1er Novembre  2024

UN SIÈCLE D'HISTOIRE DU CALVADOS

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TROUVILLE  s/ MER

Canton de Trouville-sur-Mer 

Les habitants de la commune sont les Trouvillais et Trouvillaises

Mars 1876   -  Tempêtes et inondations.  - Depuis quelques jours tous les éléments sont déchaînés sur notre pauvre pays, il pleut constamment, la vent ne cesse de souffler en tempête, tous les cours d'eau sont débordés, la plupart des usines ont dû arrêter, de nombreux ouvriers sont sans travail. Sur la mer aucun navire n'ose se risquer, toutes les barques de pèche sont à l'ancre depuis de longs jours. Sur nos côtes, d'énormes blocs de rochers se sont détachés des falaises.

Au moment où nous mettons sous presse, les dépêches qu'on nous communique indiquent partout progression dans les crues et font craindre de nouvelles tempêtes.

Dimanche, la bourrasque a fait des ravages incalculables. A Caen, au détour des rues, il était impossible de se tenir debout, beaucoup de personnes ont été renversées.

Dans la campagne, les dégâts sont très sérieux, les pommiers sont, en majeure partie, renversés sur les coteaux exposés au sud-ouest et dans les terres humides. Sur les routes et les lignes de chemins de fer, des centaines de poteaux télégraphiques sont brisés. La quantité de toits et de cheminées enlevées est innombrable.

Quatre-vingt-dix-huit arbres plantés sur les accotements de la route de Trouville à Touques ont été arrachés. Un certain nombre de ces arbres, 48 environ, sont tombés en travers de la route et ont intercepté la circulation. Quelques clôtures ont été dégradées.

A Trouville., les vagues ont détruit les rampes en maçonnerie, cimentées au portland, qui défendent les escaliers et les abords des maisons construites, près de la plage. Les cabines des baigneurs ont été brisées par les flots ou renversées par le vent. Des barques de pêche n'ont pu rentrer à leur port d'attache, elles sont sans doute restées dans les ports de refuge, mais on n'en a reçu aucune nouvelle.                        

 

Mars 1876   -  Femme noyée.  -  Samedi matin, vers 6 heures, le sieur Pierre Pesnel a trouvé sur la plage de Trouville, en face les Roches-Noires, le cadavre d'une femme paraissant âgée de 60 à 70 ans. Cheveux assez abondants, tout blancs. Mise assez-propre. Le corps a été déposé à la Morgue. On suppose que cette malheureuse aura été surprise par la marée montante.  

 

Mars 1876   -  Femme noyée.  -  La femme qui a été trouvée noyée, à Trouville, en face l'hôtel des Roches-Noires, est une nommée Héribel ou Méribet, de Touques, où elle demeurait. Sortie la veille au soir de chez elle, pour aller vider un vase à la rivière, elle tomba et fut emportée par le courant.  

 

Mars 1876   -  Sinistres et naufrages.  -  Du haut des cieux (sa demeure dernière), Mathieu de la Drôme doit être content, les prédictions de son gendre se réalisent. La neige tombe a flocons, le vent souffle sur les chemins, les fleuves coulent a pleins bords. Et il parait que ce n'est pas encore fini, car le prophète annonce que la période du 22 au 27 mars est à redouter pour la marine. Nick prédit du gros temps pour la même époque. L'un et l'autre pourraient bien se tromper, espérons-le.

Partout les crues sont en baisse : à Paris et aux environs, la Seine et ses affluents sont rentrés dans leurs lits, laissant à découvert des maisons et des murs, des arbres renversés. On sera forcé d'abattre beaucoup de maisons endommages par les eaux.

La neige tombe depuis plusieurs jours dans notre région, dans l'Orne, à Argentan, la campagne a été couverte de 50 centimètres . Il en est également tombé à Paris, au centre et au nord de la France.

En Autriche, en Angleterre et en Belgique, la terre en est couverte.

Les pertes occasionnées par l'ouragan du 12 mars sont incalculables.

Dans le Calvados, les dommages causés aux bâtiments dépassent 100 000 fr. Les pommiers renversée sont par milliers, il y a des fermes qui subiront des pertes de plus de 500 fr de rente.

Nous avons encore à ajouter de grands sinistres aux nombreux malheurs que nous avons signalés dans notre dernier numéro.  

 

Mars 1876   -  Folie.  -  Mercredi, on a déposé au Bon-Sauveur de Caen, le sieur D…...., tailleur, rue de la Mer, à Trouville. Cet individu, atteint tout à coup d'une folie furieuse, s'était introduit, mardi soir, dans l'église de Bon-Secours, et là, montant en chaire avant la prière, avait jeté un banc sur la tête des assistants. 

Personne ne fut blessé, mais la panique fut grande. L'église fut évacuée de suite. Dans la rue St-Michel, le malheureux D…..... fut arrêté et conduit à la mairie où il chercha à se pendre. On ignore les causes qui ont développé cette cruelle maladie. Le sieur D ……... est marié, père de trois enfants. Son magasin paraissait bien achalandé. On pense cependant que ses affaires n'étaient pas prospères, mais nous croyons qu'il faut attribuer à la maladie seule la cause de ces actes violents.

 

Mars 1876   -  Sinistres et naufrages.  -  Une dépêche de Swansea annonce que le navire « France », allant de Swansea à Honfleur, s'est abordé au large du feu de Mumbles, avec le brick anglais « Eliza ». L'équipage a sauté à bord du brick, laissant le capitaine seul à bord de son navire, qui a coulé peu de temps, après. Ce brave capitaine, nommé Pierre, s'est réfugié dans son canot et a été sauvé par un navire norvégien, qui l'à mis à bord d'un vapeur.

— Le brick anglais « Paragon », cap. Stamp, allant de Shields à Trouville, avec charbon, a coulé au large de Great Yarmouth. L'équipage a été sauvé et débarqué à ce donner port par le steamer anglais « Bessemer ».  

 

Avril 1876   -  Le mauvais temps.  -  Les gelées de la semaine dernière ont causé des dégâts considérables dans les jardins et dans les potagers. Les abricotiers, les cerisiers, les pêchers, les pruniers qui sont en fleurs ont beaucoup souffert, les salades ont été maltraitées, quant aux asperges, aux pommes de terre, aux petits pois hâtifs, leur récolte sera retardée au moins de quinze jours. Dans les pays vignobles, la gelée et la neige ont fait beaucoup de mal, dans certains parages du Midi, les vignerons sont dans la consternation. Le temps est plus rigoureux encore en Angleterre : à Londres, il y a eu 11 degrés au-dessous de zéro. 

— Cette température hivernale influe sur les locations du littoral, à Trouville, on compte moitié moins de maisons louées que l'année dernière à pareille époque. On espère que le temps va se mettre enfin au beau, cependant, on nous fait craindre des gelées blanches pour la première quinzaine de mai.  

 

Août 1876   -  Le Maréchal à Trouville.  -  Pendant les grandes manœuvres de septembre, le maréchal de Mac-Mahon viendrait, dit-on, visiter Trouville. La Duchesse de Magenta arriverait avec ses enfants dès les premiers jours de septembre. On désigne même la propriété louée en leur nom. C'est la villa de M. Glanais, le célèbre armurier à Paris.  

 

Octobre 1876   -  Fraude.  -  Une embarcation de la douane a capturé un bateau pêcheur de Trouville, chargé de tabac belge, dont il tentait d'effectuer le déchargement sur nos côtes. Ce bateau, qui transportait 1 200 kilos de tabac, avait trois hommes d’équipage, et, en outre, un fraudeur belge se trouvait à son bord. Ces quatre hommes ont été arrêtés et sont incarcérés dans la prison d’Abbeville.

 

Octobre 1876   -  Une émotion légitime.  -  Le Français, un journal bien pensant et parisien, raconta l'amusant souvenir suivant du séjour deo Mme de Mac-Mahon à Trouville :

Malgré son incognito, le bon curé crut devoir venir au-devant d'elle avec un bouquet superbe, où il avait habilement, groupé toutes les fleurs de son jardin. « Madame, dit-il, permettez-moi de vous présenter ces fleurs comme à l'épouse... à l'épouse,..» L'émotion, le trouble l'empêchent de trouver l'épithète, il cherche avec angoisse, il sent qu'il se noie, il se rattrape à la première qui lui tombe sous la main : « ... comme à épouse... légitime de l'illustre Président de République. » La maréchale a beaucoup ri, dans son mouchoir, et elle a gracieusement accepté le bouquet.  

 

Décembre 1876   -  Bain inattendu.  -  Lundi matin, vers 8 heures et demie, un sieur Dupont, mareyeur, descendait avec une voiture à 2 roues la rue Notre-Dame, à Trouville. Un des freins se rompit, le cheval poussé par la voiture s'emporta et tout l'équipage fut précipité dans la Touques. La mer était haute. Le malheureux conducteur fut lancé sur une barque voisine où il se fit des contusions assez graves. Quant au cheval, grâce à la marée haute, il en fut quitte pour un bain froid. La voiture brisée a été retirée à marée basse.                        

 

Mars 1877   -  Révision.  -  Les opérations du conseil de révision pour la formation des contingents de la classe de 1876 auront lieu prochainement. L'administration rappelle que c'est aux familles et aux jeunes gens à se procurer les pièces qui doivent justifier devant le conseil de leurs droits à la dispense. Il peut être accordé des sursis d'appel aux jeunes gens qui, avant le tirage au sort, en auront fait la demande. Les jeunes gens doivent, à cet effet, établir que, soit pour les besoins de l'exploitation agricole, industrielle ou commerciale à laquelle ils se livrent pour leur compte ou pour celui de leurs parents, il est indispensable qu'ils ne soient pas enlevés immédiatement à leurs travaux.

 

Mars 1877   -  Appel aux ….. pelles.  -  Messieurs les maires de Trouville-sur-Mer et de Deauville se sont associés pour adresser à leurs administrés la proclamation suivante :

Appel aux de bonne volonté. — La position critique de notre port réclame des habitants de Trouville et de Deauville une preuve de dévouement, aussi sont-ils priés de vouloir se réunir, munis d'une pelle, le jeudi 29 courant, à une heure après-midi, sur la place du Phare de Deauville, afin de se mettre sous les ordres de M. Celinski, conducteur des ponts et chaussées, pour opérer le creusement d'une tranchée devant ouvrir et redresser le chenal.

Il nous est impossible de nous représenter, sans rire, la légion trouvillaise, maire en tête et la pelle au poing, marchant comme un seul balayeur sous les ordres du commandant Celinski. Nous ne savons si MM. les maires de Trouville et de Deauville sont partisans de l'appel.... au peuple, mais leur proclamation prouve qu'ils ont une grande confiance dans la pelle.... du peuple.

 

Mars 1877   -  La température.  -  Le temps est toujours très mauvais. Pendant qu'il pleut ici, ils neige dans l'est. En Russie, la reprise du froid a fait descendre le thermomètre jusqu'à vingt-huit degrés au-dessous de zéro.

 

Mars 1877   -  La récolte du cidre et du vin.  -  La quantité, de cidre récoltée en 1876, est évaluée approximativement à 7 036 000 hectolitres, elle est inférieure de 11 221 000 hectolitres à la récolte de 1875, et beaucoup au-dessous de la moyenne des dix dernières années, qui est de 10 093 000 hectolitres. La récolte des vins, en 1876, est évaluée à 41 848 000 hectolitres, c'est-à-dire à la moitié de la récolte précédente, qui avait atteint 83 632 000 hectolitres environ.

 

Mai 1877   -  La fin du monde.  -  Nous venons de passer un hiver affreusement remarquable par son humidité, et nous aspirons tous au beau temps pour nous sécher. C'est sans doute à tort, car une nouvelle prédiction vient de paraître et elle n'a rien de rassurant pour ceux qui sont crédules. Un membre de l'Académie des sciences annonce que notre planète va probablement être mise en poudre à la suite de tremblements de terre qui auront lieu au cours du mois de juin. Comme vous le voyez, la fin du monde est proche. C'est la millième fois au moins qu'elle est annoncée. En attendant ne vous faites pas de mauvais sang, il est bien probable qu'il en sera de même cette fois comme des autres.

 

Mai 1877   -  Sauvetage.  -  La barque de pêche « Jeune-Émile » de Trouville, patron Brout, a recueilli en mer le matelot Got, du sloop « Carolinida ». qui se trouvait en détresse dans un canot, ce matelot s'était porté au secours de son camarade Lassalle, qui avait été enlevé par un coup de mer, Got a été amené au Havre vendredi dans la soirée.

