1er Avril 2025

UN SIÈCLE D’HISTOIRE DU CALVADOS

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TROARN

Canton de Troarn

Les habitants de la commune sont des Troarnais, Troarnaises

Juillet 1828   -   Tribunal de Police Correctionnelle.  -  Audience du samedi 28 juillet 1828.   -   Sophie Chemin, dite Marie, domestique, demeurant à Hérouville-Saint-Clair, a été condamnée à 1 an d'emprisonnement et à 16 fr. d'amende, pour avoir porté des coups et fait des blessures aux sieurs Foucher et Herrier.

-        Jacques Legrand, journalier, demeurant à Caen, a été condamné à 3 ans d'emprisonnement , à 16 fr. d'amende et à 5 ans de surveillance, pour avoir volé des planches sur le quai de cette ville. au préjudice du sieur Boissée.

Charles Périé, prévenu de s'être rendu complice de ce vol, a été acquitté.

-       Jean Binet et Marie Hélie, son épouse, demeurant à Troarn, ont été condamnés à 2 ans d'emprisonnement, pour avoir mendié hors du canton de leur résidence, et en usant de menaces contre les personnes qui refusaient de leur donner. (Le Journal de Caen et de la Normandie)

 

Novembre 1828   -   Le juge de Paix.  -   Le canton de Troarn vient de faire une perte vraiment irréparable dans la personne de M. Duhamel, qui était juge de paix de ce canton depuis plus de 25 ans. Sans vouloir établir ici aucune comparaison, nous pouvons dire qu'il était regardé comme l'un des meilleurs juges de paix du ressort de la Cour royale.

On dit que malgré les difficultés de remplacer dignement un tel magistrat, il y a déjà de nombreux concurrents. Comme il arrive presque toujours en pareille circonstance, il en est plus d'un parmi ceux que l'on indique comme aspirants qui démontrent leur incapacité, par cela même qu'ils sollicitent un emploi qu'ils ne s'aperçoivent pas être au-dessus de leurs forces. Au surplus, les magistrats chargés de la présentation des candidats sauront bien distinguer et reconnaître le vrai mérite, et pour remplacer M. Duhamel, ils indiqueront un homme qui puisse donner des garanties par sa position sociale, son indépendance, sa fortune, son mérite personnel, la liberté de ses opinions, la pratique des vertus civiles et religieuses, un homme auquel l'âge ait donné l'expérience des affaires et la connaissance du cœur humain, et qui cependant ait encore assez de vigueur et de santé pour ne pas craindre de se déplacer pour voir par lui-même dans une foule de circonstances où il est presque impossible de bien juger sans voir les lieux.

C'est surtout en ce moment que le choix des juges de paix mérite toute l'attention du gouvernement, s'il est vrai, comme on le dit, qu'il ait le projet de donner plus d'extension à la juridiction de ces magistrats. (Le Journal de Caen et de la Normandie)

 

Décembre 1829   -   Le froid.   -   On parle encore d'événement malheureux survenus depuis le temps rigoureux qui se fait sentir : un ouvrier charpentier, revenant de son travail, et passant sur une planche pour traverser un fossé, près Troarn, est tombé dans ce fossé et a été trouvé le lendemain étouffé dans la neige ; on parle aussi de mendiants trouvés morts de froid sur les routes. Les pauvres éprouvent les besoins les plus pressants, et pour les secourir MM. les membres du Conseil municipal se sont partagé les différents quartiers de la ville, afin de recueillir les dons que chacun ne peut manquer d'offrir avec empressement.

Hier aussi une vente d'ouvrages faits par des dames, et qui a lieu chaque année au profit des indigents, grâce au soins bien faisans de Mme la comtesse de Monlivault, a produit, dit-on, environ 3 000 fr.

Plusieurs personnes, et parmi elles S. Exc. le ministre de l'instruction publique, avaient envoyé leurs offrandes. (Le Journal de Caen et de la Normandie)

 

Septembre 1830    -    une garde nationale dynamique et volontaire.   -   Dimanche dernier, la garde nationale du bourg de Troarn s'est réunie pour procéder à l'élection de ses officiers : M. Desbordes, propriétaire a été nommé capitaine de la compagnie de grenadiers, et M. Bouet, docteur-medecin, capitaine de celle de chasseurs.

Dans les communes voisines les gardes nationales s'organisent également, en sorte que dans la plupart elles se trouveront formées volontairement par le Zele des citoyens à défaut de celui de quelques maires, au moment où la nouvelle loi viendra apporter une sanction pénale aux dispositions relatives à l'organisation et au service. (Le Pilote du Calvados)

 

Octobre 1830    -    La garde nationale de Troarn prête serment au drapeau.   -   Dimanche dernier l'installation du maire de Troarn et la prestation de serment au drapeau par la garde nationale, ont été l'occasion d'une fête vraiment patriotique. Après une messe militaire où assistaient en armes les deux compagnies nationales, un banquet a réuni près de 150 habitants qui, par les toasts portés aux hommes vers lesquels se porte la reconnaissance publique, et les chants qui rallient aujourd'hui tous les bons citoyens, ont prouvé leur attachement à des institutions si longtemps désirées.

Pendant le repas, une collecte a été faite pour les victimes des dernières tentatives du despotisme, et à la fin d'une journée dont un beau soleil avait contribué à augmenter les agréments, la garde nationale a repris les armes et exécuté des feux de peloton avec un ensemble étonnant chez une troupe improvisée.

Des contredanses et des danses rondes ont commencé avec la nuit, et l'archet joyeux de la gaîté a mis jusqu'à une heure avancée, dans une vive et riante agitation, les habitants de Troarn et ceux des communes voisines accourues pour prendre part à la fête. (Le Pilote du Calvados)

 

Février 1831    -    On nous écrit de Troarn.   -   On ne se rappelle pas avoir vu à aucune époque dans notre canton autant de bonne volonté pour le tirage, on eût dit plutôt d'une fête que d'opérations pour le recrutement de l'armée. Non seulement pas un des jeunes gens n'a manqué à l'appel, mais même plusieurs qui auraient pu ne se soumettre que l'an prochain au tirage, ont demandé comme une faveur d'être admis sur les listes de 1330, dirigés par la pensée que des citoyens doivent être toujours prêts quand le pays a besoin de défenseurs.

La garde nationale du bourg, dont la bonne tenue mérite une mention honorable, a fait le jour du tirage le service conjointement avec la garde départementale , et ce n'est pas sans plaisir qu'on a vu la bonne intelligence qui règne entre tous les corps armés pour la même cause. (Le Pilote du Calvados)

 

Février 1831    -    Des températures anormalement élevées pour la saison.   -    Depuis quelques jours, dans notre pays a succédé à un froid assez vif une chaleur inaccoutumée dans une saison aussi peu avancée, pendant les trois derniers jours le thermomètre s'est élevé à 12 degrés, aujourd'hui il est monté à 14.

Il est à craindre que ces variations de l'atmosphère ne soient préjudiciables à la végétation, qui, par suite de ces chaleurs, va prendre des développements d'autant plus considérables que les nuits même conservent une grande partie de la chaleur du jour. (Le Pilote du Calvados)

 

Juin 1831    -    Création d'une compagnie de pompiers.   -   Une compagnie de pompiers, pris parmi les citoyens qui font actuellement partie de la garde nationale, va être organisée pour le service du bourg de Troarn. Le conseil municipal, reconnaissant l'importance de ce corps spécial, qui,  exercé en même temps au service des pompes à incendies et au maniement des armes, peut être doublement utile au pays, a voté une première somme de mille francs pour en commencer l'organisation. (Le Pilote du Calvados)

 

Juin 1831    -    Inondations exceptionnelles dans la vallée d'Auge.   -   Les grosses pluies du commencement de la semaine dernière ont tellement enflé la Dives que les eaux ont débordé dans une grande partie de la vallée d'Auge, et inondé le bas pays comme dans les crues d'eau de l'hiver. Il a fallu retirer des marais les nombreux bestiaux qui les dépouillaient, et d'ici 15 jours, à moins de grandes chaleurs pour raffermir le sol, ils ne pourront y être remis.

Cette circonstance fâcheuse cause un très grand préjudice à la plupart des propriétaires du pays, qui ne pouvant prévoir à cette époque un débordement aussi considérable, n'avaient pas de ressources préparées pour y remédier et ne pas laisser dépérir leurs bêtes d'engrais.

Hier encore les eaux étaient à la hauteur de la chaussée de Troarn à St. Samson, et toute la vallée présentait l'aspect d'un bras de mer. Ce n'est qu'avec beaucoup de peine que l'on a pu préserver de l'inondation les prairies élevées, les chaussées destinées à les en garantir se trouvant en beaucoup d'endroits crevées par les taupes. Il  y a un grand nombre d'années que cet accident n'était survenu en pareille saison. (Le Pilote du Calvados)

 

Septembre 1831    -   Situation problématique.   -   Il y a déjà plus d'un an, nous appelâmes l'attention de MM. des ponts-et-chaussées sur une mauvaise bicoque demi-ruinée qui subsiste à la sortie du bourg de Troarn, sur la route de Pont-l'Évêque, cette masure, qui fait une saillie très sensible sur la route, est d'autant plus gênante et dangereuse même pour la circulation, qu'elle se trouve précisément à un endroit où la route est bordée et coupée de ponts et de fossés profonds. L'état de dégradation dans laquelle cette maison était tombée faisait espérer qu'enfin elle disparaîtrait bientôt et permettrait de dresser la grande route, loin de là, on nous assure que des réparations viennent d'être faites à ce bâtiment.

L'autorité municipale de Troarn devait s'y opposer, puisque ce bâtiment est hors de l'alignement, et nous nous empressons d'en donner avis à M. l'Ingénieur en chef des ponts-et-chaussées, afin que non  seulement il s'oppose aux réparations, mais même qu'il se décide à faire abattre cette maison, qui compromet la sûreté publique. (Le Pilote du Calvados)

 

Juin 1843   -  Nouvelles du département.   -   Les pluies qui depuis six semaines sont tombées presque sans interruption ont, pour la seconde fois depuis le temps qui habituellement se nomme la belle saison, inondé le bas pays de la vallée d'Auge.

Il y a quelques jours encore, la chaussée de Troarn était couverte de vingt centimètres d'eau, et pour passer de ce bourg à Saint-Samson, il fallait des barques comme dans les mauvais jours de l'hiver. En ce moment il y a plus de 60 centimètres d'eau sur les prairies.

A Pont-1'Èvèque, la Touque était également débordée, et la lenteur avec laquelle les eaux s'écoulent prouve que les bassins supérieurs de la Touque et de la Dives ont reçu des quantités considérables de pluie. Dans toute la contrée les petits foins sont fort compromis.

Si le temps, se rétablit, comme les vents passés au nord depuis deux jours le font espérer, les prairies artificielles pourront encore donner ce qu'elles promettaient au commencement de la saison.

Quant aux blés, ils n'ont pas souffert, l'apparence est belle, mais l'époque de la floraison approche, et les pluies, à la fin de ce mois, feraient beaucoup de mal. La floraison des pommiers s'est bien faite. Les pommes seront abondantes cette année, et bien des gens cherchent déjà une consolation dans l'aspect des vergers. Il y a déjà baisse sur le prix des cidres et des eaux-de-vie. Cependant tout demande du soleil. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Août 1831    -   Mme Cingal a été accusée d'avoir injurié l'adjoint au maire de Troarn.   -   La femme Cingal, prévenue d'avoir injurié l'adjoint au maire de Troarn, à l'occasion d'un reproche adressé par ce dernier à son mari, qui était en discussion avec le crieur public pour le paiement d'une petite rétribution, a été condamnée à 5 fr. d'amende.

