|
Janvier
1860 -
On écrit de New-Haven, le 5 janvier. - Ce
matin, au point du jour, on a aperçu une barque de pêche désemparée,
de son beaupré, et dérivant vers la côte, à Crowlind, à environ 7
milles dans l'est de notre port. Le chef canotier des gardes-côtes et
quelques-uns de ses hommes sont montés dans une embarcation, et sont
parvenus à atteindre la barque, vers neuf heures du matin. Peu de temps
après, ils l'ont entrée à New-Haven.
Cette
barque s'appelle le « Jeune-César », de Trouville,
patron Mazurier. Au moment où on l'a accostée, elle était
abandonnée, mais on a trouvé à bord beaucoup de vêtements et une
montre en argent marchant encore.
D'après
les avaries du « Jeune-César », qui a tout son avant
défoncé, il n'y a pas à douter qu'il ne se soit abordé avec un autre
navire.
—
On apprend de Calais, le même jour, que la barque de pêche « Jeune-Arsène »,
également de Trouville, patron Houssaye. ayant sept hommes d'équipage,
s'est mis à la côte, vers six heures du soir, à un kilomètre à
l'ouest de la jetée : le patron avait pris le feu dit du Fort Rouge
pour celui de la jetée.
L'équipage
a débarqué sain et sauf, à mer basse. La « Jeune-Arsène »
étant dans une mauvaise position, et la mer étant devenue très
grosse, on a dû l'abandonner M. le commissaire de la marine est
autorisé à en faire la vente d'urgence.
( Le journal de Honfleur )
Janvier
1860 -
L'inhumanité d'un capitaine de navire hollandais. -
La
Vigie de Dieppe, en insérant le rapport qui suit, s'élève avec
raison contre l'inhumanité incroyable d'un capitaine de navire
hollandais pour un navire de nos côtes dont nous avons annoncé le
naufrage :
Le
patron Frechon, commandant la barque de pêche « Jeune-César »,
de Trouville, rapporte, que se trouvant, le 2 janvier, à trois heures
après midi, sur les lieux de pêche, dans le sud-ouest de Beachy Head.
il a aperçu un grand navire qui se dirigeait sur lui et qui, sans
déranger sa route ni faire aucune manœuvre pour l'éviter est venu
l'aborder par l'arrière et lui a causé de graves avaries. Le choc a
été si violent, que l'équipage a dû songer à son salut et se
réfugier sur le navire cause de l'abordage.
Ce
navire a été reconnu être le trois-mâts. hollandais « Jean-Hendrick »,
d'Amsterdam, capitaine Dejonge, venant de Gênes, chargé de grains, à
destination du Havre.
A
leur arrivée à bord, le capitaine a tenu envers les naufragés une
conduite inhumaine, en les poussant rudement sur le gaillard d'avant et
leur refusant le stricte nécessaire. Le capitaine et le second ont
toujours été dans un état d'ivresse pendant les quarante-huit heures
que ces malheureux sont restés à bord, où ils n'ont pu obtenir un peu
de nourriture que de l'équipage du navire, qui partageait ses rations
avec eux. Quand ils se sont adressés au capitaine à ce sujet, il leur
a fait voir des cochons vivants.
Débarqués
à Deal, les naufragés ont été dirigés sur Dieppe par les soins de
MM. les consuls de France à Deal, Douvres et New-Haven, qui les ont
fort bien accueillis.
En
passant à New-Haven, le capitaine a appris que sa barque, trouvée en
mer et amenée dans ce port, était sous séquestre. ( Le journal de
Honfleur )
Mars
1860
- La
pêche. -
On sait quel importante ressource forme la pêche pour tous
les habitants du littoral normand. A Dieppe, au Havre, à Fécamp, à
Saint-Valéry, au Tréport, à Trouville, à Dives, à Ouistreham, à
Courseulles, et à Port et sur plusieurs autres parties de la côte, la
pêche fraîche et pour ainsi dire unique moyen d'existence de toute
une partie intéressante de notre population maritime. Au moment où nos
relations commerciales avec une puissante nation sont profondément
modifiées, il serait
à désirer
que le règlement international de la pêche fraîche entre la France et
l'Angleterre fut examiné et révisé.
Ce règlement, dit-on, dans l'état actuel, n'établit pas à nos
pêcheurs une situation aussi favorable qu'ils le désireraient, et il
aurait entre autres, ce défaut, dans la délimitation des droits de
pêche, de ne pas établir une balance parfaitement égale entre nos
pêcheurs et leurs concurrents d'outre-Manche.
L'attention du gouvernement est trop minutieusement appliquée à toutes
les réformes indispensables pour qu'on n'ait pas à espérer que ce
point sera sérieusement étudié, au plus grand avantage possible de
nos pêcheurs normands, dont le sort se trouverait ainsi notablement
amélioré. (L’Écho Bayeusain)
Mars 1860
- Grande marée du 9 mars. -
Il y a longtemps qu'on on a vu ce produire des marées aussi
grandes que celles attendues, à 1860, à l'époque des deux équinoxes.
Bien rarement la hauteur des plus grandes marées annuelles atteint,
dans le tableau calculé pour la connaissance des temps, le chiffre de
1,15. Cette année ce chiffre maximum est dépassé, non seulement en
septembre, mais surtout en mars ou la grande marée du 9 atteint
jusqu'au chiffre 1,17. Théoriquement, cette marée doit donc être une
des plus forte du siècle.
Qu'il soit bien entendu que nous ne parlons pas aucunement ici de
l'action des vents qui peuvent avoir une puissante influence sur la
hauteur de la grande marée du 9 mars, mais dont la force ni la
direction ne sauraient être prévues.
Si les vents soufflent de la terre, il est certain que les eaux,
refoulées vers la pleine mer, n'atteindront pas, aux abords des rivages
les hauteurs que nous venons d'indiquer. Mais au contraire, s'ils
soufflent du large et avec une grande force, ces niveaux peuvent être
de beaucoup dépassés.
On ne saurait prendre trop de précaution contre une pareille
éventualité, à l'approche du marée d'une hauteur aussi
extraordinaire. Les rivages plats et qui ne sont pas protégés par des
falaises d'une élévation suffisante, sont plus que jamais en danger
d'être immergés. Il est prudent de ne pas attendre que des désastres
se soient produits et qu'il n'y ait plus qu'à les déplorer.
( Le pays d'Auge )
Avril
1860 -
L’aide aux veuves. -
S.M.
l'Impératrice vient de faire remettre, par les soins de
l'administration, aux veuves des sieurs Jean et Pierre Levasseur, marin
de Trouville,
qui ont péri dans une tempête qui a eu lieu sur le littoral de la
Charente-Inférieure,
une somme de 200 fr. (l’Ordre et la Liberté )
Avril
1860 -
Le feu. -
Le 1er mars, le feu a consumé une serre située
à Trouville, appartenant à M. Dubosq, jardinier à Touques. Il est
présumable que le sieur Dubosq, en quittant son jardin, aura mal
éteint le poêle, et que le feu se sera communiqué aux paillassons,
servant à garantir du soleil. La perte matérielle est de 250 fr., non
assurés.
Les
plantes ont été aussi fortement endommagées. (l’Ordre et la
Liberté )
Avril
1860 -
Un accident. -
Le 20 de ce mois, vers dix heures du soir, au moment où
la barque « Sainte-Marie », de Trouville, patron
Pierre Grujon, amarrée en face de la poissonnerie, appareillait pour
sortir, le nommé Jean Treuchez, matelot qui se trouvait sur le quai
pour larguer l'amarre, voulut cette opération faite, sauter à bord de
l'embarcation, mais le pied lui manqua et il tomba à l'eau, le patron
s'élança aussitôt, et, au risque de sa vie, chercha longtemps sous
l'eau ce malheureux, qui avait presque aussitôt disparu, mais son
généreux dévouement fut inutile.
Un canot fut mis à l'eau, et, après une demi-heure de recherches, on
parvint à retirer, à l'aide d'une gaffe, le corps de Treuchez, qui fut
porté à la morgue, où M. le docteur légal ne put que constater le
décès.
On
dit que cet infortuné marin était père de huit enfants. (l’Ordre et
la Liberté )
Avril
1860 -
Une imprudence. -
Le 2 mars, le nommé
Langlois âgé de 8 ans et 1/2, demeurant à Trouville, est tombé dans
le chenal qui mesurait alors plus de 2 mètres d'eau, en voulant saisir
une planche. Sans le secours du sieur Hue, qui n'a pas hésité à se
jeter à l'eau, le pauvre enfant aurait inévitablement trouvé la
mort. (l’Ordre et la Liberté )
Mai
1860 -
Un accident de mer. -
Le 26 avril, un
pauvre matelot, qui était à bord de la barque la « Jeune-Victoire »,
n° 51, a été enlevé et jeté à la mer par l'écoute de foc. La mer
qui était mauvaise, a rendu impuissants les efforts qu'on a fait pour
sauver cette infortuné. ( L’Ordre et la Liberté)
Juillet
1860 - Une éclipse.
- Un
temps couvert de nuages n'a pas permis, dans notre contrée, d'observer
les phases de l'éclipse de soleil qui a eu lieu mercredi.
Ce
phénomène n'a eu d'autres effets pour nous que de rendre le temps
encore plus obscur, surtout vers trois heures. ( Le Pays-d’Auge )
Juillet
1860 - Le prince Napoléon.
- Le
prince Napoléon, venant de Cherbourg, est arrivé à Caen hier soir, 9
h. 35 m. Le prince, qui
voyage en gardant l'incognito, accompagné de M. le général Fleury et
d'un officier d'ordonnance, a passé la nuit à l'hôtel d'Angleterre,
d'où il est parti ce matin, à 6 heures, pour Trouville. ( L’Ordre et
la Liberté)
Juillet
1860 - Le grand recensement quinquennal. - C'est
l'année prochaine, en 1861, que le grand recensement quinquennal de
l'Empire français et de ses nouvelles annexes aura lieu, le dernier
ayant eu lieu en 1856.
Au
recensement de cette année 1856, la population de la France fut
trouvée être de 36 millions 39 634 individus. On suppose, d'après les
données, que la France a grandi sera peuplé de 40 millions d'individus
en 1861.
Au
recensement de 1856, Paris, avec ses 12 arrondissements, était peuplé
de 1 million 174 346 individus, et le département de la Seine de 1
million 727 419 personnes. ( Le Pays-d’Auge
)
Juillet
1860 - La saison de Trouville.
- Trouville
a repris sa physionomie animée. Les étrangers arrivent en grand
nombre. Le salon compte déjà un grand nombre d'abonnés. Parmi les
noms qui figurent sur la liste, nous citerons M. le duc de Maillé, M.
le baron et Mme la baronne Saladin, Mme la princesse Bragation, M. le
comte et Mme la comtesse de Courgue, Mme la marquise de Menou, M. le
Marquis d'Évry, M. Ed Ratisbonne, receveur général à Bourges, et Mme
Ratisbonne, M. Ch. Deslys, homme de lettres, rédacteur du Journal
de Trouville, dont le premier numéro vient de paraître.
La
famille de M. le comte de Morny est arrivée mardi soir. M. le présent
du corps législatif est attendu prochainement. ( L’Ordre et la
Liberté)
Juillet
1860 - Les congés scolaires.
-
Par décision du 16 juillet, M. le ministre de l'Instruction
publique, conformément à la proposition de M. le recteur et à l’avis
du Conseil académique, a fixé l'ouverture des vacances au
mercredi 8 août prochain, et la rentrée des classes au jeudi 4 octobre
suivant, pour des lycées et des collèges du ressort académique de
Caen.
Dans
cette fixation sont compris les deux jours supplémentaires accordés à
l'occasion de l'annexion de la Savoie et du Comté de Nice à la France.
( L’Ordre et la Liberté)
Août
1860 - Rapport de M. le Préfet.
-
Les ports : De notables améliorations se sont déjà
réalisées et vont s'exécuter dans nos ports.
Trouville
va être doté d'un bassin à flot et d'un chemin de fer, son chenal est
profond, et le prolongement des estacades lui assure la permanence d'un
bon accès. Les vastes projets qui consistent à fonder une ville de
commerce à côté de la ville élégante qui astire chaque année une
si grande affluence de baigueurs, donnera sans doute au port une
importance qui l'élèvera au niveau des plus actifs de notre littoral.
( L’Ordre et la Liberté)
Septembre
1860 - L’ouragan. -
L'ouragan
qui, dans la nuit de lundi à mardi, a soufflé avec tant de furie dans
nos environs, a causé bon nombre d'accidents sur nos côtes.
Le
port du Havre a été cruellement éprouvé : deux barques de pêche
trouvillaises y étaient échouées en-dedans de l'Épi-à-Pin, l'une
d'elles, la « Notre-Dame-des-Victoires », patron
Sosthène Lebaillif, avait sa bôme cassée, son gouvernail démonté,
et faisait eau de toutes parts ; l'autre, l' « Auguste-Henry »,
nº 12, patron Remanier, était moins endommagée.
Un
sloop, L' « Avenir », était en quelque sorte grimpé
sur les degrés de Frascati ; un autre, « Emmanuel »,
était fortement endommagé.
Deux
goélettes, « Active » et « Héro »,
de Caen, étaient assez prés de terre pour redouter un prochain
échouement.
Un
brick anglais était démâté.
Par
une fatalité déplorable, aucun remorqueur ne se trouvait en état de
marcher.
Le
vapeur « Eclair » s'est porté, à tour de rôle, au secours
de ces malheureux.
Deux
hommes, dont l'intrépidité est bien connue au Havre, le brave Durécu
et le maître haleur Leclerc, ont donné à tous des secours
intelligents et dévoués. Ils ont été assez heureux pour sauver les
hommes de la « Notre-Dame-des-Victoires » et conduire
à terre l'équipage du sloop « Avenir ». Tous les
bateaux de pêche sortis du même port lundi sont revenus en relâche
avec plus ou moins d'avaries.
Trois
barques de Honfleur sont rentrées au port avec leurs agrès perdus,
leurs voiles déchirées, etc…
Enfin,
grâce à Dieu, si on a de grandes pertes matérielles à déplorer, du
moins personne n'a péri, partout le dévouement a dominé le péril.
(Pays-d'Auge.)
Octobre
1860 -
Un accident de la route.
- Un
accident aussi cruel qu'imprévu a terminé, mardi dernier, une journée
passée en famille et dans les douces joies de l'amitié. Mme veuve
Herou, de Glanville, était allée à Trouville visiter sa nièce, Mme
veuve Maudelonde, et elle était accompagnée de M. Paulmier, marchand
de cidre à Rouen, et de Mme Paulmier.
Vers
le soir, ils remontèrent dans leur voiture découverte avec Mme
Maudelonde, qui avait voulu leur faire la conduite jusqu'à une petite
distance. Arrivé près du parc aux huîtres, le cheval marchant grand
train au sortir de l'écurie, et quoique dirigé par M. Paulmier,
accrocha la roue du léger véhicule dans celle d'un lourd banneau
chargé de briques. Le choc fut si violent que tous les voyageurs furent
lancés à une grande distance et reçurent de graves blessures.
Mme
Herou a eu un bras cassé, M. Paulmier une jambe, Mme Paulmier une
épaule, et Mme Maudelonde a eu les reins fortement contusionnés.
Au
dire des victimes de ce funeste accident, elles-mêmes, il n'y a eu
aucunement de la faute du conducteur de la charrette.
(Pays-d'Auge.)
Novembre
1860 - Un début d’incendie.
-
Jeudi dernier, vers deux heures du matin, la femme du sieur
Pilmont, pêcheur, demeurant à Trouville, ayant eu besoin de se relever
pour donner des soins à son enfant, frotta contre le mur de sa chambre,
une allumette chimique, dont les étincelles rejaillirent jusque sur les
rideaux du lit. La dame Pilmont ne fit pas attention d'abord à cet
incident, mais, quelques minutes après, elle fut effrayée à l'aspect
de la flamme qui se répandait avec rapidité sur tout son lit.
Saisissant alors son enfant, elle s'élança dans la rue en criant au
secours et au feu ! Ses cris ayant été entendus par le sieur Lancelin,
son beau-frère, celui-ci fut assez heureux pour se rendre seul maître
de l'incendie, qui avait déjà occasionné une perte évaluée à 1 370
fr.
Dans
cette circonstance, le sieur Lancelin a eu de fortes brûlures aux mains
et aux jambes. ( L’Ordre et la Liberté)
Décembre
1860 - Les récompenses.
-
Le Moniteur universel d'hier publie une longue liste de
récompenses pour faits de sauvetage.
Voici,
pour le Calvados, les noms des courageux citoyens qui ont mérité cette
faveur :
Médailles
d'argent de 1re classe.
-
Dubourg (Louis-Etienne), maître au cabotage, inscrit à Honfleur
: Sauvetage du sloop le « Saint-Esprit », à
Honfleur, le 22 décembre 1858 ; sauvetage d'une femme en danger
de se noyer à Honfleur,
le 27 mai 1860 ; auteur d'autres faits de sauvetages anciens,
Médailles
d'argent de 2e classe.
-
Brée (Toussaint-Adolphe), marin, inscrit a Honfleur : sauvetage
de deux personnes, à Caen, le 19 août 1860, en 1843.
-
Leroux (Dominique-Anthème), préposé des douanes à Trouville :
sauvetage de trois personnes en danger de se noyer, à Trouville, le 2
juillet 1860, en 1859 et 1855.
-
Croix (Dominique), marin, inscrit à Honfleur : sauvetage d'un
enfant à Trouville, le 28 juillet 1860.
Témoignages
de satisfaction.
-
Pinel (Jules-Félix), ancien chef du service des bains de
Trouville : sauvetage de quatre personnes, à Trouville, de 1857 à
1858.
-
Roney (Charles Pierre), marin, inscrit à Honfleur : sauvetage
d'un bateau en perdition, à Honfleur, le 2 juin 1860.
M.
le ministre de l'intérieur vient d'adresser à M. le préfet une
médaille d'honneur de 2e
classe, décernée au sieur Fossey, sapeur-pompier à Beuvron, pour le
courage et le dévouement dont il a fait preuve dans mainte
circonstance. ( L’Ordre et la Liberté)
Décembre
1860 - Un accident. -
Le 22 du courant, le nommé Lebrient (François), âgé de 15
ans, mousse à bord du bateau de pèche appartenant au sieur Sénécal,
pêcheur à Trouville, rentrait à son bord pour y coucher, en
s'élançant du quai sur le bateau, le pied lui glissa, et il fut
promptement entraîné par le courant. Ce n'est que le lendemain
que son corps fut retrouvé. ( L’Ordre
et la Liberté)
Février
1861 - Le garde-pêche.
- Le
bateau à vapeur garde-pêche le « Pélican »,
est entré à Honfleur
jeudi matin et en est reparti samedi matin pour Trouville.
Vendredi,
les patrons de barque de pêche, se sont rendus à bord remercier le
commandant à cause de la permission qui leur a été accordée de
pêcher avec les anciens filets qui
avaient été
prohibés pendant quelque temps.
( L’Écho Honfleurais)
Février
1861 - Toujours le temps.
- Depuis
Mercredi la température a changé du tout au tout et a atteint
plusieurs degrés au-dessus de O. Aujour d'hui, à l'exposition du midi
et au soleil le thermomètre a atteint 15 degrés ; c'était comme un
beau jour de printemps.
Mercredi
la brume était tellement intense le soir, que le bateau à vapeur du
Havre ici, n’a pas pu effectuer son voyage. ( L’Écho Honfleurais)
Février
1861 - Découverte d’un cadavre. - Le
22 de ce mois, le sieur Mignot, maître de barque Trouville, à trouvé
en mer le cadavre du sieur Joseph Lacroix, marin-pêcheur
du même port, qui s'était perdu dans le courant de novembre dernier. (
L’Écho Honfleurais)
Avril
1861 -
Le chemin de fer. -
La ligne
de Pont-l'Evêque à Trouville, qui vous a été concédée par la loi
du 11 juin 1859, et qui n'aura qu'une longueur de 11 kilomètres
environ, suivant un terrain assez facile, a été l'objet d'études
complètes dans les derniers mois de 1860. Cette ligne ne présente pas
de difficultés sérieuses, et ne comporte qu'un ouvrage d'une certaine
importance (au point de vue des fondations) pour franchir la rivière de
la Touques, à 3 kilomètres environ en amont de Trouville.
Le
projet définitif du tracé et des terrassements est à la veille
d'être soumis à l'administration supérieure. ( L’Ordre et
la Liberté)
Juillet
1861 - Les dernières nouvelles. - Le
prince et la princesse de Metternich ont quitté Paris pour se rendre à
Trouville.
-
Un traité a été signé entre M. le maire de Trouville et M.
Jules Duval, de Nantes, pour l'établissement dans cette ville d'une
usine à gaz, qui devra fonctionner au plus tard le 30
juin 1862. ( L’Ordre et la Liberté )
Août
1861 - Une récompense.
- Le
Moniteur universel a publié la liste des personnes qui ont obtenu des
récompenses pour des actes de dévouement signalés pendant le
quatrième trimestre de 1860.
Nous
trouvons, pour le Calvados, la mention suivante :
Médaille
d'honneur en argent (2e
classe) à M. Leroux (Dominique), employé des douanes à Trouville,
pour s'être jeté tout
habillé, le 2 juillet 1860, dans la Touques, pour sauver un enfant qui
se noyait. ( L’Ordre et la Liberté )
Août
1861 - Extraits du rapport de M. le Préfet.
- Le
port de Trouville, ses jetées et ses quais sont en bon état ; et sa
plage, qui attire tant de baigneurs, est complètement rétablie.
Un
décret du 25 juin 1860 a autorisé la construction d'un pont sur la
Touques et d'un bassin, à flot formant un ensemble de 2 400 000 fr., y
compris une subvention de 300 000 fr. offerte par la Société
immobilière des marais de Deauville.
