15 Avril 2025

UN SIÈCLE D’HISTOIRE DU CALVADOS

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OUISTREHAM

Canton de Ouistreham

 

Les habitants de la commune sont des Ouistrehamais, Ouistrehamaises

Avril 1828   -   Barrage de la rivière de l’Orne.   -    Si une entreprise devait contribuer à la prospérité de cette ville et du département, seconder l'accroissement du commerce, faire refluer de nouvelles richesses dans leur sein, qu'elle exigeât quelques sacrifices de la part de nos capitalistes, sans doute encore leur patriotisme se ferait gloire d'une pareille action, et ils s'empresseraient de remplir les conditions exigées.

Quelle confiance ne doit-on donc pas avoir dans la réussite du projet qui vient d'être présenté par le savant ingénieur de ce département, et approuvé par notre chambre de commerce ?

L'utilité en est appréciée depuis longtemps, on sait qu'en rendant la rivière en tout temps navigable depuis son embouchure jusqu'à Caen, les navires, même du plus faible tonnage, ne seraient plus forcés d'attendre que des marées assez fortes puissent les faire remonter jusqu'au port, ils ne seraient pas réduits à rester échoués longtemps sur le sable, à être souvent rompus, à éprouver des avaries qui détériorent leurs cargaisons, de plus grands bâtiments prendraient une destination pour notre ville, elle acquerrait par là plus d'importance.

Tels sont les avantages qui résultent du barrage de la rivière d'Orne, et pour prendre part à l'exécution de cet important travail, aucun sacrifice n'est demandé, bien loin de là des bénéfices certains sont offerts. Toutes choses calculées sur le nombre des navires arrivés jusqu'ici dans notre port, l'intérêt des capitaux fournis se trouvera au moins de 8 pour cent, intérêt qui sera assurément doublé par le plus grand nombre de bâtiments qu'amèneront les facilités données à la navigation.

Sous toute espèce de rapport on doit donc penser que nos concitoyens vont s'empresser, suivant leur fortune, de se faire inscrire sur la liste qui leur est ouverte, et qu'ils prendront ainsi l'initiative sur des compagnies qui déjà sollicitent ce privilège, en l'obtenant eux-mêmes ils empêcheront le numéraire de sortir de notre province, et notre commerce maritime ne se trouvera point sous une dépendance étrangère. La dépense présumée de ce projet, en la portant à sa plus grande valeur, s'élève à 641 000 f., et déjà, avant qu'aucun appel ait été fait, on a obtenu 363 000 f.

Le premier magistrat du département, le maire de la ville de Caen, se sont faits inscrire de suite en tête des actionnaires.

Le barrage établi traversera l'embouchure de l'Orne, vis-à-vis Sallenelles, depuis la pointe de la Roque jusqu'à la pointe du Siège, où sera construite une écluse de navigation. Par ce moyen les eaux seront toujours soutenues à la hauteur moyenne des marées et, par des chasses fréquentes, fourniront le moyen de débarrasser le canal des amas de vases infectes qui rendent tout à la fois hideuses et malsaines les parties de la ville voisines de la rivière.

Les droits de péage sont ainsi projetés : Pour remonter la rivière, les navires venant des ports de la Manche situés entre Granville et Dieppe, par tonneau de jauge………. « f. 50 c. »

Ceux venant des ports au-delà de Granville et Dieppe, jusqu'à Bayonne et Dunkerque inclus, idem………. « 75 »

Ceux venant de la Méditerranée, du long-cours et de l'étranger, idem……….. « 1 50 »

Tout navire étranger, quelque soit sa nation, idem………. « 2 25 »

Les mêmes droit seront payés à la descente.

Séjour dans le port ou l'étendue du bassin, plus de 15 jours ; le premier mois par tonneau de jauge………. « 10 »

Pour chacun des autres………. « 5 »

Pour les navires étrangers, la moitié en sus.

Pour relâcher dans le canal : les navires de cabotage………. « 10 »

Ceux venant de la Méditerranée et de l'étranger………. « 20 »

Les navires étrangers quelque soit leur nation ………. « 30 »   

(Le Journal de Caen et de la Normandie)

 

Octobre 1828   -   Un naufrage.  -   Le bateau de pêche la « Petite-Elise », capitaine Lemieux, parti ce matin de Caen, a coulé, à onze heures, à une lieue de la jetée du Nord. Le capitaine et un homme qu'il avait avec lui n'ont eu que le temps de se jeter dans leur canot qui heureusement était encore à la traîne. Sans avirons ni voiles, ces deux hommes auraient infailliblement péri, si le flambard du pilote Vauquelin n'était sorti avec ses pilotes à bord pour porter secours au canot, que la grosseur de la mer menaçait à chaque instant d'engloutir.

Ces braves gens, après avoir couru plusieurs bordées sont parvenus enfin à sauver les deux naufragés et à les ramener dans nos bassins. (Le Journal de Caen et de la Normandie)

 

Janvier 1829   -   Un naufrage.   -   La gribane la « Victorine », capitaine Poulain, chargée de 1 200 pieds cubes de pierre de granit pour MM. Jobert frères, de Caen, s'est échouée dans la nuit du 4 au 5 de ce mois sur Ies bancs de Ouistreham.

Ce navire dont la semelle s'est ouverte en portant sur une des ancres du navire l'Éole, mouillé à quelques brasses, a coulé bas. On ne sait pas encore si on pourra le relever. (Le Journal de Caen et de la Normandie)

 

Mars 1829   -   Le canal de Caen à la mer.   -    Au lieu d'un barrage qui aurait conservé le cours actuel de l'Orne à son embouchure, M. Girard de l'Institut a proposé de creuser un canal latéral avec un barrage, près d'Ouistreham, la dépense ne serait pas plus considérable, environ 700 000 fr.

Ce projet est soumis au conseil de l'amirauté. On espère que son avis ne se fera pas attendre, ainsi que celui de conseil des ponts et chaussées. Enfin les travaux pourraient commencer a la campagne prochaine. (Le Journal de Caen et de la Normandie)

 

Avril 1829   -   Le projet adopté.   -   L'Amirauté vient d'approuver le projet conçu par M. Girard, de Caen, ingénieur en chef et de l'académie des sciences, de creuser un canal latéral au cours de l'Orne, de la Roque à la redoute de Merville, avec barrage. (Le Journal de Caen et de la Normandie)

 

Décembre 1829   -   Naufrage.   -    Le sloop La « Reine-des-Anges », capitaine Dottement, parti du Havre le 24 au matin, à destination de notre port, avec un chargement de suif et autres, a fait côte, le 25 au matin; sous le corps-de-garde de Ouistreham, prés l'entrée de la rivière.

L'administration de la Marine s'est occupée de suite du sauvetage des marchandises et du navire. (Le Journal de Caen et de la Normandie)

 

Décembre 1829   -   Le Canal.   -    Enfin on conçoit l'espoir que le barrage de l'Orne pourra bientôt s'effectuer. Le Conseil des ponts et chaussées s'en est dernièrement occupé, et une lettre vient d'être adressée à ce sujet à M. le comte de Montlivault par M. Becquet, directeur-général.

Quelques modifications sont demandées an projet présenté par notre savant ingénieur, M. Pattu. Suivant ce projet le barrage devait être formé à la pointe de la Roque et se joindre à une écluse établie à la pointe du Siège. M. Becquet voudrait au contraire qu'un nouveau plan lui fût présenté, suivant lequel une écluse fût établie toujours à la pointe du Siège, mais communiquant à un canal latéral creusé sur la rive gauche de l'Orne, qui vint se rendre au-dessous du barrage, alors établi près les falaises de Bénouville.

Une assemblée de la commission des actionnaires vient d'avoir lieu aujourd'hui, et on croit que des observations seront présentées à M. le directeur des ponts et chaussées pour l'engager à changer la détermination qu'il semble avoir prise, et dont l'exécution occasionnerait nécessairement des dépenses très considérables.

Nous faisons des vœux 'pour que ces difficultés soient bientôt aplanies, et qu'on puisse atteindre le résultat, si désirable pour la prospérité de notre pays. (Le Journal de Caen et de la Normandie)

 

Janvier 1830   -   Un naufrage.   -   Le capitaine Paillet, commandant la goëlette française la « Bonne-Adèle », arrivée le 23 du courant de Malaga au Havre, a aperçu, dans la baie de Caen, un navire coulé. Les deux hunes du bâtiment naufragé s'élevant à peine au-dessus de la surface des flots, le capitaine Paillet n'a pu distinguer si c'était un brick ou un trois-mâts, puisqu'à cette hauteur la hune d'artimon d'un trois-mâts se serait trouvée couverte par la mer.    (Le Pilote)

 

Février 1830   -   Le froid.   -   Le changement de température qui, depuis 8 jours s'était opéré, avait débarrassé nos rivières et nos campagnes des glaces et des neiges qui les couvraient, lorsque , samedi la nuit, le vent passant brusquement au nord nous a ramené un froid excessif.

Dimanche soir, vers 10 heures, le thermomètre marquait 10 degrés au-dessous de glace, à minuit 6º. ; 7 environ à huit heures du matin lundi, depuis hier soir il a varié de 5 à 11°.  Heureusement pour la conservation des semences et des colzas, la terre est couverte de quelques pouces de neiges qui les préserveront.

L'Orne est prise en partie, et va geler en totalité, pour peu que le froid continue.

Les besoins des malheureux vont devenir des plus pressants,  espérons que, dans ces moments difficiles, la charité publique ne se lassera point de sacrifices devenus indispensables. On nous avait assuré qu'un chauffoir avait été établi dans une des salles de l'hôtel de ville, mais jusqu'à présent il n'en est rien, c'eût été d'un grand secours, quoique assez peu dispendieux d'ailleurs. (Le Pilote)

 

Mai 1830   -  Une ancre géante retrouvée au large d'Ouistreham .   -   Le 10 mai courant, un bateau de pêche d'Ouistreham, à dragué et sauveté dans le N.- N.- O. des Tonnes, une ancre du poids d'environ 400 kilogrammes, avec un bout de câble de 50 brasses de longueur et 12 pouces de circonférence

L'ancre est déposée à la pointe du siège, et le câble à la ferme du Marais, où ils peuvent être visités et reconnus, s'il y a lieu. Cette annonce est faite en conséquence d'une dépêche de S. Exc. le ministre de la marine, en date du 15 janvier 1820.

Caen, le 14 mai 1830.                 Le commissaire de la marin ,               DUBOSQ,

(Le Pilote du Calvados)

 

Février 1831    -    Police correctionnelle.   -    Un nommé Boiraud, journalier, était prévenu d'avoir volé sur le port une ancre pesant environ 100 livres, et quelques autres objets de fer propres à la construction des navires.

Vainement il a prétendu que l'ancre lui avait été vendue comme vieux fer par un matelot qui disait, suivant le prévenu, l'avoir trouvée en rivière, et que les autres objets lui avaient été donnés à vendre par un individu à lui inconnu.

Un tel système de défense ne pouvait affaiblir les charges qui s'élevaient contre lui, en conséquence Boiraud a été condamné à 2 années d'emprisonnement. (Le Pilote du Calvados)

 

Mai 1831    -    célébration de la fête nationale du Roi.   -   Nous recevons de toutes parts des détails sur la célébration de la fête nationale du Roi : quoi que l'espace ne nous permette pas de transcrire toutes les lettres qui nous sont adressées à ce sujet, nous ne voulons pas cependant laisser échapper cette occasion de faire connaître les sentiments dont notre pays est animé pour tout ce qui est patriotique.

A Ouistreham, la brigade de la douane et les habitants ont fêté aussi la St-Philippe Ils ont vu cependant avec peine leur pasteur se borner à célébrer une basse messe, lorsque, comme de coutume, ils attendaient au moins la messe dominicale. Du reste, les banquets qui ont eu lieu dans l'après-midi, les promenades militaires et les danses publiques qui les ont accompagnés, ont procuré à la commune des moments agréables et d'autant plus prolongés que le curé n'a pas même chanté les vêpres ce jour là. (Le Pilote du Calvados)

 

Mai 1831    -    Un marin d'Ouistreham honoré.   -    Le Roi, par ordonnance du 26 avril, a nommé membre de la Légion-d'honneur le sieur Vasmier (Etienne-Jean-Francois), matelot charpentier et canonnier, de la commune d'Ouistreham.

Cette distinction est le prix de la bravoure, du sang-froid, de l'intelligence et de l'adresse qu'il montra à bord de la frégate l'  « Armide », dans le combat de Navarin.

Ses chefs avaient pour lui, demandé cette récompense, qui ne lui fut pas accordée dans le temps. L'amiral de Rigny, maintenant à la tête du département de la marine, a fait rendre au marin Vasnier, la justice qu'il avait si bien méritée.

Du moins celui-là a des titres à la décoration qui lui est accordée, et les motifs de l'ordonnance qui la lui décerne paraîtront à bien des gens une épigramme contre la plupart des Croix de mai. (Le Pilote du Calvados)

 

Juin 1831    -    Ouistreham honore un héros de Navarin.   -     Dimanche dernier la Croix de la légion d'honneur a été remise solennellement au marin Vasnier qui l'a méritée par sa belle conduite dans le combat de Navarin. M. le commissaire du quartier maritime de Caen, délégué pour la réception de ce brave dans sa qualité de légionnaire, s'était rendu à Ouistreham pour procéder à cette cérémonie, il y avait convoqué des députations de marins, des syndicats voisins, et sur son invitation tous les légionnaires appartenant à la marine s'étaient réunis à lui. De son côté, M. le maire d'Ouistreham, voulant contribuer à l'éclat d'une fête qui honorait sa commune, avait fait prendre les armes à la garde nationale à laquelle s'était jointe fraternellement celle de Colleville en belle tenue, et totalement revêtue de la blouse gauloise qui convient si bien aux citoyens des campagnes. Beaucoup d'habitants des communes voisines avaient aussi voulu être témoins de la réception du nouveau légionnaire.

A l'issue de la messe paroissiale, le commissaire de la marine, ayant à sa droite le récipiendaire, et entouré des membres de la légion d'honneur et des gardes nationaux, a prononcé un discours sur le but de cette belle institution que son fondateur destinait à récompenser tous les grands services, à illustrer tous les mérites civils et militaires. Il a rappelé ensuite les titres glorieux du marin Vasnier à cette honorable distinction, en lui retraçant les devoirs qu'elle lu impose. Cette allocution a été accueillie par les vives acclamations de tous les assistants, et au moment où le récipiendaire a prêté le serment et reçu la décoration, des décharges de mousqueterie ont exprimé de nouveau combien l'assemblée était flattée de voir ainsi le mérite encouragé dans la personne de leur compatriote, et ce témoignage public rendait plus précieuse encore au légionnaire la récompense qui lui était décernée. C'est en effet remise ainsi à la face du peuple qui, sachant qu'elle est méritée, applaudit à celui qui la reçoit, qu'une décoration acquiert un véritable prix, et qu'un citoyen doit être fier de la porter comme de l'avoir gagnée.

Un banquet a réuni ensuite MM. le commissaire de marine, le maire d'Ouistreham, les commandants de la garde nationale, et les légionnaires qui avaient assisté à la cérémonie, ainsi que le nouveau titulaire. (Le Pilote du Calvados)

 

Juillet 1831    -   Déploiement de navires de guerre.   -    Deux bâtiments de guerre de l'état, expédiés de Cherbourg, stationnent depuis quelques jours à l'embouchure de l'Orne, et ont mission de surveiller attentivement l'arrivée des navires du nord, afin de prévenir, par la pratique de toutes les précautions sanitaires, l'introduction dans nos ports du choléra qui désole en ce moment une partie de la Russie, et qui menace de communiquer, par le commerce avec la Baltique, sa contagion dans l'ouest de l'Europe.

D'autres avisos de surveillance ont été dirigés sur les divers ports de la Manche, en rapports fréquents avec les états du nord. (Le Pilote du Calvados)

 

Juillet 1831    -   Projet de barrage sur l'Orne.   -    La soumission dont nous avons parlé dernièrement, et faite par la maison Jobert, pour l'exécution du projet de barrage de notre rivière, est exposée en 22 articles dont nous croyons utile de présenter l'analyse, afin que les personnes qui n'ont point suivi les discussions qui ont eu lieu au sujet de ce barrage puissent s'en former une idée.

L'article 3 de la soumission porte : « Ce barrage sera composé, 1º. d'une digue qui traversera la baie de Sallenelles, entre la pointe du Siège et la pointe de la Roque.

2°. D'une écluse de navigation placée à la pointe du Siège, à l'extrémité, vers la mer, de la digue ci-dessus.

3º. D'un vannage placé à la pointe de la Roque, à l'autre extrémité de la même digue, pour faire écouler les eaux de la rivière.

Les articles suivants font connaître l'objet du barrage et la manière dont il serait pratique, il servirait à former entre la pointe du Siège et Caen une longue retenue, où les bâtiments tirant 3 mètres 30 centimètres d'eau ( environ 10 pieds ) pourraient naviguer constamment. La digue aurait 6 mètres d'épaisseur au sommet et s'élèverait d'un demi mètre au moins au dessus des plus hautes eaux de la mer ou de la rivière. Un bassin serait creusé près de l'écluse de navigation dans un espace de 80 mètres de longueur sur 40 de largeur, pour recevoir les bâtiments entrant ou sortant. L'écluse aurait deux têtes en maçonnerie, dans chacune desquelles un passage de 10 mètres serait ouvert aux bâtiments. Le vannage offrirait aux eaux de la rivière un débouché égal à celui qu'elle trouve dans les parties les plus étroites du lit, entre Longueval et les carrières de Ranville, il aurait, en conséquence, 12 passages de 3 mètres de largeur et un de 10 mètres pour les débâcles.

Le concessionnaire exécuterait à ses risques et périls, et entretiendrait et conserverait de même et à perpétuité les ouvrages, il en serait remboursé par la perception également à perpétuité des droits de stationnement dans le bassin de l'écluse et dans la partie supérieure de l'Orne, ainsi que le tarif en serait arrêté par l'adjudication. Les navires qui seraient forcés par le gros temps, par l'ennemi, par des voies d'eau ou d'autres accidents, d'entrer dans le bassin, ne paieraient que demi droit, pourvu qu'ils n'y laissassent ou n'y prissent aucun chargement.

Les bâtiments de guerre de l'état seraient affranchis du droit. Le gouvernement serait toujours chargé de l'établissement des feux de marée, des fanaux, des Phares, des signaux, des balises, des bouées, etc…, exigés par les besoins et la sûretés de la navigation.