Le tribunal a usé d'indulgence, les reproches faits à Cingal, et qui avaient irrité sa femme, n'étant nullement fondés. Dans sa défense, la prévenue a fait valoir que son mari, quoique n'ayant en rien manqué à l'adjoint, avait été destitué par l'administration municipale, de son emploi de déchargeur à la halle.

L'adjoint, présent à l'audience, a reconnu la vérité du fait de la destitution, assurant qu'il n'avait point provoqué cette mesure, et reconnaissant d'ailleurs que Cingal ne l'avait nullement insulté.

Le président a fait observer qu'il serait fâcheux que Cingal fut puni sans être coupable, et qu'il est à désirer, dans l'intérêt d'une bonne administration, que l'autorité, qui doit toujours agir avec justice et impartialité, ne fasse jamais rien qui ressemble à un acte de vengeance et qui donne lieu de l'en accuser, comme il est arrivé dans l'affaire actuelle. (Le Pilote du Calvados)

 

Août 1831    -   La moisson bat son plein.   -   La moisson se poursuit activement dans notre pays, on ne se rappelle pas avoir jamais vu les grains de meilleure qualité, ni une année plus fertile. Les pommes seules ont totalement manqué. (Le Pilote du Calvados)

 

Septembre 1831    -   Enquête judiciaire.   -    Avant hier, l'autorité judiciaire s'est transportée de Caen au bourg de Troarn, pour y procéder à l'exhumation et à l'autopsie du cadavre d'un nommé Chapelain, vitrier, mort il y a huit ou dix jours, et que l'on supposait avoir péri par suite de coups qu'il aurait reçus le 4 de ce mois.

L'autopsie a eu lieu, et l'on assure que le procès des gens de l'art, constate que la mort de Chapelain a été occasionnée par des blessures à la tête.

Un jeune homme de Troarn, nommé St-Bonnet, qui eut querelle et lutte avec Chapelain, dans une auberge le jour où ce dernier aurait reçu le coup mortel, a été arrêté et déposé dans la prison de Caen. Chapelain avait, dit-on, reçu plusieurs coups de fléau à la tête, peu de jours avant celui où la dernière querelle s'engagea, on ajoute même qu'il se considérait déjà comme blessé mortellement.

L'instruction qui va se faire éclaircira sans doute ce point. On paraît s'accorder à dire que St-Bonnet est un assez bon sujet, Chapelain passait pour un buveur, et pour un querelleur quand il était échauffé par la boisson. (Le Pilote du Calvados)

 

Juin 1843   -  Nouvelles du département.   -   Dimanche, les processions de nos diverses paroisses ont parcouru la ville par un beau temps et au milieu de l'affluence de la population. Plusieurs reposoirs élégants attiraient l'attention des nombreux curieux qui se portaient en foule dans les rues où ils se trouvaient établis. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Juin 1843   -   Inondations et dégâts.   -   Lundi dernier, l'eau qui n'a cessé de tomber toute la journée et une partie de la nuit, a gonflé extraordinairement les rivières de Vie et de Dives. Lundi soir, Vimoutiers avait, dans ses rues, un torrent de plus d'un mètre de hauteur qui a causé les plus grands ravages.

Mardi on évaluait la perte à environ 200 000 fr. Ces dégâts ne sont rien auprès des pertes éprouvées dans la vallée d'Auge qui a été complètement submergée, et qui n'est encore aujourd'hui qu'un vaste lac. L'orage s'est étendu dans la vallée d'Orbec ; plusieurs bestiaux ont été entraînés, et quelques usines ont eu à souffrir. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Août 1846   -  Litige sur la qualité du foin.   -   Samedi dernier, une affaire se présentait devant Ie juge de paix, du canton de Troarn, concernant une vente de foin. L'acheteur prétendait que le foin vendu était de qualité inférieure, qu'on l'avait trompé, puisque c'était du foin de première qualité qu'il avait entendu acheter. Le vendeur soutenait que ce foin était de qualité supérieure.

Je regrette, dit naïvement l'acquéreur, de ne pas en avoir apporté une botte au tribunal, il aurait jugé par lui-même de la qualité du foin en question.

Cette saillie, comme on le pense bien, fît pouffer de rire tout l'auditoire et l'hilarité gagna jusqu'aux membres mêmes du tribunal. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Décembre 1846   -  Nouvelles locales.   -   Nous avons annoncé il y a quelques jours que le nommé Mauger, de la commune de St-Samson, déserteur de 1832, avait été pris et conduit dans la prison de Caen. Cette arrestation présente des circonstances qui prouvent de plus en plus ce qu'il faut, dans de semblables opérations, de prudence, de calme, de zèle et d'abnégation de la part de la gendarmerie. Au reste, laissons parler un habitant de Troarn.

« Mauger, conscrit de la classe de 1831, déserta de la place de Lille avec armes et bagages, en 1832. Depuis cette époque, il servit constamment de but aux recherches de la gendarmerie de Dozulé, un jour il fut arrêté, et au moment où on le conduisait de brigade en brigade pour rejoindre son régiment, il parvint à se soustraire des mains des gendarmes de l'Engannerie : un d'eux, pour ce fait, fut destitué.

Manger rentra dans le pays dont il était devenu la terreur, armé d'un fusil à deux coups toujours chargé, et on lui avait entendu dire qu'il tirerait sur le premier gendarme qui voudrait l'arrêter. Son habileté à se soustraire aux poursuites et à franchir les rivières et les fossés larges et profonds, l'avait rendu tellement audacieux, qu'il parcourait au grand jour la contrée.

Les choses se passaient ainsi depuis près de 16 ans, cependant plusieurs vols de volailles furent commis dernièrement dans le canton de Troarn. Ces vols éveillèrent les soupçons de l'autorité locale sur des personnes de mauvaise vie qui donnaient asile à ce déserteur dangereux.

La gendarmerie de Troarn se livra à d'actives recherches pour arrêter Mauger, ayant appris qu'il se rendait habituellement de nuit dans un gabion situé dans les herbages du Saint-Pierre-du-Jonquet, appartenant à un sieur Billard, de cette commune, les gendarmes se mirent en devoir, le 30 novembre dernier, à 9 heures du soir, de procéder à son arrestation. Connaissant le danger qu'il y avait à l'arrêter, ils prirent toutes les précautions possibles, et pour cela ils cherchèrent à le cerner dans le marais où il s'était réfugié. Le brigadier et l'un du ses gendarmes contournèrent ce marais par la commune de Janville, tandis que les gendarmes Dequillebec, Thinard et Crochet se rendaient au centre du marais par la chaussée qui va de Troarn à Saint-Pierre-du-Jonquet, ces trois gendarmes étant arrivés les premiers, frappèrent à la porte du gabion où Mauger était enfermé avec un chien qu'il avait l'habitude de laisser en sentinelle au-dehors, pour éviter toute surprise. Mauger répondit en déclarant se nommer Billard, et être le fils du propriétaire du gabion, les gendarmes le sommèrent de sortir et de les suivre chez le maire de Saint-Pierre-du-Jonquet pour constater son identité, Mauger se voyant pris à l'improviste, ne se déconcerta pas, il demanda aux gendarmes le temps de prendre ses bottes restées dans le gabion, ce qui lui fut accordé, puis tâtonnant pour les couler, il profita du moment où il vit un peu d'intervalle entre deux gendarmes pour s'esquiver, il traversa une partie de l'herbage où il se trouvait, et poursuivi par les gendarmes, il arriva au bord d'un fossé d'une longueur de cinq mètres et d'une profondeur de 2 mètres, au milieu duquel il s'élança.

Les gendarmes Dequillebec, Thinard et Crochet ne consultant que leur courage et se dévouant à une mort presque certaine, s'élancèrent aussitôt au milieu de ce fossé. Peu s'en fallut qu'ils n'y perdissent la vie, une lutte s'engagea entre eux et Mauger.

Le gendarme Crochet s'étant retiré le premier avec beaucoup de peine de ce fossé bourbeux et glacé, s'empressa de secourir son camarade Thinard, qui se trouvait en ce moment dans une position dangereuse et qui appelait à son secours d'une voix presque éteinte, le gendarme Thinard, retiré de l'eau, tomba presque sans connaissance sur le bord du fossé. Dès que ce dernier eut repris ses sens, il aida au gendarme Crochet à retirer du fossé le déserteur Mauger, qui y était resté avec le gendarme Déquillebec qui le tenait par les jambes, aussitôt que Mauger fut retiré de l'eau, il engagea une lutte à coups de pieds et à coups de poings avec les trois gendarmes, mais ceux-ci l'ayant renversé lui lièrent les mains et se rendirent ainsi maîtres de sa personne.

Gendarmes et prisonnier avaient près d'une lieue à parcourir pour se rendre à Troarn, ils étaient couverts de vase et l'eau ruisselait de leurs vêtements qui ont été complètement perdus.

Le gendarme Crochet a également perdu son pistolet dans le fossé, pendant qu'il luttait dans la vase et dans l'eau avec le déserteur Mauger. Il faut dire aussi que depuis cette époque, la santé du gendarme Thinard est altérée. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Juillet 1849  -  Nouvelles Locales.   -   Un charpentier nommé Pierre Prime, âgé de 32 ans, né à Saint-Léger (Ille et Vilaine) et demeurant à Jouville, canton de Toarn, vient d'être écroué dans les prisons de Caen sous l'accusation de bigamie. Il s'était marié, il y a quelques années, à Avranches, à une femme dont il a eu trois enfants, et il y a 18 mois à une jeune fille de Canteloup. 

Les parents de celle-ci ont pris trop tard sur le compte de cet homme les renseignements qui les ont conduits à découvrir son premier mariage, et à le déférer à la justice. (source Journal de Honfleur)

 

Juin 1852   -  Nouvelles locales.   -  Par suite des pluies continuelles qui affligent notre pays, depuis quelques jours, les nombreux herbages situés dans la vallée de Dives sont couverts par les eaux, comme dans les mois pluvieux de l'hiver. Les propriétaires et les fermiers, qui concevaient encore, il y a quelques jours, des espérances d'une bonne récolte, fondées sur les belles apparences de ces herbages, ont vu tout a coup leurs espérances déçues : c'est à peine s'ils pourront en retirer une mauvaise litière qui ne vaudra pas les frais qu'on dépensera pour la recueillir.

C'est donc une perte réelle, plus ou moins importante, dont sont frappés, cette année, un grand nombre de propriétaires et fermiers de la vallée de la Dives. Ceux qui, parmi ces derniers, faisaient dépouiller leurs herbages par des bestiaux ont été dans la nécessité de les retirer du pâturage. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Juin 1852   -  Nouvelles locales.   -  Troarn. Il y a environ huit ou dix jours, une rixe sanglante a eu lieu, dans les marais de Troarn, entre le sieur Fouques aîné, charpentier à Troarn, et le sieur Lebatard, gardien d'herbages, demeurant à Saint-Sanson.

Le sieur Fouques, que l'on désigne comme ayant été l'agresseur, profitant de l'état d'ivresse dans lequel se trouvait son adversaire, lui porta dans la partie supérieure du visage de violents coups de règle et lui fit répandre une grande quantité de sang.

