15 Octobre 2024

UN SIÈCLE D'HISTOIRE DU CALVADOS   Page 3
TROUVILLE  s/MER

Canton de Trouville-sur-Mer 

Les habitants de la commune sont les Trouvillais et Trouvillaises

Janvier 1860   -  On écrit de New-Haven, le 5 janvier.   -   Ce matin, au point du jour, on a aperçu une barque de pêche désemparée, de son beaupré, et dérivant vers la côte, à Crowlind, à environ 7 milles dans l'est de notre port. Le chef canotier des gardes-côtes et quelques-uns de ses hommes sont montés dans une embarcation, et sont parvenus à atteindre la barque, vers neuf heures du matin. Peu de temps après, ils l'ont entrée à New-Haven.

Cette barque s'appelle le « Jeune-César », de Trouville, patron Mazurier. Au moment où on l'a accostée, elle était abandonnée, mais on a trouvé à bord beaucoup de vêtements et une montre en argent marchant encore.

D'après les avaries du « Jeune-César », qui a tout son avant défoncé, il n'y a pas à douter qu'il ne se soit abordé avec un autre navire.

— On apprend de Calais, le même jour, que la barque de pêche « Jeune-Arsène », également de Trouville, patron Houssaye. ayant sept hommes d'équipage, s'est mis à la côte, vers six heures du soir, à un kilomètre à l'ouest de la jetée : le patron avait pris le feu dit du Fort Rouge pour celui de la jetée.

L'équipage a débarqué sain et sauf, à mer basse. La « Jeune-Arsène » étant dans une mauvaise position, et la mer étant devenue très grosse, on a dû l'abandonner M. le commissaire de la marine est autorisé à en faire la vente d'urgence. ( Le journal de Honfleur ) 

 

Janvier 1860   -   L'inhumanité d'un capitaine de navire hollandais.   -   La Vigie de Dieppe, en insérant le rapport qui suit, s'élève avec raison contre l'inhumanité incroyable d'un capitaine de navire hollandais pour un navire de nos côtes dont nous avons annoncé le naufrage :

Le patron Frechon, commandant la barque de pêche « Jeune-César », de Trouville, rapporte, que se trouvant, le 2 janvier, à trois heures après midi, sur les lieux de pêche, dans le sud-ouest de Beachy Head. il a aperçu un grand navire qui se dirigeait sur lui et qui, sans déranger sa route ni faire aucune manœuvre pour l'éviter est venu l'aborder par l'arrière et lui a causé de graves avaries. Le choc a été si violent, que l'équipage a dû songer à son salut et se réfugier sur le navire cause de l'abordage.

Ce navire a été reconnu être le trois-mâts. hollandais « Jean-Hendrick », d'Amsterdam, capitaine Dejonge, venant de Gênes, chargé de grains, à destination du Havre.

A leur arrivée à bord, le capitaine a tenu envers les naufragés une conduite inhumaine, en les poussant rudement sur le gaillard d'avant et leur refusant le stricte nécessaire. Le capitaine et le second ont toujours été dans un état d'ivresse pendant les quarante-huit heures que ces malheureux sont restés à bord, où ils n'ont pu obtenir un peu de nourriture que de l'équipage du navire, qui partageait ses rations avec eux. Quand ils se sont adressés au capitaine à ce sujet, il leur a fait voir des cochons vivants.

Débarqués à Deal, les naufragés ont été dirigés sur Dieppe par les soins de MM. les consuls de France à Deal, Douvres et New-Haven, qui les ont fort bien accueillis.

En passant à New-Haven, le capitaine a appris que sa barque, trouvée en mer et amenée dans ce port, était sous séquestre. ( Le journal de Honfleur )

 

Mars 1860   -   La pêche.  -   On sait quel importante ressource forme la pêche pour tous les habitants du littoral normand. A Dieppe, au Havre, à Fécamp, à Saint-Valéry, au Tréport, à Trouville, à Dives, à Ouistreham, à Courseulles, et à Port et sur plusieurs autres parties de la côte, la pêche fraîche et pour ainsi dire unique moyen d'existence de toute une partie intéressante de notre population maritime. Au moment où nos relations commerciales avec une puissante nation sont profondément modifiées, il serait à désirer que le règlement international de la pêche fraîche entre la France et l'Angleterre fut examiné et révisé.
Ce règlement, dit-on, dans l'état actuel, n'établit pas à nos pêcheurs une situation aussi favorable qu'ils le désireraient, et il aurait entre autres, ce défaut, dans la délimitation des droits de pêche, de ne pas établir une balance parfaitement égale entre nos pêcheurs et leurs concurrents d'outre-Manche.
L'attention du gouvernement est trop minutieusement appliquée à toutes les réformes indispensables pour qu'on n'ait pas à espérer que ce point sera sérieusement étudié, au plus grand avantage possible de nos pêcheurs normands, dont le sort se trouverait ainsi notablement amélioré. (L’Écho Bayeusain)
 
Mars
1860   -   Grande marée du 9 mars.  -   Il y a longtemps qu'on on a vu ce produire des marées aussi grandes que celles attendues, à 1860, à l'époque des deux équinoxes. Bien rarement la hauteur des plus grandes marées annuelles atteint, dans le tableau calculé pour la connaissance des temps, le chiffre de 1,15. Cette année ce chiffre maximum est dépassé, non seulement en septembre, mais surtout en mars ou la grande marée du 9 atteint jusqu'au chiffre 1,17. Théoriquement, cette marée doit donc être une des plus forte du siècle.
Qu'il soit bien entendu que nous ne parlons pas aucunement ici de l'action des vents qui peuvent avoir une puissante influence sur la hauteur de la grande marée du 9 mars, mais dont la force ni la direction ne sauraient être prévues.
Si les vents soufflent de la terre, il est certain que les eaux, refoulées vers la pleine mer, n'atteindront pas, aux abords des rivages les hauteurs que nous venons d'indiquer. Mais au contraire, s'ils soufflent du large et avec une grande force, ces niveaux peuvent être de beaucoup dépassés.
On ne saurait prendre trop de précaution contre une pareille éventualité, à l'approche du marée d'une hauteur aussi extraordinaire. Les rivages plats et qui ne sont pas protégés par des falaises d'une élévation suffisante, sont plus que jamais en danger d'être immergés. Il est prudent de ne pas attendre que des désastres se soient produits et qu'il n'y ait plus qu'à les déplorer.  ( Le pays d'Auge )

 

Avril 1860   -   L’aide aux veuves.   -   S.M. l'Impératrice vient de faire remettre, par les soins de l'administration, aux veuves des sieurs Jean et Pierre Levasseur, marin de Trouville, qui ont péri dans une tempête qui a eu lieu sur le littoral de la Charente-Inférieure, une somme de 200 fr. (l’Ordre et la Liberté )

 

Avril 1860   -   Le feu.   -   Le 1er mars, le feu a consumé une serre située à Trouville, appartenant à M. Dubosq, jardinier à Touques. Il est présumable que le sieur Dubosq, en quittant son jardin, aura mal éteint le poêle, et que le feu se sera communiqué aux paillassons, servant à garantir du soleil. La perte matérielle est de 250 fr., non assurés.

Les plantes ont été aussi fortement endommagées. (l’Ordre et la Liberté )

 

Avril 1860   -   Un accident.   -   Le 20 de ce mois, vers dix heures du soir, au moment où la barque « Sainte-Marie », de Trouville, patron Pierre Grujon, amarrée en face de la poissonnerie, appareillait pour sortir, le nommé Jean Treuchez, matelot qui se trouvait sur le quai pour larguer l'amarre, voulut cette opération faite, sauter à bord de l'embarcation, mais le pied lui manqua et il tomba à l'eau, le patron s'élança aussitôt, et, au risque de sa vie, chercha longtemps sous l'eau ce malheureux, qui avait presque aussitôt disparu, mais son généreux dévouement fut inutile.
Un canot fut mis à l'eau, et, après une demi-heure de recherches, on parvint à retirer, à l'aide d'une gaffe, le corps de Treuchez, qui fut porté à la morgue, où M. le docteur légal ne put que constater le décès.

On dit que cet infortuné marin était père de huit enfants. (l’Ordre et la Liberté )

 

Avril 1860   -   Une imprudence.   -   Le 2 mars, le nommé Langlois âgé de 8 ans et 1/2, demeurant à Trouville, est tombé dans le chenal qui mesurait alors plus de 2 mètres d'eau, en voulant saisir une planche. Sans le secours du sieur Hue, qui n'a pas hésité à se jeter à l'eau, le pauvre enfant aurait inévitablement trouvé la mort.  (l’Ordre et la Liberté )

 

Mai 1860   -   Un accident de mer.  -   Le 26 avril, un pauvre matelot, qui était à bord de la barque la « Jeune-Victoire », n° 51, a été enlevé et jeté à la mer par l'écoute de foc. La mer qui était mauvaise, a rendu impuissants les efforts qu'on a fait pour sauver cette infortuné. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1860   -   Une éclipse.   -   Un temps couvert de nuages n'a pas permis, dans notre contrée, d'observer les phases de l'éclipse de soleil qui a eu lieu mercredi.

Ce phénomène n'a eu d'autres effets pour nous que de rendre le temps encore plus obscur, surtout vers trois heures. ( Le Pays-d’Auge )

 

Juillet 1860   -   Le prince Napoléon.   -   Le prince Napoléon, venant de Cherbourg, est arrivé à Caen hier soir, 9 h. 35 m.  Le prince, qui voyage en gardant l'incognito, accompagné de M. le général Fleury et d'un officier d'ordonnance, a passé la nuit à l'hôtel d'Angleterre, d'où il est parti ce matin, à 6 heures, pour Trouville. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1860   -   Le grand recensement quinquennal.   -   C'est l'année prochaine, en 1861, que le grand recensement quinquennal de l'Empire français et de ses nouvelles annexes aura lieu, le dernier ayant eu lieu en 1856.

Au recensement de cette année 1856, la population de la France fut trouvée être de 36 millions 39 634 individus. On suppose, d'après les données, que la France a grandi sera peuplé de 40 millions d'individus en 1861.

Au recensement de 1856, Paris, avec ses 12 arrondissements, était peuplé de 1 million 174 346 individus, et le département de la Seine de 1 million 727 419 personnes. ( Le Pays-d’Auge )

 

Juillet 1860   -   La saison de Trouville.   -   Trouville a repris sa physionomie animée. Les étrangers arrivent en grand nombre. Le salon compte déjà un grand nombre d'abonnés. Parmi les noms qui figurent sur la liste, nous citerons M. le duc de Maillé, M. le baron et Mme la baronne Saladin, Mme la princesse Bragation, M. le comte et Mme la comtesse de Courgue, Mme la marquise de Menou, M. le Marquis d'Évry, M. Ed Ratisbonne, receveur général à Bourges, et Mme Ratisbonne,  M. Ch. Deslys, homme de lettres, rédacteur du Journal de Trouville, dont le premier numéro vient de paraître.

La famille de M. le comte de Morny est arrivée mardi soir. M. le présent du corps législatif est attendu prochainement. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1860   -   Les congés scolaires.   -  Par décision du 16 juillet, M. le ministre de l'Instruction publique, conformément à la proposition de M. le recteur et à l’avis du Conseil académique, a fixé l'ouverture des vacances  au mercredi 8 août prochain, et la rentrée des classes au jeudi 4 octobre suivant, pour des lycées et des collèges du ressort académique de Caen.

Dans cette fixation sont compris les deux jours supplémentaires accordés à l'occasion de l'annexion de la Savoie et du Comté de Nice à la France. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Août 1860   -   Rapport de M. le Préfet.   -   Les ports : De notables améliorations se sont déjà réalisées et vont s'exécuter dans nos ports.

Trouville va être doté d'un bassin à flot et d'un chemin de fer, son chenal est profond, et le prolongement des estacades lui assure la permanence d'un bon accès. Les vastes projets qui consistent à fonder une ville de commerce à côté de la ville élégante qui astire chaque année une si grande affluence de baigueurs, donnera sans doute au port une importance qui l'élèvera au niveau des plus actifs de notre littoral. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1860   -  L’ouragan.   -    L'ouragan qui, dans la nuit de lundi à mardi, a soufflé avec tant de furie dans nos environs, a causé bon nombre d'accidents sur nos côtes.

Le port du Havre a été cruellement éprouvé : deux barques de pêche trouvillaises y étaient échouées en-dedans de l'Épi-à-Pin, l'une d'elles, la « Notre-Dame-des-Victoires », patron Sosthène Lebaillif, avait sa bôme cassée, son gouvernail démonté, et faisait eau de toutes parts ; l'autre, l' « Auguste-Henry », nº 12, patron Remanier, était moins endommagée.

Un sloop, L' « Avenir », était en quelque sorte grimpé sur les degrés de Frascati ; un autre, « Emmanuel », était fortement endommagé.

Deux goélettes, « Active » et « Héro », de Caen, étaient assez prés de terre pour redouter un prochain échouement.

Un brick anglais était démâté.

Par une fatalité déplorable, aucun remorqueur ne se trouvait en état de marcher.

Le vapeur « Eclair » s'est porté, à tour de rôle, au secours de ces malheureux.

Deux hommes, dont l'intrépidité est bien connue au Havre, le brave Durécu et le maître haleur Leclerc, ont donné à tous des secours intelligents et dévoués. Ils ont été assez heureux pour sauver les hommes de la « Notre-Dame-des-Victoires » et conduire à terre l'équipage du sloop « Avenir ». Tous les bateaux de pêche sortis du même port lundi sont revenus en relâche avec plus ou moins d'avaries.

Trois barques de Honfleur sont rentrées au port avec leurs agrès perdus, leurs voiles déchirées, etc…

Enfin, grâce à Dieu, si on a de grandes pertes matérielles à déplorer, du moins personne n'a péri, partout le dévouement a dominé le péril. (Pays-d'Auge.)

 

Octobre 1860   -  Un accident de la route.   -   Un accident aussi cruel qu'imprévu a terminé, mardi dernier, une journée passée en famille et dans les douces joies de l'amitié. Mme veuve Herou, de Glanville, était allée à Trouville visiter sa nièce, Mme veuve Maudelonde, et elle était accompagnée de M. Paulmier, marchand de cidre à Rouen, et de Mme Paulmier.

Vers le soir, ils remontèrent dans leur voiture découverte avec Mme Maudelonde, qui avait voulu leur faire la conduite jusqu'à une petite distance. Arrivé près du parc aux huîtres, le cheval marchant grand train au sortir de l'écurie, et quoique dirigé par M. Paulmier, accrocha la roue du léger véhicule dans celle d'un lourd banneau chargé de briques. Le choc fut si violent que tous les voyageurs furent lancés à une grande distance et reçurent de graves blessures.

Mme Herou a eu un bras cassé, M. Paulmier une jambe, Mme Paulmier une épaule, et Mme Maudelonde a eu les reins fortement contusionnés.

Au dire des victimes de ce funeste accident, elles-mêmes, il n'y a eu aucunement de la faute du conducteur de la charrette.  (Pays-d'Auge.)

 

Novembre 1860   -  Un début d’incendie.   -   Jeudi dernier, vers deux heures du matin, la femme du sieur Pilmont, pêcheur, demeurant à Trouville, ayant eu besoin de se relever pour donner des soins à son enfant, frotta contre le mur de sa chambre, une allumette chimique, dont les étincelles rejaillirent jusque sur les rideaux du lit. La dame Pilmont ne fit pas attention d'abord à cet incident, mais, quelques minutes après, elle fut effrayée à l'aspect de la flamme qui se répandait avec rapidité sur tout son lit. Saisissant alors son enfant, elle s'élança dans la rue en criant au secours et au feu ! Ses cris ayant été entendus par le sieur Lancelin, son beau-frère, celui-ci fut assez heureux pour se rendre seul maître de l'incendie, qui avait déjà occasionné une perte évaluée à 1 370 fr.

Dans cette circonstance, le sieur Lancelin a eu de fortes brûlures aux mains et aux jambes. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1860   -  Les récompenses.   -   Le Moniteur universel d'hier publie une longue liste de récompenses pour faits de sauvetage.

Voici, pour le Calvados, les noms des courageux citoyens qui ont mérité cette faveur :

Médailles d'argent de 1re  classe.

-   Dubourg (Louis-Etienne), maître au cabotage, inscrit à Honfleur : Sauvetage du sloop le « Saint-Esprit », à Honfleur, le 22 décembre 1858 ; sauvetage d'une femme en danger de se noyer à Honfleur, le 27 mai 1860 ; auteur d'autres faits de sauvetages anciens,

Médailles d'argent de 2e classe.

-   Brée (Toussaint-Adolphe), marin, inscrit a Honfleur : sauvetage de deux personnes, à Caen, le 19 août 1860, en 1843.

-   Leroux (Dominique-Anthème), préposé des douanes à Trouville : sauvetage de trois personnes en danger de se noyer, à Trouville, le 2 juillet 1860, en 1859 et 1855.

-   Croix (Dominique), marin, inscrit à Honfleur : sauvetage d'un enfant à Trouville, le 28 juillet 1860.

Témoignages de satisfaction.

-   Pinel (Jules-Félix), ancien chef du service des bains de Trouville : sauvetage de quatre personnes, à Trouville, de 1857 à 1858.

-   Roney (Charles Pierre), marin, inscrit à Honfleur : sauvetage d'un bateau en perdition, à Honfleur, le 2 juin 1860.

M. le ministre de l'intérieur vient d'adresser à M. le préfet une médaille d'honneur de 2e classe, décernée au sieur Fossey, sapeur-pompier à Beuvron, pour le courage et le dévouement dont il a fait preuve dans mainte circonstance. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1860   -  Un accident.   -   Le 22 du courant, le nommé Lebrient (François), âgé de 15 ans, mousse à bord du bateau de pèche appartenant au sieur Sénécal, pêcheur à Trouville, rentrait à son bord pour y coucher, en s'élançant du quai sur le bateau, le pied lui glissa, et il fut promptement entraîné par le courant. Ce n'est que le lendemain que son corps fut retrouvé. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Février 1861   -   Le garde-pêche.   -   Le bateau à vapeur garde-pêche le « Pélican », est entré à Honfleur jeudi matin et en est reparti samedi matin pour Trouville.

Vendredi, les patrons de barque de pêche, se sont rendus à bord remercier le commandant à cause de la permission qui leur a été accordée de pêcher avec les anciens filets qui avaient été prohibés pendant quelque temps. ( L’Écho Honfleurais)

 

Février 1861   -   Toujours le temps.   -   Depuis Mercredi la température a changé du tout au tout et a atteint plusieurs degrés au-dessus de O. Aujour d'hui, à l'exposition du midi et au soleil le thermomètre a atteint 15 degrés ; c'était comme un beau jour de printemps.

Mercredi la brume était tellement intense le soir, que le bateau à vapeur du Havre ici, n’a pas pu effectuer son voyage. ( L’Écho Honfleurais)

 

Février 1861   -   Découverte d’un cadavre.   -   Le 22 de ce mois, le sieur Mignot, maître de barque Trouville, à trouvé en mer le cadavre du sieur Joseph Lacroix, marin-pêcheur du même port, qui s'était perdu dans le courant de novembre dernier. ( L’Écho Honfleurais)

 

Avril 1861   -   Le chemin de fer.   -    La ligne de Pont-l'Evêque à Trouville, qui vous a été concédée par la loi du 11 juin 1859, et qui n'aura qu'une longueur de 11 kilomètres environ, suivant un terrain assez facile, a été l'objet d'études complètes dans les derniers mois de 1860. Cette ligne ne présente pas de difficultés sérieuses, et ne comporte qu'un ouvrage d'une certaine importance (au point de vue des fondations) pour franchir la rivière de la Touques, à 3 kilomètres environ en amont de Trouville.

Le projet définitif du tracé et des terrassements est à la veille d'être soumis à l'administration supérieure. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1861   -   Les dernières nouvelles.   -   Le prince et la princesse de Metternich ont quitté Paris pour se rendre à Trouville.

-   Un traité a été signé entre M. le maire de Trouville et M. Jules Duval, de Nantes, pour l'établissement dans cette ville d'une usine à gaz, qui devra fonctionner au plus tard le 30 juin 1862. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Août 1861   -   Une récompense.   -  Le Moniteur universel a publié la liste des personnes qui ont obtenu des récompenses pour des actes de dévouement signalés pendant le quatrième trimestre de 1860.

Nous trouvons, pour le Calvados, la mention suivante :

Médaille d'honneur en argent (2e classe) à M. Leroux (Dominique), employé des douanes à Trouville, pour s'être jeté tout habillé, le 2 juillet 1860, dans la Touques, pour sauver un enfant qui se noyait. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Août 1861   -   Extraits du rapport de M. le Préfet.   -   Le port de Trouville, ses jetées et ses quais sont en bon état ; et sa plage, qui attire tant de baigneurs, est complètement rétablie.

Un décret du 25 juin 1860 a autorisé la construction d'un pont sur la Touques et d'un bassin, à flot formant un ensemble de 2 400 000 fr., y compris une subvention de 300 000 fr. offerte par la Société immobilière des marais de Deauville.