Enfin les travaux du barrage seraient commencés dans les deux années, à partir de la signification de la concession définitive et entière, et devraient être terminés avant l'expiration de quatre années, à partir de la même époque, sauf les retardements par suite de force majeure. (Le Pilote du Calvados)

 

Juillet 1831    -   L'avis d'un ingénieur remet en question des années de discussions et de projets.   -   Il est malheureusement bien probable aujourd'hui que la question du barrage de l'Orne est ajournée indéfiniment, tandis que se débattait devant le conseil général des ponts et chaussées le mérite de chacun des plans proposés, M. Eustache, inspecteur divisionnaire des ponts-et-chaussées, a été envoyé dans notre pays, il y a dix jours, pour examiner de nouveau les lieux et donner son avis.

Or, on assure que l'avis de cet ingénieur a tranché toutes les difficultés, en déclarant les inconvénients d'un barrage, tels que le mieux est, de renoncer à cette entreprise. Ainsi, M. Eustache, qui jamais peut-être n'avait étudié l'embouchure de l'Orne, n'a eu besoin que la plus simple inspection des lieux pour y reconnaître ce que tous les vieux marins de notre côte, ce que plusieurs commissions du génie ou d'officiers distingués de notre marine n'avaient point aperçu, et voilà un projet discuté depuis plusieurs années rejeté tout à coup au moment où on le croyait près de recevoir son exécution.

Du reste, plusieurs personnes de notre pays, voyant des plans proposés par différents ingénieurs, avaient depuis long temps prédit ce qui vient d'arriver, comme moyen de concilier les amours-propres qui eussent été blessés par l'adoption de l'un des projets. Déjà un terme moyen avait semblé devoir être adopté, il y a vers un an, par la fusion de deux des plans en un,  aujourd'hui la question est vidée plus nettement, et par des considérations qui trop souvent neutralisent les meilleures choses. Voilà l'utile travail réclamé depuis longues années par notre commerce maritime terminé avant d'être entrepris. Le commerce des ports du voisinage n'a pas été, dit-on, sans influence sur ce résultat qui sert leurs intérêts au détriment de ceux de notre pays. (Le Pilote du Calvados)

 

Novembre 1831    -    Mise en quarantaine.   -   Deux navires chargés de charbon de terre, le dogre les « 4 Amis » et la goëlette la « Nathalie », armateur M. Ruault, négociant à Caen, arrivant de Sunderland, sont en quarantaine à l'embouchure de l'Orne. Hatons-nous d'annoncer, de peur que les alarmistes ne reproduisent avec des variantes cette nouvelle, que ces deux navires étaient partis du port maintenant infecté du choléra, l'un le 27 octobre, l'autre le 2 novembre, conséquemment avant qu'aucun symptôme de la maladie fut officiellement connu à Sunderland. Les équipages de ces deux navires sont dans le meilleur état sanitaire, néanmoins ils ne seront admis à la libre pratique qu'après avoir subi une quarantaine de sûreté. (1)

Le choléra régnant en Angleterre, on n'en peut plus douter, une surveillance de plus en plus active devra être exercée sur nos côtes, surveillance tout à fait inutile si la maladie n'est pas contagieuse, ainsi que le pensent de graves autorités, mais que, dans le doute, la prudence fait une loi de ne pas négliger. Si la maladie est contagieuse, il sera peut-être difficile d'en empêcher l'introduction sur notre littoral, car on nous a assuré que des personnes de notre contrée sont en correspondance suivie et aussi régulière que le permet la saison, avec Holy-Rood, et cela par l'entremise de bâtiments qui naviguent dans la Manche, c'est donc aux autorités chargées de surveiller la fraude et à la force publique préposée au  service sanitaire à prendre garde que les rapports frauduleux de notre pays avec la légitimité n'introduisent la peste en France. D'un autre côté, les contrebandiers et les individus qui participent à la fraude, en recevant chez eux les marchandises de contrebande, ne doivent pas oublier que la contagion qu'ils importeraient dans leur pays les attaquerait d'abord, comme cela arrive toujours dans les cas de peste, et que conséquemment ils tomberaient les premiers, victimes dn fléau que leur cupidité aurait introduit sur nos rivages.

(1)  Notre pays ne possédant aucun établissement sanitaire les deux navires devront aller purger leur quarantaine soit au lazaret du Havre, soit à celui de la Hougue ( île de Tatchou. )(Le Pilote du Calvados)

 

Novembre 1831    -    Mise en place d'un cordon sanitaire.   -   D'après la décision de la commission sanitaire qui s'est réunie il y a deux jours pour prendre les mesures nécessaires contre l'invasion du choléra, il a été arrêté qu'un cordon sanitaire va être établi sur les côtes du Calvados depuis la rive gauche de la Seine jusqu'à la rive droite de la Vire. Ce cordon sera formé de détachements du 50e de ligne dont un bataillon est en garnison à Caen, il se composera en outre des proposés des douanes, de la gendarmerie, des gardes champêtres et de tous les agents de la force publique.

Tout individu qui chercherait à franchir ce cordon on qui, l'ayant franchi, ne s'arrêterait pas à la première injonction, s'exposerait à être victime de son imprudence, les troupes ayant ordre de faire feu sur les personnes qui fuiraient ou forceraient la consigne.

Les précautions nécessitées par l'approche de la maladie ont motivé en outre de la part de la commission, ou intendance sanitaire, les résolutions suivantes : « Tous les navires provenant des états où le choléra s'est manifesté seront soumis, avant d'être admis à la libre pratique, à une quarantaine que le défaut de lazaret ou de lieux d'isolement sur notre côte les forcera de subir à l'île Tatihou ou à la pointe du Hoc. Les bateaux pécheurs qui s'absenteront de la côte pendant plus de 24 heures pour se livrer à leur industrie, ou qui auront communiqué en mer avec d'autres navires, ne seront point admis à la libre pratique, seront seuls exceptés de cette mesure les bateaux pêcheurs qui, sans avoir communiqué, auraient été forcés de tenir la mer pendant plus de 24 heures, par suite de mauvais temps, ou qui auront relâché dans un port français, mais dans ce dernier cas ils devront en justifier par un certificat de l'agent sanitaire du lieu.

Mais c'est surtout contre les débarquements clandestins et l'introduction de marchandises frauduleuses que le cordon sanitaire est formé, attendu que c'est presque toujours par cette voie que les maladies pestilentielles sont importées. L'arrêté de l'intendance va être affiché dans tout le département, afin de prévenir les citoyens sur les graves dangers auxquels ils s'exposeraient en introduisant ou en recevant chez eux des marchandises provenant de lieux infectés.

En outre, des détachements du 50e de ligne déjà stationnés sur les côtes du Calvados, avant-hier trois nouveaux détachements ont été envoyés à Sallenelles, à Ouistreham et à Villers-sur-Mer. Hier un autre détachement a été dirigé sur Grandcamp.  (Le Pilote du Calvados)

 

Septembre 1833    -    concernant le sauvetage sur l'Orne.   -   D'après les nouveaux renseignements que nous avons recueillis sur l'accident arrivé ces jours derniers à cinq personnes qui remontaient l'Orne dans une barque, le dévouement de ceux que nous avons signalés comme leurs libérateurs aurait été moins généreux que nous ne l'avons dit, et se serait réduit à leur permettre de monter dans la barque de l'un d'eux. On nous assure aussi qu'ils ont déjà reçu de ceux qu'ils avaient obligés la récompense à laquelle ils avaient droit de prétendre. (Mémorial du Calvados)

 

Novembre 1840   -   Fortes pluies et accident en mer à Ouistreham.  -   L'état de l'atmosphère a pu nous faire redouter un instant les malheurs qui viennent d'attrister plusieurs départements de l'Est et du Midi. Pendant quelques jours la pluie est tombée par torrents. Hier, le vent soufflait avec violence. Cependant nous n'avons pas eu de crues extraordinaires.

L'Orne n'est pas même sortie de son lit. On nous annonce qu'hier une embarcation qui portait quatre travailleurs à la digue d'Ouistreham a été enlevée par une vague. Un bateau de sauvetage aurait été à leur secours, mais vainement. Nous n'avons pas d'autres détails. Aujourd'hui le temps s'est remis au beau. (Source  : L’indicateur de Bayeux) 

 

Octobre 1841   -   Le "Neptune" coule à l'entrée du port..   -  Hier, vers huit heures du soir, le sloop le « Neptune » allant à Caen avec un chargement de meubles, a péri à l'entrée de notre port. 

Un vent d'ouest qui règne avec violence depuis plusieurs jours, a forcé ce navire de relâcher deux jours après sa sortie. A son entrée dans le chenal, le « Neptune » a été poussé par les vagues contre la jetée de l'est, une partie de l'échafaudage a été disjointe. Enfin, le navire ayant franchi le passage étroit qui sépare l'échafaudage en deux parties, a dérivé derrière la claire-voie , où il a bientôt sombré. L'équipage a été sauvé. 

Nous ajoutons à ces détails que plusieurs matelots de ce navire appartiennent a notre littoral. (Source : L’indicateur de Bayeux)  

 

Janvier 1842   -   Remontes du Calvados.   -    Nous nous empressons de faire connaître aux éleveurs et agriculteurs de notre arrondissement que M. le ministre que la guerre, par une lettre à M. le préfet du Calvados, en date du 15 janvier, arrête que le dépôt de remonte de Caen achètera, pendant l'année 1842, 2 168 chevaux d'officiers et de troupe.

Cette décision ne peut manquer d'exercer ure heureuse influence sur la foire du premier lundi de Carême à Caen. Le ministre annonce qu'il est disposé, si les éleveurs et cultivateurs répondent aux espérances du gouvernement, à augmenter dans une forte proportion le chiffre des achats ordonnés dans le Calvados pour 1842. .  (Source  : L’indicateur de Bayeux)

 

Janvier 1842   -   Nouvelles locales.   -   On annonce que la justice informe sur les faits qui depuis si longtemps occupaient l'attention publique, et relatifs à l'exécution des travaux de l'embouchure du canal maritime.

Ces jours derniers l'autorité judiciaire s'est transportée à Ouistreham, où de très nombreux témoins ont, dit-on , été entendus. On ajoute que les magistrats ont fait faire sous leurs yeux différentes expériences reconnues nécessaires pour compléter l'instruction relativement aux bois employés comme pilotis. La présence des magistrats dans la commune de Ouistreham a produit un grand effet sur la population qui commençait à croire que l'affaire était arrangée.  (Source  : L’indicateur de Bayeux)

 

Avril 1842  -   Héroïsme en mer.   -   Un événement digne d'admiration s'est passé dernièrement à l'entrée de la rivière de l'Orne. Le 11 mars, pendant la tempête épouvantable qui a continué toute la nuit, le matin, de bonne heure, on apercevait deux navires qui luttaient au large contre les flots et se trouvaient en péril. Près de l'embouchure de la rivière de l'Orne, au petit village de Ouistreham, se trouvaient deux bateaux de secours, le « Neptune » et l’ « Amphitrite », chacun ordinairement monté par 20 hommes. La mer était si affreuse que le « Neptune » refusa de bouger.

Alors le patron de l’« Amphitrite », Pierre Lefoulon, dit Mistain, se leva et dit à ses camarades : « Garçons, il y a là deux navires en péril, qui veut me suivre et exposer sa vie pour les sauver ? »

D'abord tous restèrent muets, montrant le « Neptune » qui ne bougeait pas. Alors Mistain reprit avec énergie :

« Quoi ! pas un bon garçon ! Allons ! allons ! qui me suit et qui nage (rame) ?

« Moi », dit aussitôt François Vannier.

« Moi », dit Marie Trévet.

« Moi, moi, moi », dirent à leur tour Severin jeune et Napoléon Moisson.

« Moi aussi », s'écria Jean Guillos, qui n'est pas inscrit sur les classes, mais qui voulut, comme les autres, aller aux navires. Ils furent sept, et ce fut tout.

Aussitôt, à la vue de plus de cinquante de leurs camarades qui les traitaient de téméraires, ces sept braves se jettent dans un sloop avec Mistain qui les dirige vers le brick « l’Edouard », dont le péril était le plus imminent. On les suit des yeux, on les voit qui rament, qui nagent, qui plongent, ils disparaisse, ils s'élancent, toutes les voix les soutiennent, tous les vœux les accompagnent, ils avaient vent de bout et ne pouvaient louvoyer dans le chenal trop étroit. C'est alors que Mistain se détermina a passer sur un banc de sable qui pouvait l'ensevelir. La mer l'enlevait de dix mètres, les lames le faisaient sauter comme une coque de noix, lui  sa barque et ses compagnons. Si une voile, une vergue, une amarre eût manqué, c'en était fait du sloop, il eut péri, et les deux bricks l'eussent bientôt suivi. Enfin, après des efforts incroyables, on vit Mistain sauter sur le brick, s'emparer du gouvernail, et luttant contre la tempête, il fit entrer le navire en rivière, au bruit des bravos et des acclamations de tout un peuple assemblé sur la rive.

On voyait à bord du brick une jeune femme qui avait attaché sur son sein un enfant de six mois qu'elle allaitait, et qui, à genoux, en prière, attendait la mort au pied du grand mât. C'était la femme du capitaine. Elle avait excité un intérêt général, et, en la voyant sauvée, on se félicitait, on se rassurait, tout le monde voulait s'approcher d'elle et du brave Mistain qui, au milieu de nos cris et de notre admiration, souriait doucement, comme un jour de fête.

Le second brick ne fut sauvé que le lendemain, il le fut encore par Mistain, qui le pilota fort heureusement à travers nos récifs. Il prenait déjà 4 mètres d'eau et il était perdu, lorsque Mistain réussit à l'atteindre.

Pour se faire une idée de son courage, il faudrait avoir vu la mer, avec ses vagues monstrueuses qui portaient le sloop sur les rochers. Dans cet endroit, la rapidité du naufrage est prodigieuse, et pendant que vous tournez la tête, un navire a disparu pour jamais. (Source  : L’indicateur de Bayeux)

 

Avril 1842  -   Nouvelles locales.   -   Une ordonnance royale fixe au 2 mai l'époque de la révision pour la classe de 1841. Nous donnerons l'itinéraire du Conseil de révision du Calvados et le chiffre des contingents à fournir par canton dans notre arrondissement, aussitôt que ces documents nous seront parvenus.  (Source  : L’indicateur de Bayeux)

 

Juin 1842  -   Nouvelles locales.   -   La cour de cassation vient de résoudre une question qui intéresse vivement les populations maritimes de notre pays.

Elle a décidé que l'arrêt du conseil du roi dit 24 mars 1787, qui défend, sous des peines fort graves aux pêcheurs de la côte de Normandie d'apporter dans nos ports des harengs pêchés par des navires étrangers, était aboli et qu'il n'y avait lieu, dans l'état actuel de la législation, de prononcer aucune peine pour contravention à cette ancienne prohibition. (Source  : L’indicateur de Bayeux)

 

Mai 1842  -   La pêche illégale sévit à nouveau.   -   Une nouvelle saisie d'une grande quantité de petit poisson a été opérée à la poissonnerie de samedi dernier.

On n'a que trop souvent a déplorer des abus de ce genre qui ne portent profit à personne et tendent au contraire à rendre pour l'avenir la pêche infructueuse et presque nulle. Les matelots-pêcheurs de nos côtes devraient savoir que cette spéculation est contraire à leurs intérêts, par la raison toute simple que petit poisson deviendra grand, qu'ils prennent garde aussi d'apprendre à leurs dépens qu'elle est illicite et ce, en vertu de l'ordonnance royale du 13 mai 1818, qui prononce contre ces sortes de contraventions d'assez fortes amendes, des emprisonnements de un mois à un an, la saisie des filets, instruments de pêche et quelquefois même, en cas de récidive  celle de leurs bateaux.

Les poissonniers qui achètent et vendent ce poisson doivent se souvenir aussi qu'ils sont eux-mêmes passibles des mêmes peines. (Source  : L’indicateur de Bayeux)

 

Juin 1842  -   Nouvelles locales.   -   On lit dans le « Haro » à l'occasion de la suspension des travaux du canal de l'Orne :

Avant-hier, la commission déléguée par le conseil municipal s'est rendue, accompagnée d'un de MM. les conseillers de préfecture, à Ouistreham pour y procéder à une enquête sur les travaux du canal.

Nos lecteurs savent, que cette commission se compose de MM. de la Chouquais, président de chambre à la cour, Delongschamp, président au tribunal civil et Durant, notaire. Tout le monde rend justice au zèle éclairé de ces messieurs pour le bien du pays, la cité leur devra bien de la reconnaissance s'ils parviennent à faire cesser les causes du retard apporté depuis si longtemps à la réalisation de cet important travail.

Leurs efforts fussent-ils impuissants, ils n'en auront pas moins acquis de nouveaux droits à l'estime publique. (Source  : L’indicateur de Bayeux)  

 

Août 1843   -  Nouvelles locales.   -   On nous communique un remède aussi sûr que prompt contre la brûlure. Nous croyons utile de le faire connaître à nos lecteurs.

On prend une pincée de pousses de jeunes buis que l'on pile avec trois blancs de poireaux, et on y ajoute une cuillerée d'huile d'olive. On renferme ensuite le tout dans un linge bien blanc et on l'applique sur la partie brûlée.

Plusieurs personnes qui ont fait l'essai de ce remède, en ont obtenu les plus prompts et les plus heureux résultats. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Septembre 1843   -  Nouvelles locales.   -  Nous lisons dans le « Haro » les réflexions suivantes sur un abus qui a lieu fréquemment sur notre littoral et qu'il est bon de signaler :

Depuis quelque temps , les habitants de la côte ne se contentent pas des engrais tels que le varech et les ammonites ( fifottes, étoiles que la mer ), ils pèchent les moules pour les porter dans la terre.

Avons-nous besoin de dire que la moule est la nourriture des pauvres, et que sur la côte même un grand nombre de familles n'ont souvent pas d'autre mets ?

 C'est-là un fait reconnu ; il importe donc au dernier degré de protéger ce coquillage contre une spéculation désastreuse.

Le gouvernement républicain avait senti cette nécessité ; aussi, dans une instruction ministérielle de prairial an X, adressée aux syndics de mer nous trouvons le passage suivant : « La pêche des moules doit se faire avec un couteau de sept pouces sur les moulières qui découvrent et sur celles qui ne découvrent pas, et avec un râteau dont les dents sont de quinze lignes de distance les uns des autres ».

Depuis longtemps cette instruction est tombée en désuétude, et cela par défaut de surveillance.

Nous devons toutefois faire une exception : Depuis quelque temps, M. Lepetit, syndic à Ouistreham, s'est fortement opposé à l'enlèvement des moules fait par un autre moyen que celui toléré par l’instruction de prairial ; et hier encore, à Lion, il dressait procès-verbal contre un pêcheur.