M. Lebatard fut relevé sans connaissance, dans un état pitoyable, et porté chez lui. On appela immédiatement un médecin pour lui donner des secours. Son état, qui paraissait inquiétant, s'est un peu amélioré depuis trois ou quatre jours. Des poursuites vont, dit-on. s'engager devant la police correctionnelle au sujet de cette voie de fait. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Septembre 1855   -   Nouvelles divers.  -   Samedi dernier, à la halle de Troarn, M. le commissaire cantonal à confisqué six hectolitres de blé qui avaient été mis en vente par un cultivateur de la commune de Sallenelles, et contenant chacun une augmentation de mesure qui leur donnait un poids de 169 kilogrammes. Le blé est resté, déposé provisoirement à la mairie. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Novembre 1855   -   Une fraude.  -  Samedi, 17 courant, une femme qui est restée inconnue et qui a échappé aux recherches de la police, a vendu au marché de Troarn, un pain de beurre du poids de 7 kilogr. et demi, dans l'intérieur duquel elle avait mis 5 kilogr. de bouillie.

Cette femme avait déjà vendu précédemment un pain semblable à l'hospice de Troarn.

L'acquéreur du beurre avait eu le bonheur, avant de payer son achat, de constater sa nature, et c'est sur la prière de sa venderesse qu'il a consenti à garder le silence sur cette fraude inqualifiable. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Août 1856   -   Cour d’Assises du Calvados.  -  Présidence de Monsieur Adeline, conseiller. Audience du 7 Août.

Le sieur Desbordes, propriétaire à Troarn, s’aperçut au mois d’avril dernier, qu’on lui avait soustrait 600 fr. en or qu’il avait déposés, quelques jours auparavant, dans le tiroir d’une table. Il porta immédiatement ses soupçons sur sa servante, la fille Fromage (Charlotte-Françoise, dite Aglaé), âgée de 45 ans.

Celle-ci nia d'abord résolument, mais craignant l'intervention de la gendarmerie, elle se décida à avouer son crime et restitua les 600 fr. volés, qu’elle avait eu soin de cacher au fond d’une armoire, dans une boite où elle renfermait son argent.

Elle fut renvoyée, et. au moment de son départ, on retrouva dans son linge deux chemises de femmes qu’elle avait également soustraites au préjudice du sieur Desbordes. Dans ses interrogatoires. la fille Fromage a prétendu qu’elle n’avait pas eu l’intention de s’approprier l’or trouvé en sa possession et qu’elle l’a rendu à la première réclamation de son maître. Quant aux deux chemises de femme découvertes dans ses paquets, elle a soutenu qu’elle les avait prises seulement pour s’en servir.

Malgré ses explications, elle a été condamnée à sept ans de réclusion. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Juillet 1857   -  Un accident.   -  Le journal « Le Moniteur du Calvados » rapporte un accident arrivé à Troarn, et qu'il ne nous parait pas inopportun de reproduire dans nos colonnes :

Jeudi dernier, la demoiselle L……, demeurant à Troarn, âgée de 48 ans environ, alla, le matin, dans son jardin, avec un morceau de pain à la main, manger des groseilles à grappes, connues vulgairement sous le nom de gades, gadelles.

Quelques temps après, elle fut prise de crampes d'estomac, de nausées et d’inflammation des intestins, son état devint si grave que l’on fut dans la nécessité d’appeler le docteur Pavard. Pendant quelques instants, l’état de la demoiselle L……, donna les plus vives inquiétudes, ses parents avaient déjà perdu tout espoir de la sauver, mais, grâce aux soins éclairés du docteur Pavard, le mal cessa sous I’empire d’un traitement énergique, et, dès le soir, la demoiselle L……, était hors de danger, bien que les vomissements n’eussent pas entièrement; cessé.

Il est très prudent de ne point manger de fruits sans les laver, car une foule d’insectes, plus ou moins venimeux déposent des larves, des œufs ou des excréments imperceptibles à l’œil, mais dont l’effet peut être très dangereux. L’accident que nous venons de citer en est la preuve. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Janvier 1860   -   Les inondations dans le Calvados.   -   La vallée de la Dives est, en ce moment, envahie par la Crétine, les eaux sont très hautes et couvrent la route de Rouen entre Troarn et Saint-Samson, on ne peut passer d'un endroit à l'autre qu’au moyen d’une écaude. La chaussée allant de Troarn à Saint-Pierre-du-jonquet et qui longe la Muance, est disparue sous l'eau. Toutes les rivières sont débordées et la riche et belle vallée de la Dives ressemble à un vaste lac.
Voici en quelques termes le Noireau rend conpte de l'inondation de Condé :
Un débordement quasi semblable à celui de 1852, s'est produit vendredi matin vers deux heures, dans les quartiers de la ville voisin de la rivière. On ne connaît pas encore le chiffre exact des dégâts.
L'inondation produite par la Durance a été, contrairement en 1852, inférieure de celle du Noireau. L'eau a atteint dans quelque rez-de-chaussée de la rue des Prés une hauteur de 25 centimètres environ, et n'est pas allé au-delà ; le pont de la rue de la Poissonnerie etait presque bouché et les prairies étaient entièrement submergées. On n'a que de légères pertes à déplorer dans cette partie de la ville.
Quant au Noireau, il a fait de plus grands ravages, tous les jardins du côté Est de la rue St-Martin et même quelques maisons ont été envahis par les eaux, qui ont atteint en
certains endroits prés d'un mètre de hauteur, la rue de La Roque etait entièrement envahie, et les maisons qui avoisinent le pont ont été inondées à une hauteur de près d'un mètre quarante centimètres : la rue du Vieux-Château etait aussi submergée, mais l’eau n'y a atteint qu'une faible hauteur.
Plusieurs murs et pans de maisons se sont écroulés dans les rues St-Martin et de la Roque. On n’a heureusement à déplorer que des pertes matérielles, et personne n'a été victime de cet invisible et violente invasion.
La crue des eaux s'est fait sentir jusqu'à 8 heures 1/2 environ, moment où elles se sont retirées. Les rues n'ont cependant pas été complètement dégagées que dans la soirée.
On ne saurait trop louer dans cette circonstance la sollicitude de l'administration supérieure et le zèle apporté à secourir les inondés.
Sur la route de Condé à Athis et à Flers, les dégâts occasionnés par l'inondation sont tellement grands, qu'il est impossible d'y croire si on ne les a pas vus. La route qui longe les bois dits de « Montaigu », a été littéralement décaissée, il s'y est même produit des excavations de plus d'un mètre de hauteur. L'eau à charrié des blocs énormes de
pierres qui empêchent presque, en certains endroits, la circulation. C'était un véritable torrent dévastateur, et le coup d'œil est navrant.
La maison appartenant à M. Michel Trolley, fabricant à Condé et occupée par la dame Le Choix, aubergiste, s'est écroulée le 31 vers dix heures du matin. Une jeune fille âgée de dix-neuf ans, la nommée Louise Le Choix, a été ensevelie sous les décombres.
Préservée heureusement par les meubles, elle a pu être retirée sans autre blessure qu’une large cicatrice au front. La violence des eaux était telle, qu’on n'a pu rien sauver de mobilier, tout a été emporté.
La dame Le Choix, veuve depuis trois mois, se trouve, par suite de ce sinistre, réduite à la plus profonde misère.
A Falaise, dans la soirée du 29 décembre, l'eau est tombée en si grande abondance que plusieurs quartiers de cette ville ont été inondés, c'était un véritable déluge.
Le Grand-Cours était entièrement couvert par l'eau. De plus, dans la rue des Boulangers, et à la Porte-de-Guibray, l'eau a envahi les caves et le rez-de-chaussée des habitations et causé de grands dommages au mobilier.
Les dégâts ont été plus sérieux encore dans d’autres endroits. Au faubourg de la Roche, l'eau a dépassé les lavoirs et s'est élevée d'un mètre trente
centimètres au-dessus du sol, entraînant avec elle une certaine quantité de linges déposés là pour être blanchi.
Au Moulin-Bigot, les vannes de ce moulin ont été brisées et plusieurs sacs de farine entièrement submergés dans l'intérieur de l'usine, où l’eau avait pénétré.
Au Moulin-Hélie, des murs de clôture ont été renversés, et dans divers autres endroits des digues entraînées le long des bords de l'Ante, ou des biefs d'usine.
Dans les moulins qui se trouvent en aval de Saint-Laurent, il y a eu des farines compromises par les eaux
On n'a pas encore le détail exact de toutes les pertes éprouvées par les habitants. ( L’Echo Bayeusain )

 

Mai 1860   -   Un accident de la route   -   Samedi, une voiture conduite par la dame Bunel, marchande, demeurant à Ifs, à renversé et blessé peu grièvement, à Troarn, un enfant de 22 mois, que les parents imprudents avaient laissé sortir de leur maison pour jouer sur la route.

Cet accident ne peut être attribué à l'inattention de la dame Bunel, mais à l'enfant seulement. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1860   -   Un incendie.   -   Lundi dernier, un violent feu de cheminée à éclaté, vers onze heures et demie du matin, à Troarn, au domicile de M. Riom, propriétaire.

A la première alarme, le sieur Lalonde, couvreur et pompier, que l'on trouve toujours le premier à porter des secours en semblable circonstance, aidé de son fils, monta sur le toit, et, après un travail intelligent, il se rendit maître du feu avant qu'il eût causé aucun dégât.  ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1860   -   Inondation de la vallée de la Dives.   -   A la suite des pluies abondantes et continuelles qui sont tombées dans notre pays, une inondation considérable s'est produite dans la riche vallée de la Dives et l'a submergée dans toute son étendue, depuis Dives jusqu'à Corbon, c'est-à-dire dans une longueur de plus de cinq myriamètres. Tous les herbages, indistinctement sont ensevelis sous les eaux. On n'avait pas vu une semblable crétine, à l'époque où nous sommes depuis un long espace de temps.

Tous les cours d'eau qui coulent dans la vallée ont franchi leurs digues et se sont répandus dans les herbages voisins, on a constaté que les digues avaient été emportées par la crétine en plusieurs endroits. La belle vallée de la Dives, dont l'aspect présentait encore, il y a peu de jours un aspect tout à fait enchanteur, n'est plus qu'un immense lac d'eau bourbeuse. La route de Caen à Rouen, entre Troarn et Saint-Samson, est couverte par l'eau comme au mois de décembre dernier, lors de la crétine qui survint à la suite du dégel.

La vaste plaine marécageuse,  connue vulgairement sous le nom de Domaine, qui appartenait, avant la révolution de 89, à M. le duc d'Orléans, et qui est bordée par les communes de Saint-Samson et Saint-Pierre-du-Jonquet, Le Ham, Goustranville et Putot,  n'offre plus à l’œil qu'une immense nappe d'eau. Tous les herbages que l'on destinait à être fauchés, dans la vaste étendue de la belle vallée de la Dives, sont tellement couverts d'eau que l'on a peine à découvrir quelques vestiges d'herbe.

La situation exceptionnelle de la vallée de la Dives et la nature particulière du terrain dont elle est composée, rejettent toute espèce de travaux de dessèchement, elle ne prospère que par l'humidité naturelle du sol, ôtez lui cet élément indispensable à sa prospérité, elle se desséchera et ne produira plus rien, les rongeurs la ravageront complètement, et les bestiaux  qu'on y met au pâturage nous trouverons plus qu'une nourriture insuffisante, ces faits se produisent dans la vallée toutes les fois qu'une inondation ne l'a pas couverte pendant l'hiver.