Dès cette année, le pont sur la Touques sera terminé, MM les ingénieurs ne tarderont pas à me mettre à même d'adresser au gouvernement le projet de détail pour le bassin à flot. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Décembre 1861   -   Construction d’un bassin à flot à Trouville.   -   Le vendredi 20 décembre courant, à deux heures après-midi, il sera procédé, dans les anciens bureaux de la préfecture, à l'adjudication, sur une seule soumission, des travaux à faire pour la construction d'un bassin à flot au port de Trouville et des ouvrages qui en dépendent.

Les travaux à faire et évalués au détail estimatif s'élèvent : 1 340, 931,38 с.

La somme à valoir pour battage de pieux, épuisements, etc…, et dépenses en régie, est de :  359 063.62

Montant du projet : 1 700 000

Les devis, les détails estimatifs et les autres pièces du projet, sont déposés à la préfecture du Calvados (4e division), où les concurrents pourront en prendre connaissance, le lundi et le vendredi de chaque semaine, de une heure à trois heures d'après-midi. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Décembre 1861   -   Liste des récompenses.   -   Le Moniteur universel a publié une liste de récompenses accordées par décision de M. le ministre de la marine et des colonies pour faits de sauvetage.

Voici les noms des courageux citoyens appartenant à notre département :

Médaille d'or de 2e classe : M. Degroux (Michel-Joseph-Fleurus), quartier-maître de voilerie, inscrit à Honfleur. Le 25 février 1841, à Saint-Marc-de-Blacarville, est allé recueillir une famille dont la maison était menacée par les débordements de la Risle ; le 27 juillet 1861, à Honfleur, a sauvé un mousse en danger de se noyer.

Médailles d'argent de 2e classe : MM. Toutain (Jean-Baptiste-Louis), Toutain (Pierre-Robert-Édouard), Barrey (Pierre-Victorin), tous trois maîtres au cabotage et inscrits à Honfleur ; Dutheil (Louis-Auguste), menuisier à Trouville, et Godreuil (Émile-Constant), ébéniste à Trouville. Le 26 juillet, à Trouville, sauvetage de plusieurs personnes en danger de se noyer.

Témoignage de satisfaction : M. Duroy, directeur d'un établissement de bains de mer de Trouville. Le 26 juillet 1861, à Trouville, s'est porté au secours de personnes en danger de se noyer.

M. Dur (Jean-Baptiste), ouvrier charpentier, inscrit à Honfleur. Le 5 août 1856, à Honfleur, sauvetage d'un homme en danger de se noyer.

Médaille d'argent de 2e classe : M. Dur (Jean-Victor), ouvrier charpentier, inscrit à Honfleur. Le 16 juillet 1846 et le 29 mai 1859, à Honfleur, sauvetage de deux hommes en danger de se noyer. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Janvier 1862   -   La nouvelle route.   -   On travaille activement à terminer la route entre Villerville et Trouville, cette voie importante de communication qui aurait dù être livrée à la circulation il y a plusieurs années, va enfin profiter au public.

Pour les gens d'affaires, comme pour les commerçants c'est une voie plus directe entre Honfleur et Trouville, et nous dirons avec les Anglais : Time is money.

La route de Trouville à Villers-sur-Mer va être aussi entreprise, et, puisqu'il y a peu à faire pour rendre cette voie praticable, elle pourrait être livrée cette année. (Journal de Honfleur)

 

Janvier 1862   -   Un sauvetage .   -   Le steamer remorqueur le « Phénix », capitaine Morgan, étant sorti du port du Havre, dans la nuit du 3 janvier, a aperçu, à 5 milles environ au large de la Hève, des signaux de détresse, et abandonnant aussitôt toute perspective de travail lucratif, le capitaine s'est empressé de se porter dans la direction de ces signaux, qui partaient de la barque de pêche le « St-Thomas », Nº 42, de Trouville, patron Caillot.

Ce bateau avait été désemparé de sa mâture, dans la nuit, par un coup de tangage, et courait le plus grand danger. Le « Phénix » lui a donné la remorque jusqu'en petite rade, où le « St-Thomas » a été pris ensuite par le steamer le « Français », qui l'a conduit à Trouville. (Journal de Honfleur)

 

Janvier 1862   -   Trouville le 21 janvier.   -   Un cadavre du sexe masculin, paraissant appartenir à un matelot, a été rapporté au port de Trouville, par les hommes d'équipage de la barque de pêche « Douée à Marie », numéro 64, qui ont déclaré avoir trouvé ce cadavre dans leurs filets le 20 courant, étant au sud et à environ un myriamètre et demi de Shoreham (côtes anglaises.)

Dans un état de décomposition complète, ce cadavre était dépourvu de chair aux extrémités, la tête, les mains et le pied droit manquaient complètement. La visite en a été faite par M. Billard, médecin qui suppose qu'il a dû séjourner 3 mois 1/2 ou 4 mois dans l'eau et qu'il appartient à un homme de 30 ans environ, blond, d'une taille au-dessus de la moyenne.

Voici la désignation des lambeaux de vêtements trouvés autour du cadavre et qui pourraient peut-être servir plus tard à constater son identité :

Une botte presque usée, ayant sous le talon et sous la semelle une grande quantité de petites chevilles carrées en guise de clou ; la tige de cette botte est moins haute que celles de nos marins pêcheurs.

Un bas de laine grise, bordé de laine blanche au haut et rapiécé au talon et au bout avec du tissu noir.

Caleçon en molleton rayé bleu.

Chemise de santé en flanelle avec liseré gris au bas.

Pantalon drap fantaisie, brun foncé, piqueté de violet.

Vareuse en drap matelot, dont le bout des manches est terminé avec des plis, le tour et le devant sont piqués en laine bleue.

Une courroie de cuir serrait les vêtements autour du cadavre.

Ces vêtements n'ont aucune marque, les boutons sont en os, blanc et noir, il y en a plusieurs en métal, sans inscription dessus.

Ils ont été conservés par l'autorité municipale et l'inhumation du cadavre a eu lieu aujourd'hui dans le cimetière de Trouville. (Journal de Honfleur)

 

Janvier 1862   -   On lit dans la Vigie de Dieppe.   -   A la marée du 11 courant, le bateau de pêche « Notre-Dame-des-Victoires », de Trouville, est entré dans notre port, traînant à sa remorque le bateau le « Petit-Pierre », également de Trouville, qu'il avait trouvé épave en vue des côtes d'Angleterre.

L'équipage du « Petit-Pierre », sur le sort duquel on avait de l'inquiétude, vient d'arriver à Dieppe sain et sauf. Ce bateau pécheur avait été abordé de nuit, par le trois-mats autrichien « Virgile », à bord duquel s'était réfugié l'équipage trouvillais, au moment de l'abordage, et qui l'avait conduit en rade des Dudes, d'où il a été ramené par les soins de M. l'agent consulaire à Deal.

D'après le rapport du patron du « Petit-Pierre », le navire autrichien n'avait point ses feux. L'équipage trouvillais n'a pas eu d'ailleurs, à ce qu'il parait, à se louer de la conduite du capitaine étranger. En effet, non content de refuser de mettre en panne pour permettre aux pêcheurs de rallier leur bateau, il ne leur a distribué qu'un biscuit par repas et par homme pendant le temps qu'il ont passé à bord. Cependant, dans cet intervalle, le « Virgile » a couru d'assez grands dangers, qu'il n'a évités que grâce à la connaissance des lieux que possédaient nos pécheurs.

La nationalité et le nom du « Virgile » ont été connus de la manière suivante :

L'un des pêcheurs aperçut sur les cloisons du rouffle des caractères allemands qu'il grava sur le sabot d'un de ses camarades. Il apprit ensuite que le navire avait pris à Newcastle un chargement de charbon pour Trieste. Arrivé à Deal, à bord d'un bateau-pilote anglais, l'équipage du « Petit-Pierre » fit son rapport à M. l’agent consulaire de France, qui a obtenu, par voie télégraphique, de son collègue de Newcastle la confirmation des renseignements sus-mentionnés sur le trois-mats le « Virgile ». (Journal de Honfleur)

 

Janvier 1862   -   Le sauvetage en mer.   -   On écrit de Paris qu'on s'occupe au ministère de la marine de l'organisation de moyens de sauvetage sur le littoral français.

Ce projet ne saurait trop tôt être mis à exécution et avec trop de zèle. Les naufrages sont fréquents, ils se multiplient en raison de l'activité croissante de la navigation, et chaque année voit périr bien des victimes que des secours plus efficaces pourraient arracher à la mort.

Dans la Grande-Bretagne, on travaille avec persévérance à accroître le nombre des stations de sauvetage, il y en avait 124 à la fin de 1856 et 173 à la fin de 1860. L'institution nationale de sauvetage a créé de nombreuses stations que dirigent des comités locaux. Des bateaux de sauvetage sont placés sur bien des points du littoral avec des voitures de transport et des abris convenables pour leur conservation.

Depuis son origine, cette société a sauvé plus de 12 000 personnes. Elle distribue des médailles, des diplômes honorifiques et des récompenses en argent. Dans une période de 55 ans (c'est en 1824 qu'elle a été créée), elle a décerne 82 médailles en or, 666 médailles en argent et une somme de 350 400 fr. en récompenses pour faits de sauvetage, elle a, en outre, dépensé 1 158 760 fr. pour organiser des stations.

Nous croyons qu'il est utile de signaler ces faits, parce qu'il y a encore beaucoup à faire en France sous ce rapport. (Journal de Honfleur)

 

Février 1862   -   Péri en mer.   -   Le 24 janvier dernier, une famille de notre cité à vu un de ses membres devenir victime d'un de ces sinistres maritimes qui affligent trop souvent notre population. A une heure de l'après-midi, à 3 milles dans le sud de Darmouth, le matelot Cauquais (Généreux-Adonis), de la barque « Eugène-Aurélie », de Trouville, patron Liégeard (Pierre-Etienne), a été enlevé par un coup de mer.

Le patron et les hommes de l'équipage de cette barque ont fait toutes les manœuvres possibles pour porter secours à leur malheureux camarade, hélas ! ils n'ont pu réussir à le sauver.

La barque Nº 67 « Souvenir-de-Victoire », également de Trouville, était en vue, le patron de cette barque ayant aperçu l' ‘ « Eugène-Aurélie », avec son pavillon en berne, (signal de détresse, comme chacun le sait) à fait forces de voile pour se rendre à l'appel de ses compagnons, mais, il est arrivé trop tard, et le malheureux Cauquais à disparu à tous les yeux, sans qu'on ait pu l'arracher aux flots qui l'ont englouti.

Cauquais laisse une veuve dans la plus grande misère, qui, nous aimons a le croire, sera entourée de quelques marques de généreuse sympathie. (l’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1862   -   Un suicide.   -  Dans la nuit du 7 au 8 de ce mois, la nommée Rose Godreuil, âgée de 47 ans, demeurant à Trouville, s'est volontairement jetée dans le bassin. Elle était malade depuis longtemps, et avait, à plusieurs reprises, donné des signes d'aliénation, en manifestant l'intention de se noyer.

Pour accomplir son dessein, elle a profité du sommeil de sa nièce, et elle a dû franchir une clôture de plus d'un mètre. ( l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1862   -   Villégiature.   -  Le 14, le prince de Metternich a conduit la princesse de Metternich à Trouville, où elle doit passer la saison des bains de mer. Le prince partira pour Vienne cette semaine. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1862   -   Les conversations de Trouville.   -   M. Ch. Deslys, rédacteur du Journal de Trouville, raconte les deux incidents suivants, l'un maritime, l'autre équestre, qui ont défrayé les conversations de la semaine dernière.

Voici le premier :

Un yacht autrichien, que l'on dit non moins merveilleux qu'une galère-capitane des Mille et une Nuits, devait venir à Trouville, mais, son trop fort tirant d'eau ne lui permettant pas l'entrée de notre port, il avait dû rester en rade du Havre.

La famille de Metternich était invitée à déjeuner à bord, comment faire ? Le canot, remorqué par un petit vapeur havrais, fut envoyé au-devant des nobles convives. Mais la mer était très grosse, et nos vieux matelots eux-mêmes déclaraient cette traversée des plus imprudentes. La princesse de Metternich, que l'on retrouve toujours lorsqu'il s'agit d'un courageux plaisir ou d'une action charitable, n'hésita pas à braver les flots en courroux. Escortée du prince, elle descendit sans pâlir sur le frêle esquif, qui bientôt bondit ainsi qu'une coquille de noix dans le remous fouetté par la lame. Tout le monde était accouru sur la jetée, les dames palpitaient d'émotion, quelques-unes même, prétend-on, perdirent à moitié connaissance. La princesse seule conservait son sang-froid et souriait, intrépide et charmante comme toujours. Le soir, à son retour, elle se montra toute surpris qu'on ait admiré sa bravoure et tremblé de son péril. Elle n'en avait pas même eu soupçon, et, non moins aguerrie contre le mal de mer que contre la crainte, elle était restée, durant tout le cours de l'aventureuse entreprise, aussi parfaitement maîtresse d'elle-même, aussi entreprenante, aussi spirituelle, aussi gaie que dans le salon de Trouville. Aussi le prince de s'écrier avec un légitime orgueil : « La princesse a été sublime ! » C'était également l'avis de tous ceux qui avaient assisté au départ.

 

Passons à l'anecdote équestre :

L'autre jour, un singulier attelage égayait nos rues et notre plage. Il s'agissait d'une de ces légères américaines qu'on appelle communément des paniers à salade. Celui-là était attelé de six ânes et conduit à la Daumont par MM. de Portes, de Canclaux et de Corberon, travestis en jockeys. Jamais encore les ânes de Trouville n'avaient reçu pareil honneur.

Dans la voiture : MMmes  les comtesses de Canclaux, de Corberon et de Pourtalès, la marquise de Portes et la princesse de Metternich. Décidément, Trouville est le plus gai de tous les bains de mer ! (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1862   -   Nous lisons dans le Journal de Honfleur.  -   La réception des travaux de la dernière lacune du chemin de moyenne communication nº 69 de Trouville à Honfleur par Villerville, a eu lieu le 12 août dernier.

Cette ligne se trouve donc désormais entièrement livrée à la circulation, et les communications avec Trouville peuvent avoir lieu directement par ce chemin dont l'achèvement était depuis si longtemps désiré. Aussi une foule de promeneurs l'ont-ils déjà parcouru dans tous les sens et en ont-ils admiré les points de vue remarquables.

Il faut, en effet, avoir fréquenté ce chemin pour apprécier tout le charme que l'on éprouve en présence des magnifiques perspectives qui s'offrent aux yeux de tous côtés.

La vue de la mer dont on jouit dans presque toute la longueur du parcours, celle de l'embouchure de la Seine avec son mouvement continuel de navires de toute espèce, les coteaux boisés, les champs cultivés qui bordent le chemin, font éprouver des sensations tellement variées que la distance disparaît et se trouve franchie sans ennui et sans fatigue.

Les nombreux étrangers qui se trouvent en ce moment à Villerville ont vu avec plaisir l'ouverture de ce chemin qui facilite leurs relations avec Trouville, et qui leur permet, sans avoir à souffrir continuellement du bruit et du mouvement inhérents à une grande ville, de jouir, quand il leur plait, des distractions qu'offre cette reine des bains.

En effet, Villerville offre à la fois le plaisir des bains de mer et le repos de la campagne, car, à quelques pas du rivage, on est au milieu d'une verdure luxuriante, et là, loin du bruit, on se délasse du séjour des villes et on répare en peu de temps les désordres causés à la santé par l'air corrompu des cités.

Les bains de Villerville ne pourront donc que gagner à l'ouverture du chemin de Trouville à Honfleur, et les relations de cette localité avec ces deux villes ne manqueront pas de s'accroître, surtout si, comme on le désire, un service régulier de voitures publiques dessert cette ligne appelée à une importance remarquable. (l’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1862   -   Découverte macabre.   -   Dans la matinée du 25 août, le pilote Vasseur, de Ouistreham, étant à bord d'un brick norvégien, a recueilli en mer, par le travers de Trouville, le cadavre d'un homme paraissant avoir de vingt-quatre à trente ans, vêtu de drap noir, porteur d'une montre en or à cylindre. La figure était décomposée.

L'âge apparent de ce malheureux se rapporte parfaitement à celui d'Eugène Leroy, l'une des victimes de la catastrophe du jour des régates du Havre.

Jacob Steiger a également été retrouvé au large du Havre. (Journal de Honfleur.)

 

Octobre 1862   -   La route du littoral.   -   Le prolongement de la route de moyenne communication n° 69, dite de Honfleur à Trouville, a dù être reçu le 11 dans l'après-midi.

On peut donc désormais se rendre de Honfleur à Trouville, en suivant tout le littoral. (l’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1862   -   Avis.   -   Le bateau de pêche « Bonne-Union », nº 45, patron Delamarre, a trouvé, le 1er novembre courant, à 18 milles nord du Havre, un cadavre flottant sur l'eau qu'il a rapporté à Trouville.

Voici les indications recueillies :

L'immersion remonte à deux mois environ.

Age: 45 à 50 ans environ.

Vêtements : chemise en laine rayée rouge, chemise en coton blanc, blouse bleue en coton, pantalon de drap bleu, pantalon de toile blanche par dessus, une paire de chaussettes blanches marquées I. L. (l’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1862   -   Avis.   -   Le préfet du Calvados a l'honneur d'informer les institutrices du département que le Jury international de l'exposition de Londres a décerné une mention honorable collective aux écoles de filles du département, pour les travaux d'aiguille exécutés dans ces écoles. (l’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1862   -   le pavillon d’appel.   -    Lundi 24, dit La Plage, journal de Trouville, sur les 10 heures du matin, un sloop anglais faisait route pour Trouville. Il avait hissé le pavillon d'appel, pour demander un pilote. Mais en vain l'a-t-il fait, car aucun ne s'est présenté à bord, la mer, cependant, n'était pas très forte et ne pouvait empêcher leur sortie du port.

A quoi donc attribuer cette négligence ? Quand bien même le navire mentionné n'aurait pas eu de chargement pour Trouville, qu'il n'eût voulu que relâcher ou demander un pratique, n'était-ce pas un devoir de se rendre à son appel ?

Ce que nous avons remarqué il y a déjà bien longtemps, et nous n'en avons rien dit jusqu'alors, c'est que les pilotes ne répondent pas à la mission qui leur est imposée. Pourquoi entr'eux n'ont-ils pas à leur disposition une embarcation pontée, telle que le prescrit le règlement, capable de tenir à la mer de gros temps, comme en ont leurs confrères du Havre, afin d'aller prendre les navires en mer et faciliter leur entrée. Jusqu'ici rien de tout cela, à peine vont-ils jusqu'au bout des jetées dans un canot, ne les dépassant presque jamais, nous avons vu différentes fois (nouveau système de signaux maritimes sans brevet d'invention) des personnes, au bout de l'estacade, un balai à long manche ou un chapeau à la main, remplaçant les anciens télégraphes. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1862   -   Nécrologie.   -   Les journaux de Trouville et de Pont-l'Evêque nous ont annoncé dernièrement la perte que les arts venaient de faire en la personne de M. C. Mozin, peintre de marine, décédé à Trouville, le 7 novembre.

Né à Paris en 1806, C. Mozın, qui appartenait à une famille d'artistes, passa presque toute sa vie à Trouville, où le hasard le conduisit en 1825. Trouville alors n'était qu'un pauvre village d'une vingtaine de feux, et, parmi les causes qui en ont fait la jolie ville de bains si fréquentée aujourd'hui, on peut compter le charme et la célébrité que le pinceau de C. Mozin a répandus sur ce joli coin de terre.

Mozin s'est éteint dans la force de l'âge et lorsque la maturité de son talent promettait une suite de bons ouvrages à ceux qu'il avait déjà produits.

On peut voir aux Musées du Luxembourg et de Versailles des peintures remarquables de cet artiste. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1862   -   Nominations.   -   Par décret impérial du 8 décembre, sur la proposition de M. le préfet du Calvados, ont été nommés :

-        Sous-lieutenant de la compagnie des sapeurs-pompiers de Trouville-sur-Mer, M Toutain (Florentin-Ferdinand), en remplacement de M. Courillon, décédé.

-        Sous-lieutenant de la compagnie des sapeurs-pompiers d'Amblie, M. Turquetil (Victor). (l’Ordre et la Liberté)

 

Février 1863   -   On lit dans la Plage.   -   La mer, poussée par les grands vents d'ouest, est montée à une hauteur inaccoutumée à Trouville, les 19 et 20,; elle a passé par dessus les quais. Tout le marais a été inondé, ainsi que les travaux du chemin de fer, jusque dans la gare.

Le service du steamer du Havre a été interrompu quatre jours consécutifs. ( Le Journal de Honfleur )

 

Mars 1863   -   Un crime.   -    Le 2 mars, dans la soirée un crime horrible a été commis dans les circonstances suivantes, et a jeté la consternation à Trouville.

Le sieur Biais, marin-pêcheur, est allé chez le sieur Tigout, marchand-quincailler-coutelier, acheter un couteau, ensuite il s'est rendu chez le sieur Tesson, propriétaire de l'hôtel des Dunes, où se trouvait sa femme, amie des époux Tesson.