 

Mai 1877   -  Naufrage.  -  Jeudi dernier, à Trouville, vers 10 heures 1/2 du soir, un canot dit à crevettes, voulant entrer, la mer n'étant pas assez haute, toucha terre, la mer était grosse, il ventait fort, et le roulis des vagues chavira le canot qui s'entr'ouvrit. Les deux hommes qui le montaient, les nommés Adolphe Exmelin et Victor Petit, âgés tous deux d'environ 60 ans, s'accrochèrent aux cordages et au mât et se mirent à appeler du secours. Plusieurs autres petites barques rentrèrent quelques instants après, virent bien le danger que couraient ces deux hommes, mais, comme nous l'avons dit, la mer était grosse, elles n'osèrent pas s'approcher du banc sur lequel elle brisait. MM. Lecroisey, maître haleur, Albert Rivière et Flambart, patron d'un autre canot, partirent à leur secours. Il était temps, les malheureux naufragés qui appelaient depuis plus de trois quarts d'heure étaient à bout de forces. Ils ont été ramenés transis, mais vivants. Le lendemain, on ramenait au quai le canot en morceaux.                        

 

Mai 1877   -  Mort en mer.  -  Samedi, la barque de pêche n° 84, « Saint-Sauveur », de Trouville, est entrée au port, ramenant à son bord un de ses marins, décédé en mer. C'est le matelot François Joseph Bloquet, âgé de 35 ans. Il est mort subitement à six milles au large.

 

Mai 1877   -  Accident de mer.  -  Vendredi, vers cinq heures du matin, le sieur Charles-Jules Lefebvre, matelot à bord de la barque de Trouville, « Tout-à-Marie », patron Guérard, était occupé à travailler au chalut, quand un fort coup de roulis le lit tomber à l'eau, le cadavre ne fut retrouvé qu'une heure après.

 

Mai 1877   -  Accidents à Trouville.  -  Jeudi matin, M. Paignon, mécanicien, et son fils, inventeur d'un vélocipède à trois roues, étaient montés tous les deux sur leur véhicule, lorsqu'ils ont fait la culbute. M. Paignon père s'est fait à la poitrine de graves contusions.

Vers 3 heures, un sieur Martin, domestique chez Adèle, aubergiste à Trouville, était monté sur un cheval qu'il dressait quand il fut jeté à terre sur la route de Touques, et s'est cassé une jambe.

Le lendemain, dans l'après-midi, un nommé Soyer, maçon, est tombé de son échafaudage et dans sa chute s'est grièvement blessé à la tête. Son état est grave.

 

Mai 1877   -  La pluie.  -  Il résulte d'observations faites que, dans l'espace de huit mois (du 28 septembre 1870 au 28 mai 1877), il y a eu dans nos contrées 131 jours de pluie.

 

Juin 1877   -  Un homme fouetté.  -  Dimanche matin, le matelot Raux, en faisant sa cuisine au charbon de bois à bord d'une petite barque de Trouville, tomba asphyxié dans la cale, heureusement pour lui, des passants s'en aperçurent et furent chercher le docteur Boulai. Pendant une heure environ, Raux fut frictionné, verdé et fouetté. Ce moyen énergique l'a rappelé à la vie, mais son premier cri fut de sacrer, de tempêter et de maudire Satan, qui, d'après lui, avait pu ainsi le flageller. Depuis ce jour, Raux ne veut plus boire, de peur sans doute d'être de nouveau soumis au régime du fouet.                        

 

Juin 1877   -  Bains de mer.  -  Les plages du littoral font leur toilette, elles se préparent à dignement recevoir les étrangers qui viennent leur demander asile pendant la belle saison. Dans l'intérêt des voyageurs, la Compagnie du chemin de fer de l'Ouest a modifié son service. Les locations se font à des prix encore supérieurs à ceux de l'an dernier.

Le maréchal Canrobert a loué à Villerville ; M. le Préfet du Calvados doit louer, à Langrune, la propriété Hallais. A Trouville, Pasdeloup et son orchestre sont annoncés.

Partout on a construit : auprès du casino de St-Aubin, un hôtel avec bains chauds a été établi par M. Niard, l'ouverture est annoncée pour le 1er  juillet, à Saint-Aubin, sur la plage, M. Vermont a placé une tente café ; à Langrune, la masure qui se trouvait devant l'hôtel Delaunay a été démolie ; à Luc, on parle d'éclairer la grande rue de la mer avec des candélabres.

Alors qu'il était communal, le chemin qui conduit de la gare de Luc, à la propriété Larivière, était quasi praticable, aujourd'hui qu'il est classé départemental il n'est pas sans danger de s'y aventurer les jours de pluie. Ce n'était pas la peine assurément... d'en changer le classement (air connu).

Ouistreham, presque désert depuis l'installation du chemin de fer de la mer, reprend vie, grâce à la gondole le « Chevreuil » et au steamer « l'Utile » qui font, chaque dimanche, le trajet de Caen par le canal. Départs de Caen à 9 heures du matin, de Ouistreham à 6 heures 30 du soir. Parcours en 1 heure et demie. Prix : 1 fr. 50 aller et retour, et moitié place pour les enfants. 

 

Juillet 1877   -  Quitte pour la peur.  -  Vendredi soir, vers neuf heures, la mer était grosse, un petit canot à crevette était en vue du port de Trouville, cherchant à rentrer, on voyait parfaitement qu'il était en danger, à chaque instant, les lames le couvraient et remplissaient d'eau. Il fut longtemps à l'entrée, dans les tonnes, sans pouvoir arriver assez près des jetées pour lui jeter une amarre, mais enfin il y parvint et fit son entrée au port au milieu de l'anxiété générale, il était aux trois quarts plein d'eau. Ce canot, n° 131, était monté par les nommés Vaugeois et Petit.                        

 

Juillet 1877   -  En mer.  -  Mardi soir, au moment où le steamer François 1er, de Trouville, passait en face du brise-lames de la jetée du Nord, au Havre, il a abordé une barque de pêche. Cette barque était montée par les nommés Adolphe Maillard, 51 ans, Testu, matelot, et Pierre Maillard, âgé de 12 ans, mousse. Testu a réussi, a s'accrocher à la jambe de force du portes-roues du steamer, le père et le fils Maillard ont été précités à la mer, mais on a pu les sauver immédiatement.

 

Août 1877   -  Ouragan.  -  Avant de nous visiter, l'ouragan qui s'est abattu sur notre contrée samedi et dimanche, avait fait de grands ravages à Bordeaux et aux environs, partout la désolation est grande, ce ne sont qu'arbres fruitiers déracinés, haies enlevées, fruits détachés par millions, maisons démolies, étables mises à nu, bestiaux dispersés, bas-fonds inondés, embarcations chavirées, démolies et mises hors de service. Cinq jeunes gens montaient une embarcation qui a chaviré, leur matelot a disparu avec eux, deux petites filles ont également disparu. Des détails navrants nous arrivent d'Arcachon où plusieurs cadavres sont venus à la côte. Deux fils de famille ont péri.

Dans le Calvados, les dégâts paraissent se réduire à des arbres déracinés et a des toitures enlevées. Une croyance enracinée chez les marins, c'est que toute éclipse de lune est suivie d'ouragan, comme ceux de ces derniers jours. En 1870, le 23 juillet, une éclipse de lune a été suivie de trois journées terriblement venteuses pendant lesquelles une vingtaine de navires ont péri. C'est donc sur le compte de l'éclipse de jeudi que doivent être mis les derniers ouragans.  

 

Octobre 1877   -  Tempête.  -  Une violente tempête a sévi sur nos côtes et sur les côtes d'Angleterre. Lundi dernier, les bateaux à vapeur de Trouville n'ont pu effectuer leurs voyages quotidiens. On craint qu'il n'y ait eu des sinistres en mer. Suivant une dépêche de Portland, un bateau de pêche français, la « Jeanne-Alice », d'Isigny, a été, dans la nuit, jeté sur la plage la quille en l'air.

 

Octobre 1877   -  Barque échouée.  -  La barque de pêche « Sainte-Marie », de Trouville, patron Pouettre, voulant sortir de Boulogue, le 13 octobre, fut assaillie par un coup de mer qui brisa son beaupré et alla s'échouer sur la plage de l'Est. Ce bateau occupant une position qui pouvait déterminer sa perte, l'équipage du steamer de l'État le « Cuvier », en station dans ce port, a été envoyé pour aider au renflouement, maison doute du succès. 

 

Novembre 1877   -  Douloureuse anxiété.  -  La population de Trouville est, en ce moment, sous le coup de la plus vive anxiété, par suite du manque de nouvelles de la barque de pêche n° 10, patron Mognet, partie de Trouville pour se rendre à Ostende, afin d'y faire la pêche. L'équipage se composait de cinq hommes, y compris le mousse. La femme du patron et ses deux petits enfants étaient également à bord. D'après nos renseignements, le bateau a dû sombrer sur les côtes d'Islande lors des dernières bourrasques, la femme du capitaine aurait été sauvée.                        

 

Novembre 1877   -  Singulière mort.  -  Mardi matin, le sieur Eugène Lacheray, âgé de 58 ans, patron et propriétaire de la barque de pêche n° 25, était au bout de la jetée de Trouville pour voir sortir son bateau. La mer était grosse, un fort vent rendait la sortie difficile. A un certain moment on crut que la barque allait aller à la côte, à cette vue on vit le sieur Lacheray s'affaisser et tomber sur la jetée. En le rapportant chez lui, on a cru le voir donner un signe de vie, mais si faible que l'on peut assurer plutôt que la mort a été absolument foudroyante.

 

Novembre 1877   -  Tempêtes et sinistres.  -  Les tempêtes se succèdent : celle annoncée s'est fait sentir sur nos côtes samedi la nuit. Les communications avec l'Angleterre ont été interrompues, ainsi que les services des bateaux entre Caen, Trouville, Honfleur et le Havre. Les pluies torrentielles de ces jours ont fait sortie la Touques de son lit et inondé les prairies riveraines.

Le courant de l'Orne est très fort, la prairie de Caen est inondée partiellement.

On connaît maintenant toute l'étendue des désastres causés dans la Manche par la tempête du 12 novembre. Vingt-trois navires ont sombré, quarante huit ont été jetés à la côte, trente-quatre se sont abordés et sont rentrés au port sérieusement avariés, cinquante-cinq ont relâché sur divers points de la côte avec perte d'ancres, de mats et de chaînes. Environ deux cents hommes ont été noyés. Quant à la valeur des cargaisons des bâtiments naufragés, elle est évaluée à 6 millions de francs. 

 

Décembre 1877   -  L’hiver.  -  Nous sommes dans l'hiver depuis le 21, aujourd’hui 28, les jours sont dans leur plus grande décroissance, c'est le moment de rappeler sommairement quelques-uns des grands hivers restés fameux dans la mémoire des peuples : En 822 les plus lourdes charrettes ont traversé les fleuves et les rivières pendant un mois.

1408, des ponts sont emportés par les glaces. Plusieurs greffiers de justice déclarent qu'ils ne peuvent tenir leur plume, pour enregistrer les arrêts, l'encre gelant dans l'encrier.

— 1484, trois mois de gelée continue.

— 1544, on coupe le vin et le cidre avec des haches.

— 1709, le terrible grand hiver. Le froid dépasse 20 degrés, le vin gèle dans les tonneaux. Les cloches cassent en sonnant.

— 1783, le froid atteint 19 degré. Soixante neuf jours consécutifs de gelée.

— 1786, 22 degrés de froid, la Manche est couverte de glaces.

— 1795, quarante-deux jours de gelée continue. C'est l'année où Pichegru prit la flotte hollandaise avec de la cavalerie, au Texel.

—1840, froid mémorable du 15 décembre, jour de la rentrée des cendres de Napoléon 1er   à Paris, 17 degrés de froid.

— 1870 - 1871, l'année terrible, clôt cette série dont la nomenclature donne froid dans le dos.

Espérons que l'hiver qui commence sera plus clément.                        

 

Janvier 1878   -  Est-ce la fin du monde ?  -  Il vente, il tonne, il grêle, la prairie est submergée, la vallée d'Auge est inondée, certains quartiers de Pont –l’Evêque sont de nouveau transformés en une nouvelle Venise ... moins les monuments, la foudre est tombée aux environs de Vire. Mardi, vers midi, un tremblement de terre a été ressenti à Caen et sur plusieurs points du département, il n'a duré que quelques secondes, pendant lesquelles les vitres, fenêtres, murs et maisons semblaient trembler. Cette secousse s'est également fait sentir au Havre et à Rouen.

 

Janvier 1878   -  Avaries.  -  La semaine dernière, la barque le « Progrès », n° 118, de Trouville, patron Galifot, se trouvait sur son chalut, lorsque, vers sept heures du matin, alors que la mer était très grosse et qu'il ventait une forte brise, les amarrages qui maintiennent l’étai décapelèrent tout à coup de l'étrave, et le mat s'est abattu sous la force du vent et de la mer, et s'est cassé au ras du pont. Vers neuf heures, la barque de pèche « Espérance », n° 335, de Caen, patron Podevin, se trouvant dans les mêmes parages, se dirigea vers la barque démâtée, à laquelle elle offrit ses services, qui furent acceptés, « l'Espérance » prit alors à la remorque le « Progrès », qu'elle rentra au port. Ses avaries sont très graves, car, en outre du mat, la borne a été cassée, ce qui constitue une perte très lourde pour ces pauvres pêcheurs, au profit desquels une souscription a été ouverte.                        

