15 Mars 2025

UN SIÈCLE D’HISTOIRE DU CALVADOS

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MATHIEU

Canton de Douvres-La-Délivrande

Les habitants de la commune sont des Mathieusains, Mathieusaines


Septembre 1830    -    Souscription.   -   En faveur des veuves et des orphelins des victimes tuées à Paris le 27, 28 et 29 juillet 1830.

Au bureau du Pilote( 9º. liste ).

MM. Jouin, maire de Verson, 5 fr. ; Jean-Baptiste Leduc, adjoint, 5 fr. ; Jean-Baptiste Mahyer, percepteur, 5 fr. ; Gambier,  officier retraité, 5 fr. ; Delaunay, capitaine retraité, 5 fr. Lejeune, P. J., capitaine, 5 fr. ; Paul-Alexandre Lepelletier, 5 fr. ; Marc, maire de Mathieu, 10 fr. ; Bellier fils, propriétaire à Cully , 5 fr. ; Castel géomètre du cadastre, 5 fr. ; Jobert père, propriétaire, 20 fr. 

Souscription ouverte à Argences, en l'étude de Me Hoguais, notaire, 103 fr.

Souscription ouverte à Villers, en l'étude de Me Langlois, notaire, 32 fr. 30 c. Gosse, huissier à Douvres, 5 fr. ; Daubert, directeur des postes à la Délivrande, 5 fr. ; Fournier, capitaine retraité, à Erne, 15 fr. ; Fitz-Gérald, écuyer irlandais, 10 fr. ; Révérend, chef de bataillon retraité, 5 fr. Collecte faite à Banneville, lors de l'inauguration du drapeau, déposée par M. Denis, maire, 44 fr. 30 c. Boullin jeune, 10 fr. ; Simon, J. B., et son petit fils Léon, 6 fr. La première compagnie de chasseurs de la garde nationale de Caen, produit d'une collecte faite à la suite d'un banquet, 88 fr.

Souscription ouverte à Goustranville-Saint-Clair, déposé par M. Hoybel, maire, 160 fr. ; François Lecael, garde champêtre, à Carpiquet, 3 fr. ; Laurent l'aîné, maire à Carpiquet , 10 fr. (Le Pilote du Calvados)

 

Septembre 1830    -    Conflit à l'église : un chantre interdit pour avoir chanté la Marseillaise.   -   Grâce au zèle du sieur Cahagne, un des paroissiens le plus fidèles de l'église de Mathieu, le lutrin du chœur ne restait jamais muet, on était toujours sur de trouver au poste ce chantre officieux.

Dimanche dernier, il était là comme de coutume, et venait d'entonner un des morceaux de plein-chant, lorsqu'un jeune séminariste en vacances s'approche de lui et l'invite, de par M. le curé, à vouloir bien se taire et se retirer du lutrin. N'eut garde d'obéir le sieur Cahagne, qui ne s'interrompit que pour dire au messager du curé qu'un ordre aussi extraordinaire valait bien qu'on le lui transmit sans interprète.

Un instant après le vicaire vint lui faire la même sommation, il fallut bien céder de peur de faire naître le scandale, mais après l'office le chantre voulut connaître la cause de sa disgrâce. Hélas ! cette cause n'était que trop palpable, le sieur Cahagne, le dimanche précédent, avait entonné avec ses amis un couplet de la Marseillaise, et prêté de plus sa voix, infidèle des accents sacrés, à des chansons profanes.

Peut-il bien se plaindre encore de l'interdit lancé sur lui ? lui qu'avec moins d'indulgence peut-être, un autre eut frappé d'anathème ! Nous n'aurions point parlé de ce fait, tant nous trouvons la peine peu sévère, comparée au crime, les quelques bonnes âmes, ainsi que cela arrive quelquefois, n'avaient donné à l'exclusion du chantre des motifs tout mensongers. (Le Pilote du Calvados)

 

Juin 1831    -    Appel à la vigilance des maires.   -   M. le préfet du Calvados vient d'adresser à MM. les maires du département une circulaire pour inviter ces fonctionnaires à prendre de suite toutes les mesures nécessaires pour empêcher la divagation des chiens.