Nous croyons que l'instruction est inefficace et le sera jusqu'à ce qu'on ait interdit formellement l'enlèvement des moules pour servir d'engrais, et attaché une pénalité sévère à l'infraction de cette interdiction.

La chambre s'occupe de chasse et de braconnage ; la chasse et le braconnage ne font guère tort qu'aux grands possesseurs ; la pêche des moules cause le plus grand préjudice aux populations misérables. S'occupera-t-on de les protéger ! (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Mai 1844   -  Nouvelles maritimes.  -     Voici, d'après des renseignements authentiques, quelle est l'étendue des sinistres maritimes arrivés sur notre littoral depuis le commencement de la tempête de ces jours derniers :

Le brick la « Providence », capitaine Bouchon, venant de Libourne, avec un chargement de vin et eau-de-vie, à destination du Havre et de Caen, a été jeté à la côte, le 17, à neuf heures du soir, à l'entrée de la rivière d'Orne. L'équipage a été sauvé.

Le houry la « Prudence », venant de Bordeaux, avec un chargement de vin et d'eau-de-vie, à destination de Rouen, a été également jeté à la côte près de Deauville.

La goélette norvégienne « Annette-Dorothée » , capitaine Holer, venant de Mandal, chargée de bois, est aussi échouée sous Cabourg, à peu de distance de la rivière de Trouville. On ignore si les équipages de ces deux navires ont été sauvés.

Le sloop anglais « Actif », capitaine Morgon, venant de Swansea, avec un chargement de cuivre, à destination de Rouen, a fait côte à Saint-Aubin-de-Langrune. L'équipage a été sauvé, on espère renflouer le navire après déchargement.

Deux houris, la « Victoire » et le « Jeune-Conquérant », ont été également jetés sur la côte près de Luc-sur-Mer.

Le navire la « Jeune-Adèle », capitaine Laborde, allant d'Abbeville à bordeaux, sur lest, a relâché à Courseulles. Ce navire a éprouvé quelques avaries. Le capitaine Laborde a rapporté qu'il a trouvé en mer, entre deux eaux et toute désemparée, une goélette norvégienne , la « Caroline-Mathilde », capitaine Bioness, venant de Moss avec un chargement de planches à destination de Caen, et à la consignation de Mme veuve Verel.

Ce navire est venu à la côte sous Asnelles, on a trouvé dans le roufle un chat et un chien encore vivants, il y a malheureusement lieu de penser que le capitaine qui a dû s'embarquer dans son canot avec son équipage composé de 7 hommes, aura péri en même temps que lui en voulant se rendre à terre.

Ce qui tendrait à accréditer cette opinion, c'est qu'on a retrouvé depuis l'échouement du navire qui est totalement brisé, les débris d'un canot épars sur la côte ainsi qu'une grande quantité de planches.

Depuis ce sinistre, il est entré à Courseulles une autre goélette norvégienne, à destination aussi du port de Moss, qui a touché en entrant et qui a fait de graves avaries. Elle est battue à chaque marée par la violence des lames qui viennent du large et qui déferlent sur elle avec une grande impétuosité.

Toute la côte, depuis Courseulles jusqu'à Lion-sur-Mer, est couverte de planches et de débris. (source : L’Indicateur de Bayeux)  

 

Mai 1845   -  Nouvelles locales.   -   Personne n'a oublié, chez nous, le nom de Cabieu, cet homme qui, seul, par son sang-froid et son courage, arrêta et fit rembarquer un détachement anglais qui, déjà parvenu sans obstacle dans les dunes du Ouistreham, se préparait à porter le pillage et la mort dans les communes du littoral.

Cabieu, après cette belle action, reçut une pension de 600 fr. qui s'est éteinte avec lui. Sa seule héritière, qui n'a conservé de lui que son nom glorieux, a végété longtemps dans un état très voisin de la misère. Un travail pénible et quelques dons reçus de loin en loin des personnages de distinction venus dans le pays ont soutenu son existence, maintenant, vieille et infirme ses besoins augmentent avec ses années.

  Le roi vient d'accorder à mademoiselle Cabieu un secours de 200 fr. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Août 1845   -   Nouvelle locale.  -  On écrit de Caen que le dogre le « Patriote », en louvoyant pour sortir des passes de l'embouchure de l'Orne a démonté son gouvernail sur le banc des travaux, et est allé toucher ensuite sur ceux de Merville où il est resté coulé.

Le chargement se compose de granit et de poterie, 800 pièces de celles-ci, et environ 50 000 kil. de granit ont été mis à terre. (Source  : Journal de Honfleur)  

 

Décembre 1846   -  Avis aux navigateurs.  -  Les marins et navigateurs, qui fréquentent la côte du Calvados, sont prévenus qu'à partir du 1er janvier 1847, l'extrémité des nouvelles jetées, construites à Ouistreham pour l’entrée du canal maritime de Caen à la mer, sera signalée par un feu de marée coloré en rouge, et visible à la distance de 2 à 3 milles marins par un temps clair.

Ce feu sera placé sur la jetée de l'Ouest, et à 20 mètres de son extrémité. Il sera allumé lorsque la mer montante aura atteint la hauteur de 2 mètres dans le chenal à l'extrémité des jetées. Il sera éteint lorsque la marée baissante n'offrira plus que la même hauteur de 2 mètres. De cette façon, le moment de l'éclairage, correspondra environ à 3 heures avant le plein  de la marée et celui de l'extinction du feu à 3 heures après le plein.

Il ne sera, du reste, rien changé au service des deux fanaux qui signalent déjà les passes de l'embouchure de l'Orne.

NOTA — Il est essentiel d'observer qu'il n'y a pas encore de chenal ouvert entre les jetées de Ouistreham. Dans l'état actuel des lieux, le chenal qui conduit à la pointe du Siège, vient passer à peu de distance de l'extrémité des estocades, et le fanal dont il s'agit a pour objet de signaler cet écueil à la navigation. ( source : Journal de Honfleur)  

 

Avril 1847   -  Nouvelles maritimes.  -  On l'a dit souvent et on a toujours dit vrai, la véritable pépinière de notre flotte, c'est la pêche nationale.

Pendant de longues années, Cancale et Granville ont employé plus de mille cinq cents marins à faire la pêche des huîtres sur des bancs qu'on croyait inépuisables.

Bon an, mal an, cette industrie donnait à six mille individus le pain de tous les jours, qu'ils sont obligés d'aller chercher ailleurs, la source où ils puisaient largement s'étant tarie par telle et telle cause que nous n'avons pas à rechercher. Aujourd'hui, ce qui a fait la richesse de Cancale et de Granville se présente à nous. Un vaste banc d'huîtres dont l'étendue n'a pu encore être parfaitement constatée, mais qui parait exister sur une longueur d'environ dix lieues, vient d'être découvert, il y a quelques semaines, entre la Héve et Barfleur.

Plusieurs petits bateaux de notre port y ont été s'approvisionner, et l'un deux en livrait hier cinquante mille, Est-il nécessaire de dire que les barques anglaises à l'affût de tout ce qui peut procurer lucre et bénéfice, ont déjà flairé cette mine féconde à exploiter, et que si l'on n'y met bon ordre, nos voisins vont s'assurer là un nouveau monopole.

Si le gouvernement prenait un peu souci des intérêts nationaux il devrait à l'heure qu'il est, avoir fait étudier le gisement de ce banc ? Et si, comme on le suppose, une partie se trouve en dehors des limites qu'il s'est laissé imposer par notre peu scrupuleuse alliée, ne devrait-il pas, au moins ordonner une stricte surveillance et une protection absolue sur la partie située dans les eaux françaises, de manière à ce que cette partie ne puisse être exploitée que par nos nationaux.

En supposant même que le nouveau banc d'huîtres ne soit pas du tout dans nos limites, il n'en résulterait pas moins un très grand avantage pour les pécheurs de toute la côte normande. Pendant six mois de l'année, ils seraient occupés d'une manière fructueuse et n'auraient plus besoin, comme ils le font aujourd'hui d'aller courir les chances plus ou moins aléatoires de rachat à l'étranger.

On nous apprend, au reste, que plusieurs de nos armateurs se disposent à envoyer des bateaux faire une pêche dont le produit est assuré, et que notre proximité de Paris rend d'une  vente aussi facile que lucrative. ( source : Journal de Honfleur)

 

Avril 1847   -  Nouvelles locales.   -   Le coup de vent de N.-E. du 14 a causé quelques dommages sur notre côte. Les dunes de Ouistreham en amont des estacades, ont été légèrement rongées par la mer.

Le port de Courseulles a beaucoup plus souffert ; on dit la jetée de l'est et une partie du quai entamés de telle sorte qu'il suffirait d'un second coup de vent pour les détruire entièrement.

Les travaux de Port-en-Bessin ont aussi souffert quelque dommage. On a trouvé à l'entrée de ce port un cadavre informe, privé de tête, que l'on croit être celui d'un des hommes de la barque-pilote perdue.

Il a été trouvé au plein une planche provenant d'un navire sur laquelle est gravée en lettres dorées le mot PEKELA. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Juillet 1847  -  Nouvelles locales.   -  Nous avons eu déjà l'occasion de parler de la formation récente d'un banc d'huîtres dans la baie de Seine.

Le ministre de la marine vient de charger le capitaine de corvette Mortunert de Boisse, commandant la station de Granville, et le lieutenant de vaisseau Hugherau de Chakié, commandant  le cutter le « Mirmidon », garde pêche à la Hougue, de faire une reconnaissance exacte du banc.

Les cutters garde-pêche du Havre et de Dieppe sont aussi chargés de s'assurer qu'il ne soit fait aucune pêche d'huîtres sur ce banc, le règlement du 23 juin 1846 ayant fixé au 30 avril la clôture de cette pêche. (source : Journal de Honfleur) 

 

Août 1847  -  Nouvelles locales.   -   Aux derniers examens pour le baccalauréat subis devant la faculté des lettres (Académie universitaire de Caen ), sur 107 candidats qui se sont présentés, 68 ont été admis aux épreuves orales, de ce nombre, 6 ont été reçus avec la mention BIEN, 34 avec celle ASSEZ BIEN,

M. Lachèvre, de Honfleur, est le troisième des six indiqués ci-dessus.

A un semblable examen à l'académie universitaire de Rouen, sur 45 candidats, 35 ont été admis aux épreuves orales, 25 de ceux-ci ont été reçus dont 5 avec la mention BIEN, 20 avec celle ASSEZ BIEN, M. Gilles de Honfleur est le septième de ces derniers.  (source : Journal de Honfleur) 

 

Août 1847  -  Huîtrière de la Basse-Seine.   -   Nous avons donné il y a quelque temps le résultat de l'exploration de ce banc et ce qui concerne la qualité des huîtres et leur abondance. Nous pensons devoir indiquer spécialement pour les pêcheurs sa position exacte.

On est sur ses accores par les relèvements suivants : Les phares de la Hêve dans le S. 1/4 S. E. du compas à 19 ou 20 milles de terre.

Le feu de Fécamp dans l'E S. E. à 22 ou 23 milles. Il s'étend à 18 milles dans l'ouest et compte environ 12 milles du nord au sud.

On peut évaluer sa surface carrée à 216 milles marins ( enviions 700 kilomètres ).

Le fond de 25 brasses environ sur la partis orientale du banc augmente dans l'O. jusqu'à 24 ou 28 brasses et dans le nord atteint 34 ou 35 brasses.

L'extrémité occidentale se reconnaît facilement au mélange d'huîtres et de moules que rapporte la drague. Ce dernier coquillage est très abondant dans ces parages et s'y rencontre par masses. (source : Journal de Honfleur) 

 

Août 1847  -  Nouvelles locales.   -   On nous écrit : L'apparence de la récolte est magnifique, nos blés, que l'on commence à couper, sont tels que de mémoire d'homme, on ne se  rappelle pas en avoir vu de plus beaux.

Les seigles sont déjà récoltés et quelques pièces ont fourni en poids le double des années ordinaires dans la même surface de culture. Nos pommiers sont aussi chargés de fruits et leurs branches ploient sous le poids. Tout nous annonce une année qui marquera pour son abondance et sa fertilité. (source : Journal de Honfleur)  

 

Septembre 1847  -  Nouvelles Maritimes.   -   Les marées de samedi, dimanche et lundi prochains seront très fortes, et les plus hautes de l'année. Pour peu que les vents les favorisent, la mer s'élèvera, dimanche 26 à 7 mètres 90, et sera pleine à 10 heures.

Il y aura le 24 une éclipse de lune invisible à Paris.

L'automne commencera le 23, à 4 heures 32 du soir, temps moyen de Paris. (source : Journal de Honfleur)

 

Septembre 1847  -  Nouvelles maritimes.   -   Aux termes de l'article 7, du règlement général des pêcherie conclu le 23 juin 1843 outre la France et l'Angleterre et rendu exécutoire le 27 juin 1846, le ministère de la marine devait faire connaître les lettres indicatives des quartiers auxquels les bateaux de pêche appartiennent.

Une dépêche ministérielle du 19 août 1847 insérée aux « Annales Maritimes et Coloniales », contient le tableau de ces lettres pour tous les quartiers des côtes de France.

Les bateaux de pêche du quartier de Honfleur devront porter désormais les lettres Ho, et à côté le numéro affecté à chaque bateau, suivant un ordre qui comprendra tous ceux du quartier.

De ce moment doivent être supprimés les lettres et numéros qui étaient particuliers à chaque syndical ou petit port.

Dans l'intérêt de nos pêcheurs, nous leur rappelons les articles principaux du règlement que nous avons publié en entier te 19 juillet de l'année dernière.

Les lettres et numéros doivent être placés de chaque côté de l'avant du bateau, sur l'arrière et dans la grande voile, ils doivent être portés sur les bouées, barils et flottes principales de chaque filet,

Les bateaux chalutiers français doivent avoir en tête du mât un guidon bleu de 20 centimètres au moins du hauteur ( ou guindant ) et 60 centimètres de longueur ( ou battant ). Les bateaux dérivant doivent avoir un guidon mi-parti blanc et bleu des mêmes dimensions, le blanc plus rapproché du mât, et la nuit deux feux au haut de leur mât. à un mètre l'un au-dessus de l'autre.

Les contraventions aux prescriptions ci-dessus seront punies d'une amende de 10 à 25 fr. ou d'un emprisonnement de 5 à 15 jours, et prononcées par le tribunal de police correctionnelle.  (source : Journal de Honfleur)

 

Septembre 1847  -  Huîtrière de la baie de Seine.   -  L'Écho Bayeusain contenait, dans un de ses derniers numéros, sur cette huîtrière, un article qui donne lieu à quelques observations.

Nous avons parlé de ce banc d'huîtres retrouvé après avoir été heureusement oublié, ce qui a permis à ce coquillage de se multiplier. Nous avons dit sa position, son étendue, et la  nature  de ces huîtres. Ce sont celles connues sous le nom de « Pieds de cheval », très-goûtées dans les ports de l'embouchure de la Seine jusque à Rouen, elles ne sont point prisées à Paris, où l'on préfère les petites huîtres dites de Cancalle. Elles ne seront donc jamais l'objet d'un grand commerce, conséquemment jamais d'un haut prix, et ne seront point ce que l’ Écho Bayeusain nomme un aliment de luxe. Ce n'est pas que nous doutions que les réflexions hygiéniques rapportées par ce journal ne soient applicables aux grosses huîtres, nous serions mêmes disposés à croire qu'elles le sont davantage à celles-ci.

Quant aux parcs dont parle ce journal, nous ne pensons pas que la consommation des huîtres du nouveau banc puisse devenir assez grande pour couvrir la dépense à laquelle l'établissement de ces parcs donnerait lieu. Il y a d'ailleurs une raison plus forte qui s'y oppose. L'huître est antipathique aux terrains vaseux et aux terrains sablonneux, or tels sont les fonds où sur les côtes du Calvados et sur celles de la Seine-Inférieure ces parcs devraient être construits.

On a profilé à Trouville d'une petite étendue où l'on en a fait un qui consomme annuellement quatre million de petites huîtres surtout quand la saison permet que beaucoup de baigneurs se réunissent dans ce petit port. Mais on ne peut penser a y en établir pour les grosses huîtres de ce banc, quoique l'on doive affecter deux barques qui iront les pécher et une troisième qui distribuera le produit des deux autres dans les ports du littoral où elle en trouvera le débit.

Honfleur y enverra, comme cela a déjà lieu, mais ce ne sera non plus que pour la consommation locale. Il n'y a donc ni tant à se réjouir de ce que ce banc soit retrouvé, ni tant à regretter d'y rencontrer quoique concurrence anglaise, qui du reste ne sera jamais très grande et à cause de l'éloignement de l'autre côté de la Manche, et à cause de la nature du coquillage.

Ce ne sera pas une raison pour que les bâtiments gardes-pêche ne doivent le surveiller exactement. On ne doit pas oublier que de pareils bancs, sur quelques autres parties de ces côtes, ont été promptement réduits a zéro, non pas tant parce que I’on multipliait la pêche outre raison que parce qu'on y jetait  et du sable et des pierres avec intention de les détruire, ce qui ne s'est que trop réalisé en très peu de temps. (source : Journal de Honfleur) 

 

Septembre 1847  -  Le contingent de la classe de conscription.   -   Sur les 80 000 hommes formant le contingent de la classe de conscription de 1846, 60 000 sont appelés à l'activité par une ordonnance du roi insérée au « Moniteur », savoir :

53 650 pour l'armée de terre ; 6 350 pour l'armée de mer.

L'époque du départ sera ultérieurement déterminée par le ministre de la guerre. (source : Journal de Honfleur)  

 

Novembre 1847  -  Nouvelles locales.   -   La bisquine la « Caennaise », capitaine Pestel, partie de Liverpool le 7, pour le Havre, est rentrée en rivière d'Orne le 9, par suite de mauvais temps, un violent coup de vent de l'ouest au nord-ouest s'était fait sentir dans la nuit du 8 au 9. (source : Journal de Honfleur)  

 

Novembre 1847  -  Nouvelles locales.   -   Il arrive que, dans quelque petit port, des barques, de simples canots se permettent d'arborer à leur mat la flamme nationale et de déployer à poupe le pavillon national, ce qui est défendu par les ordonnances, notamment celle de 1827. Aucune embarcation de commerce que ce soit ne peut déferler le pavillon à poupe.

De même aucun bâtiment de commerce ne peut porter la flamme nationale, même quand on y placerait quelque signe que ce fût, ou quand on la ferait d’une longueur différente à cette réglementaire.

