande partie des maisons, surtout du côté droit, couvertes en chaume, ont été découvertes, et la charpente a été même brisée : celles couvertes en tuiles et en ardoises ont moins souffert : le côté gauche n'a presque eu aucuns dégâts. Sur la place, les étals des bouchers et des autres marchands ont été enlevés et jetés à une grande distance. Les étalagistes pensaient retenir leurs tentes, mais leurs efforts ont été impuissants. Une voilure attelée qui se trouvait sur la place a été prise par le tourbillon et a fait plusieurs tours sans autre accident.

On sait que près de l'église, à la hauteur de la maison de M. Pihan, où se trouve le café de M. Delaunay, la route de Courseulles prend à droite et celle de Luc à gauche. Jusque-là la trombe nous a paru n'avoir guère plus que 20 à 25 mètres de diamètre. A ce point elle a trouvé comme obstacle l'église et la façade du café. Le toit de l'église a été endommagé, le drapeau en tôle a été arraché et porté sur la maison de M. Delaunay, les ardoises étaient emportées avec tant de violence que l'une d'elles qui avait été lancée contre un auvent de M. Delaunay, y est restée fixée après être entrée de 4 ou 5 centimètres dans le bois. Pas un carreau de vitre du café n'est resté. La résistance que la trombe avait éprouvée en cet endroit a donné probablement une nouvelle force. La base nous a paru avoir pris sur ce point une largeur d'environ 150 mètres.

Les quelques maisons qui se trouvent derrière l'église sur la route de Luc, ont été complètement détoitées et cela avec une violence extrême. La maison de M. Pihan a des avaries considérables, toujours dans le toit, il y a dans son verger 20 à 25 pommiers brisés. Dans la cour d'entrée, nous avons remarqué deux noyers énormes déracinés, un pilier en pierres de taille et maintenu par des barres de fer, a été renversé, et, chose étonnante, ce n'est pas le côté de la maison et de l'église exposé à l'arrivée de la trombe qui a été le plus endommagé, c'est le côté opposé.

Le phénomène a continué sa route par le chemin de la Délivrande à Luc, jetant bas quelques pans de murs, enlevant le chapiteau de quelques autres, déracinant ou brisant des arbres, puis il est passé par le Vieux-Luc, où deux ou trois maisons seulement ont été attaquées encore par le toit, puis enfin il est arrivé à la mer qui était très calme. Quelques pêcheurs d'équille nous ont dit l'avoir vu faire élever la vague jusqu'à 20 mètres de haut.

Nous avons malheureusement à enregistrer un accident bien déplorable, une pauvre femme a reçu en pleine poitrine une tuile ou une pierre qui lui a brisé deux côtes. Hier, à deux heures, on désespérait de la sauver. Deux autres personnes ont aussi été frappées par des tuiles ou des pierres, mais leurs blessures ne sont pas dangereuses.

Trois personnes venaient en char-à-bancs : deux d'entre elles ont été enlevées du char et jetées à une quinzaine de pas sans éprouver autre chose que de légères contusions.

Cette trombe a passé avec une grande rapidité, elle n'a pas mis trois secondes à parcourir la Délivrande. Elle faisait un bruit épouvantable, et les habitants ont cru entendre quelques éclats de tonnerre.

Nous ne saurions évaluer les dégâts que le sinistre a causés. Pour certaines personnes ils sont considérables, et il est telles maisons qui ont été rendues inhabitables, et dont les propriétaires sont très malheureux, il est douteux que les compagnies d'assurances les indemnisent de ces pertes. Nous annonçons donc qu'une souscription est ouverte chez M. Héhert, maire de Douvres, et dans les bureaux de tous les journaux de Caen. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Novembre 1849   -   La tornade.   -  On parlait hier, dans notre ville, d'un grave désastre qui serait arrivé à la Délivrande par suite d'une trombe ; voici ce qu'on écrit à ce sujet un journal de Caen : Dimanche, vers neuf heures du matin, une trombe, que quelques coups de tonnerre accompagnaient, s'est abattue sur le bourg de la Délivrande. Une partie du toit de la chapelle a été enlevée et dévastée, deux baraques de marchands d'images et de chapelets qui stationnent autour de la chapelle ont été détruites.

Dans la cour d'une auberge, un banneau monté de grosses roues a été soulevé de plusieurs mètres au-dessus du sol, et porté assez loin de la place qu'il occupait. Plusieurs personnes ont éprouvé des contusions, mais aucun accident grave n'est à déplorer.

On nous affirme que cette trombe a également passé sur Douvres, et qu'elle a dévasté les fermes de M. Hettier.  (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Mars 1850   -   Cour d'Assises du Calvados.   -   Audience du 4 mars.

 Beuron, journalier à Douvres s'introduisit par escalade le 30 décembre dernier chez un sieur Mérial, qui, averti, vint aussitôt et dérangea le voleur. Celui-ci sortant par une lucarne, se suspendit à une porte élevée à 8 mètres du sol, se laissa tomber et s'échappa, mais il avait été reconnu, il essaya de nier, mais fut obligé d'avouer sa faute pour laquelle il subira trois ans de prison. (Source : Le Journal de Honfleur)  

 

Septembre 1851   -   Les cérémonies.   -   Samedi dernier, a eu lieu, dans la chapelle de la Déliviande, une touchante cérémonie, qui avait attiré un grand nombre de spectateurs, Mgr l'évêque de Bayeux a conféré l'ordre du sacerdoce à M. l'abbé Pigeon, jeune ecclésiastique, qui se dévoue à l'œuvre des missions diocésaines. — On ne se rappelle pas qu'aucune autre ordination ait été faite précédemment dans le sanctuaire de la Délivrande.

Le lendemain dimanche, Mgr s'est transporté à Than, pour bénir une maison religieuse, élevée par le dévouement inépuisable de M. le curé, et qui doit contenir en même temps une école pour les jeunes filles, une manufacture et une salle d'asile pour les enfants de la commune.

De retour à la Délivrande, le prélat a ouvert, lundi matin, à onze heures, dans l'établissement des missionnaires, les exercices de la retraite pastorale. Cette retraite, présidée par Mgr, est suivie par un grand nombre d'ecclésiastiques. Beaucoup d'autres ont regretté que la maison n'ait pas pu suffire à les recevoir. ( L’Indicateur de Bayeux )

 

Avril 1852   -   Un incendie.  -   Mercredi dernier, sur le territoire de la Délivrande, deux individus, s'étant pris de querelle, en sont venus des injures aux voies de fait.

L'un des champions a porté à l'autre un coup de couteau-poignard dans le bas-ventre. Le blessé est tombé mort au moment où il se rendait chez le maire pour déposer sa plainte.

Le meurtrier a été arrêté et écroué à la prison de Caen. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Août 1852   -   Cour d’Assises du Calvados.   -  Présidence de M, le conseiller Géraldy. Audience du 4 août.

La 3e session trimestrielle des assises du Calvados s'est ouverte lundi dernier, sous la présidence de M. le Conseiller Géraldy, assisté de MM. les conseillers Delaville et Le Bastard-Delisle.

— Henriette-Louise Patey, ouvrière en dentelles, demeurant à Douvres, était accusée d'avoir, en 1849, 1850 et 1852, volontairement porté des coups et fait des blessures à Catherine Lepley, veuve Patey, âgée de 78 ans, sa mère légitime. Déclarée coupable sur tous les chefs, la fille Patey, à laquelle le jury n'a pas refusé le bénéfice des circonstances atténuantes, a été condamnée à 4 ans d'emprisonnement. (Source :  Le Journal de Honfleur)

 

Septembre 1852   -  Les Orages.   -   L'orage du jeudi 26 août a été d'une violence, d'une extension, d'une durée telles, qu'au récit de ce qui s'est passé dans notre contrée, il nous a paru convenable de joindre ce qui nous est rapporté d'ailleurs.