Plusieurs de ces animaux attaqués de la rage ont parcouru différentes communes et ont mordu d'autres animaux. Il importe

donc dans l'intérêt de la sûreté publique, que les règlements sur cette matière soient exécutés avec sévérité, afin de prévenir les accidents qui résulteraient d'un défaut de précaution et de surveillance. (Le Pilote du Calvados)

 

Juin 1831    -    Service d’une voiture publique de Caen à Courseulles.   -   M. PIEL, cafetier-restaurateur, au Rocher de Cancale, place du Marché à Bois, à Caen a l'honneur de prévenir MM. les Voyageurs qu'il fait partir tous les jours deux Voitures suspendues pour Courseulles, passant par les beaux hameaux de Mathieu ; la Délivrande ; Langrune ; St-Aubin et Bernières, qui longent la Mer.

L'une part de Caen à 7 heures du matin, et fait son retour le soir, l'autre à 5 heures du soir, et revient lendemain matin, à 7 heures, à Caen.

Le prix des places est de 75 centimes pour la Délivrande ; Langrune et Courseulles, 1 fr.

Un Service pour Luc part tous les matins à 7 heures ; le prix est de 1 fr.

Les guides ne sont pas fixés, ils sont à la disposition des voyageurs.

Baptiste Louard, conducteur de ces voitures, fait son possible pour mériter la confiance du public. (Le Pilote du Calvados)

 

Décembre 1844   -  Police correctionnelle.   -   Audiences des 10 et 13 décembre. Treize affaires ont été jugées dans ces deux audiences. Deux condamnations ont été prononcées pour divers délits de chasse, deux autres pour délits d'usure, et le reste pour divers motifs.

   La jeune Marie-Augustine-Victoire Manchion, domestique, âgée de 13 ans, reconnue coupable de plusieurs vols au préjudice de ses maîtres, a été condamnée à être renfermée pendant 4 ans dans une maison de correction.

 Le Tribunal a acquitté les sieurs Félix Choismier et Michel Barbu, auxquels on reprochait d'avoir, le 30 septembre dernier, causé la mort par imprudence du jeune Pierre Petit, domestique de M. Lubin, de Juaye, en lui confiant la conduite d'une voiture qu'ils devaient conduire eux-mêmes.

   Reconnu coupable d'excitation à la débauche envers de jeunes mineures, Françoise Lévesque, femme Desgrières, de cette ville, aura a subir 6 mois de prison, et 200 fr. d'amende.

   Diverses escroqueries et tentatives de vols à l'aide de noms supposés, étaient reprochées aux frères GefTroy, de Mathieu, et à Arsène Jarry, leur domestique, convaincus des faits dont ils étaient accusés, ils ont été condamnés chacun en 15 mois de prison.

   Pour avoir volé du bois dans la forêt de Cérisy, le nommé Jean Denize, de Montfiquet, a été condamné en 30 fr. d'amende.

   Des faits de la même nature commis dans la forêt de Neuilly, en novembre dernier, ont valu aux nommés Jean Marais et Jean Perruque, demeurant à Isigny, trois jours de prison à chacun.

Marie-Anne Levallois, impliquée dans cette affaire a été renvoyée acquittée.