Il n'y a d'exception que pour les pataches de la douane qui peuvent porter la flamme nationale, mais auxquelles il est interdit de déferler le pavillon à l’arrière. (source : Journal de Honfleur) 

 

Décembre 1847  -  Nouvelles maritimes.   -  Nous avons fait connaître dans notre n° du 19 juillet 1846 le règlement convenu entre la France et l'Angleterre et sanctionné pour nous par une loi.

Ce règlement détermine les limites entre lesquelles la pêche est interdite aux marins d'une des deux nations vis-à-vis des côtes de l'autre. Une centaine de bateaux de pêche de Boulogne ont récemment enfreint ce règlement en jetant leurs filets au delà des limites qu'il leur est interdit de franchir. Arrêtés par quatre bâtiments garde-côtes de Deal, ils ont été conduits devant le magistral anglais et condamnés à une amende qui s'est élevée pour quelques-uns à 450 francs.

Le commandant de la corvette française « Surveillante » qui a été au secours des pêcheurs, a plaidé leur cause avec  beaucoup d'énergie, mais en vain. Les pêcheurs n'ont été relâchés qu'aptes avoir payé.

Nos voisins de la Manche surveillent avec soin leurs côtes, comme on le voit. De notre part, si nos pêcheurs doivent se conformer à ce qui leur est prescrit, nos bâtiments gardes-pêche ont aussi à surveiller leurs intérêts. C'est à la mer et non en restant dans les ports comme. il arrive trop souvent qu'ils rempliront ce devoir. Malheureusement, l'abondance du poisson sur  la côte anglaise où depuis plus de 25 ans il continue à se porter, son éloignement incessant de la côte de France sont un motif pour nos pêcheurs de regretter que le règlement en  question leur ait fait la loi si dure. Mais tant qu'il subsistera, il faut s'y conformer, c'est une nécessité a laquelle on ne peut se soustraire. (source : Journal de Honfleur)  

 

Avril 1849  -  Nouvelles Locales.   -  L'ouragan du 19 avril s'est aussi fait sentir ici. Les sinistres éprouvés sur la rade du Havre, les 19 et 20 courant. Un de ceux que nous mentionnions dans notre dernier n° n'avait pas les conséquences que lui donnait la rumeur publique, et un seul homme avait été victime. Le brick norvégien « Erstatningen », chargé de bois, a eu ses mats coupés au raz du pont, et ayant perdu ses ancres, fut remorqué à l'entrée de l'Orne, par le steamer « Calvados », capitaine Bambine.

—   La goélette anglaise « Thristle », fit côte, le 20, à Villers-sur-Mer. L'équipage s'était réfugié dans la mâture, il y était resté huit heures en proie au désespoir, et attendait la mort à chaque instant, l'état de la mer ne permettait pas de lui porter secours, lorsqu'un jeune homme de 18 ans, fils du lieutenant des douanes, M. Eugène Girard, se lança à la mer, et après avoir lutté contre les vagues sous lesquelles il disparut trois fois, put enfin atteindre et parvenir à sauver ces malheureux en établissant entre la côte et le navire un va-et-vient dont il s'était pourvu.

Les naufragés furent accueillis par le curé, le lieutenant des douanes et les habitants de Villers. M. Guérin, propriétaire les a reçus, logés, habillés, chauffés, nourris, leur prodiguant les soins de la plus grande humanité.

—   Ce n'est pas seulement à la mer que l'ouragan a causé des dommages II a occasionné dans nos vergers des ravages inappréciables. Les fleurs dont étaient couverts les arbres à fruits à noyau sont entièrement brûlées. De jeunes pousses chargées de fruits récemment noués, ont été coupées et ont couvert le sol. Des arbres ont été les uns brisés les autres renversés. L'intérieur des terres a moins souffert, excepté les vallées ouvertes au vent.

—   Comme nous le craignions, les travaux de Port-en-Bessin ont beaucoup souffert, deux grues, cinq fermes posées au pied de la jetée de l'Est ont été enlevées, une partie de maçonnerie démolie, les chemins de fer de la jetée de l'Ouest détruits.

—   La Dives, dont les eaux étaient accrues par les pluies et refoulées par la mer, a rompu une de ses digues et a submergé de près de deux mètres les prairies voisines, dans une étendue de plusieurs kilomètres.

—   Il y a également eu de grands ravages dans la plaine de Caen. Des murs, des toits, des tuyaux de cheminée ont été renversés, beaucoup d'arbres abattus.

Les premiers jours de la semaine avaient été, comme on sait, accompagnés de pluies abondantes, mêlées de neige et de grêle.  (source Journal de Honfleur)

 

Septembre 1849   -    Le choléra.   -  Le choléra sévit avec une certaine violence dans le Bas-Ouistreham. Le haut du village parait jusqu'ici plus épargné. Il faut attribuer la préférence du fléau à la proximité des marais qui s'étendent depuis le pied du coteau presque jusqu'aux dunes et dans les fossés desquels croupit une eau corrompue.

— L'administration pensera-t-elle à assainir cette partie du littoral où le choléra, en 1832, comme aujourd'hui, a fait le plus de ravages ?

Les habitants de la commune ont été saisis de panique et un grand nombre ont abandonné leurs maisons pour aller demeurer dans les villages voisins. Nous devrons dire que dans quelques-uns de ces villages on les a repoussés et que dans l'un d'eux le maire a mis, au son du tambour les fuyards Ouistrehamais en quarantaine. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Septembre 1849   -   Toujours le choléra.   -  Le choléra a presque disparu de Ouistreham, et les habitants qui avaient émigré en masse y rentrent peu a peu. On a dit qu'il avait envahi le vieux Luc ; il n'en est rien.

Le bruit a couru que Mme d'Angerville et de Feuguerolles avaient succombé aux atteintes du fléau. La mort de ces deux dames, quoiqu'elles aient été enlevées rapidement, doit être attribuée à d'autres causes. Depuis longtemps on n'a constaté aucun décès de cholérique à Caen. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Juillet 1852   -   Nouvelles locales.   -    Voici un fait qui intéresse vivement la population si laborieuse de nos côtes, et que nous reproduisons à ce titre, d'après les renseignements de M. le maire d'Ouistreham.

Le poisson appelé brème, que l'on vendait, il y a quelques jours, en abondance, a disparu tout à coup. Voici pourquoi :

Des rapports mensongers, évidemment inspirés par des rivalités jalouses, émanés des commissariats du Havre et de Honfleur, avaient signalé à M, le commissaire de marine de Caen, la pêche du Mulet et de la Brème, comme étant faite à l'aide de filets prohibés.

M. le commissaire de marine, sous la première impression de ces dénonciations, envoya à ses syndics l'ordre formel d'interdire cette pêche.

Une enquête fut alors provoquée par une pétition, adressée, à ce sujet, par M. le maire d’Ouistreham au préfet maritime à Cherbourg. Cette enquête a démontré — 1° que le Mulet et la Brème sont deux poissons de passage qui viennent seulement déposer leurs œufs sur nos côtes au moment de la belle saison, puis regagnent la haute mer. — 2° que cette pêche faite au moyen du filet dit « muletier », ne peut jamais prendre ou détruire le petit poisson. En conséquence, M. le préfet maritime, sur le rapport favorable du commissaire maritime de Caen, a de nouveau permis la pratique de cette pêche. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Août 1853   -    Nouvelles locales   -   Un fait grave, qui peut se reproduire ailleurs et entraîner des conséquences déplorables, est signalé à nos confrères de Caen, par M. le maire de Ouistreham.

Des bateleurs ayant lancé à Lion-sur-Mer une montgolfière en papier, avec une matière enflammée suspendue en dessous, ce ballon fut s'abattre dans la cour d'une ferme, sur des bottes de paille, dont plusieurs avaient déjà pris feu, quand de prompts secours ont arrêté ce commencement d'incendie.

Nous enregistrons ce fait à titre d'avertissement à MM. les maires, pour qu'ils interdisent à l'avenir le lancement de pareils brandons d'incendie. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Septembre 1853   -   Un échouage.   -  Un navire chargé de 2 500 hectolitres du blé, pour le compte de M. d'Infrèville, de Creully, s'est échoué à l'entrée de l'Orne, et, fatigué par la mer, a fini par s'ouvrir.

La moitié du chargement est totalement perdue. Il était assuré.  (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Avril 1854   -   Un arrêté.   -   Par arrêté de M. le contre-amiral préfet maritime du l’arrondissement (Cherbourg), en date du 13 avril, l'ouverture de la pêche et de la cueillette des moules dans l'étendue des syndicats de Grandcamp, d'Isigny, de Port-en-Bessin, de Courseulles, d'Ouistreham et de Sallenelles, est autorisée à partir du 15 de ce mois. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Avril 1857   -   Le Canal de Caen la Mer.  -  Le bateau-dragueur continue de fonctionner avec succès dans la partie du Canal de Caen, la plus rapprochée du bassin. Les travaux qui restent encore à exécuter consistent dans l'enlèvement d'un dernier barrage et la pose d'un pont-tournant en fer, à Ouistreham. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Juin 1857   -  Accident.   -   Dans la matinée du 18 juin, un triste accident est arrivé à Ouistreham. Trois ouvriers attachés au port, nommés Marie (Charles), Foucu (Baptiste), Lechable (Théodore), ayant aperçu une pièce de bois entraînée par la mer, montèrent dans une barque, commandée par M. Péraud, surveillant du génie, pour opérer son sauvetage, ils étaient éloignés à environ 200 mètres du rivage, quand un violent coup de mer inonda leur bateau et le fit couler.

Le sieur Péraud, qui savait nager, parvint à se sauver. Marie était, lui aussi, un excellent nageur, mais il fut saisi par Foucu qui l’entraîna et tous deux périrent. Lecable ne savait pas nager, mais la violence de la mer était telle que les vagues le poussèrent au rivage. Les cadavres des deux malheureux ont été retrouvés à la marée basse.

Aucun des témoins de cet accident n’a pu les secourir. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Septembre 1857   -   Télégraphie électrique maritime.  -  Les principaux ports du littoral français sur la Manche, sur l'Océan et sur la Méditerranée vont être reliés et mis en communication instantanée par un système général de télégraphie électrique maritime, destiné a remplacer les anciens sémaphores.

L'étude de l'établissement de ce service a été faite depuis Port-Vendres jusqu'à Antibes par un capitaine de vaisseau et un ingénieur hydrographe, qui ont parcouru toute cette étendue de côtes.

Une commission, présidée par M. le contre-amiral Bonard, est partie de Brest pour Ouessant le 25 août, afin d'étudier la même question sur les Iles et sur les côtes occidentales du Finistère. Il sera procédé incessamment à l'étude de ce projet sur le littoral de la Manche, et l'établissement du système télégraphique suivra de près l'accomplissement de ces préliminaires.

-  On lit à ce sujet dans le Phare de la Manche : Une commission, présidée par M. le capitaine de vaisseau de La Roche-Kérandraon, est partie de Cherbourg jeudi 3 septembre, pour se rendre à Caen, afin de procéder, sur le littoral du premier arrondissement maritime, à l'étude du projet d'établissement d'un système général de télégraphie électrique, destiné à relier les principaux ports de France par un service spécial de communication analogue à l'ancienne sémaphorie. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Décembre 1857   -   Un incendie.   -   Mercredi dernier, vers huit du soir, un incendie considérable s’est déclaré en la commune de Ouistreham, et a consumé en quelques heures, deux corps de ferme, la maison d’habitation de l’école des filles et huit autres habitations particulières.

Presque toutes les maisons du quartier incendié étant couvertes en chaume, il a fallu, par la démolition, faire la part du feu, sinon la plus grande partie de la commune eût été la proie des flammes.

D’après une évaluation approximative, la perte s’élève de 40 à 45 000 fr. Tout un côté de rue, sur une étendue de 400 mètres, est complètement détruit.

Des souscriptions se sont ouvertes spontanément, pour secourir les malheureuses victimes de ce désastre. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Mars 1858   -   Le brick-goëlette « Les Jumeaux ».   -   Le 14 de ce mois, à six heures du soir, par une violente, tempête de vent de nord-nord-ouest, le brick-goëlette « les Jumeaux », venant de Nantes, se présentait à l’entrée des jetées de Ouistreham. Le capitaine Saupin, après avoir fait tous les signaux nécessaires, n’ayant pu parvenir à obtenir un pilote, fut obligé, pour ne point s’exposer à une perte imminente, de tenter l’entrée des jetées. Mais en arrivant au bout des estacades, la mer qui était furieuse, prit le navire par le travers et le jeta sur le côté, mais il manqua l’entrée et fut poussé par la violence du vent et de la mer sur la côte au sud-est des jetées, où il fut bientôt battu par les lames et couvert d’eau.

Dans cette position critique, le capitaine Saupin reçut le concours le plus dévoué de la part de M. le syndic et de M. le maître de port de Ouistreham, qui s’étaient empressés d’accourir à bord du navire où ils passèrent la nuit, aidant le capitaine et l’équipage pour tâcher de relever le navire et de le sauver avec son chargement. Grâce à cet actif et intelligent concours, on put le lendemain, à force de travail et de sacrifices, retirer le navire de la côte et l’amener dans le port de Ouistreham.

On ne saurait donner trop d’éloges à la belle conduite de MM. Viel et Marest, dont le dévouement a si puissamment contribué au sauvetage du navire « Les Jumeaux ». (Source : Le journal de Honfleur)

 

Août 1858  -  Le port et l’Orne.  -  La rivière d'Orne est encombrée de vases et les communications avec le canal par le bassin deviennent impossibles, les rives sont corrodées,  affouillées dans tous les sens et s'éboulent dans le lit de l'Orne, les terres ainsi délayées sont en grande partie transportées par le flot dans le port de Caen, la rivière est indispensable  pour le service des bateaux à vapeur, les fonds d'entretien sont insuffisants, la dérivation de l'Orne à Sallenelles, pour en jeter les eaux dans l'avant-port de Ouistreham, serait un moyen puissant d'améliorer les passes et de réaliser plus complètement les avantages que procure déjà la navigation du port de Caen. Emet le vœu que le Gouvernement s'occupe de suite de ces utiles et importants travaux, et que les fonds d'entretien soient augmentés.

 

Août 1858  -  Curage du bassin et creusement du canal.  -  Le Conseil général, Vu le vœu émis par le Conseil d'arrondissement de Caen que la profondeur du canal de Caen à la mer (4 mètres) est insuffisante, elle ne répond pas aux besoins de la navigation ni à l'importance du port de Caen. Les travaux d'art permettent, sans dépenses considérables, d'accroître le tirant d'eau. Les vases diminuent la profondeur du bassin. Le Gouvernement ordonne le plus promptement possible que le tirant d'eau dans le canal soit porté à 4 m. 75, et que le bassin soit débarrassé des vases qui en diminuent la profondeur.

 

Août 1858  -  Prolongement des jetées d'Ouistreham.  -  Le Conseil général, le Conseil d'arrondissement de considérant que le prolongement des jetées à Ouistreham est un travail urgent, d'un succès certain, qui assure au port de Caen les avantages d'une navigation sans dangers et doit réaliser les espérances qui se rattachent aux travaux importants déjà commencés. L'accroissement des affaires, les arrivages plus nombreux de navires d'un tonnage plus considérable doivent engager le Gouvernement à terminer des travaux qui donneront au commerce français et surtout aux étrangers une sécurité entière pour la navigation. La navigation à vapeur, facilitant les attaques imprévues, il convient, dans l'intérêt de la marine marchande et des navires de l'État, de multiplier les ports de refuge, et que Ouistreham se trouve dans les conditions les plus favorables. Emet le vœu que les jetées de Ouistreham  soient prolongées le plus promptement possible.

 

Janvier 1859   -  Des récompenses.   -   Sur la proposition de M. le commissaire de l'inscription maritime à Caen, S. Exc. le ministre de la marine vient d'accorder, par une décision du 31 décembre dernier, deux médailles d'argent de 2e classe aux matelots Lemarchand (Alexandre-Victor-Constantin), de Luc-sur-Mer, et Duval (Pierre-Etienne), de Ver, et un témoignage officiel de satisfaction au maître au cabotage, Tessel (Jacques-Théogène), d'Ouistreham, commandant la goélette la « Louise », de Caen.

Ces récompenses ont été méritées par ces marins pour leur belle conduite dans le sauvetage de l'équipage du sloop « Espérance », d'Isigny, qui, le 10 octobre dernier, était sur le point de sombrer dans la baie de Caen, lorsque la « Louise », revenant de Sunderland, aperçut ses signaux et fut assez heureuse pour arracher à une mort imminente les trois marins de Courseulles qui formaient l'équipage en détresse.

A peine le sauvetage fut-il effectué, que l’ « Espérance » coulait sous les yeux des deux équipages.

Dans cette circonstance, les matelots Lemarchand et Duval, qui montaient le canot sauveteur, coururent les dangers les plus sérieux, la mer étant très houleuse et menaçant à chaque instant de les submerger. ( Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Janvier 1859   -  Il n’y a plus d’hiver.   -   Le crédit de M. Babinet commence à baisser, depuis que l'atmosphère a eu le mauvais goût de donner le plus complet démenti à ses prédictions. M. Babinet avait prédit que l'hiver de 1858 à 1859 serait un des plus rigoureux que nous ayons eus, et que cette rigueur, excessive commencerait à se faire sentir surtout à partir du 15 décembre jusqu'au 1er janvier. Or, le 1er janvier est passé, et l'on peut dire, sans crainte d'être démenti par personne, que nous n'avons pas encore eu d'hiver, il est vrai que M. Babinet explique qu'il a pu se tromper de quelques jours dans ses calculs, mais il ajoute qu'il maintient sa prédiction qui commencera très certainement à se réaliser à partir du 15 du présent mois. ( Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Janvier 1859   -  Avis.   -   La Société impériale et centrale de médecine vétérinaire, consultée par S. Exc. le ministre de l'agriculture, du commerce et des travaux publics sur la loi des vices rédhibitoires, vient de décider que la méchanceté et la rétivité seraient comprises désormais dans la nomenclature des vices qui peuvent donner lieu à la résiliation des marchés. ( Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Septembre 1859   -  Le gros temps.   -   Une triste nouvelle a été apportée au Havre par le steamer le « Cygne », capitaine Lefoulon, entré venant de Caen. Il s'agit du naufrage du sloop « Marie », de Honfleur, capitaine Olivier, qui s'est perdu corps et biens, dans la nuit de samedi à dimanche, sur les côtes de la baie de Caen, par une forte brise du large.

Ce sloop était parti du Havre samedi avec un chargement de colza, à destination de Caen. On l'a rencontré coulé par quatre brasses d'eau, à mer basse.