Dès
cette année, le pont sur la Touques sera terminé, MM les ingénieurs
ne tarderont pas à me mettre à même d'adresser au
gouvernement le projet de détail pour le bassin à flot. ( L’Ordre et
la Liberté )
Décembre
1861 - Construction d’un bassin à flot à Trouville.
- Le
vendredi 20 décembre courant, à deux heures après-midi, il sera
procédé, dans les anciens bureaux de la préfecture, à
l'adjudication, sur une seule soumission, des travaux à faire pour la
construction d'un bassin à flot au port de Trouville et des ouvrages
qui en dépendent.
Les
travaux à faire et évalués au détail estimatif s'élèvent : 1
340, 931,38 с.
La
somme à valoir pour battage de pieux, épuisements, etc…, et
dépenses
en régie, est de : 359
063.62
Montant
du projet : 1 700 000
Les
devis, les détails estimatifs et les autres pièces du projet, sont
déposés à la préfecture du Calvados (4e division), où
les concurrents pourront en prendre connaissance, le lundi et le
vendredi de chaque semaine, de une heure à trois heures d'après-midi.
( L’Ordre et la Liberté )
Décembre
1861 - Liste des récompenses. - Le
Moniteur universel a publié une liste de récompenses accordées par
décision de M. le ministre de la marine et des colonies pour faits de
sauvetage.
Voici
les noms des courageux citoyens appartenant à notre département :
Médaille
d'or de 2e
classe : M.
Degroux (Michel-Joseph-Fleurus), quartier-maître de voilerie, inscrit
à Honfleur. Le 25 février 1841, à Saint-Marc-de-Blacarville, est
allé recueillir une famille dont la maison était menacée par les
débordements de la Risle ; le 27 juillet 1861, à Honfleur, a sauvé un
mousse en danger de se noyer.
Médailles
d'argent de 2e
classe : MM.
Toutain (Jean-Baptiste-Louis), Toutain (Pierre-Robert-Édouard), Barrey
(Pierre-Victorin), tous trois maîtres au cabotage et inscrits à
Honfleur ; Dutheil (Louis-Auguste), menuisier à Trouville, et Godreuil
(Émile-Constant), ébéniste à Trouville. Le 26 juillet, à Trouville,
sauvetage de plusieurs personnes en danger de se noyer.
Témoignage
de satisfaction :
M. Duroy, directeur d'un établissement de bains de mer de Trouville. Le
26 juillet 1861, à Trouville, s'est porté au secours de personnes en
danger de se noyer.
M.
Dur (Jean-Baptiste), ouvrier charpentier, inscrit à Honfleur. Le 5 août
1856, à Honfleur, sauvetage d'un homme en danger de se noyer.
Médaille
d'argent de 2e
classe : M.
Dur (Jean-Victor), ouvrier charpentier, inscrit à Honfleur. Le 16
juillet 1846 et le 29 mai 1859, à Honfleur, sauvetage de deux hommes en
danger de se noyer. ( L’Ordre et la Liberté )
Janvier
1862 -
La nouvelle route. - On
travaille activement à terminer la route entre Villerville et
Trouville, cette voie importante de communication qui aurait dù être
livrée à la circulation il y a plusieurs années, va enfin profiter au
public.
Pour
les gens d'affaires, comme pour
les commerçants c'est
une voie plus directe entre Honfleur et Trouville, et nous dirons avec
les Anglais : Time is money.
La
route de Trouville à Villers-sur-Mer va être aussi entreprise, et,
puisqu'il y a peu à faire pour rendre cette voie praticable, elle
pourrait être livrée cette année. (Journal de Honfleur)
Janvier
1862 -
Un sauvetage . -
Le steamer
remorqueur le « Phénix »,
capitaine Morgan, étant sorti du port du Havre, dans la nuit du 3
janvier, a aperçu, à 5 milles environ au large de la Hève, des
signaux de détresse, et abandonnant aussitôt toute perspective de
travail lucratif, le capitaine s'est empressé de se porter dans la
direction de ces
signaux, qui partaient de la barque de pêche le « St-Thomas »,
Nº 42, de Trouville, patron Caillot.
Ce
bateau avait été désemparé de sa mâture, dans la nuit, par un coup
de tangage, et courait le plus grand danger. Le « Phénix »
lui a donné la remorque jusqu'en petite rade, où le « St-Thomas »
a été pris ensuite par le steamer le « Français »,
qui l'a conduit à Trouville. (Journal de Honfleur)
Janvier
1862 - Trouville le 21
janvier. -
Un cadavre du
sexe masculin, paraissant appartenir à un matelot, a été rapporté au
port de Trouville, par les hommes d'équipage de la barque de pêche
« Douée à
Marie »,
numéro 64, qui ont déclaré avoir trouvé ce cadavre dans leurs filets
le 20 courant, étant au sud et à environ un myriamètre et demi de
Shoreham (côtes anglaises.)
Dans
un état de décomposition complète, ce cadavre était dépourvu de
chair aux extrémités, la tête, les mains et le pied droit manquaient
complètement. La visite en a été faite par M. Billard, médecin qui
suppose qu'il a dû séjourner 3 mois 1/2 ou 4 mois dans l'eau et qu'il
appartient à un homme de 30 ans environ, blond, d'une taille au-dessus
de la moyenne.
Voici
la désignation des lambeaux de vêtements trouvés autour du cadavre et
qui pourraient peut-être servir plus tard à constater son identité :
Une
botte presque usée, ayant sous le talon et sous la semelle une grande
quantité de petites chevilles carrées en guise de clou ; la tige
de cette botte est moins haute que celles de nos marins pêcheurs.
Un
bas de laine grise, bordé de laine blanche au haut et rapiécé au
talon et au bout avec du tissu noir.
Caleçon
en molleton rayé bleu.
Chemise
de santé en flanelle avec liseré gris au bas.
Pantalon
drap fantaisie, brun foncé, piqueté de violet.
Vareuse
en drap matelot, dont le bout des manches est terminé avec des plis, le
tour et le devant sont piqués en laine bleue.
Une
courroie de cuir serrait les vêtements autour du cadavre.
Ces
vêtements n'ont aucune marque, les boutons sont en os, blanc et noir,
il y en a plusieurs en métal, sans inscription dessus.
Ils
ont été conservés par l'autorité municipale et l'inhumation du
cadavre a eu lieu aujourd'hui dans le cimetière de Trouville. (Journal
de Honfleur)
Janvier
1862 - On lit dans la Vigie de Dieppe.
- A
la marée du 11 courant, le bateau de pêche « Notre-Dame-des-Victoires »,
de Trouville, est entré dans notre port, traînant à sa remorque le
bateau le « Petit-Pierre »,
également de Trouville, qu'il avait trouvé épave en vue des côtes
d'Angleterre.
L'équipage
du « Petit-Pierre »,
sur le sort duquel on avait de l'inquiétude, vient d'arriver à Dieppe
sain et sauf. Ce bateau pécheur avait été abordé de nuit, par le
trois-mats autrichien « Virgile »,
à bord duquel s'était réfugié l'équipage trouvillais, au moment de
l'abordage, et qui l'avait conduit en rade des Dudes, d'où il a été
ramené par les soins de M. l'agent consulaire à Deal.
D'après
le rapport du patron du « Petit-Pierre »,
le navire autrichien n'avait point ses feux. L'équipage trouvillais n'a
pas eu d'ailleurs, à ce qu'il parait, à se louer de la conduite du
capitaine étranger. En effet, non content de refuser de mettre en panne
pour permettre aux pêcheurs de rallier leur bateau, il ne leur a
distribué qu'un biscuit par repas et par homme pendant le temps qu'il
ont passé à bord. Cependant, dans cet intervalle, le « Virgile »
a couru d'assez grands dangers, qu'il n'a évités que grâce à la
connaissance des lieux que possédaient nos pécheurs.
La
nationalité et le nom du « Virgile »
ont été connus de la manière suivante :
L'un
des pêcheurs aperçut sur les cloisons du rouffle des caractères
allemands qu'il grava sur le sabot d'un de ses camarades. Il apprit
ensuite que le navire avait pris à Newcastle un chargement de charbon
pour Trieste. Arrivé à Deal, à bord d'un bateau-pilote anglais,
l'équipage du « Petit-Pierre »
fit son rapport à M. l’agent consulaire de France, qui a obtenu, par
voie télégraphique, de son collègue de Newcastle la confirmation des
renseignements sus-mentionnés sur le trois-mats le « Virgile ».
(Journal de Honfleur)
Janvier
1862
-
Le sauvetage en mer.
-
On
écrit de Paris qu'on s'occupe au ministère de la marine de
l'organisation de moyens de sauvetage sur le littoral français.
Ce
projet ne saurait trop tôt être mis à exécution et avec trop de
zèle. Les naufrages sont fréquents, ils se multiplient en raison de
l'activité croissante de la navigation, et chaque année voit périr
bien des victimes que des secours plus efficaces pourraient arracher à
la mort.
Dans
la Grande-Bretagne, on travaille avec persévérance à accroître le
nombre des stations de sauvetage, il y en avait 124 à la fin de 1856 et
173 à la fin de 1860. L'institution nationale de sauvetage a créé de
nombreuses stations que dirigent des comités locaux. Des bateaux de
sauvetage sont placés sur bien des points du littoral avec des voitures
de transport et des abris convenables pour leur conservation.
Depuis
son origine, cette société a sauvé plus de 12 000 personnes. Elle
distribue des médailles, des diplômes honorifiques et des récompenses
en argent. Dans une période de 55 ans (c'est en 1824 qu'elle a été
créée), elle a décerne 82 médailles en or, 666 médailles en argent
et une somme de 350 400 fr. en récompenses pour faits de sauvetage,
elle a, en outre, dépensé 1 158 760 fr. pour organiser des stations.
Nous
croyons qu'il est utile de signaler ces faits, parce qu'il y a encore
beaucoup à faire en France sous ce rapport. (Journal de Honfleur)
Février
1862 - Péri en mer.
- Le
24 janvier dernier, une famille de notre cité à vu un de ses membres
devenir victime d'un de ces sinistres maritimes qui affligent trop
souvent notre population. A une heure de l'après-midi, à 3 milles dans
le sud de Darmouth, le matelot Cauquais (Généreux-Adonis), de la
barque « Eugène-Aurélie »,
de Trouville, patron Liégeard (Pierre-Etienne), a été enlevé par un
coup de mer.
Le
patron et les hommes de l'équipage de cette barque ont fait toutes les
manœuvres possibles pour porter secours à leur malheureux camarade,
hélas ! ils n'ont pu réussir à le sauver.
La
barque Nº 67 « Souvenir-de-Victoire »,
également de Trouville, était en vue, le patron de cette barque ayant
aperçu l' ‘ « Eugène-Aurélie »,
avec son pavillon en berne, (signal de détresse, comme chacun le sait)
à fait forces de voile pour se rendre à l'appel de ses compagnons,
mais, il est arrivé trop tard, et le malheureux Cauquais à disparu à
tous les yeux, sans qu'on ait pu l'arracher aux flots qui l'ont
englouti.
Cauquais
laisse une veuve dans la plus grande misère, qui, nous aimons a le
croire, sera entourée de quelques marques de généreuse sympathie. (l’Ordre
et la Liberté)
Avril
1862 - Un suicide.
- Dans
la nuit du 7 au 8 de ce mois, la nommée Rose Godreuil, âgée de 47
ans, demeurant à Trouville, s'est volontairement jetée dans le bassin.
Elle était malade depuis longtemps, et avait, à plusieurs reprises,
donné des signes d'aliénation, en manifestant l'intention de se noyer.
Pour
accomplir son dessein, elle a profité du sommeil de sa nièce, et elle
a dû franchir une clôture de plus d'un mètre. ( l’Ordre et la
Liberté)
Juin
1862 -
Villégiature.
- Le 14, le
prince de Metternich a conduit la princesse de Metternich à Trouville,
où elle doit passer la saison des bains de mer. Le prince partira pour
Vienne cette semaine. (l’Ordre et la Liberté)
Juillet
1862 -
Les conversations de Trouville.
- M. Ch.
Deslys, rédacteur du Journal de Trouville, raconte les deux
incidents suivants, l'un maritime, l'autre équestre, qui ont défrayé
les conversations de la semaine dernière.
Voici
le premier :
Un
yacht autrichien, que l'on dit non moins merveilleux qu'une
galère-capitane des Mille et une Nuits, devait venir à Trouville,
mais, son trop fort tirant d'eau ne lui permettant pas l'entrée de
notre port, il avait dû rester en rade du Havre.
La
famille de Metternich était invitée à déjeuner à bord, comment
faire ? Le canot, remorqué par un petit vapeur havrais, fut envoyé
au-devant des nobles convives. Mais la mer était très grosse, et nos
vieux matelots eux-mêmes déclaraient cette traversée des plus
imprudentes. La princesse de Metternich, que l'on retrouve toujours
lorsqu'il s'agit d'un courageux plaisir ou d'une action charitable,
n'hésita pas à braver les flots en courroux. Escortée du prince, elle
descendit sans pâlir sur le frêle esquif, qui bientôt bondit ainsi
qu'une coquille de noix dans le remous fouetté par la lame. Tout le
monde était accouru sur la jetée, les dames palpitaient d'émotion,
quelques-unes même, prétend-on, perdirent à moitié connaissance. La
princesse seule conservait son sang-froid et souriait, intrépide et
charmante comme toujours. Le soir, à son retour, elle se montra toute
surpris qu'on ait admiré sa bravoure et tremblé de son péril. Elle
n'en avait pas même eu soupçon, et, non moins aguerrie contre le mal
de mer que contre la crainte, elle était restée, durant tout le cours
de l'aventureuse entreprise, aussi parfaitement maîtresse d'elle-même,
aussi entreprenante, aussi spirituelle, aussi gaie que dans le salon de
Trouville. Aussi le prince de s'écrier avec un légitime orgueil :
« La princesse a été sublime ! » C'était également
l'avis de tous ceux qui avaient assisté au départ.
Passons
à l'anecdote équestre :
L'autre
jour, un singulier attelage égayait nos rues et notre plage. Il
s'agissait d'une de ces légères américaines qu'on appelle
communément des paniers à salade. Celui-là était attelé de six
ânes et conduit à la Daumont par MM. de Portes, de Canclaux et de
Corberon, travestis en jockeys. Jamais encore les ânes de Trouville
n'avaient reçu pareil honneur.
Dans
la voiture : MMmes les
comtesses de Canclaux, de Corberon et de Pourtalès, la marquise de
Portes et la princesse de Metternich. Décidément, Trouville est le
plus gai de tous les bains de mer ! (l’Ordre et la Liberté)
Août
1862 - Nous lisons dans
le Journal de Honfleur. -
La
réception des travaux de la dernière lacune du chemin de moyenne
communication nº 69 de Trouville à Honfleur par Villerville, a eu lieu
le 12 août dernier.
Cette
ligne se trouve donc désormais entièrement livrée à la circulation,
et les communications avec Trouville peuvent avoir lieu directement par
ce chemin dont l'achèvement était depuis si longtemps désiré. Aussi
une foule de promeneurs l'ont-ils déjà parcouru dans tous les sens et
en ont-ils admiré les points de vue remarquables.
Il
faut, en effet, avoir fréquenté ce chemin pour apprécier tout le
charme que l'on éprouve en présence des magnifiques perspectives qui
s'offrent aux yeux de tous côtés.
La
vue de la mer dont on jouit dans presque toute la longueur du parcours,
celle de l'embouchure de la Seine avec son mouvement continuel de
navires de toute espèce, les coteaux boisés, les champs cultivés qui
bordent le chemin, font éprouver des sensations tellement variées que
la distance disparaît et se trouve franchie sans ennui et sans fatigue.
Les
nombreux étrangers qui se trouvent en ce moment à Villerville ont vu
avec plaisir l'ouverture de ce chemin qui facilite leurs relations avec
Trouville, et qui leur permet, sans avoir à souffrir continuellement du
bruit et du mouvement inhérents à une grande ville, de jouir, quand il
leur plait, des distractions qu'offre cette reine des bains.
En
effet, Villerville offre à la fois le plaisir des bains de mer et le
repos de la campagne, car, à quelques pas du rivage, on est au milieu
d'une verdure luxuriante, et là, loin du bruit, on se délasse du
séjour des villes et on répare en peu de temps les désordres causés
à la santé par l'air corrompu des cités.
Les
bains de Villerville ne pourront donc que gagner à l'ouverture du
chemin de Trouville à Honfleur, et les relations de cette localité
avec ces deux villes ne manqueront pas de s'accroître, surtout si,
comme on le désire, un service régulier de voitures publiques dessert
cette ligne appelée à une importance remarquable. (l’Ordre et
la Liberté)
Septembre
1862 - Découverte
macabre. -
Dans la
matinée du 25 août, le pilote Vasseur, de Ouistreham, étant à bord
d'un brick norvégien, a recueilli en mer, par le travers
de Trouville, le cadavre d'un homme paraissant avoir de vingt-quatre à
trente ans, vêtu de drap noir, porteur d'une montre en or à cylindre.
La figure était décomposée.
L'âge
apparent de ce malheureux se rapporte parfaitement à celui d'Eugène
Leroy, l'une des victimes de la catastrophe du jour des régates du
Havre.
Jacob
Steiger a également été retrouvé au large du Havre. (Journal de
Honfleur.)
Octobre
1862 - La route du littoral.
- Le
prolongement de la route de moyenne communication n° 69, dite de
Honfleur à Trouville, a dù être reçu le 11 dans l'après-midi.
On
peut donc désormais se rendre de Honfleur à Trouville, en suivant tout
le littoral. (l’Ordre et la Liberté)
Novembre
1862 -
Avis. -
Le
bateau de pêche « Bonne-Union », nº 45, patron
Delamarre, a trouvé, le 1er novembre courant, à 18 milles
nord du Havre, un cadavre flottant sur l'eau qu'il a rapporté à
Trouville.
Voici
les indications recueillies :
L'immersion
remonte à deux mois environ.
Age:
45 à 50 ans environ.
Vêtements
: chemise en laine rayée rouge, chemise en coton blanc, blouse bleue en
coton, pantalon de drap bleu, pantalon de toile blanche par dessus, une
paire de chaussettes blanches marquées I. L. (l’Ordre et la Liberté)
Novembre
1862 -
Avis. -
Le préfet du
Calvados a l'honneur d'informer les institutrices du département que le
Jury international de l'exposition de Londres a décerné une mention
honorable collective aux écoles de filles du département, pour les
travaux d'aiguille exécutés dans ces écoles. (l’Ordre et la
Liberté)
Novembre
1862 -
le pavillon d’appel.
- Lundi
24, dit La Plage, journal de Trouville, sur les 10 heures du
matin, un sloop anglais faisait route pour Trouville. Il avait hissé le
pavillon d'appel, pour demander un pilote. Mais en vain l'a-t-il fait,
car aucun ne s'est présenté à bord, la mer, cependant, n'était pas
très forte et ne pouvait empêcher leur sortie du port.
A
quoi donc attribuer cette négligence ? Quand bien même le navire
mentionné n'aurait pas eu de chargement pour Trouville, qu'il n'eût
voulu que relâcher ou demander un pratique, n'était-ce pas un devoir
de se rendre à son appel ?
Ce
que nous avons remarqué il y a déjà bien longtemps, et nous n'en
avons rien dit jusqu'alors, c'est que les pilotes ne répondent pas à
la mission qui leur est imposée. Pourquoi entr'eux n'ont-ils pas à
leur disposition une embarcation pontée, telle que le prescrit le
règlement, capable de tenir à la mer de gros temps, comme en ont leurs
confrères du Havre, afin d'aller prendre les navires en mer et
faciliter leur entrée. Jusqu'ici rien de tout cela, à peine vont-ils
jusqu'au bout des jetées dans un canot, ne les dépassant presque
jamais, nous avons vu différentes fois (nouveau système de signaux
maritimes sans brevet d'invention) des personnes, au bout de l'estacade,
un balai à long manche ou un chapeau à la main, remplaçant les
anciens télégraphes. (l’Ordre et la Liberté)
Décembre
1862 -
Nécrologie. -
Les journaux
de Trouville et de Pont-l'Evêque nous ont annoncé dernièrement la
perte que les arts venaient de faire en la personne de M. C. Mozin,
peintre de marine, décédé à Trouville, le 7 novembre.
Né
à Paris en 1806, C. Mozın, qui appartenait à une famille
d'artistes, passa presque toute sa vie à Trouville, où le hasard le
conduisit en 1825. Trouville alors n'était qu'un pauvre village d'une
vingtaine de feux, et, parmi les causes qui en ont fait la jolie ville
de bains si fréquentée aujourd'hui, on peut compter le charme et la
célébrité que le pinceau de C. Mozin a répandus sur ce joli coin de
terre.
Mozin
s'est éteint dans la force de l'âge et lorsque la maturité de son
talent promettait une suite de bons ouvrages à ceux qu'il avait déjà
produits.
On
peut voir aux Musées du Luxembourg et de Versailles des peintures
remarquables de cet artiste. (l’Ordre et la Liberté)
Décembre
1862 - Nominations.
- Par
décret impérial du 8 décembre, sur la proposition de M. le préfet du
Calvados, ont été nommés :
-
Sous-lieutenant de la compagnie des sapeurs-pompiers de
Trouville-sur-Mer, M Toutain (Florentin-Ferdinand), en remplacement de
M. Courillon, décédé.
-
Sous-lieutenant de la compagnie des sapeurs-pompiers d'Amblie, M.
Turquetil (Victor). (l’Ordre et la Liberté)
Février
1863 - On lit dans la Plage.
- La
mer, poussée par les grands vents d'ouest, est montée à une hauteur
inaccoutumée à Trouville, les 19 et 20,; elle a passé par dessus les
quais. Tout le marais a été inondé, ainsi que les travaux du chemin
de fer, jusque dans la gare.