Ce tut à une heure de l'après-midi qu'il éclata sur l'arrondissement d'Avranches. Les sarrasins furent en un moment hachés et broyés, les pommiers dépouillés de leurs feuilles et de leur jeune bois. Les carreaux de vitres brisés ( on en compte 12 à 1 500 dans le bourg de Brecey seulement), les cloches à melons, les châssis vitrés furent anéantis par la grêle qui tomba pendant une demi-heure avec violence et fut amoncelée en quelques endroits jusqu'à 50 centimètres de hauteur. Dans les champs, des perdrix et autres oiseaux furent trouvés morts, dans les basses-cours, des poules et des canards furent tués.

On cite un individu atteint au bras par un grêlon qui a laissé une ecchymose d'au moins dix centimètres d'étendue, un enfant, a été atteint aussi par un grêlon, qui lui a fait sur la tête une plaie assez profonde.

Les pertes éprouvées dans cette contrée sont incalculables, on ne se rappelle pas avoir vu de mémoire d'homme pareil sinistre, avoir exercé de tels ravages.

Nous n'avons point connaissance de ce qu'on a dû éprouver dans d’autres parties du département de la Manche.

L'orage paraît avoir embrassé dans le département du Calvados une étendue d'au moins cinquante kilomètres.

Dans les campagnes, autour de Caen, les grêlons ont également haché les grains qui étaient encore dans les champs et le vent les a ensuite éparpillés sur le sol. Là aussi nombre de carreaux de vitres ont été cassés. Sur la route de Falaise, les pertes n'ont pas été moins considérables. Les arbres ont été dépouillés de leurs feuilles et de leurs jeunes pousses, beaucoup ont été renversés.

A Bayeux, c'est la pluie qui a fait plus de mal, ainsi que sur les bords de la mer. Les baraques des marchands d'images de la Délivrande ont été détruites et leurs débris dispersés au loin. Les barques de pêche qui étaient à la mer ont heureusement pu se réfugier dans les diverses anses de la côte.

Nous avons dit les remarques faites à Honfleur où l'orage arriva vers 4 heures et resta pendant près de 3/4 d'heure.

Il prit un autre caractère en continuant d'avancer vers l'est. Un témoin oculaire rapporte que vers 5 heures 1/2 à Duclair les nuages tournaient sur eux-mêmes comme entraînés par un tourbillon. On reconnut bientôt dans le lointain les eaux du fleuve violemment soulevées dans toute sa largeur, attirées par un gros nuage, cette trombe refoulait le courant. Un caboteur eut ses voiles emportées, un bâtiment sur le rivage couvert en planches et sous lequel six personnes s'étaient mises à l'abri de la pluie qui tombait à torrents, eut son toit enlevé à 400 pas. Des arbres étaient déracinés et retombaient sur la grande route dont ils empêchaient le parcours.

De Duclair à St-Georges de Borcherville, la trombe se dissipa, en suivant la vallée qui se dirige vers Barentin, mais les eaux couvraient le terrain et se répandaient en nappes vers la Seine où elles venaient tomber.

Il y eut, comme nous l'avons dit, sur le chemin de fer de Rouen au Havre un éboulement que l'on a évalué à trois mille mètres cubes. On s'empressa de se mettre à l'œuvre, plus de 300 ouvriers furent aussitôt occupés jour et nuit à déblayer la route et rétablir la circulation, qui n'a été interrompue que pendant deux jours. Durant ce temps le service s'est fait par des voitures de toute sorte, transportant voyageurs et marchandises pendant un trajet de 9 à 10 kilomètres, aux frais de la compagnie.

Au Havre on n'a eu que du tonnerre et de la pluie. La foudre est tombée sur un pavillon de la côte d Ingouville, et à St Romain sur une grange pleine qui n'a heureusement point été incendiée. (Source :  Le Journal de Honfleur)

 

Août 1853   -   Cour d’Assises du Calvados.   -   Audience du 3  août.

  La fille Lamoureux, âgée de 25 ans, coupable de vols à la Délivrande et à St-Paul-du-Vernay, a été condamnée à 5 ans de réclusion.

 Antoine Vignaux, âgé de 62 ans, propriétaire à Dozulé, coupable d'attentat à la pudeur sur une jeune fille de 7 ans, a été condamné à cinq ans d'emprisonnement. (Source :  Le Journal de Honfleur)

 

Août 1853   -  Un incendie.   -   Vendredi dernier, dans la soirée, Monseigneur l'Évêque de Bayeux présidait, dans la chapelle de la Délivrande, une retraite, à laquelle assistaient un certain nombre de prêtres, quand on apprit qu'un incendie venait d'éclater à Douvres, dans une maison occupée par une femme et deux enfants, ces ecclésiastiques, au nombre d'environ 130, se transportèrent immédiatement sur le lieu du sinistre et contribuèrent puissamment à préserver les maisons voisines des atteintes du feu.

Monseigneur était à leur tête, et donnait l'exemple aux travailleurs. Une fois rentré dans la chapelle de la Délivrande, le charitable prélat a fait, pour les victimes de ce sinistre, une quête qui, dit-on, a été abondante. La maison a été détruite par cet incendie, qui est attribué à l'imprudence des deux enfants, restés seuls un instant. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Septembre 1853   -   Nouvelles diverses.   -   Par arrêté de M. le Préfet du Calvados, en date du 29 juillet dernier, M. Chrétien Louis HippoIyte, a été nommé commissaire de police du canton de Douvres, arrondissement de Caen.

Cette nouvelle a été accueillie avec plaisir dans notre ville, où M. Chrétien exerçait les fonctions de sergent de ville depuis plusieurs années, et avait su mériter l'estime générale, tout en remplissant scrupuleusement les devoirs que lui imposaient le poste qu'il occupait.  (source Le Journal de Honfleur)

 

Septembre 1853   -   Nouvelles locales.   -   Dimanche dernier, Mgr Blanquart de Bailleul, archevêque de Rouen, assistait à la grand'messe de Langrune. Il a officié, le soir, aux vêpres, dans la chapelle de Notre-Dame de la Délivrande. M. l'abbé Vauquelin, missionnaire, a prononcé, entre vêpres et compiles, un sermon sur la confiance envers la très Sainte Vierge, sermon nourri d'instruction et de piété, plein d'idées ingénieuses et touchantes, d'images bien choisies, animé surtout par le sentiment intime du sujet.

Le jeune prédicateur remplissait de sa voix pénétrante et harmonieuse le sanctuaire trop étroit pour la foule des fidèles. Parmi eux, se trouvait l'auteur des Études philosophiques sur le Christianisme.

Nous sommes heureux de savoir et de dire que l'éminent écrivain, dont la renommée grandit chaque jour avec le bien immense qu'il accomplit par ses ouvrages, a trouvé, dans notre pays, un accueil tout à fait sympathique, digne de son caractère, du charme de sa personne, et de l'aimable et sincère modestie qui relève ses hautes qualités. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Février 1855   -   Cour d'Assises du Calvados.   -   Présidence de M. le conseiller Adeline. Audience du 1er février.

Lafosse (Pierre-Léonor) âgé de 29 ans, peintre en bâtiments, demeurant à Douvres, est accusé d'avoir fabriqué et mis en circulation deux billets revêtus de fausses signatures. Ces faits sont avoués par Lafosse, qui grâce à l'admission de circonstances atténuantes, n'est condamné qu'à deux ans de prison.

— De nombreux vols domestiques sont reprochés à la fille Marie-Jeanne Besnard, âgée de 50 ans, née à Gent ( Manche), demeurant à Condé-sur-Noireau. Ces crimes ont été commis au préjudice des époux Elie.

L'accusée, qui s'était retranchée derrière des mensonges et des dénégations, passe des aveux complets aux débats et obtient des circonstances atténuantes. La Cour la condamne à 5 ans de prison. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Avril 1855   -   Un incendie.   -   Le 6 courant, le feu s'est déclaré, dans la lingerie du couvent des Religieuses de la Délivrande. Malgré les secours qui ont été apportés, avec le plus louable empressement, la perte du linge s'est élevée à 8 000 fr. environ. L'immeuble a peu souffert. Le mobilier était assuré.