— Une amende de 16 fr. a été prononcée contre Jean-Baptiste Martel, de St-Georges-d'Elle, pour un délit semblable, commis à Montfiquet.  (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Novembre 1853   -   Assises du Calvados.   -   La Cour d'Assises a ouvert lundi dernier sa session du 4e trimestre de 1853, sous la présidence de M. Lentaigne. 17 affaires seulement figurent sur le rôle comme devant y être jugées. Voici les affaires qui ont été soumises au jury, dans les audiences du 19 :

Dans la nuit du 26 au 27 juin , à Mathieu, une rixe s'éleva entre plusieurs colporteurs et marchands ambulants qu'y avait attirés la fête de cette commune. L'un d'eux nommé Debker, mourut le lendemain des suites des blessures qu'il avait reçues, et aujourd'hui les nommés Dominique Rosel, marchand de faïence, âgé de 42 ans ; François bannon, colporteur, âgé de 21 ans ; la femme Rosel et un fils naturel de celle-ci, le nommé Jean Le Lommet, à peine âgé de 16 ans, comparaissent sous la prévention d'avoir porté à Debker des coups ayant entraîné la mort, sans qu'ils eussent intention de la lui donner.

Nous sommes ici en pleine bohème, et notre plume se refuse a reproduire le triste tableau de mœurs qui vient se dérouler devant la cour. Il résulte des débats que le même jour Debker s'était déjà porté à diverses voies de fait, et qu'il fut encore l'agresseur le soir, les prévenus étaient donc, jusqu'à un certain point, dans le cas de légitime défense, et le jury, sur la plaidoirie de Me  Villey, rapporte encore un verdict d'acquittement. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Mars 1858   -   Un suicide.   -   Dans la matinée d'avant-hier, le corps d'un nommé. Colleville (Jean-Pierre), âgé de 37 ans, né à Magny, arrondissement de Bayeux, cultivateur, demeurant au village du Mesnil, commune de Mathieu, canton de Douvres, a été trouvé, par sa domestique, dans le puits de sa ferme, un moment où celle-ci allait puiser de l'eau.

Tout porte à croire que de mauvaises affaires et des chagrins domestiques seraient la cause de la mort volontaire de cet homme. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Juin 1860   -   On dit dans « le Moniteur universel » du 6 juin.   -   Une touchante cérémonie réunissait, il y a quelques jours, les habitants du village de Mathieu, près de Caen (Calvados).

Les restes mortels de M. Couvrechef, architecte de la Couronne, décédé en 1857, pendant une mission au château d'Artéaga, dans les domaines de S. M. l'impératrice, en Biscaye, étaient ramenés, d'après les ordres de S. M. l'Empereur, dans le village qui l'a vu naître.

Dès que le char funèbre fut arrivé à Caen, on vit accourir toute la population des villages environnants pour accompagner le cortège jusqu'au village de Mathieu.

Là, le corps du défunt s'est arrêté à la maison paternelle, puis il a été présenté à l'église, où un service a été célébré. L'inhumation ayant eu lieu, l'assistance s'est séparée, témoignant par son émotion et son recueillement tout sa sympathie pour la mémoire de M. Couvrechef, et de sa reconnaissance pour l'auguste sollicitude de l'Empereur, qui a voulu que la dépouille mortelle du jeune artiste, si prématurément enlevé à ses travaux sur la terre étrangère, reposât dans le village qu'il avait quitté, il y a vingt ans, apprenti tailleur de pierres. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1860   -  Une mort brutale.   -   Hier matin, le sieur Havas (Victor), marchand épicier, demeurant à Mathieu, a été trouvé sans vie dans son domicile. On pense que c'est à une congestion cérébrale que ce malheureux a succombé. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1864   -   Chemin de fer en projet de Caen à la mer.   -   M. le préfet du Calvados, à la date du 14 avril, a pris l'arrêté suivant :

Nous, préfet du département du Calvados, officier de l'ordre impérial de la Légion-d'Honneur, commandeur de l'ordre de Saint-Grégoire-le-Grand.

-       Vu la décision, en date du 7 de ce mois, par laquelle M. le ministre des travaux publics a autorisé M. Mauger (Anthime), demeurant à Douvres, à faire les études d'un chemin de fer entre Caen et la mer.

-       Vu l'art. 1382 du Code Napoléon, les lois des 16 septembre 1807 et 3 mai 1841.