Le cadavre du capitaine a été porté par le flot sur la plage de Ouistreham, où on l'a recueilli, dimanche, pour lui rendre les derniers devoirs. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Octobre 1859   -   La ligne télégraphique.   -   Les éludes pour l'établissement d'une ligne télégraphique sur notre littoral avancent très activement. Cette ligne sera reliée aux villes de l'intérieur du département par un embranchement partant de la Pointe de la Percée, commune de Vierville, et passant par Port-en-Bessin. On doit ensuite s'occuper de la construction d'une seconde ligne partant de Caen pour aller à Ouistreham, ligne dont l'utilité se fait de plus en plus sentir. ( L’Indicateur de Bayeux)

 

Octobre 1859   -  Découverte d’un cadavre.   -   Vendredi, le sieur Paris, patron d'une barque de pêche d'Ouistreham, a retiré de la mer, à environ un kilomètre de ce port, un cadavre que l'on suppose être celui d'un marin du sloop « Petite-Marie », perdu dans la nuit du 17 au 18 courant. Le malheureux naufragé parait âgé d'environ vingt ans, taille de un mètre quatre vingt-quinze centimètres, cheveux et sourcils noirs. (Moniteur du Calvados. )

 

Octobre 1859   -  L’été de la Saint-Michel.   -   L'été de la Saint-Michel nous est arrivé depuis quelques jours, il s'est manifesté par un temps magnifique et par une élévation de température qui nous ramène aux beaux jours du mois d'août. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Octobre 1859   -  Une aurore boréale.   -   Samedi soir, on a observé, vers huit heures et demie, dans la direction du nord-ouest, sur les côtes de la Seine-Inférieure, du Calvados et de la Manche une aurore boréale. Elle a commencé par des rayons blanchâtres, qui se sont confondus en une masse orangée, d'une clarté assez vive. Ce spectacle a duré environ cinq minutes. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Octobre 1859   -  Un échouage.   -   Lundi, le steamer « Le Cygne », capitaine Lefoulon, parti de Caen pour le Havre à huit heures du matin, s'est échoué à l'embouchure de l'Orne, entre Sallenelles et, Ouistreham, sur un banc de sable, dont le pilote, qui était à bord en ce moment, n'avait pas soupçonné l'existence. Comme la mer commençait à baisser, il a été impossible de retirer le navire de cette position.

Grâce à l'habileté et aux sages précautions du capitaine, les voyageurs n'ont eu aucun accident à déplorer. Une partie des passagers est restée à bord, attendant la prochaine marée ; les autres sont retournés par terre à Caen, et se sont embarqués sur l' « Orne ».

« Le Cygne » n'a éprouvé aucune avarie, et, à la haute mer de la nuit, il a pu continuer sa route pour le Havre où est entré à onze heures du soir. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Mars 1860   -   La pêche.  -  On sait quel importante ressource forme la pêche pour tous les habitants du littoral normand. A Dieppe, au Havre, à Fécamp, à Saint-Valéry, au Tréport, à Trouville, à Dives, à Ouistreham, à Courseulles, et à Port et sur plusieurs autres parties de la côte, la pêche fraîche et pour ainsi dire unique moyen d'existence de toute une partie intéressante de notre population maritime. Au moment où nos relations commerciales avec une puissante nation sont profondément modifiées, il serait à désirer que le règlement international de la pêche fraîche entre la France et l'Angleterre fut examiné et révisé.
Ce règlement, dit-on, dans l'état actuel, n'établit pas à nos pêcheurs une situation aussi favorable qu'ils le désireraient, et il aurait entre autres, ce défaut, dans la délimitation des droits de pêche, de ne pas établir une balance parfaitement égale entre nos pêcheurs et leurs concurrents d'outre-Manche.
L'attention du gouvernement est trop minutieusement appliquée à toutes les réformes indispensables pour qu'on n'ait pas à espérer que ce point sera sérieusement étudié, au plus grand avantage possible de nos pêcheurs normands, dont le sort se trouverait ainsi notablement amélioré. (L’Écho Bayeusain)
 
Mars
1860   -   Grande marée du 9 mars.  -   Il y a longtemps qu'on on a vu ce produire des marées aussi grandes que celles attendues, à 1860, à l'époque des deux équinoxes. Bien rarement la hauteur des plus grandes marées annuelles atteint, dans le tableau calculé pour la connaissance des temps, le chiffre de 1,15. Cette année ce chiffre maximum est dépassé, non seulement en septembre, mais surtout en mars ou la grande marée du 9 atteint jusqu'au chiffre 1,17. Théoriquement, cette marée doit donc être une des plus forte du siècle.
Qu'il soit bien entendu que nous ne parlons pas aucunement ici de l'action des vents qui peuvent avoir une puissante influence sur la hauteur de la grande marée du 9 mars, mais dont la force ni la direction ne sauraient être prévues.
Si les vents soufflent de la terre, il est certain que les eaux, refoulées vers la pleine mer, n'atteindront pas, aux abords des rivages les hauteurs que nous venons d'indiquer. Mais au contraire, s'ils soufflent du large et avec une grande force, ces niveaux peuvent être de beaucoup dépassés.
On ne saurait prendre trop de précaution contre une pareille éventualité, à l'approche du marée d'une hauteur aussi extraordinaire. Les rivages plats et qui ne sont pas protégés par des falaises d'une élévation suffisante, sont plus que jamais en danger d'être immergés. Il est prudent de ne pas attendre que des désastres se soient produits et qu'il n'y ait plus qu'à les déplorer.  ( Le pays d'Auge )

 

Avril 1860   -   Un embarquement dangereux.   -   Le 9 de ce mois, vers 8 heures du matin, le sieur Bourdon Théophile, âgé de 42 ans, fermier du bac du Port, se trouvait dans son bac avec deux de ses ouvriers, lorsque trois conducteurs de bestiaux vinrent demander à faire passer un troupeau composé de seize bœufs, appartenant à M. Cussy, de Ouistreham. Malgré les observations du sieur Bourdon, qui fit remarquer de son bac ne pouvait supporter qu'un poids de dix mille kilogrammes, les conducteurs firent embarquer les seize bœufs, pesant ensemble environ seize mille kilogrammes.

À peine le bac fut-il mis en mouvement, que tous les bœufs se portèrent précipitamment à l'une des extrémités, et bientôt leur énorme poids fit couler le bac dans un endroit où l'Orne n'a pas moins de cinq mètres de profondeur. Par un bonheur assez extraordinaire, tout le monde, bêtes et gens, a pu être sauvé. Le plus à plaindre dans cette circonstance et le sieur Bourdon, qui éprouve une perte réelle, étant obligé de payer des ouvriers nombreux pour remettre son bac à flot et réparer les dégradations qu'à causées cet accident, dont la faute parait devoir être attribuée aux conducteurs des bestiaux. (Le Ordre et la Liberté)

 

Avril 1860   -   Un naufrage.   -   Encore un sinistre à ajouter à ceux trop nombreux, hélas ! qui ont eu lieu déjà sur nos côtes.

Dans la soirée du 25, la bisquine « Alexandre », de Caen, chargée de ciment, se rendant d'Angleterre à Cherbourg, montée par quatre hommes d'équipage, les sieurs Cussy ( Irénée ), capitaine ; Lelong, Esnault et Dubois, arrivait en vue de Ouistreham dans un état où il ne lui était plus possible de tenir la mer, le beaupré avait été brisé et les voiles enlevées par la tempête. Malgré les efforts des matelots, un naufrage était imminent, et, en présence du péril, le capitaine donna l'ordre de mettre la chaloupe à la mer et d'embarquer. A peine ces malheureux marins furent-ils dans l'embarcation qu'un coup de mer affreux la fit chavirer et plonger les infortunés dans l'abîme.

Trois d'entre eux, les sieurs Cussy, Lelong et Esnault, après avoir fait entendre de longs cris de détresse, disparurent à jamais ; quand au quatrième marin, le nommé Dubois, meilleur nageur que les précédents, il a pu, après d'immenses et cruels efforts, se sauver en gagnant le rivage. Le corps du pauvre capitaine Cussy a été rejeté par la mer près de la redoute de Colleville. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1860   -   Une circulaire du Ministre.   -   Une circulaire du ministre de la marine vient d'autoriser les jeunes gens de la classe de 1859, qui appartiennent aux communes du littoral, à contracter des engagements volontaires de sept ans pour les divisions des équipages de la flotte.

Afin de faciliter l'incorporation d'un plus grand nombre de jeunes conscrits, le ministre a décidé que la taille de 1 mètre 63 centimètres, au lieu de 65, pouvait être accordée aux jeunes gens qui justifieront cette faveur par leur constitution et leur aptitude spéciale au service de la marine. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1860   -   Un acte de courage.   -   Samedi dernier, le sieur Perigot Alphonse, gendarme appartenant à la brigade de Creully, actuellement en détachement à Ouistreham, a donné à cette commune le spectacle d'un trait de courage que tous les témoins de cette scène n'ont pu s'empêcher d'admirer.

Un jeune cheval, qui avait roulé du blé une partie de la journée, s'était emporté, et les deux branches du rouleau qui s'étaient brisées, bondissant à sa suite, augmentaient encore sa frayeur et la rapidité de sa course. Au moment où il entrait dans le village, le gendarme Périgot, m'écoutant que son courage et bravant à la fois le double danger d'être renversé par le cheval ou blessé par les branches du rouleau, se précipite à la tête de l'animal et l'arrête avant qu'il ait pu causer aucun accident.

Les parents de plusieurs enfants, qui jouaient en ce moment dans la rue, ont témoigné au gendarme toute leur connaissance, et nous sommes heureux de signaler la conduite de ce brave militaire. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Août 1860  -  Établissement de fanaux à Cabourg et à Ouistreham.  -  Le Conseil général, Vu le rapport de M. l'Ingénieur en chef, considérant combien il serait utile pour la navigation que des fanaux fussent établis sur la pointe de Cabourg, pour éclairer l'entrée de la Dives, et sur le musoir de la jetée Est d'Ouistreham, afin que les navires puissent facilement s'engager la nuit dans le chenal.  La dépense qui résulterait pour l'État de l'établissement de ces deux fanaux serait peu considérable, eu égard aux grands services qu'ils rendraient à la navigation et aux graves accidents qu'ils pourraient empêcher.

 

Août 1860   -   Le ruban rouge.   -   Par décret du 16 août, est nommé chevalier de la Légion-d'Honneur M. Lefèvre (Jacques-Auguste-Aimé), sous-patron à Ouistreham (directeur des douanes de Caen) : 26 ans de services. A sauvé la vie à quatorze personnes en exposant la sienne. Deux médailles d'honneur. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1860   -  Un incendie.   -    Un incendie a eu lieu hier à Ouistreham, dans une maison louée en garni par M. Pluzunch. La perte consiste en un petit corps de bâtiment, à peu près complètement détruit,et en divers objets mobiliers ; le tout d'une valeur de 5 à 600 fr., assurés par la Compagnie du Soleil et la Société mutuelle. On ignore comment le feu a pris naissance. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Février 1861   -   Les compagnies de marins-canonniers.   -   On s'occupe activement dans les commissariats de marine, dit le Pays de Caux, de créer des compagnies de marins canonniers le long de littoral. On fait choix de vieux marins qui n'ont point passé sous voiles le temps nécessaire pour avoir droit à la retraite, droit qu'ils acquerront de cette sorte.

On dit, toutefois, qu'il leur serait permis de faire le petit cabotage et la pêche côtière. Cette mobilisation ferait cependant partie des garnisons de la réserve dans les chefs-lieux d'arrondissement. ( L’Écho Honfleurais)

 

Avril 1861   -   Des accidents.   -   Le 17 de ce mois, un jeune enfant, âgé de 3 ans, fils du sieur Simon, matelot, demeurant à Quistreham, est tombé dans un puits en jouant dans le jardin du sieur Laya, et y a trouvé la mort.

Le nommé Héroult (Albert), journalier, âgé de 25 ans, demeurant à Caen, rue de l'Ancien-Chemin-d'Hérouville, a été trouvé noyé dans une mare située près de sa demeure. On suppose que ce jeune homme, peut-être pris de boisson, aura voulu se laver les mains ou la figure, et que, pris d'un étourdissement, il sera tombé dans cette mare, qui est profonde d'environ 3 mètres.( L’Ordre et la Liberté)

 

Août 1861   -   Extraits du rapport de M. le Préfet.   -   Port et canal maritime de Caen   -   L'achèvement de la rigole alimentaire, un instant retardé par les oppositions de quelques intéressés, touche à son terme, et la lacune du pont Saint-Pierre va être comblée.

Une autre lacune va également disparaître par la continuation de l'aqueduc en face de la préfecture, jusqu'à l'abreuvoir situé au delà du pont des Vaches.

En tête de la voûte existera une ventellerie destinée à régler la quantité d'eau nécessaire à la navigation et permettant de faire les chasses réclamées par les besoins du service.

En attendant la création d'un deuxième bassin, dont le besoin se fait déjà et se fera de plus en plus sentir, d'actifs efforts tendent à perfectionner la navigation du canal de Caen à la mer, au moyen de l'approfondissement du lit. Sur deux points seulement, au Maresquier et devant le château de Bénouville, le travail de creusement rencontre de graves difficultés provenant d'un fond de roches, et ne pourra probablement être exécuté qu'en 1862.

Un autre projet, qui intéresse également à un haut degré l'avenir du port de Caen, et qui a été récemment soumis au gouvernement, consiste à détourner dans l'avant-port d'Ouistreham la rivière d'Orne, qui fournirait tous les moyens de chasse nécessaires pour maintenir aux bâtiments une passe toujours libre et profonde.

Phares et fanaux. - Les côtes da Calvados sont suffisamment éclairées, et il ne restait que trois feux à établir pour que ce service ne laissât rien à désirer. L'un est déjà posé et signalera l'extrémité de la jetée Est d'Ouistreham ; les deux autres vont être places pour favoriser , pendant la nuit, l'entrée du port. de Dives.  ( L’Ordre et la Liberté )

 

Octobre 1861   -   Avis.   -   Le bureau de distribution des postes établi à Ouistreham vient d'être érigé en direction.

Par suite de cette mesure, la taxe des lettres échangées entre ce bureau et ceux de Caen et de la Délivrande, est élevée de 10 à 50 c. pour les lettres non affranchies, et de 10 à 20 c. pour les lettres affranchies. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Janvier 1862   -   Un sauvetage.   -   Dans la nuit du 20 au 21 décembre dernier, le sloop les « Amis », venant de Dunkerque à Caen avec un chargement de houille, fut jeté par la violence du vent sur l'estacade Est d'Ouistreham, au moment où il se dirigeait vers l'entrée du port.

La situation était des plus critiques, la mer était furieuse, et la tempête redoublait à chaque instant de force. Bientôt le navire, qui n'obéissait plus au gouvernail, s'échoua sur un banc de sable. L'équipage, composé de quatre hommes, était exposé à un péril imminent, et tout secours semblait impossible.

Cependant le patron des douanes Lefèvre, suivi de trois marins appartenant à la même administration, les sieurs Bichaut, Lefèvre et Bourgeois, s'élancent dans une embarcation et, grâce à des efforts inouïs, parviennent à gagner le bâtiment en détresse. Deux câbles, établis du navire à la jetée, furent aussitôt brisés, et ce ne fut qu'à l'aide d'une sorte de va-et-vient, formée par une échelle et des cordes, que l'équipage put enfin arriver à terre, emportant les papiers de bord et les effets les plus précieux.

Ce sauvetage ne dura pas moins de trois heures. L'un de ces braves marins, le sieur Bourgeois, a eu la jambe presque brisée.

Le patron Lefèvre, qui a mérité par de nombreux actes de dévouement et de courage plusieurs médailles, et enfin la Croix de Chevalier de la Légion-d'Honneur, a donné ici, une fois de plus, la preuve d'une intrépidité au-dessus de tout éloge. Les trois jeunes marins, qui ont suivi cet exemple, n'ont pas moins de droit à l'estime publique, et nous sommes heureux de leur en accorder un témoignage.    ( L’Ordre et la Liberté )

 

Avril 1862   -   Le temps qu’il fait.   -   Depuis quelques jours, la température a subi chez nous de singulières variations.

Après une période de belles journées de printemps, dimanche dernier, nous avons vu tomber la neige, qui, dans certains moments, chassée par un vent violent, s'abattait à gros flocons sur notre ville. Le froid était sensible, et le thermomètre, qui, pendant la nuit, avait marqué deux degrés au-dessous de zéro, ne s'est pas élevé, dans la journée, au-dessus de 3 degrés.

Hier lundi, on constatait, dans la nuit, 1 degré au-dessous de zéro, et, à 2 heures 15 minutes du soir, il marquait 8 degrés au dessus ; ce matin, à 7 heures, il était ramené à 2 degrés.

Les jardins, dont tous les arbres étaient en fleurs, ont eu beaucoup à souffrir de cet abaissement de la température.

On dit qu'il a gelé dans la campagne, espérons néanmoins que cette gelée ne portera aucun préjudice à l'état des récoltes, qui s'annonçaient sous un brillant aspect. (l’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1862   -   Découverte macabre.   -   Le 15 du courant, vers 5 heures 1/2 du soir, on a retiré de la rivière de l'Orne, sur le territoire de la commune de Ouistreham, le cadavre du nommé Vimard (Jean), âgé de 56 ans, chef-éclusier en ladite commune, qui, depuis le 21 mars dernier, avait disparu de son domicile.

Les renseignements recueillis font connaître que la mort de ce malheureux est purement accidentelle. Le 21 mars, on l'avait rencontré, dans la soirée, complètement ivre, et, le lendemain, on ramassait sa casquette sur le bord de la rivière, à environ 200 mètres du bac de Bénouville. A partir de ce jour et malgré d'actives recherches, on n'avait pu le découvrir.

Le 15, lorsqu'on l'a retiré de la rivière, on a retrouvé sur lui une somme de 7 fr., ainsi que sa montre dont les aiguilles s'étaient arrêtées à 11 heures. Il y a donc lieu de supposer que c'est à ce moment que le nommé Vimard, entraîné par l'ivresse, est tombé dans la rivière.   (l’Ordre et la Liberté)

 

 Août 1862   -   Un crime.  -   On nous annonce qu'un crime d'infanticide vient d'être découvert à Ouistreham. L'auteur du crime, la femme X, aidée de sa mère, après avoir tué son enfant, l'aurait enterré dans un jardin, où les restes de la pauvre petite victime ont été retrouvés. Les coupables ont, dit-on, été arrêtées vendredi dernier, et mises à la disposition de la justice. (l’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1862   -   Réunion de communes.  -   Par une pétition présentée en 1860, les habitants du hameau du Port, qui dépend de la commune d'Ouistreham, ont demandé que ce hameau fût réuni à la commune de Bénouville. Leur demande a été appuyée par une délibération du Conseil municipal de Bénouville, en date du 2 août de la même année.