La crétine que nous signalons est hors de saison, c'est un mal inévitable qu'il faut avoir la résignation de supporter, parce qu'aucun moyen ne peut être assez efficacement employé pour l'empêcher ou pour l'éviter, néanmoins, si le temps se fixait au beau et que les propriétaires et les fermiers de la vallée en profitassent pour couper leurs herbes telles quelles, en temps opportun, le regain qui croîtrait à l’arrière saison, s'il était favorisé par un temps convenable, les dédommagerait encore considérablement de leur perte actuelle, tant la fécondité de la vallée est grande et toute puissante après les inondations. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1860   -   Les suites de la crétine.   -   Sous l'heureuse influence des quelques jours de beau temps qui ont succédé aux pluies continuelles du mois de juin, l'inondation de la vallée de la Dives a complètement disparu. Il ne faut pas croire cependant, que l'eau s'est entièrement retirée des herbages, elle croupit dans l'herbe, mais, enfin, elle n'est plus apparente aux yeux.

Les dégâts causés par la crétine ne seront pas aussi considérables qu'on l'avait craint tout d'abord. Les herbes destinées au fauchage se sont relevées et reprennent un aspect satisfaisant. Il est certain qu'elles n'auront pas la qualité qu'elles eussent acquise sans cette inondation exceptionnelle, mais, du moins, elles pourront servir à la nourriture des bêtes à cornes. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1860   -   Un sauvetage.   -   Le vendredi 29 juin, la petite fille du sieur Arsène Lebrun, tuilier, à Troarn, âgée d'environ douze ans, était allée laver du linge à un grand fossé de vide, nommé le « Hallebatet ». Dans un moment où elle était penchée vers l'eau pour savonner son linge, les mains lui glissèrent, et elle tomba à l'eau, qui est très profonde à cet endroit.

Elle eût infailliblement péri, sans le secours du sieur Victor Leroy, propriétaire à Basseneville, hameau de Saint-Richer, et qui, passant sur la route, aperçut l'enfant qui se débattait dans l'eau. Le sieur Leroy s'empressa d'aller à son secours, et eut de bonheur de la retirer saine et sauve de cette position dangereuse. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1860   -   Encore un sauvetage.   -   Mardi dernier, dans la soirée, la petite fille du sieur Lemarinier, boucher à Troarn, enfant âgé de trois ans, était chez la demoiselle Roger, marchande de blancs et lingère, demeurant au même lieu. L'espiègle enfant, qui avait probablement fait attention à une fontaine située dans la maison et à laquelle on venait de puiser de l'eau, trouva le moyen, sans être aperçue, de tirer le couvercle qui en couvrait l'orifice, et, par une circonstance malheureuse, elle tomba dedans.

Aux cris que poussa la demoiselle Roger, le sieur Lemarinier accourut au secours de son enfant. Il descendit précipitamment dans la fontaine, et fut assez heureux de la saisir et de la soutenir entre ses jambes, mais, comme la fontaine est très étroite et que le sieur Lemarinier est d'une forte corpulence, ce pauvre père, qui avait des craintes pour son enfant, se trouva dans l'impossibilité de se retirer de la fontaine, plusieurs personnes vinrent à son secours. Par un bonheur providentiel, l'enfant n'a eu aucun mal. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1860   -   Un feu de cheminée.   -   Un feu de cheminée, qui a causé de sérieuses inquiétudes, a eu lieu samedi midi, chez le sieur Giret, aubergiste à Troarn. Les pompiers de la localité sont parvenus à l'éteindre et ont rendu la tranquillité aux habitants.

La perte est de 150 fr. environ. Le mobilier était assuré à la Compagnie du Soleil. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1860   -   Un arrêt préfectoral.   -   Par l'arrêt préfectoral, rendu dernièrement, M. Alexandre Julien, propriétaire à Troarn, a été nommé provisoirement maire de ce bourg, en remplacement M. Paris, démissionnaire. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1860   -   Une question d’eau.   -   Depuis longtemps, le bourg de Troarn possédait, devant la mairie, une pompe à eau, qui avait été achetée d'occasion et qui ne fonctionnait qu’à de courts intervalles, à cause de la vétusté et du mauvais état de son mécanisme, de sorte que les habitants étaient privés d'eau pour les besoins de leurs ménages et se trouvaient dans la nécessité d'avoir recours à des voisins obligeants pour puiser de l’eau à leurs puits ou à leurs fontaines.

Cet état de choses, tout à fait désagréable ayant été pris en considération par l'administration municipale, celle-ci s'est empressée de conclure, le 5 mai dernier, un marché avec un entrepreneur de Caen, M. Lecouvreur, pour la fourniture et le placement d'une nouvelle pompe, et dont le devis dressé, au mois de février dernier, par M. Pinson, ingénieur civil à Caen, s'élève à la somme de 1 000 francs.

La pompe dont il s'agit vient d'être passée, à la grande satisfaction des habitants. Une garantie de dix ans est accordée par l'entrepreneur, qui s'est obligé de fournir une pompe neuve, ainsi que tous ses accessoires.

Ce bien fait, qui est dû aux soins et à la persévérance de M. Paris, maire de Troarn, va, nous l'espérons, produire d'heureux résultats, et procurer à de nombreux ménages une eau limpide et salubre, dont ils ont été privés si longtemps. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1860   -  On nous écrit de Troarn.   -   Les fermiers et les propriétaires de la vallée de la Dives avaient, sous l'influence du beau temps dont on a joui dernièrement, commencé la récolte des foins de la vallée, et quelques-uns étaient assez contents de la qualité de leurs produits, mais, au moment où les travaux allaient se développer sur une grande échelle, l'eau est malheureusement revenue avec abondance et persistance, et a de nouveau envahi la vallée et fait abandonner tous les travaux commencés.

Les foins coupés, que l'on n'a pu enlever, sont aujourd'hui ensevelis sous l'eau ou entraînés par elle, de sorte que tout espoir est maintenant perdu de rien recueillir dans la vallée, qui est convertie en lac. Ce fâcheux contre temps porte un grand préjudice aux propriétaires et aux fermiers, attendu qu'ils seront privés, l'hiver prochain, de nourriture et de litière pour leurs bestiaux.

D'un autre côté, l'ouragan qui s'est fait sentir avec impétuosité, dans la nuit du 24 au 25 septembre, a non seulement fait tomber des arbres une très grande quantité de fruits non parvenus à maturité, mais encore il a causé un préjudice considérable dans les jardins et dans les champs, soit en cassant les branches chargées de fruits, soit en déracinant des arbres de différentes espèces. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1860   -  Un incendie.   -   Samedi dernier, vers 5 heures 1/2 du soir, un feu de cheminée très intense a éclaté, à Troarn, au domicile de M. Riom, propriétaire. L'alarme ayant été donnée, quelques pompiers, sous les ordres du sergent Desloges, se transportèrent, avec leur pompe, pour donner des secours.

Après une heure de travail, le feu fut entièrement éteint. C'est la deuxième fois qu'il prend cette année au même lieu.

Le sieur Lalonde, couvreur et pompier, est monté sur toit, avec deux autres pompiers, pour diriger la lance de la pompe. Ce brave citoyen, que l'on rencontre toujours le premier partout où le feu éclate, et dont le dévouement et l'intrépidité sont connus, est une providence pour le bourg de Troarn, et jamais on n'a réclamé son secours en vain. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1860   -  On nous écrit de Troarn.   -   La foire Saint-Martin, qui s'est tenue à Troarn, samedi dernier, a été contrariée par une pluie continuelle, qui a duré toute la journée. Malgré cet état inconstant de l'atmosphère, une foule considérable de marchands étaient venus dans l'espoir de réaliser quelques affaires ; mais beaucoup d'entre eux n'ont pas même exhibé leurs marchandises, et d'autres, faute d'emplacement, n'ont pu trouver à se placer, car cette foire s'est tenue, comme les années précédentes, dans l'enceinte étroite et insuffisante du marché.

Une foule de spectacles forains s'étaient donné rendez-vous ; mais pas un n'a pu avoir le terrain indispensable pour s'établir, de sorte qu'ils ont passé la journée à Troarn sans gagner un centime.

On peut se faire une idée, en voyant le nombre de marchands qui se rendent à Troarn, de l'importance que cette foire prendrait si on la tenait dans une pièce voisine du bourg. Il n'en manque pas dont la position et l'étendue offrent toutes les conditions voulues pour l'y établir ; mais on reste indifférent à ce sujet, et cela par esprit de routine et pour ne pas froisser les intérêts des divers marchands et débitants du bourg, comme si la tenue de cette foire dans un champ voisin de la commune pouvait préjudicier à leurs intérêts.

En 1858, on fut sur le point de faire tenir la foire Saint- Martin dans une pièce située à l'entrés du bourg ; une délibération du Conseil municipal avait autorisé le maire à s'entendre avec le propriétaire à ce sujet, et l'on avait voté une somme suffisante, à titre d'indemnité, pour le propriétaire.

La mort de celui-ci suspendit toute espèce de démarches, de sorte que l'on est resté, depuis, dans le statu quo, et que l'on ne s'est pas adressé à l'héritier pour obtenir son assentiment à ce que la foire fût établie dans la pièce en question.

il est regrettable que l'on ne fasse aucun effort pour améliorer la position commerciale de la localité, en donnant à ce marché l'importance qui lui manque, faute d'un emplacement suffisant, et qu'il est si facile de se procurer. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1861   -   Notre correspondant de Troarn nous adresse ce qui suit.   -   La commission administrative des marais de Troarn a fait exécuter, depuis le mois de janvier dernier, des travaux importants de réparation et de consolidation à la digue du marais dit du Contre-Cœur, le long de la rivière la Dives. Ces travaux, qui coûteront environ 1 500 f., étaient d'une indispensable nécessité, ils étaient désirés ardemment par tous les propriétaires du marais. Ils ont pour but de prévenir le débordement de la Dives dans les propriétés qui l'avoisinent, non seulement pendant les hivers humides, mais encore dans les crétines spontanées qui se produisent dans la vallée pendant les pluies prolongées qui ont lieu à d'autres époques, et qui occasionnent un préjudice notable aux intéressés.

Ces travaux, quoique d'une incontestable utilité, ne suffisent pas pour mettre à l’abri des inondations les nombreux herbages du bassin de a Muance, ils les préservent seulement du débordement de la Dives. La cause que produit uniquement les inondations prévient particulièrement de l'abondance des vases et des détritus qui encombrent les divers cours d'eau de la vallée, et qui empêchent le libre écoulement de l’eau. Plusieurs de ces rivières et cours d'eau, et notamment la Muance, ressemblent à des prairies. Les vases dont cette rivière est remplie sont aujourd'hui au niveau des propriétés riveraines, et l'herbe y croit abondamment comme dans les prairies. Il n'est pas étonnant, d'après cela, qu'à la suite d'une pluie persistante de plusieurs jours, la crétine se produise inopinément dans les herbages du bassin de la Muance.

Cet inconvénient disparaîtrait tout à fait au moyen d'un curage intelligent des cours d'eau qui existent dans le bassin. Ledit curage devrait être fait, pour produire un avantage assuré, à vieux bords et à vieux fonds, et être renouvelé chaque fois que les besoins l'exigeraient.