Avons arrêté :

Art. 1er.        M. Mauger et les agents par lui préposés sont autorisés, en exécution de la décision ministérielle indiquée ci-dessus, à pénétrer sur les propriétés privées pour étudier le meilleur tracé de la ligne en projet de Caen à la mer.

Ces études s'appliqueront aux terrains situés dans les communes de Caen Venoix, Saint-Contest, Épron, Cambes, Mathieu. Anisy, Anguerny, Douvres, Luc, Langrune, Saint-Aubin-sur-Mer, Bernières et Courseulles.

Art. 2.        Une expédition du présent sera adressée à MM. les maires, pour être affichée aux lieux accoutumés.

Une expédition sera également transmise à M. Mauger, qui devra, lui et ses agents, en justifier aux propriétaires, sur leur réquisition, en prenant envers eux, s'il est besoin, l'obligation écrite de leur payer les dommages occasionnés. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1864   -   Tribunal Correctionnel de Caen.   -   Présidence  de M. le baron Le Menuet de la Jugannière, juge. M.O. Lanfran de Panthou, substitut de M. le procureur impérial, occupant le siége du ministère public.

Audience du samedi 4 Juin.

-        Lebourdon, journalier à Mathieu, âge de 63 ans, est un débiteur insolvable, sur lequel M. Sanson, huissier à Évrecy, avait saisi, au commencement d'avril dernier, entre autres objets, treize ruches d'abeilles. Lebourdon étant absent lors de la saisie, on nomma gardien un voisin nommé Enault.

De la déposition de ce témoin il résulte que, le 15 avril, toutes les ruches étaient à leur place, mais que, le 17, il n'en restait plus que cinq. Une voisine du lieu rapporte qu'elle a vu Lebourdon enlever des ruches, ce qui est certain, c'est que les gendarmes, avertis du détournement des objets saisis, ont fait une perquisition chez le prévenu, et, avant de commencer cette perquisition, celui-ci leur déclara qu'ils ne trouveraient chez lui aucune trace des ruches détournées. Malgré cette assertion de Lebourdon, on trouva sous un lit trois ruches parfaitement intactes.

On peut bien induire de là que le prévenu a aussi enlevé les autres, quoi qu'il en soit, il déclare qu'il n'a pris que les trois qui étaient cachées sous son lit, et cela dans le but de subvenir à ses besoins, qui, selon lui, sont excessifs. Il est vrai qu'il est père de famille, que ses antécédents ne sont pas mauvais, et qu'il est déjà dans un âge très avancé.

Aussi le Tribunal lui accorde-t-il des circonstances atténuantes en ne le condamnant qu'à 10 jours d'emprisonnement.

Il était sans défenseur. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1864   -   Tribunal Correctionnel de Caen.   -   Présidence  de M. le baron Le Menuet de la Jugannière, juge. M.O. Lanfran de Panthou, substitut de M. le procureur impérial, occupant le siége du ministère public.

Audience du samedi 4 Juin.

-       Le 15 mai dernier, les gendarmes de Douvres étaient en tournée, à onze heures du soir, à Mathieu, pour surveiller certains aubergistes qui ferment leur établissement après l'heure réglementaire. Ils prirent, dans un cabaret, le nommé Miray, âgé de 50 ans, journalier, demeurant à Anisy.

Cet homme, sans être ivre, était un peu échauffé par le vin, il insulta les gendarmes en leur disant les injures les plus grossières, les appelant canaille et les menaçant de les jeter par la fenêtre. Il s'emporta si violemment envers eux, que, craignant qu'il ne se laissât aller à des voies de fait à leur égard, ils se contentèrent de le faire sortir de la maison et attendirent au lendemain matin pour l'arrêter.

La seule excuse, si c'en était une, que Miray invoque pour sa défense, c'est l'état dans lequel il prétend qu'il était, contrairement au procès-verbal des gendarmes.

Au reste, ses antécédents sont bons, il n'a jamais été repris de justice, et le ministère public se borne à demander contre lui une forte amende.