S'adressant à elle pour lui demander pardon de l'insulte qu'il lui avait faite le Mardi Gras, en brisant toute la vaisselle de son ménage, à la suite d'une scène, sa femme s'approchant pour l'embrasser, il lui plongea aussitôt le couteau dans la gorge et se retira précipitamment, en prenant la fuite, se dirigeant sous la grande porte de l'hôtel où il se donna un coup de couteau dans le côté et un second à la gorge.

Ces deux malheureux sont morts presque sur le champ.  La justice informe.  ( Le Journal de Honfleur )

 

Mars 1863   -   Les secours.   -    A l'occasion du septième anniversaire de la naissance du Prince Impérial, Son Exc. M. le ministre de la maison de l'Empereur a accordé, au nom de Sa Majesté, des secours aux parents des enfants nés le 16 mars 1856, dont les noms suivent, savoir :

A la dame Faride, demeurant à Genneville, pour le jeune Hardy, 100 fr.

A la veuve Agis, demeurant à Trouville, 100 fr. ( Le Journal de Honfleur )

 

Mai 1863   -   On lit dans le Journal de Honfleur.   -   Trois barques de pêche de Trouville, la barque « Auguste-Alice », patron Vesque ; la barque « Alexandre », patron Alexandre Halley, et la barque « Protégé-de-Dieu », patron Arsène Lemore, ont trouvé avant-hier, à sept heures du soir, à quinze milles dans le nord-ouest de la Hève, la goëlette prussienne « Iduna », capitaine Holtz, allant de Rouen à Kœnigsberg avec un chargement de plâtre, et qui, assaillie par un grain à 1 mille du cap de la Héve, avait eu ses deux mats coupés au ras du pont.

Les trois embarcations l'ont prise à leur remorque et l'ont menée sur la grande rade, où elle a mouillé à deux heures du matin.

A la marée, le steamer « Alcide » est allé la chercher et l'a conduite dans le port du Havre, ainsi que deux barques de pêche qui étaient restées à côté d'elle. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1863   -   Avis.   -   On annonce que l'administration des tabacs vient de prendre une mesure qui sera approuvée par les consommateurs. Les débits de tabac pourront dorénavant livrer au public des paquets de tabac à fumer de 100 grammes (1 fr.) Jusqu'à présent, les moindres paquets étaient de 200 grammes (2 fr.) (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1863   -   Nous lisons dans le Journal de Trouville.   -   Décidément, l'ouverture du chemin de fer de Trouville est fixée au 1er juillet. Quant à la fête d'inauguration, nous ne sommes pas en mesure d'affirmer si elle aura lieu. On en parle beaucoup, il est vrai, mais il n'y a encore rien d'arrêté à ce sujet.

Au milieu des allégations qui se croisent, notre pensée à nous est qu'une fête splendide aura lieu, d'ailleurs, le Conseil municipal de Trouville a voté une somme pour être affectée à cet objet. D'un autre côté, nous ne doutons pas que la Compagnie du chemin de fer n'apporte aussi son concours dans cette circonstance. Quant à nous, dont le rôle est de faire des vœux, nous avons le plus grand désir, dans l'intérêt de tous, qu'une belle fête s'organise et s'accomplisse à l'occasion de l'ouverture de la voie ferrée qui va relier directement Trouville à Paris.

Les affiches qui annoncent le service au 1er juillet, indiquent qu'il y aura, pour Trouville, quatre trains d'arrivée et quatre trains de départ chaque jour. Le dernier départ s'effectuera à 9 h. 20 m. du soir.

Tous les dimanches, il y a une affluence considérable de promeneurs à Trouville, le train de 9 h. 20, c'est-à-dire le dernier, ne leur permettra jamais d'assister aux bals, aux concerts du Casino, ni aux représentations du théâtre, en un mot, ils seront privés de passer la soirée à Trouville. Nous pensons que la Compagnie et les intérêts de Trouville y gagneraient beaucoup si, tous les dimanches, on pouvait organiser un départ de Trouville qui s'effectuerait vers minuit. Ce départ, pour ne rien changer an service établi, serait spécialement destiné aux promeneurs des localités environnantes, jusqu'à Caen et Bernay, ou même Évreux. Nous appelons toute l'attention de la Compagnie sur ce point. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1863   -   Nous lisons dans le Journal de Trouville.   -    Depuis l'ouverture du chemin de fer, il y a affluence de baigneurs sur notre plage. On y prend aujourd'hui une quantité de bains qui dépasse de moitié le nombre que l'on prenait, l'année dernière, à pareille époque. Il n'y a rien là qui puisse étonner avec une plage si belle, des voies de communication si faciles, si rapides, et en même temps si peu dispendieuses, avec un temps si constamment beau, peut-on résister à l'attrait des bains de mer ? Peut-on, de gaieté de cœur, rester enfermé dans les villes devenues des étuves, au lieu d'aller en liberté respirer la fraîche brise sur les bords de l'Océan ?

Lorsque la mer, en se retirant au loin, laisse à découvert l'immense étendue de sable fin et dur qui constitue la plage de Trouville si justement vantée, rien n'est beau, rien n'est gracieux comme le coup d'œil de cette plage, ici ce sont des groupes assis, là des promeneurs, plus loin des enfants courant çà et là ou creusant le sable avec leurs béches, partout c'est le mouvement, la vie, la gaieté, l'entrain.

Quoique nous ne soyons qu'au commencement de la saison, Trouville compte déjà des hôtes illustres.

Le Salon a repris complètement ses habitudes, les réunions y sont nombreuses et charmantes. Jeudi, on a dansé, ce qui veut dire que maintenant, jeudis et dimanches, il y aura bal, ce qui n'empêchera pas les petites sauteries si pleines d'entrain qu'on improvise chaque soir. D'ailleurs, il est impossible de ne pas danser, Mikel est au piano, et le grand-prêtre de la danse est là sous la figure de Périn. On pourrait dire également qu'il est impossible de ne pas faire de musique, car le Salon compte, en ce moment, deux maîtres en l'art musical, ce sont MM. Rahn et Rhin, tous les deux artistes-professeurs, le premier, professeur d'harmonie et de composition musicale, le second, professeur de piano. Les cours de M. Rahn, qui ont eu lieu toute la semaine dans la salle Périn, ont attiré un grand nombre d'auditeurs, qui tous ont écouté l'éminent professeur avec le plus vif intérêt. La présence de MM. Rahn et Rhin est une excellente fortune pour les habitués du Salon.

Tous les ans, dans une pensée de bienfaisance à laquelle nous ne saurions trop applaudir, MM. les administrateurs du Salon organisent un bal au profit des pauvres de Trouville. Ce bal aura lieu cette année, le mercredi 12 août. Nous ne doutons pas qu'il ne soit, comme toujours, le plus brillant de la saison. Plaisir et charité sont deux mots magiques qui enfantent des prodiges. (l’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1863   -   Un naufrage.     -   Vendredi matin, on a trouvé sur le rivage, près les jetées de Trouville, un petit canot à voiles, dit picoteux, portant les indications suivantes : Le Camélia, Caen, n° 741, entièrement submergé, la quille en l'air.

Il était, dit-on, venu à Trouville quelquefois apporter du hareng, si c'est le même, il devait être monté par deux hommes et un mousse. Des crevettières en poussant leurs havenets, ont vu un cadavre s'en allant en dérive, à peu de distance de Trouville, mais elles n'ont pas pu le recueillir. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1863   -   L’ouragan du 2 décembre.   -   Les journaux de la contrée commencent à enregistrer les sinistres occasionnés par l'ouragan qui a éclaté le 2 du courant. Nous lisons dans le Pays-d'Auge, du 3 :

Hier, vers deux heures de l'après-midi, à la gare de Trouville, le grand bâtiment de la petite vitesse s'est écroulé sous la violence du vent. On venait, par bonheur, de décharger les wagons, et les hommes étaient retirés, mais les marchandises ont été ensevelies sous les débris. Grâce à l'activité des employés à la tête desquels on cite M. de Tillière, fils du chef de gare, et M. Chauvin, on a pu déblayer assez les décombres pour arrêter l'incendie allumé par le feu du poèle qu'ils recouvraient.

Un autre bâtiment était déjà fortement ébranlé, et il est à craindre qu'il ne soit aussi renversé. On évalue la perte à 60 000 fr.

Plusieurs maisons en construction dans le marais de Deauville sont écroulées. Le bateau à vapeur de Trouville, qui seul s'était exposé au passage, a été forcé de prendre relâche à Honfleur.

De tous côtés on signale de grandes quantités d'arbres abattus le long des routes. L'heure avancée ne nous permet pas d'entrer dans plus de détails aujourd'hui. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1864   -   Un sauvetage.   -   La Plage, journal de Trouville, rapporte que le nommé Ozerais, ayant voulu s'embarquer sur le bateau à vapeur du Havre, au moment où l'on venait d'enlever la planche, a glissé et est tombé dans l'eau.

Aussitôt, un des hommes du vapeur « Le Français », le matelot Guillermon ( Yves ), s'est jeté à l'eau et est parvenu à sauver Ozerais d'une mort certaine.

Un rapport sur la belle conduite du matelot Guillermon a été adresse au ministre de la marine. (l’Ordre et la Liberté)

 

Février 1864   -   On écrit de Trouville.   -   Vendredi, vers huit heures du matin, la barque nº 55, de Trouville, patron Émile Lucas, se trouvant en mer, à 18 milles N. O. de la Hève, a perdu un de ses marins, un nommé Masson, né à Dieppe.

Ce malheureux a été enlevé à la mer, et il a été impossible de le sauver. Il laisse une veuve et un enfant. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1864   -   La visite du prince Napoléon.   -   Vendredi dernier, le prince Napoléon, qui avait quitté le Havre dans la matinée, est venu sur un canot à vapeur, l' « Abeille », mouiller sur la rade de Trouville, où il a débarqué. Le prince a déjeuné à l'hôtel de Paris ; puis, après avoir fait une longue visite à M. Cordier, dont la somptueuse demeure fait l'admiration des étrangers, il s'est embarqué et s'est dirigé sur Honfleur.

Immédiatement après son arrivée dans cette ville, le prince est monté en voiture et s'est fait conduire sur le coteau de Grâce, il s'est rendu ensuite à l'hôtel du Cheval-Blanc, où il a dîné, puis il s'est embarqué vers huit heures.

Le prince Napoléon est arrivé à Caen, à 3 heures du matin, et est descendu à l'hôtel d'Angleterre. Dans la matinée, il est monté en voiture, et, accompagné d'un officier de marine et de deux autres personnes, en modeste tenue de voyage, il a visité plusieurs de nos monuments.

A 11 heures 1/2, l' « Abeille » quittait Caen, ramenant au Havre le prince et les personnes qui l'accompagnaient. Un assez grand nombre de curieux assistaient à ce départ. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1864   -   La situation maritime du Calvados.   -   Dans son rapport sur la situation du service des travaux maritimes du Calvados, M. Harduin, ingénieur en chef des ports maritimes, passe successivement en revue tous les ports du département.

Notre littoral présente un développement de 120 kilomètres environ entre ses points extrêmes : Fiquefleur à l'est, et Isigny à l'ouest. On y trouve deux ports très importants : Honfleur et Caen ; six ports d'une importance moindre : Trouville . Dives, Ouistreham, Courseulles, Port-en-Bessin et Isigny ; et, enfin, trois stations de pêche : Villerville, Arromanches et Grandcamp. Il convient encore de signaler le petit port de St-Sauveur, dans la baie de la Seine, non loin de Honfleur, et le port de Touques, en amont de Trouville.

Par suite de l'ouverture du chemin de fer, le port de Honfleur a repris la première place qu'il avait perdue en 1861, et Caen se retrouve à la seconde. Toutefois, les mouvements de ce dernier port en 1862 ont encore dépassé de beaucoup la moyenne des sept années précédentes.

L'activité des ports de Trouville, Courseulles, Isiguy et Port-en-Bessin a augmenté ; celle de Dives a encore diminué. D'après le tableau comparatif du mouvement commercial de 1855 à 1862 inclusivement, les sept ports principaux du Calvados peuvent être classés ainsi : 1º Honfleur, 284 265 tonneaux ; 2º Caen, 242 316 tonneaux ; 3º Trouville, 28 110 tonneaux ; 4º Courseulles, 24 932 ; 5º Isigny, 21 021; 6° Port-en-Bessin, 13 858 ; et 7º Dives, 5 452 tonneaux.

M. Harduin termine son rapport par une récapitulation et une évaluation sommaire des travaux recommandés par le Conseil général dont les projets sont présentés ou à l'étude, et en faveur desquels il y aura lieu de demander des subventions sur les fonds du département en 1865 et années suivantes.

La dépense totale des projets recommandés, dont l'exécution est à prévoir dans une période de cinq années, est de 4 142 700 francs. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1864   -   Un sauvetage.   -   Voici, dit le journal le Pays-d'Auge, un acte de devoûment qui fait honneur à M. le baron Ferdinand d'Hautpoul, fils de M. le comte d'Hautpoul, ancien maire de Trouville :

Il était sorti, l'un des jours de la semaine dernière, pour faire une promenade sur la Touques, dans un canot conduit par le sieur Le Croisey, lorsqu'à environ 400 mètres au-delà du pont, il aperçut un autre petit canot qui venait de chavirer et deux hommes en danger de périr, il courut vers eux, et, lorsqu'il arriva, l'un des deux hommes avait réussi en nageant à se mettre à l'abri, mais l'autre avait disparu sous l'eau et retenait heureusement la barque qu'il avait saisie.

Aidé de Le Croisey, M. d'Hautpoul parvint à la soulever, et ils purent alors retirer le noyé et le placer dans leur canot. Ils parvinrent bientôt, au moyen des frictions en usage en pareil cas, à le rappeler à la vie.

Cet homme était M. Bertrand, directeur du tir au pistolet établi sur le quai de Trouville, qui aurait infailliblement succombé sans l'intervention providentielle de M. Ferdinand d'Hautpoul. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1864   -   On écrit de Trouville.  -   Lundi, vers huit heures du soir, on voyait de Villers et de Trouville une très vive clarté qui fit supposer qu'un incendie venait de se déclarer à bord d'un navire qui paraissait se trouver à 4 ou 5 milles en mer.

Des secours furent promptement organisés tant à Trouville qu'à Villers, et on acquit bientôt la triste conviction qu'un sloop, qui fait ordinairement le trajet du Havre à Caen et qui se rendait dans cette dernière ville, était complètement envahi par les flammes et sur le point d'être entièrement détruit.

Ce navire était chargé de charbon, de graisse et d'huile. Le feu avait pris on ne sait comment dans ces matières inflammables, et il s'était propagé avec une telle rapidité qu'il fut impossible aux quelques hommes de l'équipage d'arrêter l'incendie à son début.

Personne n'a péri, les matelots du bord ont été débarqués à Trouville, où tous les secours qu'exigeait leur position leur ont été prodigués. Le navire, abandonné à lui-même, est venu, poussé par la marée, s'échouer sous Trouville, non loin de l'emplacement des bains. Ce n'est plus qu'une coque informe dont il sera impossible de tirer parti. (Pays d'Auge.)

 

Novembre 1864   -   Une bibliothèque.  -   Le journal de Pont-l'Evêque, le Pays-d'Auge, annonce en ces termes la création d'une bibliothèque populaire à Trouville :

Un homme de bien, un savant dont les œuvres littéraires ont été souvent couronnées par l'Académie française et auquel nous devons, entr'autres travaux remarquables, une histoire de France et une histoire d'Angleterre, M. Émile de Bonnechose, frère de Son Éminence le cardinal-archevêque de Rouen, est en train d'organiser, en ce moment, une bibliothèque populaire à Trouville.

M. E. de Bonnechose, pénétré de cette sublime pensée, que l'homme ne se nourrit pas seulement de pain, a entrepris la grande et noble tâche de travailler à propager la nourriture intellectuelle dans notre contrée, si riche et si prospère au point de vue matériel. Nous ne saurions trop applaudir à cette généreuse tentative, que nous nous empressons de signaler à tous les vrais amis du progrès moral et intellectuel.

L'accueil fait, à Trouville et à Deauville, au projet de M. E. de Bonnechose permet d'espérer que ses efforts seront couronnés d'un plein succès. Déjà une première réunion a eu lieu, lundi dernier, au salon de Trouville, et, dans cette séance, il a été procédé à la lecture des statuts rédigés par M. E. de Bonnechose, et à la nomination des membres du conseil d'administration.

La présidence d'honneur a été offerte, à l'unanimité, à S. Exc. M. le duc de Morny, et la présidence à M. E. de Bonnechose, les vice-présidents également désignés à l'unanimité sont : MM. Cordier et Olliffe. Une deuxième réunion doit avoir lieu lundi 7 courant.

Nous en rendrons compte dans le prochain numéro. Nous présenterons en même temps quelques considérations générales sur l'institution si éminemment philanthropique des bibliothèques populaires, et particulièrement sur l'organisation de celle de Trouville-Deauville. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1864   -   Un sauvetage.   -    Dimanche, vers une heure après-midi, la barque de pêche de Trouville, nº 48, « Jehovah », patron Stanislas Lebaillif, se trouvant à 15 milles dans l'ouest quart nord-ouest de la Heve, apparut un sloop désemparé de toute sa voilure et portant son pavillon en berne ; le patron se dirigea sur cette embarcation et lui envoya un grelin. Trois quarts d'heure après, la barque de Trouville nº 60, « Ernest-Amélie », patron Ernest Harel, venait également s'embosser sur le sloop et mettait à bord un homme qui fut d'un grand secours. Ce navire désemparé, qui est le clipper « Saint-Jacques », capitaine Guego, allant de Toulenhry ( Côtes-du-Nord ) à Honfleur avec un chargement d'avoine, avait une voie d'eau et deux pieds d'eau dans la cale, et, pour comble de malheur, il s'était introduit de l'avoine dans la pompe d'avant qui était hors d'état de servir.

Les deux barques de Trouville remorquèrent le « Saint-Jacques » dans la rade du Havre, et, vers sept heures du soir, entrèrent avec lui dans l'avant-port.  ( Pays-d' Auge )

 

Février 1865   -   Avis.   -   Les quelques lignes suivantes que nous lisons dans le Journal de Honfleur nous laissent entrevoir un de ces drames lamentables sur lequel la mer seule pourrait apporter de tristes révélations :

On est sans nouvelles sur le sort de la barque de pêche de Trouville, Nº 23, les « Deux-Sœurs », patron Biais, montée par six hommes d'équipage, le mousse compris.

Elle est partie de Dieppe le vendredi 13 janvier, la veille du coup de vent, et depuis lors n'a plus donné de ses nouvelles. Le patron et ses quatre matelots sont tous pères de famille et comptent entr'eux 22 enfants.

Toute personne qui pourrait fournir quelques renseignements sur le sort de ce bateau et de son équipage est priée, au nom des familles de ces pêcheurs, de les faire parvenir à M. Fautrel, courtier marime à Trouville. (l’Ordre et la Liberté)

 

Février 1865   -   Une aide de l’Empereur.   -   L'Empereur, en apprenant le naufrage de la barque de pêche nº 23 du port de Trouville-sur-Mer, montée par six hommes d'équipage qui ont péri dans la terrible tempête du 13 janvier dernier, a envoyé à M. le baron Clary, maire de Trouville, une somme de 1 000 fr. pour être distribuée aux familles de ces infortunés marins.  (Moniteur universel.)

 

Mars 1865   -   Une aide.   -   Par décision du 8 mars, M. le ministre de l'intérieur a accordé, sur la demande de M. le préfet du Calvados, une somme de cinq cents francs au bureau de bienfaisance de Trouville pour être distribuée aux familles de pêcheurs victimes d'un accident de mer. (Pays d' Auge).

 

Mars 1865   -   La marée.   -   La plus haute marée de l'année et l'une des plus hautes qu'on verra dans ce siècle a lieu aujourd'hui mardi. Elle atteindra 4 mètres 73 centimètres. (l’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1865   -   Un sauvetage.   -   Les deux barques de pêche de Trouville, nº 46, « Theodore-Clarisse », patron François Croix, et nº 55, « Marie-Ferdinand », patron Eugène Haleu, ont rencontré lundi matin, à dix milles environ de Beachy-Head, un brick anglais démâté de son grand mât et sa voile de misaine. Il avait son pavillon en berne.

La barque « Marie-Ferdinand » s'embossa sur lui et pendant quatre heures essaya de gagner la côte anglaise, mais un fort vent du nord qui avait obligé les barques à prendre deux ris, rendit vains ses efforts. Vers deux heures de l'après-midi, l'autre embarcation, « Théodore-Clarisse », vint également donner la remorque au brick, et grâce à ce renfort, celui-ci put être amené dans le port du Havre.