 

Mars 1878   -  Abordages.  -  La semaine dernière un abordage a eu lieu en mer entre la barque de pêche « Célestine », de Port-en-Bessin, et un navire anglais. La « Célestine » est entrée en réparation dans le port de Cherbourg.

Mardi soir, un abordage s'est produit dans l'avant port du Havre, entre le steamer « Blanche », qui entrait, et la barque de pêche de Trouville. patron Dorange. Cette barque a dû rentrer pour réparer ses avaries.

 

Avril 1878   -  Travaux.  -  Le ministre a accordé 100 000 fr. pour les travaux d’approfondissement du canal de Caen à la mer ; 25 000 fr., pour les travaux d'amélioration du port de Trouville ; 42 000 fr. pour les travaux du port de Port-en-Bessin ; à la commune de Maizet, 2 500 fr. pour la construction d'une école mixte.

 

Avril 1878.   -   Immoralité.   -   Une femme préposée à la salubrité, en gare de Trouville, a été arrêtée et conduite à la maison d'arrêt de Pont-l'Évêque, sous l'inculpation d'avoir abusé de sa fille dans des conditions repoussantes. C'est une veuve remariée. ( Bonhomme Normand)

 

Avril 1878   -  Les drame de la mer.  -  La semaine dernière, un ouragan épouvantable s'est déchaîné sur les cotes et a fait chavirer un grand nombre de barques : le chiffre des victimes connu dépasse déjà 300.

 

Juin 1878   -  Le mauvais temps.  -  Malgré le mauvais temps, malgré les pluies diluviennes qui submergent les bas-fonds du Calvados, et notamment la vallée d'Auge, les cités balnéaires se peuplent. Trouville a ouvert ses portes, l'orchestre du Casino se fera entendre le 10 ; Luc aussi a inauguré le 1er juin l'hôtel de la Belle-Plage, transformé par M. Ernest Pagny. On traite déjà pour les locations, et les demandes d'appartements dans les hôtels sont relativement plus nombreuses que les années précédentes.                        

 

Juillet 1878   -  Excellente mesure.  -  Le Ministre vient d'interdire dans les écoles communales les quêtes qui s'y font habituellement sous divers prétextes religieux ou autres. Pendant qu'il y était, le Ministre aurait bien fait d'interdire aussi les souscriptions ouvertes dans certaines écoles pour offrir soit à l'instituteur, soit au curé, un cadeau à l'occasion de leur fête ou anniversaire. 

 

Août 1878   -  Bains de mer.  -  Le mois d'août promet d'être meilleur qu'on ne le supposait. La duchesse de Magenta restera à Trouville une partie du mois d'août, elle s'est installée à la villa Amélie, près l'hôtel des Roches-Noires. On annonce aussi l'arrivée à Trouville du prince Napoléon. 

 

Août 1878   -  Cadavre retrouvé.  -  Le corps du nommé Louis Baron, marin à Villerville, a été ramené à Trouville, après avoir été trouvé, dans la baie de Caen, par le patron Aubère, de la barque de pèche n° 57. Cet homme s'était noyé le 13 août, en faisant la pêche. Il avait été jeté à la mer par la grande voile du bateau qu'il montait, à la suite de la rupture d'une corde.

 

Décembre 1878   -  Les victimes de la mer.  -  La barque de pèche de Trouville, patron Charles David, est rentrée jeudi matin. Son équipage était désolé. Pendant la nuit, sur la côte anglaise, le mousse Durand, âgé de 15 ans et demi, étant tombé à la mer pendant une manœuvre, a péri sans qu'il fût possible de lui porter secours. 

La malheureuse mère de Durand avait perdu son mari l'année dernière dans un voyage à Ostende. Elle reste avec cinq enfants, celui qui vient de succomber était l'aîné. La situation de cette pauvre femme est des plus critiques.

 

Décembre 1878   -  Neige et gelée.  -  La neige et la gelée qui ont fait leur apparition dans notre département retardent encore les nombreuses semailles en blé déjà retardées par les pluies. Sur certains points du département, il y a de vingt à trente centimètres de neige.                        

 

Janvier 1879  -  Appropriations et réparations en 1878.  -  85 locaux, appartenant à 73 communes, ont été appropriés ou réparés dans le Calvados  -  Arrondissement de Pont-l'Evêque : Rumesnil, école mixte ; Gonneville-sur-Honfleur, école mixte ; La Rivière-Saint-Sauveur, école de garçons ; Blonville, école mixte ; Clarbec, école de garçons ; Trouville, les quatre écoles ; Villerville, école de garçons.

 

Octobre 1879   -  Pêche.  -  La pêche du saumon, de la truite et de l'ombre-chevalier est interdite dans tous les cours d'eau du département, depuis le 19 octobre, au coucher du soleil, jusqu'au premier février 1880, au lever du soleil. Cette interdiction s'applique à tous les procédés de pêche, même à la ligne flottante à la main. 

 

Novembre 1879  -  Une grosse affaire.  -  Un conflit est survenu entre des pêcheurs anglais et le bateau de pêche français Alsace-Lorraine, qu'on accuse d'avoir armé son avant d'un grappin destiné à couper les filets des bateaux de pêche. L'Alsace, qui est de Trouville, a été mis sous séquestre à Boulogne, l'équipage est en prison, attendant la fin de l'enquête commencée par le parquet. Les matelots nient les faits dont on les accuse. Espérons que l'enquête fera la lumière sur ce déplorable incident. 

 

Novembre 1879  -  Une grosse affaire.  -  On se rappelle qu'un conflit est survenu entre des pêcheurs anglais et le bateau Alsace-Lorraine, de Trouville, qu'on accusait d'avoir armé son avant d'un grappin destiné à couper les filets des bateaux de pêche l'Alsace-Lorraine avait été mis sous séquestre à Boulogne, l'équipage était en prison, en attendant la fin de l'enquête. A la suite de cette enquête, le séquestre qui pesait sur le bateau Alsace-Lorraine a été levé et l'équipage a été mis en liberté. Le patron Duchemin reste néanmoins à la disposition de la justice. Il aurait fait des aveux, mais assurerait que l'histoire des grappins était une pure invention et que l'équipage de l'Alsace-Lorraine n'aurait pas de peine à invoquer le bénéfice des circonstances atténuantes.                        

 

Décembre 1879  -  L’affaire de la barque « Alsace-Lorraine ».  -  Cette affaire, qui a excité la plus vive et la plus légitime émotion parmi notre population maritime, vient d'avoir son  dénouement devant le tribunal de Boulogne-sur-Mer.

Voici les faits tels qu'ils résultent des débats : Dans la nuit du 20 au 21 octobre, vers deux heures du matin, le bateau « Alsace-Lorraine », de Trouville, qui péchait au chalut, donna dans la tessure ou filets du bateau anglais la « Jessamine », qui péchait le hareng. Le patron de la barque française dut donner l'ordre de couper le câble qui retenait le chalut, et il s'éloignait du bateau anglais, non sans avoir endommagé les filets, lorsqu'il s'aperçut que les Anglais cherchaient, au moyen d'une torche, à lire le nom et les signes distinctifs de son chalutier. Alors, en proie à un vif emportement, il s'élança dans sa cabine, en remonta presque aussitôt, un fusil double à la main, et il tira sur le bateau anglais deux coups de feu.

Trois hommes furent atteints de blessures qui, pour deux d'entre eux, entraînèrent une incapacité de travail de plus de vingt jours. Pour comprendre cet attentat du capitaine Duchemin, il est bon de savoir qu'il existe à  Yarmouth un comité formé spécialement en vue de la protection des pécheurs anglais de son ressort. Ce comité met une rigueur très grande à exiger le remboursement de tous les dégâts, de toutes les pertes causés à un des bateaux dont il a assumé la protection. Or, il est probable que Duchemin, redoutant le procès en dommages et intérêts que le comité de Yarmouth lui intenterait au nom de la « Jessamine » si son bateau venait à être reconnu, tira sur l'équipage anglais, soit pour l'empêcher d'allumer une seconde torche et de lire le nom « Alsace-Lorraine », soit fureur, parce qu'il se croyait déjà signalé. C'est là l'explication la plus vraisemblable de l'acte qu'il a commis, acte coupable assurément, mais auquel les Anglais ont essayé de donner une couleur dramatique et des proportions qu'il n'a jamais eues. M. le commandant de la station navale Leclerc et Me Lagache, ont fait le jour le plus complet sur cet événement. Malheureusement, le fait brutal était là, une répression était nécessaire, un exemple devait être fait. Duchemin a été condamné au minimum de la peine fixée par la loi, c'est-à-dire à deux ans de prison, plus 16 fr. d'amende et les frais du procès. Il est vrai que M. le procureur a fait espérer que s'il se rendait digne, par sa conduite, de l'indulgence du tribunal, il pourrait voir abréger sa captivité.

 

Janvier 1880  -  Accident de mer.  -  Un navire français est venu s'échouer, mercredi, sous les Roches-Noires, à Trouville, mais fort heureusement, il a pu être renfloué à la marée du lendemain, et est entré dans le port sans avoir éprouve de gravés avaries.

 

Janvier 1880  -  Encore l’hiver.  -  Un vieux proverbe prétend qu'à la fin de janvier, l'hiver s'en va ou redouble de rigueur. Si ce proverbe est vrai, nous n'avons pas tout lieu de nous  réjouir, car à la température relativement douce de la semaine dernière a succédé une vive reprise du froid. La saison a été bien dure pour les malheureux. Un retour de l'hiver serait presque un désastre pour tout le monde.  

 

Mai 1880  -  La grande marée de la semaine dernière.  -  La grande marée du 26 avril a pris des proportions effrayantes : le vent du nord soufflait sur elle avec une violence peu  ordinaire. Sur certains points du littoral, les digues ont été endommagées. Le vent était si violent, qu'il fallait des efforts inouïs pour se maintenir debout sur la plage. Un bateau de pêche a été brisé à Port-en-Bessin, un autre l'a été à Arromanches, mais il n'y a que des pertes matérielles à déplorer, et nos braves marins ont pu rentrer sains et saufs au port.

 

Mai 1880  -  Sinistre maritime.  -  Un événement de mer, assez rare dans nos régions, a eu lieu dernièrement sur notre côte.

Une trombe de vent a rasé comme un ponton le brick « Henriette », de Trouville, en vue d'Étretat. Ce navire était parti de Trouville le matin même, par un très beau temps. Le mousse Joseph Kersehrs, âgé de quinze ans, avait été envoyé dans la mâture pour serrer les cacatois. Tout à coup se fit entendre le cri, un homme à la mer. Le capitaine se précipita sur une bouée, mais au moment où il la lançait dans la direction du mousse, la mâture, brusquement arrachée du pont par une trombe de vent, s'abattait d'un seul coup et tombait à côté du navire. Le mousse, néanmoins, avait pu saisir la bouée, a l'aide de laquelle il s'est maintenu sur l'eau pendant trois quarts d'heure. Il a été recueilli ensuite par une barque de pèche. Quant au brick démâté, auquel il n'est resté que le beaupré, une barque de Trouville, le n° 86, venait quelques heures plus tard lui donner assistance et l'aider à rentrer au port.                        

 

Juillet 1880  -  Encore les vélocipèdes !  -  Dernièrement, à Trouville, un cheval attelé à une voiture qui stationnait dans la rue des Bains, s'est effrayé à la vue d'un vélocipède et a défoncé la devanture d'une boutique. Il n'y a eu rien de plus sérieux. Mais ce n'est pas la première fois que les vélocipèdes causent des accidents à Trouville. Espérons que la police y veillera désormais.

 

Août 1880  -  Orages.  -  Les orages de la semaine dernière ont causé dans le département plusieurs sinistres. A Trouville, plusieurs rues ont été inondées. Les marchandises contenues dans les caves ont été entièrement endommagées. Les pertes de ce chef dépassent 10 000 francs. La foudre est tombée à différentes reprises à Trouville et à Deauville. Près le Salon et la rue des Dunes, elle a coupé un arbre par le pied, sur le quai Joinville, sur le banc de sable près le Casino de Deauville, elle n'a fait aucun dégât. 

A Bonneville-sur-Touques, elle est tombée sur une maison dont elle a dépavé la salle. Un boucher a eu deux de ses bœufs tués.  A Bavent, il y a eu plusieurs accidents, la foudre est tombée, notamment, sur un appartement à usage d'écurie, appartenant au sieur Giret. Une partie des tuiles de la toiture a été enlevée. 