Le Tribunal le condamne à 6 jours de prison et, par corps, aux dépens. Il était sans défenseur. (l’Ordre et la Liberté)

 

Février 1865   -   Par arrêtés du 27 janvier.   -   M. le préfet a Nommé :

-        Maire de la commune de Vaucelles, M. Morin de La Rivière (Julien) en remplacement de M. Planquette, décédé.

-        Maire de la commune de Mathieu M. le docteur Barette (Désiré), conseiller municipal, en remplacement de M. Grenier, démissionnaire. (l’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1866   -   Un fou.   -    Mercredi, dans la journée, le sieur G...., demeurant à Mathieu, atteint d'aliénation mentale, a quitté son domicile dans un état complet de nudité.

Il s'est dirigé sur La Délivrande, où l'on s'est emparé de lui afin de le remettre à sa famille. En passant, ce malheureux est monté en haut du calvaire de Douvres, afin, disait-il d'embrasser le bon dieu.

 

Avril 1866   -   État d'ivresse.   -   Nous sommes à même de compléter aujourd'hui la nouvelle que nous avons insérée dans notre dernier numéro, relativement au scandaleux spectacle donné la semaine dernière à La Délivrande, par le sieur G....

Voici les faits : Cet individu, qui est domestique dans le département de l'Eure, était venu voir sa famille, résidant à Mathieu. Depuis quelques jours, il s'était livré à des libations qui, eu égard à la sobriété ordinaire de G...., devaient produire de tristes résultats.

Mardi, il se coucha en état d'ivresse, mais à peine monté sur son lit, le malheureux fut pris d'un excès de démence, il s'enfuit, dans un état complet de nudité, à travers champs et se porta au ventre deux coups de couteau. Puis il se dirigea vers la chapelle de la Délivrande, ou aussitôt entré il grimpa à la grande grille du choeur, et se plaça à califourchon sur le haut.

Les blessures de G..., quoique graves, ne présentent aucun danger. Après quelques jours de repos, il pourra retourner à ses occupations.  

 

Mai 1868   -   La lune.   -   La lune rousse qui finit aujourd'hui vendredi, à 6 heures 45 du matin, pour faire place à la lune de mai, n'aura pas été par trop méchante. Elle nous a donné de beaux jours. Les biens de la terre, au dire de nombreux cultivateurs, ont un aspect magnifique.

 

Mai 1868   -   Découverte d'un cadavre.   -   Le 20 de ce mois, à une heure du soir, le cadavre d'un enfant nouveau-né, du sexe féminin, a été trouvé sur le territoire de la commune de Mathieu, près d'une haie longeant la route départementale de Caen à Courseulles, dans un champ de sainfoin exploité par le sieur Lavergée, fermiers.

D'après les traces laissées sur le sol, le crime paraît avoir eu lieu tout près de l'endroit où le cadavre de l'enfant a été trouvé.  

 

Août 1868   -   Décision du Conseil général.   -   La session du Conseil général, commencée le lundi 24 août, a été terminée lundi dernier, à trois heures.

Parmi des décisions prises par le Conseil, nous devons une mention toute particulière à l'approbation qu'il a donné, samedi, à la construction des chemins de fer départementaux :

  Chemin de fer de Caen à Courseulles, passant par Cambes, Mathieu, Douvres, Luc, Langrune, Saint-Aubin, Bernières.

  D'Orbec à Lisieux, sur une longueur de 16 kilomètres.

  De Falaise à Pont-d'Ouilly, à un point de raccordement sur la ligne de Caen à Flers.

 

Septembre 1869   -   Fait divers.   -   Depuis quelque temps, on parle beaucoup du décès de M. X..., mort récemment dans sa propriété de Mathieu, près Caen.

Cette affaire étant en ce moment à l'instruction, nos lecteurs comprendront toute la réserve que nous devons apporter en nous en occupant.