Nous trouvant, dans cet endroit, quelques jours après ce sinistre, nous avons appris un fait qui honore trop ses auteurs en particulier, et le corps de gendarmerie en général, pour être passé sous silence :

Immédiatement après l'incendie, Mme la supérieure de la communauté alla trouver le brigadier de gendarmerie, à la résidence de Douvres, M. Laignel, et le pria d'accepter, pour lui et ses gendarmes, une somme de 25 fr., à titre de récompense pour le zèle et l'activité dont ils venaient de faire preuve. M. Laignel refusa plusieurs fois cette somme, mais enfin, cédant aux pressantes sollicitations et aux instances réitérées de cette dame, il l'accepta et fut aussitôt remettre les 25 fr. à M. le commissaire cantonal, avec prière, de les distribuer aux pauvres.

Les trois gendarmes, James, Leroy et Lefrançois, de la même brigade, se sont associés de grand cœur aux nobles intentions de leur chef. Cette louable action, de la part des gendarmes de Douvres, n'est pas la seule, à ce qu'il parait, car nous avons appris également que, quelques temps auparavant, le même brigadier, accompagné du gendarme Dérisbourg, s'était rendu à Hermanville, pour opérer l'arrestation d'un voleur. Après s'être saisis de sa personne, ces braves gendarmes furent tellement touchés de la misère dans laquelle se trouvaient la femme et les enfants de l'individu qu'ils venaient d'arrêter, qu'ils achetèrent une certaine quantité de pain, qu'ils leur remirent. ( Le journal de Honfleur )

 

Juin 1860   -   Un accident de la route.   -   Lundi dernier, dans la soirée, le sieur Dudouit Casimir, propriétaire, demeurant à Douvres, revenait de Caen avec sa voiture chargée de fumier, lorsque arrivé près de la mare dite des Quatre-Chemins, située entre le calvaire et l'église de Douvres, son cheval, qui est ombrageux, s'emporta tout à coup. M. Dudouit, qui était assis sur le fumier, fit de vains efforts pour retenir son cheval.

Malheureusement, celui-ci entraîna la voiture sur les bords de la mare, où elle versa. Plongée dans une vase épaisse et ensevelie sous le fumier, la victime de l'accident fut retirée et transportée à son domicile dans un état presque complet d'asphyxie.

Appelés en toute hâte, MM. Litard et Laurent, médecin, ont prodigué à M. Dudouit les soins les plus empressés, après lesquels il a été rappelé à la vie, et ce n'est que longtemps après qu'il a pu recouvrer l'usage de la parole.

Aujourd'hui, nous avons le plaisir d'annoncer qu'il est hors de danger. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1860   -   Pour les élèves des lycées et collèges.   -   A l'occasion de l'annexion de la Savoie et de l'arrondissement de Nice à la France, le ministre de l'instruction publique a décidé qu'il y aurait congé avec sortie demain dimanche 17, pour les élèves des lycées et collèges des départements. Deux jours seront ajoutés aux grandes vacances pour tous les lycées et collèges de l'Empire. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1860   -   Un accident.   -   Le 11 courant, dans l'après-midi, le nommé Letellier Louis fils, boucher à la Délivrande, revenait avec une charretée de foin sur laquelle il était monté, quand tout-à-coup en passant dans un chemin, la roue droite, tomba dans une ornière, ce qui donna un violent choc à la voiture, le malheureux Letellier fut précipité devant la roue, qui lui passa sur le corps et lui brisa deux côtes. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1860   -  La mort qui rode.   -    Le 21 du courant, à 5 heures du soir, la nommée Marie (Victorine), âgée de 17 ans, demeurant à la Délivrande chez sa mère, aubergiste, avait été envoyée, par cette dernière, ramasser du linge qu'on avait étendu sur une haie près d'un ruisseau qui se trouve derrière la caserne de gendarmerie de la commune.

Quelque temps après son départ, sa mère, ne la voyant pas revenir, conçut de vives inquiétudes, et bientôt la malheureuse femme, s'étant rendue près du ruisseau, aperçut dans l'eau le corps inanimé de son enfant. L'infortunée jeune fille qui était épileptique, avait eu une attaque de cette horrible maladie au moment où elle arrivait au bord du ruisseau, et, malgré le peu de profondeur de ce dernier, elle n'avait pas tardé à y trouver la mort. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1860   -  Un accident de la route.  -   Le 29 septembre dernier, la voiture publique qui fait le service de Caen à Lion-sur-Mer a versé sur Ia route départementale n° 7, entre le petit bois de Mme Paul Jardin et le calvaire de Douvres. Le bruit se répandit aussitôt que plusieurs voyageurs avaient été blessés, mais il n'en était rien, quelques-uns d'entre eux ayant eu seulement de légères contusions.

L'accident a été occasionné par suite de la rupture de l'essieu près du moyeu de la roue de derrière, et il a été constaté qu'il n'y avait aucune imprudence à reprocher au conducteur. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1861   -   Un peu de statistique à propos du dernier recensement.   -   Nous avons fait connaître déjà le résultat sommaire du recensement auquel, cette année, il a été procédé dans notre ville. Le tableau de la population du département, que nous avons sous les yeux, nous permet de communiquer aux lecteurs de l'Ordre et la Liberté les renseignements suivants, qu'on lira peut-être avec intérêt :

Le département du Calvados, qui compte 6 arrondissements et 37 cantons, comprend 767 communes, divisées de la manière suivante, sous le rapport de la population : au-dessous de 100 habitants, 12 ; de 100 à 200 h., 100 ; de 201 à 300 h., 164 ; de 301 à 400 h., 131 ; de 401 à 500 h., 90 ; de 501 à 1 000 h., 198 ; de 1 001 à 1 500 h., 42 ; de 1 501 à 2 000 h., 12 ; de 2 001 à 3 000 h., 6 ; de 3 001 à 4 000 h., 4 ; (il n'existe pas de communes de 4 001 à 5 000 h.); de 5 001 à 10 000 h., 6 ; de 10 001 à 20 000 h., 1 ; enfin de 20 001 habitants et au dessus, 1.

La commune de Malloué, dans le canton de Bény-Bocage, est celle du département qui à la population la plus faible, elle ne compte que 75 habitants.

Les dix-huit communes dont le dénombrement est le plus élevé sont, en suivant l'ordre progressif : Aunay, 2 005 h. ; Douvres, 2 131 h. ; Isigny, 2 305 h. ; Saint-Désir, 2 347 h. ; Littry, 2 351 h. ; Saint-Germain-de-Tallevende, 2 940 h. ; Vassy, 3 080 h. ; Pont-l'Evêque, 3 114 h. ; Saint-Jacques, 3 234 h. ; Orbec, 3 266 h. ; Trouville, 5 200 h. ; Vire, 7 036 h. ; Condé-sur-Noireau, 7 234 h. ; Falaise, 8 561 h. ; Bayeux, 9 483 h. ; Honfleur, 9 553 h. ; Lisieux, 13 121 h. , et Caen, 43 740 h.

Parmi les cantons, neuf n'atteignent pas le chiffre de 10 000 habitants. Ce sont : Cambremer, 6 997 h. ; Saint-Pierre-sur-Dives, 7 790 h. ; Mézidon, 8 172 h. ; Livarot, 8 474 h. ; Morteaux-Coulibœuf, 8 522 h. ; Blangy, 8 666 h. ; Dozulé, 8 761 h. ; Falaise (Sud), 8 906 h. ; Bourguébus, 9 019 h.