Dans le marais, Pierre Gady et sa femme, occupés à faner, ont été surpris par l'orage. Gady, atteint par le fluide, a dû être transporté chez lui sans connaissance. Sa vie n'est pas en danger. La femme a été renversée, ainsi que d'autres personnes qui se trouvaient dans le voisinage. A Robehomme3 la foudre est tombée en plusieurs endroits, mais sans occasionner de dégâts. Dans la commune de Meulles, la foudre est tombée sur un bâtiment à usage de cave et grange, appartenant à M. Gondouin. Le feu s'est communiqué sur toute l'étendue du  bâtiment, et a consumé environ 1 000 bottes de foin. Les secours, apportés par les habitants du bourg, qui ont courageusement fait la part du feu, ont réussi à préserver les planchers et les murailles. Deux tonneaux de cidre ont pu être préservés de la destruction. La perte  s'élève à 3 000 fr. environ. Un domestique de la maison, un nommé Thibout, qui se trouvait à 15 mètres du bâtiment, a été renversé par la foudre, mais sans qu'il en eût aucun mal, il a pu se relever et appeler du secours pour l'incendie.  

 

Août 1880  -  Sinistre maritime.  -  A Trouville, tous les bateaux de pêche sont rentrés, dimanche, avec plus ou moins d'avaries. Le n° 27, notamment, avait perdu voiles et gréements, et pour comble de malheur, le n° 30 a eu un homme enlevé par un paquet de mer au moment où il faisait son entrée dans les jetées. Personne ne l'a plus revu. Ce pauvre enfant n'avait que 17 ans, il se nommait Lechat.

 

Septembre 1880  -  Incendie d’une barque.  -  Dernièrement, à Trouville, un incendie s'est déclaré à bord de la barque de pèche n° 34, patron Morel. La barque étant, amarrée dans le port, on suppose que le feu a pris par des allumettes qui étaient restées à bord dans la chambre. Heureusement les secours ont été apportés à temps pour éteindre cet incendie.

 

Novembre 1880  -  Bonne mesure.  -  Le Conseil municipal de Trouville a décidé qu'à partir du 1er janvier 1881, les enfants des sapeurs-pompiers seront admis gratuitement dans les écoles de Trouville-sur-Mer.

 

Novembre 1880  -  Vols odieux.  -  Un genre de vol des plus odieux se pratique dans le Calvados, notamment à cette époque de l'année, c'est la dévastation des cimetières, où se conservent les souvenirs.

Les vols ont lieu continuellement, il n'y a pas de semaine où une famille n'ait à déplorer l'enlèvement de quelque objet précieux, de quelque souvenir doublement cher confié à la tombe, à la foi publique ! Récemment encore, c'était une balustrade en zinc repoussé qui a été arrachée d'une fosse et emportée.

 

Novembre 1880  -  La tempête.  -  La tempête qui a régné plusieurs jours ici, s'est étendue sur la Manche et sur l'Océan. On craint qu'il n'y ait de nombreux sinistres maritimes. 

 

Février 1881  -  Le Casino de Trouville.  -  En ce moment le casino de Trouville est en voie de transformation. Les nouveaux propriétaires veulent le reconstruire complètement, et la dépense, y compris l'achat du terrain, doit s'élever à près de trois millions. Ils voulaient d'abord ouvrir un cercle, avec salle de café, concert, jeux, etc….., mais l'autorisation qu'il leur faut  pour cela n'arrive pas. La cause de ce retard est un différend avec la mairie de Trouville au sujet du droit des pauvres. La mairie qui, les années précédentes, avait traité à forfait pour 6 000 fr., eu a demandé 30 000, puis 20 000, et enfin elle s'est arrêtée à 10 000, plus 15 p. 100 sur les bénéfices nets. Les propriétaires refusent d'accepter ces conditions. Espérons que l'entente s'établira, car dans le cas contraire, Trouville ne posséderait ni cercle, ni casino.                        

 

Mars 1881  -  Le casino de Trouville.  -   L'accord vient de s'établir entre les nouveaux propriétaires du casino de Trouville et la municipalité. Les travaux vont commencer prochainement.

 

Avril 1881  -  Sauvetage.  -  Ces jours derniers, à Trouville, un enfant de 4 ans 1/2, nommé Guérard est tombé du quai dans la Touques, la mer montait, et l'enfant était entraîné vers le pont, lorsque les sieurs Louis Cocheteux et Édouard Legrand se précipitèrent dans une barque et furent assez heureux de l'en retirer sain et sauf. Ils le portèrent chez ses parents, demeurant place du Pont, ou après quelques soins, il fut bientôt remis de son bain.  

 

Juin 1881  -  Bateaux à vapeur.  -  On parle de l'installation prochaine d'une nouvelle ligne de bateaux à vapeur entre Le Havre, Caen, Honfleur, Trouville-Deauville, Dives.  

 

Juillet 1881  -  Un cercueil en mer.  -  Mercredi, vers une heure du matin, la barque de pêche n° 30 du port de Trouville, patron Ferdinand Toutain, a trouvé dans ses filets, à environ 6 milles en mer, nord-est du cap de la Hève, un cercueil qui a été mis à bord et amené le même jour à Trouville, à 9 heures du matin, où il a été ouvert. On y a trouvé le cadavre d'un jeune garçon, âgé d'environ 8 à 10 ans, et ne portant aucune trace de violence extérieure, La mort remonte à 20 ou 25 jours.                       

 

Août 1881  -  Mort d’homme et incurie.  -  Jeudi, vers 7 heures du soir, le nommé Arnaud Guilbert, âgé de 32 ans, terrassier à Trouville, est tombé à l'eau en exécutant une manœuvre pour passer le bac qui relie Trouville à Deauville. Guilbert était marié, il n'a pas d'enfants, c'était un bon garçon qui n'était cependant pas toujours d’accord avec sa femme. Son corps n'a été retrouvé que le lendemain matin, il avait déjà la figure en partie dévorée par les crabes. 

Guilbert, pas plus que son compagnon de passage, ne savait nager. Pourquoi donc l'administration municipale n'exige-t-elle pas que les employés du bac soient bons nageurs, car l'accident arrivé à Guilbert pouvait atteindre un passager ? Pourquoi n'exige-t-elle pas au moins que les bacs soient entourés d'une rampe en fer ?

 

Septembre 1881  -  Cadavre en mer.  -  Les nommés Petit et Courtois, matelots-pêcheurs de la barque de pêche de Trouville « Sainte-Marie », ont trouvé, mercredi, en mer, le corps d'un noyé. Ils l'ont attaché avec une ligne et conduit dans le port. Le cadavre est dans un état de décomposition qui empêche de reconnaître les trais du visage. Taille, 1 m. 70 c. Il était vêtu  d'une capote cirée, coiffé d'un suroît, et avait à l'un de ses pieds une botte de mer. L'autre avait disparu. Dans ses poches on a trouvé une somme de 52 fr. 50, une montre en argent, tenue au cou par une chaîne d'argent, et arrêtée à 3 h. 20 m. Sur le cadran de la montre, on lit les mots : Labbé, à Cherbourg. Ce malheureux doit avoir été enlevé de quelque bateau par un coup de mer.  

 

Octobre 1881  -  La tempête.  -  La semaine dernière, une violente tempête s'est abattue sur notre région, un vent de sud-ouest avec accompagnement de forts grains de pluie a soufflé toute la matinée de vendredi et n'a pas cessé d'augmenter d'intensité. A Honfleur, les bateaux n'ont pas pu sortir et le service des vapeurs a été interrompu. Plusieurs steamers, descendant de Rouen pour prendre le large, arrivés devant Honfleur, ont été forcés de rebrousser chemin et ont regagné la Seine. Sur la plateau de la côte de Grâce, quatre grands arbres sont tombés, et le tronc de l'un deux a porté sur la maison du chapelain, faisant de sensibles dégâts à la toiture, crevant un mur, et balayant un pal qui entourait le jardin. Le vent a continué de souffler avec furie dans la soirée et dans la nuit, enlevant des ardoises et des tuiles de plusieurs toitures et lézardant quelques cheminées.

A Trouville, un ras de marée est arrivé tout à coup, les bateaux qui avaient pris terre dans la rivière ont flotté, l'un d'eux, soulevé par ce courant, a rompu ses amarres et est allé à la dérive. Une goélette qui était au milieu de la rivière a failli se renverser sur les barques attachées au quai. Des femmes qui lavaient n'ont eu que le temps de se retirer,  une certaine quantité de linge a été enlevée. Un brick suédois a été perdu corps et biens sous les phares de la Hève.

Au Havre, la jetée du Nord Ouest, près du sémaphore, était couverte de galets que la mer y avait apportés. Le vent était si fort qu'il était très difficile d'avancer sur la jetés. Des tourbillons de sable y aveuglaient littéralement les curieux. Le François 1er  est sorti néanmoins pour se rendre à Honfleur, mais il a éprouvé de telles difficultés qu'aucun autre navire n'a osé l'imiter. En ville il y a eu beaucoup de dégâts.

La barque « Zoé Alexandre », de Dieppe, patron Jacques Poulain, montée par six hommes et un mousse, s'est perdue, corps et biens, en face du Tréport.

A Rouen, nombreux dégâts, jardins dévastés, ardoises et cheminées arrachées aux maisons. L'ouragan a malheureusement fait une victime. Vers dix heures et demie du matin, un jeune couvreur, qui travaillait sur le toit d'une maison de la rue du Chemin-Neuf, a été renversé par un furieux coup de vent et est tombé sur le pavé d'une hauteur de 8 mètres. L'infortuné jeune homme (il n'était âgé que de dix-sept ans) s'est brisé le crâne dans cette chute terrible. On la relevé et transporté à l'Hospice-Général, où, malgré les soins les plus habiles, il a expiré au bout d'une heure, sans avoir repris connaissance, il se nommait Achille Prieur.

En Seine, les voiliers qui montaient à Rouen ont été obligés de jeter l'ancre. Les communications télégraphiques entre Paris et Londres ont été interrompue. En Angleterre les pertes causées par l'ouragan sont considérables.

 

Novembre 1881  -  L’hiver.  -  D'après de récents avis des diverses, agences météorologique les plus dignes de foi, l'hiver de cette année sera l'un des plus rigoureux du siècle, du commencement de décembre à la mi-février, le froid serait très vif, la neige est déjà apparue dans l’Est de la France. Elle est tombée dimanche à Lisieux.

 

Novembre 1881  -  Instruction primaire.  -   Un décret porte que chaque commune va recevoir une subvention extraordinaire destinée à lui rembourser la somme qu'elle doit prélever sur ses revenus ordinaires pour la gratitude de l'instruction.

 

Novembre 1881  -  Récompenses honorifiques.  -  Des récompenses pour faits de sauvetage ont été accordées aux nommés Lincel, ouvrier huilier, témoignage officiel de satisfaction, sauvetage d'un jeune homme, Honfleur, 18 juillet 1881 ; Michelon, propriétaire, médaille argent 2e classe ; Henri Jules de Courcy, propriétaire, médaille argent 2e classe ; sauvetage de deux hommes en rade de Trouville le 1er août 1881 ; Dumoulin, comptable, médaille argent 2e classe, sauvetage d'un enfant à Trouville le 20 août 1881.

 

Novembre 1881  -  Centenaires.  -  Il existe à Trouville un ancien matelot, nommé Letellier, dit Josai Gustin, qui, dans quelques semaines, sera centenaire. II est très dispos, tous les matins, il fait une petite promenade, de la Grande-Rue, qu'il habite, à la Poissonnerie. Ce bon vieillard est fort estimé de la population. 

 

Mars 1882  -  Nécrologie.  -  La vicomtesse d'Hautpoul, la petite-fille du comte Marchand, l'ami fidèle et le serviteur dévoué de Napoléon 1er à Ste-Hélène, est décédée à Trouville. 

 

Mars 1882  -  Un bon signe.  -  On signale le passage de nombreuses bandes de canards sauvages qui, depuis quelques jours, s'en retournent vers les régions qu'ils avaient abandonnées au commencement de l'hiver. On sait que ce passage indique généralement la fin du froid.                        

 

Juillet 1882  -  Sinistre maritime.  -  Mercredi, à Trouville, le patron de barque « Galifaut » a été enlevé par un coup de mer en rentrant au port. C'était un honnête travailleur, père de plusieurs enfants, dont un était à bord.  

 

Juillet 1882  -  Sauvetages.  -  Mercredi, devant Honfleur, un yacht d'Argenteuil eût infailliblement péri avec un jeune homme qui était à bord, sans le dévouement du patron Leblanc et de l'équipage du bateau de sauvetage n° 3, du Havre. Il a fallu aux sauveteurs plus d'une heure d'une lutte acharnée et des plus périlleuses contre des vagues énormes, avant de réussir  à ramener le yacht à Honfleur.                        

 

Octobre 1882  -  Pauvre mousse.  -  Le mousse du bateau de pêche n° 15, de Trouville, patron Ch. Bellenger, s'est noyé accidentellement dans le port d'Ostende. Ce malheureux garçon s'appelait Fortuné Million, il était âgé de 15 ans.  