Voici ce que nous pouvons en dire quant à présent. M. et Mme X.…, après avoir habité, pendant plusieurs années, l'une des maisons les plus importantes de la plage de Luc, se retirèrent à Mathieu. M. X... était doux et serviable, il était aimé de ses voisins et des personnes qui fréquentaient ordinairement sa maison.

Aussi, quand, il y a trois semaines, on apprit la mort de M. X..., et les circonstances singulières qui avaient accompagnées ce décès, à tort ou à raison, les suppositions les plus étranges furent faites, on parla même d'empoisonnement.

La justice eut connaissance de ces récriminations, et six jours après l'inhumation elle se rendait à Mathieu. Le corps de M. X... fut déterré, l'autopsie en fut faite et les intestins furent conservés pour être déposés à l'école de médecine et soumis à un sérieux et attentif examen.

A-t-on trouvé des traces de poison ? La rumeur publique dit : oui. Reste à savoir si, dans ce cas, la mort doit être attribuée à un crime ou à un suicide. C'est ce que nous saurons quand la justice aura terminé son oeuvre investigatrice. 

 

Octobre 1869   -    Le chemin de fer de Caen à Courseulles.   -   On s'occupe activement des formalités à remplir pour commencer le chemin de fer de Caen à Courseulles. Les  entrepreneurs traitent à l'amiable avec les propriétaires des terrains nécessaires à la construction de la voie, et, en cas de contestation, le jury va être tout prochainement appelé à statuer.

S'il ne surgit aucune difficulté sérieuse, si l'hiver ne vient pas par sa rigueur, interrompre, les travaux, tout porte à croire que la partie comprise entre Caen et Luc-sur-Mer sera  terminée et livrée à la circulation pour le mois de juillet prochain.

Beaucoup de personnes se demandent quel sera le prix des places ? Si les entrepreneurs s'en tiennent aux conditions stipulées dans le Cahier des charges, le prix du voyage devra  être, en 3e classe, à peu près le même que par les voitures publiques.

 

Août 1870   -   Enrôlements.   -   Les enrôlements volontaires se font en masse dans notre département.

Tous, jeunes ou vieux, veulent en tâter. A cet égard, on se plaint des longueurs de la bureaucratie, et que les bureaux administratifs sont trop tôt fermés le soir.

On nous assure que quelques jeunes gens du dehors sont venus se casser le nez contre certaines portes.

Il faut prendre garde. L'enthousiasme est, comme autre chose, susceptible de se refroidir, et dame, en administrateurs prévoyants, il faudrait savoir profiter.

Ce que nous répétons là, ce n'est qu'un « on dit », auquel nous n'accordons un peu d'attention, que parce qu'il nous tarde de voir se grossir le nombre des vainqueurs de la Prusse.

 

Août 1870   -  Une circulaire.   -   D'après une circulaire de M. le ministre de l'intérieur du 8 août 1870, les dons en nature, tels que le vin, l'eau-de-vie, les liqueurs, le tabac, le linge, les chevaux, le bétail, etc., seront reçus dans toutes les villes où réside un sous-intendant militaire ou un fonctionnaire qui en remplit les fonctions, c'est-à-dire dans tous les chefs-lieux d'arrondissement de l'Empire. 

 

Août 1870   -  Les blessés.   -   Des blessés de l'armée sont attendus dans le Calvados. Un certain nombre de lits sont, dès à présent, disposés pour les recevoir dans les hospices. En outre, une foule de concitoyens dévoués se sont empressés de se faire inscrire pour recevoir chez eux un ou plusieurs convalescents, et leur offrir ainsi les soins et les ménagements qu'ils trouveraient dans leurs propres familles.