Ce travail suffirait pour prévenir la fréquence des crétines, et donnerait un dessèchement convenable aux herbages qui, pour prospérer et donner une abondante récolte, doivent toujours être dans un état de fraîcheur continuelle, à cause de la nature spongieuse du sol. ( L’Ordre et la Liberté) 

 

Mai 1861   -   On nous écrit de Troarn, 22 mai.   -    La pluie bienfaisante qui est tombée, il y a huit jours, après quelques semaines d'un temps sec et aride, a produit une heureuse transformation dans les champs et les prairies.

Cette pluie, qui ne venait pas à la suite d'orage, tombait d'une manière si satisfaisante que la terre s'en humectait peu à peu et l'absorbait comme une éponge. Chacun se félicitait de cet heureux changement de l'atmosphère, car l'on avait un intérêt plus ou moins grand, plus ou moins direct aux résultats importants qu'il devait produire. Aussi, quelque jours après la pluie, la campagne avait changé d'aspect et pris une végétation plus accentuée, plus vigoureuse, et qui progressera rapidement sous l'influence d'une chaleur modérée et vivifiante.

Les récoltes sont dans un état qui fait concevoir de belles espérances, néanmoins, plusieurs espèces de produits, comme le colza, le sainfoin, ne répondront pas, nous le craignons, aux désirs du cultivateur. Le colza ne présente pas cette vigueur, cette luxuriante végétation qui lui est ordinaire, il est, cette année, chétif et fluet. La floraison en est cependant satisfaisante, et, si la formation des siliques se fait dans de bonnes conditions, il pourra encore indemniser partiellement le cultivateur de ses soins et de ses débours.

Les sainfoins sont très clairs et fleurissent à raz de terre, quant aux pagnolées et autres fourrages, ils sont d'une belle venue et promettent une abondante récolte.

Les blés se développent et tallent à la satisfaction du fermier. La dernière pluie a produit un changement inappréciable dans l'état de cette céréale. Les avoines poussent vigoureusement et donnent les plus belles espérances. Les orges, qui avaient de la peine à sortir de terre, sont, aujourd'hui, dans un état de croissance qui fait plaisir à voir. Il est vrai que l'on rencontre des exceptions à ce tableau de nos récoltes, mais elles sont peu nombreuses et peuvent encore s'améliorer sous l'influence d'une belle température.

Sous les effets bienfaisants de la pluie, les prairies ont pris une vigueur qui a remis l'espoir au cœur de l'herbager. Avant la pluie, l'herbe ne poussait pas, les bestiaux au pacage ne trouvaient pas une nourriture abondante, mais, depuis, l'aspect des prairies naturelles s'est beaucoup amélioré, et commence à réaliser les espérances du fermier.

Les arbres à fruits, qui couvrent nos champs et nos prairies, sont dans un état de prospérité qui ne laisse rien à désirer, leurs branches sont littéralement chargées de fleurs, la floraison se fait et se passe dans les conditions les plus heureuses, et les fruits nouent et se développent bien sur les arbres qui ont passé la floraison. L'on peut donc compter sur une abondante récolte de fruits cette année.

En somme, tout tend à s'améliorer et à rentrer dans les conditions normales. Espérons que cet état continuera et que, la chaleur aidant, le cultivateur aura lieu d'être satisfait de ses produits, tant sous le rapport de l'abondance que sous celui de la qualité. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Juin 1861   -   Une chute de cheval.   -    On nous informe de Troarn que, le 27 mai dernier, M. le capitaine de gendarmerie commandant l'arrondissement de Caen, au moment de quitter le bourg, a fait une chute de cheval heureusement sans gravité. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Juin 1861   -   On nous écrit de Troarn.   -    Le lundi 27 mai dernier, M. le préfet du Calvados, continuant sa tournée de révision, s'est rendu à Troarn pour présider cette opération, qui était fixée à 10 heures du matin.

Le bourg de Troarn, ne voulant pas rester en arrière des autres chefs-lieux de canton, avait pris ses dispositions pour recevoir dignement le premier magistrat du département. La compagnie de sapeurs-pompiers de la localité et la musique municipale, convoquées à cette occasion, s'étaient rendues ponctuellement à l'appel ; les pompiers étaient en tenue et en armes. Tous les fonctionnaires publics et le Conseil municipal sont allés, accompagnés des sapeurs-pompiers et des musiciens, recevoir officiellement M. le préfet à l'entrée de bourg.

Le bourg de Troarn est privé de maire depuis bientôt un an, et il ne possède pas d'adjoint depuis 1857.

M. le préfet a donc été reçu par l'un des plus anciens conseillers municipaux, auquel on a délégué provisoirement les fonctions de maire jusqu'à ce qu'il y en ait un de nommé officiellement. M. le préfet, avant les opérations de la révision, est allé visiter l'église, l'hospice et la caserne de gendarmerie. Après Ia révision, il s'est rendu à la maison d'école, accompagné de M. Desloges, propriétaire à Janville et membre du Conseil d'arrondissement pour le canton de Troarn. A l'occasion de cette visite, M. le préfet a accordé aux élèves un jour de congé.

M. Le Provost de Launay a paru satisfait de la réception qui lui a été faite, et a exprimé ses bonnes intentions à faire réaliser les améliorations qu'on lui a signalées. De leur côté, les habitants de Troarn et ceux du canton, présents à la réception de M. le préfet, ont été charmés de ses dispositions bienveillantes et de son aménité, de sorte qu'il a laissé dans l'esprit de tout le monde les plus douces impressions. M. le préfet a quitté Troarn pour se rendre à Dozulé.

Voici le résultat des opérations de la révision : Les jeunes gens qui ont participé au tirage sont au nombre de 110. Le contingent à fournir pour le canton de Troarn est de 35, on s'est arrêté au numéro 64. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Juin 1861   -   Un accident.   -    Le lundi 27 mai dernier, dans l'après-midi, un accident qui, heureusement, n'a pas eu de suites graves, est arrivé à Troarn à M. le capitaine de gendarmerie, au moment de quitter ce bourg, où il était venu pour les opérations de la révision, pour retourner à Caen.

Cet honorable officier allait sortir du bourg, lorsque la détonation d'une arme à feu se faisant entendre subitement fit prendre l'épouvante à son cheval et lui fit faire un écart si subit et si violent que le capitaine fut désarçonné et précipité à terre, la face dans la poussière.

Par un heureux hasard, il se releva sans blessure; seulement, il avait la figure ensanglantée par l'effet de la chute.

Le capitaine rentra à Troarn, ensuite, il put effectuer, sans autre accident, son retour à Caen. ( Le Moniteur du Calvados )

 

Juillet 1861   -   Un orage.   -    Vendredi dernier, entre cinq et six heures du soir, un nuage orageux, venant du sud-ouest et se dirigeant au nord-est, est venu fondre sur Troarn et y a versé, pendant une minute ou deux, une grande quantité de grêlons de la grosseur d'une petite noisette, ils tombaient en si grande abondance qu'en peu d'instants la terre en fut couverte.

Cette grêle, qui se précipitait avec violence, ressemblait à de petits morceaux de glace, tant elle était dure et compacte. Plus de deux heures après sa chute, on en voyait encore en beaucoup d'endroits. Elle a causé des dégâts dans les jardins, aux légumes et aux arbres.

Dieu veuille que la campagne n'ai point eu à souffrir de cet orage, qui était accompagné de coups de tonnerre ! ( L’Ordre et la Liberté )

 

Juillet 1861   -   La comète.   -    A mesure que la comète, espèce de fusée stellaire, s'avance dans sa trajectoire hélicoïde pour s'en aller se perdre dans l'infini de l'espace, sa queue change de direction. C'est ainsi que, dans les premiers jours de son apparition, cette queue s'en allait de nord-nord-ouest à sud-sud-est. Aujourd'hui, elle a pris la direction du Sud, comme si, en tournant sur sa trajectoire, elle devait toujours avoir la tête du noyau tournée vers le soleil. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Août 1861   -   AVIS.   -   Dans l'intérêt de l'agriculture, de la salubrité publique et de la conservation des chemins, l'administration doit réprimer un abus qui consiste à laisser écouler sur la voie publique les purins provenant des fumiers, au lieu de conserver ces matières fertilisantes, qui améliorent notablement les engrais de ferme.

MM. les maires sont donc engagés à prendre, en vertu des lois des 16-24 août 1790, 19-22 juillet 1791 et 18 juillet 1837, des arrêtés portant interdiction de cet abus, et à les faire exécuter après les avoir soumis à l'approbation préfectorale et publiés en la forme ordinaire. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Août 1861   -   La moisson.   -   Depuis quelques jours on a commencé à couper le blé dans le canton de Troarn. Beaucoup d'avoines d’hiver sont aussi coupées. L'usage des moyens se répand chaque année dans le canton ; presque tous les seigles ont été soumis à cette opération, que l'on pratique aussi pour l'avoine d'hiver, qui, d'ordinaire, est très longue.

On remarque, avec plaisir, la belle venue des avoines, des orges et des sarrasins. Ces produits sont généralement d'une beauté magnifique et croissent, pour ainsi dire, à profusion ; il n'est pas rare d'en voir dont la hauteur dépasse celle du blé. Il faut dire aussi que le temps a été extrêmement favorable au développement de ces céréales.

Les arbres, dans les champs, sont assez bien garnis de fruits ; on peut espérer, a cet égard, une récolte satisfaisante. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Août 1861   -   Un  accident de la route.   -   Le dimanche 11 de ce mois, après la grand'messe, plusieurs personnes montèrent dans une charrette pour retourner chez elles aux fabriques de tuiles, situées au bas de la côte de Troarn, près Sannerville.

Le conducteur de la voiture eut la malheureuse idée de faire aller son cheval à une allure très vive, et de descendre ainsi la côte de la Tuilerie. Étant arrivé, sans accident, au bas de cette côte, à un endroit où il devait quitter la route pour prendre le chemin allant aux fabriques de tuiles, il tourna si brusquement son cheval que la voiture versa dans l'un des fossés du chemin.

Par un bonheur providentiel, il n'y eut personne de blessé. Seulement, une femme eut quelques excoriations à la figure, et d'autres en furent quittes pour quelques douleurs. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Août 1861   -   Notre correspondant de Troarn nous adresse l'article suivant sur la vallée de la Dives.   -   Depuis quelques jours, on travaille avec ardeur à récolter les foins de la belle vallée de la Dives. Les travailleurs sont disséminés en ateliers nombreux dans cette veste plaine, et l'on voit comme par enchantement les meules s'élever dans les herbages. Le ciel favorise ces travaux champêtres, et tout fait espérer que les foins seront recueillis cette année à la satisfaction des intéressés.

On avait craint au moment que les produits des herbages ne fussent encore compromis à cause des pluies du mois de juillet, qui avaient gonflé les cours d'eau, et dont plusieurs avaient débordé dans les herbages voisins qu'ils avaient entièrement submergés pendant huit jours, alors que quelques-uns étaient déjà fauchés, mais l'eau s'est retirée promptement sous l'influence des chauds rayons solaires et a disparu complètement, de sorte qu'aujourd’hui la récolte se fait dans les conditions les plus favorables.

Il n'est pas hors de propos de donner un aperçu historique sur cette riche vallée, à laquelle tant d'intérêts se rattachent, et qui est d'une importance inappréciable pour l'alimentation du bétail.