 

Mars 1883  -  Les drames de la mer. –   Mardi de la semaine dernière, le bateau pêcheur de Trouville n° 10, patron Auguste Boënel, fut assailli par un coup de mer qui enleva les deux hommes qui se trouvaient sur le pont, cassa son mât en trois bouts et brisa son canot. 

L'un des hommes, doué d'une force de résistance singulière, parvint à nager quelques instants, une seconde lame le rejeta sur le pont. L'autre, le nommé Bonjour, disparut dans les flots. Les autres marins jetèrent l'ancre immédiatement, mais, le câble qui le retenait s'étant rompu, le bateau, tout désemparé, s'en alla à la dérive, comme perdu dans la mêlée furibonde des vagues. Après un trajet de 18 heures, pendant lesquelles la main de la mort était littéralement étendue sur cet équipage, la barque est venue s'échouer sur la plage de Gravelines.

 

Avril 1883  -  Perdu en mer. –  La semaine dernière, le nommé Arnaud Desseaux, 17 ans, de l'équipage de la barque, « l’Avenir », s'est noyé à la mer, devant Trouville, en lançant le chalut.  

 

Juillet 1883  -  Bains de mer.    Encore quelques jours et la saison sera dans son plein. Les grandes villas de Trouville commencent à se louer. On dit que la villa des Phares, à Deauville, vient d'être achetée 160 000 fr. par l'un de nos confrères de Paris. M. Batieau, ancien codirecteur du journal « l'Evénement ». 

Comme les années précédentes, nos côtes sont le refuge de personnages illustres : A Trouville, se trouve la veuve d'Alexandre II, de Russie. A Deauville, on annonce l'arrivée du maréchal de Mac-Mahon. On nous écrit de Saint-Aubin : « Saint-Aubin possède, en ce moment, plusieurs membres de l'Institut, entre autres, M.. Victor Duruy, ancien ministre de l'instruction publique, qui est, avant tout, un homme de science, un écrivain correct, élégant, consciencieux, d'une conversation agréable et entraînante.

 

Août 1883  -  Pêche à la morue.    Les armateurs de Normandie et de Bretagne ont reçu d'excellentes nouvelles de Terre-Neuve. Certains bateaux reviennent en France avec 5 à 600 000.

 

Septembre 1883  -  Incendie en mer.    Mardi soir, le paquebot qui fait le service de Dieppe à Newhaven aperçut en mer un navire, environné de flammes, qui filait rapidement vers la  côte anglaise et bientôt allait échouer près de Newhaven. C'était la barque de pèche à vapeur « Marguerite », du port de Trouville. Les neuf hommes qui la montaient ont pu heureusement se sauver dans leur canot, et le paquebot « Rennes », les à ramenés à Honfleur.  

 

Octobre 1883  -  Les victime de la mer.    La barque « Fortuné-Justine », de Trouville, se trouvait jeudi, vers 9 heures du soir, au nord de la Hève, ayant son chalut bas, lorsqu'en le virant à bord il s'est trouvé accroché par le fond et, dans un coup de tangage, le jambes du moulinet cédèrent, alors le linguet dérapant de l'engrenage, celui-ci blessa grièvement trois hommes de l'équipage : le patron Halley, âgé de 55 ans, marié, père de deux enfants, qui a le bras droit cassé ; le matelot Rosier, père de quatre enfants, qui à la cuisse cassée, et le matelot Main, 24 ans, qui a eu la tète fendue. Pour dégager Rosier, qui avait la jambe brisée dans les bras du chalut, il fallut les couper, mais le manche de la hachette s'étant cassé pendant l'opération et le fer tombé à la mer, c'est avec leurs couteaux que les hommes de l'équipage purent couper et dégager leur camarade, perdant ainsi tous leurs agrès de pêche. 

— Le même jour, dans une manœuvre à peu près semblable, le sieur Olivier Baron a eu le crâne fracassé à bord du « Jeune-julien », de Honfleur. Baron est mort à l'hospice de Honfleur, le lendemain, il était âgé de 29 ans et était marié. 

— Dimanche, la mer était furieuse. Une barque de St-Aubin a été brisée devant Langrune, une autre de la même commune a été sauvée par MM. Lemarchant et Bréchet, photographe.

 

Décembre 1883  -  Les victimes de la mer.    Un nouveau malheur vient de frapper la population maritime de Trouville. Dans l'ouragan du 12, le patron Pierre-Joseph Cordier, de la barque de pêche 92, à été enlevé par un coup de mer, a la hauteur de Dungeness. Le bateau a été reconduit à Boulogne, où le sieur Deshayes, patron provisoire, a fait sa déclaration. Cordier était un bon marin et un excellent homme. Il n'avait pas 44 ans, il laisse une veuve, et 7 enfants, dont 4 en bas âge.

 

Mars 1884  -  Centenaire.    Le doyen des marins de Trouville, Joseph Letellier, est mort à l'âge de 102 ans et quelques jours. Malgré son âge, Letellier avait conservé ses facultés. Letellier a une sœur âgée de 97 ans.                        

 

Avril 1884  -  Les victimes de la mer.    Pendant les dernières tempêtes, la barque de pèche « Charles-et-Mélina »., de Trouville, patron Charles Toutain, a fait naufrage sur les côtes de Hollande. L'équipage, composé de six hommes, compris le mousse, a péri. Tous sont originaires de Trouville ou des environs. Le patron était âgé de 41 ans, il était marié et père de deux  enfants, dont l'un, âgé de 18 ans, a péri avec son père dans le naufrage.

 

Août 1884  -  Sauvetage.    Les sieurs Postel, baigneur, et Oscar, canotier aux bains des Roches-Noires, à Trouville, ont sauvé un sieur Tirard, pêcheur de crevettes, qui, entouré d'eau et ne sachant pas nager, allait infailliblement se noyer.

 

Septembre 1884  -  La statue du Duc de Morny.    La municipalité de Trouville, chargée en ce moment de garder la statue du duc de Morny, commence à se fatiguer de cette corvée. Un gendarme couche chaque nuit dans le magasin où est déposée la statue, et les édiles trouvillais pensent, parait-il, qu'il emploierait plus utilement son temps à surveiller les malfaiteurs. Aussi pressent-ils l'administration supérieurs de prendre une décision.  

 

Août 1885  -  Rothschild laitier.  -  Le baron de Rothschild possède, aux environs de Trouville, une grande ferme où il fait dresser ses chevaux et élever ses bestiaux. A la grande joie des consommateurs, mais au non moins grand mécontentement des cultivateurs, il livre à Trouville et à Deauville du lait à 50 pour cent au-dessous du prix ordinaire. Etre baron et devenir laitier, c'est roide !                        

 

Septembre 1885  -  L’ouragan.  -  La tempête qui a sévi cette semaine sur notre contrée a causé d'immenses ravages.

A Caen et dans les campagnes voisines, les dégâts sont purement matériels : arbres arrachés, pommiers brisés et dépouillés de leur récolte, couvertures endommagées. Le train de 8 heures, de Courseulles à Caen, est demeuré en détresse pendant 3/4 d'heure à la sortie de Douvres. Quatre grands arbres, arrachés par le vent, obstruaient la voie, ayant brisé les fils télégraphiques. Il a fallu scier les troncs d'arbres qu'il aurait été impossible de déplacer, s'ils étaient restés entiers.

A Lisieux, Pont-l'Evèque, Vire, Bayeux, grands dégâts, mais pas d'accidents. A Condé, où se tenait la foire, des tentes de forains ont été renversées. Des peupliers sont tombés sur un bâtiment de la tannerie de M. Maillard, et l'ont effondré. Un ouvrier a failli être tué.

Sur nos côtes, cet ouragan coïncidait avec la grande marée, ce qui en a augmenté la violence. A Langrune, la mer a enlevé sur plus de cent mètres les talus en terre bordant la rue de la Plage, démoli des murs en pierre sèche, coupé les pentes qui conduisent à la mer et brisé les escaliers en bois. A Cabourg, les cabines des bains culbutées. Les branches des arbres jonchaient toutes les avenues.

Une barque d'Arromanches dont l'équipage se composait de 13 hommes a échoué à Asnelles, après avoir lutté 10 heures contre l'ouragan. A Deauville, la mer a enlevé le pavillon en bois placé au bout de l'estacade. A Trouville, la jetée Est a été endommagée. Un homme a été jeté à la mer par le vent et n'a pu être sauvé qu'avec grandes difficultés. Un pêcheur montant une barque du Havre, Auguste Fouriel, 35 ans, né à Honfleur, enlevé par une lame, n'a pu être retrouvé. De mémoire de marin, la mer n'avait jamais été plus furieuse. A Honfleur, le  musoir de l'estacade a été assez fortement avarié par les vagues, de même que le côté nord de la digue construite à l'entrée du port. A Villerville, la tempête a eu des effets désastreux. Les falaises hautes de 20 mètres ont été escaladées par les lames, le village a été envahi, les cours remplies d'eau, des maisons démolies, le casino est littéralement emporté. Les peintres Duez, Pinel, Ravaud, le romancier Montaigut, qui ont voulu voir ce spectacle effrayant, ont manqué d'être enlevés par la mer. On est sans aucune nouvelle de plusieurs barques de pêcheurs.

Au Havre, une barque de Trouville, poussée par le vent, a heurté le steamer « l’Éclair » et brisé ses tambours. La barque a eu son beaupré cassé. Le trois-mâts italien « Nipoli-Accume » a été jeté contre le mur du quai et a éprouvé de fortes avaries. Au poste des Transatlantiques, les pieux d'amarrage s'arrachaient, et il a fallu mouiller les ancres des paquebots pour parer à tout événement.

Le cotre de Cherbourg, « l'Avenir » a fait côte sur les rochers de Mielle, l'équipage a été sauvé.

 

Décembre 1885  -  Victimes de la mer.  -  La barque da pêche n° 118, de Trouville, appartenant à M. Biais, et montée par deux hommes, les frères Duménil, tous deux mariés et pères de famille, était partie de Fécamp à destination de Trouville avec un chargement de harengs. Elle s'est perdue en mer : les deux hommes sont noyés.

 

Décembre 1885  -  Abordage.  -  La barque de Trouville « A la Providence », se disposait à filer son chalut, lorsque le patron fut interpellé par le capitaine d'un trois-mâts venant bâbord armures sur grand largue, qui lui demanda un pilote. Au même instant, un fracas épouvantable se fit entendre. C'était le navire qui abordait la barque par le travers. La violence du choc fut telle que le pont, le roufle, et les cintres furent levés. Le navire, après cette fausse manœuvre, continua sa route, sans plus s'enquérir du bateau pêcheur qui a pu, malgré une large voie d'eau qui s'était déclarée après la collision, regagner le port de Trouville. Les avaries sont estimées à 600 fr.

 

Mars 1886  -  Laïcisation.  -  Le Sénat a voté l'instruction; primaire obligatoire et laïque, c'est-à-dire que dans un délai déterminé, les frères et les religieuses qui dirigent encore des écoles primaire seront remplacés par des instituteurs et des institutrices n'appartenant à aucune congrégation.

 

Mars 1886  -  Disparition.  -  Le nommé Loisel, patron de la barque n° 26, de Trouville, est disparu, depuis quinze jours. Il était entré au Havre pour vendre sa pêche et on ne l'a plus revu. On craint qu'il ne soit noyé.

 

Septembre 1886  -  Un bon bac.  -  Le bac qui relie Trouville à Deauville, en face le marché, a été adjugé pour six ans, moyennant le prix de 9 000 fr. par an. Faut-il en godiller des passagers à 5 et 10 cent., car les étrangers paient 10 cent, et les gens du pays 5 cent.                        

 

Novembre 1886  -  Les inondés.  -  Le Parlement et la presse parisienne ont ouvert une souscription pour venir en aide aux inondés du Midi. Les offrandes sont reçues dans tous les établissements financiers publics et privés.

 

Novembre 1886  -  Abordage.  -  Un accident maritime, suivi de mort d'homme, est arrivé dimanche matin, à 8 heures. A 3 milles au nord du port de Trouville. Le baleau-pilote « Charles-et-Louise ». Le, patron Paul Prentout, après avoir mis à bord du steamer anglais « Fia-William », capitaine Andersen, venant de Swansea, le pilote Prentout, fut drossé par le courant sur l'avant du steamer qui, en l'abordant, lui fit une large voie d'eau. Le bateau coula à pic. 

Le lamaneur Théodore Lacheray, âgé de soixante-cinq ans, tombé à la mer, fut recueilli presque aussitôt par une embarcation du steamer.

Malheureusement, malgré les soins qui lui furent prodigués, il succomba aux suites d'une congestion. Le corps a été ramené à Trouville, par le navire abordeur.

 

Novembre 1886  -  Les baleines dans la Manche.  -  Lundi, un bateau de pêche anglais a manqué d'être coulé par une bande d'une demi-douzaine de baleines, mesurant de 15 à 20 mètres, qui prenaient leurs ébats dans la Manche.