 

Août 1870   -  Pour les blessés.   -   Ont mis à la disposition de l'Administration pour les blessés de l'armée :

M. Charlier, ingénieur, 1 lit ; M. de Druval, dans son château de Creully, 2 lits ; M. Ch. Paisant-Duclos, id., 4 lits ;

M. Lemarchand, vétérinaire à Mathieu, 1 lit ; MM. Bunel, Rubin et Lecointe, 2 lits ; Mme Buhour mère, à Mathieu, 8 lits ;

Mme la comtesse de Lamprelie, à Meslay, 6 lits ; Mme la comtesse de Germiny, à Bavent, 12 lits ; MM. Collard, de la Rivière-Saint-Sauveur, 8 lits ; M. Repos, directeur du  grand hôtel d'Asnelles, 50 lit,

M. le docteur de la Motte, de Pont-l'Evêque, et M. Besson, docteur à Caumont, offrent gratuitement leurs soins aux blessés envoyés dans leur rayon. M. Mulot, pharmacien à Caen,  s'est offert à fournir gratuitement les médicaments pour les blessés qui seront reçus dans les maisons particulières de la paroisse St-Jean.  

 

Novembre 1872   -  Arrêtés municipaux.  -  Voici deux arrêtés municipaux qui n'en valent pas un bon.

Le premier est dû à l'autorité d'Anguerny. Elle défend aux marmots de tambouriner et de jouer aux soldats par les rues de la commune.

C'est ce qu'on peut appeler avoir l'oreille chatouilleuse.

  -  L'autre, a été pris à Mathieu, je crois. « Par ordre supérieur, et sans qu'on sache au juste pourquoi, il est interdit aux dentellières du lieu de travailler à leur métier sur la voie publique. »

Jugez si ces demoiselles du bloqet sont contentes.

Aussi, depuis quinze jours, ce ne sont que coups de langue et coups d'épingles à l'adresse de leur maire. Heureusement qu'il a la peau dure.  

 

Novembre 1873   -   Travaux.   -  D’après les renseignements qui nous sont communiqués, les travaux de terrassement du chemin de fer de Caen à Courseulles seront prochainement commencés dans les communes d'Epron, Cambes, Mathieu, Anisy et Anguerny. Les formalités d'expropriation, relatives au chemin de Caen à Aunay, sont en voie d'exécution.  

 

Mai 1875   -   Chemin de fer de Caen à la Mer.  -  M. Mauger est venu à Caen la semaine dernière, il a visité les travaux et a donné des ordres pour qu'ils soient poussés avec la plus grande activité. Malheureusement, le temps perdu ne se rattrape jamais, et quelques efforts qu'on fasse, le chemin de Caen à Luc ne pourra pas être livré ce mois-ci à la circulation. Nous espérons cependant que l'inauguration pourra avoir lieu le 20 juin.

Deux nouvelles locomotives, « La Délivrande et Courseulles », sont arrivées, les wagons pour voyageurs sont attendus, les wagons à marchandises sont en construction à Caen.

 

Mai 1875   -   Chemin de fer de Caen à la Mer.  -  La gare provisoire du chemin de fer de Caen à la mer est construite. Elle a été bâtie sur le modèle des water-closets qui ornent l'abreuvoir de la Poissonnerie. Nous croyons devoir porter ce fait à la connaissance du public, afin d'éviter de regrettables méprises.

Les gares de Cambes, de Mathieu, La Délivrande et Luc sont copiées sur celles de Caen. Cette dernière peut contenir quinze ou seize personnes au plus, c'est une faible digue à opposer au flot de voyageurs qui ne manqueront pas de l'envahir.

Quoi qu'il en soit, la ligne, que nous avons visitée, commence à prendre forme : le ballast est presque partout jeté, les poteaux télégraphiques sont plantés, on place les fils. Sur  tout le parcours, la ligne n'est pas entièrement garnie de treillage. C'est une lacune regrettable, et nous aurons sans doute, comme dans le département de l'Orne, souvent des procès-verbaux à enregistrer, car il est bon que les riverains le sachent : procès est fait à tout propriétaire dont les bestiaux sont trouvés sur la voie. On parle d'un train de plaisir  pour la semaine prochaine, c'est douteux.

MATHIEU (Calvados)  -  Route de la Délivrande vers Caen

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