Le
service du steamer du Havre a été interrompu quatre jours
consécutifs. ( Le Journal de Honfleur )
Mars
1863 - Un crime. -
Le 2 mars,
dans la soirée un crime horrible a été commis dans les circonstances
suivantes, et a jeté la consternation à Trouville.
Le
sieur Biais, marin-pêcheur, est allé chez le sieur Tigout,
marchand-quincailler-coutelier, acheter un couteau, ensuite il s'est
rendu chez le sieur Tesson, propriétaire de l'hôtel des Dunes, où se
trouvait sa femme, amie des époux Tesson.
S'adressant
à elle pour lui demander pardon de l'insulte qu'il lui avait faite le
Mardi Gras, en brisant toute la vaisselle de son ménage, à la suite
d'une scène, sa femme s'approchant pour l'embrasser, il lui plongea
aussitôt le couteau dans la gorge et se retira précipitamment, en
prenant la fuite, se dirigeant sous la grande porte de l'hôtel où il
se donna un coup de couteau dans le côté et un second à la gorge.
Ces
deux malheureux sont morts presque sur le champ. La
justice informe. (
Le Journal de Honfleur )
Mars
1863 - Les secours.
- A
l'occasion du septième anniversaire de la naissance du Prince
Impérial, Son Exc. M. le ministre de la maison de l'Empereur a
accordé, au nom de Sa Majesté, des secours aux parents des enfants
nés le 16 mars 1856, dont les noms suivent, savoir :
A
la dame Faride, demeurant à Genneville, pour le jeune Hardy, 100 fr.
A
la veuve Agis, demeurant à Trouville, 100 fr. ( Le Journal de
Honfleur )
Mai
1863 - On lit dans le Journal de Honfleur.
- Trois
barques de pêche de Trouville, la barque « Auguste-Alice »,
patron Vesque ; la barque « Alexandre », patron
Alexandre Halley, et la barque « Protégé-de-Dieu »,
patron Arsène Lemore, ont trouvé avant-hier, à sept heures du soir,
à quinze milles dans le nord-ouest de la Hève, la goëlette prussienne
« Iduna », capitaine Holtz, allant de Rouen à Kœnigsberg
avec un chargement de plâtre, et qui, assaillie par un grain à 1 mille
du cap de la Héve, avait eu ses
deux mats coupés au ras du pont.
Les
trois embarcations l'ont prise à leur remorque et l'ont menée sur la
grande rade, où elle a mouillé à deux heures du matin.
A
la marée, le steamer « Alcide » est allé la
chercher et l'a conduite dans le port du Havre, ainsi que deux barques
de pêche qui étaient restées à côté d'elle. (l’Ordre et la
Liberté)
Juin
1863 - Avis. -
On
annonce que l'administration des tabacs vient de prendre une mesure qui
sera approuvée par les consommateurs. Les débits de tabac pourront
dorénavant livrer au public des paquets de tabac à fumer de 100
grammes (1 fr.) Jusqu'à présent, les moindres paquets étaient de 200
grammes (2 fr.) (l’Ordre et la Liberté)
Juin
1863 - Nous lisons dans le Journal
de Trouville.
- Décidément,
l'ouverture du chemin de fer de Trouville est fixée au 1er
juillet. Quant à la fête d'inauguration, nous ne sommes pas en mesure
d'affirmer si elle aura lieu. On en parle beaucoup, il est vrai, mais il
n'y a encore rien d'arrêté à ce sujet.
Au
milieu des allégations qui se croisent, notre pensée à nous est
qu'une fête splendide aura lieu, d'ailleurs, le Conseil municipal de
Trouville a voté une somme pour être affectée à cet objet. D'un
autre côté, nous ne doutons pas que la Compagnie du chemin de fer
n'apporte aussi son concours dans cette circonstance. Quant à nous,
dont le rôle est de faire des vœux, nous avons le plus grand désir,
dans l'intérêt de tous, qu'une belle fête s'organise et s'accomplisse
à l'occasion de l'ouverture de la voie ferrée qui va relier
directement Trouville à Paris.
Les
affiches qui annoncent le service au 1er
juillet, indiquent qu'il y aura, pour Trouville, quatre trains
d'arrivée et quatre trains de départ chaque jour. Le dernier départ
s'effectuera à 9 h. 20 m. du soir.
Tous
les dimanches, il y a une affluence considérable de promeneurs à
Trouville, le train de 9 h. 20, c'est-à-dire le dernier, ne leur
permettra jamais d'assister aux bals, aux concerts du Casino, ni aux
représentations du théâtre, en un mot, ils seront privés de passer
la soirée à Trouville. Nous pensons que la Compagnie et les intérêts
de Trouville y gagneraient beaucoup si, tous les dimanches, on pouvait
organiser un départ de Trouville qui s'effectuerait vers minuit. Ce
départ, pour ne rien changer an service établi, serait spécialement
destiné aux promeneurs des localités environnantes, jusqu'à Caen et
Bernay, ou même Évreux. Nous appelons toute l'attention de la
Compagnie sur ce point. (l’Ordre et la Liberté)
Juillet
1863 - Nous lisons dans le Journal de Trouville.
- Depuis
l'ouverture du chemin de fer, il y a affluence de baigneurs sur notre
plage. On y prend aujourd'hui une quantité de bains qui dépasse de
moitié le nombre que l'on prenait, l'année dernière, à pareille
époque. Il n'y a rien là qui puisse étonner avec une plage si belle,
des voies de communication si faciles, si rapides, et en même temps si
peu dispendieuses, avec un temps si constamment beau, peut-on résister
à l'attrait des bains de mer ? Peut-on, de gaieté de cœur, rester
enfermé dans les villes devenues des étuves, au lieu d'aller en
liberté respirer la fraîche brise sur les bords de l'Océan ?
Lorsque
la mer, en se retirant au loin, laisse à découvert l'immense étendue
de sable fin et dur qui constitue la plage de Trouville si justement
vantée, rien n'est beau, rien n'est gracieux comme le coup d'œil de
cette plage, ici ce sont des groupes assis, là des promeneurs, plus
loin des enfants courant çà et là ou creusant le sable avec leurs
béches, partout c'est le mouvement, la vie, la gaieté, l'entrain.
Quoique
nous ne soyons qu'au commencement de la saison, Trouville compte déjà
des hôtes illustres.
Le
Salon a repris complètement ses habitudes, les réunions y sont
nombreuses et charmantes. Jeudi, on a dansé, ce qui veut dire que
maintenant, jeudis et dimanches, il y aura bal, ce qui n'empêchera pas
les petites sauteries si pleines d'entrain qu'on improvise chaque soir.
D'ailleurs, il est impossible de ne pas danser, Mikel est au piano, et
le grand-prêtre de la danse est là sous la figure de Périn. On
pourrait dire également qu'il est impossible de ne pas faire de
musique, car le Salon compte, en ce moment, deux maîtres en l'art
musical, ce sont MM. Rahn et Rhin, tous les deux artistes-professeurs,
le premier, professeur d'harmonie et de composition musicale, le second,
professeur de piano. Les cours de M. Rahn, qui ont eu lieu toute la
semaine dans la salle Périn, ont attiré un grand nombre d'auditeurs,
qui tous ont écouté l'éminent professeur avec le plus vif intérêt.
La présence de MM. Rahn et Rhin est une excellente fortune pour les
habitués du Salon.
Tous
les ans, dans une pensée de bienfaisance à laquelle nous ne saurions
trop applaudir, MM. les administrateurs du Salon organisent un bal au
profit des pauvres de Trouville. Ce bal aura lieu cette année, le
mercredi 12 août. Nous ne doutons pas qu'il ne soit, comme toujours, le
plus brillant de la saison. Plaisir et charité sont deux mots magiques
qui enfantent des prodiges. (l’Ordre et la Liberté)
Novembre
1863 - Un naufrage. -
Vendredi matin, on a trouvé sur le rivage, près les jetées de
Trouville, un petit canot à voiles, dit picoteux, portant les
indications suivantes : Le Camélia,
Caen, n° 741, entièrement submergé, la quille en l'air.
Il
était, dit-on, venu à Trouville quelquefois apporter du hareng, si
c'est le même, il devait être monté par deux hommes et un mousse. Des
crevettières en poussant leurs havenets, ont vu un cadavre s'en allant
en dérive, à peu de distance de Trouville, mais elles n'ont pas pu le
recueillir. (l’Ordre et la Liberté)
Décembre
1863 - L’ouragan du 2 décembre.
- Les
journaux de la contrée commencent à enregistrer les sinistres
occasionnés par l'ouragan qui a éclaté le 2 du courant. Nous lisons
dans le Pays-d'Auge,
du 3 :
Hier,
vers deux heures de l'après-midi, à la gare de Trouville, le grand
bâtiment de la petite vitesse s'est écroulé sous la violence du vent.
On venait, par bonheur, de décharger les wagons, et les hommes étaient
retirés, mais les marchandises ont été ensevelies sous les débris.
Grâce à l'activité des employés à la tête desquels on cite M. de
Tillière, fils du chef de gare, et M. Chauvin, on a pu déblayer assez
les décombres pour arrêter l'incendie allumé par le feu du poèle
qu'ils recouvraient.
Un
autre bâtiment était déjà fortement ébranlé, et il est à craindre
qu'il ne soit aussi renversé. On évalue la perte à 60 000 fr.
Plusieurs
maisons en construction dans le marais de Deauville sont écroulées. Le
bateau à vapeur de Trouville, qui seul s'était exposé au passage, a
été forcé de prendre relâche à Honfleur.
De
tous côtés on signale de grandes quantités d'arbres abattus le long
des routes. L'heure avancée ne nous permet pas d'entrer dans plus de
détails aujourd'hui. (l’Ordre et la Liberté)
Janvier
1864 -
Un sauvetage. -
La Plage,
journal de Trouville, rapporte que le nommé Ozerais, ayant voulu
s'embarquer sur le bateau à vapeur du Havre, au moment où l'on venait
d'enlever la planche, a glissé et est tombé dans l'eau.
Aussitôt,
un des hommes du vapeur « Le
Français »,
le matelot Guillermon ( Yves ), s'est jeté à l'eau et est parvenu à
sauver Ozerais d'une mort certaine.
Un
rapport sur la belle conduite du matelot Guillermon a été adresse au
ministre de la marine. (l’Ordre et la Liberté)
Février
1864 - On écrit de Trouville. -
Vendredi, vers huit
heures du matin, la barque nº 55, de Trouville, patron Émile Lucas, se
trouvant en mer, à 18 milles N. O. de la Hève, a perdu un de ses
marins, un nommé Masson, né à Dieppe.
Ce
malheureux a été enlevé à la mer, et il a été impossible de le
sauver. Il laisse une veuve et un enfant. (l’Ordre et la Liberté)
Juillet
1864
-
La visite du prince Napoléon.
-
Vendredi dernier, le prince Napoléon, qui avait quitté le Havre
dans la matinée, est venu sur un canot à vapeur, l' « Abeille »,
mouiller sur la rade de Trouville, où il a débarqué. Le prince a
déjeuné à l'hôtel de Paris ; puis, après avoir fait une longue
visite à M. Cordier, dont la somptueuse demeure fait l'admiration des
étrangers, il s'est embarqué et s'est dirigé sur Honfleur.
Immédiatement
après son arrivée dans cette ville, le prince est monté en voiture et
s'est fait conduire sur le coteau de Grâce, il s'est rendu ensuite à
l'hôtel du Cheval-Blanc, où il a dîné, puis il s'est embarqué vers
huit heures.
Le
prince Napoléon est arrivé à Caen, à 3 heures du matin, et est
descendu à l'hôtel d'Angleterre. Dans la matinée, il est monté en
voiture, et, accompagné d'un officier de marine et de deux autres
personnes, en modeste tenue de voyage, il a visité plusieurs de nos
monuments.
A
11 heures 1/2, l' « Abeille » quittait Caen, ramenant
au Havre le prince et les personnes qui l'accompagnaient. Un assez grand
nombre de curieux assistaient à ce départ. (l’Ordre et la Liberté)
Août
1864 -
La situation maritime du Calvados.
- Dans son rapport sur la situation du service des
travaux maritimes du Calvados, M. Harduin, ingénieur en chef des ports
maritimes, passe successivement en revue tous les ports du département.
Notre
littoral présente un développement de 120 kilomètres environ entre
ses points extrêmes : Fiquefleur à l'est, et Isigny à l'ouest. On y
trouve deux ports très importants : Honfleur et Caen ; six ports d'une
importance moindre : Trouville . Dives, Ouistreham, Courseulles,
Port-en-Bessin et Isigny ; et, enfin, trois stations de pêche :
Villerville, Arromanches et Grandcamp. Il convient encore de signaler le
petit port de St-Sauveur, dans la baie de la Seine, non loin de
Honfleur, et le port de Touques, en amont de Trouville.
Par
suite de l'ouverture du chemin de fer, le port de Honfleur a repris la
première place qu'il avait perdue en 1861, et Caen se retrouve à la
seconde. Toutefois, les mouvements de ce dernier port en 1862 ont encore
dépassé de beaucoup la moyenne des sept années précédentes.
L'activité
des ports de Trouville, Courseulles, Isiguy et Port-en-Bessin a
augmenté ; celle de Dives a encore diminué. D'après le tableau
comparatif du mouvement commercial de 1855 à 1862 inclusivement, les
sept ports principaux du Calvados peuvent être classés ainsi : 1º
Honfleur, 284 265 tonneaux ; 2º Caen, 242 316 tonneaux ; 3º Trouville,
28 110 tonneaux ; 4º Courseulles, 24 932 ; 5º Isigny, 21 021; 6°
Port-en-Bessin, 13 858 ; et 7º Dives, 5 452 tonneaux.
M.
Harduin termine son rapport par une récapitulation et une évaluation
sommaire des travaux recommandés par le Conseil général dont les
projets sont présentés ou à l'étude, et en faveur desquels il y aura
lieu de demander des subventions sur les fonds du département en 1865
et années suivantes.
La
dépense totale des projets recommandés, dont l'exécution est à
prévoir dans une période de cinq années, est de 4 142 700 francs. (l’Ordre
et la Liberté)
Août
1864 -
Un sauvetage. -
Voici, dit le journal le Pays-d'Auge,
un acte de devoûment qui fait honneur à M. le baron Ferdinand d'Hautpoul,
fils de M. le comte d'Hautpoul, ancien maire de Trouville :
Il
était sorti, l'un des jours de la semaine dernière, pour faire une
promenade sur la Touques, dans un canot conduit par le sieur Le Croisey,
lorsqu'à environ 400 mètres au-delà du pont, il aperçut un autre
petit canot qui venait de chavirer et deux hommes en danger de périr,
il courut vers eux, et, lorsqu'il arriva, l'un des deux hommes avait
réussi en nageant à se mettre à l'abri, mais l'autre avait disparu
sous l'eau et retenait heureusement la barque qu'il avait saisie.
Aidé
de Le Croisey, M. d'Hautpoul parvint à la soulever, et ils purent alors
retirer le noyé et le placer dans leur canot. Ils parvinrent bientôt,
au moyen des frictions en usage en pareil cas, à le rappeler à la vie.
Cet
homme était M. Bertrand, directeur du tir au pistolet établi sur le
quai de Trouville, qui aurait infailliblement succombé sans
l'intervention providentielle de M. Ferdinand d'Hautpoul. (l’Ordre et
la Liberté)
Octobre
1864 -
On écrit de Trouville. -
Lundi, vers
huit heures du soir, on voyait de Villers et de Trouville une très vive
clarté qui fit supposer qu'un incendie venait de se déclarer à bord
d'un navire qui paraissait se trouver à 4 ou 5 milles en mer.
Des
secours furent promptement organisés tant à Trouville qu'à Villers,
et on acquit bientôt la triste conviction qu'un sloop, qui fait
ordinairement le trajet du Havre à Caen et qui se rendait dans cette
dernière ville, était complètement envahi par les flammes et sur le
point d'être entièrement détruit.
Ce
navire était chargé de charbon, de graisse et d'huile. Le feu avait
pris on ne sait comment dans ces matières inflammables, et il s'était
propagé avec une telle rapidité qu'il fut impossible aux quelques
hommes de l'équipage d'arrêter l'incendie à son début.
Personne
n'a péri, les matelots du bord ont été débarqués à Trouville, où
tous les secours qu'exigeait leur position leur ont été prodigués.
Le
navire, abandonné à lui-même, est venu, poussé par la marée,
s'échouer sous Trouville, non loin de l'emplacement des bains. Ce n'est
plus qu'une coque informe dont il sera impossible de tirer parti. (Pays
d'Auge.)
Novembre
1864 -
Une bibliothèque. -
Le journal de
Pont-l'Evêque, le Pays-d'Auge,
annonce en ces termes la création d'une bibliothèque populaire à
Trouville :
Un
homme de bien, un savant dont les œuvres littéraires ont été souvent
couronnées par l'Académie française et auquel nous devons,
entr'autres travaux remarquables, une histoire de France et une histoire
d'Angleterre, M. Émile de Bonnechose, frère de Son Éminence le
cardinal-archevêque de Rouen, est en train d'organiser, en ce moment,
une bibliothèque populaire à Trouville.
M.
E. de Bonnechose, pénétré de cette sublime pensée, que l'homme ne se
nourrit pas seulement de pain, a entrepris la grande et noble tâche de
travailler à propager la nourriture intellectuelle dans notre contrée,
si riche et si prospère au point de vue matériel. Nous ne saurions
trop applaudir à cette généreuse tentative, que nous nous empressons
de signaler à tous les vrais amis du progrès moral et intellectuel.
L'accueil
fait, à Trouville et à Deauville, au projet de M. E. de Bonnechose
permet d'espérer que ses efforts seront couronnés d'un plein succès.
Déjà une première réunion a eu lieu, lundi dernier, au salon de
Trouville, et, dans cette séance, il a été procédé à la lecture
des statuts rédigés par M. E. de Bonnechose, et à la nomination des
membres du conseil d'administration.
La
présidence d'honneur a été offerte, à l'unanimité, à S. Exc. M.
le duc de Morny, et la présidence à M. E. de Bonnechose, les
vice-présidents également désignés à l'unanimité sont : MM.
Cordier et Olliffe. Une deuxième réunion doit avoir lieu lundi 7
courant.
Nous
en rendrons compte dans le prochain numéro. Nous présenterons en même
temps quelques considérations générales sur l'institution si
éminemment philanthropique des bibliothèques populaires, et
particulièrement sur l'organisation de
celle de Trouville-Deauville. (l’Ordre et la Liberté)
Décembre
1864 -
Un sauvetage. -
Dimanche,
vers une heure après-midi, la barque de pêche de Trouville, nº 48,
« Jehovah »,
patron Stanislas Lebaillif, se trouvant à 15 milles dans l'ouest quart
nord-ouest de la Heve, apparut un sloop désemparé de toute sa voilure
et portant son pavillon en berne ; le patron se dirigea sur cette
embarcation et lui envoya un grelin.
Trois quarts d'heure après, la barque de Trouville nº 60, « Ernest-Amélie »,
patron Ernest Harel, venait également s'embosser sur le sloop et
mettait à bord un homme qui fut d'un grand secours. Ce navire
désemparé, qui est le clipper « Saint-Jacques »,
capitaine Guego, allant de Toulenhry ( Côtes-du-Nord ) à Honfleur avec
un chargement d'avoine, avait une voie d'eau et deux pieds d'eau dans la
cale, et, pour comble de malheur, il s'était introduit de l'avoine dans
la pompe d'avant qui était hors d'état de servir.
Les
deux barques de Trouville remorquèrent le « Saint-Jacques »
dans la rade du Havre, et, vers sept heures du soir, entrèrent avec lui
dans l'avant-port. (
Pays-d' Auge )
Février
1865 -
Avis. -
Les quelques
lignes suivantes que nous lisons dans le Journal
de Honfleur nous
laissent entrevoir un de ces drames lamentables sur lequel la mer seule
pourrait apporter de tristes révélations :
On
est sans nouvelles sur le sort de la barque de pêche de Trouville, Nº
23, les « Deux-Sœurs »,
patron Biais, montée par six hommes d'équipage, le mousse compris.
Elle
est partie de Dieppe le vendredi 13 janvier, la veille du coup de vent,
et depuis lors n'a plus donné de ses nouvelles. Le patron et ses quatre
matelots sont tous pères de famille et comptent entr'eux 22 enfants.
Toute
personne qui pourrait fournir quelques renseignements sur le sort de ce
bateau et de son équipage est priée, au nom des familles de ces
pêcheurs, de les faire parvenir à M. Fautrel, courtier marime à
Trouville. (l’Ordre et la Liberté)
Février
1865 -
Une aide de l’Empereur.
- L'Empereur,
en apprenant le naufrage de la barque de pêche nº 23 du port de
Trouville-sur-Mer, montée par six hommes d'équipage qui ont péri dans
la terrible tempête du 13 janvier dernier, a envoyé à M. le baron
Clary, maire de Trouville, une somme de 1 000 fr. pour être distribuée
aux familles de ces infortunés marins.
(Moniteur universel.)
Mars
1865 -
Une aide. -
Par décision
du 8 mars, M. le ministre de l'intérieur a accordé, sur la demande de
M. le préfet du Calvados, une somme de cinq cents francs au bureau de
bienfaisance de Trouville pour être distribuée aux familles de
pêcheurs victimes d'un accident de mer. (Pays d' Auge).
Mars
1865 -
La marée. -
La
plus haute marée de l'année et l'une des plus hautes qu'on verra dans
ce siècle a lieu aujourd'hui mardi. Elle atteindra 4 mètres 73
centimètres. (l’Ordre et la Liberté)
Avril
1865 -
Un sauvetage. -
Les deux
barques de pêche de Trouville, nº 46, « Theodore-Clarisse »,
patron François Croix, et nº 55, « Marie-Ferdinand »,
patron Eugène Haleu, ont rencontré lundi matin, à dix milles environ
de Beachy-Head, un brick anglais démâté de son grand mât et
sa voile de misaine. Il avait son pavillon en berne.