 

Décembre 1886  -  L’ouragan.  -  Dans la nuit de dimanche à lundi, un ouragan d'une violence inouïe s'est déchaîné sur notre région. A Caen, tuiles et ardoises jonchaient les rues, plusieurs cheminées ont été renversées. Dans la campagne, les dégâts sont grands. Beaucoup d'arbres ont été brisés ou arrachés. Dans la canton de Ryes plus de 1 500 superbes pommiers ont été détruits. 

On craint de nombreux sinistres maritimes. A Honfleur, beaucoup de barques sont entrées en relâche avec des avaries. La barque n° 19 de Trouville, appartenant à M. Levasseur s’est perdue en mer avec trois des hommes qui la montaient. Les nommés Lepetit, Lacaille et Marais, tous pères de famille. L’un d’eux, le patron laisse treize orphelins. Une autre barque de Trouville a eu son patron, Albert Postre, 41 ans, enlevé en face du Havre. Il laisse six enfants. Toutes les barques et navires amarrés Dans les bassins d'Honfleur étaient à la dérive, les grelins ayant cassé. La drague a coulé dans le bassin de retenue faute de surveillance.

 

Avril 1887  -  Les victimes de la mer.  -  Vendredi, sous la côte de Villers, une douzaine de barques de pêche de Trouville ont été surprises par un coup de vent. L'une d'elles, « le Silence », a touché en face Villerville. Le patron Sénécal fut noyé. Il laisse une veuve et 5 enfants.

 

Juin 1887  -  Carte postale.  -  A l'avenir seront punis d'un emprisonnement de 5 jours à 6 mois et de 16 à 3 000 fr., d'amende, ceux qui auront injurié ou diffamé par carte postale.

 

Juin 1887  -  Les fortes chaleurs.  -  Les fortes chaleurs que nous subissons ne sont rien auprès de celles que nos pères eurent à supporter. Ainsi, en 1803, la Normandie vit s'écouler une période de quatre-vingt-quinze jours sans pluie. En 1811, année de la fameuse comète, les rivières tarirent dans plusieurs départements. En 1844, nouvelles chaleurs, le thermomètre resta stationnaire entre 50 et 60 degrés. Dans quelques départements, les bestiaux périrent faute d'eau. En 1859, 1860, 1869 et 1874, le thermomètre monta à 38 degrés. L'année dernière, il y eut 20 degrés au mois d'octobre, température exceptionnelle pour la saison.

 

Juillet 1887  -  Saison des bains.  -  Depuis lundi, la compagnie de l'Ouest est obligée de dédoubler ses trains sur Trouville et Cabourg. 

De l'autre côté de l'Orne, les baigneurs commencent aussi à arriver. Comme toujours, Saint-Aubin est la plage privilégiée. Elle le serait cette année plus que jamais si, comme on le dit, le général Boulanger est vraiment en pourparlers pour y louer. Sa nomination au commandement du 13e corps va peut-être le forcer à changer son fusil d'épaule. 

Le Casino de Luc a inauguré dimanche la saison. C’est cette semaine qu'aura lieu au grand Casino de Trouville le premier concert de la saison, dirigé par M. Borelli.

 

Juillet 1887  -  Un beau coup de filet.  -  Il a été vendu, jeudi dernier, à la poissonnerie de Trouville, un esturgeon de dimensions telles qu'elles valent la peine d'être signalées. 

Ce monstre marin mesurait deux mètres soixante de longueur sur quatre-vingt-dix centimètres de circonférence. Son poids est d'environ soixante-quinze kilogrammes. Capturé à environ douze milles de terre, par la barque de pèche N° 8, patron Criquet, se poisson a été acheté pour le compte de Mme Leblanc, de Vimoutiers, une des plus fortes marchandes de la région. 

L'esturgeon est très commun dans les mers du Nord, il y en a de plusieurs espèces, notamment le grand esturgeon, qui peut acquérir jusqu'à quatre à cinq mètres de longueur. Sa chair a une certaine analogie avec celle du veau.

 

Octobre 1887  -  Sauvetage.  -  L'équipage du canot de sauvetage de Trouville et son brave patron Postel viennent d'inscrire dans les annales de la société centrale des Naufragés, un  nouveau trait de courage et de dévouement. Lundi l'après-midi, le steamer anglais « Adam-Smith » essayait d'entrer dans le port de Trouville et était jeté à la côte à l'est du port. La mer était extrêmement grosse. Des vagues monstrueuses balayaient le pont du navire qui s'était abattu sur tribord. On pouvait craindre à chaque instant que son équipage devînt la proie des flots, car « l’Adam-Smith », coulait bas d'eau et une large brèche apparaissait à son flanc droit. 

A ce moment, le nouveau canot de sauvetage, le « Brancy », sortait du port. A la barre se trouvait le vaillant Postel, à l'avant, le sous-patron Bellanger, qui compte déjà à son actif de brillants sauvetages, les rames étaient tenues par des marins du port : Les sieurs Ferdinand Petit, Auguste Deshayes, Levoury, patachier, Léon Laromanie, Magloire Legrix, Fortuné Doeuvre et Carval. La lutte pour atteindre le steamer dura vingt minutes. Trois fois de suite, le grapin d'abordage fut lancé sans succès, la quatrième fois, il prit dans le bordage d'avant et l'accostage eut lieu. Six hommes sautèrent successivement à bord, le capitaine et le second ne voulurent point abandonner leur navire.

L’« Adam-Smith » jauge 135 tonnes, il était chargé de charbon pour le compte de MM. Salongne frères, négociant à Trouville-Deauville. Tout fait espérer que le bateau et sa cargaison pourront être sauvés.                        

 

Novembre 1887  -  Un mort de 400 livres.  -  M. E. Berthelot, marchand de bois, à Trouville, atteignait le poids fabuleux de 400 livres. Il était âge de 50 ans. Le cercueil contenant les restes du défunt mesurait 1 mètre 10 de hauteur et 1 mètre 05 de largeur, et, il n'a pas fallu moins de dix-huit hommes pour le transporter du corbillard dans le chœur de l'église.  

 

Janvier 1888  -  Ne gardez pas ce que vous trouvez.  -  Joseph Thomas, 28 ans, nettoyeur à la gare de Lisieux, trouvait, il y a quelque temps, sur le pont de Trouville, une petite boîte contenant une chaîne et une montre, il remit le tout à sa femme qui vendit la chaîne et la montre à un bijoutier. Ils ont été condamnés chacun à 50 francs d'amende, la loi qualifiant de vol les objets trouvés et non rendus.

 

Janvier 1888  -  Le froid.  -  La température glaciale que nous avons eue la semaine dernière n'est rien en comparaison du froid qui fait en Autriche. Durant huit jours, le thermomètre n'a pas dépassé 30 degrés au-dessous de zéro. Soixante personnes sont mortes de froid aux environs d'Agram. 

— En Amérique, il y a eu des tempêtes de neige. Le chiffre des morts atteint 200. Un grand nombre de personnes ont eu des membres gelés. Beaucoup de malheureux, aveuglés par la neige, se sont laissé mourir à deux pas d'abris où ils auraient été sauvés. Des bandes entières d'enfants ont péri en revenant de l'école. Les pertes en bétail sont considérables.  

 

Février 1888 -  Le mariage des prêtres.  -  La cour de cassation vient de décider que les prêtres pouvaient se marier, après avoir quitté la soutane.

 

Février 1888  -  Récompenses.  -  M. Joseph Poret, sous-patron des douanes, médaille de 2e  classe ; M. Louis Lostibondoués, matelot des douanes, témoignage de satisfaction, sauvetage de deux hommes à Honfleur ; M Amand Halley, journalier, médaille de 3e classe en argent, sauvetage à Trouville.

Le ministre de la marine a accordé une médaille de 2e classe en argent à M Louis Hutz, lieutenant de douane au Havre, pour différents actes de dévouement, notamment pour sauvetage d'un enfant tombé dans le bassin de la Citadelle. M. Hutz est le fils de M. Hutz, capitaine de douane en retraite, buraliste à Dives, médaillé lui-même pour de nombreux sauvetages,

 

Février 1888  -  Pas humains, les anglais.  -  On avait annoncé la perte, sur les côtes de Hollande, du « Charles-Victor » C.-N. 598, appartenant à M. Olivier Bavard, armateur à Trouville. Ce bateau, d'après le rapport du patron, se trouvait, le 14 janvier, en vue des côtes de Hollande, lorsqu'il fut abordé, malgré ses signaux, par le steamer anglais « Suzan », La mâture du « Charles-Victor » ayant touché à ce moment le gaillard d'avant du « Suzan », l'équipage put se réfugier à bord de ce dernier. Le capitaine anglais laissa ces malheureux pendant vingt-deux heures sans leur donner ni vivres, ni vêtements, malgré le froid intense. Ils n'eurent de soulagement qu'à leur arrivée à Amsterdam, où le consul français les a recueillis.  

 

Février 1888  -  Un bon coup de main.  -  Un des plus fervents adorateurs de Bacchus de l'arrondissement, de Lisieux est tombé, sac au dos, en revenant de faire sa recette, sur le territoire d'Ouilly-la-Ribaude. Il a fallu, le hisser dans une carriole pour le ramener. Et dire qu'il aurait passé la nuit sur la grande route, sans deux lessivières qui lui ont prêté aide en disant : « Fésons ès aut’ ; c'que j'voudérions qu'nos nous fâche…. ».

 

Février 1888  -  Blessures accidentelles.  -  Jeudi, à Trouville, au moment où il travaillait au renflouement de la barque de pêche n° 37, à la côte depuis la marée du matin, le sieur Satire, patron de la barque, à eu une jambe broyée par suite de la rupture d'une amarre. L'amputation a dû être pratiquée.                        

 

Février 1888  -  Ils ne se ruinent pas.  -  On a vendu, ces jours-ci, à Trouville, le mobilier du comte d'Osmont. L'administration municipale de Trouville a acheté pour 460 fr., plus les frais, un mobilier de salon destiné à la grande salle de la mairie.

 

Février 1888  -  Beaucoup de bruit pour rien.  -   La semaine dernière, deux femmes, surnommées la Paponne et la Radolphe, mettaient en émoi tout un quartier de Trouville, en racontant qu'une jeune fille, fort connue des galants de l'endroit, était accouchée clandestinement. D'autres commères ajoutaient que l'enfant avait été coupé en morceaux, puis enterré, mais que, quelques jours après, on avait apporté l'un des bras de l'enfant sur la table où mangeait la famille de l'accouchée.

Renseignements pris, il s'agit d'une fausse couche de quelques mois qui ne paraît pas jusqu'ici avoir été le résultat de manœuvres criminelles, puisque la jeune fille a été laissée en liberté.                        

 

Juin 1888  -  Caen à Trouville.  -  C'est dimanche prochain, 1er juillet, que la Compagnie inaugure son service de trains de plaisir sur Cabourg, Dives, Beuzeval, Villers-sur-Mer et Trouville. Prix, aller et retour, 2 et 3 fr. 

Départ de Caen, 8 h. 16 ; arrivée à Trouville 10 h. 45.  Départ 7 h. 35 ; arrivée à Caen, 10 h. 16.

 

Juin 1888  -  Bains de mer.  -  Les chaleurs font leur effet. Un certain nombre d'étrangers sont attendus du 15 au 20. Les casinos font leur toilette et vont bientôt ouvrir. La réclame parisienne parait avoir pris sous son patronage le casino de Cabourg. On voit que les nouveaux propriétaires et le président du cercle, M. G. de Dramard, comptent de nombreux amis dans la presse de Paris. La plage de Cabourg est assurément très belle, son casino et son grand hôtel bien aménagés. Ils pourraient attirer, beaucoup de monde, mais à la condition que les prix soient plus abordables que par le passé. Surtout, qu'on ne voie plus deux poulets de même force vendus l'un, le matin, 9fr., et le second, 15 fr., parce que c'était l'après-midi, et que l'article volaille très demandé ce jour-là manquait dans le garde-manger de l'hôtel. 

Cabourg ne fera certainement pas négliger Trouville et les autres stations. De grandes locations sont déjà faites à Trouville. Son casino va rouvrir ses salons où les concerts et les fêtes se succéderont. M. de Maraine veuf faire de cet établissement un petit Monte-Carlo, qu'il est allé visiter cet hiver et d'où il est revenu avec des idées et des projets dont on dit merveille. De l'autre côté de l'Orne, le casino de Luc se prépare à soutenir la concurrence de Cabourg.  

 

Juillet 1888  -  Les bains de mer.  -  Le mauvais temps retarde les arrivées. Plusieurs casinos ont cependant déjà ouvert leurs portes. Les concerts du casino de Trouville sont commencés. Quelques belles locations sont déjà faites, mais la plupart pour août.  