Vingt-un ont une population de 10 000 à 15 000 habitants : Villers-Bocage, 10 631 h. ; Caumont, 11 062 h. ; Ryes, 11 310 h. ; Trévières, 11 666 h. ; Aunay, 11 875 h. ; Vassy, 12 092 h. ; Évrecy, 12 145 h. ; Orbec, 12 293 h. ; Bény-Bocage, 12 674 h. ; Troarn, 12 834 h. ; Creully, 12 880 h. ; Falaise (Nord), 13 394 h. ; Tilly-sur-Seulles, 13 455 h. ; Bretteville-sur-Laize, 13 724 h. ; Thury-Harcourt, 13 734 h. ; Condé-sur-Noireau, 14 174 h. ; Lisieux, (1re  section), 14 368 h. ; Bayeux, 14 531 h. ; Saint-Sever, 14 585 h. ; Douvres, 14 892 h. ; Isigny, 14 947 h.

Cinq cantons présentent une population qui varie de 15 000 à 18 000 environ : Balleroy, 15,571 h. ; Pont-l'Evêque, 15 755 h. ; Honfleur, 16 423 h. ; Lisieux (2e section), 17 044 h., et Vire, 17 710 h.

Enfin les deux cantons de Caen offrent les chiffres suivants : canton ouest, 22,343 h. ; canton est, 28 225.

Le total général de la population pour le département est de 480 992. Il est réparti ainsi qu'il suit dans les six arrondissements: Pont-l'Evêque, 56 701 h. ; Falaise, 58 026 h. ; Lisieux, 67 667 h. ; Bayeux, 79 064 h. ; Vire, 83 110 h., et Caen, 136 424 h.

D'après le dénombrement fait en 1856, deux arrondissements présentent une différence en moins : Falaise, de 690 individus, et Vire, de 1 189. La population des quatre autres arrondissements s'est accrue ainsi : Bayeux, 329 h. ; Lisieux, 957 h. ; Caen, 1 369 h. ; Pont-l'Evêque, 1 839 h. Le total de la différence en plus, pour le département, est donc de 2 595 individus.

Du rapprochement de ces chiffres, on voit que, si le Calvados était livré à ses propres ressources, et en admettant même le mariage de tous les garçons indigènes, 4 071 filles seraient encore nécessairement condamnées au célibat. On voit également que la femme semble supporter plus stoïquement les douleurs du veuvage, puisque le nombre des veuves dépasse de 18 888 celui des veufs.

L'arrondissement qui a le plus de veuves à consoler est Caen, qui en compte 8 802 ; vient ensuite Bayeux, 5 185 ; puis Vire, 5 138, et Lisieux, 4 493. Falaise et Pont-l'Evêque sont ceux qui en ont le moins.

Après Caen, c'est dans l'arrondissement de Vire où l'on trouve le plus de veufs, 2 074. viennent ensuite ceux de Lisieux, 1 896 ; de Bayeux, 1 890 ; de Falaise, 1 574, et Pont-l'Evêque, 1 406. Seule, la ville de Caen compte 1 000 veufs et 2 651 veuves.

Il nous reste maintenant à faire connaître le dénombrement de la population caennaise, par professions. Ce sera l'objet d'un prochain article. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Novembre 1862   -   Avis.   -   Le préfet du Calvados a l'honneur d'informer les institutrices du département que le Jury international de l'exposition de Londres a décerné une mention honorable collective aux écoles de filles du département, pour les travaux d'aiguille exécutés dans ces écoles. (l’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1862   -   Le mauvais temps.   -  Le Courrier de Cherbourg signale le mauvais temps qui règne sur nos côtes, soumises, paraîtrait-il, à une seconde édition des rafales équinoxiales. Jusqu'à ce jour, cependant, on n'a aucun sinistre à déplorer. (l’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1862   -   Les suites d’un accident.   -   Le nommé Mauger, ouvrier maçon à la Délivrande, dont nous avons annoncé le triste accident, a succombé à ses blessures, lundi, dans la matinée, et a été enterré le lendemain.

Ce malheureux laisse après lui une femme et quatre enfants, dont le plus âgé n'atteint pas sa quinzième année, et qui tous avaient en perspective la misère, si les missionnaires de la Délivrande ne s'étaient empressés, avec une charité apostolique, de leur venir en aide.

Nous apprenons que ces ecclésiastiques se sont chargés de l'éducation des enfants et ont assuré des secours à la pauvre mère de famille. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1863   -   Un incendie.   -   Un incendie, dont la cause paraît être purement accidentelle, s'est manifesté, dans la nuit du 3 au 4 courant, à Douvres, chez le sieur Lelarge, cabaretier. La toiture de deux étables, celles d'une grange et d'un hangar ont été brûlées. La maison d'habitation a été épargnée, ainsi que le mobilier contenu dans les bâtiments incendiés.

La toiture d'une autre maison, appartenant à M. Mauger, et un petit hangar renfermant une barrique de cidre, des baquets, etc.., appartenant au sieur Picard, ont également été brûlés.

Nous ne connaissons pas encore le montant des pertes causées par ce sinistre. On assure que le tout était couvert par une Assurance. (l’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1863   -   Conseil général du Calvados.  -   Prestations en nature.

     La journée d'homme pour les arrondissements de Caen, Falaise, Lisieux, Pont-l'Evêque et Bayeux, moins le canton de Caumont, est fixée à 1 fr. 25 c.

     Pour l'arrondissement de Vire et le canton de Caumont, à 1 fr.

     La journée de cheval, à 1 fr. 25 c.

     Celle de bœuf, à 1 fr.

     Celle d'âne, à 50 c.

     Celle de voiture, à 1 fr. 50 c.

Le Conseil prie M. le préfet de vouloir bien prendre toutes les mesures qu'il jugera nécessaires pour parvenir dans le département, à la conversion en tache de la prestation en nature. (l’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1863   -   A l’honneur.  -   Le Moniteur universel d'hier publie une liste de récompenses accordées par le ministre de l'intérieur pour des actes de dévouement.

Nous y voyons figurer les noms de trois courageux citoyens appartenant au Calvados, et qui ont obtenu chacun une médaille en argent de 2e classe, ce sont :

-       M. Jean (Louis-Hippolyte), dit Lacour, sergent de sapeurs-pompiers à Mézidon. - Vingt ans de services utiles et dévoués (1843-1863).

-       M. Demorieux (Louis-Jacques), sous-lieutenant commandant les sapeurs-pompiers de Clécy. - Dévouement éprouvé dans plusieurs incendies ; une blessure et sauvetage d'un enfant. (Clécy, 4 mars 1834, 23 octobre 1858, 28 février 1863.)

-       M. Vasnier (Henri), sous-chef de la musique des sapeurs-pompiers de Douvres. - A pénétré, à Douvres, le 3 mai 1863, dans une étable incendiée pour sauver une personne. (l’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1863   -   L’hiver arrive.   -   Une violente bourrasque, qui s'est élevée dans la nuit de dimanche à lundi, est venue pour ainsi dire marquer à Caen un changement notable dans la température. Après les pluies abondantes qui sont tombées depuis quelques jours dans notre pays, hier le temps s'est subitement mis au froid, et tout annonce que nous sommes décidément entrés dans la saison d'hiver. (l’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1863   -   Par une circulaire en date du 19 octobre.     -   M. le préfet du Calvados rappelle à MM. les sous-préfets, les maires, les commissaires de police et les commandants de gendarmerie, que les règlements en vigueur dans le département rendent obligatoire l'éclairage de toutes les voitures, sans exception, marchant la nuit, et il invite ces fonctionnaires à prendre des dispositions pour que les règlements à ce sujet reçoivent une nouvelle publicité, et pour que, s'il y a lieu, des procès-verbaux soient dressés contre les voituriers qui refuseraient de s'y conformer. (l’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1863   -   Bénédiction solennelle.     -   Jeudi prochain, 26 novembre, à 10 heures précises du matin, les RR. PP. Missionnaires de la Délivrande procéderont à la bénédiction solennelle et à l'inauguration de la statue de la sainte Vierge qui doit être placée au-dessus du portail principal de la nouvelle chapelle.