La
barque « Marie-Ferdinand » s'embossa sur lui et
pendant quatre heures essaya de gagner la côte anglaise, mais un fort
vent du nord qui avait obligé les barques à prendre deux ris, rendit
vains ses efforts. Vers deux heures de l'après-midi, l'autre
embarcation, « Théodore-Clarisse », vint également
donner la remorque au brick, et grâce à ce renfort, celui-ci put être
amené dans le port du Havre.
C'est
le « Robin-Grey », de Blyth. Il se rendait de Faro à
Leith avec un chargement de liége en planches. Il avait été abordé
dimanche à l'épaule de tribord par le « Cynosure »,
navire américain allant de New-York à Brême.
Dans cet abordage, le « Robin-Grey » a
éprouvé de graves avaries, puisque, ainsi qu'on l'a vu plus haut, sa
mature et sa voilure ont été perdues. En outre, tous ses pavois de
tribord ont été enlevés. (Pays-d' Auge)
Juillet
1865 - Les exploiteurs.
- On
s'est plaint plus d'une fois de la rapacité avec laquelle certains
aubergistes exploitent les étrangers qui viennent visiter nos côtes. Dimanche
dernier, un cabaretier-logeur de Trouville a poussé l'impudence
jusqu'à réclamer 14 francs à deux personnes qui demandaient à passer
une nuit dans son établissement.
(l’Ordre et la Liberté)
Août
1865 -
Les bains de mer. -
Hier la
grande duchesse de Bade, a quitté Carlsruhe, pour rejoindre le grand
duc son mari qui réside à Trouville où il prend des bains de mer. (l’Ordre
et la Liberté)
Août
1865 -
Une innovation. -
Dans une
commune, 38 électeurs ont nommé conseillère municipale madame X....,
connue pour son esprit et sa beauté. Cette innovation, encore à
l'état d'aimable plaisanterie, pourrait bien devenir plus tard à une
réforme sérieuse.
Déjà,
en Angleterre, un publiciste influent et renommé, qui vient d'entrer au
Parlement, M. Stuart Mills, propose, dans un plan de suffrage universel
applicable à tous les peuples civilisés, de conférer aux femmes le
droit électoral.
Les
idées de M. Stuart Mills, très en faveur au-delà de la Manche,
commencent à être attentivement étudiées chez nous. L'avenir nous
réserve bien des surprises. (l’Ordre et la Liberté)
Août
1865 -
Un accident. -
Lundi, à
Trouville, un homme ne s'étant pas assez tôt mis de côté, une
voiture de coquetier l'a renversé et lui a écrasé une main.
L'amputation
de deux doigts a été jugée nécessaire et elle a eu lieu le lendemain
matin. (Le Pays d’Auge)
Août
1865 -
Découverte macabre. -
Le cadavre
d'une femme, dans un état avancé de décomposition, a été trouvé en
mer, le 9 août dernier, à 12 milles de la côte, dans la direction de
Dives et rapporté à Trouville.
Ce
cadavre avait dû séjourner dans l'eau trois semaines ou un mois, les
traits du visage sont complétement défigurés, la tête est à moitié
emportée, et le cuir chevelu enlevé.
Cette
femme, d'une taille moyenne, était âgée de 30 à 40 ans. Voici la
description de ses vêtements :
Gilet
de flanelle, marqué TT ;
Pas
de chemise ;
Tricot
de laine grise ;
Morceau
de foulard de soie fond noir étoilé blanc ;
Jupon
en toile à voile, raccommodé avec un morceau de coutil rayé bleu ;
Mantelet
fond bleu à points blancs, doublé de flanelle ;
Paletot
bleu mêlé en fort-en-diable, avec boutons noirs à cinq trous ;
Bas
bleus tricotés, marqués L T ;
Gros
souliers d'homme ;
Cette
femme avait en sautoir une corde devant servir a supporter un panier ou
une hotte, ce qui fait supposer que c'était une pêcheuse.
Les
personnes qui auraient des renseignements à fournir sur l'identité de
cette inconnue, peuvent les adresser au Parquet de Pont-l'Evêque.
(Le Pays d’Auge)
Septembre
1865 -
Le Courrier du Havre a reçu de Trouville le rapport
suivant qui relate un triste événement de mer.
- Je
soussigné, Victor-Édouard Toutain, marin-pêcheur, patron et
propriétaire de la plate de pêche de Trouville, nommée « Être-Suprême »,
portant le nº 73, jaugeant 12 tonneaux 50/100es, construite à Honfleur
en 1864, montée de trois hommes d'équipage et un mousse, déclare
qu'hier jeudi 21 septembre, je me trouvais à la mer, distance 6 milles
environ nord-est de Dives, sous voiles, beau temps, tout dessus, faisant
route pour Dives, à l'effet d'y déposer ma pêche, lorsque
tout-à-coup nous avons été surpris par un tourbillon de vent qui nous
a pris par l'arrière en portant seulement dans le haut des voiles et
nous a chavirés sans que sur le pont nous ayons eu conscience du vent.
Nous
avons inutilement coupé la drisse de grande voile et l'écoute de
misaine, le bateau n'a pu se relever, c'est alors qu'il a empli par les
deux ouvertures du pont, quoique nous fussions occupés à empêcher le
panneau de la cale de lever, puis il nous a disparu sous les pieds en
moins de cinq minutes.
Au
moment où le bateau a sombré, le mousse Joseph-Albert Michel, âgé de
treize ans, a disparu tout-à-coup derrière moi à l'avant, sans que
j'en aie connaissance, et n'a plus reparu.
J'ai
vu le matelot Jacques-Pierre Galopin, âgé de cinquante-six ans,
quelques minutes après la tête sous l'eau, les reins en dehors, puis
disparaître.
Le
matelot Jacques-Arsène Grainville et moi restions à la nage, chacun
sur un aviron, lorsque la plate « Saint-Pierre », de
Trouville, patron Gaillot, qui était à un grand mille de nous, quoique
ayant vent debout pour nous rejoindre, nous ayant vu chavirer, s'est
dirigé sur nous et nous a sauvés, il était alors environ onze heures
du matin.
A
la marée du soir, neuf heures, il nous débarquait à Trouville. Nous
lui devons la vie. Mon bateau est coulé par un fond d'environ sept
brasses, et à basse mer, la mâture découvre, ce qui laisse l'espoir
de le relever. Il n'est pas assuré. J'ai fait ce présent rapport
devant M. le maire de Trouville pour valoir ce que de raison.
Ajoutons
que le matelot Jacques-Pierre Galopin, qui a trouvé la mort dans ce
malheureux événement, était marié et père de famille. Un de ses
fils, matelot à bord d'une autre barque de pêche de Trouville, se
trouvait ce matin dans notre ville. Il ignorait la triste fin de son
père et aucun de ceux qui le connaissaient n'osait l'en informer. (l’Ordre
et la Liberté)
Septembre
1865 - Un
incendie. -
Un incendie,
attribué à l'imprudence du propriétaire, a éclaté, le 25 de ce
mois, à Trouville, dans une cabane à usage de corderie, appartenant et
exploitée par le sieur Courillon.
La
cabane et les balles de chanvre qui s'y trouvaient renfermées ont été
complètement brûlés, la perte s'est estimée à 2 500 fr. Le tout
était assuré. (Le Pays d’Auge)
Septembre
1865 -
La chaleur. -
On mande de
Séville que la chaleur y est si accablante que les habitants appellent
l'hiver à grands cris.
Il
en est de même à Caen où la chaleur depuis quelques jours atteint
un degré très élevé. (l’Ordre et la Liberté)
Septembre
1865 -
Prix de la journée de travail.
- Le
Conseil général fixe la journée de travail, dans le département du
Calvados, ainsi qu'il suit :
-
1 fr. 30 pour la ville de Caen.
-
1 fr. 20 dans les villes de Bayeux, Lisieux et Honfleur.
-
1 fr. 10 pour Vire, Trouville, Falaise, Pont-l'Éveque,
Condé-sur-Noireau,
Orbec et Isigny.
-
1 fr. dans les communes chef-lieu de canton, et quelques
gros bourgs.
-
0 fr. 80, 0 fr. 70, 0 fr. 60 dans toutes les autres communes du
département, et suivant les états arrêtés par le Conseil général
depuis plusieurs années. (Le Pays d’Auge)
Octobre
1865 -
A l’honneur. -
Le Moniteur
de dimanche publie une liste des récompenses accordées sur la
proposition du ministre de la marine, pour faits de sauvetage.
Dans
cette liste, on remarque une médaille d'honneur en or de 2e
classe décernée au sieur Lecomte, marin inscrit à Honfleur, pour
sauvetage d'un homme à Trouville, le 26 juin dernier.
Une
médaille de 2e classe
en argent a également été décernée au sieur Gueret (Louis-Victor),
maître haleur, pour sauvetage d'un homme à Trouville le 17 juin
dernier.
(l’Ordre et la Liberté)
Octobre
1865 -
Nous lisons dans le Courrier du Havre. - La
barque de pêche « Souvenir-de-Victoire », nº 67, de
Trouville, patron Paysant, se trouvant hier, vers trois heures du matin,
à 30 milles vers le nord-ouest de la Hève, a été abordée par le
lougre la « Louise », de Bordeaux. Dans cet abordage
la barque de Trouville a eu son beaupré et sa lisse brisée. Elle a, en
outre, perdu son chalut. (Le Pays d’Auge)
Décembre
1865 -
On écrit de Trouville, au Moniteur
du Calvados.
- En
la date du 8 courant :
« Voici
aujourd'hui quinze jours qu'on est sans nouvelles de la barque de pêche
« Emmanuel », nº 15, de Trouville, patron et propriétaire
Emmanuel Petit, faisant la pêche à La Rochelle.
Hier
un télégramme a annoncé à la famille du patron l'envoi d'un aviso à
vapeur le long de la côte à la recherche de ce bateau » ( Le
Pays d’Auge )
Décembre
1865 -
On écrivait des Sables.
- le
6 décembre, qu'on recueillait, depuis quelques jours, sur le littoral,
entre Perrey et la Tranche, de nombreuses épaves supposées provenir
d'un navire qui aurait sombré au large de la côte.
Ce
naufrage est malheureusement devenu certain : le 5 décembre courant, au
matin, la carcasse d'un bâtiment de 50 à 60 tonneaux, et qui parait être
un Jongre, est venu s'échouer au lieu dit Boivinet, penthière de
Saint-Vincent-sur-Jard.
Il
s'y trouvait encore certains objets de mature et de gréement, et on a
recueilli quelques grains d'orge dans les interstices du bois, ce qui
ferait supposer qu'il était chargé de grains, mais rien n'a pu faire
connaître le nom de ce navire, son port d'attache ou sa provenance, on
lit seulement sur une voile les mots : « Fabrique d'Angers ».
Aucun
renseignement n'est parvenu sur le sort de l'équipage. On
a aussi recueilli sur la même côte :
1°
Un canot, presque brisé, mesurant 3 mètres 65 centimètres de
longueur, sans marque, nom ou numéro.
2°
Une barrique vide marquée D. P. F.
3°
Un baril vide marqué : « Buzfolzd, New-Mill, S. W.
Cadez-196-extra-superfine »
4°
Un sac de toile, comme en possèdent les matelots de la marine
impériale, portant les noms : Leroux (Édouard), le numéro 1396/3, et
la marque n° 764 inscrite dans un rond.
Le
8 courant il a été recueilli sur la penthière de
Saint-Vincent-sur-Jard, à 400 mètres environ de la carcasse de navire
dont nous annonçons l'échouage sur cette côte, une planche en chêne,
peinte en jaune aux deux extrémités, et portant cette inscription :
« Emmanuelle. – Trouville » ( Le Pays d’Auge )
Décembre
1865 -
La barque de pêche l' « Emmanuel ».
- Un
nouveau malheur est venu frapper la population maritime de Trouville. La
barque de pêche l' « Emmanuel », nº 15, patron Petit, qui
faisait la pêche dans les parages de la Rochelle, s'est brisée dans la
nuit du 28 au 29 novembre dernier, sur les côtes de l'île de Ré, et
s'est perdue corps et biens.
Des
six marins qui formaient l'équipage de cette barque, quatre
appartiennent au port de Trouville, ce naufrage plonge dans la misère
deux veuves et quatre orphelins en bas âge.
Nous
apprenons qu'aussitôt que ce sinistre a été connu de l'Administration
municipale de Trouville, elle s'est empressée d'adresser une demande de
secours à l'Autorité supérieure, et elle croit devoir ouvrir une
souscription à la mairie de Trouville, afin d'assurer quelques
ressources aux personnes de la localité, qui sont victimes de cette
catastrophe. ( Le Pays d’Auge )
Février
1866 -
La tempête. - Le
steamer « Castor », qui fait en ce moment les voyages
de Trouville au Havre, n'a pu, pendant trois jours, effectuer ses
traversées ordinaires. Lundi matin, il est sorti, mais arrivé à
moitié route, il a été forcé, par l'état
de la mer, de revenir au port.
1866
- Port Maritime.
- Le mouvement
de la navigation dans le port de Trouville représente 29,600 t., sans
compter 80 barques de pêche.
Un
crédit serait nécessaire pour continuer le renouvellement du tillac de
la jetée de l'Ouest.
Le
bassin à flot de Deauville a été dernièrement inauguré, et le pont
tournant sur l'écluse de ce bassin est fort avancé.
Bientôt,
on pourra soumettre au Gouvernement le projet de construction des murs
de quai à Trouville, sur une longueur de 250 mètres, et celui du
prolongement de la jetée de l'Est
sur une étendue de 100 mètres.
Il
y a lieu d'espérer que prochainement aussi M. le Ministre des travaux
publics statuera sur la demande de la ville de Trouville, tendant à
l'élargissement des quais actuels.
Mouvement
général des ports. Pendant 9 ans, c'est-à-dire de 1855 à 1863, le
tonnage des navires fréquentant les ports de commerce de Honfleur,
Caen, Trouville, Courseulles,
Isigny, Port-en-Bessin et Dives, a été, en moyenne, de 529,087
tonneaux. En 1864, il s'est élevé à 646,070 t., et en 1865, à
735,2011. Le tableau présenté indique le degré d'importance relative
de chacun de ces ports.
Les
crédits affectés aux travaux neufs et aux grosses réparations ont
été, en 1866, de 896,124 fr., tandis que, l'année précédente, ils
n'avaient pas dépassé 755,064 fr. Et cependant,
malgré l'importance de ces crédits, les travaux de Honfleur, Trouville
et Courseulles auraient été interrompus si l'entrepreneur, M. Mauger,
n'avait pas généreusement fait des avances considérables, dont
il est juste de le remercier.
Février
1866 -
Naufrage. -
Dimanche soir, vers huit heures, la barque « Fleur de
Marie », n° 36, de Trouville, était en cape au N.-N.-O., de la
Hève, et une très forte brise soufflant de l'Ouest, quand coup de mer
venant déferler sur l'embarcation, lui enleva baume, grand-voile et
pic, puis brisa toute la lisse de bâbord et du même coup lui cassa sa
barre.
Par
un hasard présidentiel, l'homme de quart, qui se trouvait attaché
près de la barre, ne fut point enlevé, bien qu'ayant été détaché
par la mer.
La
barque et son équipage erraient à la dérive, lorsque ayant été
aperçus lundi, vers onze heures, par la barque n° 4, ils ont pu être
ramené mardi matin dans le port de Dieppe.
Mai
1866 -
Une station télégraphique. - Un
station télégraphique à service limité sera ouverte à Cabourg,
pendant la saison des bains, à partir du 1er juin prochain, et un
service de jour sera établi au bureau de Trouville à dater de la même
époque.
M.
Tétin a été désigné pour gérer la station de Cabourg.
Quant
à la gestion du bureau de Trouville, elle reste sera confiée à M.
Trinité, qui en est actuellement chargé.
Juin
1866 -
Les régates du Calvados. - L'Empereur
a daigné accorder une médaille d'or à l'effigie de Sa Majesté, et
une d'argent à celle du Prince Impérial, pour être décernées en
prix à la suite des régates qui auront lieu à Grandcamp dans le
courant du mois d'août prochain.
Sa
Majesté a également daigné autorisé Son Excellence le ministre de sa
Maison et des Beaux-arts à mettre à la disposition de M. le Préfet du
Calvados une médaille d'or de 200 francs qui sera décernée, comme
prix de l'Empereur, à la suite des régates internationales qui seront
inaugurées cette année à Trouville.
Juillet
1866 -
Un sauvetage. - Mercredi,
vers dix heures du soir, la barque de pêche de Trouville, le
« Frère et la Sœur », patron Quesnel, se trouvait à
environ 15 milles dans le nord des feux de Caen, lorsqu'elle vit un
brick couler à pic. La barque de pêche se porta aussitôt au secours
de l'équipage et sauva sept hommes, parmi lesquels le capitaine
du brick, qui était blessé. Les naufragés furent débarqués à
Trouville jeudi, à quatre heures du matin.
Le
brick coulé était sorti du Havre le soir même de sa perte. Il se
nomme « Merucio-Castellano », et se rendait de Rouen à
Naples avec un changement de terre de pipe.
Juillet
1866 -
Un naufrage. - Lundi
soir, vers six heures, dans l'Ouest des phares de la Hève, un abordage
a eu lieu entre deux barques de pêche, l'une, la
« Diligente », patron Eugène Mariolle, de Honfleur,
l'autre, la barque n° 22, de Trouville. A la suite de cet abordage, la
barque n° 22 a coulé, l'équipage a été sauvé. La
« Diligente » a eu son beaupré craqué et son étrave
avariée.
Juillet
1866 -
Un courageux sauveteur. - Mercredi
dernier, vers trois heures de l'après-midi, à Trouville, une troupe de
gamins se livrait à des jeux plus ou moins bruyants et échevelés, sur
cette partie du quai qui se trouve la plus rapprochée de l'hôtel de
ville.
L'un
de ces enfants, le nommé Lézin, âgés de 9 ans environ, poursuivi par
un de ses camarades, et voulant lui échapper par une feinte, glisse et
tombe dans la rivière, dont la profondeur était alors d'environ deux
mètres et demi en cet endroit. La mer commençait à baisser et le
courant était rapide.
À
ce moment, M. Pinel, le propriétaire du bac de Deauville Trouville,
était occupé au débarquement des passagers. Aux cris " au
secours ! On se noie!" poussés par la troupe épouvantée, il se
retourne et aperçoit le malheureux enfants, qui pour la seconde fois,
reparaissait à la surface. Franchir la balustrade, se jeter à l'eau
tout habillé, atteindre, saisir et ramener à terre le
petit imprudent, déjà sans connaissance, ce fut pour l'habile nageur,
l'affaire d'un instant.
Septembre
1866 -
Un sauvetage. -
Mardi, vers trois heures et demie d'après-midi, la barque de
pêche de Trouville, numéro 144, patron Duchemin, montée par 10
hommes, appareillait du port avec grande brise du nord-ouest, pour se
rendre sur les lieux de pêche. Elle était à peine à un mille dans
l'ouest de la jetée, quand, au moment où elle virait de bord, son mât
a cassé près du capelage. La voilure et le gréement sont venus en
bas, et le bateau est venu en dérive dans le sud du port. L'équipage a
mouillé et mis pavillon en détresse. Aussitôt, le bateau de sauvetage
de la chambre de commerce, construit par M. Normand fils, monté par son
équipage ordinaire, sous la direction de Durécu, est allé à son
secours. Une fois à bord, les braves sauveteurs ont aidé d'équipage
du 144 à installer une voile de fortune, puis au flot, la barque a pris
route pour Honfleur, escortée par le bateau de sauvetage.
La
barque est heureusement entrée à Honfleur. Le bateau de sauvetage est
revenu au Havre, remorqué par un vapeur anglais.
Novembre
1866 -
Un naufrage. -
Vendredi soir, vers trois heures et demie, sortait du bassin de
Morny, chargé de boeufs à destination de Londres, le steamer anglais « Sara »
ayant à son bord le pilote Conyère, et remorquent sur sa ligne la
pirogue des pilotes montée par cinq hommes.
Déjà
la mer était grosse sur les bancs, avec la marée montante et
l'apparence du temps était vilaine, nos barques de pêche rentraient,
ayant pris des ris dans la grand-voile.
À
un mille environ des jetées, le steamer stoppa, débarqua le pilote et
la pirogue fit route à l'aviron pour rentrer au port, mais alors le
vent s'éleva de plus en plus et tourna subitement en bourrasque. La mer
devint furieuse. Au moment de donner dans le chenal extérieur du port,
la pirogue étant sans nul doute à moitié pleine d'eau plus tenir la
mer qui brisait sur la barre et la prenait en travers, l'équipage
s'est décidé à l'échouer au plein sous l'hôtel des Roches-Noires.
Alors
s'est passé en quelques secondes un drame affreux. à peine la pirogue
ce fut elle approchée de la plage, qu'une vague l'a chavirée sur son
malheureux équipage, qui a disparu sous les flots. Toutes les personnes
qui étaient près des Roches-Noires sont accourues pour aider au
sauvetage de ces infortunés marins.
Les
six hommes qui montaient la pirogue ont été retirés des flots, mais
déjà trois d'entre eux avaient cessé de vivre. Ce sont : le pilote
Pouëtre Jean-Baptiste Désiré, âgé de 42 ans, qui laisse une veuve ;
le lamaneur Toutain Louis Pierre Amand, 44 ans, laissant une veuve et
quatre enfants ; le lamaneur Rosney Amand François, 53 ans, laissant
une veuve.
Tous
les secours qui leur ont été prodigués ont été infructueux. Le
pilote Conyère Michel casimir, âgé de 54 ans, père de trois enfants,
a été retiré vivant des flots et conduit chez lui. Tout faisait
espérer que ce pilote serait hors de danger, lorsque dans la soirée
une attaque d'apoplexie l'a enlevé à ses enfants.