 

Juillet 1888  -  Immoralité.  -  Joseph Retout, 40 ans, cordonnier à Trouville, rue de la Mer, attirait chez lui des jeunes gens vicieux et se livrait sur eux à des actes de la plus révoltante immoralité. Ce personnage vient d'être arrêté.

 

Juillet 1888  -  Les pluies.  -   La persistance des pluies sur notre région porte un préjudice considérable à l'agriculture. Les foins sont perdus, les blés ne mûrissent pas ou sont roulés.

 

Juillet 1888  -  Bains de mer.  -   Semaine aussi mauvaise que la précédente. Pas ou peu de locations de faites. Les trains du littoral étaient bien garnis dimanche. Le nouveau train de plaisir rapide entre Paris et Trouville portait près de 500 excursionnistes.

 

Juillet 1888  -  La plaie des plages.  -   Le littoral est infesté de vagabonds et de mendiants de tout genre. Les gendarmes et les gardes champêtres demandent bien, pour la forme, les papiers de ces écumeurs de la grève, mais ils se gardent bien de les arrêter quand ils ne sont pas en règle. Ajoutez à cela une ribambelle de religieuses de tout âge et de tout ordre, qu'on laisse mendier à leur aise, tantôt pour la construction d'une chapelle, tantôt pour une oeuvre plus ou moins charitable, et vous aurez une idée de ce que nous appelons la plaie des plages.                        

 

Juillet 1888  -  Un cordonnier dans ses petits souliers.  -   Joseph Retout, cordonnier, rue de la Mer, à Trouville, attirait chez lui de jeunes garçons, et ce disciple de saint Crespin les initiait aux mystères de la plus honteuse et de la plus repoussante démoralisation.  Il paraît que ces scènes ignobles duraient depuis longtemps, lorsque la police est intervenue. Retout a été poursuivi. Parmi les témoins se trouvaient cinq à six jeunes gens. L'ignoble personnage a été condamné à trois mois.

 

Juillet 1888  -  Tempête.  -   Samedi, une violente tempête a sévi sur nos cotes. A Villers-sur-Mer, le sieur Ulysse Thieuland, 18 ans, s'est noyé, son camarade a été retiré de l'eau à demi asphyxié. A Yport, un marin a été noyé aussi. A Saint-Valery-en-Caux, un bateau de pêche a chaviré, cinq hommes sur six ont péri. Les bateaux de Caen et de Trouville n’ont pas pu  sortir du Havre. la « Normandie », qui devait partir à une heure, n'a pu quitter le Havre que pendant la nuit.

Les orages continuent. A Honfleur, la foudre est tombée sur un steamer, amarré dans le bassin, et a fendillé le mât.

 

Août 1888  -  Les bains de mer.  -  Malgré le mauvais temps, beaucoup de baigneurs sont arrivés le 1er août. La semaine dernière, on a constaté l'arrivée de 296 étrangers à Trouville. On dit que le général Boulanger doit venir à Villers-sur-Mer, chez M. d'Ennery, romancier et auteur dramatique.

 

Août 1888  -  Voyage imprévu.  -  Aux bains de mer, il est d'usage de reconduire les amis partant à la gare. Lundi soir, à Trouville, une petite fille était montée dans un compartiment pour dire adieu à des dames allant à Paris. Soudain, le train se mit en marche. La mère eut beau crier : « Clara ! Clara, descends... » le train filait toujours et emporta la fillette jusqu'à la gare la plus proche, d'où elle fut réexpédiée à sa maman.

 

Août 1888  -  Du nouveau.  -  A Trouville, prés des Roches-Noires, on va faire une jetée, où les bateaux à vapeur pourront accoster à toute heure du jour sans attendre la marée.                        

 

Octobre 1888  -  Noyé en mer.  -  Dans la nuit de mercredi, le jeune Drugeon, matelot à bord de la barque de pêche de Trouville N° 18, est tombé à la mer en exécutant une manœuvre. Il a disparu aussitôt et les recherches faites pour le trouver ont été vaines.  

 

Novembre 1888  -  Les pommes.  -  Quelques députés ont déposé sur le bureau de l'a Chambre une proposition de loi tendant à frapper d'un droit de douane de 1 fr. 50 par 100 kilog. les pommes à cidre et les poires à poiré de provenance étrangers. La plus grande quantité de ces fruits viennent d'Allemagne, en passant par la Suisse.

 

Novembre 1888  -  Pris sous un éboulement.  La semaine dernière, le nommé Victor-Arsène-Fortuné Villy, 45 ans, carrier à Touques, a été pris sous un mètre de cailloux environ, dans une carrière, à Trouville, et a été écrasé, La mort a été instantanée. 

 

Décembre 1888  -  Les victimes de la mer.  -  Le canot « Souvenir » faisait route pour Trouville, avec un fort chargement produit de sa pêche. Vers minuit, une saute de vent fit tout à coup porter tout son chargement du même bord, l'eau s'engouffra alors par l'arrière et fit sombrer l'embarcation. Les deux hommes qui la montaient, le patron Caillot, et le sieur Albert Lancelin, furent précipités à la mer. Le canot, allégé, revint immédiatement à la surface et les deux malheureux naufragés purent se cramponner au mât et se maintenir longtemps dans cette position atroce et périlleuse. Ils firent des appels qui furent entendus par l'équipage d'une barque de pêche. Au moment où ces malheureux allaient être arrachés à la mort, Lancelin, que le froid et la fatigue avaient épuisé, lâcha prise et disparut dans les flots où il a trouvé la mort.  

 

Janvier 1889  -  Victime du travail.  -  Lundi, vers midi, le nommé Dicloux, couvreur, qui travaillait à l'hôtel restaurant en construction sur la digue des Roches-Noires, à Trouville, est tombé d'une hauteur de dix mètres environ et s'est brisé une jambe. S'il ne s'était pas trouvé un balcon qui a amorti la chute, le malheureux aurait été certainement tué sur le coup.

 

Juin 1889.   -   Les rapaces.   -   Le fermier du bac entre Trouville et Deauville perçoit un droit de 10 cent. Par personne, alors que le cahier des charges fixe le prix du passage à 5 cent. par personne non chargée ou chargée d'un poids au-dessous de 50 kilogrammes.

En voilà encore des fi... celles. (Bonhomme Normand)

 

Juillet 1889.   -   Un pilote noyé.   -   Le pilote Anatole Levasseur, demeurant à Trouville, et son matelot Ferdinand Halley, en voulant embarquer dans leur canot pour se diriger sur le trois-mâts russe « Emilia », sont tombés à l'eau par suite d'une forte lame qui a chaviré leur embarcation.

Ils ont pu être retirés tous les deux presque aussitôt, mais le pilote Levasseur, qui venait de manger, a été retiré asphyxiė. ( Bonhomme Normand)

 

Août 1889.   -   Une femme qui se jeté par la fenêtre.   -   Mme Lachose, fille de M. Halanzier, l'ancien directeur de l'Opéra de Paris, s'est jetée du haut de la fenêtre de son appartement, situé au troisième étage, rue de Paris, à Trouville.

La pauvre femme est restée un instant suspendue par ses jupons, puis est tombée et s'est fracassé le crâne sur le pavé. La mort a été instantanée Mme Lachose laisse quatre enfants. Elle était âgée de 40 ans.

M. Halanzier est arrivé alors qu'on relevait le cadavre de sa fille. Ce suicide ne peut être attribué qu'à un accès de fièvre chaude occasionné par le chagrin de savoir son mari dans une maison d'aliénés. ( Bonhomme Normand)

 

Août 1889.   -   Bien mal tombé.   -   L'autre dimanche, MM. de Brancion, préfet du Calvados, et Herbet. lieutenant de gendarmerie à Pont-l’Evêque, revenaient de Saint-Clair, près Dozulé, où avait eu lieu le matin l'accident du chemin de fer, quand un individu assez bien mis monta dans le compartiment où ils se trouvaient. Il leur proposa une partie de cartes, ces

messieurs refusèrent. Monte un quatrième voyageur qui se laissa faire et qui, en quelques minutes, perdit 125 fr. Arrivés à Trouville, le préfet et l'officier de gendarmerie firent arrêter le bonneteur qui n'avait, comme on le voit, pas eu de chance ce jour-là.

Cet individu appartient à une bande d'une vingtaine d'escrocs qui ont, durant les courses de Trouville, fait tant de victimes.  ( Bonhomme Normand)

 

Septembre 1889.   -   Une abandonnée qui se venge.   -   Un garçon de l'hôtel des Bains, à Trouville, nommé Quoniam, était réveille lundi la nuit, vers deux heures du matin, par la sonnette de l'hôtel. Croyant qu'il s'agissait de voyageurs à la recherche d'une chambre, le garçon descendit pour ouvrir, tenant un flambeau à la main. Il lui était impossible, en raison de l'obscurité, d'apercevoir la personne qui avait sonné et qui se tenait dans la rue sur le trottoir, tandis, au contraire, que la clarté de la lumière le mettait, lui, complètement en relief.

A peine eut-il ouvert la porte qu'il reçut, en plein visage, un liquide qui lui causa une douleur atroce. C'était du vitriol. Le malheureux garçon tomba immédiatement à terre et appela au secours.

L'enquête a fait connaître que le crime a été commis par une fille qui s'est vengée de l'abandon dans lequel Quoniam l'aurait laissée après lui avoir promis le mariage. ( Bonhomme Normand)

 

Janvier 1890  -  Découverte de cadavre.  -  On a recueilli sur la plage de Trouville un cadavre paraissant avoir séjourné, cinq ou six semaines dans l'eau. Ce cadavre est celui de Lépine, 19 ans, marin au Havre. Le corps ne portait aucunes tracés de violences. Les constatations faites concluent à l'asphyxie par submersion.  

 

Février 1890  -  Mort accidentelle.  -  La veuve Aglaé Pestel, 60 ans, ménagère à Trouville-sur-Mer, rue de l'Église, 4, est tombée accidentellement dans la Touques, en jetant dans cette rivière un seau d'ordure. Retirée aussitôt et transportée à son domicile, elle y a expiré.

 

Février 1890  -  Mort accidentelle.  -   Le cadavre du sieur Daniel Marie, 57 ans, terrassier à Trouville, rue du Nouveau-Monde, disparu depuis douze jours a été trouvé sur la plage de  Deauville, à marée basse. Les constatations médico-légales ont fait connaître que le cadavre portait trois plaies à la partie supérieure du front, paraissant être produites par un coup de poing américain, mais l'autopsie a démontré que ces blessures n'avaient pas donné la mort et était accidentelle.  

 

Février 1890  -  Accident de mer.  -  Samedi, la barque de pèche « Sainte-Marie », de Trouville, a été drossée contre le bastion de la Floride en sortant du port du Havre. L'équipage composé de six hommes a été sauvé après de grandes difficultés, par le bateau de sauvetage n° I : La « Sainte-Marie » est perdue.  

 

Juillet 1890  -  Naufrage.  -  Le lougre « Espérance », de Trouville, s'est perdu la nuit près de Lannion. Ce bateau, était parti du Havre en destination de Brest, avec un chargement de farine et de goudron. L'équipage est sauvé, mais le navire et la cargaison sont perdus.  

 

Août 1890  -  Bain de Mer.  -  A Trouville, la reine des plages du Calvados, les équipages commencent à circuler et les planches à être animées. Aux attractions des années précédentes sont venues s'ajouter des tentations et des plaisirs nouveaux. En première ligne, le casino, avec ses concerts, ses bals, ses représentations théâtrales, ses jeux, etc….., le tout gratuit, sauf le droit d'entrée. Il y a aussi l'Eden-Bronchite, ainsi nommé à cause de ses courants d'air. 

On a fait beaucoup de réclame pour la nouvelle jetée-promenade. Travail hardi, mais nullement pratique. Pour y arriver, il faut traverser un Sahara de poussière, et, quand vous arrivez au bat, on vous demande 20 cent, par personne et 30 cent, pour un chien. Pourquoi ces 10 cent. de plus ? Est-ce parce que les chiens ont quatre pattes ? Voilà une explication que nous n'avons jamais pu obtenir de l'Anglais chargé de la garde des tourniquets.  

 

Septembre 1890  -  Grandes manœuvres.  -  Les mouvements des troupes, pour les grandes manœuvres, commencent le 6 septembre. Le 129e  venant du Havre, débarquera à Trouville et se rendra à Varaville, d'où il s'avancera par journées, en manœuvrant vers Douvres. Le 36e se rendra d'abord à Creully et manœuvrera dans les environs pendant deux ou trois jours. 

Les deux régiments opéreront l'un contre l'autre pendant 2 jours. Enfin, la brigade, réunie sous les ordres du général Jamais, avec une batterie d'artillerie et un petit détachement de cavalerie, opérera contre un ennemi masqué. Le 14, autour de Colomby,  le 15, entre Périers et Ouistreham, le 17, autour de Cuverville-la-Grosse-Tour, village près duquel aura lieu la revue finale. Aussitôt après, les troupes sa disperseront. 