L'affaire été instruite suivant les prescriptions de la foi. Dans les deux communes intéressées, des enquêtes ont eu lieu, et aucune observation ni opposition ne s'est produite.

Une Commission syndicale, régulièrement formée dans la section à distraire de la commune d'Ouistreham, a émis un avis favorable à la mesure ; les Conseils municipaux ont délibéré avec la concours des plus imposés ; les Conseils de fabrique consultés se sont prononcés en faveur du projet ; M. le directeur des contributions directes, l'autorité diocésaine et le Conseil d'arrondissement y ont donné également leur adhésion.

Le Conseil municipal d'Ouistreham lui-même a reconnu que la réunion à la commune de Bénouville du hameau du Port était désirable dans l'intérêt des habitants de cette section, et a déclaré se pas s'y opposer ; seulement il a demandé que la mesure fût restreinte dans son application et qu'on ne détachât du territoire d'Ouistreham que le polygone indiqué sur le plan par un liseré vert et les lettres A B C D E F G H.

Cette proposition a été discutée et repoussée par le Conseil municipal de Bénouville et la Commission syndicale représentant le hameau du Port ; M. le directeur des contributions directes, de son côté, l'a déclarée inadmissible.

Le hameau du Port, qui compte 25 habitants, est situé sur la limite extrême de la commune d'Ouistreham, du côté de Bénouville. Il touche à l'église de cette dernière commune, tandis qu'il est éloigné de 4 kilomètres de l'église d'Ouistreham. C'est à Bénouville que les habitants de ce hameau suivent les offices religieux ; c'est dans l'église de Bénouville qu'ils font baptiser leurs enfants, qu'ils leur font faire leur première communion, c'est à l'école de Bénouville qu'ils les envoient, c'est dans le cimetière de Bénouville que leurs parents sont enterrés, en un mot, ils sont en communauté intime et constante avec la population de Bénouville, et n'ont aucune relation habituel avec les habitants et les autorités ecclésiastique et civile d'Ouistreham. Leur demande est donc parfaitement justifiée, et il semble réellement impossible de ne pas y faire droit.

La commune d'Ouistreham, en donnant son adhésion à une mesure dont le succès lui parait infaillible, cherche tout naturellement à perdre le moins possible de territoire, elle a donc demandé que la distraction à opérer fût sensiblement restreinte, et qu'on substituât à la nouvelle limite proposée une ligne brisée qui, au lieu de 27 hectares 56 centiares, ne réunirait à Ia commune de Bénouville que 11 hectares.

Mais ce système ne parait pas admissible. A la vérité, la ligne proposée par la commune d’Ouistreham suit, dans une partie de son développement, deux chemins, celui de Creully au Bac-du-Port et celui d'Ouistreham à Caen mais elle ne constitue pour le surplus qu'une séparation fictive qui, de D en F, décrit des zigzags à travers les propriétés et substitue à une configuration irrégulière une autre configuration plus irrégulière encore. Dans le système de la commune de Bénouville, au contraire, la nouvelle limite continue en ligne droite la limite actuelle d'Ouistreham, à partir de l'angle à jusqu'à la rivière, et laisse aux habitants du hameau du Port les plus rapprochés d'Ouistreham un espace suffisant pour se mouvoir à l'aise dans la nouvelle circonscription à laquelle ils appartiendront.

Les désavantages et les inconvénient du projet d’Ouistreham sont, du reste, amplement développés dans la délibération de la Commission syndicale. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1863   -   Bains de mer.   -    Nous recevons la lettre suivante dont on ne saurait contester l'opportunité :

 

Monsieur le directeur,

 

Voulez-vous permettre à un humble baigneur, entouré de sa famille, d'emprunter les colonnes de votre estimable feuille publique pour remercier M. P. Debled, d'Ouistreham, que je ne n'ai pas l'avantage de connaître, de sa sollicitude touchante et intelligente pour nos précieuses existences ? Je n'ai pas eu le temps de me mettre en rapport avec toutes les colonies de baigneurs des plages du Calvados, mais j'ai la conscience de parler en leur nom et de me faire spontanément ici l'interprète de leur reconnaissance.

Tous les ans, faut-il vous l'avouer, moi et les miens, nous venons aux bains de mer nous voyons là un moyen aussi agréable qu'efficace pour restaurer nos constitutions de plus en plus débilitées, tous les ans aussi, le croiriez-vous, je me demande si nous ne trouverons pas la mort là où nous venons chercher la santé et la vie ! Je me demande si une mauvaise digestion (je digère très mal), un coup de sang ou même une simple crampe (j'en ai de très compliquées) ne me rendra pas impuissant à lutter avec un élément aussi perfide que la mer !

M. Debled classe judicieusement les baigneurs en deux catégories, ceux qui savent nager et ceux qui ne savent pas nager. Je ne vous cacherai pas que je suis de la seconde catégorie, et quoique, par cela même, je sois beaucoup moins exposé à me noyer, je cherche pourtant à m’entourer de tous les moyens de salut suggérés par la prudence humaine.

C'est pour cela que j'adopte avec empressement, et tous les baigneurs feront comme moi, le moyen indiqué par M. Debled. Rien ne serait plus facile, en effet, que d'enfoncer profondément dans le sable, tout le long des côtes du Calvados, d'Isigny à Ouistreham et de Sallenelles à Honfleur, des perches ou balises reliées entre elles par une corde tendue à fleur d'eau. Chaque baigneur, fatigué (de l'une ou de l'autre catégorie), mettrait la main sur la corde tutélaire et appellerait à son aide.

Seulement, comme il risquerait fort de n'être pas entendu, j'ai pensé à une chose, Si, au lieu des perches ou balises reliées par une corde, dont parle M. Dehled, on mettait là dans le sable, à une certaine distance dans la mer, les poteaux et les fils télégraphiques qui se morfondent sur les routes du littoral, en attendant la descente des Anglais, les baigneurs en perdition n'auraient qu'à toucher le fil, et sans doute on les comprendrait du rivage. Évidemment, le gouvernement se chargerait des frais, et on épargnerait ainsi aux communes déjà endettées une dépense d'environ 100 fr.

L'année prochaine, je compte venir avec ma famille prendre les bains de mer à Ouistreham, et nous causerons M. Debled et moi, de son idée et de la mienne.

En attendant, si mon projet vous semble digne d'être accueilli, je vous prie Monsieur le directeur, de lui donner la publicité de votre feuille et d'agréer, en même temps, l'assurance de ma considération la plus distinguée.

                A. Palissart, baigneur.

                Villers-sur-Mer, 22 juillet 1863.   (l’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1863   -   Noyades.     -    On nous annonce que, dimanche dernier, deux hommes, dont l'un était ivre, se sont noyés en voulant aller pêcher sur les côtes de Ouistreham. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1864   -   Un sauvetage en mer.   -   Le capitaine Quentin, commandant le navire français « Adélaïde », arrivé le 13 à Ouistreham, a sauvé en mer l'équipage du navire anglais « Starbuck », capitaine Williams, coulé par suite d'un abordage. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1864   -   Tribunal Correctionnel de Caen.   -   Présidence  de M. Lentaigne, Vice-président. 

M. O. Lanfran de Panthou, substitut de M. le procureur impérial, occupant le siége du ministère public.

Audience du samedi 30 Juillet 1864.

-       Les époux Lechevalier, de Ouistreham, sont prévenus de plusieurs faits de pêche illicite accomplis, le 3 juin dernier, sur le territoire du sydicat maritime de Ouistreham, de détention d'engins de pèche prohibés et, enfin, d'insultes envers M. Duquesne, le garde-pèche du syndicat de Ouistreham.

C'était à quatre heures du matin que les prévenus se livraient à la pêche au dranet, dont l'usage est prohibé. Le garde-pêche, qui voulait leur faire comprendre combien leur conduite était répréhensible, ne reçut de leur part que des injures grossières.

Du reste, les prévenus n'en sont pas à leur coup d'essai : ils ont été condamnés déjà, le 6 février dernier, à 6 jours de prison pour des faits analogues, par conséquent, ils sont en état de récidive, et le Tribunal devra y avoir tel égard que de droit. De plus, selon leur habitude, ils ne se présentent pas devant la justice.

Le jugement déclare défaut contre les prévenus, qui sont condamnés d'abord l'un et l'autre, pour un premier chef de pèche prohibée, à 20 jours de prison, et leur filet est déclaré confisqué, ensuite, la femme Lechevalier, pour insultes envers M. Duquesne, à 25 fr. d'amende, - Lechevalier, pour le chef de détention d'un filet prohibé, à 20 jours de prison, peine qui devra se confondre avec la première appliquée, - encore, les deux prévenus, pour un nouveau chef de pêche prohibée, à 20 jours de prison, - et enfin Lechevalier lui-même, pour insultes envers M. Duquesne, à 25 fr. d'amende.

Les deux prévenus sont responsables solidairement des dépens. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1864   -   La situation maritime du Calvados.   -   Dans son rapport sur la situation du service des travaux maritimes du Calvados, M. Harduin, ingénieur en chef des ports maritimes, passe successivement en revue tous les ports du département.

Notre littoral présente un développement de 120 kilomètres environ entre ses points extrêmes : Fiquefleur à l'est, et Isigny à l'ouest. On y trouve deux ports très importants : Honfleur et Caen ; six ports d'une importance moindre : Trouville . Dives, Ouistreham, Courseulles, Port-en-Bessin et Isigny ; et, enfin, trois stations de pêche : Villerville, Arromanches et Grandcamp. Il convient encore de signaler le petit port de St-Sauveur, dans la baie de la Seine, non loin de Honfleur, et le port de Touques, en amont de Trouville.

Par suite de l'ouverture du chemin de fer, le port de Honfleur a repris la première place qu'il avait perdue en 1861, et Caen se retrouve à la seconde. Toutefois, les mouvements de ce dernier port en 1862 ont encore dépassé de beaucoup la moyenne des sept années précédentes.

L'activité des ports de Trouville, Courseulles, Isigny et Port-en-Bessin a augmenté ; celle de Dives a encore diminué. D'après le tableau comparatif du mouvement commercial de 1855 à 1862 inclusivement, les sept ports principaux du Calvados peuvent être classés ainsi : 1º Honfleur, 284 265 tonneaux ; 2º Caen, 242 316 tonneaux ; 3º Trouville, 28 110 tonneaux ; 4º Courseulles, 24 932 ; 5º Isigny, 21 021; 6° Port-en-Bessin,

13 858 ; et 7º Dives, 5 452 tonneaux.

M. Harduin termine son rapport par une recapitulation et une évaluation sommaire des travaux recommandés par le Conseil général dont les projets sont présentés ou à l'étude, et en faveur desquels il y aura lieu de demander des subventions sur les fonds du département en 1865 et années suivantes.

La dépense totale des projets recommandés, dont l'exécution est à prévoir dans une période de cinq années, est de 4 142 700 francs. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1864   -   Un lancement.   -   Samedi dernier, 5 décembre, a été lancé des chantiers de M. Le Normand, un steamer en fer, à hélice, destiné à la Société de remorquage des navires à Ouistreham.

Ce steamer le « Commerce », ayant été lancé avec sa machine à bord, va prendre prochainement le service de remorquage que faisait le « Français », à titre provisoire. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1865   -   La télégraphie.   -   Par suite de mesures concertées entre le ministre de l'intérieur et le ministre de la marine et des colonies, le service de la télégraphie privée, par voie électrique, vient d'être organisé dans les postes électro-sémaphoriques établis sur le littoral.

L'ouverture de ce service a été fixée au 1er janvier. Ces postes fonctionnent comme les bureaux ordinaires de télégraphie, ils échangent des dépêches privées avec tous les bureaux ouverts tant en France qu'à l'étranger.

Le département du Calvados, qui fait partie du 1er arrondissement maritime (Cherbourg), comprend cinq postes électro-sémaphoriques, savoir :

-        Sémaphore de la pointe de Beuzeval qui desservira les localités suivantes : Beuzeval , Cabourg ( pendant l'hiver),

Dives (pendant l'hiver), Houlgate et Villers-sur-Mer.

-        Sémaphore de Ouistreham qui desservira les localités suivantes : Amfréville, Colleville-sur-Orne, Hermanville,

Lion-sur-Mer et Ranville.

-        Sémaphore de Saint-Aubin qui desservira les localités suivantes : Bernières-sur-mer, Banville, Courseulles, Graye, la Délivrande, Langrune et Luc-sur-Mer.

-        Sémaphore de Port-en-Bessin qui desservira les localités suivantes : Commes et Sainte-Honorine-des-Pertes.

-        Sémaphore de la pointe de la Percée qui desservira les localités suivantes : Englesqueville et Longueville. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1865   -   Administration des Postes.   -   A partir du 21 de ce mois, une boîte aux lettres mobile sera placée à l'arrière de la voiture qui fait le service de transport des dépêches entre Caen et Ouistreham.

Pour donner au public toutes les facilités compatibles avec les intérêts du service et l'accélération obligée de la marche, la voiture s'arrêtera pendant deux minutes au centre des communes ci-après désignées :

Hérouville-Saint Clair.

Blainville.

Bénouville.

Les mêmes avantages seront très incessamment accordés aux habitants de Creully qui pourront, par ce moyen, correspondre deux fois par jour avec la ville de Caen. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1865  -  un incendie.  -  Le 27 décembre, à Ouistreham, un incendie, dont la cause est inconnue, a détruit un corps de bâtiment et divers objets mobiliers au préjudice de M. Auger Michel, propriétaire à Honfleur, et M. Marguerie Maxime, marchant épicier. La perte approximative et de 500 francs.

 

Novembre 1865   -   Cour d’Assises du Calvados.  -   Présidence de M. Géraldy, conseiller.

2e affaire. Attentat à la pudeur.  -   C'est sur un crime de même nature que le jury était appelé à statuer dans la deuxième affaire.

Le nommé Alexandre-Antoine Bert, tailleur d'habits, né à Caen, âgé de 32 ans, demeurant à Ouistreham, était accusé d'avoir, à diverses époques, et notamment vers le mois de juin ou de juillet 1864 et dans l'hiver de 1864-1865, et jusque vers la fin de septembre 1865, commis plusieurs attentats à la pudeur, consommés ou tentés sans violences sur des jeunes tilles âgées de moins de 13 ans.

Le jury a déclaré le nommé Bert coupable des faits qui lui étaient reprochés, tout en admettant des circonstances atténuantes en sa faveur. La Cour a condamné l'accusé à quatre années d'emprisonnement.

M. Jardin, avocat, occupait le siége du ministère public et Me  Guernier a présenté la défense du condamné.

Les débats des deux affaires qui ont rempli l'audience d'aujourd'hui ont eu lieu à huis-clos. (l’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1865   -   Un halo-lunaire.  -   Samedi soir, on a remarqué le phénomène assez rare d'un magnifique halo-lunaire. La lune était entourée d'un immense cercle ayant les couleurs de l'arc-en-ciel. Cela, disent certains pronostiqueurs, nous annonce de grandes pluies avec inondations. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1865   -   Un triste accident.   -   Un lamentable événement vient de jeter la consternation sur la plage de Ouistreham.

Mercredi dernier, dans l'après-midi , deux pilotes, les sieurs Herbline et Cauchard, étaient sortis pour aller piloter deux bâtiments de commerce anglais à destination du port de Caen. Le vent était alors très violent et la mer des plus agitées, malgré cela, les pilotes, méconnaissant le danger, se décidèrent à sortir dans leur frêle embarcation.

Malheureusement, au moment où ils allaient franchir la barre, une vague furieuse les fit chavirer et les précipita dans l'abîme. Rien ne peut rendre la scène de désolation qui eut lieu alors parmi les spectateurs de ce sinistre maritime. Des secours furent aussitôt organisés par le pilote de la station, mais ils furent vains, et les corps des deux victimes n'avaient pas encore été rendus hier par la mer. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1865   -  A l’honneur.   -    Le Moniteur universel publie la liste des personnes auxquelles, sur le rapport du ministre de l'intérieur, approuvé par l'Empereur, des médailles d'honneur ont été décernées pour des actes de dévouement. Nous trouvons dans cette liste les noms suivants qui intéressent notre département :

MM. Desainjors (Louis), domestique, et Bachelier (Eugène-Adolphe), syndic des gens de mer, tous deux à Ouistreham, ont obtenu une médaille en argent de 2e classe, pour s'être rendus maîtres, le 20 mai dernier, d'un cheval emporté, attelé à une voiture dans laquelle était une femme.

Une médaille en argent de 2e classe a également été accordée à M. Candavoine (Jean-Archade-Isidore), sous-lieutenant au 1er  des sapeurs-pompiers de Lisieux, pour 21 ans de services utiles et dévoués. (L’Ordre et la Liberté )

 

1866  -  Port Maritime.  -   Port de Caen, et canal de Caen à la mer.  Le lit du port de Caen s'est légèrement exhaussé, mais la navigation n'en a pas souffert.                                        

Les digues construites à l'embouchure de l'Orne pour fixer le cours des eaux et le rapprocher de l'avant-port d'Ouistreham, ont produit un bon effet. Les travaux exécutés suffisent, pour le moment, à prévenir l'ensablement de l'entrée du canal, et à procurer généralement une profondeur de 5 mètres.

Le canal, depuis Ouistreham jusqu'à Caen est dans des conditions satisfaisantes.

Les envasements du bassin de Caen ont exigé l'emploi de dragages qui s'exécutent actuellement.

Le commerce du port s'est sensiblement accru, ainsi que le démontre la comparaison du tonnage des deux dernières années, qui était, en 1864, de 238,106 t., et s'est élevé, en 1865, à 261,390 t.

Pour obvier aux envasements du bassin et en assurer l'alimentation, ainsi que celle du canal de Caen à la mer, un projet de barrage de l'Orne a été dressé, et est, en ce moment, soumis à l'instruction. Trois combinaisons sont proposées : l'une comporte un barrage à Louvigny, avec rigole dans la prairie aboutissant à l'aqueduc voûté qui correspond au bassin, l'autre fixe le barrage en aval du rond point du port, avec siphon pour l'écoulement des égouts de la ville, le troisième enfin établit ce barrage à l'origine du grand Cours.

 

Février 1866   -   Naufrage.   -   A Ouistreham, lundi, sur les trois heures du soir, un des bateaux de la société huîtrière de Ouistreham, patron Mérielle, aperçu au large un chasse-marée  complètement désemparé à la suite d'un abordage de nuit avec un trois-mâts du Havre.

Ce bâtiment dont les mâts et les agrès gisaient pêle-mêle sur le pont et à la mer, était rapidement porté par un  fort vent de Nord-Est sur les Essarts de Langrune.