C'est le « Robin-Grey », de Blyth. Il se rendait de Faro à Leith avec un chargement de liége en planches. Il avait été abordé dimanche à l'épaule de tribord par le « Cynosure », navire américain allant de New-York à Brême.  Dans cet abordage, le « Robin-Grey » a éprouvé de graves avaries, puisque, ainsi qu'on l'a vu plus haut, sa mature et sa voilure ont été perdues. En outre, tous ses pavois de tribord ont été enlevés. (Pays-d' Auge)

 

Juillet 1865   -   Les exploiteurs.   -   On s'est plaint plus d'une fois de la rapacité avec laquelle certains aubergistes exploitent les étrangers qui viennent visiter nos côtes. Dimanche dernier, un cabaretier-logeur de Trouville a poussé l'impudence jusqu'à réclamer 14 francs à deux personnes qui demandaient à passer une nuit dans son établissement. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1865   -   Les bains de mer.   -   Hier la grande duchesse de Bade, a quitté Carlsruhe, pour rejoindre le grand duc son mari qui réside à Trouville où il prend des bains de mer. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1865   -   Une innovation.   -  Dans une commune, 38 électeurs ont nommé conseillère municipale madame X...., connue pour son esprit et sa beauté. Cette innovation, encore à l'état d'aimable plaisanterie, pourrait bien devenir plus tard à une réforme sérieuse.

Déjà, en Angleterre, un publiciste influent et renommé, qui vient d'entrer au Parlement, M. Stuart Mills, propose, dans un plan de suffrage universel applicable à tous les peuples civilisés, de conférer aux femmes le droit électoral.

Les idées de M. Stuart Mills, très en faveur au-delà de la Manche, commencent à être attentivement étudiées chez nous. L'avenir nous réserve bien des surprises. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1865   -   Un accident.   -   Lundi, à Trouville, un homme ne s'étant pas assez tôt mis de côté, une voiture de coquetier l'a renversé et lui a écrasé une main.

L'amputation de deux doigts a été jugée nécessaire et elle a eu lieu le lendemain matin. (Le Pays d’Auge)

 

Août 1865   -   Découverte macabre.   -   Le cadavre d'une femme, dans un état avancé de décomposition, a été trouvé en mer, le 9 août dernier, à 12 milles de la côte, dans la direction de Dives et rapporté à Trouville.

Ce cadavre avait dû séjourner dans l'eau trois semaines ou un mois, les traits du visage sont complétement défigurés, la tête est à moitié emportée, et le cuir chevelu enlevé.

Cette femme, d'une taille moyenne, était âgée de 30 à 40 ans. Voici la description de ses vêtements :

Gilet de flanelle, marqué TT ;

Pas de chemise ;

Tricot de laine grise ;

Morceau de foulard de soie fond noir étoilé blanc ;

Jupon en toile à voile, raccommodé avec un morceau de coutil rayé bleu ;

Mantelet fond bleu à points blancs, doublé de flanelle ;

Paletot bleu mêlé en fort-en-diable, avec boutons noirs à cinq trous ;

Bas bleus tricotés, marqués L T ;

Gros souliers d'homme ;

Cette femme avait en sautoir une corde devant servir a supporter un panier ou une hotte, ce qui fait supposer que c'était une pêcheuse.

Les personnes qui auraient des renseignements à fournir sur l'identité de cette inconnue, peuvent les adresser au Parquet de Pont-l'Evêque.  (Le Pays d’Auge)

 

Septembre 1865   -  Le Courrier du Havre a reçu de Trouville le rapport suivant qui relate un triste événement de mer.   -   Je soussigné, Victor-Édouard Toutain, marin-pêcheur, patron et propriétaire de la plate de pêche de Trouville, nommée « Être-Suprême », portant le nº 73, jaugeant 12 tonneaux 50/100es, construite à Honfleur en 1864, montée de trois hommes d'équipage et un mousse, déclare qu'hier jeudi 21 septembre, je me trouvais à la mer, distance 6 milles environ nord-est de Dives, sous voiles, beau temps, tout dessus, faisant route pour Dives, à l'effet d'y déposer ma pêche, lorsque tout-à-coup nous avons été surpris par un tourbillon de vent qui nous a pris par l'arrière en portant seulement dans le haut des voiles et nous a chavirés sans que sur le pont nous ayons eu conscience du vent.

Nous avons inutilement coupé la drisse de grande voile et l'écoute de misaine, le bateau n'a pu se relever, c'est alors qu'il a empli par les deux ouvertures du pont, quoique nous fussions occupés à empêcher le panneau de la cale de lever, puis il nous a disparu sous les pieds en moins de cinq minutes.

Au moment où le bateau a sombré, le mousse Joseph-Albert Michel, âgé de treize ans, a disparu tout-à-coup derrière moi à l'avant, sans que j'en aie connaissance, et n'a plus reparu.

J'ai vu le matelot Jacques-Pierre Galopin, âgé de cinquante-six ans, quelques minutes après la tête sous l'eau, les reins en dehors, puis disparaître.

Le matelot Jacques-Arsène Grainville et moi restions à la nage, chacun sur un aviron, lorsque la plate « Saint-Pierre », de Trouville, patron Gaillot, qui était à un grand mille de nous, quoique ayant vent debout pour nous rejoindre, nous ayant vu chavirer, s'est dirigé sur nous et nous a sauvés, il était alors environ onze heures du matin.

A la marée du soir, neuf heures, il nous débarquait à Trouville. Nous lui devons la vie. Mon bateau est coulé par un fond d'environ sept brasses, et à basse mer, la mâture découvre, ce qui laisse l'espoir de le relever. Il n'est pas assuré. J'ai fait ce présent rapport devant M. le maire de Trouville pour valoir ce que de raison.

Ajoutons que le matelot Jacques-Pierre Galopin, qui a trouvé la mort dans ce malheureux événement, était marié et père de famille. Un de ses fils, matelot à bord d'une autre barque de pêche de Trouville, se trouvait ce matin dans notre ville. Il ignorait la triste fin de son père et aucun de ceux qui le connaissaient n'osait l'en informer. (l’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1865   -   Un incendie.   -    Un incendie, attribué à l'imprudence du propriétaire, a éclaté, le 25 de ce mois, à Trouville, dans une cabane à usage de corderie, appartenant et exploitée par le sieur Courillon.

La cabane et les balles de chanvre qui s'y trouvaient renfermées ont été complètement brûlés, la perte s'est estimée à 2 500 fr. Le tout était assuré. (Le Pays d’Auge)

 

Septembre 1865   -   La chaleur.   -   On mande de Séville que la chaleur y est si accablante que les habitants appellent l'hiver à grands cris.

Il en est de même à Caen où la chaleur depuis quelques jours atteint un degré très élevé. (l’Ordre et la Liberté)

 

Septembre 1865   -   Prix de la journée de travail.   -   Le Conseil général fixe la journée de travail, dans le département du Calvados, ainsi qu'il suit :

-       1 fr. 30 pour la ville de Caen.

-       1 fr. 20 dans les villes de Bayeux, Lisieux et Honfleur.

-       1 fr. 10 pour Vire, Trouville, Falaise, Pont-l'Éveque,

Condé-sur-Noireau, Orbec et Isigny.

-       1 fr. dans les communes chef-lieu de canton, et quelques gros bourgs.

-       0 fr. 80, 0 fr. 70, 0 fr. 60 dans toutes les autres communes du département, et suivant les états arrêtés par le Conseil général depuis plusieurs années. (Le Pays d’Auge)

 

Octobre 1865   -   A l’honneur.  -  Le Moniteur de dimanche publie une liste des récompenses accordées sur la proposition du ministre de la marine, pour faits de sauvetage.

Dans cette liste, on remarque une médaille d'honneur en or de 2e classe décernée au sieur Lecomte, marin inscrit à Honfleur, pour sauvetage d'un homme à Trouville, le 26 juin dernier.

Une médaille de 2e  classe en argent a également été décernée au sieur Gueret (Louis-Victor), maître haleur, pour sauvetage d'un homme à Trouville le 17 juin dernier. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1865   -   Nous lisons dans le Courrier du Havre.   -   La barque de pêche « Souvenir-de-Victoire », nº 67, de Trouville, patron Paysant, se trouvant hier, vers trois heures du matin, à 30 milles vers le nord-ouest de la Hève, a été abordée par le lougre la « Louise », de Bordeaux. Dans cet abordage la barque de Trouville a eu son beaupré et sa lisse brisée. Elle a, en outre, perdu son chalut. (Le Pays d’Auge)

 

Décembre 1865   -   On écrit de Trouville, au Moniteur du Calvados.   -  En la date du 8 courant :

« Voici aujourd'hui quinze jours qu'on est sans nouvelles de la barque de pêche « Emmanuel », nº 15, de Trouville, patron et propriétaire Emmanuel Petit, faisant la pêche à La Rochelle.

Hier un télégramme a annoncé à la famille du patron l'envoi d'un aviso à vapeur le long de la côte à la recherche de ce bateau » ( Le Pays d’Auge )

 

Décembre 1865   -   On écrivait des Sables.   -   le 6 décembre, qu'on recueillait, depuis quelques jours, sur le littoral, entre Perrey et la Tranche, de nombreuses épaves supposées provenir d'un navire qui aurait sombré au large de la côte.

Ce naufrage est malheureusement devenu certain : le 5 décembre courant, au matin, la carcasse d'un bâtiment de 50 à 60 tonneaux, et qui parait être un Jongre, est venu s'échouer au lieu dit Boivinet, penthière de Saint-Vincent-sur-Jard.

Il s'y trouvait encore certains objets de mature et de gréement, et on a recueilli quelques grains d'orge dans les interstices du bois, ce qui ferait supposer qu'il était chargé de grains, mais rien n'a pu faire connaître le nom de ce navire, son port d'attache ou sa provenance, on lit seulement sur une voile les mots : « Fabrique d'Angers ».

Aucun renseignement n'est parvenu sur le sort de l'équipage. On a aussi recueilli sur la même côte :

  Un canot, presque brisé, mesurant 3 mètres 65 centimètres de longueur, sans marque, nom ou numéro.

  Une barrique vide marquée D. P. F.

  Un baril vide marqué : « Buzfolzd, New-Mill, S. W. Cadez-196-extra-superfine »

  Un sac de toile, comme en possèdent les matelots de la marine impériale, portant les noms : Leroux (Édouard), le numéro 1396/3, et la marque n° 764 inscrite dans un rond.

Le 8 courant il a été recueilli sur la penthière de Saint-Vincent-sur-Jard, à 400 mètres environ de la carcasse de navire dont nous annonçons l'échouage sur cette côte, une planche en chêne, peinte en jaune aux deux extrémités, et portant cette inscription : « Emmanuelle. – Trouville » ( Le Pays d’Auge )

 

Décembre 1865   -  La barque de pêche l' « Emmanuel ».   -   Un nouveau malheur est venu frapper la population maritime de Trouville. La barque de pêche l' « Emmanuel », nº 15, patron Petit, qui faisait la pêche dans les parages de la Rochelle, s'est brisée dans la nuit du 28 au 29 novembre dernier, sur les côtes de l'île de Ré, et s'est perdue corps et biens.

Des six marins qui formaient l'équipage de cette barque, quatre appartiennent au port de Trouville, ce naufrage plonge dans la misère deux veuves et quatre orphelins en bas âge.

Nous apprenons qu'aussitôt que ce sinistre a été connu de l'Administration municipale de Trouville, elle s'est empressée d'adresser une demande de secours à l'Autorité supérieure, et elle croit devoir ouvrir une souscription à la mairie de Trouville, afin d'assurer quelques ressources aux personnes de la localité, qui sont victimes de cette catastrophe. ( Le Pays d’Auge )

 

Février 1866   -   La tempête.   -   Le steamer « Castor », qui fait en ce moment les voyages de Trouville au Havre, n'a pu, pendant trois jours, effectuer ses traversées ordinaires. Lundi matin, il est sorti, mais arrivé à moitié route, il a été forcé, par l'état de la mer, de revenir au port.  

 

1866  -  Port Maritime.  -   Le mouvement de la navigation dans le port de Trouville représente 29,600 t., sans compter 80 barques de pêche.

Un crédit serait nécessaire pour continuer le renouvellement du tillac de la jetée de l'Ouest.

Le bassin à flot de Deauville a été dernièrement inauguré, et le pont tournant sur l'écluse de ce bassin est fort avancé.

Bientôt, on pourra soumettre au Gouvernement le projet de construction des murs de quai à Trouville, sur une longueur de 250 mètres, et celui du prolongement de la jetée de l'Est sur une étendue de 100 mètres.

Il y a lieu d'espérer que prochainement aussi M. le Ministre des travaux publics statuera sur la demande de la ville de Trouville, tendant à l'élargissement des quais actuels.

Mouvement général des ports. Pendant 9 ans, c'est-à-dire de 1855 à 1863, le tonnage des navires fréquentant les ports de commerce de Honfleur, Caen, Trouville, Courseulles, Isigny, Port-en-Bessin et Dives, a été, en moyenne, de 529,087 tonneaux. En 1864, il s'est élevé à 646,070 t., et en 1865, à 735,2011. Le tableau présenté indique le degré d'importance relative de chacun de ces ports.

Les crédits affectés aux travaux neufs et aux grosses réparations ont été, en 1866, de 896,124 fr., tandis que, l'année précédente, ils n'avaient pas dépassé 755,064 fr. Et cependant, malgré l'importance de ces crédits, les travaux de Honfleur, Trouville et Courseulles auraient été interrompus si l'entrepreneur, M. Mauger, n'avait pas généreusement fait des avances  considérables, dont il est juste de le remercier.

 

Février 1866   -   Naufrage.   -   Dimanche soir, vers huit heures, la barque « Fleur de Marie », n° 36, de Trouville, était en cape au N.-N.-O., de la Hève, et une très forte brise soufflant de l'Ouest, quand coup de mer venant déferler sur l'embarcation, lui enleva baume, grand-voile et pic, puis brisa toute la lisse de bâbord et du même coup lui cassa sa barre.

Par un hasard présidentiel, l'homme de quart, qui se trouvait attaché près de la barre, ne fut point enlevé, bien qu'ayant été détaché par la mer.

La barque et son équipage erraient à la dérive, lorsque ayant été aperçus lundi, vers onze heures, par la barque n° 4, ils ont pu être ramené mardi matin dans le port de Dieppe.  

 

Mai 1866   -   Une station télégraphique.   -    Un station télégraphique à service limité sera ouverte à Cabourg, pendant la saison des bains, à partir du 1er juin prochain, et un service de jour sera établi au bureau de Trouville à dater de la même époque.

M. Tétin a été désigné pour gérer la station de Cabourg.

Quant à la gestion du bureau de Trouville, elle reste sera confiée à M. Trinité, qui en est actuellement chargé.  

 

Juin 1866   -   Les régates du Calvados.   -   L'Empereur a daigné accorder une médaille d'or à l'effigie de Sa Majesté, et une d'argent à celle du Prince Impérial, pour être décernées en prix à la suite des régates qui auront lieu à Grandcamp dans le courant du mois d'août prochain.

Sa Majesté a également daigné autorisé Son Excellence le ministre de sa Maison et des Beaux-arts à mettre à la disposition de M. le Préfet du Calvados une médaille d'or de 200 francs qui sera décernée, comme prix de l'Empereur, à la suite des régates internationales qui seront inaugurées cette année à Trouville.  

 

Juillet 1866   -   Un sauvetage.   -   Mercredi, vers dix heures du soir, la barque de pêche de Trouville, le « Frère et la Sœur », patron Quesnel, se trouvait à environ 15 milles dans le nord des feux de Caen, lorsqu'elle vit un brick couler à pic. La barque de pêche se porta aussitôt au secours de l'équipage et sauva sept hommes, parmi lesquels le capitaine du brick, qui était blessé. Les naufragés furent débarqués à Trouville jeudi, à quatre heures du matin.

Le brick coulé était sorti du Havre le soir même de sa perte. Il se nomme « Merucio-Castellano », et se rendait de Rouen à Naples avec un changement de terre de pipe.  

 

Juillet 1866   -   Un naufrage.   -   Lundi soir, vers six heures, dans l'Ouest des phares de la Hève, un abordage a eu lieu entre deux barques de pêche, l'une, la « Diligente », patron  Eugène Mariolle, de Honfleur, l'autre, la barque n° 22, de Trouville. A la suite de cet abordage, la barque n° 22 a coulé, l'équipage a été sauvé. La « Diligente » a eu son beaupré craqué et son étrave avariée.

 

Juillet 1866   -   Un courageux sauveteur.   -   Mercredi dernier, vers trois heures de l'après-midi, à Trouville, une troupe de gamins se livrait à des jeux plus ou moins bruyants et échevelés, sur cette partie du quai qui se trouve la plus rapprochée de l'hôtel de ville.

L'un de ces enfants, le nommé Lézin, âgés de 9 ans environ, poursuivi par un de ses camarades, et voulant lui échapper par une feinte, glisse et tombe dans la rivière, dont la profondeur était alors d'environ deux mètres et demi en cet endroit. La mer commençait à baisser et le courant était rapide.

À ce moment, M. Pinel, le propriétaire du bac de Deauville Trouville, était occupé au débarquement des passagers. Aux cris " au secours ! On se noie!" poussés par la troupe épouvantée, il se retourne et aperçoit le malheureux enfants, qui pour la seconde fois, reparaissait à la surface. Franchir la balustrade, se jeter à l'eau tout habillé, atteindre,  saisir et ramener à terre  le petit imprudent, déjà sans connaissance, ce fut pour l'habile nageur, l'affaire d'un instant.

 

Septembre 1866   -   Un sauvetage.   -   Mardi, vers trois heures et demie d'après-midi, la barque de pêche de Trouville, numéro 144, patron Duchemin, montée par 10 hommes, appareillait du port avec grande brise du nord-ouest, pour se rendre sur les lieux de pêche. Elle était à peine à un mille dans l'ouest de la jetée, quand, au moment où elle virait de bord, son mât a cassé près du capelage. La voilure et le gréement sont venus en bas, et le bateau est venu en dérive dans le sud du port. L'équipage a mouillé et mis pavillon en détresse. Aussitôt, le bateau de sauvetage de la chambre de commerce, construit par M. Normand fils, monté par son équipage ordinaire, sous la direction de Durécu, est allé à son secours. Une fois à bord, les braves sauveteurs ont aidé d'équipage du 144 à installer une voile de fortune, puis au flot, la barque a pris route pour Honfleur, escortée par le bateau de sauvetage.

La barque est heureusement entrée à Honfleur. Le bateau de sauvetage est revenu au Havre, remorqué par un vapeur anglais.  

 

Novembre 1866   -   Un naufrage.   -   Vendredi soir, vers trois heures et demie, sortait du bassin de Morny, chargé de boeufs à destination de Londres, le steamer anglais « Sara » ayant à son bord le pilote Conyère, et remorquent sur sa ligne la pirogue des pilotes montée par cinq hommes.

Déjà la mer était  grosse sur les bancs, avec la marée montante et l'apparence du temps était vilaine, nos barques de pêche rentraient, ayant pris des ris dans la grand-voile.

À un mille environ des jetées, le steamer stoppa, débarqua le pilote et la pirogue fit route à l'aviron pour rentrer au port, mais alors le vent s'éleva de plus en plus et tourna subitement en bourrasque. La mer devint furieuse. Au moment de donner dans le chenal extérieur du port, la pirogue étant sans nul doute à moitié pleine d'eau plus tenir la mer qui brisait sur la  barre et la prenait en travers, l'équipage s'est décidé à l'échouer au plein sous l'hôtel des Roches-Noires.

Alors s'est passé en quelques secondes un drame affreux. à peine la pirogue ce fut elle approchée de la plage, qu'une vague l'a chavirée sur son malheureux équipage, qui a disparu sous les flots. Toutes les personnes qui étaient près des Roches-Noires sont accourues pour aider au sauvetage de ces infortunés marins.

Les six hommes qui montaient la pirogue ont été retirés des flots, mais déjà trois d'entre eux avaient cessé de vivre. Ce sont : le pilote Pouëtre Jean-Baptiste Désiré, âgé de 42 ans, qui laisse une veuve ; le lamaneur Toutain Louis Pierre Amand, 44 ans, laissant une veuve et quatre enfants ; le lamaneur Rosney Amand François, 53 ans, laissant une veuve.

Tous les secours qui leur ont été prodigués ont été infructueux. Le pilote Conyère Michel casimir, âgé de 54 ans, père de trois enfants, a été retiré vivant des flots et conduit chez lui.  Tout faisait espérer que ce pilote serait hors de danger, lorsque dans la soirée une attaque d'apoplexie l'a enlevé à ses enfants.

Deux hommes seulement sont aujourd'hui hors de danger, se sont : le pilote Barbey Jean-Pierre, patron de la pirogue, âgé de 71 ans, et le lamaneur Perchey Jean-François Augustin, âgé de 50 ans.

Toute la population a été vivement impressionnée par cet affreux malheur. On peut dire avec justice pour la mémoire des noyés, qu'ils faisaient partie de l'élite de nos marins pêcheurs.

Nous apprenons que le lamaneur Perchey, l'un des deux matelots que l'on avait sauvé, est mort lundi matin. Il laisse une veuve et un enfant. Les funérailles des quatre matelots noyés ont eu lieu au milieu d'une affluence considérable de population.  

 

Décembre 1866   -   L'éclairage public.   -   Le bassin à flot de Trouville, qui ne jouit pas encore des bienfaits de l'éclairage au gaz, a, depuis son achèvement, été néfaste pour bien des personnes. On compte depuis le mois de juin dernier, 6 ou 7 individus qui y seraient déjà tombés, et plusieurs y auraient trouvé la mort. Le dernière accident arrivé tout récemment a coûté la vie à une femme Desgarceaux, de Honfleur, habitant Trouville depuis quelques années.  