Nous ne doutons pas qu'une nombreuse assistance ne s'empresse de se rendre à cette belle cérémonie ; ce sera tout à la fois un hommage à la divine Protectrice de notre pays et un moyen de venir en aide aux Révérends Pères dans l'achèvement de leur œuvre. (l’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1864   -   Chemin de fer en projet de Caen à la mer.   -   M. le préfet du Calvados, à la date du 14 avril, a pris l'arrêté suivant :

Nous, préfet du département du Calvados, officier de l'ordre impérial de la Légion-d'Honneur, commandeur de l'ordre de Saint-Grégoire-le-Grand.

-       Vu la décision, en date du 7 de ce mois, par laquelle M. le ministre des travaux publics a autorisé M. Mauger (Anthime), demeurant à Douvres, à faire les études d'un chemin de fer entre Caen et la mer.

-       Vu l'art. 1382 du Code Napoléon, les lois des 16 septembre 1807 et 3 mai 1841.

Avons arrêté :

Art. 1er.        M. Mauger et les agents par lui préposés sont autorisés, en exécution de la décision ministérielle indiquée ci-dessus, à pénétrer sur les propriétés privées pour étudier le meilleur tracé de la ligne en projet de Caen à la mer.

Ces études s'appliqueront aux terrains situés dans les communes de Caen Venoix, Saint-Contest, Épron, Cambes, Mathieu. Anisy, Anguerny, Douvres, Luc, Langrune, Saint-Aubin-sur-Mer, Bernières et Courseulles.

Art. 2.        Une expédition du présent sera adressée à MM. les maires, pour être affichée aux lieux accoutumés.

Une expédition sera également transmise à M. Mauger, qui devra, lui et ses agents, en justifier aux propriétaires, sur leur réquisition, en prenant envers eux, s'il est besoin, l'obligation écrite de leur payer les dommages occasionnés. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1864   -   Chemin de Caen à la Mer.   -   Il y a à peine deux mois qu'il est question d'un chemin de fer de Caen à la mer, que déjà, tant est vive l'impatience du public, on voudrait voir cette nouvelle ligne livrée à la circulation. Mais les choses ne vont pas si vite, et, avant que le sifflet d'une locomotive ne se fasse entendre sur les côtes si riantes de Luc ou de Courseulles, il faut rédiger le projet, étudier le meilleur tracé, le soumettre à l'approbation, puis faire les travaux, etc..., etc…, ce qui ne veut pourtant pas dire que nous sommes condamnés à attendre longtemps encore l'inauguration du chemin. Non l'entreprise est confiée à des mains trop habiles et surtout trop actives pour avoir à redouter ce désagrément. Nous pourrions presque prédire que, le 1er juillet de l'année prochaine, la population caennaise pourra déjà se rendre à Luc.

La ligne projetée, qui s'étend de Caen à Courseulles, aura un parcours total de 24 kilomètres, plus une ligne de raccordement, de 4 à 5 kilomètres, avec le réseau de l'Ouest, elle desservira les stations suivantes : Caen, Cambes, Mathieu, Douvres, la Délivrande, Luc, Langrune, St-Aubin, Bernières et Courseulles.

La gare de Caen sera construite en grande partie sur le terrain occupé par la propriété de M. de Lalonde, place St-Martin. Cette gare sera monumentale, et l'idée générale qui a présidé à la composition de sa façade offre une grande analogie avec les dessins de la magnifique gare de Strasbourg, à Paris. Une colossale statue de Notre-Dame de la Délivrande ornera son fronton, et, bénissant l'entreprise, elle semblera la présider.

L'étude des 24 kilomètres est terminée, mais le projet ne sera complètement rédigé que dans un mois environ, époque à laquelle il sera soumis à l'approbation de l'administration. Les travaux ne pourront donc être commencés qu'au mois de septembre prochain, c'est-à-dire après les récoltes.

Il n'y aura de travaux importants, dans toute l'étendue de la ligne, que pour monter de Caen sur les hauteurs de Couvrechef, et pour descendre des hauteurs de Mathieu jusqu'au niveau du rivage de Luc, et encore l'importance de ces travaux n'est-elle que secondaire.

Dans tout le parcours, les plus fortes pentes n'excèderont pas un centimètre par mètre, et les rayons des courbes ne seront nulle part inférieurs à 500 mètres. Ce renseignement démontre péremptoirement que l'exploitation sera plus facile que sur beaucoup de lignes de premier ordre. Aussi la dépense totale n'excèdera-t-elle pas quatre millions.

La ligne de Courseulles se raccordera avec le chemin de fer de Paris à Cherbourg, dans la prairie, derrière l'établissement du Bon-Sauveur, au moyen de l'embranchement de 4 à 5 kilomètres dont nous avons déjà parlé. Certains trains, et notamment l'express venant de Paris, seront en correspondance immédiate avec le service de Courseulles, à cet effet, une machine légère opérera le transport d'une gare à l'autre.

Le trajet de Caen à Courseulles s'effectuera en 55 ou 60 minutes. Le dimanche matin, le mouvement des voyageurs étant plus considérable, des départs auront lieu d'heure en heure de Caen pour Luc, où on arrivera une demi-heure après.

Il y aura, bien entendu, une très grande amélioration dans le prix du transport, on parle de billets d'aller et retour, de Caen à Luc, moyennant 1 fr..

Ainsi qu'il était facile de le concevoir, l'administration n'a rencontré aucun obstacle de la part des cinq ou six cents propriétaires auxquels elle a dú s'adresser pour obtenir des renseignements, aux termes de l'arrêté de M. le préfet du Calvados, en date du 14 avril dernier, tous ont montré une grande obligeance envers les agents de la nouvelle entreprise. L'aplanissement de toutes les difficultés matérielles laisse donc espérer que la ligne de Caen à Luc sera livrée à la circulation le 1er juillet 1865.

On dira peut-être qu'il sera difficile de réaliser un projet aussi important dans l'espace de dix mois. Nous n'aurons qu'une réponse à opposer à cette objection, c'est que l'activité si connue de M. Mauger et de M. l'ingénieur chargé du projet saura bien suppléer à la brièveté du temps qui existe entre le mois de septembre et le mois de juillet. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1864   -   Postes.  -   Entreprise du transport des dépêches en voiture de Caen à Courseulles, nº 1, par la Délivrande et Luc-sur-Mer : distance de 25 kilomètres environ à exécuter à un ordinaire.

Les personnes qui désireraient concourir à l'adjudication de l'entreprise du service des dépêches sur la route ci-dessus désignée sont invitées à se présenter tous les jours, de dix heures du matin à quatre heures du soir, jusque et compris le 28 du mois d'octobre, aux bureaux des postes de Caen ou de Courseulles, pour prendre connaissance des charges de l'entreprise et y déposer leurs soumissions. (l’Ordre et la Liberté)

 

Février 1865   -   Une aide.   -   Par une décision en date du 21 février 1865, M. le ministre de la justice et des cultes a accordé, sur la proposition de M. le préfet du Calvados, un secours de 4 000 francs à la commune de Douvres, pour lui venir en aide dans la dépense d'agrandissement de son église. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1865   -   Découverte de médailles romaines à la Délivrande.   -   Le bourg de la Délivrande, si cher au diocèse de Bayeux et à la Normandie tout entière par son pèlerinage, est désormais en mesure de prouver la haute antiquité que lui attribuent les traditions du pays.

Déjà, dans le passé, quelques médailles romaines avaient été trouvées éparses sur le sol. Mais, à tort ou à raison, ces témoignages avaient été négligés, comme trop peu concluants, aujourd'hui, le doute devient impossible. Il y a quelque temps, les ouvriers du sieur Lecluse, maître maçon à Plumetot, creusant les fondements d'une maison au bourg de la Délivrande, à quelques mètres au levant de la chapelle, trouvèrent sous le sol un vieux mur dont personne ne soupçonnait l'existence, et sous les pierres de ce mur un pot de terre, d'une contenance de 2 litres, rempli à moitié de petites pièces de monnaie de la grandeur d'un double centime. Un numismate, également obligeant et distingué, M. Paysant, directeur des octrois de Caen, appelé par le R. P. Picot, supérieur des missionnaires diocésains, a bien voulu diriger les travaux et les recherches exigées par cette curieuse et importante découverte.