Une notable partie de la vallée de la Dives appartenait primitivement à la baronnie de Troarn, dont était maître et seigneur le comte Roger de Montgommery. La baronnie de Troarn relevait du roi et était le chef-lieu des paroisses de Bures, Saint-Paër (Saint-Pair), Janville, Touffréville, Sannerville, Emiéville, Lirose, Démouville, Franqueville, Beneauville, Vimont, Robehomme (appelé dans les anciens titres Reimbeshomme), Ranville, Herouvillette, Sainte-Honorine, Saint-Samson, Barneville (Basseneville), etc…

Le comte Roger de Montgommery, qui était fondateur de l'abbaye de Troarn, la dota, en 1140, du consentement et avec l'approbation de Guillaume, duc de Normandie, roi d'Angleterre, du lieu de Troarn en entier, de l'aleu de Bures avec toutes ses dépendances, coutumes et revenus, tant en terre qu'en eau, prés, moulins, pêche, bois, vignes ou bruyères, les hommes, les églises, les dixmes, toutes les coutumes ou redevances de marais, les herbages de tout le voisinage et toute l'écluse de Troarn de terre en terre.

Les marais de Troarn compris dans cette donation sont ainsi qualifies dans le titre primitif : « Les marais de Troarn de terre en terre, avec la rivière de Dives en tous ses cours, depuis le pont Avessin, près Cléville, jusqu'à la route au Fare, près et au-dessous de Saint-Clair, que ès villes de Bures, Saint-Paër (Saint-Pair), etc… » Comme on le voit par cette dénomination, les religieux de Troarn étaient mis en possession de la majeure partie de la vallée de la Dives.

Cette vaste étendue de terrain, aujourd'hui si productive et si bien administrée, était originairemeat inculte ; elle ne présentait à la vue qu'une immense nappe d'eau couverte de roseaux et d'herbes aquatiques, qui servaient de retraite aux oies et aux canards sauvages. Elle était traversée ou plutôt noyée par quatre rivières, qui n'en faisaient, pour ainsi dire, qu'une seule. Les religieux de l'abbaye résolurent de changer cet état de choses, et de mettre en culture cette plaine fangeuse et liquide. A cet effet, ils élevèrent à grands frais des digues pour contenir les eaux, et, par suite de travaux successifs et très coûteux, ils parvinrent, vers la fin du XVe  siècle, à dessécher les marais qui existent aujourd'hui, et qui sont la propriété particulière d'un grand nombre d'habitants.

Le dessèchement dont il s'agit laissait, il est vrai, beaucoup à désirer, afin d'arriver à le rendre plus complet, on jugea nécessaire de construire un nouveau canal. Cette construction fut ordonnée par arrêt du Conseil du 17 décembre 1712, revêtu de lettres- patentes, et l'adjudication en fut faite moyennant 36 000 livres. Les usagers des marais et communes, c'est-à-dire les vassaux et censitaires de l'abbaye, en supportèrent la plus grande partie et furent, par cette raison, maintenus dans leurs usages pour la nourriture de leurs bestiaux.

La vallée de la Dives est encore aujourd'hui arrosée par quatre rivières : la Dives, le canal dit de Saint-Pierre, la Muance et le Semillon. Tous ces cours, sauf le canal de Saint-Pierre, qui se jette dans la Muance à Troarn, se réunissent en un seul au lieu dit « la Gravelle », à Bures.

Le lit de ces rivières est obstrue par les vases, qui s'amoncellent chaque année et font obstacle à l'écoulement de l'eau, de sorte que, lorsqu'il vient quelques jours de pluie persistante, ces cours se trouvent aussitôt gonflés et déversent leurs eaux dans les herbages voisins. Il est bien regrettable que l'on ait abandonné le curage de ces rivières, qui, s'il était pratiqué, empêcherait les crétines de se produire, et présenterait le meilleur dessèchement possible de la vallée de la Dives, au dire des personnes les plus compétentes sur cette matière. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Août 1861   -   Notre correspondant nous transmet la note qui suit.   -   La question de l'établissement d'un pont tournant sur l'Orne, à Ranville, interesse particulièrement le bourg de Troarn, qui verrait, quoi qu'on en dise, par la réalisation de ce projet, son marché et sa halle prendre un mouvement inacoutumé.

En effet, si ce moyen facile de communication était mis à la disposition du public, on verrait les cultivateurs des communes de Bénouville, Ouistreham, Colleville, Hermanville, Lion, et autres communes voisines, apporter leurs grains à la halle de Troarn, où ils trouveraient, pour ces produits de première nécessité, un écoulement avantageux qu'ils n'ignorent pas, mais dont ils ne peuvent profiter à cause de la difficulté des communications.

A une époque qui n'est pas encore bien éloignée, plusieurs cultivateurs de Ouistreham et de Colleville se rendaient assez fréquemment à la halle de Troarn, où ils trouvaient une vente facile et lucrative de leurs grains. S'ils ont cessé de fréquenter cette halle, cela tient uniquement aux difficultés qu'ils rencontraient au bac du Port : là il leur fallait attendre l'heure de la marée pour passer la rivière, à l'aller et au retour ; ils attendaient longtemps, quelquefois, sur la rive, le moment favorable pour franchir la rivière ; quelquefois aussi, à cause de l'heure de la marée qui les retardait dans leur voyage, ils n'arrivaient pas assez à temps pour l'ouverture de la halle, ce qui leur portait préjudice et nuisait à leurs transactions commerciales. Très souvent aussi, au retour, ils passaient la rivière de nuit, et, sous ce rapport, on a eu des accidents fâcheux à deplorer.

Tous ces obstacles ont fait renoncer les cultivateurs du canton de Douvres à continuer leurs relations commerciales à la halle de Troarn, ce n'est qu'à de rares intervalles que l'on en voit encore quelques-uns y apporter leurs denrées et leurs grains, mais ce n'est là, malheureusement, qu'une exception.

Le voeu que le Conseil d'arrondissement vient d'émettre, à la majorité, touchant l'établissement d'un pont tournant en remplacement du bac actuel, sera accueilli favorablement par les communes des deux rives de l'Orne, qui désirent ardemment, depuis longtemps, ce moyen sûr et facile de communication, à l'aide duquel elles pourront, à tout instant, se rendre d'un canton dans l'autre pour leurs affaires commerciales, sans être arrêtées par aucun obstacle, et à l'abri de la crainte du danger que presente encore le passage actuel, malgré l'experience et la prudence du batelier. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Septembre 1861   -   Un accident.   -   Jeudi dernier, vers neuf heures du soir, un accident, qui, fort heureusement, n'a pas eu de suites graves, est arrivé à Troarn.

M. P….., qui était allé à Janville avec sa femme et sa petite fille, rentrait à Troarn par la route de moyenne communication de Cabourg à Beuvron. Étant arrivé au point où cette route fait sa jonction avec celle de Rouen, M. P..., tourna son cheval de trop court, de sorte que la voiture, qui était montée sur quatre roues, versa. M. P.…. put sauter prestement à terre et n'eut aucun mal, mais sa dame tomba si malheureusement qu'elle se trouva engagée sous les pieds du cheval. Plusieurs personnes, accourues à leurs cris, s'empressèrent de retirer M P….. de sa position dangereuse.

Par un bonheur providentiel, cette dame n'a point été blessée, la voiture seule a été endommagée. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Octobre 1861   -   Les inondations.   -   Par suite de l'inondation qui couvre la vallée de la Dives, toute communication à pied est interrompue, depuis quelques jours déjà, sur la route de Caen à Rouen, entre Troarn et Saint-Samson.

L'eau couvre la route sur une étendue de 60 mètres environ, et elle a plus d'un mètre de hauteur dans les herbages de la vallée. De mémoire d'homme on n'avait vu, à pareille époque, la route interceptée par la crétine.

L'administration des ponts et chaussées a établi, pour les piétons, un service d'écaude au moyen duquel on franchit la partie de route ensevelie sous l'eau. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Janvier 1862   -   Des vols.   -   Depuis une quinzaine de jours, plusieurs vols de volailles et autres objets ont eu lieu à Troarn, sans que la police soit encore parvenue à en découvrir les auteurs. Ainsi on a soustrait, au préjudice du sieur Valdampierre, fils, aubergiste, deux dindons, une poule au préjudice du sieur Etienne, un pain de beurre, au sieur Vrard, boulanger, à une blanchisseuse, du linge qui était à sécher dans son jardin, et qui a été retrouvé caché sous le lavoir, près de sa maison.

La plupart de ces vols ont été commis de nuit. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Mai 1862   -   La Foire.   -   La foire aux bestiaux qui se tenait, les années précédentes, à Troarn, le lundi de Pâques, et qui a eu lieu cette année le samedi 26 avril, veille de Quasimodo, époque à laquelle elle se tiendra désormais, a été assez avantageuse. On y comptait plus de deux cents bêtes à cornes, qui, presque toutes, ont été vendues à des prix rémunérateurs.

On a remarqué un marchand de bestiaux qui avait exposé en vente 60 vaches, et qui en avait vendu 59 à de bons prix. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1862   -   Une conférence.   -   Le samedi 26 avril, après la halle aux grains de Troarn, M. Morière, professeur d'agriculture du Calvados, a donné, dans la salle de la justice de paix, une séance à laquelle, nous avons le regret de le dire, ne se sont pas empressés de se rendre les cultivateurs du canton qui fréquentent en grand nombre le marché de cette localité. Nous y avons remarqué tout au plus une douzaine de cultivateurs et de propriétaires exploitants.

Le surplus des auditeurs ne se composait que de personnes étrangères à l'agriculture. Quoi qu'il en soit, le savant professeur n'en a pas moins développé, avec lucidité, ses utiles théories sur la formation des engrais et leur emploi, bien entendu, sur les avantages du drainage et ses heureux résultats, toujours infaillibles, sur la manière de bien conduire et administrer la laiterie de la ferme, sur les heureux effets des semis en ligne, etc... Pendant deux heures qu'a duré la séance, l'éminent professeur a été écouté avec une attention soutenue.

Il est à regretter que la plupart des cultivateurs montrent de l'indifférence pour ces conférences établies particulièrement en vue de leurs intérêts, et qu'ils préfèrent avec opiniâtreté les habitudes routinières à ces enseignements de la science et de l'expérience. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1862   -   Le conseil de révision.   -   Jeudi dernier, le Conseil de révision s'est réuni à Troarn pour procéder à l'examen des jeunes conscrits appartenant à la classe de 1861.

On s'est arrêté sur le n° 60. Le nombre des inscrits était de 97.

Le contingent à fournir par le canton de Troarn est de 28. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1862   -  Les pluies.   -   L'abondance des pluies, qui sont tombées ces jours derniers, a produit, dans la vallée de la Dives, une fâcheuse crétine qui compromet gravement la récolte en foin de cette vallée.

Tous les herbages sont entièrement submergés et sont disparus sous une vaste nappe d'eau qui a plus d'un mètre de hauteur. Il ne reste plus aux fermiers et aux propriétaires exploitants aucun espoir de tirer un parti quelconque de leurs herbages destinés à faire du foin, attendu que l'herbe, qui croissait à profusion et qui était arrivée à une certaine hauteur avant la crétine, est entièrement couchée sous l'eau et se trouvera couverte de limon et de vases qui l'empêcheront de se relever, dans le cas où les herbages viendraient à se dessécher entièrement, ce qui est douteux. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1862   -   Les mauvais traitements envers les animaux.    -    Nous nous empressons d'ouvrir nos colonnes à la lettre suivante qu'on nous adresse de Troarn, le 11 juillet :

 

Monsieur le rédacteur,

Les mauvais traitements envers les animaux domestiques sont journaliers dans nos campagnes, et leur fréquence résulte presque toujours du défaut de répression.