 

Janvier 1867   -   Les naufrages.   -  Depuis la perte de nos cinq infortunés pilotes et lamaneurs, écrit-on de Trouville, notre population maritime a été successivement éprouvée par d'autres malheurs du même genre.

Il y a environ 10 jours, c'était un marin le sieur Lamare, qui était enlevé de son bord par la mer pendant la pêche, et qui laisse dans la misère une veuve et six enfants.

Le lundi 21 janvier, un autre double malheur venait attrister nos familles de pêcheurs. Une dépêche télégraphique nous apprenait la relâche à Dieppe de la barque n° 41, « Tout-à-Jésus-et-à-Marie », dont le patron, le sieur Toutain, et un matelot nommé Godreuil, avaient été enlevés par les vagues avant qu'on ait pu leur porter secours. Le premier laisse une veuve avec deux enfants, et le second une femme enceinte avec huit enfants.

Vendredi est entré en relâche à Trouville le bateau pécheur d'huîtres « Santa-Maria », de Saint-Valéry-en-Caux, ayant perdu son grand mât par suite du mauvais temps, à six milles environ au large de Dives. Cette perte a été suivie d'un autre accident. Au moment de virer de bord pour entrer dans le chenal, l'étagne de misaine ayant cassé, la voile a amené en vrac, mais fort heureusement personne de l'équipage n'a été blessé.

 

Février 1867   -   Inondation.   -  La fonte des neiges a accru tellement le volume d'eau de la Touques et augmenté son courant que, vers le moment de la basse mer, le service du bac de  passage a dû être interrompu par mesure de prudence. Un seul accident est arrivé au mur de soutènement de la terrasse du presbytère de Trouville, qui s'est écroulé sur une longueur assez considérable.  

 

Mars 1867   -   Un naufrage.    -   La barque de pêche de Trouville n° 47, « Ismérie-Louise », patron François Lecroisey, était mardi, à une heure de l'après-midi, dans l'ouest sud-ouest de Betcheed, à une distance d'environ 24 milles, quand elle aperçut une barque de pêche à chalut désemparée de tout gréement et faisant des signaux de détresse. Il ventait une forte brise d'est.

S'étant dirigée vers le bateau qui réclamait du secours, l' « Ismérie-Louise » lui donna la remorque, et mercredi matin, la barque qui porte sur son avant le n° 223 et les initiales R.-E est  entrée à huit heures au Havre.

 

Avril 1867   -   Un naufrage.   -   Dans la nuit de mercredi à jeudi, la barque de pêche de Trouville « Fleur-de-Marie », propriétaire et patron Harel, se trouvait en train de pêcher, à 30 milles dans le nord nord-ouest de la Hève, lorsque vers une heure trois quarts, elle fut abordée par un grand navire.

Cinq hommes étaient couchés, les deux premiers qui montèrent sur le pont de la barque, croyant voir le bateau sombrer, sautèrent aussitôt à bord du navire, les autres ne purent les suivre.

Le navire ne pouvant pas virer de bord pour approcher de la barque avec le mauvais temps, celle -ci disparut en moins d'un quart d'heure.

Le patron et un matelot se trouvaient sur le navire, qui est américain, et s'appelle « Thérèse ». Vendredi, vers midi et demi, à vapeur parut en vue et lorsqu'il fut à portée, les marins français le lait et hélèrent et lui demandèrent de les prendre à bord. à trois heures et demie du soir des naufragés étaient débarqués à Honfleur.

La barque « Fleur-de Marie », que l'on croyait coulée après son abordage avec le navire américain « Thérèse », est rentrée dimanche à Trouville, vers quatre heures du soir.  Non seulement tout l'équipage est vivant et en bonne santé, mais encore la barque elle-même a très peu souffert.  

 

Avril 1867   -   Un décret.   -   Par décret impérial du 6 avril, sont déclarés d'utilités publique dans la commune de Trouville la construction d'une maison d'école de garçons, l'établissement d'un réservoir et l'élargissement de la rue de Paris.  

 

Juin 1867   -   Une condamnation.   -   Eugène Édouard Lacheray, 47 ans, patron et armateur de bateau de pêche, Née et demeurant à Trouville, a été condamné à 25 francs d'amende,  confiscation et destruction du chalut, pour pêche au chalut en dedans des limites.  

 

Juin 1867   -   Une condamnation.   -   Charles Michel Lecoq, 30 ans, patron et armateur de bateau de pêche, Née et demeurant à Trouville, a été condamné à 25 francs d'amende,  confiscation et destruction du chalut, pour pêche au chalut en dedans des limites.  

 

Juillet 1867   -   Un hôte de marque.   -    S. A. I. Mme la grande-duchesse Marie de Russie est en ce moment à Trouville, où elle habite le ravissant palais de M. Cordier, sur le bord de la mer.  

 

Septembre 1867   -   Un orage.   -    Un orage épouvantable a éclaté sur Trouville dans la nuit de lundi à mardi, vers des quatre heures du matin. La foudre est tombée à cinq endroits différents et entre autre, nous assure-t-on, deux fois dans la gare du chemin de fer. Plusieurs personnes, que nous pourrions citer, sont tombées à la renverse, dans les rues, par le seul effet de la détonation. 

 

Janvier 1868   -   Un naufrage.   -   Samedi 25 janvier, vers huit heures du matin, le brick anglais « Elizabeth », capitaine Clarck, monté par huit hommes d'équipage, chargé de 352 tonneaux de charbon, venant de Newcastle, s'est mis à la côte, sur le banc de sable qui se trouve à l'entrée du chenal, entre la pleine mer et l'entrée du port. Il est venu, dimanche matin, au moment de la pleine mer, poussé par un fort vent, s'échouer sur la plage de Trouville, en face le salon des bains.

L'équipage a été sauvé et le changement est encore intact, mais le navire est ensablé et plein d'eau.  

 

Janvier 1868  -  Découverte de cadavre.  -  Le capitaine Chemin, du steamer « Français », de la ligne de Trouville, a aperçu jeudi, vers cinq heures du soir, pendant sa traversée de retour, un cadavre flottant à la surface de l'eau. Comme on était encore à un demi-mille des jetées, et que le « Français » avait à bord un grand nombre de femmes et d'enfants qui auraient sûrement été effrayés par ce triste sauvetage, le capitaine Chemin a dû abandonner le cadavre dérivant vers la mer.

 

Février 1868   -   Un naufrage.   -   Dimanche dernier, la goélette anglaise « Caroline », de Llanelly, montée de sept hommes d'équipage, ayant 259 tonneaux de charbon à bord et  arrivant de Llanelly à Trouville, s'est perdue à neuf heures du matin, après avoir fortement talonné sur la barre en cherchant à entrer au port par une très grosse mer. L'équipage a été  sauvé.  

 

Mars 1868   -   Les suites de la tempête.   -   A la suite de la tempête de dimanche dernier, la plage de Trouville n'était qu'un amas de débris de toutes sortes.

La mer avait couvert une partie des quais, envahi les rues, et en deux ou trois heures mis en pièces la malheureuse goélette anglaise « Caroline », échouée dernièrement dans ces parages.

 

Mars 1868   -   Les naufrages.   -   Le Bureau Veritas a publié la liste des navires qui ont fait naufrage du 1er au 31 janvier 1868.

Cette liste énumère 246 bâtiments que l'on sait perdus totalement et 18 autres que, par suite d'absence de nouvelles, on suppose naufragés.

Parmi ces 264 navires perdus ou supposés perdus, il y a 141 navires anglais, 35 français, 24 américains, 12 prussiens, 8 hollandais, 7 norvégiens, 5 danois, 4 italiens, 3 autrichiens, 2 espagnols, 2 mecklembourgeois, 2 suédois, 1 grec, 1 lubeckois, 1 mexicain, 1 oldembourgeois, 1 péruvien, 1 portugais et 12 navires de nationalité inconnue.

244 de ces bâtiments sont à voiles et 10 à vapeur. Parmi les navires dont la perte est certaine, nous avons à citer particulièrement : le brick anglais « Elizabeth », capitaine Clarke, perdu près de Trouville, en allant de Newcastle à Marseille.

Le brick-goëlette anglais de 96 tonneaux « Elizabeth-Ann », échoué près de Trouville en faisant le cabotage.

Le brick-goëlette anglais de 193 tonneaux « Onward », capitaine Williams, échoué près de Llanelly, en allant de Llanelly à Honfleur. 

 

Juin 1868   -   Un nouveau service.   -   Un nouveau service de navigation à vapeur, spécialement affecté au transport des marchandises, vient d'être inauguré entre Trouville et le Havre.

Un steamer neuf, en fer et à hélice, le « Calvados », effectuera trois départs du Havre et trois départs de Trouville par semaine.

Cette nouvelle ligne contribuera nous l'espérons, à la prospérité du port de Trouville.  

 

Juin 1868   -   Découverte d'un cadavre.   -   Jeudi, il a été trouvé à 5 mille environ des côtes de Caen, par une barque de pêche de Trouville, et amené à quai, le cadavre  d'un individu  ayant le costume de marin. D'après le rapport du docteur Roccas, ce cadavre aurait séjourné environ deux mois en mer.

Tout fait supposer que c'est encore une victime des tempêtes qui ont régné sur nos côtes vers cette époque.  

 

Juillet 1868   -   L'orage.    -   Dimanche un orage épouvantable a éclaté sur Trouville et a en quelque sorte inondé la moitié de la ville. La rue des Bains et la rue de la Mer, entre autres, ont été les plus maltraitées à cause de l'eau qui descendait par la rue de la Cavée. Plusieurs commerçants ont beaucoup souffert de cet orage inattendu et ont essuyé des pertes très sensibles. Il paraîtrait aussi quelques caves de ces deux rues ont été envahies par l'inondation. Une maison de la rue Jean Bart, appartenant à M. Jean Buhot, a eu un mur enlevé par la force du torrent.

 

Juillet 1868   -   Un démâtage.   -   La bisquine française les « Deux-Eugène », Halley, de Trouville, a été rencontrée à la mer démâtée, et a été remorquée dans le port de Ouistreham par la bisquine « Reine-des-Anges », patron Bourgain, bateau de pêche de Ouistreham.  

 

Août 1868   -   Les bains de mer.   -   Du 14 au 18 août, en l'espace de cinq jours, il a débarqué à la gare de Trouville-Deauville, 8000 voyageurs, et le roulement a été de 14 000.

Le dimanche 16 courant, de 9 heures à 10 heures 1/2, il a été livré 2270 billets de départ.

Le lendemain, les trains ramenaient un millier de personnes.

Comptez maintenant ce qu'amènent les diligences de Caen, de Dives, Cabourg, Beuzeval, Houlgate, Villers, Villerville, les voitures particulières débouchant de tout le littoral, des villes et des campagnes du département, faites la part immense des paquebots de Honfleur et du Havre apportant, deux fois par jour, des flots de population, et vous aurez une idée à peu près complète du roulement.  

 

Septembre 1868   -   Un séjour bénéfique.   -   Le récent séjour à Trouville de M. le ministre des cultes a été une véritable bonne fortune pour cette localité.

à la suite des démarches faites auprès de M. Baroche par M. Leclercq de Lannoy, maire de  Trouville, Son Excellence a bien voulu accorder à cette ville une somme de 56 000 francs, destinée à lui venir en aide pour payer la vieille dette de l'église Notre-Dame.  

 

Septembre 1868   -   Un incendie.   -   Mercredi, vers deux heures et demie de l'après-midi, un incendie a détruit cinq corps de bâtiments à usage de corderie, écuries les étables, plus des marchandises et instruments de travail, le tout situé à Trouville, hameau de Callanville, appartenant à MM. Oscar Biais, maître cordier, Billard, docteur-médecin, et à Mme Veuve Letenneur, hôtelière.

Les pompiers de Trouville et de Deauville se sont immédiatement rendus sur le lieu du sinistre, mais leurs efforts n'ont pu que préserver les murs. Les flammes avaient d'autant plus de consistance qu'elles se trouvaient alimentées par du goudron enfermé dans des barils.

Il paraîtrait que le feu a été mis par l'explosion d'une chaudière remplie de goudron, qui était sur le feu. La perte approximative est évaluée à 10 000 francs.  

 

Octobre 1868   -   Une vérification.   -   Mercredi, une panique générale s'est emparée des femmes du marché de Trouville, il s'agissait d'une vérification de la police sur le poids et la qualité des beurres exposés en vente.

Beaucoup de marchandes n'ont pas attendu la versification, et ont déguerpi au plus vite.

 

Novembre 1868   -   Une belle course.   -   Jeudi dernier, une chasse assez curieuse avait eu lieu dans les rues de Trouville. Un magnifique lièvre ayant sans doute entendu vanter la beauté du site et les amusements de toutes sortes que les étrangers recevaient dans cette localité, avait élu domicile dans une charmante propriété au bord de la mer.

Malheureusement pour lui, des ouvriers vinrent travailler dans cette propriété, et quelle surprise pour eux d'y trouver un tel habitant ! Alors, vicissitudes humaines, au lieu de fête et de plaisirs de toutes sortes auxquels il devait s'attendre, ce fut une poursuite de Grenoble, les ouvriers, les uns avec leur truelle, les autres leur brouette, des dames aussi avec leur parapluie voulaient lui barrer le passage, mais il franchissait tout !

A chaque pas qu'il faisait, la foule des enfants et des grandes personnes augmentait,  c'est ainsi qu'il a parcouru les rues d'Orléans, Croix, de la Chapelle, la rue de Paris et la Plage. Les chiens aussi, petits et gros, se mêlaient de la partie, et il n'en manque pas dans les rues de Trouville.

Ce fut une course effrénée, qui eut pour résultat la prise dans un canot, par un jeune marin, de ce pauvre lièvre qui s'était jeté à la mer, près des estacades, espérant, en traversant la rivière, se soustraire à cette multitude. Craignant sans doute un rhume de cerveau après ce bain forcé, il a élu son dernier domicile chez un pharmacien de cette commune.  

 

Février 1869   -   Une pêche rare.   -    La barque de pêche n° 48 du port de Trouville, rapportait cette semaine un poisson très rares dans nos contrées. Elle avait péché une énorme tortue d'eau, mesurant environ 1 mètre de carapace. Cette tortue a vécu près de deux jours à bord, quatre hommes avaient beaucoup de peine à la porter. 

 

Mars 1869   -  Un ouragan.   -  L'ouragan du 2 mars a occasionné des dégâts assez importants sur divers points de notre département.

A Luc, le clocheton de la chapelle du Nouveau-Luc a été renversé dans la matinée par une violente rafale. En tombant, l'une des pierres de ce clocheton après avoir défoncé la toiture, le plafond et brisé la balustrade, a pénétré dans la chapelle, où elle a creusé dans le pavé un trou d'une profondeur de 20 centimètres environ. Il n'y avait personne dans la chapelle en ce moment. Les autres pierres sont tombées ça et là sur le mur d'enceinte du monument et en ont démoli une vingtaine de mètres. La couverture en ardoises et les enduits en plâtre ont éprouvé des détériorations importantes. L'orgue a également souffert. On évalue la perte totale a près de 3000 francs.

A Lion, la mer, poussée par le vent, à défoncé le mur de soutènement situé en face du Casino. Dans la direction de Luc, elle a submergé une certaine quantité de terrains, et amené des éboulements de la dune.

A Langrune, la mer a également envahi le jardin de M. de Franquenet sur une longueur de plus de 20 mètres.

Aux environs de Bayeux et de Pont-l'Evêque, bon nombre des pommiers ont été arrachés par le vent.

A Bayeux même, l'ouragan a renversé la partie supérieure de pinacle sur le côté méridional du portail de la cathédrale.

A Trouville, la mer était tellement grosse qu'elle a submergé les quais à l'heure de la marée, et que ses lames ont déferlé jusque par-dessus le pont qui traverse la Touques.

Près de Honfleur, la tempête a fait éprouver quelques dégâts aux propriétés longeant la mer, mais sans pertes considérable.

A Cabourg, la tempête s'est élevée avec une telle impétuosité, que la mer a remporté la digne des bains de Cabourg, passé par-dessus la route et envahi des maisons qui se trouvent à la descente de Caumont, au pied de la falaise, le long du chemin du Mauvais-Pas.

La mer a également fait sentir ses ravages à Houlgate, où elle a démoli la digue de Mlle Dupont de l'Eure.  

 

Mars 1869   -   Une dotation.   -   Sur la demande de MM. les maires de Trouville et de Deauville, le port de Trouville vient d'être doté d'un bateau de sauvetage.  

 

Mars 1869   -   Les sinistres maritimes.   -   Le Bureau Veritas vient de publier un relevé des sinistres maritimes survenu pendant le courant de l'année 1867, qui se résume ainsi :

Navire à voiles perdus totalement. : 3 711

Navires à vapeur perdus totalement : 131

Navire à voiles supposés perdus corps et bien : 189

Idem à vapeur : 14

Pertes totales pendant l'année 1867 : 3 045.

En 1866, les pertes n'avaient été que de 2 937.  

 

Mars 1869   -   La mer et les naufrages.   -   Dans la nuit du 29 au 30 mars, un abordage a eu lieu entre le bateau de pêche n° 81,  « Saint-Sauveur », patron Camu, et le bateau de pêche n° 33, « Saint-Jean », patron Michel, à une lieue et demie nord-est du port de Trouville. Il en est résulté pour ces deux barques des avaries assez graves : la première a eu son pont soulevé à l'avant, plusieurs bordages brisés jusqu'à l'arrière et aussi sa membrure ; la seconde a eu son beaupré rompu, son avant brisé et quelques avaries dans son bordage.

Ne pouvant tenir la mer dans la position où ils se trouvaient après l'abordage, le « Saint-Jean » et le « Saint-Sauveur » sont rentrés au port de Trouville dans la matinée du 30. Fort heureusement il n'est résulté pour l'équipage aucun accident regrettable

 

Avril 1869   -   Un ouragan.   -   Dans la nuit de samedi à dimanche, un nouvel ouragan s'est déchaîné sur notre contrée. Vers onze heures, le vent, qui était au sud-ouest, a sauté brusquement au nord, et a soufflé en tempête jusqu'au lendemain.

C'est entre deux et trois heures du matin que l'ouragan a éclaté avec toute sa violence. Les maisons étaient ébranlées comme par un tremblement de terre, par moments, on eut dit, tant la rafale était bruyante, que les éclats de la foudre se mêlaient assez mugissements.

À Caen, aucun accident grave n'est arrivé. Sur le cour, quelques baraques seulement ont été renversées.

Sur les berges du canal, 12 à 15 arbres ont été rompus, principalement dans la vallée située entre Blainville et Bénouville.

Par suite du mauvais temps qu'il faisait dimanche, les steamers pour Caen et Trouville sont restés au port.

Cette tempête a produit également de nouveaux dégâts, non seulement aux toitures, dont elle a arraché des tuiles ou des ardoises en quantité, mais aussi dans les champs et les vergers où elle a couché sur le sol une grande quantité d'arbres à fruits.

De plus, elle a donné une crue considérable à la crétine qui envahit la prairie de Caen et la vallée de la Dives dans toute son étendue, de telle sorte que la route de Caen à Rouen, dans la traverse de Troarn à Saint-Samson, est complètement ensevelie sous l'eau, dont la hauteur atteint, en quelques endroits, plus de 50 centimètres.

Depuis dimanche dernier, l'administration des ponts et chaussées à organisé un service de Charette pour passer les piétons qui circulent sur la route de Troarn à Saint-Samson. De longtemps on avait vu une pareille crue.

Les départements de l'Orne, de la Manche, de l'Eure, de la Seine-Inférieure et de la Sarthe, ont également ressenti les effets de cette tempête.  

 

Juin 1869   -  La saison des bains de mer.   -   Le temps exceptionnellement froid et pluvieux dont nous sommes affligés depuis plus d'un mois rend très mauvais le commencement de la saison pour nos villes  de bains. à Trouville, il y a très peu de location consenties ; à Deauville, les transactions sont plus paralysées que jamais ; à Villers, quelques familles seulement, parmi lesquelles on nous cite celle de l'amiral Jurien de La Gravière, ont retenu leur logement.  

 

Juin 1869   -   Fait divers.   -  Un nouveau service de navigation à vapeur, spécialement affecté au transport des marchandises, vient d'être inauguré entre Trouville-sur-Mer et le Havre.

Un steamer neuf, en fer et à hélice, le « Calvados », effectuera trois, départs du Havre et trois départs de Trouville par semaine. Cette nouvelle ligne contribuera, nous l'espérons, à la prospérité du port de Trouville.

 

Juillet 1869   -   Fait divers   -   Dimanche, vers 8 heures du soir, à la marée montante, un jeune homme récemment arrivé à Trouville, s'étant engagé imprudemment sur le banc à l'est des jetées, n’aurait pu regagner la terre sans le secours empressé qui lui fut porté par un des canots des bains, monté par MM. E. Toutain, adjoint au maire, et Cosley, baigneur. 