Deux
hommes seulement sont aujourd'hui hors de danger, se sont : le pilote
Barbey Jean-Pierre, patron de la pirogue, âgé de 71 ans, et le
lamaneur Perchey Jean-François Augustin, âgé de 50 ans.
Toute
la population a été vivement impressionnée par cet affreux malheur.
On peut dire avec justice pour la mémoire des noyés, qu'ils faisaient
partie de l'élite de nos marins pêcheurs.
Nous
apprenons que le lamaneur Perchey, l'un des deux matelots que l'on avait
sauvé, est mort lundi matin. Il laisse une veuve et un enfant. Les
funérailles des quatre matelots noyés ont eu lieu au milieu d'une
affluence considérable de population.
Décembre
1866 -
L'éclairage public. -
Le bassin à flot de Trouville, qui ne jouit pas encore des
bienfaits de l'éclairage au gaz, a, depuis son achèvement, été
néfaste pour bien des personnes. On compte depuis le mois de juin
dernier, 6 ou 7 individus qui y seraient déjà tombés, et plusieurs y
auraient trouvé la mort. Le dernière accident arrivé tout récemment
a coûté la vie à une femme Desgarceaux, de Honfleur, habitant
Trouville depuis quelques années.
Janvier
1867 -
Les naufrages. -
Depuis la perte de nos cinq infortunés pilotes et lamaneurs,
écrit-on de Trouville, notre population maritime a été successivement
éprouvée par d'autres malheurs du même genre.
Il
y a environ 10 jours, c'était un marin le sieur Lamare, qui était
enlevé de son bord par la mer pendant la pêche, et qui laisse dans la
misère une veuve et six enfants.
Le
lundi 21 janvier, un autre double malheur venait attrister nos familles
de pêcheurs. Une dépêche télégraphique nous apprenait la relâche
à Dieppe de la barque n° 41, « Tout-à-Jésus-et-à-Marie »,
dont le patron, le sieur Toutain, et un matelot nommé Godreuil, avaient
été enlevés par les vagues avant qu'on ait pu leur porter secours. Le
premier laisse une veuve avec deux enfants, et le second une femme
enceinte avec huit enfants.
Vendredi
est entré en relâche à Trouville le bateau pécheur d'huîtres
« Santa-Maria », de Saint-Valéry-en-Caux, ayant perdu son
grand mât par suite du mauvais temps, à six milles environ au large de
Dives. Cette perte a été suivie d'un autre accident. Au moment de
virer de bord pour entrer dans le chenal, l'étagne de misaine ayant
cassé, la voile a amené en vrac, mais fort heureusement personne de
l'équipage n'a été blessé.
Février
1867 -
Inondation. -
La fonte des neiges a accru tellement le volume d'eau de la
Touques et augmenté son courant que, vers le moment de la basse mer, le
service du bac de passage a dû être interrompu par mesure de
prudence. Un seul accident est arrivé au mur de soutènement de la
terrasse du presbytère de Trouville, qui s'est
écroulé sur une longueur assez considérable.
Mars
1867 -
Un naufrage. -
La barque de pêche de Trouville n° 47, « Ismérie-Louise »,
patron François Lecroisey, était mardi, à une heure de l'après-midi,
dans l'ouest sud-ouest de Betcheed, à une distance d'environ 24 milles,
quand elle aperçut une barque de pêche à chalut désemparée de tout
gréement et faisant des signaux de détresse. Il ventait une forte
brise d'est.
S'étant
dirigée vers le bateau qui réclamait du secours, l' « Ismérie-Louise »
lui donna la remorque, et mercredi matin, la barque qui porte sur son
avant le n° 223 et les initiales R.-E est entrée à huit heures
au Havre.
Avril
1867 -
Un naufrage. -
Dans la nuit de mercredi à jeudi, la barque de pêche de
Trouville « Fleur-de-Marie », propriétaire et patron Harel,
se trouvait en train de pêcher, à 30 milles dans le nord nord-ouest de
la Hève, lorsque vers une heure trois quarts, elle fut abordée par un
grand navire.
Cinq
hommes étaient couchés, les deux premiers qui montèrent sur le pont
de la barque, croyant voir le bateau sombrer, sautèrent aussitôt à
bord du navire, les autres ne purent les suivre.
Le
navire ne pouvant pas virer de bord pour approcher de la barque avec le
mauvais temps, celle -ci disparut en moins d'un quart d'heure.
Le
patron et un matelot se trouvaient sur le navire, qui est américain, et
s'appelle « Thérèse ». Vendredi, vers midi et demi, à
vapeur parut en vue et lorsqu'il fut à portée, les marins français le
lait et hélèrent et lui demandèrent de les prendre à bord. à trois
heures et demie du soir des naufragés étaient débarqués à Honfleur.
La
barque « Fleur-de Marie », que l'on croyait coulée après
son abordage avec le navire américain « Thérèse », est
rentrée dimanche à Trouville, vers quatre heures du soir. Non
seulement tout l'équipage est vivant et en bonne santé, mais encore la
barque elle-même a très peu souffert.
Avril
1867 -
Un décret. -
Par décret impérial du 6 avril, sont déclarés d'utilités
publique dans la commune de Trouville la construction d'une maison
d'école de garçons, l'établissement d'un réservoir et
l'élargissement de la rue de Paris.
Juin
1867 -
Une condamnation. - Eugène
Édouard Lacheray, 47 ans, patron et armateur de bateau de pêche, Née
et demeurant à Trouville, a été condamné à 25 francs
d'amende, confiscation et destruction du chalut, pour pêche au
chalut en dedans des limites.
Juin 1867 -
Une condamnation. - Charles
Michel Lecoq, 30 ans, patron et armateur de bateau de pêche, Née et
demeurant à Trouville, a été condamné à 25 francs d'amende,
confiscation et destruction du chalut, pour pêche au chalut en dedans
des limites.
Juillet
1867 -
Un hôte de marque. -
S. A. I. Mme la grande-duchesse Marie de Russie est en ce moment
à Trouville, où elle habite le ravissant palais de M. Cordier, sur le
bord de la mer.
Septembre
1867 -
Un orage. - Un orage épouvantable a éclaté sur Trouville
dans la nuit de lundi à mardi, vers des quatre heures du matin. La
foudre est tombée à cinq endroits différents et entre autre, nous
assure-t-on, deux fois dans la gare du chemin de fer. Plusieurs
personnes, que nous pourrions citer, sont tombées à la renverse, dans
les rues, par le seul effet de la détonation.
Janvier
1868 -
Un naufrage. -
Samedi 25 janvier, vers huit heures du matin, le brick anglais
« Elizabeth », capitaine Clarck, monté par huit hommes
d'équipage, chargé de 352 tonneaux de charbon, venant de Newcastle,
s'est mis à la côte, sur le banc de sable qui se trouve à l'entrée
du chenal, entre la pleine mer et l'entrée du port. Il est venu,
dimanche matin, au moment de la pleine mer, poussé par un fort vent,
s'échouer sur la plage de Trouville, en face le salon des bains.
L'équipage
a été sauvé et le changement est encore intact, mais le navire est
ensablé et plein d'eau.
Janvier
1868 -
Découverte de cadavre.
- Le
capitaine Chemin, du steamer « Français », de la ligne de
Trouville, a aperçu jeudi, vers cinq heures du soir, pendant sa traversée
de retour, un cadavre flottant à la surface de l'eau. Comme on était
encore à un demi-mille des jetées, et que le « Français »
avait à bord un grand nombre de femmes et d'enfants qui auraient
sûrement été effrayés par ce triste sauvetage, le capitaine Chemin a
dû abandonner le cadavre dérivant vers la mer.
Février
1868 -
Un naufrage. -
Dimanche dernier, la goélette anglaise « Caroline »,
de Llanelly, montée de sept hommes d'équipage, ayant 259 tonneaux de
charbon à bord et arrivant de Llanelly à Trouville, s'est perdue
à neuf heures du matin, après avoir fortement talonné sur la barre en
cherchant à entrer au port par une très grosse mer. L'équipage a
été sauvé.
Mars
1868 -
Les suites de la tempête. - A la
suite de la tempête de dimanche dernier, la plage de Trouville n'était
qu'un amas de débris de toutes sortes.
La
mer avait couvert une partie des quais, envahi les rues, et en deux ou
trois heures mis en pièces la malheureuse goélette anglaise
« Caroline », échouée dernièrement dans ces parages.
Mars
1868 -
Les naufrages. -
Le Bureau Veritas a publié la liste des navires qui ont fait
naufrage du 1er au 31 janvier 1868.
Cette
liste énumère 246 bâtiments que l'on sait perdus totalement et 18
autres que, par suite d'absence de nouvelles, on suppose naufragés.
Parmi
ces 264 navires perdus ou supposés perdus, il y a 141 navires anglais,
35 français, 24 américains, 12 prussiens, 8 hollandais, 7 norvégiens,
5 danois, 4 italiens, 3 autrichiens, 2 espagnols, 2 mecklembourgeois, 2
suédois, 1 grec, 1 lubeckois, 1 mexicain, 1 oldembourgeois, 1
péruvien, 1 portugais et 12 navires de nationalité inconnue.
244
de ces bâtiments sont à voiles et 10 à vapeur. Parmi les navires dont
la perte est certaine, nous avons à citer particulièrement : le brick
anglais « Elizabeth », capitaine Clarke, perdu près de
Trouville, en allant de Newcastle à Marseille.
Le
brick-goëlette anglais de 96 tonneaux « Elizabeth-Ann »,
échoué près de Trouville en faisant le cabotage.
Le
brick-goëlette anglais de 193 tonneaux « Onward »,
capitaine Williams, échoué près de Llanelly, en allant de Llanelly à
Honfleur.
Juin
1868 -
Un nouveau service. -
Un nouveau service de navigation à vapeur, spécialement
affecté au transport des marchandises, vient d'être inauguré entre
Trouville et le Havre.
Un
steamer neuf, en fer et à hélice, le « Calvados »,
effectuera trois départs du Havre et trois départs de Trouville par
semaine.
Cette
nouvelle ligne contribuera nous l'espérons, à la prospérité du port
de Trouville.
Juin
1868 -
Découverte d'un cadavre. -
Jeudi, il a été trouvé à 5 mille environ des côtes de Caen,
par une barque de pêche de Trouville, et amené à quai, le
cadavre d'un individu ayant le costume de marin. D'après le
rapport du docteur Roccas, ce cadavre aurait séjourné environ deux
mois en mer.
Tout
fait supposer que c'est encore une victime des tempêtes qui ont régné
sur nos côtes vers cette époque.
Juillet
1868 -
L'orage. -
Dimanche un orage épouvantable a éclaté sur Trouville et a en
quelque sorte inondé la moitié de la ville. La rue des Bains et la rue
de la Mer, entre autres, ont été les plus maltraitées à cause de
l'eau qui descendait par la rue de la Cavée. Plusieurs commerçants ont
beaucoup souffert de cet orage inattendu et ont essuyé
des pertes très sensibles. Il paraîtrait aussi quelques caves de ces
deux rues ont été envahies par l'inondation. Une maison de la rue Jean
Bart, appartenant à M. Jean Buhot, a eu un mur enlevé par la force du
torrent.
Juillet
1868 -
Un démâtage. - La
bisquine française les « Deux-Eugène », Halley, de
Trouville, a été rencontrée à la mer démâtée, et a été
remorquée dans le port de Ouistreham par la bisquine « Reine-des-Anges »,
patron Bourgain, bateau de pêche de Ouistreham.
Août
1868 -
Les bains de mer. -
Du 14 au 18 août, en l'espace de cinq jours, il a débarqué à
la gare de Trouville-Deauville, 8000 voyageurs, et le roulement a été
de 14 000.
Le
dimanche 16 courant, de 9 heures à 10 heures 1/2, il a été livré
2270 billets de départ.
Le
lendemain, les trains ramenaient un millier de personnes.
Comptez
maintenant ce qu'amènent les diligences de Caen, de Dives, Cabourg,
Beuzeval, Houlgate, Villers, Villerville, les voitures particulières
débouchant de tout le littoral, des
villes et des campagnes du département, faites la part immense des
paquebots de Honfleur et du Havre apportant, deux fois par jour, des
flots de population, et vous aurez une idée à peu près complète du
roulement.
Septembre
1868 -
Un séjour bénéfique. -
Le récent séjour à Trouville de M. le ministre des cultes a
été une véritable bonne fortune pour cette localité.
à
la suite des démarches faites auprès de M. Baroche par M. Leclercq de
Lannoy, maire de Trouville, Son Excellence a bien voulu accorder
à cette ville une somme de 56 000 francs, destinée à lui venir en
aide pour payer la vieille dette de l'église Notre-Dame.
Septembre
1868 -
Un incendie. - Mercredi,
vers deux heures et demie de l'après-midi, un incendie a détruit cinq
corps de bâtiments à usage de corderie, écuries les étables, plus
des marchandises et instruments de travail, le tout situé à Trouville,
hameau de Callanville, appartenant à MM. Oscar Biais, maître cordier,
Billard, docteur-médecin, et à Mme Veuve Letenneur, hôtelière.
Les
pompiers de Trouville et de Deauville se sont immédiatement rendus sur
le lieu du sinistre, mais leurs efforts n'ont pu que préserver les
murs. Les flammes avaient d'autant plus de consistance qu'elles se
trouvaient alimentées par du goudron enfermé dans des barils.
Il
paraîtrait que le feu a été mis par l'explosion d'une chaudière
remplie de goudron, qui était sur le feu. La perte approximative est
évaluée à 10 000 francs.
Octobre
1868 -
Une vérification.
- Mercredi,
une panique générale s'est emparée des femmes du marché de
Trouville, il s'agissait d'une vérification de la police sur le poids
et la qualité des beurres exposés en vente.
Beaucoup
de marchandes n'ont pas attendu la versification, et ont déguerpi au plus
vite.
Novembre
1868 -
Une belle course. -
Jeudi dernier, une chasse assez curieuse avait eu lieu dans les
rues de Trouville. Un magnifique lièvre ayant sans doute entendu vanter
la beauté du site et les amusements de toutes sortes que les étrangers
recevaient dans cette localité, avait élu domicile dans une charmante
propriété au bord de la mer.
Malheureusement
pour lui, des ouvriers vinrent travailler dans cette propriété, et
quelle surprise pour eux d'y trouver un tel habitant ! Alors,
vicissitudes humaines, au lieu de fête et de plaisirs de toutes sortes
auxquels il devait s'attendre, ce fut une poursuite de Grenoble, les
ouvriers, les uns avec leur truelle, les autres leur brouette, des dames
aussi avec leur parapluie voulaient lui barrer le passage, mais il
franchissait tout !
A
chaque pas qu'il faisait, la foule des enfants et des grandes personnes
augmentait, c'est ainsi qu'il a parcouru les rues d'Orléans,
Croix, de la Chapelle, la rue de Paris et la Plage. Les chiens aussi,
petits et gros, se mêlaient de la partie, et il n'en manque pas dans
les rues de Trouville.
Ce
fut une course effrénée, qui eut pour résultat la prise dans un
canot, par un jeune marin, de ce pauvre lièvre qui s'était jeté à la
mer, près des estacades, espérant, en traversant la rivière, se
soustraire à cette multitude. Craignant sans doute un rhume de cerveau
après ce bain forcé, il a élu son dernier domicile chez un pharmacien
de cette commune.
Février
1869 -
Une pêche rare. - La
barque de pêche n° 48 du port de Trouville, rapportait cette semaine
un poisson très rares dans nos contrées. Elle avait péché une
énorme tortue d'eau, mesurant environ 1 mètre de carapace. Cette
tortue a vécu près de deux jours à bord, quatre hommes avaient
beaucoup de peine à la
porter.
Mars
1869 -
Un ouragan. - L'ouragan
du 2 mars a occasionné des dégâts assez importants sur divers points
de notre département.
A
Luc, le clocheton de la chapelle du Nouveau-Luc a été renversé dans
la matinée par une violente rafale. En tombant, l'une des pierres de ce
clocheton après avoir défoncé la toiture, le plafond et brisé la
balustrade, a pénétré dans la chapelle, où elle a creusé dans le
pavé un trou d'une profondeur de 20 centimètres environ. Il n'y avait
personne dans la chapelle en ce moment. Les autres pierres sont tombées
ça et là sur le mur d'enceinte du monument et en ont démoli une
vingtaine de mètres. La couverture en ardoises et les enduits en
plâtre ont éprouvé des détériorations importantes. L'orgue a
également souffert. On évalue la perte totale a près de 3000 francs.
A
Lion, la mer, poussée par le vent, à défoncé le mur de soutènement
situé en face du Casino. Dans la direction de Luc, elle a submergé une
certaine quantité de terrains, et amené des éboulements de la dune.
A
Langrune, la mer a également envahi le jardin de M. de Franquenet sur
une longueur de plus de 20 mètres.
Aux
environs de Bayeux et de Pont-l'Evêque, bon nombre des pommiers ont
été arrachés par le vent.
A
Bayeux même, l'ouragan a renversé la partie supérieure de pinacle sur
le côté méridional du portail de la cathédrale.
A
Trouville, la mer était tellement grosse qu'elle a submergé les quais
à l'heure de la marée, et que ses lames ont déferlé jusque
par-dessus le pont qui traverse la
Touques.
Près
de Honfleur, la tempête a fait éprouver quelques dégâts aux
propriétés longeant la mer, mais sans pertes considérable.
A
Cabourg, la tempête s'est élevée avec une telle impétuosité, que la
mer a remporté la digne des bains de Cabourg, passé par-dessus la
route et envahi des maisons qui se trouvent à la descente de Caumont,
au pied de la falaise, le long du chemin du Mauvais-Pas.
La
mer a également fait sentir ses ravages à Houlgate, où elle a démoli
la digue de Mlle Dupont de l'Eure.
Mars
1869 -
Une dotation.
- Sur la
demande de MM. les maires de Trouville et de Deauville, le port de
Trouville vient d'être doté d'un bateau de sauvetage.
Mars
1869 -
Les sinistres maritimes.
- Le
Bureau Veritas vient de publier un relevé des sinistres maritimes
survenu pendant le courant de l'année 1867, qui se résume ainsi :
Navire
à voiles perdus totalement. : 3 711
Navires
à vapeur perdus totalement : 131
Navire
à voiles supposés perdus corps et bien : 189
Idem
à vapeur : 14
Pertes
totales pendant l'année 1867 : 3 045.
En
1866, les pertes n'avaient été que de 2 937.
Mars
1869 -
La mer et les naufrages.
- Dans la nuit
du 29 au 30 mars, un abordage a eu lieu entre le bateau de pêche n°
81, « Saint-Sauveur »,
patron Camu, et le bateau de pêche n° 33, « Saint-Jean »,
patron Michel, à une lieue et demie nord-est du port de Trouville. Il
en est résulté pour ces deux barques des avaries assez graves : la
première a eu son pont soulevé à l'avant, plusieurs bordages brisés
jusqu'à l'arrière et aussi sa membrure ; la seconde a eu son beaupré
rompu, son avant brisé et quelques avaries dans son bordage.
Ne
pouvant tenir la mer dans la position où ils se trouvaient après
l'abordage, le « Saint-Jean » et le
« Saint-Sauveur » sont rentrés au port de Trouville dans la
matinée du 30. Fort heureusement il n'est résulté pour l'équipage
aucun accident regrettable
Avril
1869 -
Un ouragan. -
Dans la nuit de samedi à dimanche, un nouvel ouragan s'est
déchaîné sur notre contrée. Vers onze heures, le vent, qui était au
sud-ouest, a sauté brusquement au nord, et a soufflé en tempête
jusqu'au lendemain.
C'est
entre deux et trois heures du matin que l'ouragan a éclaté avec toute
sa violence. Les maisons étaient ébranlées comme par un tremblement
de terre, par moments, on eut dit, tant la rafale était bruyante, que
les éclats de la foudre se mêlaient assez mugissements.
À
Caen, aucun accident grave n'est arrivé. Sur le cour, quelques baraques
seulement ont été renversées.
Sur
les berges du canal, 12 à 15 arbres ont été rompus, principalement
dans la vallée située entre Blainville et Bénouville.
Par
suite du mauvais temps qu'il faisait dimanche, les steamers pour Caen et
Trouville sont restés au port.
Cette
tempête a produit également de nouveaux dégâts, non seulement aux
toitures, dont elle a arraché des tuiles ou des ardoises en quantité,
mais aussi dans les champs et les vergers où elle a couché sur le sol
une grande quantité d'arbres à fruits.
De
plus, elle a donné une crue considérable à la crétine qui envahit la
prairie de Caen et la vallée de la Dives dans toute son étendue, de
telle sorte que la route de Caen à Rouen, dans la traverse de Troarn à
Saint-Samson, est complètement ensevelie sous l'eau, dont la hauteur
atteint, en quelques endroits, plus de 50 centimètres.
Depuis
dimanche dernier, l'administration des ponts et chaussées à organisé
un service de Charette pour passer les piétons qui circulent sur la
route de Troarn à Saint-Samson. De longtemps on avait vu une pareille
crue.
Les
départements de l'Orne, de la Manche, de l'Eure, de la
Seine-Inférieure et de la Sarthe, ont également ressenti les effets de
cette tempête.
Juin
1869 -
La saison des bains de mer. - Le
temps exceptionnellement froid et pluvieux dont nous sommes affligés
depuis plus d'un mois rend très mauvais le commencement de la saison
pour nos villes de bains.
à Trouville, il y a très peu de location consenties ; à Deauville,
les transactions sont plus paralysées que jamais ; à Villers, quelques
familles seulement, parmi lesquelles on nous cite celle de l'amiral
Jurien de La Gravière, ont retenu leur logement.
Juin
1869 -
Fait divers.
- Un
nouveau service de navigation à vapeur, spécialement affecté au
transport des marchandises, vient d'être inauguré entre
Trouville-sur-Mer et le
Havre.