Dés qu'il vit la détresse de ce bateau, le patron Mérielle se porta à son secours, il mit à bord deux hommes de son équipage pour relever ceux qu'un travail de toute la nuit avait exténués de fatigue, puis au moyen d'une remorque il parvint, vers minuit, à ramener dans le port de Ouistreham le bâtiment désemparé.  

 

Novembre 1866   -   Un noyé.   -   Le nommé Pierre Abel Sauvage, âgé de 60 ans, né à Reviers et y demeurant, matelot à bord de la bisquine « Augustin », de Fécamp, en ce moment en  relâche dans les estacades du port de Ouistreham, s'est noyé le 5 novembre dernier, dans les circonstances suivantes : Pendant l'absence du sieur Boutray, patron de ladite bisquine, le sieur Sauvage descendit à terre et profita de cette occasion pour boire, étant rentré à son bord dans un état voisin de l'ivresse, et, ne trouvant pas sa soupe faite, il voulut repartir nonobstant  les observations des deux mousses. C'est alors qu'en prenant l'échelle il mit un pied sur le côté, ce qui la fit tourner et qu'il tomba à l'eau. Les deux mousses, après avoir appelé du secours, se mirent à sa recherche, mais il ne put être retrouvé qu'une demi-heure après sa chute.

M. Debled, médecin et maire de Ouistreham, appelé à lui donner des soins, n'a pu que constater la mort.  

 

Mars 1867   -   Un drame.   -   Dans la nuit de jeudi à vendredi, le sieur Charles Buhot, âgé de 54 ans, entrepreneur du parc aux moules, à Ouistreham, s'est asphyxié dans sa maison située au bord de la mer. Deux réchauds étaient placés près de son lit.

M. le commissaire de police du canton de Douvres a saisi une dizaine de lettres que Buhot avait écrites à ses amis pour leur faire part du sinistre projet qu'il a mis à exécution. L'une d'elles indiquent que cet acte de désespoir a eu pour cause le mauvais état de ses affaires. Cette infortuné a été un spéculateur malheureux.

 

Avril 1867   -   Une condamnation.   -   M. Jules Guesdon, âgée de 17 ans, marin, demeurant à Langrune, est poursuivi pour rébellion. Déclaré coupable de ce délit commis par lui à Ouistreham le 3 mars dernier, il est condamné à un mois d'emprisonnement.  

 

Avril 1867   -   Un accident.   -   Le 22 de ce mois, le nommé  Lebouvic Auguste, âgé de 45 ans, né et domicilié à Enogat (Ille-et-Vilaine), matelot à bord de la goélette la « Sirène », du  port de Saint-Malo, en relâche dans le bassin de Ouistreham, est tombé du haut de la mâture sur le pont de ce navire.

La mort a été presque instantanée par suite d'une promotion cérébrale déterminée par la chute.  

 

Mars 1867   -   Une condamnation.    -   Le sieur François Prévant, demeurant à Ouistreham est condamné à 16 francs d'amende pour avoir déplacé des moellons de l'enrochement directeur du chenal de l'Orne, afin d'atteindre les moules qui se trouvent entre les pierres.

 

Mars 1867   -   Les naufrages.    -   Il résulte des publications de l'administration du Bureau Véritas de Paris, que le nombre des navires perdus totalement, pendant le mois de février dernier, s'est élevé à 224 ; de ce nombre, on compte 102 navires anglais, 43 américains, 21 français, 11 italiens, 9 danois, 7 prussiens, 5 hollandais, et 26 de différents pavillons.  

 

Juin 1867   -   Un rat éclairé.   -   Samedi dernier, à Ouistreham, vers 10 heures du soir, un rat (dites après cela que les rongeurs n'ont pas d'idées lumineuses) s'empara d'un bout de chandelle, resté allumé dans une écurie, pendant que le petit domestique était allé à la cuisine, courut avec sa proie dans le grenier et alluma, à la ferme du Marais, cultivée par M.  François Rolland, 4 à 500 boîtes de foin.

Il ne faisait heureusement pas de vent, autrement la ferme tout entière fut infailliblement devenue la proie des flammes. L'écurie était isolée. À l'aide d'une toile constamment mouillée, distantes de 4 mètres.

La ferme est la propriété des héritiers Leportier, représentés aujourd'hui par MM. Roger de la Chouquais, Marguerie et le marquis de Piennes.  

 

Février 1868   -   Un coup de vent.   -   Le 29 février, sous la violence du coup de vent de sud-ouest qui a soufflé sur nos côtes, le bateau-pilote « Alexandre-Adrien » a été démâté à environ 9 milles du rivage.

Comme cette légère embarcation n'était plus montée que par un seul homme, le nommé Aubrée, qui, après avoir déposé en mer plusieurs de ses collègues à bord des navires de commerce, regagnait le port de Ouistreham, sa position devenait très critique. Heureusement que le capitaine Collot, accompagné du syndic des gens de mer, a pu au moyen de son remorqueur, encore sous vapeur, se porter immédiatement à son secours.

 

Mars 1868   -   Les naufrages.   -   Le Bureau Veritas a publié la liste des navires qui ont fait naufrage du 1er au 31 janvier 1868.

Cette liste énumère 246 bâtiments que l'on sait perdus totalement et 18 autres que, par suite d'absence de nouvelles, on suppose naufragés.

Parmi ces 264 navires perdus ou supposés perdus, il y a 141 navires anglais, 35 français, 24 américains, 12 prussiens, 8 hollandais, 7 norvégiens, 5 danois, 4 italiens, 3 autrichiens, 2 espagnols, 2 mecklembourgeois, 2 suédois, 1 grec, 1 lubeckois, 1 mexicain, 1 oldembourgeois, 1 péruvien, 1 portugais et 12 navires de nationalité inconnue.

244 de ces bâtiments sont à voiles et 10 à vapeur. Parmi les navires dont la perte est certaine, nous avons à citer particulièrement : le brick anglais « Elizabeth », capitaine Clarke, perdu près  de Trouville, en allant de Newcastle à Marseille.

Le brick-goëlette anglais de 96 tonneaux « Elizabeth-Ann », échoué près de Trouville en faisant le cabotage.

Le brick-goëlette anglais de 193 tonneaux « Onward », capitaine Williams, échoué près de Llanelly, en allant de Llanelly à Honfleur.  

 

Juin 1868   -   Le port.   -   Mardi, à midi le trois-mâts français « Albatros », capitaine Pérard, est entré au port de Caen, à la remorque du steamer « Commerce »  .

D'un tirant d'eau qui n'est pas moindre de 4 m. 50, et malgré une faible hauteur de marée, l' « Albatros » a pu, sans le secours d'allèges, franchir les passes de Ouistreham et monter le  canal, ce que nous constatons avec plaisir.

L' « Albatros » et un bâtiment capable de porter une charge de 600 tonneaux. C'est le plus grand que nous ayons encore reçu. De même que le « Dowiche » un autre trois mois français que nous avons vu à Caen il y a quelques semaines, ce navire apporte directement de la côte d'Afrique, Sainte-Marie-de-Bathurst, son plein chargement d'arachides pour l'une de nos principales maisons de commerce.  

 

Juin 1868   -   Un naufrage.    -   Le jeudi 18 courant, vers les 5 heures du soir, le « Buteau », pilote Adrien, du port de Ouistreham, s'est trouvé drossé en dehors de l'estacade S.-E. par les grands vents de N.-E. survenus au prime flot. Embossé sur l'estacade, ayant donné plusieurs coups de talon, il a été démâté d'un fort coup de tangage. Un des pilotes qui se trouvait dans le bateau a été gravement blessé par un taquet de tonnage qui a manqué.

Le capitaine Collot, du vapeur remorqueur « Commerce », s'est empressé de faire chauffer et à entré le bateau dans le port. Le pilote blessé a été transporté chez lui sur un matelas, sa position ne donne pas d'inquiétude. Le bateau pilote est entré dans le canal pour subir ses réparations.  

 

Juin 1868   -   Une arrestation.    -   Mardi la nuit, les gendarmes de Douvres ont amené à Caen, dans une voiture, le nommé Georges Christ, demeurant à Langrune. Cet homme, qui est fou furieux, avait été arrêté à Ouistreham.  

 

Août 1868   -   Un incendie.   -   Dimanche dernier, vers quatre heures du soir, un commencement d'incendie accidentel a éclaté dans les dunes situées à la pointe du Siège, à Ouistreham.

C'est dunes appartiennent à M. Marguerite, maire de la commune de Biéville, et sont exploitées par le sieur Roland François, cultivateur.

Le feu a consumé environ 200 mètres carrés d'herbes sèches et des épines de mer. La perte est insignifiante.

On suppose que, pendant les courses de chevaux qui avaient lieu ce jour-là, quelques fumeurs auront jeté en cet endroit des allumettes ou des cigares mal éteints, qui auront occasionné l'incendie, auquel la malveillance est tout à fait étrangère.  

 

Août 1868   -   Un rappel.   -   Nous croyons le moment opportun pour appeler que le 23 juillet, la Cour impériale d'Aix a décidé que le fait de se baigner sans vêtement constitue non pas  seulement une contravention de police, mais bel et bien un outrage public à la pudeur prévue par l'art. 330 du Code pénal et puni, sauf l'admission de circonstances atténuantes, d'un emprisonnement de trois mois à deux ans et d'une amende de 16 à 200 fr.

 

Août 1868   -   Une imprudence.   -   La fête de Ouistreham a failli se terminer d'une façon tragique. Huit baigneurs, dont un seul savait nager, s'étaient mis à l'eau vers 7 heures du soir, sur l'un des bancs, en face des estacades.

La mer montante les avait cernés. Fort heureusement, un bateau de plaisance monté par MM. Lemonnier, Jacquot et Gozzoli, qui revenait d'une promenade en mer, est venu à propos tirer ces imprudents de leur situation devenue très inquiétante.

 

Août 1868   -   La fête.   -   Dimanche dernier a été célébrée la fête de Ouistreham. Le programme, des plus variés et des plus complets, avait attiré un grand nombre de promeneurs et de  curieux. Je crois bien que le sol de Ouistreham n'avait pas été foulé par tant de gens à la fois depuis le jour où Édouard III, parti d'Angleterre avec 500 voiles, vint y réunir ses trois corps d'armée, qui prirent Caen en 1346.

Le résultat obtenu par M. Debled, maire de Ouistreham, devrait engager les administrations de Lion, Luc, Langrune et Saint-Aubin à suivre son exemple.  

 

Août 1868   -   Une mention pour le maire.   -   La Société pour l'instruction élémentaire a décerné une mention honorable exceptionnelle à M. Debleds, docteur-médecin, maire de Ouistreham, comme témoignage de reconnaissance publique pour le dévouement dont il a fait preuve en faveur de l'instruction primaire, en organisant dans sa commune des cours d'hygiène gratuits.

 

Novembre 1868   -   Le mauvais temps.   -   Les grands mauvais temps règnent depuis plusieurs jours sur notre côte, en vents de N.-O et N., par fortes bourrasques, grêle mêlée de pluie dans les grains.

Dimanche dernier, vers les 2 heures de l'après-midi, le sloop français la « Providence », cap. Blanchet, chargé de harengs, venant de Boulogne, est venu à la côte désemparé entre l'estacade N.-O. et le sémaphore de Ouistreham. L'on s'est occupé à marée basse à mettre à terre la cargaison, et à élonger une ancre dans la direction du chenal. Le lendemain 9 novembre, à marée basse, la cargaison était à terre vers les 11 heures du matin.

L'armateur du navire étant à Caen s'est rendu sur les lieux. Le navire ne paraît pas avoir beaucoup souffert quant à présent.  

 

Janvier 1869   -   Un nouveau village.   -   On nous informe que le nouveau village qui se trouve entre la redoute de Colleville et le sémaphore, près de Ouistreham, vient de recevoir le nom de Riva-Bella.

Ce nom a été choisi par une réunion de propriétaires, à cause de la jolie situation de ce village et de la beauté de la plage.  

 

Février 1869   -   Un naufrage.   -   Le brick « Padarn », de Falmouth, capitaine Brothers, chargé de charbon à destination de Caen, s'est perdu corps et biens dans la traversée.

Le capitaine, sa femme et six hommes d'équipage ont été noyés. C'était le dernier voyage que le « Pardarn » faisait pour le port de Caen.

Quatre cadavres sont venus s'échouer à la côte dimanche. On a également retrouvé une épave de l'embarcation, avec quatre avirons, plus une pantoufle et une cravate de femme. Le bâtiment est réduit en pièces.

 

Février 1869   -   Un service de remorquage.   -  M. Enault, constructeur de navires à Ouistreham, vient d'être autorisé, par décret impérial, à établir un service de remorquage de Ouistreham à Caen et vice versa. Le remorquage se fera au moyen d'un touage.

Le touage consiste dans une chaîne en fer noyée et fixée aux deux extrémités du canal, et d'un bateau toueur muni d'un treuil sur lequel vient s'enrouler la chaîne.  

 

Mars 1869   -   Les sinistres maritimes.   -   Le Bureau Véritas vient de publier un relevé des sinistres maritimes survenu pendant le courant de l'année 1867, qui se résume ainsi :

Navire à voiles perdus totalement. : 3 711

Navires à vapeur perdus totalement : 131

Navire à voiles supposés perdus corps et bien : 189

Idem à vapeur : 14

Pertes totales pendant l'année 1867 : 3 045.

En 1866, les pertes n'avaient été que de 2 937.  

 

Mars 1869   -   Un incendie.   -   Le 20 de ce mois, à une heure du soir, un incendie accidentel a éclaté à la ferme du Marais, commune de Ouistreham, et a consumé un corps de bâtiment couvert en chaume, appartenant à M. Roger de Lachouquais, propriétaire à Falaise, ainsi que divers objets mobiliers appartenant au sieur Rolland François, son fermier.  

 

Mars 1869   -   La tempête du 20 mars.   -   On évalue à plus d'un million et demi la perte du  « Janet-Mitchell », navire et chargement. Cette perte est couverte par des assurances anglaises.

La vente des débris de ce trois-mâts, de son gréement et de son chargement aura lieu, dimanche prochain, à Sallenelles, et lundi à Ouistreham.  

 

Mars 1869   -   La tempête du 20 mars.   -   Samedi dernier, on a relevé sur le rivage de Port-en-Bessin que la mer venait d'y porter, un cadavre d'homme.

Il a été trouvé à Luc une planche de poulaine en chêne, peinte en noir et portant en lettres fouillées au ciseau le nom de « Tobina ».

Depuis dimanche, on a recueilli sur la plage entre Langrune et Ouistreham, une assez grande quantité de madriers et de planches en bois blanc, marqués SS. G. d'un bout et X R de l'autre. Parmi ces épaves, on a trouvé un bout-dehors de foc mesurant 7 mètres 40 de long. Toutes ces épaves semble être à la mer depuis peu de temps. Ont fait naturellement sur leur provenances des tristes conjonctures.  

 

Avril 1869   -   La mer et les naufrages.   -   Le remorqueur a rentré au port de Ouistreham le brick « Saint-Jean », d'Isigny, capitaine Leroy, mouillé à environ mi-chemin du Havre.

Le brick avait sa vergue de misaine brisée, et un coup de vent reçu par la hanche de tribord lui avait défoncé ses pavois. Il avait en outre perdu ses huniers.

Ce navire été sorti de Ouistreham à la marée de samedi, allant à Gothenbourg, sur lest.  

 

Avril 1869   -  Un bateau de sauvetage.   -   Un officier supérieur de la marine impériale se trouvait le 27 avril, dans la matinée, à Ouistreham, où il est question d'établir un bateau de sauvetage, sous peu, les jeunes pilotes et marins de la localité, portés de bonne volonté pour l'armement du bateau projeté, seront convoqués.  

 

Août 1869   -   Fait divers.   -  Dimanche prochain auront lieu à Ouistreham, pour l'inauguration du nouvel hippodrome, des courses de chevaux de demi-sang qui promettent d'être très  brillantes.

Nous y retrouverons de vieilles connaissances que nous avons déjà admirées dans les courses de Caen. Nous citerons entre autres, comme engagés dans le prix Omnibus, « Jupiter », « J'y songerai », « Courtisane » et « Conquête ».

Pareille réunion de trotteurs émérites ne s'est encore rencontrée celle année sur aucun hippodrome français. La journée se terminera par deux steeple-chase.  

 

Août 1869   -   Récompense.   -  La Société pour l'instruction élémentaire a décerné une mention honorable exceptionnelle à M. Debleds, docteur-médecin, maire d’Ouistreham, comme  témoignage de renaissance publique pour le dévouement dont il a fait preuve en faveur de l'instruction primaire, en organisant dans sa commune des courts d'hygiène gratuits.  

 

Septembre 1869   -   L’ouragan du 12 au 13 septembre.   -  Une épouvantable tempête a sévi pendant quarante-huit heures sur notre contrée, elle a commencé dans la huit de samedi à dimanche, le calme n'est revenu que lundi dans la soirée.

A Caen, les dégâts ne sont pas fort considérables : un platane renversé sur le Cours-la-Reine, quelques branches et quelques vitres brisées, un coin de mur renversé rue Basse et la chute d'une cheminée, rue Saint-Sauveur sont, avec beaucoup d'ardoises et de tuiles arrachées aux toits, à peu près tout ce qu'on peut, ici, reprocher à la bourrasque.

Dans la campagne, sur les routes, les pertes sont beaucoup plus grandes, on ne voit qu'arbres brisés et renversés, les arbres fruitiers sont dépouillés de leur récolte, les pommiers sont partout fort endommagés.

Il y a eu interruption dans le service des bateaux â vapeur de Caen au Havre. L'ouragan a été terrible sur la côté du Havre, On apercevait, tout en face de nos cotes, un certain nombre de  barques chavirées.

Les régates de Ouistreham ont eu lieu, cependant, mais dans le canal et non pas, comme on l'avait annoncé, entre les estacades et le sémaphore. Une barque de pêche, en rentrant dans le  port, a eu son beaupré brisé. Quel que temps auparavant, une bisquine venant de Courseulles, forçant de toiles, ayant manqué l'entrée de Ouistreham, a été obligée de mouiller au large.

Samedi, vers minuit, un canot à crevettes, portant le numéro 173, nommé « Victor et Rodolphe », moulé d'un seul marin, le sieur Prudent Fortier, âgé de 30 ans, ayant manqué à donner dans les jetées, il a été repoussé, à la mer et a fini par mouiller devant les mâts des bains de Trouville. A sept heures un quart du matin, on a vu ce canot en danger, puis chavirer et, disparaître, entraînant avec lui Prudent Fortier, qui laisse une veuve et deux enfants, une fille de 16 mois, de son mariage avec sa femme, la veuve Lebac, ayant un enfant de 1 ans de son  premier mari qui, comme le deuxième, s'est noyé.