Je pourrais vous raconter un grand nombre d'actes de la plus révoltante brutalité : je ne citerai qu'un seul fait, dont tout le monde peut être témoin, chaque jour de marché, à Troarn. Un propriétaire des environs attache régulièrement, tous les samedis, son cheval attelé et bridé, au mur de l'ancien cimetière longeant la route de Rouen. La malheureuse bête reste ainsi sans abri, sans boire ni manger, depuis huit heures du matin jusqu'à sept heures du soir, quelquefois même plus tard enfin jusqu'à ce que son maître juge convenable de quitter le cabaret et de s'en retourner chez lui.

N'y aurait-il pas lieu, en pareil cas, d'appliquer sévèrement les prescriptions de la loi Gramont ?

Espérons, Monsieur le rédacteur, espérons que l'autorité, prévenue, prendra les mesures nécessaires pour que de telles actions ne puissent plus se renouveler impunément.

Agréez, Monsieur le rédacteur, l'assurance de ma parfaite considération,

Un de vos abonnés. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1862   -   Une nouvelle route.   -   On s'occupe, depuis quelque temps déjà, sur le territoire de Troarn, de la confection d'une route de moyenne vicinalité, qui communiquera de ce bourg à Cagny, et de là à Bourguébus.

La nouvelle voie, à laquelle on donne la largeur convenable, suit l'ancien chemin vicinal qui était presque abandonné à cause de son mauvais état. La longueur de cette ligne est de 6 587 mètres ; la dépense prévue pour sa confection est évaluée approximativement à 21 500 fr.

Pour faire face à la dépense qui incombera à sa charge, la commune de Troarn a été, sur la demande de l'administration locale, autorisée, par décret impérial en date du 16 juillet dernier, à s'imposer extraordinairement en 1865, par addition au principal de ses contributions directes, une somme de 5 460 fr.

Au moyen de la voie en confection, la partie sud-ouest du canton de Bourguébus se trouvera en communication directe avec le chef-lieu du canton de Troarn et les communes du littoral, elle présentera en même temps un raccourci aux communes de Soliers, Grentheville, Cagny, Emiéville, qui ne seront plus obligées, pour se rendre à Troarn, de parcourir des chemins de traverse, souvent mal entretenus, pour aboutir à la grande route de Sannerville. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1862   -   De nouveaux ponts.   -   Il y a environ quinze ans, l'administration des Ponts-et-Chaussées fit remplacer tous les ponts qui existaient sur la chaussée de Troarn, par des ponts nouveaux dont le tablier reposait sur des madriers en sapin. Les nouveaux ponts présentaient beaucoup d'élégance et de légèreté, mais ils n'avaient pas toute la solidité désirable pour les lourds chargements qui passaient dessus fréquemment, car bientôt les sommiers fléchirent et plusieurs même se rompirent, d'où suivit la nécessité de remplacer les ponts à nouveau.

Dans le courant des mois de septembre et d'octobre derniers, l'administration des Ponts-et-Chaussées a fait procéder au remplacement de deux de ces ponts, l'un, dit du Moulin, situé sur la Muance, et l'autre, nommé le Pont Marie-Louise, établi sur la tranchée ou canal de Saint-Pierre.

D'après la nouvelle disposition adoptée dans leur confection, le tablier, qui est en bois, recouvert d'une couche de macadam, repose sur des supports en fer. De cette manière, ces ponts présentent toute la solidité désirable et ne craignent pas, par ce moyen, l'humidité qui exerçait une funeste influence sur les sommiers en sapin, ils ne souffrent pas non plus des voitures pesamment chargées qui passent dessus, et qui ébranlaient toujours les ponts construits uniquement en bois.

Ce système, qui est de beaucoup préférable aux ponts à sommiers de bois, sera appliqué, nous n'en doutons pas, aux autres ponts de la chaussée, notamment au Pont-Hachet, établi sur le Sémillon, aussitôt que la nécessité s'en fera sentir, la sécurité de la circulation ne fera que gagner à cette novation. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1862   -   Les mulots.   -   Un grand nombre d'herbages de la vallée de la Dives, situés, notamment, sur les territoires de Saint-Pierre-du-Jonquet, Saint-Samson, Troarn, Bures, Basseneville, sont en ce moment ravagés par des milliers de mulots qui les labourent en tout sens et en arrachent l'herbe sur leur passage.

Ces herbages offrent un triste spectacle par la dégradation que causent journellement ces terribles rongeurs, le fait se renouvelle chaque fois que l'hiver n'est pas assez humide pour produire une bienfaisante crétine qui, seule, a l'efficacité nécessaire pour mettre fin à ce fléau. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1862   -   Le curage des cours d'eau.   -   Depuis quinze jours, on travaille au curage des cours d'eau de la vallée de la Dives. Les travaux, qui ont été mis en adjudication, ont commencé par la rivière le Semillon, désignée aussi sous le non de Canal-Oursin. Quand cette rivière sera dégagée des vases qui l'emplissent, on s'occupera des autres cours d'eau.

Le curage se fait à la pelle, depuis Bures jusqu'à Troarn ; mais, depuis ce bourg jusqu'au marais des Terriers, le travail s'exécute avec la cuillère-à-pot, instrument en fer fait exprès pour le curage.

On avait pensé que ce curage se serait fait à vieux fonds et à vieux bords, d'autant plus que le curage à la pelle aurait nettoyé d'une manière complète le lit des rivières, mais on n'a pas jugé convenable d'agir ainsi. Il est vrai que le curage à la cuillère-à-pot, sans nettoyer la rivière d'une manière satisfaisante, enlève la vase, néanmoins, tel qu'il est pratiqué, il dégagera le lit des rivières, et l'eau prendra un libre cours, de sorte que les herbages voisins ne seront plus autant exposés à être submergés. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1863   -   Toujours les mulots.   -   Afin de mettre un terme aux ravages inquiétants que causaient journellement, dans les herbages de la vallée de la Dives, les myriades de mulots qui y pullulaient, on a, ces jours derniers, levé les vannes des écluses des rivières et cours d'eau, et l'on a, par ce moyen, submergé tous les herbages qui se trouvent dans le bassin de la Muance, au sud de la route de Troarn à Saint-Samson.

Cette crétine artificielle débarrassera, nous n'en doutons pas, les herbages submergés des incommodes rongeurs qui les dévastaient d'une manière si préjudiciable aux intérêts des fermiers.

Il est à désirer que la partie du bassin de la Muance qui se trouve au nord de la chaussée de Troarn soit également submergée pour obtenir, de ce côté, le même résultat. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1863   -   Une chute.   -   Dans la soirée du mercredi 10, le fils du sieur Honoré Candavoine, pécheur à Troarn, âgé de 13 ans, eut la malheureuse idée de monter dans un arbre, sur le bord de la rivière, pour dénicher un nid.

Mal lui en prit, car il tomba d'une assez grande hauteur, et, dans sa chute, il se fractura la cuisse et se fit plusieurs contusions. Son état inspire de vives inquiétudes. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1863   -   Un accident de la route.     -   Le mercredi 30 septembre dernier, dans la matinée, le sieur Urbain Lorette, voiturier à Basseneville, descendait la côte de Troarn avec un banneau chargé de galet et attelé d'un cheval.

Ayant malheureusement quitté un instant la tête de son cheval, celui-ci partit tout-à-coup avec une vitesse inaccoutumée, bientôt la mécanique cassa, et le cheval, poussé en avant par la charge, tomba d'une manière si malheureuse qu'il fallut l'abattre.

Par un bonheur providentiel, il ne se trouvait personne sur la route au moment de l'accident, sans quoi l'on aurait pu avoir un plus grand malheur à déplorer. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1864   -   La population de Troarn.   -   Le mouvement de la population de Troarn, pendant l'année 1863, se résume ainsi : Naissances, 11 ; mariages, 12 ; décès, 20. (l’Ordre et la Liberté)       

 

Février 1864 - Un intrépide. -  Samedi dernier, vers 4 heures 1/2 du soir, le neveu du sieur Fleury, boucher à Argences, se disposait à sortir du marché de Troarn avec sa charrette attelée d'un cheval, quand l'animal partit tout-à-coup à fond de train, sans que son conducteur pût l'arrêter, et vint déboucher dans la rue de Troarn, qui était, en ce moment, pleine de monde et de voitures.

Le cheval, emporté, se dirigeait vers la calèche de M. Anzolato, propriétaire, demeurant à Manneville, et l'aurait infailliblement brisée ou renversée sans le sang-froid et le courage du sieur Amédée Grard, garde-champêtre à Troarn.

Cet intrépide jeune homme s'élança résolument à la tête du cheval du sieur Fleury, et l'arrêta brusquement au moment où il allait atteindre la calèche.

Le sieur Grard, militaire congédié, a eu plusieurs fois déjà l'occasion de secourir des personnes qui se trouvaient en danger. (l'Ordre et la Liberté)

 

Juin 1864   -   Un accident.   -   Mercredi dernier, à la monte du matin, un étalon pur sang, appartenant à M. Aumont et faisant le service de la station de Troarn, a eu la jambe gauche de devant cassée par une ruade d'une jument qu'on présentait à la saillie.

La perte est évaluée à 8 000 fr. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1864   -   Un incendie.   -   Samedi dernier, vers trois heures après midi, le bourg de Troarn a été mis en émoi par le bruit de la générale. On apprit aussitôt que le feu dévorait des champs de céréales situés dans la grande bruyère, avoisinant le bois de Troarn.

Le sieur Saint-Bonnet, chaudronnier, étant allé dans une pièce en herbe qu'il possède dans la bruyère, s'aperçut avec stupéfaction que le feu était à son champ et qu'alimenté par les herbes sèches, il faisait des progrès rapides. A l'appel du sieur Saint-Bonnet, les pompiers et plusieurs autres personnes s'empressèrent de se rendre sur le lieu du sinistre, et, à l'aide de branchages qu'ils coupèrent, ils se mirent en devoir d'éteindre le feu en frappant dessus à coups redoublés.

Néanmoins les flammes continuèrent leurs ravages, et, franchissant les fossés, elles atteignirent une pièce d'orge voisine, appartenant à M. Désiré Desloges, et réduisirent en cendres la totalité de la récolte, s'étendant sur une contenance d'environ 95 ares. Elles menaçaient d'envahir aussi une pièce de blé située non loin de là, quand les secours arrivèrent de tous côtés.

On suppose que ce sinistre doit être attribué à l'imprudence de quelque fumeur. La justice informe.

On évalue la perte à 1 500 fr., dont la majeure partie à la charge du sieur Saint-Bonnet. La perte pour le sieur Désiré Desloges est évaluée à 400 fr. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1864   -   Une intervention salutaire.   -   Mardi dernier, vers huit heures du matin, la voiture publique de Dozulé, à son arrivée au bas de la côte de Troarn, s'arrêta comme d'habitude pour que les voyageurs pussent monter la côte à pied. Les chevaux, sentant leur fardeau allégé, partirent au trot sans conducteur.