Un
steamer neuf, en fer et à hélice, le « Calvados »,
effectuera trois, départs du Havre et trois départs de Trouville par
semaine. Cette nouvelle ligne contribuera, nous l'espérons, à la
prospérité du port de Trouville.
Juillet
1869 - Fait divers
- Dimanche,
vers 8 heures du soir, à la marée montante, un jeune homme récemment
arrivé à Trouville, s'étant engagé imprudemment sur le banc à l'est
des jetées, n’aurait pu regagner la terre sans le secours empressé
qui lui fut porté par un des canots des bains, monté par MM. E.
Toutain, adjoint au maire, et Cosley,
baigneur.
Juillet
1869 -
Fait divers.
- Le 9 du
courant, le cadavre d'un individu de 30 à 35 ans, portant le costume
d'un marin, a été trouvé en mer sur le banc Caboeu. Les constatations
médicales faites par M. le docteur Roccas, de Trouville, accompagné de
M. le commissaire de police, ont prouvé que la mort remonte à vingt
jours environ.
Juillet
1869 -
Fait divers.
- Le
navire de plaisance de M. d'Hautpoul a trouvé, à deux milles au large
de Trouville,
dans la direction du Nord, un mât de canot, long de 4 mètres,
galipoté, et dont la fusée est
peinte en gris. Il soutenait un habit noir de peu de valeur, contenant
un couteau, quatre clés liées par un anneau, au canif à quatre lames
et une pipe à court tuyau.
Août
1869
-
Famille Royale.
-
Des appartements étaient retenus aux Roches-Noires, à
Trouville, pour la reine Isabelle et sa suite. La famille royale
d'Espagne a dû arriver dimanche.
Septembre
1869 -
Fait divers.
- Dimanche
soir, la vapeur allait bientôt quitter le quai de Trouville. La nuit
était venue, une affluence énorme se pressait sur le quai alors que.
les voyageurs s'engageaient déjà sur la passerelle du steamer. Une
dame poussée par la foule tomba dans la Touques,;
entre le navire et le quai, M. de Bragelonne, officier à
bord de la « Ville-de-Paris », qui se trouvait sur le quai,
se jeta de suite à l'eau et atteignit la personne en péril, mais non
sans courir lui-même un grand danger, car elle le saisit d'une
étreinte désespérée qui paralysa ses mouvements. Il lui a fallu une
grande énergie pour ne pas abandonner son précieux fardeau. A peine ce
sauvetage opéré, il prenait place sur le pont et il n'a pu changer de
vêtements qu'à son arrivée au Havre.
M.
de Bragelonne n'en est pas à son coup d'essai. Il a reçu, il y a
dix-huit mois, la décoration de la Légion d'honneur pour un sauvetage
accompli avec le capitaine Surmont.
Août
1869 -
Un
imprudent -
Mercredi, vers neuf heures du soir, à marée montante,
des cris de détresse partis d'un point fort éloigné de la plage, au
delà, de l'ancien lit de la Touques, attirèrent l'attention de
quelques promeneurs. L'un d'eux, M. Cécile Brion, de Verdun, quittant
sa femme et ses enfants, courut donner l'éveil. Les employés des bains
Delamarre et Paulin, aidés par lui, ainsi que par plusieurs autres
personnes dont, nous regrettons de ne pas connaître les noms,
purent pousser, non sans de grandes difficultés, un canot à lame,
opération pendant laquelle le pied de M. Cécile Brion, malheureusement
engagé sous une des roues du chariot de transport, fut assez gravement
contusionné. On arriva juste assez à temps à l'endroit d'où les cris
de détresse continuaient à se faire entendre pour sauver d'un péril
imminent deux imprudents commerçants de Paris qui, occupés à envoyer
à la mer des morceaux de bois qu'un chien bien dressé rapportait
ensuite, ne s'étaient pas aperçus que les flots étaient venus
les cerner de toutes parts. Ils avaient de l'eau jusqu'aux
aisselles quand le canot, malgré l'activité déployée en cette
circonstance par les organisateurs du sauvetage, est parvenu jusqu'à
eux. Ils ne se font pas fait prier, comme on le pense bien, pour y
monter, et ont juré qu'on ne les y reprendrait plus.
Août
1869 -
Fait divers.
- Dimanche
dernier, à l'occasion de la fête de Sa Majesté l'Empereur, la
compagnie des sapeurs-pompiers de Trouville était sous les armes. On remarquait
le drapeau de cette compagnie, qui était orné d'une médaille en
argent. Pour un grand nombre de personnes, cela était une énigme. On
se souvient du terrible incendie
qui a éclaté à Trouville dans la nuit du 1er au
2 mai dernier, et qui a coûté la vie d'une jeune personne. La
compagnie d'assurances la Normandie, qui sait toujours récompenser le
mérite, crut devoir accorder une médaille en argent à M. Jory,
capitaine, et verser, par l'intermédiaire de M. Lanfant, son
représentant, une somme de 50 fr. dans
la caisse de secours mutuels des sapeurs-pompiers de cette localité. M.
Jory a offert cette médaille à l'honorable compagnie
qu'il sait si bien
commander.
Août
1869 -
L’ex-Reine.
- L'Espagne
est majestueusement représentée à Trouville. Isabelle, son
ex-souveraine, est, comme nous l'avons dit, installée avec sa suite
dans l'annexe de l'hôtel des Roches-Noires, où elle a été accueillie
avec enthousiasme... par le gérant du lieu, flairant avec volupté
l'occasion d'augmenter le prix de l'ordinaire.
Dam
! on n'a pas tous les jours la veine d'alimenter des palais royaux.
La
semaine dernière, Isabelle a pris son premier bain par une grosse mer,
et les lames l'ont roulée comme une simple limonadière.
Un
bon détail, relevé par l'un de nos confrères. On a remarqué, mais
trop tard, que le guide à la mer chargé de mener à l'eau l'ex-reine,
s'appelait... Prim. N'est-ce
pas jouer de malheur ?
Septembre
1869 -
L’ouragan du 12
au 13 septembre.
- Une
épouvantable tempête a sévi pendant quarante-huit heures sur notre
contrée, elle a commencé dans la huit de samedi à dimanche, le calme
n'est revenu que lundi dans la soirée.
A
Caen, les dégâts ne sont pas fort considérables : un platane
renversé sur le Cours-la-Reine, quelques branches et quelques vitres
brisées, un coin de mur renversé rue Basse
et la chute d'une cheminée, rue Saint-Sauveur sont, avec beaucoup
d'ardoises et de tuiles arrachées aux toits, à peu près tout ce qu'on
peut, ici, reprocher à la bourrasque.
Dans
la campagne, sur les routes, les pertes sont beaucoup plus grandes, on
ne voit qu'arbres brisés et renversés, les arbres fruitiers sont
dépouillés de leur récolte, les pommiers
sont partout fort endommagés.
Samedi,
vers minuit, un canot à crevettes, portant le numéro 173, nommé
« Victor et Rodolphe », moulé d'un seul marin, le sieur
Prudent Fortier, âgé de 30 ans, ayant manqué à donner dans les
jetées, il a été repoussé, à la mer et a fini par mouiller devant
les mâts des bains de Trouville. A sept heures un quart du matin, on a
vu ce canot en danger, puis chavirer et, disparaître, entraînant avec
lui Prudent Fortier, qui laisse une veuve et deux enfants, une fille de
16 mois, de son mariage avec sa femme, la veuve Lebac, ayant un enfant
de 1 ans de son premier mari qui, comme le deuxième, s'est noyé.
Déjà
le 10 courant, le nommé Désiré Génie, étant dans son canot sans
lest, a sombré à deux milles de Villers, il s'est cramponné â la
mâture, où il s'est maintenu jusqu'à l'arrivée de la barque de
pêche « Tout-à-Marie », n° 100, de Trouville, patron
Gagnard, qui, l'ayant aperçu, l'a recueilli et
déposé à Villers.
Septembre
1869 -
L’ouragan du 12
au 13 septembre.
- Sur
la plage, les incidents drolatiques n'ont pas manqué.
Le
vent a enlevé des quantités incroyables de chapeaux, de casquettes et
de chignons, qui roulaient sur le sable comme des disques, et sautaient
ensuite à la mer pour disparaître bientôt.
Les
promeneurs et les promeneuses à moitié enlevés, avec leurs manteaux
et leurs jupes ballonnées, ressemblaient à ces ballons grotesques en
baudruches qu'il est d'usage de
lancer dans les fêtes publiques.
A
Trouville, un marin s'était improvisé marchand de ficelles, pour
attacher les chapeaux et les vêtements de ces dames, que le vent
relevait avec trop d'impudeur.
On
dit que cet ingénieux industriel a trouvé beaucoup de débit, surtout
auprès de nos élégantes, qui veulent bien laisser admirer leur jambe
jusqu'aux genoux, mais qui ont souvent de bonnes raisons pour que
l'indiscrétion n'aille pas plus avant.
Septembre
1869 -
Fait divers.
- Un
canot à crevettes de Trouville, monté par le nommé Guillebert, sorti
de Dives dans la journée de samedi avec sa femme, sa fille et un
matelot, s'est perdu en mer pendant la nuit. Les cadavres de la mère et
de l'enfant ont, dit-on, été retrouvés.
Septembre
1869 -
Fait divers.
- Mercredi
matin, la barque de pèche « Justine-Madeleine », de
Trouville, patron Bachelet, est entrée dans le port de Dieppe traînant
à la remorque une barque dépourvue de son équipage et portant les
inscriptions suivantes sur l'arrière « Espérance,
Isigny », et sur l’avant « L, M. J. n° 1.442 ».
Cette barque avait été trouvée, voguant à l'aventure, au milieu de
la Manche.
On
suppose qu'elle était, attachée à une bouée au milieu d'un port,
que, pendant que l’équipage était à terre, l'amarre qui la retenait
aura cassé et que le vent l'aura poussée au large.
Elle
était d'ailleurs munie d'un bout d'amarre qui donne quelques raisons
d'être à cette supposition. Tout porte, à croire qu'il n'y a pas
perte d'hommes à déplorer.
Décembre
1869 -
Fait divers.
- Nous savons
de bonne source, lisons-nous dans l'Avenir trouvillais, que la question
du chef-lieu de canton demandé pour Trouville est en ce moment en bonne
voie de solution. L'administration s'en occupe activement. M. le maire
de Trouville fait en ce moment les dernières démarches nécessaires
avant le commencement de l'enquête qui va s'ouvrir.
Janvier
1870 -
Les Cantons.
- Voici les
noms des communes qui doivent faire partie du nouveau canton de
Trouville, si l’enquête n'y apporte aucun changement. Il se
composerait des communes de Trouville, Deauville, Villerville,
Touques, Saint-Arnoult, Bénerville, Tourgéville, prises aux dépens du
canton de Pont-l’Evêque, et des communes de Blonville et Vauville,
détachées du canton de Dozulé. Sa population serait de 10.115
habitants.
Pour
compenser la perte que subirait, le canton de Pont-l'Evêque, on lui
attribuerait trois communes du canton de Blangy,
Saint-Julien-sur-Calonne, Pierrefitte et le Vieux-Bourg, plus la
commune de Glanville qu'on détacherait du canton de Dozulé.
Les
cantons de Honfleur et de Cambremer resteraient tels qu'ils sont
actuellement.
Janvier
1870 -
Fait divers.
- Dans la
nuit de mercredi à jeudi, vers 3 heures, les habitants furent mis en
émoi par le son sinistre de la générale, battue dans les rues de
Trouville. Le feu venait de se déclarer au domicile de la veuve
Vannier, épicière, rue de Pont-l'Evéque.
La
veuve Vannier habitait avec son fils et fabriquait de la chandelle pour
plusieurs maisons d'épicerie de notre ville. La feu, dit-on, a pris
dans la fonderie. Malheureusement la mère
et le fils étaient affligés d'une surdité complète. Le file s'étant
aperçu de l'incendie alla réveiller sa mère, mais cette malheureuse
femme, qui voulait sauver divers objets assez précieux, n'entendait et
ne s'apercevait pas des progrès du feu.
Des
personnes arrivées les premières sur le lieu du sinistre, la
connaissant, montèrent à sa chambre et, la trouvant vide, crurent
qu'elle était sortie et restée chez quelque voisin, il n'en était pas
ainsi, car, l’incendie éteint, on a découvert son cadavre carbonisé
tenant, encore dans ses bras une pendule de peu de valeur.
Deux
maisons ont été brûlées, l'une à la veuve Vannier et l’autre à
un nommé Creste, fossoyeur. Les dégâts sont évalués à environ
20.000 francs. Creste n'était pas assuré. Pour la femme Vannier,
malgré l'interrogatoire du fils par M. le commissaire de police, on n'a
pu le savoir au juste.
Quoique
l'incendie fut assez considérable, il a été éteint, en deux heures
par les pompiers de Trouville, encouragés par la présence des
autorités de la ville.
Février
1870 -
Fait divers.
- La
barque de pèche « Espérance n° 89 », d'Honfleur, et
rentrant au port du Havre, pour prendre place à l'anse des pilotes,
s'est trouvée drossée par le vent, et est venue donner sur la plate
« Alliance n° 131 », de Trouville, et, avec son beaupré,
lui ai défoncé la grande voile. « L'Espérance » n' a pas
eu d'avarie.
Février
1870 -
Fait divers.
- Un
oiseau très rare dans nos parages vient d'être capturé vivant sur le
littoral de Trouville. Il s'est abattu du haut des airs sur un appât
flottant, à peine
l'eût-il avalé qu'on le vit se débattre pour se dégager de
l'hameçon au moyen duquel les chasseurs s'en sont emparés.
Cet
oiseau est le Fou blanc de Basson, il habile les contrées
septentrionales des deux mondes, ses ailes ont un mètre quatre-vingts
centimètres d'envergure, sa grosseur est celle d'une oie de belle
taille. C'est le premier volatile de cette espèce qu'on ait jamais vu
sur les côtes de
France.
Mars
1870 -
Accident de mer.
- La
barque de pêche n° 4, de Trouville, « Auguste-Victorine »
est arrivée sur la rade du Havre avec un seul homme à bord, le patron
Halley. Cette barque se trouvant mardi, vers cinq heures du soir, à 18
milles de la Hève, fut abordée à l'arrière par un trois-mâts
étranger, courant dans l'ouest et dont on ignore encore le nom.
L'abordage fut si violent et le choc qui en résulta si grand, que les
hommes dé l'équipage et le mousse, fils du patron, sautèrent à bord
du trois-mâts.
Halley
resté seul, descendit aussitôt dans sa chambre pour prendre l'argent
qu'il y avait, environ 2,500 fr., et le jeter à son fils, mais le
navire était déjà loin, et peut-être cette somme, considérable pour
un pêcheur, est-elle tombée à la mer. La barque avait son
couronnement brisé, sa grande voile défoncée, son pic et sa borne
cassés, ses sennes coupées, il ne restait au malheureux pêcheur que
son foc pour gouverner, cependant il est arrivé cette nuit sur rade, et
il a débarqué pour faire sa déclaration à la marine. Le steamer
« Lamartine » est sorti pour prendre à sa remorque le
« Auguste-Victorine », et la ramener à son port d'attache.
On pense que l'équipage de la barque de pêche sera débarqué, parle
trois-mâts, sur les côtes d'Angleterre.
Mars
1870 - Fait divers.
- La
barque de pêche « Berthe-et-Marie », n° 28, de Trouville,
patron Louis Halley, entrée au Havre a débarqué un ballot de tabac
marqué « Havana »
n° 1, qu'il a sauveté lundi dernier, vers cinq heures du soir,
à 15 milles au nord d'Antifer. Le patron rapporte avoir aperçu au
large de nombreuses épaves flottantes et notamment l'arrière d'un
navire.
Mars
1870 -
Abordage.
- Le
navire anglais « Linden de Llanelly », venant de Swansea à
Trouville, avec un chargement de 334 tonneaux de charbon, a été
abordé et coupé en deux, dans la nuit de jeudi, 10 mars courant, au
large du cap de la Hague, par le steamer « Cronwell »,
allant de Londres à Cardiff. Le « Linden » a sombré
immédiatement. Le capitaine, M. Howell, le second et le mousse ont
été sauvés et débarqués à Cardiff, le 12 courant, malheureusement,
4 marins ont perdu la vie dans l'abordage.
Avril
1870 -
Fait divers.
- On
voit assez souvent des malfaiteurs se complaire à couper les pieds des
arbres ou... les jarrets des chevaux et des bœufs dans les campagnes,
mais ce qui est plus rare et plus nouveau, c'est de couper sa maison à
ras du sol !
Quelque
singulière que puisse paraître cette idée, elle a été réalisée
cette semaine à Trouville, rue Tarale. Mardi, à 10 heures du soir, un
marin du nom de L….... rentrait chez lui,
dans un état
tel que Noé ne l'eût pas écarté de sa compagnie.
L…...
a le vin triste, c'est malheureux, mais qui faire ? Il gronda sa femme,
cria, tempêta, brisa tout dans sa maison, puis ne trouvant plus rien à
détruire il résolut, effort suprême, de démolir sa maison même.
Il
sortit, armé d'une scie et d'un marteau, frappa sur le mur et fit
sauter les briques, arrivé aux charpentes, il les scia. Tout cela se
passait en présence de voisins assemblés, qui riaient
comme des fous, mais qui se gardaient bien de l'en empêcher. LA maison
cependant a résisté. Le pauvre garçon, épuisé de fatigue, s'est
endormi et.... aujourd'hui il replâtre sans doute ses murs lézardés.
Avril
1870 -
Avis.
- Les
mans ont déjà commencé leurs ravages printaniers, les hannetons vont
bientôt sortir de terre. Nous recommandons tout spécialement la
destruction de ces coléoptères qui, l'année dernière, ont causé aux
agriculteurs des pertes qui se chiffrent par des
millions de francs.
Mai
1870 - Fait
divers.
- Dimanche,
vers 9 heures du matin, un incendie s'est déclaré au domicile du sieur
Pierre dit Bertrand, quartier du Parc-aux-Huîtres, à Trouville, il a
été éteint par les pompiers de ce quartier. L'immeuble était
assuré, mais le mobilier du sieur Pierre ne l'était pas. Tout fait
supposer que ce commencement d'incendie est purement accidentel.
Septembre
1870 -
La République.
- Dans
les églises, le Domine salvum fac Republicam a remplacé le Domine
salvum fac Imperalorem. Il ne manquait à la République que la sanction
religieuse. Elle lui est donnée.
Septembre
1870 -
La République.
- Les
Conseils municipaux sont dissous, dans chaque commune, les fonctions
municipales sont confiées à une commission composée : pour la ville
de Caen, de sept membres ; pour les villes de Bayeux,
Condé-sur-Noireau, Falaise, Honfleur, Lisieux, Pont-l'Evêque, Trouville
et Vire, de cinq membres et de trois membres pour les autres communes.
Septembre
1870 -
Avis.
- Le
comité de défense du département du Calvados, devant lequel des
inquiétudes ont été manifestées, au sujet d'une circulaire
énonçant les mesures à prendre pour faire le vide devant l'invasion,
a reçu de autorité Militaire et donne aux populations l’assurance
formelle qu'il ne s'agit, quant à présent, que de conseils et
d'avertissements pour les préparatifs à faire en vue de
l'arrivée de l'ennemi, mais non d'exécution des mesures elles-mêmes.
Octobre
1870 -
Fait divers.
- Encore
une fois, le ciel, normand s'est trouvé illuminé par une aurore
Boréale. Une splendide couleur rouge éclairait l'espace et formait un arc-en-ciel
très régulier, que malheureusement le passage de nombreux nuages
obscurcissait à de fréquents intervalles.
Jadis,
les aurores boréales étaient regardées comme le signe de sanglants
désastres, aujourd'hui, on les attribue tout simplement à l'ignation
spontanée du fluide magnétique qui
s'enflamme comme la limaille de fer. On a remarqué que le sommet de
l'arc dominait toujours le méridien magnétique du lieu d'observation.
Arago
croyait avoir trouvé le signe précurseur de ce phénomène dans un
mouvement sensible de l'aiguille d'inclinaison et de l'aiguille de
déclinaison, qui tous les matins du
jour
ou doit, se montrer l'aurore dévie de 5 à 15 minutes.
En
regardant l'aurore, beaucoup de gens croyaient y voir la réalisation de
la fameuse prophétie de Blois, qui annonce une grande perturbation dans
le ciel. Malheureusement pour les amateurs du merveilleux, les aurores
boréales sont si peu rares que jusqu'à la moitié du siècle dernier,
on avait déjà recueilli près de mille observations, et dans les régions
polaires où elles sont permanentes.
Octobre
1870 -
Fait divers.
- Le
20, à Trouville, spectacle grandiose et terrible. La mer s'est avancée
jusque dans les rues, elle a brisé ce qui restait de cabanes sur la
plage, elle a bouleversé et enlevé le chemin de planches, entraîné
les escaliers de bois qu'on avait établis aux Roches-Noires et devant
certaines maisons. On estime à 10.000 fr. les dégâts causés par
cette mer furieuse. Le spectacle est affreux maintenant, on ne voit que
des débris de toute nature. Un brick anglais, chargé d'armes à
destination de France, a
sombré.
Décembre
1870 -
Fait divers.
- Depuis
plusieurs jours, les oiseaux émigrants passent précipitamment et par
grandes masses. C'est un présage de mauvais temps et d'un
rude hiver.
Mai
1871 - Un
accident maritime.
- Un affreux
accident, maritime, comme il en arrive, hélas ! trop fréquemment dans
nos parages, nous est signalé de Trouville-sur-Mer. Une
barque à voile montée par trois ou quatre personnes quittait dimanche,
dans la matinée, le port de Trouville. Un petit nombre de curieux qui
la suivaient du regard, la virent bientôt disparaître dans la
direction de Dives, qui semblait être le but que voulaient atteindre
les promeneurs.