Les médailles trouvées montent au nombre d'un mille, elles sont de cuivre, quelques-unes blanchies dans un bain d'argent, et la plupart, si détériorées par la rouille, qu'elles se brisent au moindre effort sous les doigts, elles portent l'effigie de treize empereurs ou impératrices : Philippe l'Arabe, 244-249 après J.- C. ; Volusien. 252-353 ; Valérien, 253, auteur de la huitième persécution contre les chrétiens, et mort misérablement, captif chez les Perses, 260 ; Mariniana, femme du précédent ; Gallien, fils et successeur de Valérien, 253-268 ; Salonina, femme de Gallien, et Saloninus, son fils ; Postumus, 262-267. un des trente tyrans qui prirent la pourpre dans les Gaules, sous le faible règne de Gallien ; Victorinus, 264-268, et Marius ; Claude II, 268-270, et Quintillus, son frère, qui régna dix-sept jours, enfin Constantin 1er vient terminer cette liste, et fixe la date probable du dépôt à la fin du IIIe  siècle de notre ère ou au commencement du IVe.

Tous les empereurs, à l'exception du dernier, portent la couronne radiée, symbole de la divinité qu'ils s'attribuaient. Rien n'égale la pompe des titres qu'ils s'attribuent aux revers de ces médailles, ce sont d'abord des dieux de premier et de second ordre : Jupiter, Junon, le Soleil, Hercule et Bacchus ; ce sont des divinités allégoriques : la Valeur auguste, la Gloire des Romains, la Gloire des armées, la Victoire, la Paix, la Fortune et la Piété. Il y a aussi des temples, des autels, des sacrifices, des aigles, des cerfs et autres animaux des pays conquis, etc...

Un examen sérieux du terrain et du mur où était primitivement le dépôt a amené de nouvelles découvertes :

1º de deux nouvelles médailles beaucoup plus grandes, l'une de César-Auguste et l'autre de Germanicus.

2º d'un second mur parallèle au premier et des traces d'un foyer, ce qui nous permet d'assurer qu'il y avait la une habitation, probablement une maison rustique, prædium rusticum, la grossièreté de la maçonnerie, l'exiguïté du terrain occupé ne permet pas de croire à un édifice plus considérable, enfin des ossements d'animaux domestiques découverts en grand nombre conduisent aux mêmes conclusions.

Mais une autre chose surtout nous a paru digne de remarque, c'est que ce mur qui existait au commencement du IVe  siècle est lui-même construit avec les débris d'une construction antérieure, en effet, au milieu des pierres parfaitement saines, on en trouve d'autres calcinées et friables. Les ouvriers consultés sont unanimes à reconnaître que ces pierres sont des moellons du pays, qu'ils ont subi l'action du feu, que leur position au milieu des pierres saines prouve qu'ils avaient été employés calcinés, comme nous le trouvons aujourd'hui.

Voilà donc, vers l'an 300, une habitation construite à la Délivrande avec les débris d'habitations antérieurement détruites, comme cela nous rapproche des temps où la tradition fait vivre saint Regnobert, fondateur présumé de la chapelle du pèlerinage ! (l’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1868   -   Le climat.   -   L'élévation de la température qui n'a cessé de régner pendant la majeure partie du mois qui se termine, est un événement assez rare dans nos climats, où  la chaleur n'atteint son maximum que vers le mois de juillet.

Voici à cette occasion la nomenclature des plus fortes chaleurs observées depuis un siècle et demi :

En 1702, le thermomètre monta à 39 degrés centigrades au dessus de zéro.

En 1753 et 1793, à 38 degrés.

En 1825, à 37 degrés.

En 1800 et en 1830, à 36 degrés.

La moyenne de la chaleur des étés et de 30 degrés. Cette moyenne à presque été atteinte dans la dernière quinzaine de mai 1868.

 

Août 1868   -   Décision du Conseil général.   -   La session du Conseil général, commencée le lundi 24 août, a été terminée lundi dernier, à trois heures.

Parmi des décisions prises par le Conseil, nous devons une mention toute particulière à l'approbation qu'il a donné, samedi, à la construction des chemins de fer départementaux :

  Chemin de fer de Caen à Courseulles, passant par Cambes, Mathieu, Douvres, Luc, Langrune, Saint-Aubin, Bernières.

  D'Orbec à Lisieux, sur une longueur de 16 kilomètres.

  De Falaise à Pont-d'Ouilly, à un point de raccordement sur la ligne de Caen à Flers.  

 

Octobre 1868   -   Le marché.   -   Samedi dernier, comme tous les samedis, des paysannes accortes et endimanchées se tenaient sur la place de la chapelle, à la Délidrande, en  attendant l'heure du marché.

La pluie venant à tomber assez abondamment, elles eurent l'idée, d'entrer dans la chapelle, dans le bas de laquelle elles se rangèrent avec leurs hottes et leurs mottes de beurre des plus engageantes.

Les acheteurs, ne se souciant pas davantage d'être mouillés, y entrèrent aussi, ce qui transforma l'église en un véritable marché, oubliant qu'il y a plus de dix-huit cents ans, Jésus-Christ chassait les vendeurs du temple.

Le révérend père supérieur, voyant cela, s'approcha d'elles, et, avec l'aménité qu'on lui connaît, les pria de sortir, elles n'obéirent point à cette prière. Alors le père Picot, sans se départir de sa douceur naturelle, dut employer, non le fouet traditionnel, mais la menace du commissaire de police.

Elles sortirent cette fois, mais non sans maugréer contre la pluie qui devait chiffonner leurs bonnets, et contre le père supérieur qui était plus sévère que le Sauveur, car s'il a fait sortir les vendeurs du temple, disaient-elles, il n'en a jamais chassé les marchandes de beurre..... du moins n'en est-il pas parlé dans l'Écriture.

 

Avril 1869   -  La tempête.   -   On sait les malheurs et les désastres occasionnés sur nos côtes par l'ouragan du 19 mars et des jours suivants. On sait que le rivage a été jonché de débris, que la mer, en furie, a rejeté un certain nombre de cadavres, et que, l'on aperçoit en plusieurs endroits là mâture de navires enfoncés dans le sable,

A la suite des nombreux naufrages qu'il faut déplorer, la religion a recueilli, de la part des survivants de nombreux témoignages de foi et de reconnaissance.

On a vu des compagnies de marins partis de Ver, de Courseulles. et de; Bernières venir à la Délivrande pour s'acquitter du vœu qu'ils avaient fait, à Notre-Dame pendant la tempête. Souvent, dans; ce pieux voyage, les femmes accompagnaient leurs maris sauvés, comme, par miracle du plus affreux péril. Quelle impression forte, et salutaire, fusait dans les villages le passage de ces hommes nos pêcheurs, aux traits fatigués, marchand tête nue et pieds nus , le chapelet en main ou chantant les litanies de la douce et bonne Protectrice qu’ils avaient invoquée avec confiance dans l'horreur de la tempête ! Quelques-uns avaient déjà les pieds en sang.

Pendant la tourmente, un marin de Langrune se trouvait près de Dives sur son bateau. Il rapporte que dans la nuit, ils se sont vus sombrer trois fois et que, confiant dans la divine Providence, il renouvelait son vœu. La mer, à la fin, les a jetés, ses compagnons et lui, sur la côté et tous en vie. Les autres, n'ont pas manqué de venir aussitôt à La Délivrande ; pour lui, retenu d'abord par une douleur de côté, il a fait quelques jours après son pèlerinage, pieds nus à l'aller comme, au retour.