Déjà le 10 courant, le nommé Désiré Génie, étant dans son canot sans lest, a sombré à deux milles de Villers, il s'est cramponné â la mâture, où il s'est maintenu jusqu'à l'arrivée de la barque de pêche « Tout-à-Marie », n° 100, de Trouville, patron Gagnard, qui, l'ayant aperçu, l'a recueilli et déposé à Villers.  

 

Octobre 1869   -   Fait divers.   -   Une foule venue de tous les environs se trouve sur nos côtes, armée de pelles et pioches pour les équilles. Mardi, le plus petit pêcheur avait fait de 2 à 3 fr. dans sa marée.

 

Décembre 1869   -   Fait divers.   -  Un aigle, mesurant deux mètres et demi d'envergure, a été pris à l'embouchure de l'Orne par des sablonniers, après avoir été atteint à l'aile par un coup de feu.

 

Décembre 1869   -   Fait divers.   -  La poste, ne pouvant égaler la vitesse de la télégraphié, essaie au moins d'accroître la rapidité des correspondances. Dans ce but, les facteurs ruraux vont être autorisés à prendre le chemin de fer toutes les fois qu'il conduira aux communes qu'ils ont à desservir, Nous applaudissons franchement à cette mesure, qui apportera une grande célérité dans la correspondance et qui améliorera la situation pénible des facteurs qui desservent la campagne.  

 

Février 1870   -   Fait divers.   -   Le froid de ces derniers jours a été tel, que sur notre littoral, entre Courseulles et Ouistreham, les congres, étrilles, crabes et autres coquillages saisis par le froid, venaient échouer sur la grève. Des cultivateurs des environs ont enlevé ces animaux, qui seront utilisés à l'engraissement des terres.  

 

Mars 1870   -   La tempête.   -   Le mauvais temps de la semaine dernière a porté ses fruits. La côte de Courseulles à Ouistreham se couvre de débris et d'épaves. Dimanche dernier, on apercevait entre Saint-Aubin et Langrune, à peu de distance du rivage, une portion considérable d'un grand navire, dont la nationalité n'a pu être reconnue, les pêcheurs rentrant au port ont rencontré en mer des planches, des madriers, dont l'abord n'était pas sans danger, des balles de coton et de tabac qui indiquaient un naufrage dans nos parages. Un bateau de Courseulles employé à la pêche des huîtres a ramené dans sa drague une botte neuve, dans laquelle se trouvait la jambe du propriétaire, paraissant récemment détachée du tronc. Aucun cadavre n'a été signalé.  

 

Juillet 1870   -  Fait divers.   -   Le 24 juillet à 8 heures du matin, pendant le mouvement d'entrée et de sortie des navires, le sieur Lemarchand (André), ancien pilote, est tombé dans l'avant-port d'Ouistreham, où il aurait été noyé sans la présence du sieur Lemarchant, qui montait un picoteux, et qui s'est hâté d'aller au secours du pilote.  

 

Août 1871   -  Avis aux cultivateurs.  -  L'autorité militaire a reçu des instructions pour mettre des soldats à la disposition des cultivateurs, pour les travaux de la moisson, à la condition que les travailleurs recevront des indemnes convenables. Il ne sera satisfait d'ailleurs qu'aux demandes approuvées par les maires.

 

Août 1871   -  Fait divers.   -   Un arrêté de M. le préfet a autorisé le sieur Enault, directeur de louage, demeurant à Ouistreham, à faire circuler, à partir de dimanche prochain, sur le canal  de Caen à la mer, un bateau destiné à transporter des voyageurs de Caen à Ouistreham et d'Ouistreham à Caen. Les points de départ et d'arrivée du bateau seront à l'aval de l'écluse de la fonderie Sainte-Mathilde, et à l'amont de l'écluse à Ouistreham, sur le chemin de halage de la rive gauche.

 

Août 1871   -  Fait divers.   -   Des phénomènes atmosphériques singuliers se sont produits dans le département de la Seine-Inférieure et du Calvados. A Elbeuf, une pluie de fourmis  ailées  avait couvert de cette manne d'un nouveau genre les toits des maisons et le pavé des rues à Caudebec, des hirondelles ont été ramassées surchargées de ces insectes qui s'étaient attachées à elles et avaient entravé leur vol. Une véritable pluie de papillons s'est abattue aux environs de Paris.

 

Août 1871   -  Les impôts  -  Seigneur ! Seigneur ! Que va devenir le pauvre monde ? On met des impôts sur tout.

Sur les chats, sur les serins, sur le tabac, sur le boire et sur le manger.

Mais ce n'est pas tout encore, figurez-vous qu'un député de la droite, qui en aura sans doute mangé comme .. un satisfait, vient de proposer qu'on mette un impôt sur la teurgoule.

La teurgoule ! qu'est-ce que c'est que cela, vont se demander les petites maîtresses et les muscadins.

Mes petits agneaux, c'est le riz cuit au four, c'est la terrinée, que les gens comme il faut de la campagne appellent de la teurgoule….,..

Et cela, parce que les jours de fête, ces nobles goulifards se fourrent de telles cuillerées de ce mets délectable, que la.... bouche leur en teurd !

 

Octobre 1871   -  Fait divers.   -  M. le Ministre de l'Intérieur vient de décerner une médaille d'honneur en argent de première classe, au sieur Eugène Bachelier, syndic de la marine à Ouistreham, qui, le 8 mai 1870, s'est précipité à la tête d'un cheval emporté, et au péril de sa vie, est parvenu à l'arrêter au moment où, dans sa course, il allait occasionner quelque malheur.

 

Janvier 1872   -  Fait divers.   -   Depuis longtemps on n'avait vu, sur nos côtes, le poisson aussi rare, par suite du mauvais temps continuel que nous avons éprouvé pendant près de six semaines. Cet état de choses rend, on le comprend, la vie difficile dans les localités riveraines de la mer.

 

Mars 1872   -  Le gel.   -  Les désastres occasionnés par les gelées des nuits dernières sont plus graves qu'on ne je suppose généralement. Les lettres que nous recevons de divers points de la Normandie sont unanimes pour le reconnaître.

 

Mars 1872   -  Naufrage.   -  Le 22 mars au soir, dans l’avant-port d'Ouistreham, la goélette, anglaise « Lowestoff » chargé de charbon, a chaviré sous la violence de l'ouragan. Dans la nuit, des marins d'Ouistreham, avec beaucoup de peines, malgré un temps affreux, sont parvenus à la décharger et à la remettre à flot.

 

Mai 1872   -  Pluie.  -  Les pluies abondantes qui sont tombées pendant ce mois, ont produit une crétine très préjudiciable dans la vallée de la Dives. En effet, l'eau couvre tout à fait un grand nombre d'herbages dans plusieurs communes, surtout dans les partis les plus basses, où elle atteint 50 à 60 centimètres.

 

Mai 1872   -  Le temps qu’il fait.  -  La température insolite qui règne depuis quelques semaines, est cause d'une aggravation de la mortalité dans certaines contrées.

A Paris le chiffre des décès a été de plus 1000 dans la dernière semaine, total considérable en raison du nombre actuel des habitants.

 

Mai 1872   -  Fait divers.   -  La récolte du blé sera abondante cette année et le pain bon marché. Qui dit cela ? La caille, d'après le dicton ancien : « Autant de fois chante la caille, autant de pistoles vaut le sac de blé. » Or, cette année, la caille fait entendre son chant criard quatre fois consécutives : signe d'abondance et le blé à 40 fr. le sac. L'année dernière, elle le  répétait six et sept fois ; présage de cherté. En effet, le blé n'a-t-il pas, en ces derniers jours, monté à plus de 60 fr.

 

Mai 1872   -  Fait divers.   -  Le petit bateau de la Compagnie du Touage, entre Caen et Ouistreham, a effectué jeudi son voyage d'inauguration. Il avait à sa remorque le trois-mâts le « Camille », de Caen, et le bateau-omnibus le « Chevreuil ». Le premier essai a parfaitement réussi, et a dépassé  toutes les espérances.

Nous apprendrons, en outre, aux promeneurs du dimanche, que la Compagnie du Touage va organiser un service directe entre Caen et Ouistreham. A cet effet, le « Chevreuil » va être confortablement installé et recouvert d'une tente spacieuse.

 

Mai 1872   -  Fait divers.   -  La récolte du blé sera abondante cette année et le pain bon marché. Qui dit cela ? La caille, d'après le dicton ancien : « Autant de fois chante la caille, autant de pistoles vaut le sac de blé. » Or, cette année, la caille fait entendre son chant criard quatre fois consécutives : signe d'abondance et le blé à 40 fr. le sac. L'année dernière, elle le répétait six et sept fois ; présage de cherté. En effet, le blé n'a-t-il pas, en ces derniers jours, monté à plus de 60 fr.

 

Juin 1872   -  Fait divers.   -  D'après les documents relatifs au recensement recueillis jusqu a ce jour, on, estime et que la population du Calvados a diminué de 25.000 habitants, depuis le recensement de 1866.

 

Juin 1872   -  Naufrage.   -  Le paquebot « City-of-Paris », capitaine Waters, que se rendait de Neath à Caen, avec un chargement de houille fine destinée à la fabrication des briquettes et à la consignation de M. Veret, a, par suite d'une erreur dans l’indication du tirant d'eau du navire, touché sur le radier des portes d'écluses du canal de Ouistreham, ne pouvant se retirer de cette position dangereuse, à la marée baissante, il se coupa en deux, l’équipage entier a débarqué sans avoir couru le moindre danger, et a été conduit au Havre par le bateau à vapeur qui fait le service entre le Havre et Caen. Le capitaine est resté à Ouistreham pour surveiller le sauvetage.

 

Juin 1872   -  Recensement.   -  D'après les documents relatifs au recensement recueillis jusqu a ce jour, on, estime et que la population du Calvados a diminué de 25.000 habitants, depuis le recensement de 1866.

 

Juillet 1872   -  Chasse et récolte.   -  L’ouverture de la chasse aura lieu, dans notre département, vers les premiers jours de septembre, car la rentrée des récoltes ne pourra être terminée que tardivement cette année, en raison des nombreux blés couchés par les orages.

 

Août 1872   -  Loi sur les boissons.   -  Tout détenteur d'appareils propres à la distillation d'eaux-de-vie ou d'esprits est ténu d'en faire, au bureau de la régie, une déclaration énonçant le nombre et la capacité de ses appareils.

 

Août 1872   -  La fin du monde.   -  On sait que la fin du monde avait été prévue pour le 5 de ce mois, elle n'a pas eu lieu, parce qu'elle a été, paraît-il, remise au 12 août, selon les uns, et selon les autres, au 15 août, fête de l'ex-empereur.

 

Août 1872   -  Fait divers.   -  Par une décision du 8 de ce mois, M. le ministre des travaux publics a ouvert un crédit de 8 000 fr. sur le budget de 1872, destiné à dégager l'avant port de Ouistreham du banc de sable qui s'était formé dans le passage des navires, et qui en rendait la circulation difficile et dangereuse.

 

Août 1872   -  Naufrage.   -  La plage de Ouistreham a été, mercredi, vers quatre heures de l’après-midi le théâtre d’un affreux accident. Un canot monté par quatre personnes a chaviré sous voile, à 3 kilomètres environ de la grève, par une mer houleuse.

Les personnes qui le montaient étaient : MM. Robillard, père et fils, demeurant à Bréville, canton de Troarn ; M. Gost et le sieur Laurent, marin, tous deux de Bavent.

À la vue de ce sinistre, une goélette norvégienne, qui se dirigeait vers le port s'empressa de lancer un canot, monté par quatre vigoureux matelots, pour opérer le sauvetage, MM. Robillard père et Gost se sont cramponnés et maintenus sur la quille, malgré les vagues. Le jeune Robillard, âgé de 14 ans, était soutenu par son père, mais il a bientôt perdu connaissance et a coulé entre deux eaux !... Le marin Laurent, quoique bon nageur, a disparu !...

Les soins les plus empressés ont été prodigués au jeune Robillard, par M. le docteur Desbled aidé de M. de Blagny, des douaniers et des marins présents, mais on n'a pu le ramener à la Vie !... Cet intelligent jeune homme, élève du Lycée de Caen, ou il venait d'obtenir de brillants succès, était la joie et l'orgueil de ses parents. Le matin même du jour fatal, il les avait suppliés de le laisser faire en mer une partie de pêche, sa pauvre mère n'y consentait qu'à regret, et avec cet instinct du cœur que l'on devrait toujours écouter, elle lui disait : « Surtout, mon enfant, prends garde de faire comme M. Delaunay !!…..»

Ces sinistrés réitérés donneront-ils enfin quelque prudence aux promeneurs inexpérimentés qui se risque ainsi pleine en mer, sans se préoccuper des dangers auxquels ils s’exposent.  

 

Novembre 1872   -  Neiges et pluies.  -  Le temps épouvantable que nous subissons depuis bientôt quinze jours ne pouvait manquer d'occasionner de douloureux sinistres et de regrettables dégâts. L’un des plus terribles est le naufrage, devant St-Valery-en-Caux, du sloop « Léon », dont M. Lecorneur, constructeur à Caen, est l’armateur. On aura une idée de la force de la mer, quand on saura qu’au calvaire  de la Délivrande, à la sortie de Caen, on entendait distinctement le bruit que produisaient les lames en se brisant sur les jetées de Ouistreham. 

 

Août 1873   -   Glanage.   -   Au moment des récoltes, il est utile de rappeler un arrêt de la Cour de cassation qui concerne le droit de glanage. Les propriétaires et fermiers pensent faire un acte de générosité en laissant les pauvres de la commune qu'ils habitent râteler et grappiller après l'achèvement de la récolte.

C’est une erreur, il résulte de la jurisprudence de la cour suprême que ce n'est pas un acte de philanthropie qu'ils exercent, mais un devoir qu'ils accomplissent. 

 

Août 1873   -   Avis aux promeneurs.   -  Le service de la gondole, qui partait tous les dimanche, pour Ouistreham, va recommencer. Le départ de Caen aura lieu à 10 h. du matin ; le retour s'effectuera à 6 h. 1/2 du soir. Le prix du billet, aller et retour, est fixé à 1 f. 50 fr.

 

Août 1873   -   Un enfant qui promet.   -  Le sieur Poret, patron d'une barque de pêche, se trouvant en mer aux environs de la Hève, a aperçu, à un demi-mille du cap, un canot monté par un mousse, l'embarcation était en détresse. Ce mousse, âgé de 15 ans, nommé Frédéric Morand, né à Quetteville, près de Granville, était parti, il y a trois ou quatre jours, de chez ses parents pour venir à pied au Havre. Arrivé à Ouistreham, il n'avait trouvé rien de plus simple, pour faire la traversée, que de détacher le canot Jules, n° 309, et de se diriger vers le Havre. Morand a été arrêté.  

 

Mars 1875   -   Le printemps.  -  Si cela continue, le printemps sera inauguré par la gelée ou la neige. En Angleterre, des vents violents ont causé beaucoup de malheurs. Des maisons en construction ont été renversées et des ouvriers ont péri.

 

Avril 1875   -   Pêche merveilleuse.  -  Des pêcheurs viennent de capturer à l'embouchure de l'Orne, trois énormes esturgeons, qui ont été vendus au Havre.

 

Avril 1875   -   Fait divers.  -  La semaine dernière, à l'heure de la marée, le sieur M....., riche propriétaire à Ouistreham, a été trouvé sans mouvement en avant des jetées. Quatre matelots qui s'en allaient tendre leurs filets lui ont porté secours et l'ont reconduit à son domicile, sans se préoccuper que cet acte d'humanité leur faisait perdre leur journée. Pour toute récompense, M. M .... les a remerciés en leur disant qu'ils n'avaient fait que leur devoir.  

 

Décembre 1875   -  Le commerce du Calvados.  -  Dans le rapport présenté à la Chambre de commerce par M. Paulmier, président, nous trouvons les renseignements suivants :

Il est entré, en 1874, dans les sept ports du Calvados, Caen, Ouistreham, Honfleur, Trouville, Isigny, Courseulles, Port-en-Bessin et Dives, 2 263 bâtiments à voiles et 2 835 bâtiments à vapeur. Les sorties étant à peu près égales aux entrées, c'est un mouvement maritime de 10 196 navires.

Le plus fort navire est entré à Honfleur, c'est le trois-mâts allemand « Jocking », jaugeant 498 tonneaux seulement, mais du port effectif de 590 tonneaux, tirant d'eau, 5 mètres 06.

Le trois-mâts français « Dupuy-de-Lôme », jaugeant 451 tonneaux, chargé de 450 tonneaux seulement d'arachides, avec plus de 100 tonneaux de lest à bord,  tirant d'eau 4 mètres 70, est entré à Caen

Le mouvement commercial du port de Caen a donné lieu à une somme totale d'opérations de 27 millions dont 18 millions à l'entrée et 9 à la sortie. Les principaux articles d'importation sont  : la houille, fournissant 109 737 tonneaux, d'une valeur de plus de 4 millions ; Les cotons qui ont donné 5 148 000 fr, avec 2 574 tonnes, viennent ensuite le blé, les graines oléagineuses, le savon, le poisson salé, la fonte, etc…… Comme article d'exportation, on doit mettre en première ligne l'orge pour 7 612 800 fr., en second rang les tourteaux pour 766 080 fr. et les farines pour 639 450 fr.

Les produits de la pêche atteignent 3 500 715 fr. tant pour la pêche en bateaux que pour la pêche à pied. Les ports où la pêche a été la plus fructueuse, en 1873, sont ceux de Trouville, Villerville, Grandcamp, Port-en-Bessin, Honfleur et Courseulles. Il a été péché à pied, à l'embouchure de l'Orne, pour 182 200 fr. de poisson. La commerce des huîtres qui constituait une des richesses de Courseulles, en l824, où ses parcs contenaient 58 millions d'huîtres, apportées par 335 navires, est tombé, en 1874, à 10 millions d'huîtres, dont 170 400 seulement pêchées dans la mer littorale. Cette décroissance est due à l'appauvrissement des bancs de Cancale et de Granville, à l'établissement du réseau des voies ferrées, qui permet aux autres ports de la Manche et de la Bretagne d'expédier directement leurs produits vers les centres de consommation et enfin à la concurrence d'Arcachon et de Marennes.  

10   OUISTREHAM   -   Torpilleurs dans l'Écluse.   -   LL.

 

23    OUISTREHAM.   -   La Gare.   -   LL.

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