Que
s'est-il passé depuis le moment ou la barque disparut aux yeux ?
Nul ne le sait. Toujours est-il que lundi matin, le patron de pêche
Prentout rentrait dans le port du Havre, ayant à la remorque la barque
partie dimanche de Trouville. Cette barque trouvée au large, allant à
la dérive, était complètement désemparée et vide de
passagers.
On
suppose qu'assaillie dimanche par la violente bourrasque qui n'a cessé
de souffler pendant une grande partie de la journée, la barque aura
chaviré en précipitant dans les flots les malheureux qui la montaient.
Cette barque était montée par M. Piolet, sous-patron de la Douane à
Trouville, M. Blavet, du Havre, et MM. Cartèze et Chaudein, de Paris.
Juin
1871 -
Fait divers.
- Aucun
des cadavres des infortunés qui ont sombré lundi au large de
Trouville, n'a encore été retrouvé.
Le
bateau qui a sauvé au large l'embarcation désemparée est la barque de
pêche de Trouville « Paul et Louis », n° 58, patron
Prentout.
Juin
1871 -
Fait divers.
- Une
des victimes du drame effrayant que nous avons publié il y a quinze
jours, le matelot Piolet a été retrouvé à Lion-sur-Mer. Samedi, à
la marée de 10 heures, la barque « Epi-de-la-Vierge »,
patron Angeot, a trouvé, entre Villerville et le Ratier, le corps de
Charles Cortès, âgé de 14 ans, le cadavre a été transporté
d'Honfleur à Trouville, dimanche à midi et a été déposé dans le
caveau de Notre-Dame-de-Bon-Secours, l'inhumation aura lieu jeudi.
Lundi
soir, à la marée de 3 heures, on a rapporté le corps d'Émile Chaudin,
retrouvé à 3 lieues au nord, dans un état de putréfaction avancé.
Il ne reste donc plus à retrouver que le cadavre de Clavé.
Juin
1891 - Un bateau de pêche coulé.
- Le 29 juin, à 1 heure du matin le bateau de pêche
« Union Républicaine », N° 86 de Trouville, a été
coulé par un steamer, près de Cromer ; le patron s'est noyé ; quatre
hommes et un mousse ont été débarqués à Douvres par le steamer
anglais « Napier » .
Juillet
1871 -
Accident.
- Un nouveau
sinistre maritime est venu apporter le deuil dans une famille de
pêcheurs de la côte du Calvados. Le 29 juin, la barque de pêche de
Trouville no3
« Jeanne
de la Providence », patron Victorin Habey, entrait à Trouville
avec un naufragé, le sieur Seigle, patron d'un canot armé à
Bernières pour la pêche au maquereau qu’elle avait recueilli à
8.000 mètres au large de Bernières, cramponné à un aviron.
Il
paraît que, pendant que ce patron était occupé à emboîter ses
applets au fond de l’embarcation, un grain vint surprendre le matelot
qui était à la barre gouvernant sous voile, et
qui moins expérimenté, ne put à temps manœuvrer pour empêcher
l'embarcation de chavirer sous voile. Ce marin disparut dans les flots.
Lorsque le patron Seigle fut recueilli
à bord du n° 3,
il perdit connaissance. Les recherches faites pour retrouver le marin
furent infructueuses. Le bateau n° 3 dut rentrer à Trouville, mais
avec un seul des marins qui montaient
l'embarcation.
Juin
1871 -
Nouvelles du Calvados.
- Depuis
quinze jours, l'état sanitaire du département au Calvados s'est
sensiblement amélioré, les maladies épidémiques ont complètement
disparu. Partout, la mortalité, a repris sa moyenne ordinaire.
Durant
les six premiers mois de l’année 1871, le chiffre de la mortalité
s'est élevé à Caen, à 1.464. Pendant la même période de temps, en
1870, on avait complé que 773 décès. Enfin, pendant l'année du
choléra, le nombre des décès pendant les six premiers mois de 1866,
n'avait été que de 803.
Comme
on le voit pendant les six premiers mois de 1871, le chiffre de la
mortalité, à Caen, comparé avec
celui de l’année précédente, a presque doublé.
Août
1871 -
Fait divers.
- Les jeunes gens appelés par le sort à former le contingent
de l'armé, et maintenus dans leurs foyers comme soutiens de famille,
oublient quelquefois que cette faveur leur impose, vis-à-vis de
leurs parents, des obligations rigoureuses. Un jeune soldat du Loiret,
classe 1868, qui se trouvait dans ce cas, vient d'être dirigé sur le
régiment auquel il avait été affecté, pour y accomplir le temps de
service de sa classe, par suite de l'abandon dans lequel il avait
laissé ses parents.
Août
1871 -
Avis aux cultivateurs.
- L'autorité
militaire a reçu des instructions pour mettre des soldats à la
disposition des cultivateurs, pour les travaux de la moisson, à la
condition que les travailleurs recevront des indemnes convenables. Il ne
sera satisfait d'ailleurs qu'aux demandes approuvées par les maires.
Août
1871 -
Accident de la route.
- M. Baulit,
médecin, monté dans une voiture dite panier, avec deux de ses amis,
retournait à son domicile à Trouville. Arrivé à l'endroit appelé
Pont-Lefèvre, le cheval effrayé par un objet de literie déposé sur
la route, fit un tel mouvement de recul qu'il brisa son harnais, se fit
des blessures aux jambes, devint furieux, n'obéissant plus aux
injonctions de son guide. M. Jacques Moulin, métreur de travaux à
Villers, s'apercevant du danger que couraient les trois voyageurs, dans
un endroit bordé de fossés et d'escaliers, sauta résolument à la
tête du cheval et fut assez heureux pour le maîtriser après une
course vertigineuse de 40 m. environ, non sans avoir encouru lui-même
des dangers sérieux. Ce n'est pas la première fois que M. Moulin fait
acte de courage et de dévouement, car en 1853 et en 1857, il a déjà
reçu des récompenses pour faits de sauvetage.
Septembre
1871 -
Fait divers.
- Parmi
les personnes récemment arrivées à Trouville, on cite Mme la marquise
de Galiffet et ses enfants, M. Charles Laffitte, le maréchal Canrobert,
M. Thiers est attendu.
Janvier
1872 -
Accident de pêche.
- Dimanche
dernier à Trouville, le marin Toneto, en jetant le chalu d'une barque
de pèche, s'est trouvé la jambe prise dans le filin et a été
précipité à la mer. Les secours jour le sauver ont été
inutiles.
Janvier
1872 -
Les auteurs des vols de volailles.
- Le
19 janvier, la gendarmerie de Trouville a découvert à Touques les
auteurs de nombreux vols de volailles, commis depuis environ un an dans
le bourg de Touques et aux environs. Les époux Labbé faisaient vendre
le produit de leurs vols par deux de leurs enfants âgés de 14 et 13
ans, ainsi que pour le jeune Roussel, âgé de 12 ans. Toute la
responsabilité de ces vols retombe donc sur les époux Labbé,
qui faisaient bonne chère au détriment de leur prochain.
Janvier
1872 -
La rareté du poisson.
- Depuis
longtemps on n'avait vu, sur nos côtes, le poisson aussi rare, par
suite du mauvais temps continuel que nous avons éprouvé pendant près
de six semaines. Cet état de choses rend, on le comprend, la vie
difficile dans les localités
riveraines de la mer.
Mars
1872
- Le gel.
- Les
désastres occasionnés par les gelées des nuits dernières sont plus
graves qu'on ne je suppose généralement. Les lettres que nous recevons
de divers points de la Normandie sont unanimes pour le reconnaître.
Mars
1872 -
Est-ce possible.
- On lit
dans l’Avenir les lignes suivantes auxquelles nous ne pouvons croire :
«
Le mercredi 13 mars, « l’Auguste-Vitorine », bateau
dépêche n° 4, de Trouville (Calvados), venait mouiller dans la baie
d'Hastings, canton de Sussex, (Angleterre), Dénué de toutes vivres et
se trouvant sans argent, le patron Auguste Hallez mit à terre le
poisson, produit de sa pêche, afin de:
le mettre en vente
et de se procurer les approvisionnements qui lui manquent. Les
autorités anglaises ne lui permirent pas d'exécuter son projet, et lui
enjoignirent de rembarquer sa pêche,
lui donnant pour toute raison
de cette défense, que, par suite de la rupture du traité de commerce,
le poisson de seine française ne pouvait être vendu en Angleterre.
Juin
1872
- Fait divers.
- D'après
les documents relatifs au recensement recueillis jusqu a ce jour, on,
estime et que la population du Calvados a diminué de 25.000
habitants,
depuis le recensement de 1866.
Juin
1872 -
Accidents à Trouville.
- Il
y a des journées fertiles en événements tragiques, telle était celle
qui vient de secouer à Trouville.
Mardi
le sieur B…..., ouvrier maçon, est tombé du second étage d'une
maison en construction, cité Mahieux, les craintes occasionnées par
cette chute étaient heureusement moindres
que ne le faisait supposer l'état du blessé évanoui : elles se
résumaient à une forte entaille à la tête et une blessure du bras.
Les soins donnés par le docteur
Boulai le remirent bientôt sur pied, et il put regagner péniblement
son domicile, aidé par deux personnes.
- Sur le quai, dans la matinée, une voiture descendait la rue
Notre-Dame, conduite par une dame et sa petite fille, arrivée au bas de
la descente, le cheval, on ne sait pourquoi,
se mit à reculer dans la direction de la rivière, la femme voyant le
danger, sauta pour pouvoir l'arrêter, mais ce fut en vain, la petite
fille eut aussi la présence d'esprit de
sauter sur le granit. Il était grand temps, car cheval et voiture
disparaissaient dans le vide, la mer était basse, et, chose
extraordinaire, cheval et voiture ont eu peu d'avaries.
- La même jour, une nouvelle qui circule en ville y produisit
grande sensation : on parlait d'une mère de famille et de cinq enfants
empoisonnés. Voici ce qui s'était passé : Cette femme n'est pas très
heureuse, quoique très laborieuse, elle a beaucoup de peine à élever
sa nombreuse famille, aussi des personnes charitables s'empressent elles
souvent de lui porter des aliments, c'est ce qui était arrivé le jour
en question, un plat de viande lui avait été donnée. Cette viande
était-elle insalubre ou bien avait-elle cuit et refroidi dans un vase
en cuivre mal étamé, l'on ne sait, toujours est-il qu'après l'avoir
mangée, toute la famille éprouva les symptômes d'un empoisonnement
qui heureusement n'a eu que l'inconvénient de leur faire garder le lit
pendant plusieurs jours.
Juin
1872 -
Accident et dévouement.
- Mercredi
dernier, vers 5 heures et demie
du soir, un enfant de 6 ans qui jouait sur le quai de Trouville, près
de la poissonnerie, est tombé dans la rivière. La mer était haute, le
pauvre enfant était infailliblement perdu, sans le secours d’un
jeune mousse de 14 ans , nommé Auguste-Victorin Pilmont, appartenant à
l'équipage de la barque n° 103. Ce jeune homme, sans aucune
hésitation, avec un sang-froid et un courage peu communs à son âge,
s'est précipité tout habillé du
quai dans la rivière et a réussi non sans peine, à ramener à terre
l'enfant que le courant emportait. Nous ne saurions trop louer la
présence d'esprit et l'intrépidité de Piémont,
qui a droit aux plus grands éloges et que nous serions heureux de voir
récompenser comme il le mérite.
Juillet
1872 -
Échouage.
- En entrant
à Trouville, le joli petit stamer « Dardare », capitaine
Jean, s'est échoué. Une partie de son chargement, 800 pains de sucre,
a été endommagée. Le navire qui n'a aucunement souffert a été
renfloué après plusieurs essais infructueux.
Juillet
1872 -
Accident.
- Mardi, vers
midi, M. François Biais, ancien maître de barque à Trouville, se
promenant sur le quai devant les bateaux de l'hospice, a eu l'imprudence
d'appuyer la main gauche sur la roue d'engrenage de la grue, au moment
où on la mettait en mouvement pour descendre un lourd fardeau. Ce
malheureux a eu les deux derniers doigts de la main littéralement
broyés.
Août
1872 -
Loi sur les boissons.
- Tout
détenteur d'appareils propres à la distillation
d'eaux-de-vie ou d'esprits est ténu d'en faire, au bureau de la régie,
une déclaration énonçant le nombre et la capacité de ses appareils.
Août
1872 -
La fin du monde.
- On
sait que la fin du monde avait été prévue pour le 5 de ce mois, elle
n'a pas eu lieu, parce qu'elle a été, paraît-il, remise au 12 août,
selon les uns, et selon
les autres, au 15 août, fête de
l'ex-empereur.
Août
1872 -
Les bains de mer.
- Nos
côtes commencent à se peupler de baigneurs. Les locations, pour le
mois d'août, se sont faites à des prix assez élevés, quoique inférieurs
aux années précédentes.
M.
Thiers est arrivé lundi à Trouville, où il a été reçu avec
acclamations.
Trente
douaniers font un service d'honneur à l'entrée du chalet. Deux petits
camps microscopiques sont installés à côté de la résidence
présidentielle. Un fil télégraphique met le chalet en communication
avec l'hôtel de la présidence à Versailles. M. Rampont, directeur des
postes, vient d'organiser un service entre Versailles et Trouville.
Le
Ministre de la guerre est attendu à Houlgate, où se trouve l’ex-reine
d'Espagne. A Fillers, M. Say, le préfet de la Seine. A
Cabourg, Georges Sand. A
Villers-sur-Mer, M. le duc de Nemours est arrivé lundi.
Août
1872 -
M. le Président.
- M.
Thiers, après un court séjour à Paris, est revenu à Trouville, où
se sont donné rendez-vous toutes les célébrités du monde élégant
et politique. M Thiers a visité Honfleur, il était accompagné de M.
Ferrand, préfet du Calvados, et des autorités de la ville et de
l'arrondissement, M. Thiers doit également visiter le Havre, et
peut-être Caen.
La
journée du 14 août a été troublée par un incident regrettable. M.
de Valon, originaire du département de l'Orne, faisait sur un yacht
russe une promenade en mer, en compagnie de quelques jeunes gens
étrangers, quand la fantaisie leur prit de crier : Vive l'empereur ! à
bas Thiers ! etc……. On s'émeut sur la plage, la police est
prévenue, et à
leur débarquement ces messieurs sont conduits devant le commissaire de
police et de là mis au poste pour quelques instants. On assure que
cette affaire va avoir son dénouement
devant la police de Pont-l'Evêque.
L'artillerie
vient de couler bas un canot placé à 7 kil. en mer. M. Thiers a été
satisfait, plusieurs décorations ont été données.
La
musique qui était partie en Amérique est annoncée pour samedi à
Trouville.
Août
1872 -
Le Président.
- M. Thiers
est toujours à Trouville, il y restera, si le temps le permet, vingt
jours encore. Le Prince de Galles est venu à Trouville, il a eu une
entrevue avec M. Thiers. L'ambassadeur de Russie est également venu à
Trouville. Les expériences de guerre se continuent avec succès. La
musique de la garde républicaine, de retour d'Amérique, est venue à
Trouville : M. Thiers doit se rendre prochainement au Havre : Le voyage
de Caen n'est pas complètement abandonné, il se pourrait qu'en se
rendant à Cherbourg, M. Thiers s'arrêtât quelques instants à
Caen.
Septembre
1872
- Cris séditieux.
- M. de Vallon,
condamné à cinq jours de prison et 15 fr. d'amende, pour avoir, à
Trouville, crié « vive
l'empereur ! m.…. pour Thiers ». a subi
sa peine dans la maison d'arrêt de
Rouen.
Novembre
1872
-
Naufrage.
-
Mercredi soir, le brick norvégien « Likk Kens prove »,
monté par huit hommes d'équipage, chargé de bois du Nord, pour le
Havre, avait essayé
de mouiller en rade. A trois heures et demie du matin, le navire
talonnait sur le banc de Trouville, le capitaine fît mouiller les
ancres et l'équipage coupait la mâture. Les chaînes
cassèrent et la mâture s'abattit, il ne restait plus que le grand mat.
Le capitaine fit mouiller deux autres ancres sur les grelins.
Jeudi,
vers 8 heures du matin, la barque de pêche, le « Protégé-de-Marie »
patron François Croix, qui revenait au port de Trouvrille aperçut le
brick en détresse. Il manœuvra résolument pour l'approcher, il y
réussit après plusieurs tentatives. L'équipage composé de huit
hommes, embarqua à deux reprises dans une frêle pirogue norvégienne
et put atteindre sain et sauf la barque de pêche, qui débarqua à dix
heures du matin les huit naufragés dans le port de Trouville, aux
applaudissements de la foule émue.
—
M. L……., demeurant à Trouville, témoin du courage déployé
par l'équipage du « Protégé-de-Marie », dans ce
sauvetage, a versé une somme de 120 francs pour être répartie
également entre les sauveteurs.
—
M. le comte d'Hautpoul a fait remettre aux naufragés la somme de
300 francs
.
Novembre
1872
-
Naufrage.
-
Sur les cotes de France , d’Angleterre, de Norvège et du
Danemark, le chiffre des navires échoué est de 104.
—
Par suite du mauvais temps, un grand nombre de barques de pêche
et même des bâtiments de plus fort tonnage, même des steamers, ont
été obligés d'entrer en relâche au Havre. Parmi les relâcheurs se
trouve notamment le steamer « Albion », venant de Honfleur
et allant à Londres, c'est ce même steamer qui, on se le rappelle,
avait coulé par suite
d'une voie d'eau, il y a quelque temps, dans le port même.
Décembre
1872
- Bonne nouvelle.
- M.
Thiers serait, dit-on, en pourparlers pour acheter un terrain à
Trouville et y faire construire un chalet.
Janvier
1873
- Profanation.
- Le
24 de ce mois, on procédait à l'inhumation du sieur A. M...., jeune
homme de 17 ans, mort de la poitrine à l'hôpital de T........ Le
cercueil qui contenait
le cadavre était si mal fait et avec du bois si peu convenable, que les
porteurs craignaient à chaque instant de ne pouvoir aller de l'hospice
au cimetière, tant le poids du corps, qui n'était pas bien lourd
cependant, faisait craquer et disjoindre les planches, aussi, dès qu'on
eut déposé le cercueil dans la tombe, il s'ouvrit à la première pelletée
de terre qu'on jeta dessus et laissa voir une partie du corps. Un
mouvement de juste indignation s'est manifesté parmi les assistants,
contre le menuisier et contre l'administration de la commune, aux frais
de laquelle le cercueil avait été construit.
Février
1873 -
Sinistres en mer.
-
Le ministre de la marine
a reçu les plus tristes nouvelles. Il parait qu'un grand nombre de
sinistres ont été constatés depuis trois jours dans
la Manche, et que d'importants bâtiments ont péri. En vue de nos
côtes, un navire a été signalé en détresse, le bateau à vapeur de
Caen au Havre n'a pu effectuer son service.
Mars
1873 - Accidents de mer.
- Jeudi, vers 7 heures du matin, la goélette la
« Persévérante », d'Isigny, chargée de charbon, s'est
échouée à Trouville, en dehors de la jetée, du côté de Deauville.
Poussée par la marée et par le vent, elle a fait naufrage contre la
jetée même. Le navire est perdu. Le capitaine n'avait pas cru devoir
prendre un pilote, malgré qu'il ne connaissait pas, sans doute, le
port.
—
Le même jour, une barque de Trouville a ramené le cadavre d'un homme
trouvé en mer. La mort paraissait, remonter à plusieurs mois. Aucune
constatation d'identité n'a pu être faite, vu la décomposition du
corps.
Mars
1873 -
Mort subite.
-
La barque de pêche n°
5, de Trouville, patron Vasseur, est entré au Havre pour y débarquer
le corps d'un jeune homme, nommé Loisel, âgé de 17 à 18 ans, mousse
à bord, qui était mort subitement, au moment même où il prenait son
repas.
Avril
1873 -
Pêche miraculeuse.
-
La pêche du maquereau
est miraculeuse en ce moment sur nos côtés de Normandie. Cinq bateaux
sont entrés, rapportent 105 800 Maquereaux, 9 700 avaient été salés
en route.
Avril
1873 -
Phénomène.
-
Mercredi, tout le monde a pu voir sur le marché de Trouville un
superbe veau à deux têtes, né le matin, à la ferme de M. Durand,
cultivateur à Touques.
Mai
1873
-
Les Événements.
- Samedi
soir, M. THIERS a donné sa démission, de Président de la République
française. Il a été remplacé par le maréchal DE MAC-MAHON,
duc DE MAGENTA. Le maréchal-Président est âgé de 65 ans.
Juin
1873
-
Le Maréchal Mac-Mahon en
Normandie. - On
s'attend sur la côte normande, pour la fin du mois, à la visite du
maréchal président de la République. Les préfets du Calvados et de
la Seine-Inférieure ont été prévenus.
Juin
1873
-
Saison des bains.
- Il
se confirme que le maréchal de Mac-Mahon viendrait passer quelques
semaines à Houlgate. — M.
Thiers, de son côté, reviendrait à Trouville, au chalet
Cordier. —
Enfin, la princesse Mathilde viendrait séjourner à
Villers-sur-Mer.
Août
1873
- Glanage.
- Au
moment des récoltes, il est utile de rappeler un arrêt de la Cour de
cassation qui concerne le droit de glanage. Les propriétaires et
fermiers pensent faire
un acte de générosité en laissant les pauvres de la commune qu'ils
habitent râteler et grappiller après l'achèvement de la récolte.
C’est
une erreur, il résulte de la jurisprudence de la cour suprême que ce
n'est pas un acte de philanthropie qu'ils exercent, mais un devoir
qu'ils accomplissent.
Août
1873 -
Naufrage.
- Trouville,
au milieu de ses fêtes, paie en ce moment une dette énorme au malheur.