Les hommes du bateau échoué, aussitôt qu'ils ont pu toucher la terre, se sont rendus à la chapelle pour y témoigner leur reconnaissance à la très sainte Vierge.

Le lundi de Pâques, dit la Semaine religieuse, à laquelle nous empruntons ces lignes, neuf marins échappés au naufrage de leur navire, venaient nu-pieds en pèlerinage dans la chapelle de la Vierge, en l'église de Dives.

 

Octobre 1869   -   Le chemin de fer de Caen à Courseulles.   -   On s'occupe activement des formalités à remplir pour commencer le chemin de fer de Caen à Courseulles. Les entrepreneurs traitent à l'amiable avec les propriétaires des terrains nécessaires à la construction de la voie, et, en cas de contestation, le jury va être tout prochainement appelé à  statuer.

S'il ne surgit aucune difficulté sérieuse, si l'hiver ne vient pas par sa rigueur, interrompre, les travaux, tout porte à croire que la partie comprise entre Caen et Luc-sur-Mer sera terminée et livrée à la circulation pour le mois de juillet prochain.

Beaucoup de personnes se demandent quel sera le prix des places ? Si les entrepreneurs s'en tiennent aux conditions stipulées dans le Cahier des charges, le prix du voyage devra être, en 3e classe, à peu près le même que par les voitures publiques.  

 

Mai 1870   -   Le couronnement de la Vierge.  -  Dans notre dernier numéro, nous disions, que le Saint-Père avait octroyé le couronnement à la statue de la Vierge érigée dans la chapelle de la Délivrande.

Voici en quoi consiste la faveur du couronnement. C'est le Souverain Pontife lui-méme qui décide et décrète d'envoyer une couronne à une statue vénérée. Cette couronne fabriquée à Rome, et toujours d'une grande  valeur, est fournie ou par le chapitre de Saint-Pierre de Rome, ou par la piété et la générosité des fidèles. Le pape la bénit solennellement puis il charge un ablégat de la porter en son nom, et de la déposer sur la tête de la statue miraculeuse, cérémonie qui se fait avec une pompe extraordinaire.

Cette fois, ce seront les fidèles qui feront les frais de cette décoration. Tout l'or reçu, par dons ou quêtes, sera fondu pour entrer dans la confection des couronnes, et les pierres précieuses seront consacrées à les orner. Celles que l'artiste ne pourrait faire entrer dans son travail, trouveront leur place sur la robe et le manteau de la statue, de sorte que tout ce qui aura été offert sera véritablement et matériellement consacré à la sainte Vierge.

 

Juillet 1870   -  Fait divers.   -   Pendant la durée de la guerre, les PP. Missionnaires de la Délivrande diront tous les jeudis, à 9 heures, dans la chapelle du pèlerinage, une messe pour nos soldats et le triomphe de nos armes. Nous apprenons que par les soins d'une personne pieuse, une messe sera dite, en outre, tous les jours, aux mêmes intentions.

 

Août 1870   -  Mobilisation.   -    La garde mobile du Calvados, formant un effectif de plus de 6,000 hommes, est définitivement constituée, elle comprend quatre bataillons, divisés en huit compagnies chacun.

Le premier bataillon, composé des cantons de Balleroy, Bayeux, Isigny, Ryes, Trévières, Creully, Douvres et Tilly-sur-Seulles, et le quatrième bataillon, composé des cantons de; Caumont, Villers-Bocage, Aunay, Bény-Bocage, Condé-sur-Noireau, St-Sever, Vassy et Vire tiennent provisoirement garnison à Caen.

Le deuxième bataillon, composé des cantons de Bourguébus, Caen (Est et Ouest), Évrecy, Troarn, Bretteville-sur-Laize, Falaise, Coulibœuf et Thury-Harcourt, tient garnison Lisieux.

Le troisième bataillon composé des cantons de Lisieux, Livarot, Orbec, Mézidon, St-Pierre-sur-Dives, Blangy, Cambremer, Dozulév  Honfleur et Pont-l'Evêque, tient garnison à Bayeux.  

 

Mars 1871   -  Nécrologie.   - Nous apprenons la mort du R.P. Léon Dupont, missionnaire de la Délivrande, aumônier militaire attaché à l'armée de Chanzy, Il y a contracté la petite  vérole, dont il est mort lundi à la Délivrande. C'était incontestablement un des prêtres les plus distingués du diocèse. La R. P. Dupont n'était âgé que de 43 ans.

 

Février 1872   -  Fait divers.   -  Vendredi dernier, le sieur Chevrotin, dont la fille tient l’auberge du Grand-Turc, a l’entrée de la Délivrande, était à conduire une voiture sur la route de Luc. Le soir venu, le cheval étant rentré seul à l'écurie, la famille de Chevrotin, justement inquiète, se mit à sa recherche et trouva le corps du malheureux homme avait été écrasé par l'une des roues de sa voiture.  

 

Juin 1872   -  Recensement.   -  D'après les documents relatifs au recensement recueillis jusqu a ce jour, on, estime et que la population du Calvados a diminué de 25.000 habitants, depuis le recensement de 1866.

 

Juillet 1872   -  Chasse et récolte.   -  L’ouverture de la chasse aura lieu, dans notre département, vers les premiers jours de septembre, car la rentrée des récoltes ne pourra être terminée que tardivement cette année, en raison des nombreux blés couchés par les orages.

 

Août 1872   -  Loi sur les boissons.   -  Tout détenteur d'appareils propres à la distillation d'eaux-de-vie ou d'esprits est ténu d'en faire, au bureau de la régie, une déclaration énonçant le nombre et la capacité de ses appareils.

 

Août 1872   -  La fin du monde.   -  On sait que la fin du monde avait été prévue pour le 5 de ce mois, elle n'a pas eu lieu, parce qu'elle a été, paraît-il, remise au 12 août, selon les uns, et selon les autres, au 15 août, fête de l'ex-empereur.

 

Août 1872   -  Fait divers.   -  Le 22 août à la Délivrande, sera célébrée une des plus grandes fêtes religieuses auxquelles le diocèse de Bayeux ait jamais été convié : le Couronnement solennel de la statue de Marie, patronne du saint pèlerinage, la cérémonie sera présidée par S. E. le cardinal archevêque de Rouen, délégué par le Saint-Siège pour la consécration.

Sur 22 évêques invités à cette fête, il ont déjà accepté l'invitation. On commence la construction des tribunes extérieures qui contiendront des milliers de personnes. On assure que la couronne en or, qui sera placée sur la statue de Notre-Dame-de-la-Délivrande, sort des ateliers des héritiers Mellerio, qui ont dernièrement soutenu un procès contre la dame Debacker et le couvent de la Délivrande.

Des préparatifs importants sont commencés dans la cour des missionnaires de la Délivrande pour recevoir dignement les hôtes illustres qui s'y rendront le 22 août. Le Maire de la  commune informe le public qu'à l'occasion des fêtes du couronnement et des nombreux concours de pèlerins qui s'y rendront, il sera accordé des autorisations pour installer en plein vent des restaurants.

 

Décembre 1873   -   Visites du premier janvier.   -  C’est le moment, ou jamais, de s’occuper des cartes qu’il est dans l’usage d’échanger à l’occasion du premier de l’an. C’est seulement à l’époque du 1er  janvier qu’on peut envoyer des cartes par la poste, c’est-à-dire sous enveloppe. Les cartes envoyées sous enveloppe doivent être affranchies à 5 cent, pour le rayon du bureau de distribution, en dehors du bureau de distribution, l’affranchissement est de 10 cent. Les cartes ne doivent porter que le nom, la profession et l’adresse. On peut en mettre deux sous la même enveloppe.  Une dame ne peut envoyer sa carte à un homme non marié, une demoiselle, quel que soit son âge, n’envoie jamais de carte.

 

Décembre 1873   -   Arrestation.   -  Le nommé Pierre Pool, cafetier à la Délivrande, a été mis en état d’arrestation pour outrages et violence envers des gendarmes dans l’exercice de leurs fonctions.