 

Juillet 1869   -   Fait divers.   -  Le 9 du courant, le cadavre d'un individu de 30 à 35 ans, portant le costume d'un marin, a été trouvé en mer sur le banc Caboeu. Les constatations médicales faites par M. le docteur Roccas, de Trouville, accompagné de M. le commissaire de police, ont prouvé que la mort remonte à vingt jours environ.

 

Juillet 1869   -   Fait divers.   -  Le navire de plaisance de M. d'Hautpoul a trouvé, à deux milles au large de Trouville, dans la direction du Nord, un mât de canot, long de 4 mètres, galipoté, et dont la fusée est peinte en gris. Il soutenait un habit noir de peu de valeur, contenant un couteau, quatre clés liées par un anneau, au canif à quatre lames et une pipe à court tuyau.  

 

Août 1869   -   Famille Royale.   -  Des appartements étaient retenus aux Roches-Noires, à Trouville, pour la reine Isabelle et sa suite. La famille royale d'Espagne a dû arriver dimanche.

 

Septembre 1869   -   Fait divers.   -  Dimanche soir, la vapeur allait bientôt quitter le quai de Trouville. La nuit était venue, une affluence énorme se pressait sur le quai alors que. les voyageurs s'engageaient déjà sur la passerelle du steamer. Une dame poussée par la foule tomba dans la Touques,; entre le navire et le quai, M. de Bragelonne, officier à bord de la « Ville-de-Paris », qui se trouvait sur le quai, se jeta de suite à l'eau et atteignit la personne en péril, mais non sans courir lui-même un grand danger, car elle le saisit d'une étreinte désespérée qui paralysa ses mouvements. Il lui a fallu une grande énergie pour ne pas abandonner son précieux fardeau. A peine ce sauvetage opéré, il prenait place sur le pont et il n'a pu changer de vêtements qu'à son arrivée au Havre.  

M. de Bragelonne n'en est pas à son coup d'essai. Il a reçu, il y a dix-huit mois, la décoration de la Légion d'honneur pour un sauvetage accompli avec le capitaine Surmont.

 

Août 1869   -   Un imprudent   -  Mercredi, vers neuf heures du soir, à marée montante, des cris de détresse partis d'un point fort éloigné de la plage, au delà, de l'ancien lit de la Touques, attirèrent l'attention de quelques promeneurs. L'un d'eux, M. Cécile Brion, de Verdun, quittant sa femme et ses enfants, courut donner l'éveil. Les employés des bains Delamarre et Paulin, aidés par lui, ainsi que par plusieurs autres personnes dont, nous regrettons de ne pas  connaître les noms, purent pousser, non sans de grandes difficultés, un canot à lame, opération pendant laquelle le pied de M. Cécile Brion, malheureusement engagé sous une des roues du chariot de transport, fut assez gravement contusionné. On arriva juste assez à temps à l'endroit d'où les cris de détresse continuaient à se faire entendre pour sauver d'un péril imminent deux imprudents commerçants de Paris qui, occupés à envoyer à la mer des morceaux de bois qu'un chien bien dressé rapportait ensuite, ne s'étaient pas aperçus que les flots étaient venus  les cerner de toutes parts. Ils avaient de l'eau jusqu'aux aisselles  quand le canot, malgré l'activité déployée en cette circonstance par les organisateurs du sauvetage, est parvenu jusqu'à eux. Ils ne se font pas fait prier, comme on le pense bien, pour y monter, et ont juré qu'on ne les y reprendrait plus.

 

Août 1869   -   Fait divers.   -   Dimanche dernier, à l'occasion de la fête de Sa Majesté l'Empereur, la compagnie des sapeurs-pompiers de Trouville était sous les armes. On remarquait le drapeau de cette compagnie, qui était orné d'une médaille en argent. Pour un grand nombre de personnes, cela était une énigme. On se souvient du terrible incendie qui a éclaté à Trouville dans la nuit du 1er  au 2 mai dernier, et qui a coûté la vie d'une jeune personne. La compagnie d'assurances la Normandie, qui sait toujours récompenser le mérite, crut devoir accorder une médaille en argent à M. Jory, capitaine, et verser, par l'intermédiaire de M. Lanfant, son représentant, une somme de 50 fr. dans la caisse de secours mutuels des sapeurs-pompiers de cette localité. M. Jory a offert cette médaille à l'honorable compagnie qu'il sait si bien commander. 

 

Août 1869   -   L’ex-Reine.   -   L'Espagne est majestueusement représentée à Trouville. Isabelle, son ex-souveraine, est, comme nous l'avons dit, installée avec sa suite dans l'annexe de l'hôtel des Roches-Noires, où elle a été accueillie avec enthousiasme... par le gérant du lieu, flairant avec volupté l'occasion d'augmenter le prix de l'ordinaire.

Dam ! on n'a pas tous les jours la veine d'alimenter des palais royaux.

La semaine dernière, Isabelle a pris son premier bain par une grosse mer, et les lames l'ont roulée comme une simple limonadière.

Un bon détail, relevé par l'un de nos confrères. On a remarqué, mais trop tard, que le guide à la mer chargé de mener à l'eau l'ex-reine, s'appelait... Prim.  N'est-ce pas jouer de malheur ?

 

Septembre 1869   -   L’ouragan du 12 au 13 septembre.   -  Une épouvantable tempête a sévi pendant quarante-huit heures sur notre contrée, elle a commencé dans la huit de samedi à dimanche, le calme n'est revenu que lundi dans la soirée.

A Caen, les dégâts ne sont pas fort considérables : un platane renversé sur le Cours-la-Reine, quelques branches et quelques vitres brisées, un coin de mur renversé rue Basse et la chute d'une cheminée, rue Saint-Sauveur sont, avec beaucoup d'ardoises et de tuiles arrachées aux toits, à peu près tout ce qu'on peut, ici, reprocher à la bourrasque.

Dans la campagne, sur les routes, les pertes sont beaucoup plus grandes, on ne voit qu'arbres brisés et renversés, les arbres fruitiers sont dépouillés de leur récolte, les pommiers sont partout fort endommagés.

Samedi, vers minuit, un canot à crevettes, portant le numéro 173, nommé « Victor et Rodolphe », moulé d'un seul marin, le sieur Prudent Fortier, âgé de 30 ans, ayant manqué à donner dans les jetées, il a été repoussé, à la mer et a fini par mouiller devant les mâts des bains de Trouville. A sept heures un quart du matin, on a vu ce canot en danger, puis chavirer et, disparaître, entraînant avec lui Prudent Fortier, qui laisse une veuve et deux enfants, une fille de 16 mois, de son mariage avec sa femme, la veuve Lebac, ayant un enfant de 1 ans de son premier mari qui, comme le deuxième, s'est noyé.

Déjà le 10 courant, le nommé Désiré Génie, étant dans son canot sans lest, a sombré à deux milles de Villers, il s'est cramponné â la mâture, où il s'est maintenu jusqu'à l'arrivée de la barque de pêche « Tout-à-Marie », n° 100, de Trouville, patron Gagnard, qui, l'ayant aperçu, l'a recueilli et déposé à Villers.

 

Septembre 1869   -   L’ouragan du 12 au 13 septembre.   -  Sur la plage, les incidents drolatiques n'ont pas manqué.

Le vent a enlevé des quantités incroyables de chapeaux, de casquettes et de chignons, qui roulaient sur le sable comme des disques, et sautaient ensuite à la mer pour disparaître bientôt.

Les promeneurs et les promeneuses à moitié enlevés, avec leurs manteaux et leurs jupes ballonnées, ressemblaient à ces ballons grotesques en baudruches qu'il est d'usage de lancer dans les fêtes publiques.

A Trouville, un marin s'était improvisé marchand de ficelles, pour attacher les chapeaux et les vêtements de ces dames, que le vent relevait avec trop d'impudeur.

On dit que cet ingénieux industriel a trouvé beaucoup de débit, surtout auprès de nos élégantes, qui veulent bien laisser admirer leur jambe jusqu'aux genoux, mais qui ont souvent de bonnes raisons pour que l'indiscrétion n'aille pas plus avant.  

 

Septembre 1869   -   Fait divers.   -   Un canot à crevettes de Trouville, monté par le nommé Guillebert, sorti de Dives dans la journée de samedi avec sa femme, sa fille et un matelot, s'est perdu en mer pendant la nuit. Les cadavres de la mère et de l'enfant ont, dit-on, été retrouvés.

 

Septembre 1869   -   Fait divers.   -   Mercredi matin, la barque de pèche « Justine-Madeleine », de Trouville, patron Bachelet, est entrée dans le port de Dieppe traînant à la remorque une barque dépourvue de son équipage et portant les inscriptions suivantes sur l'arrière « Espérance, Isigny », et sur l’avant « L, M. J. n° 1.442 ». Cette barque avait été trouvée, voguant à l'aventure, au milieu de la Manche.

On suppose qu'elle était, attachée à une bouée au milieu d'un port, que, pendant que l’équipage était à terre, l'amarre qui la retenait aura cassé et que le vent l'aura poussée au large.

Elle était d'ailleurs munie d'un bout d'amarre qui donne quelques raisons d'être à cette supposition. Tout porte, à croire qu'il n'y a pas perte d'hommes à déplorer.  

 

Décembre 1869   -   Fait divers.   -  Nous savons de bonne source, lisons-nous dans l'Avenir trouvillais, que la question du chef-lieu de canton demandé pour Trouville est en ce moment en bonne voie de solution. L'administration s'en occupe activement. M. le maire de Trouville fait en ce moment les dernières démarches nécessaires avant le commencement de l'enquête qui va s'ouvrir.  

 

Janvier 1870   -   Les Cantons.   -  Voici les noms des communes qui doivent faire partie du nouveau canton de Trouville, si l’enquête n'y apporte aucun changement. Il se composerait des communes de Trouville, Deauville, Villerville, Touques, Saint-Arnoult, Bénerville, Tourgéville, prises aux dépens du canton de Pont-l’Evêque, et des communes de Blonville et Vauville, détachées du canton de Dozulé. Sa population serait de 10.115 habitants.

Pour compenser la perte que subirait, le canton de Pont-l'Evêque, on lui attribuerait trois communes du canton de Blangy, Saint-Julien-sur-Calonne,  Pierrefitte et le Vieux-Bourg, plus la commune de Glanville qu'on détacherait du canton de Dozulé.

Les cantons de Honfleur et de Cambremer resteraient tels qu'ils sont actuellement.

 

Janvier 1870   -   Fait divers.   -  Dans la nuit de mercredi à jeudi, vers 3 heures, les habitants furent mis en émoi par le son sinistre de la générale, battue dans les rues de Trouville. Le feu venait de se déclarer au domicile de la veuve Vannier, épicière, rue de Pont-l'Evéque.

La veuve Vannier habitait avec son fils et fabriquait de la chandelle pour plusieurs maisons d'épicerie de notre ville. La feu, dit-on, a pris dans la fonderie. Malheureusement la mère et le fils étaient affligés d'une surdité complète. Le file s'étant aperçu de l'incendie alla réveiller sa mère, mais cette malheureuse femme, qui voulait sauver divers objets assez précieux, n'entendait et ne s'apercevait pas des progrès du feu.

Des personnes arrivées les premières sur le lieu du sinistre, la connaissant, montèrent à sa chambre et, la trouvant vide, crurent qu'elle était sortie et restée chez quelque voisin, il n'en était pas ainsi, car, l’incendie éteint, on a découvert son cadavre carbonisé tenant, encore dans ses bras une pendule de peu de valeur.

Deux maisons ont été brûlées, l'une à la veuve Vannier et l’autre à un nommé Creste, fossoyeur. Les dégâts sont évalués à environ 20.000 francs. Creste n'était pas assuré. Pour la femme Vannier, malgré l'interrogatoire du fils par M. le commissaire de police, on n'a pu le savoir au juste.

Quoique l'incendie fut assez considérable, il a été éteint, en deux heures par les pompiers de Trouville, encouragés par la présence des autorités de la ville.

 

Février 1870   -   Fait divers.   -   La barque de pèche « Espérance n° 89 », d'Honfleur, et rentrant au port du Havre, pour prendre place à l'anse des pilotes, s'est trouvée drossée par le vent, et est venue donner sur la plate « Alliance n° 131 », de Trouville, et, avec son beaupré, lui ai défoncé la grande voile. « L'Espérance » n' a pas eu d'avarie.  

 

Février 1870   -   Fait divers.   -   Un oiseau très rare dans nos parages vient d'être capturé vivant sur le littoral de Trouville. Il s'est abattu du haut des airs sur un appât flottant, à peine l'eût-il avalé qu'on le vit se débattre pour se dégager de l'hameçon au moyen duquel les chasseurs s'en sont emparés.

Cet oiseau est le Fou blanc de Basson, il habile les contrées septentrionales des deux mondes, ses ailes ont un mètre quatre-vingts centimètres d'envergure, sa grosseur est celle d'une oie de belle taille. C'est le premier volatile de cette espèce qu'on ait jamais vu sur les côtes de France.  

 

Mars 1870   -   Accident de mer.   -   La barque de pêche n° 4, de Trouville, « Auguste-Victorine » est arrivée sur la rade du Havre avec un seul homme à bord, le patron Halley. Cette barque se trouvant mardi, vers cinq heures du soir, à 18 milles de la Hève, fut abordée à l'arrière par un trois-mâts étranger, courant dans l'ouest et dont on ignore encore le nom. L'abordage fut si violent et le choc qui en résulta si grand, que les hommes dé l'équipage et le mousse, fils du patron, sautèrent à bord du trois-mâts.

Halley resté seul, descendit aussitôt dans sa chambre pour prendre l'argent qu'il y avait, environ 2,500 fr., et le jeter à son fils, mais le navire était déjà loin, et peut-être cette somme, considérable pour un pêcheur, est-elle tombée à la mer. La barque avait son couronnement brisé, sa grande voile défoncée, son pic et sa borne cassés, ses sennes coupées, il ne restait au malheureux pêcheur que son foc pour gouverner, cependant il est arrivé cette nuit sur rade, et il a débarqué pour faire sa déclaration à la marine. Le steamer « Lamartine » est sorti pour prendre à sa remorque le « Auguste-Victorine », et la ramener à son port d'attache. On pense que l'équipage de la barque de pêche sera débarqué, parle trois-mâts, sur les côtes d'Angleterre.

 

Mars 1870   -   Fait divers.   -   La barque de pêche « Berthe-et-Marie », n° 28, de Trouville, patron Louis Halley, entrée au Havre a débarqué un ballot de tabac marqué « Havana »  n° 1, qu'il a sauveté lundi dernier, vers cinq heures du soir, à 15 milles au nord d'Antifer. Le patron rapporte avoir aperçu au large de nombreuses épaves flottantes et notamment l'arrière d'un navire.

 

Mars 1870   -   Abordage.   -   Le navire anglais « Linden de Llanelly », venant de Swansea à Trouville, avec un chargement de 334 tonneaux de charbon, a été abordé et coupé en deux, dans la nuit de jeudi, 10 mars courant, au large du cap de la Hague, par le steamer « Cronwell », allant de Londres à Cardiff. Le « Linden » a sombré immédiatement. Le capitaine, M. Howell, le second et le mousse ont été sauvés et débarqués à Cardiff, le 12 courant, malheureusement, 4 marins ont perdu la vie dans l'abordage.

 

Avril 1870   -   Fait divers.   -   On voit assez souvent des malfaiteurs se complaire à couper les pieds des arbres ou... les jarrets des chevaux et des bœufs dans les campagnes, mais ce qui est plus rare et plus nouveau, c'est de couper sa maison à ras du sol !

Quelque singulière que puisse paraître cette idée, elle a été réalisée cette semaine à Trouville, rue Tarale. Mardi, à 10 heures du soir, un marin du nom de L….... rentrait chez lui, dans un  état tel que Noé ne l'eût pas écarté de sa compagnie.

L…... a le vin triste, c'est malheureux, mais qui faire ? Il gronda sa femme, cria, tempêta, brisa tout dans sa maison, puis ne trouvant plus rien à détruire il résolut, effort suprême, de démolir sa maison même.

Il sortit, armé d'une scie et d'un marteau, frappa sur le mur et fit sauter les briques, arrivé aux charpentes, il les scia. Tout cela se passait en présence de voisins assemblés, qui riaient comme des fous, mais qui se gardaient bien de l'en empêcher. LA maison cependant a résisté. Le pauvre garçon, épuisé de fatigue, s'est endormi et.... aujourd'hui il replâtre sans doute ses murs lézardés.

 

Avril 1870   -   Avis.   -   Les mans ont déjà commencé leurs ravages printaniers, les hannetons vont bientôt sortir de terre. Nous recommandons tout spécialement la destruction de ces coléoptères qui, l'année dernière, ont causé aux agriculteurs des pertes qui se chiffrent par des millions de francs.

 

Mai 1870   -   Fait divers.  -  Dimanche, vers 9 heures du matin, un incendie s'est déclaré au domicile du sieur Pierre dit Bertrand, quartier du Parc-aux-Huîtres, à Trouville, il a été éteint par les pompiers de ce quartier. L'immeuble était assuré, mais le mobilier du sieur Pierre ne l'était pas. Tout fait supposer que ce commencement d'incendie est purement accidentel.

 

Septembre 1870   -  La République.   -   Dans les églises, le Domine salvum fac Republicam a remplacé le Domine salvum fac Imperalorem. Il ne manquait à la République que la sanction religieuse. Elle lui est donnée.

 

Septembre 1870   -  La République.   -   Les Conseils municipaux sont dissous, dans chaque commune, les fonctions municipales sont confiées à une commission composée : pour la ville de Caen, de sept membres ; pour les villes de Bayeux, Condé-sur-Noireau, Falaise, Honfleur, Lisieux, Pont-l'Evêque, Trouville et Vire, de cinq membres et de trois membres pour les autres communes.

 

Septembre 1870   -  Avis.   -   Le comité de défense du département du Calvados, devant lequel des inquiétudes ont été manifestées, au sujet d'une circulaire énonçant les mesures à prendre pour faire le vide devant l'invasion, a reçu de autorité Militaire et donne aux populations l’assurance formelle qu'il ne s'agit, quant à présent, que de conseils et d'avertissements  pour les préparatifs à faire en vue de l'arrivée de l'ennemi, mais non d'exécution des mesures elles-mêmes.

 

Octobre 1870   -  Fait divers.   -   Encore une fois, le ciel, normand s'est trouvé illuminé par une aurore Boréale. Une splendide couleur rouge éclairait l'espace et formait un arc-en-ciel très régulier, que malheureusement le passage de nombreux nuages obscurcissait à de fréquents intervalles.

Jadis, les aurores boréales étaient regardées comme le signe de sanglants désastres, aujourd'hui, on les attribue tout simplement à l'ignation spontanée du fluide magnétique qui s'enflamme comme la limaille de fer. On a remarqué que le sommet de l'arc dominait toujours le méridien magnétique du lieu d'observation.

Arago croyait avoir trouvé le signe précurseur de ce phénomène dans un mouvement sensible de l'aiguille d'inclinaison et de l'aiguille de déclinaison, qui tous les matins du

jour ou doit, se montrer l'aurore dévie de 5 à 15 minutes.

En regardant l'aurore, beaucoup de gens croyaient y voir la réalisation de la fameuse prophétie de Blois, qui annonce une grande perturbation dans le ciel. Malheureusement pour les amateurs du merveilleux, les aurores boréales sont si peu rares que jusqu'à la moitié du siècle dernier, on avait déjà recueilli près de mille observations, et dans les régions polaires où elles sont permanentes.

 

Octobre 1870   -  Fait divers.   -   Le 20, à Trouville, spectacle grandiose et terrible. La mer s'est avancée jusque dans les rues, elle a brisé ce qui restait de cabanes sur la plage, elle a bouleversé et enlevé le chemin de planches, entraîné les escaliers de bois qu'on avait établis aux Roches-Noires et devant certaines maisons. On estime à 10.000 fr. les dégâts causés par cette mer furieuse. Le spectacle est affreux maintenant, on ne voit que des débris de toute nature. Un brick anglais, chargé d'armes à destination de France, a sombré.

 

Décembre 1870   -  Fait divers.   -   Depuis plusieurs jours, les oiseaux émigrants passent précipitamment et par grandes masses. C'est un présage de mauvais temps et d'un rude hiver.

 

Mai 1871   -  Un accident maritime.   -  Un affreux accident, maritime, comme il en arrive, hélas ! trop fréquemment dans nos parages, nous est signalé de Trouville-sur-Mer. Une barque à voile montée par trois ou quatre personnes quittait dimanche, dans la matinée, le port de Trouville. Un petit nombre de curieux qui la suivaient du regard, la virent bientôt disparaître dans la  direction de Dives, qui semblait être le but que voulaient atteindre les promeneurs.

Que s'est-il passé depuis le moment ou la barque disparut aux yeux ? Nul ne le sait. Toujours est-il que lundi matin, le patron de pêche Prentout rentrait dans le port du Havre, ayant à la remorque la barque partie dimanche de Trouville. Cette barque trouvée au large, allant à la dérive, était complètement désemparée et vide de passagers. 

On suppose qu'assaillie dimanche par la violente bourrasque qui n'a cessé de souffler pendant une grande partie de la journée, la barque aura chaviré en précipitant dans les flots les malheureux qui la montaient. Cette barque était montée par M. Piolet, sous-patron de la Douane à Trouville, M. Blavet, du Havre, et MM. Cartèze et Chaudein, de Paris.