Les mouvements inusités imprimés à la voiture effrayaient les dames restées à l'intérieur. Aux cris qu'elles poussaient et à la vue du danger qui les menaçait, les sieurs Grard, garde-champêtre, et Mathurin, gardien, demeurant à Troarn, s'élancèrent à la tête des chevaux et parvinrent à les arrêter. Grâce à leur intervention, on n'eut aucun malheur à déplorer.

C'est la deuxième fois, cette année, que le sieur Grard se dévoue en semblable circonstance. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1864   -   Le pont de la Ramée.  -   On nous prie d'appeler l'attention de l'administration compétente sur l'état actuel du pont dit de la Ramée, établi sur le canal Oursin, route d'Argences à Troarn.

Ce pont, qui est très ancien, est tellement étroit, que deux voitures s'y rencontrant ne pourraient passer en même temps. Il offre d'autant plus de danger qu'il est situé au bas d'une côte rapide que l'on ne descend pas toujours avec prudence, et qu'il suffit qu'un cheval ombrageux dévie un peu de la route pour se précipiter dans la rivière.

Un accident de cette nature, qui a coûté la vie à une femme, est arrivé à cet endroit, au mois de mai dernier. Le cheval étant parti à fond de train, presque au bas de la côte de la Ramée, vint heurter contre l'un des parapets qu'il démolit en partie, et fut précipité dans la rivière. Depuis cette époque, ce parapet n'aurait pas encore été réparé.

Il est à désirer, dans l'intérêt de la sécurité publique, que le pont dont il s'agit soit démoli en entier et reconstruit sur toute la largeur de la route. Ce changement est d'autant plus nécessaire que la route d'Argences à Troarn est parcourue tous les jours par de nombreuses voitures. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1864   -   Un incident de la route.   -   Jeudi dernier, vers 5 heures du soir, la voiture publique faisant le service de Dozulé à Caen s'arrêta, comme d'habitude, en passant par Troarn, à l'hôtel de M. Valdampierre. Pendant que le conducteur réglait ses comptes à l'hôtel, les chevaux prirent le mors aux dents et descendirent à fond de train la côte de Troarn, et continuèrent leur course sur la route de Dozulé.

Le conducteur, grâce à l'obligeance d'une personne qui le prit dans son cabriolet, s'empressa de courir après son attelage et put le rejoindre à la côte de Gassard, située à 4 kilomètres de Troarn. Plusieurs voyageurs se trouvaient dans la voiture, ils étaient dans un état de frayeur facile à comprendre. Par un bonheur providentiel, on n'a eu aucun accident à regretter.

Ce fait, qui pourrait se renouveler beaucoup plus souvent, devrait servir de leçon aux conducteurs de diligences qui, pour des motifs plus ou moins sérieux, abandonnent ainsi leurs chevaux à eux-mêmes et compromettent la sûreté des voyageurs.  (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1864   -   Des courageux.   -   Lundi dernier, vers quatre heures et demie du soir, un cheval sans conducteur, attelé à un banneau, se dirigeait, à fond de train, vers l'intérieur du bourg de Troarn, et faisait craindre les plus graves accidents. Par un heureux hasard, les sieurs Groult, garde champêtre à Troarn, et Laurichesse, gendarme au même lieu, se trouvèrent sur son passage, ces deux courageux fonctionnaires se jetèrent résolument au-devant de lui et parvinrent à l'arrêter.

Grâce à leur dévouement, on n'eut aucun accident à regretter. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1865   -   La population.   -   Le mouvement de la population du bourg de Troarn, pendant l'année 1864, se résume ainsi :  Naissances, 17 ; mariages, 9 ; décès, 26. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1865   -   Il n’y a plus de saison.   -    L'hiver n'a décidément plus de rigueur pour les horticulteurs. On écrit de Paris que les asperges en branches, les petits pois, les haricots verts, les artichauts, les radis, les pommes de terre nouvelles, etc..., etc..., abondent chez les marchands de comestibles. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mars 1865   -   Tribunal correctionnel de Caen.   -   Présidence de M. Lentaigne, vice-président. M. Bailleul, substitut de M. le procureur impérial, occupant le siége du ministère public.

-        François Levillain, âgé de 29 ans, commis chez M. Lemoigne, marchand de couleurs à Caen, est prévenu d'avoir, le 11 mars 1865, sur le territoire de la commune de Troarn, par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou inobservation des règlements, involontairement fait des blessures ou porté des coups au sieur Prosper Cassigneul, cultivateur.

M. Lemoigne, marchand de couleurs, est cité comme civilement responsable des faits de son préposé.

Cassigneul était monté dans sa voiture qu'il conduisait avec une vitesse ordinaire, lorsque le prévenu, conduisant aussi une voiture, mais avec une vitesse beaucoup plus grande, voulut le dépasser. L'endroit où se trouvaient les deux voitures à ce moment présentait, selon le rapport des gendarmes, une largeur suffisante pour le train de quatre voitures au moins. Cependant, Cassigneul qui s'était rangé pour se conformer aux règlements, fut renversé, et son cheval s'échappa. Le prévenu s'empressa aussitôt de relever la victime de son imprudence.  Condamnation, 20 fr. d'amende.

Défenseur, Me  Delangle. (l’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1865   -   La Foire de Paques.   -   La foire de Troarn, dite de Pâques, qui se tient depuis deux ans le samedi de Quasimodo, a été, samedi dernier, très fréquentée, il est vrai que la beauté exceptionnelle du temps l'a favorisée. Le principal commerce qui s'y fait, consiste en bêtes à cornes.

Les animaux exposés en vente s'élevaient à 600 environ. Les transactions se sont faites rapidement et à des prix avantageux (1 franc le kilo.) Nous croyons pouvoir affirmer que tous ont trouvé acquéreurs. Les bestiaux étaient échelonnés sur les trottoirs entre l'hospice et la caserne de gendarmerie.

Il serait à désirer que l'on put choisir un autre emplacement. La facilité des transactions et la libre circulation y gagneraient évidemment. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1865   -   Un accident.   -    Mardi dernier, à neuf heures du matin, un accident est arrivé, à Troarn, à la voiture publique du sieur Louis Samson, faisant le service de Caen à Dozulé. Cette voiture, attelée d'un cheval, venait de Caen et se rendait à Dozulé, portant cinq voyageurs.

A la descente de la côte, vers Saint-Samson, le cheval se mit à faire des ruades si violentes qu'il brisa le garde-crotte et finit par tomber violemment, entraînant la voiture le long du trottoir.

Le choc qui en résulta fut si fort que l'une des roues de devant fut complètement brisée. Les voyageurs n'eurent, heureusement, aucun mal. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1865   -   Les maraudeurs.   -   Jeudi dernier, de petits maraudeurs se sont introduits dans plusieurs jardins, notamment dans ceux des sieurs Després, coquetier, et Grard, aubergiste à Troarn, et, après avoir dépouillé tous les arbres de leurs fruits, ils ont cassé une grande quantité de branches et ont coupé même des quenouilles et une vigne. Le dégât qu'ils ont commis s'élève à une vingtaine de francs.

Le lendemain, un vol d'argent a été commis chez le sieur Hébert, menuisier et marchand de vins à Troarn. Cet homme voyant un de ces petits voleurs rôder autour de sa maison, feignit de monter précipitamment à sa chambre et se cacha dans sa cuisine, l'enfant ne voyant plus personne au rez-de-chaussée, s'introduisit dans la boutique, ouvrit le tiroir du comptoir et y prit une pièce d'un franc, mais, au moment où il se retirait, le sieur Hébert l'arrêta et lui reprît la pièce dont il venait de s'emparer.

Ces méfaits ont été signalés à la gendarmerie de Troarn. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1865   -   On nous écrit de Troarn, 15 juillet.   -   Nous venons de parcourir les différentes communes du canton de Troarn et nous avons fait les remarques suivantes :

Les colzas qui, d'ailleurs, sont une exception dans les produits agricoles du canton, n'ont pas réussi d'une manière satisfaisante, leur produit sera loin d'être rémunérateur. Le seigle, dont la culture s'est développée cette année plus que d'habitude, a très bien réussi. Les avoines d'hiver sont abondantes et fourniront un rendement avantageux. Les blés sont nets, d'une belle venue et présentent un aspect des plus satisfaisants. Les dernières pluies leur ont été profitables. Les sarrasins, les avoines d'été, les orges et les autres produits tels que betteraves, camelines, etc..., qui souffraient considérablement de la sécheresse ont, sous l'influence de la pluie bienfaisante de ces derniers jours, pris une vigueur de végétation qui donne un espoir assuré au cultivateur.

On sait que le sainfoin a été récolté par un temps favorable et que les cultivateurs sont généralement satisfaits de la récolte de ce fourrage tant sous le rapport de la qualité que sous celui de la quantité. Les regains qui souffraient de la prolongation de la sécheresse, ont pris un brillant essor à la suite des pluies et promettent un rendement raisonnable.

Les herbages de la vallée de la Dives sont couverts de produits d'une qualité et d'une quantité qui ne laisseront rien à désirer si le temps est favorable à leur récolte. De longtemps on ne les avait vus dans un état aussi prospère.

La floraison des arbres à cidre s'est trouvée contrariée par des temps contraires et tout faisait craindre une pénurie complète de ce produit de première nécessité, les dernières pluies, venues si fort à propos, ont nourri les fruits et l'on est agréablement surpris de voir des pommes

là où il n'y avait aucune apparence d'en rencontrer. En résumé, l'état des récoltes est satisfaisant dans le canton de Troarn, et celui des fourrages de toute nature ne laisse rien à désirer sous aucun rapport. (l’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1865   -   Une inauguration.   -   Vendredi dernier, dans l'après-midi, le sieur Prempain, journalier, demeurant à Troarn, âgé d'environ 45 ans, partit pour aller au bois cueillir des noisettes et ne rentra pas chez lui.

Le lendemain matin, le sieur Thion, se rendant à la chasse, le trouva étendu dans un chemin isolé, au lieu dit les Vignes, et ne donnant plus aucun signe de vie. Cet infortuné paraît avoir succombé à une attaque d'apoplexie foudroyante. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1865   -   Un accident de la route.  -   Le lundi 2 de ce mois, dans l'après-midi, le domestique du sieur Pierre Mallebranche, cultivateur à Sannerville, conduisait un attelage qu'il ramenait chez son maître. En descendant la côte dite de la Tuilerie, située sur le territoire de Troarn, il eut le malheur de tomber devant la roue de sa voiture qui lui passa sur le talon et la jambe.

On le releva et on le transporta chez le sieur Mallebranche où il reçut les soins de M. le docteur Pavard, médecin à Troarn. Les blessures, quoique graves, n'auront aucune suite fâcheuse. (l’Ordre et la Liberté)

 

Février 1866   -  Le choléra.   -   Comme nous l'avons déjà dit, plusieurs cas de choléra ont été signalés dans le canton de Troarn , et plus particulièrement dans les communes limitrophes de l'embouchure de l'Orne. Dans l'une de ces communes, une famille a été cruellement éprouvée.

Le père, la mère et l'enfant ont été enlevés en peu de jours.

M. le préfet a dû se rendre sur les lieux, afin de faire organiser les secours nécessaires aux malades. Deux religieuses de Caen ont été envoyées pour les soigner. ( Le Bonhomme Normand )

TROARN (Calvados)   -  Rue de l'Église

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