 

Juin 1874   -   Pèlerinage.  -  La paroisse Saint-Pierre de Caen a accompli mardi dernier son pèlerinage annuel à Notre-Dame-de-la-Délivrande.  Malgré l'affluence des fidèles, l'ordre le plus parfait n'a cessé de régner. Sur l'une des nombreuses bannières qui flottaient au vent, nous avons cru lire ces mots entourés de fleurs de lys : Patrie ! Roi et Gloire !  

 

Juillet 1874   -   La canicule.  -  Le 24 juillet, a commencé la canicule, qui finira le 26 du mois prochain. Beaucoup de personnes croient que ce temps correspond aux plus fortes chaleurs de l’année. Nous en avons la preuve contraire cette année.

 

Juillet 1874   -   Le réchauffement climatique.   -  La comète n'est pas étrangère aux grandes chaleurs que nous subissons. En 1811, une comète fut visible, et les chaleurs et la sécheresse furent telles qu'un grand nombre de rivière tarirent, en 1846, nouvelle comète, nouvelle sécheresse, l'eau devint tellement rare dans certains endroits que des bestiaux périrent de soif. En 1811 comme en 1846, le vin fut abondant et d'une qualité supérieure, on espère qu'il en sera de même en 1874, aussi les cours des vins sont-ils en baisse de 10 fr.  par hectolitre. A Marseille, le thermomètre a marqué, à l'ombre, 40 degrés, à Paris, au soleil, 44 degrés. De nombreux cas d'insolation sont signalés.

 

Août 1874   -   Accident.   -  La semaine dernière, l'une des voitures publiques de Caen à la mer, appartenant au sieur Lemazurier, sortait de la Délivrande, à mi-côte de Douvres, l'une des roues de derrière s'est déboîtée et la voilure, sans verser, s'est affaissée sur le côté. Par suite du choc, le sieur Lemazurier, qui conduisait, a été lancé à terre et dans sa chute s'est  fait à la tête des blessures assez graves pour mettre un instant ses jours en danger. Les cinq voyageurs qui se trouvaient dans la voiture au moment de l'accident n'ont eu aucun mal. Lemazurier a été conduit chez sa sœur, aubergiste à la Délivrande.

 

Juillet 1874   -   La comète.   -  Selon les prévisions des astronomes, la comète découverte par M. Coggia, de Marseille, le 17 avril dernier, n'aura tout son éclat que vers le 15 juillet, mais actuellement, grâce à la pureté momentanée de l'atmosphère, elle brille merveilleusement chaque soir, au-dessous de l'étoile polaire, comme une étoile de troisième grandeur. Sa traînée est très apparente àl’œil nu.

 

Octobre 1874   -   Éclipse.   -  Le 10, il y aura une éclipse partielle de soleil, visible dans le Calvados.

 

Octobre 1874   -   Télégraphie.   -  Les bureaux de Cabourg Lion et Luc-sur-Mer, ont été fermés le 1er octobre. Les bureaux de la Délivrande et de Beuvron-en-Auge ont été réouverts.

 

Mai 1875   -   Chemin de fer de Caen à la Mer.  -  M. Mauger est venu à Caen la semaine dernière, il a visité les travaux et a donné des ordres pour qu'ils soient poussés avec la plus grande activité. Malheureusement, le temps perdu ne se rattrape jamais, et quelques efforts qu'on fasse, le chemin de Caen à Luc ne pourra pas être livré ce mois-ci à la circulation. Nous espérons cependant que l'inauguration pourra avoir lieu le 20 juin.

Deux nouvelles locomotives, « La Délivrande et Courseulles », sont arrivées, les wagons pour voyageurs sont attendus, les wagons à marchandises sont en construction à Caen.

 

Mai 1875   -   Chemin de fer de Caen à la Mer.  -  La gare provisoire du chemin de fer de Caen à la mer est construite. Elle a été bâtie sur le modèle des water-closets qui ornent  l'abreuvoir de la Poissonnerie. Nous croyons devoir porter ce fait à la connaissance du public, afin d'éviter de regrettables méprises. 

Les gares de Cambes, de Mathieu, La Délivrande et Luc sont copiées sur celles de Caen. Cette dernière peut contenir quinze ou seize personnes au plus, c'est une faible digue à opposer au flot de voyageurs qui ne manqueront pas de l'envahir. 

Quoi qu'il en soit, la ligne, que nous avons visitée, commence à prendre forme : le ballast est presque partout jeté, les poteaux télégraphiques sont plantés, on place les fils. Sur tout le parcours, la ligne n'est pas entièrement garnie de treillage. C'est une lacune regrettable, et nous aurons sans doute, comme dans le département de l'Orne, souvent des  procès-verbaux à enregistrer, car il est bon que les riverains le sachent : procès est fait à tout propriétaire dont les bestiaux sont trouvés sur la voie. On parle d'un train de plaisir pour la semaine prochaine, c'est douteux.  

 

Août 1875   -   L’orage de samedi.  -  Samedi soir, vers 2 heures, un violent orage, dont nous n'avons eu à Caen qu'un écho affaibli, s'est abattu sur tout le littoral. Des torrents de pluie n'ont pas tardé à faire monter l'inondation dans la plupart des maisons et dans les bas-fonds des vallées. Des grêlons, d'une grosseur énorme, sont tombés en plusieurs endroits et ont  tué une si grande quantité de gibier qu'on le vendait à bas prix sur la côte.

—  De Douvres, les eaux se sont précipitées dans la tranchée du chemin de fer et ont couvert la voie de détritus. La circulation n'a pas d'ailleurs été interrompue. Les dégâts ont été promptement réparés.

—   A Condé, une pluie diluvienne a transformé en quelques instants les rues de la ville en de véritables torrents.

—  Vers quatre heures du soir, à Tracy-Bocage, la foudre est tombée sur une maison, non habitée, appartenant à M. Jules Greley, la couverture seule a été la proie des flammes, les pompes de Villers-Bocage sont immédiatement arrivées et les travailleurs ont pu rapidement concentrer le feu dans son foyer. M. Edouard Marie, garde particulier à Villers-Bocage, que son dévouement avait conduit sur les murs de la maison incendiée pour y travailler, est tombé d'une hauteur d'environ six mètres. Dans sa chute, il s'est cassé l'épaule et fait des blessures intérieures. Marie est âgé de 44 ans et père de cinq enfants en bas âge, et sans fortune, La perte s'élève à 875 fr.

—   A la même heure, le même jour, un incendie occasionné par la foudre a éclaté en la commune de Secqueville-en-Bessin et a brûlé complètement la toiture en chaume d'une maison d'habitation faisant partie d'une ferme appartenant à M. Jules Lecomte, maire, qui est exploitée par M. Léon Leboulanger. La perte approximative de M. Lecomte est de 3 000 fr, assurée, celle de M. Leboulanger est évaluée à 700 fr., également assurée. Il y avait quatre personnes dans la maison au moment où la foudre est tombée, aucun accident à déplorer.

—  La foudre est tombée aussi à Langrune et à Douvres, où elle a déraciné un arbre. A Caen elle a laissé des traces de son passage sur un mur dans la cour de M. Bourrienne, médecin.

—  Cet orage a également éclaté sur le Havre à 4 heures de l'après-midi, il a duré une heurs et demie. Les coups de tonnerre se succédaient avec une terrifiante rapidité, en même temps qu'une pluie des plus abondantes transformait les ruisseaux de la ville en vraies rivières, et les rues descendant la côte en petits torrents. La foudre est tombée en divers endroits, deux fois, notamment, dans le bassin de la citadelle sur le trois-mâts français « Sainte-Adresse » et à l'angle nord-ouest du bassin.  

DOUVRES   -   L'Église, Clocher du XIIe siècle

24    LA-DÉLIVRANDE  -  Place de la Délivrande.  -  LL.

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