Après les deux accidents que nous avons publiés dans notre dernier
numéro, dont un a été cause de mort, un plus terrible encore vient de
frapper la population maritime de cette localité.
—
Mercredi, vers dix heures un quart du matin, cinq hommes, composant
l'équipage de la barque de pêche n 52, patron Eugène Halley,
montèrent dans une petite embarcation pour rejoindre cette barque, qui
était restée échouée à la marée précédente à l'entrée de la
rivière, sur le sable. Au moment où ces matelots partaient pour se
rendre à bord, la mer
montait rapidement, les vagues se brisaient avec fracas contre les
estacades ou sur la plage, et il était presque certain, pour des hommes
envisageant
sérieusement le danger, que le petit esquif ne résisterait, pas à la
mer, très forte depuis l'apaisement de nos grandes chaleurs. Près de
sortir des estacades et non loin de la barque de pêche, la petite
embarcation montée par les cinq hommes en question chavira sous la
puissance d'une lame, et tout le monde fut précipité à la mer. Un cri
horrible sortit de la poitrine des spectateurs et la foule se porta sur
le théâtre de l'accident. Immédiatement les secours
s'organisèrent, deux des matelots purent gagner terre et cherchèrent
encore à retrouver leurs camarades, peu d'instants après, on retrouva
Louis-Constant Main, âgé de 67 ans, qui donnait encore quelques signes
de vie, mais qui, malgré les soins qu'on ne cessa de lui prodiguer,
expira au bout d'un moment. Les deux autres marins, dont les corps n'ont
pu être retrouvés que plus tard, sont : Victor Toutain, 32 ans, et
Constant Desmares, 45 ans. Tous les trois étaient pères de
famille.
Août
1873 -
Quitte pour la peur.
- Une vive
émotion a circulé sur la plage de Trouville. Le prince Arthur,
d'Angleterre, en prenant son bain, a perdu pied et a failli se noyer.
Son aide de camp et un baigneur sont parvenus à le sauver. Le baigneur,
nommé Costé, a été largement récompensé. Cela se
comprend.
Août
1873
- Quitte pour la peur.
- Sur
la plage de Trouville, une femme de chambre de Mme
la comtesse des
Maisons se baignait devant les Roches-Noires, lorsque tout à
coup, soit qu'elle eût trop préjugé de ses forces, soit que le
courant fût plus violent que de coutume, elle fut entraînée et
disparut. Le sieur Pilon, maître nageur, s'élança à son secours et
la ramena. Des soins bien entendus ont rappelé à la vie la pauvre
femme.
Août
1873
- Les présages.
- Un
immense vol de corbeaux a passé sur Paris, se dirigeant vers le
sud-ouest. On eût dit un nuage noir en forme de triangle, fendant l'étendue
avec une vitesse de locomotive. C'est
signe de grand froid pour l'hiver, quand les vols de corbeaux passent
aussi tôt. Pour les personnes superstitieuses, c'est signe de malheur.
Septembre
1873
-
Sinistre en mer.
- Le 14
septembre, à 9 heures du soir, la chaudière du steamer
« Calvados », qui revenait de Trouville, a fait explosion.
Le mousse a été lancé à la mer et n'a pas reparu. Un passager, M.
Paris, a été tué, le mécanicien est mort de ses blessures, cinq
personnes ont été grièvement
blessées.
Décembre
1873
-
Fraude. - Gustave
Fortier, 40 ans, journalier, pour avoir introduit à Trouville, 1 500
grammes de viande sans avoir fait de déclaration à l'octroi, et
Sénateur Legendre, 37 ans, conducteur de voiture publique à Caen, pour
avoir introduit à Trouville six pigeons sans avoir fait la déclaration
à l'octroi, ont été condamnés chacun à 100 fr. d'amende.
Janvier
1874
-
Triste pressentiment.
-
La barque de pêche
« Ernest-Amélie », de Trouville, patron Paul Exmelin, se
trouvait dans la nuit de samedi à dimanche par le travers de Fécamp.
Elle était grand largue et faisait route pour prendre connaissance des
feux de la Hève. Le mousse fut appelé vers minuit pour aider à une
manœuvre. Il se porta à l'avant du bateau, tout à coup, l'écoute de
foc vint à battre, l'atteignit et le lança à la mer. Se3 cris
désespérés attirèrent aussitôt l'attention du patron et des
matelots ; mais tous les efforts qu'ils tentèrent restèrent
vains. Le pauvre enfant avait seize ans et se nommait Leloup. Depuis
trois ans,, une sorte de pressentiment l'avait tenu éloigné de la mer.
Il ne voulait plus naviguer. C'est jeudi seulement qu'il avait été
rembarqué.
Juillet
1874
-
Le réchauffement climatique.
- La
comète n'est pas étrangère aux grandes chaleurs que nous subissons.
En 1811, une comète fut visible, et les chaleurs et la sécheresse
furent telles qu'un grand nombre de rivière tarirent, en 1846, nouvelle
comète, nouvelle sécheresse, l'eau devint tellement rare dans certains
endroits que des bestiaux périrent de soif. En 1811 comme en 1846, le
vin fut abondant et d'une qualité supérieure, on espère qu'il en sera
de même en 1874, aussi les cours des vins sont-ils en
baisse de 10 fr. par hectolitre. A Marseille, le thermomètre a marqué,
à l'ombre, 40 degrés, à Paris, au soleil, 44 degrés. De nombreux cas
d'insolation sont signalés.
Juillet
1874
-
La comète. - Selon
les prévisions des astronomes, la comète découverte par M. Coggia, de
Marseille, le 17 avril dernier, n'aura tout son éclat que vers le 15 juillet,
mais actuellement, grâce à la pureté momentanée de l'atmosphère,
elle brille merveilleusement chaque soir, au-dessous de l'étoile
polaire, comme une étoile de troisième
grandeur. Sa traînée est très apparente à l’œil nu.
Juillet
1874
-
Nos cochers. - A
Trouville, le permis de conduire a été retiré au cocher Chaurand, de
la voiture n° 11, pour s'être enivré et avoir été impoli avec les
voyageurs qu'il conduisait. Excellent moyen pour rappeler aux
convenances les cochers tentés de s'en
écarter.
Août
1874
- Accident de Mer. -
Un fatal
accident maritime a eu lieu à peu de distance des jetées de Trouville.
La barque de pêche N° 57, patron Aubert, venait de débarquer le
produit de sa pêche à bord d’une embarcation venue de la plage. Le
transbordement opéré, deux matelots de la barque de pêche prirent
place à bord du canot pour
revenir à terre. Dans cette traversée, la frêle embarcation
chavira malheureusement, et tout son contenu fut précipité à la mer.
Deux hommes purent être recueillis par des embarcations
parties du rivage, dès qu'on vit l'accident se produire, mais le
troisième marin qui montait le canot, un homme marié, père de cinq
enfants, n'a pu, malheureusement,
être sauvé. C'est un nommé Duhornay, âgé de 47 ans.
Août
1874
- Bains de Mer. -
Mme la
maréchale de Mac-Mahon est attendue
à Trouville.
Octobre
1874
- Accident de mer. -
La plate de
pêche de Trouville, « Reine-des-Fleurs », patron Labigre,
sortait la nuit du port de Trouville avec vent arrière, pour la pêche
aux huîtres. Les vents de Nord-Ouest l'ont poussée le long de la
jetée du Sud, à quelques mètres du musoir. L'équipage est resté à
bord jusqu'à cinq heures. Une pirogue de lamaneurs est
alors venue le recueillir. La plate de pêche
s'était crevée sur les pieux.
Décembre
1874
-
Naufrage. -
A Trouville,
la population est dans les plus grandes craintes, relativement au sort
de la barque de pêche n° 90, montée par cinq hommes d'équipage et un
mousse. Depuis quatorze jours, on est sans nouvelles, et les dépêches
envoyées dans différents ports n'ont rien fait connaître.
L'un
des marins est père de cinq enfants, et les autres sont également
pères de famille. Résultat: cinq veuves et plus de quinze
orphelins.
—
Au ministère de la marine, le nombre des naufrages signalés est
de 61, ce qui porte le total des sinistres pour l'année à 1 888.
Mars
1875
- Mort par immersion.
- Samedi,
vers 4 heures du soir, le cadavre d'un individu inconnu, paraissant
âgé d'environ 45 ans et être un ouvrier boulanger, a été trouvé
à mer basse sur la plage de Trouville, à quelques centaines de mètres
du bout des estacades de l'entrée du port. La levée et l'examen du
cadavre ont fait connaître que ce noyé avait dû séjourner trois ou
quatre jours dans l'eau, il ne portait aucune trace de violence.
Mars
1875
- Le printemps. -
Si
cela continue, le printemps sera inauguré par la gelée ou la neige. En
Angleterre, des vents violents ont causé beaucoup de malheurs. Des maisons
en construction ont été renversées et des ouvriers
ont péri.
Mars
1875
- Fait divers. -
Le
cadavre trouvé le 8 mars, sur le banc de sable de Trouville, a été
reconnu par la femme et la belle-fille du noyé. C'est un nommé
Louis-Adrien Bordeaux, marié et père de famille, demeurant à
Saint-Pierre-du-Jonquet, où il dressait les
chevaux.
Mai
1875
-
Saison des bains. - Notre
littoral a été déjà visité par quelques baigneurs. Les locations ne
se font que difficilement, car à Lion, à Luc, Langrune et Saint-Aubin,
les propriétaires demandent des prix trop élevés.
De
l'autre côté de l'Orne, les locations se font plus facilement, les
propriétaires craignant de rester sans louer, comme l'année dernière,
préfèrent faire des concessions. A Trouville seulement, la semaine
dernière, il a été fait pour près de 30 000 fr. de
locations.
Juillet
1875
- Récoltes. -
Malgré
la persistance du mauvais temps, les nouvelles des récoltes en blé,
reçues par le gouvernement, sont, en général, meilleures.
—
En Normandie, la plupart des foins sont avariés, les regains ont très
belle apparence. Les colzas, qui promettaient beaucoup, souffrent, ils
sont coupés, mais il est difficile de les battre. Sous l'action de la
pluie et du vent, ils s'égrènent et germent. Les pommiers
promettent.
Juillet
1875
- Mort accidentelle.
- Mercredi,
vers deux heures du soir, M. Victor Augué, âgé de 55 ans, ouvrier
carrier, demeurant à Trouville, travaillant dans une carrière située
à peu de distance de son domicile, appartenant à M. Edmond Sénécal,
a été tué par l'éboulement d'une pierre cubant environ un
demi-mètre. La mort a été instantanée. L'infortuné Augué laisse
une veuve et un enfant en bas-âge.
Août
1875
-
voie de communication. -
Il
est question d'établir une voie de communication perfectionnée qui
permettrait d'aller de Trouville à Villers-sur-Mer en 20 minutes. Ce
serait un chemin d'un système nouveau qui comporte à la fois l'emploi
de la vapeur comme force motrice et l'adoption d'une chaussée en
macadam ou en asphalte, sur laquelle les véhicules seraient
impérieusement guidés suivant un frayé invariable. L'auteur est M.
Léon Le Cordier.
Septembre
1875
- Accouchement en plein vent.
- Une
femme de Trouville
arrivant samedi matin à Pont-l'Evéque, est allée frapper à la porte de
l'hospice. Cette pauvre femme, en proie aux
douleurs de l'enfantement, venait demander
à cet établissement un asile, que nécessitait le triste état dans
lequel elle se trouvait.
Malheureusement,
la supérieure de l'hospice, prétextant certaines formalités qu'il
faut remplir pour accepter une nouvelle pensionnaire, ne crut pas devoir
prendre sur elle d'acquiescer à la demande
de cette malheureuse
femme, qui a mis au monde,
en plein air, un enfant du sexe féminin. Des personnes charitables
s'empressèrent de lui donner les premiers secours, et, après son
accouchement, elle fut enfin admise à l’hospice.
Octobre
1875
- La vie. - On
a fait un curieux travail sur la longévité comparée de nos
départements. Il en résulte que le nombre annuel de décès, à l'âge
de 100 ans et au-dessus,
est en France de 148. Les départements qui se distinguent par la durée
de la vie, sont les suivants : Calvados, Orne, Eure, Eure-et-Loir,
Sarthe, Lot-et-Garonne, Deux-Sèvres, lndre-et-Loire, Basses-Pyrénées,
Maine-et-Loire, Ardennes, Gers, Hautes-Pyrénées et Haute-Garonne.
Octobre
1875
-
Deux noyés. -
Le 27, vers
10 heures du matin, les nommés Jean-François-Désiré Lezin, âgé de
52 ans, et Arsène Duchemin, âgé de 54 ans, marins, nés et
domiciliés à Trouville, se sont noyés en entrant dans les estacades
de Trouville. Ces malheureux qui revenaient de la pêche à la crevette
dans une petite embarcation ont été précipités
dans les flots, par le vent et la grosse mer, qui a chaviré et brisé
leur mauvais bateau.
Novembre
1875
-
Tempête. -
Depuis
quelques jours, le vent souffle en tempête dans nos contrées, il en
est de même sur toutes les côtes de la Manche et du golfe de Gascogne.
Les steamers transatlantiques du Havre n'ont pu sortir. La mer est
énorme, nous aurons sans doute d'autres sinistres à ajouter à la
longue liste.
La
pluie ne cesse de tomber, les cultivateurs sont dans la consternation,
car tout de blés restent encore à faire.
Les
cours d'eau du Pays-d'Auge sont débordés, à Paris, la Seine est très
forte, la Garonne et la Loire ont débordé. Dans le Midi, de nouveaux
malheurs sont signalés : dans l'Ariège, le village de Biert a été
submergé, dans l'église il y avait 1 mètre 50 d'eau, l'office n'a pu
avoir lieu. Quelques ponts ont été enlevés, plusieurs routes sont
coupées.
Novembre
1875
- Suites de l’ouragan.
- Horrible
temps que celui de novembre. Que de tempêtes ! que de désastres ! que
de sinistres. De mémoire d'homme, on n'avait vu plus long et plus
effroyable ouragan. Tels étaient la force du vent et la fureur des
vagues que sur le littoral les maisons tremblaient sur leur base et
faisaient redouter des éboulements.
Les
différents cours d'eau de notre région sont rentrés dans leurs lits,
de leur côté, la Seine, la Loire, le Rhône et la Garonne ne donnent
plus d'inquiétudes.
Sur
nos côtes, la mer rejette des débris de toute nature, des agrès, des
marchandises, des vêtements, sur les côtes de Bretagne, on a recueilli
plusieurs cadavres.
A
Villerville, dans les roches moulières, on a retrouvé le cadavre du
nommé Arsène-Désîré Duchemin, perdu en mer alors qu'il rentrait à
Trouville de la pêche à la crevette, la mer n'a pas encore rendu
le corps du jeune Lezin, qui montait, avec Duchemin, l'
« Oiseau bleu ».
Dans
les villes et dans les campagnes, des toitures ont été enlevées, des
cheminées ont été renversées, des arbres déracinés. Le parapet de
la jetée de Trouville a été brisé, à Deauville, la digue a été
endommagée. A Lisieux, le vent a renversé un échafaudage établi pour
les travaux du séminaire, et deux ouvriers ont été jetés sur le sol,
l'un d'eux a eu deux côtes enfoncées. Une ouvrière qui traversait le
petit pont provisoire du Moulin-Biot, à Condé, est tombée à l'eau,
poussée par le vent, et se serait noyée sans l'aide de plusieurs
hommes qui accoururent à ses cris.
Dimanche
dernier, le Havre a été inondé. Plusieurs familles ont cru devoir
abandonner leurs demeures, qu'elles avaient peur de voir détruites a
chaque instant. Rouen, Étretat et Fécamp ont beaucoup souffert.
Voici
le relevé aussi exact que possible des dégâts causés, à Paris, par
l'ouragan : 10 000 cheminées ont été abattues, 160 toitures ont été
endommagées, 30 000 carreaux ont été brisés, 1 000 palissades
renversées, 200 arbres cassés ou déracinés.
Novembre
1875
-
Tempête. -
Depuis
quelques jours, le vent souffle en tempête dans nos contrées, il en
est de même sur toutes les côtes de la Manche et du golfe de Gascogne.
Les steamers transatlantiques du Havre n'ont pu sortir. La mer est
énorme, nous aurons sans doute d'autres sinistres à ajouter à la
longue liste.
La
pluie ne cesse de tomber, les cultivateurs sont dans la consternation,
car tout de blés restent encore à faire.
Les
cours d'eau du Pays-d'Auge sont débordés, à Paris, la Seine est très
forte, la Garonne et la Loire ont débordé. Dans le Midi, de nouveaux
malheurs sont signalés : dans l'Ariège, le village de Biert a été
submergé, dans l'église il y avait 1 mètre 50 d'eau, l'office n'a pu
avoir lieu. Quelques ponts ont été enlevés, plusieurs routes
sont coupées.
Décembre
1875
-
L’hiver. -
Depuis une
semaine, du Nord au Midi, il gèle où il neige en France, en Angleterre
aussi. Le Calvados, l'Orne et la Manche n'ont pas été épargnés,
à Nancy, à Toulouse, à Lyon, il a beaucoup neigé, les trains de
Suisse arrivent à Dijon avec des retards importants, la neige couvrant
la voie. Il y â eu tempête sur la Méditerranée,
de Clermont-Ferrand, on signale ouragan et tonnerre.
Les
oiseaux émigrent, cherchant un refuge moins glacé, les marsouins et
les dauphins, tâchant de trouver des eaux moins froides que celles de
l'Océan, remontent le cours des fleuves : on en a vu jusqu'au pont de
Londres. Ces signes indiquent un hiver déjà rigoureux dans notre
région, mais ils ne présagent pas que l'hiver sera long et dur comme
l'insinuent certains faiseurs de canards.
Décembre
1875
-
Fait divers. -
Les
inquiétudes qu'on avait sur la barque n° 2,
de Trouville, « Achille Ernestine », sortie de Dieppe avant
l'un des forts coups de vent qui ont traversé la Manche, sont
malheureusement justifiées. Voici la composition de l'équipage perdu :
Eugène-Arsène Leroy, patron ; Gustave- Emile Hue ; Charles-Ferdinand
Canu ; Léopold Loisy ; Vincent Kernau, matelots ; et Eugène-Ernest
Hue, mousse.
Décembre
1875
-
La neige. -
Le froid est
rigoureux partout, en France c'est la région du Midi qui est la plus
éprouvée. Marseille, Agen, Nimes, Montpellier, Limoges sont sous la
neige.
Dans
le Calvados, du côté de Bayeux, la neige a atteint dimanche, une
épaisseur de 55 centimètres, région de Caen, 20 centimètres ; de
Lisieux, 8 centimètres. Plus on avance vers Paris, plus la couche
diminue, à partir de Serquigny, elle couvre à
peine le sol.
Décembre
1875
-
Les drames de la mer. -
On avait,
depuis quelque temps, des inquiétudes sur le sort de la barque de
Trouville, « Progrès » patron
Morel. Ces inquiétudes n'étaient que trop fondées. Cette barque a
fait naufrage à West-Cappel, (Hollande), le 5 du mois courant, à
quatre heures du matin, par un temps de neige. L'équipage s'est sauvé
sur des pieux fixés le long de la côte. Personne n'a péri.
Décembre
1875
-
Le commerce du Calvados. -
Dans le
rapport présenté à la Chambre de commerce par M. Paulmier,
président, nous trouvons les renseignements suivants
:
Il
est entré, en 1874, dans les sept ports du Calvados, Caen, Ouistreham,
Honfleur, Trouville, Isigny, Courseulles, Port-en-Bessin et
Dives, 2 263 bâtiments à voiles et 2 835 bâtiments à vapeur. Les
sorties étant à peu près égales aux entrées, c'est un mouvement
maritime de 10 196 navires.
Le
plus fort navire est entré à Honfleur, c'est le trois-mâts allemand
« Jocking », jaugeant 498 tonneaux seulement, mais du port
effectif de 590 tonneaux, tirant d'eau, 5 mètres 06.
Le
trois-mâts français « Dupuy-de-Lôme », jaugeant 451
tonneaux, chargé de 450 tonneaux seulement d'arachides, avec plus de
100 tonneaux de lest à bord, tirant d'eau 4 mètres 70, est entré à
Caen
Le
mouvement commercial du port de Caen a donné lieu à une somme totale
d'opérations de 27 millions dont 18 millions à l'entrée et 9 à la
sortie. Les principaux articles d'importation sont : la houille,
fournissant 109 737 tonneaux, d'une valeur de plus de 4 millions ; Les
cotons qui ont donné 5 148 000 fr, avec 2 574 tonnes, viennent ensuite
le blé, les graines oléagineuses, le savon, le poisson salé, la
fonte, etc…… Comme article d'exportation, on doit mettre en
première ligne l'orge pour 7 612 800 fr., en second rang les tourteaux
pour 766 080 fr. et les farines pour 639 450 fr.
Les
produits de la pêche atteignent 3 500 715 fr. tant pour la pêche en
bateaux que pour la pêche à pied. Les ports où la pêche a été la
plus fructueuse, en 1873, sont ceux de Trouville, Villerville,
Grandcamp, Port-en-Bessin, Honfleur et Courseulles. Il a été péché
à pied, à l'embouchure de l'Orne, pour 182 200 fr. de poisson. La
commerce des huîtres qui constituait une des richesses de Courseulles,
en l824, où ses parcs contenaient 58 millions d'huîtres, apportées
par 335 navires, est tombé, en 1874, à 10 millions d'huîtres, dont
170 400 seulement pêchées dans la mer littorale. Cette décroissance
est due à l'appauvrissement des bancs de Cancale et de Granville, à
l'établissement du réseau des voies ferrées, qui permet aux autres
ports de la Manche et de la Bretagne d'expédier directement leurs
produits vers les centres de consommation et enfin à la concurrence
d'Arcachon et de Marennes.
|