 

Juin 1871   -  Fait divers.   -   Aucun des cadavres des infortunés qui ont sombré lundi au large de Trouville, n'a encore été retrouvé. 

Le bateau qui a sauvé au large l'embarcation désemparée est la barque de pêche de Trouville « Paul et Louis », n° 58, patron Prentout.  

 

Juin 1871   -  Fait divers.   -   Une des victimes du drame effrayant que nous avons publié il y a quinze jours, le matelot Piolet a été retrouvé à Lion-sur-Mer. Samedi, à la marée de 10 heures, la barque « Epi-de-la-Vierge », patron Angeot, a trouvé, entre Villerville et le Ratier, le corps de Charles Cortès, âgé de 14 ans, le cadavre a été transporté d'Honfleur à Trouville, dimanche à midi et a été déposé dans le caveau de Notre-Dame-de-Bon-Secours, l'inhumation aura lieu jeudi.

Lundi soir, à la marée de 3 heures, on a rapporté le corps d'Émile Chaudin, retrouvé à 3 lieues au nord, dans un état de putréfaction avancé. Il ne reste donc plus à retrouver que le cadavre de Clavé.  

 

Juin 1891  -  Un bateau de pêche coulé. -  Le 29 juin, à  1 heure du matin le bateau  de pêche « Union Républicaine », N° 86 de Trouville, a été coulé par un steamer, près de Cromer ; le patron s'est noyé ; quatre hommes et un mousse ont été débarqués à Douvres par le steamer anglais « Napier » .

 

Juillet 1871   -  Accident.   -  Un nouveau sinistre maritime est venu apporter le deuil dans une famille de pêcheurs de la côte du Calvados. Le 29 juin, la barque de pêche de Trouville no3 «  Jeanne de la Providence », patron Victorin Habey, entrait à Trouville avec un naufragé, le sieur Seigle, patron d'un canot armé à Bernières pour la pêche au maquereau qu’elle avait recueilli à 8.000 mètres au large de Bernières, cramponné à un aviron.

Il paraît que, pendant que ce patron était occupé à emboîter ses applets au fond de l’embarcation, un grain vint surprendre le matelot qui était à la barre gouvernant sous voile, et qui moins expérimenté, ne put à temps manœuvrer pour empêcher l'embarcation de chavirer sous voile. Ce marin disparut dans les flots. Lorsque le patron Seigle fut recueilli à bord du n° 3, il perdit connaissance. Les recherches faites pour retrouver le marin furent infructueuses. Le bateau n° 3 dut rentrer à Trouville, mais avec un seul des marins qui montaient l'embarcation.

 

Juin 1871   -  Nouvelles du Calvados.   -  Depuis quinze jours, l'état sanitaire du département au Calvados s'est sensiblement amélioré, les maladies épidémiques ont complètement disparu. Partout, la mortalité, a repris sa moyenne ordinaire.

Durant les six premiers mois de l’année 1871, le chiffre de la mortalité s'est élevé à Caen, à 1.464. Pendant la même période de temps, en 1870, on avait complé que 773 décès. Enfin, pendant l'année du choléra, le nombre des décès pendant les six premiers mois de 1866, n'avait été que de 803.

Comme on le voit pendant les six premiers mois de 1871, le chiffre de la mortalité, à Caen, comparé avec celui de l’année précédente, a presque doublé.

 

Août 1871   -  Fait divers.   -   Les jeunes gens appelés par le sort à former le contingent de l'armé, et maintenus dans leurs foyers comme soutiens de famille, oublient  quelquefois que cette faveur leur impose, vis-à-vis de leurs parents, des obligations rigoureuses. Un jeune soldat du Loiret, classe 1868, qui se trouvait dans ce cas, vient d'être dirigé sur le régiment auquel il avait été affecté, pour y accomplir le temps de service de sa classe, par suite de l'abandon dans lequel il avait laissé ses parents.

 

Août 1871   -  Avis aux cultivateurs.  -  L'autorité militaire a reçu des instructions pour mettre des soldats à la disposition des cultivateurs, pour les travaux de la moisson, à la condition que les travailleurs recevront des indemnes convenables. Il ne sera satisfait d'ailleurs qu'aux demandes approuvées par les maires.

 

Août 1871   -  Accident de la route.   -   M. Baulit, médecin, monté dans une voiture dite panier, avec deux de ses amis, retournait à son domicile à Trouville. Arrivé à l'endroit appelé Pont-Lefèvre, le cheval effrayé par un objet de literie déposé sur la route, fit un tel mouvement de recul qu'il brisa son harnais, se fit des blessures aux jambes, devint furieux, n'obéissant plus aux injonctions de son guide. M. Jacques Moulin, métreur de travaux à Villers, s'apercevant du danger que couraient les trois voyageurs, dans un endroit bordé de fossés et d'escaliers, sauta résolument à la tête du cheval et fut assez heureux pour le maîtriser après une course vertigineuse de 40 m. environ, non sans avoir encouru lui-même des dangers sérieux. Ce n'est pas la première fois que M. Moulin fait acte de courage et de dévouement, car en 1853 et en 1857, il a déjà reçu des récompenses pour faits de sauvetage.  

 

Septembre 1871   -  Fait divers.   -  Parmi les personnes récemment arrivées à Trouville, on cite Mme la marquise de Galiffet et ses enfants, M. Charles Laffitte, le maréchal Canrobert, M. Thiers est attendu.

 

Janvier 1872   -  Accident de pêche.   -   Dimanche dernier à Trouville, le marin Toneto, en jetant le chalu d'une barque de pèche, s'est trouvé la jambe prise dans le filin et a été précipité à la mer. Les secours jour le sauver ont été inutiles.

 

Janvier 1872   -  Les auteurs des vols de volailles.   -   Le 19 janvier, la gendarmerie de Trouville a découvert à Touques les auteurs de nombreux vols de volailles, commis depuis environ un an dans le bourg de Touques et aux environs. Les époux Labbé faisaient vendre le produit de leurs vols par deux de leurs enfants âgés de 14 et 13 ans, ainsi que pour le jeune Roussel, âgé de 12 ans. Toute la responsabilité de ces  vols retombe donc sur les époux Labbé, qui faisaient bonne chère au détriment de leur prochain.

 

Janvier 1872   -  La rareté du poisson.   -   Depuis longtemps on n'avait vu, sur nos côtes, le poisson aussi rare, par suite du mauvais temps continuel que nous avons éprouvé pendant près de six semaines. Cet état de choses rend, on le comprend, la vie difficile dans les localités riveraines de la mer. 

 

Mars 1872   -  Le gel.   -  Les désastres occasionnés par les gelées des nuits dernières sont plus graves qu'on ne je suppose généralement. Les lettres que nous recevons de divers points de la Normandie sont unanimes pour le reconnaître.

 

Mars 1872   -  Est-ce possible.   -  On lit dans l’Avenir les lignes suivantes auxquelles nous ne pouvons croire :  

« Le mercredi 13 mars, « l’Auguste-Vitorine », bateau dépêche n° 4, de Trouville (Calvados), venait mouiller dans la baie d'Hastings, canton de Sussex, (Angleterre), Dénué de toutes vivres et se trouvant sans argent, le patron Auguste Hallez mit à terre le poisson, produit de sa pêche, afin de: le mettre en vente et de se procurer les approvisionnements qui lui manquent. Les autorités anglaises ne lui permirent pas d'exécuter son projet, et lui enjoignirent de rembarquer sa  pêche, lui donnant pour toute raison de cette défense, que, par suite de la rupture du traité de commerce, le poisson de seine française ne pouvait être vendu en Angleterre.

 

Juin 1872   -  Fait divers.   -  D'après les documents relatifs au recensement recueillis jusqu a ce jour, on, estime et que la population du Calvados a diminué de 25.000 habitants, depuis le recensement de 1866.

 

Juin 1872   -  Accidents à Trouville.   -  Il y a des journées fertiles en événements tragiques, telle était celle qui vient de secouer à Trouville. 

Mardi le sieur B…..., ouvrier maçon, est tombé du second étage d'une maison en construction, cité Mahieux, les craintes occasionnées par cette chute étaient heureusement moindres que ne le faisait supposer l'état du blessé évanoui : elles se résumaient à une forte entaille à la tête et une blessure du bras. Les soins donnés par le docteur Boulai le remirent bientôt sur pied, et il put regagner péniblement son domicile, aidé par deux personnes.

  -  Sur le quai, dans la matinée, une voiture descendait la rue Notre-Dame, conduite par une dame et sa petite fille, arrivée au bas de la descente, le cheval, on ne sait pourquoi, se mit à reculer dans la direction de la rivière, la femme voyant le danger, sauta pour pouvoir l'arrêter, mais ce fut en vain, la petite fille eut aussi la présence d'esprit de sauter sur le granit. Il  était grand temps, car cheval et voiture disparaissaient dans le vide, la mer était basse, et, chose extraordinaire, cheval et voiture ont eu peu d'avaries. 

  -  La même jour, une nouvelle qui circule en ville y produisit grande sensation : on parlait d'une mère de famille et de cinq enfants empoisonnés. Voici ce qui s'était passé : Cette femme n'est pas très heureuse, quoique très laborieuse, elle a beaucoup de peine à élever sa nombreuse famille, aussi des personnes charitables s'empressent elles souvent de lui porter des aliments, c'est ce qui était arrivé le jour en question, un plat de viande lui avait été donnée. Cette viande était-elle insalubre ou bien avait-elle cuit et refroidi dans un vase en cuivre mal étamé, l'on ne sait, toujours est-il qu'après l'avoir mangée, toute la famille éprouva les symptômes d'un empoisonnement qui heureusement n'a eu que l'inconvénient de leur faire garder le lit pendant plusieurs jours.

 

Juin 1872   -  Accident et dévouement.   -  Mercredi dernier, vers 5 heures et demie du soir, un enfant de 6 ans qui jouait sur le quai de Trouville, près de la poissonnerie, est tombé dans la rivière. La mer était haute, le pauvre enfant était infailliblement perdu, sans le secours  d’un jeune mousse de 14 ans , nommé Auguste-Victorin Pilmont, appartenant à l'équipage de la barque n° 103. Ce jeune homme, sans aucune hésitation, avec un sang-froid et un courage peu communs à son âge, s'est précipité tout habillé du quai dans la rivière et a réussi non sans peine, à ramener à terre l'enfant que le courant emportait. Nous ne saurions trop louer la présence d'esprit et l'intrépidité de Piémont, qui a droit aux plus grands éloges et que nous serions heureux de voir récompenser comme il le mérite.  

 

Juillet 1872   -  Échouage.   -  En entrant à Trouville, le joli petit stamer « Dardare », capitaine Jean, s'est échoué. Une partie de son chargement, 800 pains de sucre, a été endommagée. Le navire qui n'a aucunement souffert a été  renfloué après plusieurs essais infructueux.

 

Juillet 1872   -  Accident.   -  Mardi, vers midi, M. François Biais, ancien maître de barque à Trouville, se promenant sur le quai devant les bateaux de l'hospice, a eu l'imprudence d'appuyer la main gauche sur la roue d'engrenage de la grue, au moment où on la mettait en mouvement pour descendre un lourd fardeau. Ce malheureux a eu les deux derniers doigts de la main littéralement broyés.

 

Août 1872   -  Loi sur les boissons.   -  Tout détenteur d'appareils propres à la distillation d'eaux-de-vie ou d'esprits est ténu d'en faire, au bureau de la régie, une déclaration énonçant le nombre et la capacité de ses appareils.

 

Août 1872   -  La fin du monde.   -  On sait que la fin du monde avait été prévue pour le 5 de ce mois, elle n'a pas eu lieu, parce qu'elle a été, paraît-il, remise au 12 août, selon les uns, et selon les autres, au 15 août, fête de l'ex-empereur.

 

Août 1872   -  Les bains de mer.   -  Nos côtes commencent à se peupler de baigneurs. Les locations, pour le mois d'août, se sont faites à des prix assez élevés, quoique inférieurs aux  années précédentes.

M. Thiers est arrivé lundi à Trouville, où il a été reçu avec acclamations.

Trente douaniers font un service d'honneur à l'entrée du chalet. Deux petits camps microscopiques sont installés à côté de la résidence présidentielle. Un fil télégraphique met le chalet en communication avec l'hôtel de la présidence à Versailles. M. Rampont, directeur des postes, vient d'organiser un service entre Versailles et Trouville.

Le Ministre de la guerre est attendu à Houlgate, où se trouve l’ex-reine d'Espagne. A Fillers, M. Say, le préfet de la Seine. A Cabourg, Georges Sand. A Villers-sur-Mer, M. le duc de Nemours est arrivé lundi.  

 

Août 1872   -  M. le Président.   -  M. Thiers, après un court séjour à Paris, est revenu à Trouville, où se sont donné rendez-vous toutes les célébrités du monde élégant et politique. M Thiers a visité Honfleur, il était accompagné de M. Ferrand, préfet du Calvados, et des autorités de la ville et de l'arrondissement, M. Thiers doit également visiter le Havre, et peut-être Caen.

La journée du 14 août a été troublée par un incident regrettable. M. de Valon, originaire du département de l'Orne, faisait sur un yacht russe une promenade en mer, en compagnie de quelques jeunes gens étrangers, quand la fantaisie leur prit de crier : Vive l'empereur ! à bas Thiers ! etc……. On s'émeut sur la plage, la police est prévenue, et à leur débarquement ces messieurs sont conduits devant le commissaire de police et de là mis au poste pour quelques instants. On assure que cette affaire va avoir son dénouement devant la police de Pont-l'Evêque. 

L'artillerie vient de couler bas un canot placé à 7 kil. en mer. M. Thiers a été satisfait, plusieurs décorations ont été données. 

La musique qui était partie en Amérique est annoncée pour samedi à Trouville.  

 

Août 1872   -  Le Président.   -  M. Thiers est toujours à Trouville, il y restera, si le temps le permet, vingt jours encore. Le Prince de Galles est venu à Trouville, il a eu une entrevue avec M. Thiers. L'ambassadeur de Russie est également venu à Trouville. Les expériences de guerre se continuent avec succès. La musique de la garde républicaine, de retour d'Amérique, est venue à Trouville : M. Thiers doit se rendre prochainement au Havre : Le voyage de Caen n'est pas complètement abandonné, il se pourrait qu'en se rendant à Cherbourg, M. Thiers s'arrêtât quelques instants à Caen.  

 

Septembre 1872   -  Cris séditieux.  -  M. de Vallon, condamné à cinq jours de prison et 15 fr. d'amende, pour avoir, à Trouville, crié  « vive l'empereur ! m.…. pour Thiers ». a subi sa peine dans la maison d'arrêt de Rouen.

 

Novembre 1872   -  Naufrage.  -  Mercredi soir, le brick norvégien « Likk Kens prove », monté par huit hommes d'équipage, chargé de bois du Nord, pour le Havre, avait essayé de mouiller en rade. A trois heures et demie du matin, le navire talonnait sur le banc de Trouville, le capitaine fît mouiller les ancres et l'équipage coupait la mâture. Les chaînes cassèrent et la mâture s'abattit, il ne restait plus que le grand mat. Le capitaine fit mouiller deux autres ancres sur les grelins.

Jeudi, vers 8 heures du matin, la barque de pêche, le « Protégé-de-Marie » patron François Croix, qui revenait au port de Trouvrille aperçut le brick en détresse. Il manœuvra résolument pour l'approcher, il y réussit après plusieurs tentatives. L'équipage composé de huit hommes, embarqua à deux reprises dans une frêle pirogue norvégienne et put atteindre sain et sauf la barque de pêche, qui débarqua à dix heures du matin les huit naufragés dans le port de Trouville, aux applaudissements de la foule émue.

  M. L……., demeurant à Trouville, témoin du courage déployé par l'équipage du « Protégé-de-Marie », dans ce sauvetage, a versé une somme de 120 francs pour être répartie également entre les sauveteurs.    M. le comte d'Hautpoul a fait remettre aux naufragés la somme de 300 francs

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Novembre 1872   -  Naufrage.  -  Sur les cotes de France , d’Angleterre, de Norvège et du Danemark, le chiffre des navires échoué est de 104.

  Par suite du mauvais temps, un grand nombre de barques de pêche et même des bâtiments de plus fort tonnage, même des steamers, ont été obligés d'entrer en relâche au Havre. Parmi les relâcheurs se trouve notamment le steamer « Albion », venant de Honfleur et allant à Londres, c'est ce même steamer qui, on se le rappelle, avait coulé par suite d'une voie d'eau, il y a quelque temps, dans le port même. 

 

Décembre 1872   -  Bonne nouvelle.  -  M. Thiers serait, dit-on, en pourparlers pour acheter un terrain à Trouville et y faire construire un chalet. 

 

Janvier 1873   -   Profanation.   -   Le 24 de ce mois, on procédait à l'inhumation du sieur A. M...., jeune homme de 17 ans, mort de la poitrine à l'hôpital de T........ Le cercueil qui contenait le cadavre était si mal fait et avec du bois si peu convenable, que les porteurs craignaient à chaque instant de ne pouvoir aller de l'hospice au cimetière, tant le poids du corps, qui n'était pas bien lourd cependant, faisait craquer et disjoindre les planches, aussi, dès qu'on eut déposé le cercueil dans la tombe, il s'ouvrit à la première pelletée de terre qu'on jeta dessus et laissa voir une partie du corps. Un mouvement de juste indignation s'est manifesté parmi les assistants, contre le menuisier et contre l'administration de la commune, aux frais de laquelle le cercueil avait été construit. 

 

Février 1873   -   Sinistres en mer.   -  Le ministre de la marine a reçu les plus tristes nouvelles. Il parait qu'un grand nombre de sinistres ont été constatés depuis trois jours dans la Manche, et que d'importants bâtiments ont péri. En vue de nos côtes, un navire a été signalé en détresse, le bateau à vapeur de Caen au Havre n'a pu effectuer son service.

 

Mars 1873   -   Accidents de mer.   -   Jeudi, vers 7 heures du matin, la goélette la «  Persévérante  », d'Isigny, chargée de charbon, s'est échouée à Trouville, en dehors de la jetée, du côté de Deauville. Poussée par la marée et par le vent, elle a fait naufrage contre la jetée même. Le navire est perdu. Le capitaine n'avait pas cru devoir prendre un pilote, malgré qu'il ne connaissait pas, sans doute, le port.

— Le même jour, une barque de Trouville a ramené le cadavre d'un homme trouvé en mer. La mort paraissait, remonter à plusieurs mois. Aucune constatation d'identité n'a pu être faite, vu la décomposition du corps.

 

Mars 1873   -   Mort subite.   -  La barque de pêche n° 5, de Trouville, patron Vasseur, est entré au Havre pour y débarquer le corps d'un jeune homme, nommé Loisel, âgé de 17 à 18 ans, mousse à bord, qui était mort subitement, au moment même où il prenait son repas.  

 

Avril 1873   -   Pêche miraculeuse.   -   La pêche du maquereau est miraculeuse en ce moment sur nos côtés de Normandie. Cinq bateaux sont entrés, rapportent 105 800 Maquereaux, 9 700 avaient été salés en route.

 

Avril 1873   -   Phénomène.   -  Mercredi, tout le monde a pu voir sur le marché de Trouville un superbe veau à deux têtes, né le matin, à la ferme de M. Durand, cultivateur à Touques.

 

Mai 1873   -  Les Événements.   -   Samedi soir, M. THIERS a donné sa démission, de Président de la République française. Il a été remplacé par le maréchal DE MAC-MAHON, duc DE MAGENTA. Le maréchal-Président est âgé de 65 ans.

 

Juin 1873   -  Le Maréchal Mac-Mahon en Normandie.   -   On s'attend sur la côte normande, pour la fin du mois, à la visite du maréchal président de la République. Les préfets du Calvados et de la Seine-Inférieure ont été prévenus.

 

Juin 1873   -  Saison des bains.   -  Il se confirme que le maréchal de Mac-Mahon viendrait passer quelques semaines à Houlgate. —  M. Thiers, de son côté, reviendrait à Trouville, au chalet Cordier.    Enfin, la princesse Mathilde viendrait séjourner à Villers-sur-Mer.

 

Août 1873   -   Glanage.   -   Au moment des récoltes, il est utile de rappeler un arrêt de la Cour de cassation qui concerne le droit de glanage. Les propriétaires et fermiers pensent faire un acte de générosité en laissant les pauvres de la commune qu'ils habitent râteler et grappiller après l'achèvement de la récolte.

C’est une erreur, il résulte de la jurisprudence de la cour suprême que ce n'est pas un acte de philanthropie qu'ils exercent, mais un devoir qu'ils accomplissent. 

 

Août 1873   -   Naufrage.   -  Trouville, au milieu de ses fêtes, paie en ce moment une dette énorme au malheur. Après les deux accidents que nous avons publiés dans notre dernier numéro, dont un a été cause de mort, un plus terrible encore vient de frapper la population maritime de cette localité.

— Mercredi, vers dix heures un quart du matin, cinq hommes, composant l'équipage de la barque de pêche n 52, patron Eugène Halley, montèrent dans une petite embarcation pour rejoindre cette barque, qui était restée échouée à la marée précédente à l'entrée de la rivière, sur le sable. Au moment où ces matelots partaient pour se rendre à bord, la mer montait rapidement, les vagues se brisaient avec fracas contre les estacades ou sur la plage, et il était presque certain, pour des hommes envisageant sérieusement le danger, que le petit esquif ne résisterait, pas à la mer, très forte depuis l'apaisement de nos grandes chaleurs. Près de sortir des estacades et non loin de la barque de pêche, la petite embarcation montée par les cinq hommes en question chavira sous la puissance d'une lame, et tout le monde fut précipité à la mer. Un cri horrible sortit de la poitrine des spectateurs et la foule se porta sur le  théâtre de l'accident. Immédiatement les secours s'organisèrent, deux des matelots purent gagner terre et cherchèrent encore à retrouver leurs camarades, peu d'instants après, on retrouva Louis-Constant Main, âgé de 67 ans, qui donnait encore quelques signes de vie, mais qui, malgré les soins qu'on ne cessa de lui prodiguer, expira au bout d'un moment. Les deux autres marins, dont les corps n'ont pu être retrouvés que plus tard, sont : Victor Toutain, 32 ans, et Constant Desmares, 45 ans. Tous les trois étaient pères de famille. 

 

Août 1873   -   Quitte pour la peur.   -  Une vive émotion a circulé sur la plage de Trouville. Le prince Arthur, d'Angleterre, en prenant son bain, a perdu pied et a failli se noyer. Son aide de camp et un baigneur sont parvenus à le sauver. Le baigneur, nommé Costé, a été largement récompensé. Cela se comprend.  

 

Août 1873   -   Quitte pour la peur.   -  Sur la plage de Trouville, une femme de chambre de Mme la comtesse des Maisons se baignait devant les Roches-Noires, lorsque tout à coup, soit qu'elle eût trop préjugé de ses forces, soit que le courant fût plus violent que de coutume, elle fut entraînée et disparut. Le sieur Pilon, maître nageur, s'élança à son secours et la ramena. Des soins bien entendus ont rappelé à la vie la pauvre femme. 

 

Août 1873   -   Les présages.   -   Un immense vol de corbeaux a passé sur Paris, se dirigeant vers le sud-ouest. On eût dit un nuage noir en forme de triangle, fendant l'étendue avec une vitesse de locomotive.  C'est signe de grand froid pour l'hiver, quand les vols de corbeaux passent aussi tôt. Pour les personnes superstitieuses, c'est signe de malheur.

 

Septembre 1873   -   Sinistre en mer.   -   Le 14 septembre, à 9 heures du soir, la chaudière du steamer « Calvados », qui revenait de Trouville, a fait explosion. Le mousse a été lancé à la mer et n'a pas reparu. Un passager, M. Paris, a été tué, le mécanicien est mort de ses blessures, cinq personnes ont été grièvement blessées.  

 

Décembre 1873   -   Fraude.   -  Gustave Fortier, 40 ans, journalier, pour avoir introduit à Trouville, 1 500 grammes de viande sans avoir fait de déclaration à l'octroi, et Sénateur Legendre, 37 ans, conducteur de voiture publique à Caen, pour avoir introduit à Trouville six pigeons sans avoir fait la déclaration à l'octroi, ont été condamnés chacun à 100 fr. d'amende.  

 

Janvier 1874   -   Triste pressentiment.  -  La barque de pêche « Ernest-Amélie », de Trouville, patron Paul Exmelin, se trouvait dans la nuit de samedi à dimanche par le travers de Fécamp. Elle était grand largue et faisait route pour prendre connaissance des feux de la Hève. Le mousse fut appelé vers minuit pour aider à une manœuvre. Il se porta à l'avant du bateau, tout à coup, l'écoute de foc vint à battre, l'atteignit et le lança à la mer. Se3 cris désespérés attirèrent aussitôt l'attention du patron et des matelots ;  mais tous les efforts qu'ils tentèrent restèrent vains. Le pauvre enfant avait seize ans et se nommait Leloup. Depuis trois ans,, une sorte de pressentiment l'avait tenu éloigné de la mer. Il ne voulait plus naviguer. C'est jeudi seulement qu'il avait été rembarqué.

 

Juillet 1874   -   Le réchauffement climatique.   -  La comète n'est pas étrangère aux grandes chaleurs que nous subissons. En 1811, une comète fut visible, et les chaleurs et la sécheresse furent telles qu'un grand nombre de rivière tarirent, en 1846, nouvelle comète, nouvelle sécheresse, l'eau devint tellement rare dans certains endroits que des bestiaux périrent de soif. En 1811 comme en 1846, le vin fut abondant et d'une qualité supérieure, on espère qu'il en sera de même en 1874, aussi les cours des vins sont-ils en baisse de 10 fr. par hectolitre. A Marseille, le thermomètre a marqué, à l'ombre, 40 degrés, à Paris, au soleil, 44 degrés. De nombreux cas d'insolation sont signalés.

 

Juillet 1874   -   La comète.   -  Selon les prévisions des astronomes, la comète découverte par M. Coggia, de Marseille, le 17 avril dernier, n'aura tout son éclat que vers le 15 juillet, mais actuellement, grâce à la pureté momentanée de l'atmosphère, elle brille merveilleusement chaque soir, au-dessous de l'étoile polaire, comme une étoile de troisième grandeur. Sa traînée est très apparente à l’œil nu.

 

Juillet 1874   -   Nos cochers.  -  A Trouville, le permis de conduire a été retiré au cocher Chaurand, de la voiture n° 11, pour s'être enivré et avoir été impoli avec les voyageurs qu'il conduisait. Excellent moyen pour rappeler aux convenances les cochers tentés de s'en écarter.

 

Août 1874   -   Accident de Mer.  -  Un fatal accident maritime a eu lieu à peu de distance des jetées de Trouville. La barque de pêche N° 57, patron Aubert, venait de débarquer le produit de sa pêche à bord d’une embarcation venue de la plage. Le transbordement opéré, deux matelots de la barque de pêche prirent place à bord du canot pour revenir à terre. Dans  cette traversée, la frêle embarcation chavira malheureusement, et tout son contenu fut précipité à la mer. Deux hommes purent être recueillis par des embarcations parties du rivage, dès qu'on vit l'accident se produire, mais le troisième marin qui montait le canot, un homme marié, père de cinq enfants, n'a pu, malheureusement, être sauvé. C'est un nommé Duhornay,  âgé de 47 ans.  

 

Août 1874   -   Bains de Mer.  -  Mme la maréchale de Mac-Mahon est attendue à Trouville.

 

Octobre 1874   -   Accident de mer.  -  La plate de pêche de Trouville, « Reine-des-Fleurs », patron Labigre, sortait la nuit du port de Trouville avec vent arrière, pour la pêche aux huîtres. Les vents de Nord-Ouest l'ont poussée le long de la jetée du Sud, à quelques mètres du musoir. L'équipage est resté à bord jusqu'à cinq heures. Une pirogue de lamaneurs est alors venue le recueillir. La plate de pêche s'était crevée sur les pieux.

 

Décembre 1874   -   Naufrage.  -  A Trouville, la population est dans les plus grandes craintes, relativement au sort de la barque de pêche n° 90, montée par cinq hommes d'équipage et un mousse. Depuis quatorze jours, on est sans nouvelles, et les dépêches envoyées dans différents ports n'ont rien fait connaître.

L'un des marins est père de cinq enfants, et les autres sont également pères de famille. Résultat: cinq veuves et plus de quinze orphelins. 

  Au ministère de la marine, le nombre des naufrages signalés est de 61, ce qui porte le total des sinistres pour l'année à 1 888.

 

Mars 1875   -   Mort par immersion.  -  Samedi, vers 4 heures du soir, le cadavre d'un individu inconnu, paraissant âgé d'environ 45 ans et être un ouvrier boulanger, a été trouvé à mer basse sur la plage de Trouville, à quelques centaines de mètres du bout des estacades de l'entrée du port. La levée et l'examen du cadavre ont fait connaître que ce noyé avait dû séjourner trois ou quatre jours dans l'eau, il ne portait aucune trace de violence.  

 

Mars 1875   -   Le printemps.  -  Si cela continue, le printemps sera inauguré par la gelée ou la neige. En Angleterre, des vents violents ont causé beaucoup de malheurs. Des maisons en construction ont été renversées et des ouvriers ont péri.

 

Mars 1875   -   Fait divers.  -  Le cadavre trouvé le 8 mars, sur le banc de sable de Trouville, a été reconnu par la femme et la belle-fille du noyé. C'est un nommé Louis-Adrien Bordeaux, marié et père de famille, demeurant à Saint-Pierre-du-Jonquet, où il dressait les chevaux.  

 

Mai 1875   -   Saison des bains.  -  Notre littoral a été déjà visité par quelques baigneurs. Les locations ne se font que difficilement, car à Lion, à Luc, Langrune et Saint-Aubin, les propriétaires demandent des prix trop élevés. 

De l'autre côté de l'Orne, les locations se font plus facilement, les propriétaires craignant de rester sans louer, comme l'année dernière, préfèrent faire des concessions. A Trouville seulement, la semaine dernière, il a été fait pour près de 30 000 fr. de locations.  

 

Juillet 1875   -   Récoltes.  -  Malgré la persistance du mauvais temps, les nouvelles des récoltes en blé, reçues par le gouvernement, sont, en général, meilleures.

—  En Normandie, la plupart des foins sont avariés, les regains ont très belle apparence. Les colzas, qui promettaient beaucoup, souffrent, ils sont coupés, mais il est difficile de les battre. Sous l'action de la pluie et du vent, ils s'égrènent et germent. Les pommiers promettent. 

 

Juillet 1875   -   Mort accidentelle.  -  Mercredi, vers deux heures du soir, M. Victor Augué, âgé de 55 ans, ouvrier carrier, demeurant à Trouville, travaillant dans une carrière située à peu de distance de son domicile, appartenant à M. Edmond Sénécal, a été tué par l'éboulement d'une pierre cubant environ un demi-mètre. La mort a été instantanée. L'infortuné Augué laisse une veuve et un enfant en bas-âge.  

 

Août 1875   -   voie de communication.  -  Il est question d'établir une voie de communication perfectionnée qui permettrait d'aller de Trouville à Villers-sur-Mer en 20 minutes. Ce serait un chemin d'un système nouveau qui comporte à la fois l'emploi de la vapeur comme force motrice et l'adoption d'une chaussée en macadam ou en asphalte, sur laquelle les véhicules seraient impérieusement guidés suivant un frayé invariable. L'auteur est M. Léon Le Cordier.  

 

Septembre 1875   -   Accouchement en plein vent.  -  Une femme de Trouville arrivant samedi matin à Pont-l'Evéque, est allée frapper à la porte de l'hospice. Cette pauvre femme, en  proie aux  douleurs de l'enfantement, venait demander à cet établissement un asile, que nécessitait le triste état dans lequel elle se trouvait. 

Malheureusement, la supérieure de l'hospice, prétextant certaines formalités qu'il faut remplir pour accepter une nouvelle pensionnaire, ne crut pas devoir prendre sur elle d'acquiescer à la demande de cette malheureuse femme, qui a mis au monde, en plein air, un enfant du sexe féminin. Des personnes charitables s'empressèrent de lui donner  les premiers secours, et, après son accouchement, elle fut enfin admise à l’hospice.

 

Octobre 1875   -   La vie.  -  On a fait un curieux travail sur la longévité comparée de nos départements. Il en résulte que le nombre annuel de décès, à l'âge de 100 ans et au-dessus, est en France de 148. Les départements qui se distinguent par la durée de la vie, sont les suivants : Calvados, Orne, Eure, Eure-et-Loir, Sarthe, Lot-et-Garonne, Deux-Sèvres, lndre-et-Loire, Basses-Pyrénées, Maine-et-Loire, Ardennes, Gers, Hautes-Pyrénées et Haute-Garonne.  

 

Octobre 1875   -  Deux noyés.  -  Le 27, vers 10 heures du matin, les nommés Jean-François-Désiré Lezin, âgé de 52 ans, et Arsène Duchemin, âgé de 54 ans, marins, nés et domiciliés à Trouville, se sont noyés en entrant dans les estacades de Trouville. Ces malheureux qui revenaient de la pêche à la crevette dans une petite embarcation ont été précipités dans les flots, par le vent et la grosse mer, qui a chaviré et brisé leur mauvais bateau.

 

Novembre 1875   -  Tempête.  -  Depuis quelques jours, le vent souffle en tempête dans nos contrées, il en est de même sur toutes les côtes de la Manche et du golfe de Gascogne. Les steamers transatlantiques du Havre n'ont pu sortir. La mer est énorme, nous aurons sans doute d'autres sinistres à ajouter à la longue liste.

La pluie ne cesse de tomber, les cultivateurs sont dans la consternation, car tout de blés restent encore à faire.

Les cours d'eau du Pays-d'Auge sont débordés, à Paris, la Seine est très forte, la Garonne et la Loire ont débordé. Dans le Midi, de nouveaux malheurs sont signalés : dans l'Ariège, le village de Biert a été submergé, dans l'église il y avait 1 mètre 50 d'eau, l'office n'a pu avoir lieu. Quelques ponts ont été enlevés, plusieurs routes sont coupées.

 

Novembre 1875   -  Suites de l’ouragan.  -   Horrible temps que celui de novembre. Que de tempêtes ! que de désastres ! que de sinistres. De mémoire d'homme, on n'avait vu plus long  et plus effroyable ouragan. Tels étaient la force du vent et la fureur des vagues que sur le littoral les maisons tremblaient sur leur base et faisaient redouter des éboulements.

Les différents cours d'eau de notre région sont rentrés dans leurs lits, de leur côté, la Seine, la Loire, le Rhône et la Garonne ne donnent plus d'inquiétudes.

Sur nos côtes, la mer rejette des débris de toute nature, des agrès, des marchandises, des vêtements, sur les côtes de Bretagne, on a recueilli plusieurs cadavres.

A Villerville, dans les roches moulières, on a retrouvé le cadavre du nommé Arsène-Désîré Duchemin, perdu en mer alors qu'il rentrait à Trouville de la pêche à la crevette, la  mer n'a pas encore rendu le corps du jeune Lezin, qui montait, avec Duchemin, l'  « Oiseau bleu ». 

Dans les villes et dans les campagnes, des toitures ont été enlevées, des cheminées ont été renversées, des arbres déracinés. Le parapet de la jetée de Trouville a été brisé, à Deauville, la digue a été endommagée. A Lisieux, le vent a renversé un échafaudage établi pour les travaux du séminaire, et deux ouvriers ont été jetés sur le sol, l'un d'eux a eu deux côtes enfoncées. Une ouvrière qui traversait le petit pont provisoire du Moulin-Biot, à Condé, est tombée à l'eau, poussée par le vent, et se serait noyée sans l'aide de plusieurs hommes qui accoururent à ses cris. 

Dimanche dernier, le Havre a été inondé. Plusieurs familles ont cru devoir abandonner leurs demeures, qu'elles avaient peur de voir détruites a chaque instant. Rouen, Étretat et Fécamp ont beaucoup souffert.

Voici le relevé aussi exact que possible des dégâts causés, à Paris, par l'ouragan : 10 000 cheminées ont été abattues, 160 toitures ont été endommagées, 30 000 carreaux ont été brisés, 1 000 palissades renversées, 200 arbres cassés ou déracinés.  

 

Novembre 1875   -  Tempête.  -  Depuis quelques jours, le vent souffle en tempête dans nos contrées, il en est de même sur toutes les côtes de la Manche et du golfe de Gascogne. Les steamers transatlantiques du Havre n'ont pu sortir. La mer est énorme, nous aurons sans doute d'autres sinistres à ajouter à la longue liste.

La pluie ne cesse de tomber, les cultivateurs sont dans la consternation, car tout de blés restent encore à faire.

Les cours d'eau du Pays-d'Auge sont débordés, à Paris, la Seine est très forte, la Garonne et la Loire ont débordé. Dans le Midi, de nouveaux malheurs sont signalés : dans l'Ariège, le village de Biert a été submergé, dans l'église il y avait 1 mètre 50 d'eau, l'office n'a pu avoir lieu. Quelques ponts ont été enlevés, plusieurs routes sont coupées. 

 

Décembre 1875   -  L’hiver.  -  Depuis une semaine, du Nord au Midi, il gèle où il neige en France, en Angleterre aussi. Le Calvados, l'Orne et la Manche n'ont pas été épargnés, à Nancy, à Toulouse, à Lyon, il a beaucoup neigé, les trains de Suisse arrivent à Dijon avec des retards importants, la neige couvrant la voie. Il y â eu tempête sur la Méditerranée, de Clermont-Ferrand, on signale ouragan et tonnerre.

Les oiseaux émigrent, cherchant un refuge moins glacé, les marsouins et les dauphins, tâchant de trouver des eaux moins froides que celles de l'Océan, remontent le cours des fleuves : on en a vu jusqu'au pont de Londres. Ces signes indiquent un hiver déjà rigoureux dans notre région, mais ils ne présagent pas que l'hiver sera long et dur comme l'insinuent certains  faiseurs de canards.

 

Décembre 1875   -  Fait divers.  -  Les inquiétudes qu'on avait sur la barque n°  2, de Trouville, « Achille Ernestine », sortie de Dieppe avant l'un des forts coups de vent qui ont traversé la Manche, sont malheureusement justifiées. Voici la composition de l'équipage perdu : Eugène-Arsène Leroy, patron ; Gustave- Emile Hue ; Charles-Ferdinand Canu ; Léopold Loisy ; Vincent Kernau, matelots ; et Eugène-Ernest Hue,  mousse.

 

Décembre 1875   -  La neige.  -  Le froid est rigoureux partout, en France c'est la région du Midi qui est la plus éprouvée. Marseille, Agen, Nimes, Montpellier, Limoges sont sous la neige.

Dans le Calvados, du côté de Bayeux, la neige a atteint dimanche, une épaisseur de 55 centimètres, région de Caen, 20 centimètres ; de Lisieux, 8 centimètres. Plus on avance vers Paris, plus la couche diminue, à partir de Serquigny, elle couvre à peine le sol. 

 

Décembre 1875   -  Les drames de la mer.  -  On avait, depuis quelque temps, des inquiétudes sur le sort de la barque de Trouville, « Progrès »  patron Morel. Ces inquiétudes n'étaient que trop fondées. Cette barque a fait naufrage à West-Cappel, (Hollande), le 5 du mois courant, à quatre heures du matin, par un temps de neige. L'équipage s'est sauvé sur des pieux fixés le long de la côte. Personne n'a péri.

 

Décembre 1875   -  Le commerce du Calvados.  -  Dans le rapport présenté à la Chambre de commerce par M. Paulmier, président, nous trouvons les renseignements suivants :

Il est entré, en 1874, dans les sept ports du Calvados, Caen, Ouistreham, Honfleur, Trouville, Isigny, Courseulles, Port-en-Bessin et Dives, 2 263 bâtiments à voiles et 2 835 bâtiments à vapeur. Les sorties étant à peu près égales aux entrées, c'est un mouvement maritime de 10 196 navires.

Le plus fort navire est entré à Honfleur, c'est le trois-mâts allemand « Jocking », jaugeant 498 tonneaux seulement, mais du port effectif de 590 tonneaux, tirant d'eau, 5 mètres 06.

Le trois-mâts français « Dupuy-de-Lôme », jaugeant 451 tonneaux, chargé de 450 tonneaux seulement d'arachides, avec plus de 100 tonneaux de lest à bord, tirant d'eau 4 mètres 70, est entré à Caen

Le mouvement commercial du port de Caen a donné lieu à une somme totale d'opérations de 27 millions dont 18 millions à l'entrée et 9 à la sortie. Les principaux articles d'importation  sont : la houille, fournissant 109 737 tonneaux, d'une valeur de plus de 4 millions ; Les cotons qui ont donné 5 148 000 fr, avec 2 574 tonnes, viennent ensuite le blé, les graines oléagineuses, le savon, le poisson salé, la fonte, etc…… Comme article d'exportation, on doit mettre en première ligne l'orge pour 7 612 800 fr., en second rang les tourteaux pour 766 080 fr. et les farines pour 639 450 fr.

Les produits de la pêche atteignent 3 500 715 fr. tant pour la pêche en bateaux que pour la pêche à pied. Les ports où la pêche a été la plus fructueuse, en 1873, sont ceux de Trouville, Villerville, Grandcamp, Port-en-Bessin, Honfleur et Courseulles. Il a été péché à pied, à l'embouchure de l'Orne, pour 182 200 fr. de poisson. La commerce des huîtres qui constituait une des richesses de Courseulles, en l824, où ses parcs contenaient 58 millions d'huîtres, apportées par 335 navires, est tombé, en 1874, à 10 millions d'huîtres, dont 170 400 seulement pêchées dans la mer littorale. Cette décroissance est due à l'appauvrissement des bancs de Cancale et de Granville, à l'établissement du réseau des voies ferrées, qui permet aux autres ports de la Manche et de la Bretagne d'expédier directement leurs produits vers les centres de consommation et enfin à la concurrence d'Arcachon et de Marennes.  

46   -   Trouville  (Calvados)   -  Quai Tostain

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