Toutes les communes à partir de Honfleur jusqu'à Arromanches pourront être soumises au droit de réquisition. Nous crayons être utiles aux habitants des localités que les troupes  traverseront et dans lesquelles elles feront halte, en leur conseillant de faire d'avance pour cette occasion des approvisionnements de pain, viande, charcuterie, boisson et autres.

 

Septembre 1890  -  Ouragans et orages.  -  Le mauvais temps continue. La pluie est encore tombée avec abondance une partie de la semaine, au grand préjudice des champs et des jardins. Vendredi la nuit, au moment de l'orage, la barque de pêche « Charles-Hélène-Henriette », n° 21, de Trouville, patron Charles Roux, se trouvait à 1\2 milles de la Hève lorsque la foudre est tombée à bord. Le bateau a eu sa grand'voile déchirée et son mât de flèche cassé. En outre, deux hommes du bord sont tombés sur le pont, où ils sont restés plusieurs heures comme paralysés sous le fluide électrique. 

Dans le Midi, les orages font également de grands ravages. En Suisse, il y a des inondations. Une femme et un enfant ont été emportés par les eaux, un train a déraillé et le mécanicien tué. S'il faut en croire le New-York Héradl, la France est menacée d'un nouveau cyclone.

 

Septembre 1890  -  Accident.  -  Un matelot de la barque de pêche, n° 70, de Trouville, le sieur Halley, voulant, malgré l'obscurité, regagner son bord, à marée basse, est tombé d'une hauteur de cinq à six mètres sur le lit caillouteux de la Touques. A ses cris, accoururent aussitôt quelques marins. On descendit à sa recherche et on le trouva baignant dans le sang d'une plaie qu'il s'était faite à la tête, il est aujourd'hui hors de danger.  

 

Septembre 1890  -  La grande marée de 1890.  -  La plus forte marée de 1890 sera celle du 29 septembre, qui suit la pleine lune du 28 — Des soi-disant savants nous avaient prédit un temps épouvantable pour le 23 et le 28 septembre. Le 23 est passé, et il fait beau. Espérons qu'il en sera de même le 28.

 

Octobre 1890  -  Les pommes.  -  Dans le Calvados, le pays-d'Auge surtout, n'a pas de pommes, on parle de 4 et 5 fr. la barretée. Dans la Manche, il y en a davantage, les prix varient entre 3 et 3 fr. 50. La Bretagne est plus favorisée, on en trouva en gare à 2 fr. 25 et 2 fr. 50. Sur certains points on les vend au poids.

 

Octobre 1890  -  L’épidémie de Trouville.  -  Les docteurs Brouardel et Thoinot sont partis de nouveau à Trouville, afin de continuer leur enquête au sujet de l'épidémie de fièvre typhoïde qui a été signalée sur une partie de la côte normande. La commission d'hygiène a acquis la certitude qu'un certain nombre de personnes qui ont été en villégiature à Trouville sont revenues malades. D'après une analyse minutieuse faite à la faculté de médecine de paris, il résulte que les eaux de Trouville ne contiennent aucun bacille de la fièvre typhoïde. C'est donc à l'insalubrité qu'il faut attribuer le mal. Aussi critique-t-on vivement l'administration, qui ne fait, comme à Caen, que ce qu'elle veut.

C'est dommage, car la vogue de Trouville revenait. Qu'on en juge : du 1er juillet au 30 septembre 1890, il a été reçu à la gare de Trouville-Deauville, 77 300 billets de voyageurs ayant séjourné plus ou moins de temps. Pendant la même période, il a été transporté à Trouville par les bateaux à vapeur, 96 800 voyageurs. Total, en trois mois, 174 100, sans compter les voitures particulières, les yachts et les piétons.

 

Octobre 1890  -  Voyageurs, prenez garde.  -  La demoiselle Adrienne Lebourg, 17 ans, demeurant rue de la Mailleraye, au Havre, a porté plainte au sujet d'un vol dont elle a été victime. Au moment où elle débarquait, mercredi soir, du bateau de Trouville, on lui a volé une malle contenant pour 500 à 600 fr d'effets d'habillement. 

 

Octobre 1890  -  Naufragés secourus.  -  Le brick-goélette « Mélingue », de Lannion, capitaine Chevalier, allait de Swansea à Royan avec un chargement de charbon, lorsqu'une voie d'eau se déclara. Le navire coula bientôt au large du cap Lizard. Trois hommes de l'équipage disparurent, mais le capitaine et le novice Jabon furent sauvés, non sans difficultés, la mer étant très grosse, par le vapeur anglais « Tyne », capitaine Bewen, allant de Trouville-sur-Mer à Swansea. Ce dernier eut beaucoup de peine à rappeler à la vie le capitaine Chevalier, complètement épuisé par un séjour prolongé dans l'eau. Il donna aux deux naufragés les meilleurs soins et les conduisit à Swansea, d'où il rapatria à Trouville, le novice Jabon.                        

 

Octobre 1890  -  Bateau coulé.  -  Le navire « Jules-Estelle », allant de Trouville à Skornevick, a été abandonné et a sombré deux heures après. Le choc d'une épave à tribord avant avait amené une voie d'eau qu'on n'a pu arrêter.  

 

Novembre 1890  -  Purification des eaux.  -  Nous avons sous les yeux un projet présenté par M. Godefroy, architecte à Paris, pour la purification des eaux de la Seine, ce projet pourrait parfaitement servir aux eaux de Trouville. Pour cette ville, l'exécution de ce projet coûterait environ 300 000 fr. et lui assurerait une eau parfaite et éviterait à l'avenir les cas de fièvre qui lui sont si funestes.  

 

Novembre 1890  -  Les receveuses peuvent aimer.  -  Par arrêté ministériel, les receveuses sont autorisées à contracter mariage avec le fiancé de leur choix. Une seule exception subsiste : elle concerne les personnes du sexe masculin, remplissant une fonction de police, comme les gendarmes, commissaires et les gardes champêtres. 

 

Décembre 1890  -  Un pêcheur noyé.  -  La semaine dernière, le canot « Georges-Eugénie », de Trouville, se trouvait en rade du Havre, ayant deux hommes à bord. Ceux-ci voulurent mettre leur chalut à crevettes à la mer et l'appareil était déjà à l'eau, quand le sieur Eugène Perchey, fut entraîné à la mer par le poids du filet. L'homme resté à bord hissa aussitôt le chalut pensant y retrouver son camarade mais il ne ramena rien. Il stationna longtemps sur le lieu de l'accident, espérant voir flotter le cadavre et le rapporter à terre, mais ce fut en vain. Ce malheureux laisse dans la plus grande misère une femme enceinte et quatre petits enfants.  

 

Février 1891  -  Vol d’eau-de-vie.  -  Six charbonniers ont été arrêtés à Trouville, au moment où ils processionnaient, derrière un fût d'eau-de-vie. volé à la gare. Ce sont les nommés: Jean-Baptiste Ledogard, 22 ans ; François Belliot, 43 ans ; Auguste Barré, 48 ans ; Jacques Plongeon, 44 ans ; Georges Kiel, 31 ans ; Adolphe Parissot, 38 ans. 

 

Février 1891  -  Le froid et les récoltes .  -  Les dégâts causés aux récoltes par les grands froids de cet hiver ne peuvent pas encore être appréciés d'une manière certaine. Les contrées les plus éprouvées seraient la Beauce et le Nord. Le total des surfaces à réensemencer en blé serait de 8 à 10 %. Dans ce cas, la situation ne serait pas si mauvaise qu'on le craignait, surtout si le printemps était favorable a la culture.

 

Février 1891  -  Explosion d’une chaudière à vapeur.  -  Mercredi, à Trouville, la chaudière de la machine à vapeur placée dans les chantiers de construction du sas-écluse et qui met en mouvement le mouton servant à enfoncer les pieux a éclaté. 

De nombreux éclats ont été projetée à une distance de plus de 130 mètres vers le Sud. Les ouvriers étaient occupés du côté opposé sans cela, cette explosion aurait produit beaucoup de victimes. Le chauffeur Morel, 24 ans, a été lancé a une grande distance et est assez grièvement blessé.  

 

Mars 1891  -  L’eau dans le lait.  -  La semaine dernière, à Trouville, la police a saisi plusieurs échantillons de lait additionné d'eau. Une femme D... avait mis moitié d'eau dans son lait. Le sieur Hubert, de Saint-Gatien aurait eu son lait falsifié à son insu. Une vache ayant renversé d'un coup de pied le seau dans lequel on la trayait, la servante, pour ne pas être grondée, aurait mis de l'eau sans en rien dire à son maître.  

 

Avril 1891  -  Les épidémies.  -  La fièvre typhoïde sévit assez sérieusement à Lisieux pour que l'appel des réservistes soit retardé. 

— A Brest, c'est terrible. On dit que, depuis l'arrivée des recrues, 120 jeunes soldats auraient été emportés par la fièvre, ainsi que 2 officiers. 

— A Trouville, le maire à publié une lettre pour annoncer que toutes les mesures de salubrité seront prises. Mieux vaut tard que jamais.  

 

Avril 1891  -  Les plages du Calvados.  -  Lundi, a eu lieu, à Caen, l'adjudication des plages du Calvados. Beuzeval, sur une mise à prix de 500 fr. ; Arromanches, à 150 fr. et Tourgéville, à 100 fr., n'ont pas trouvé preneurs. Partie de Trouville (Roches Noires), 500 fr. ; Deauville, 200 fr. ; Honfleur, 50 fr., ont été adjugés à des particuliers avec des surenchères relativement insignifiantes.

Les plages de Saint-Aubin, 1 000 fr. ; Courseulles, 250 fr., et Langrune, 200 fr., ont été adjugées aux communes.

Mais à Villers-sur-Mer le pompon ! La mise à prix de la plage était fixée à 2 025 fr., la commune s'en est rendue adjudicataire pour 4 050 francs

Or, écoutez ceci : il y a six ans, la commune s'était aussi rendue adjudicataire du même terrain, mais pour 1 000 fr. seulement, et elle a trouvé moyen d'y manger 2 à 3 000 fr.

Comment fera-t-elle pour s'en tirer en payant 4 050, plus les frais d'adjudication et les constructions en planches ? Est-ce que quelque conseiller municipal généreux y mettra du sien ? Nous en doutons. Certains entrepreneurs trouveront plutôt le moyen d'y faire leur beurre.  

 

Juin 1891  -  Les bains de mer.  -  La saison est commencés sur nos cotes. Les locations paraissent devoir être nombreuses. Les principaux hôtels sont déjà ouverts. Le casino de Trouville prépare des merveilles. La municipalité fait faire une toilette de propreté sérieuse à la ville, de plus, une délégation doit aller inviter M. Carnot à venir visiter cette reine des plages, sinon par la beauté, du moins par le mouvement. 

— M. Pasteur et sa famille sont à Saint-Aubin, avec M. Zévort, recteur de l'académie de Caen et neveu de M. Pasteur.  

 

Juin 1891  -  Tentative d’empoisonnement.  -  André Soubrant,53 ans, maçon, originaire de la Creuse, de passage à Trouville, a absorbé un verre cidre dans lequel il  avait fait dissoudre du sel d'oseille. Un contrepoison lui a été administré immédiatement, mais il est mort vers midi. Ce malheureux était arrivé de Dives la veille, et il a déclaré au commissaire de police qu'il s'était empoisonné par suite de chagrins domestiques.

 

Juillet 1891  -  Les victimes de la mer.  -  Dans la nuit de lundi, le bateau de pêche « Union-Républicaine », de Trouville, a été coulé par un steamer, prés de Gromer (Angleterre). La patron s'est noyé, quatre hommes et un mousse ont été débarqués à Douvres.                        

 

Juillet 1891  -  Les bains de mer.  -  Le mauvais temps retarde les arrivées. Tous les médecins sont unanimes pour constater que l'état sanitaire de nos côtes n'a jamais été aussi bon. Il y a de grandes locations de faites, mais c'est pour août et, septembre. 

A Trouville, le monde commence à venir, M. de Maraine, le directeur du Casino, n'aura pas en vain fait les plus grands sacrifices pour grouper tous les plaisirs dans son établissement. 

— Les autres casinos ont entre-baillé leurs portes. Celui de Luc les ouvre toutes grandes dimanche prochain par une brillante, fête terminée par un feu d'artifice.  

 

Juillet 1891  -  Les bains de mer.  -  Petit à petit la monde arrive, mais pas aussi vite et avec l'empressement que le désireraient les habitants de nos cotes. Ce n'est cependant pas faute de réclame, car on en fait, cette année, surtout pour Trouville où toutes les attractions vont se trouver groupées pendant une quinzaine de jours. ; Le Casino fait des merveilles, l'Eden rouvre ses portes et annonce Yvette, pour les 15 et 10 août. Les mail-coaches garden feront des excursions chaque jour. Le téléphone entre Paris sera prochainement installé. 

Pendant ce temps-là, le tramway de Luc à Ouistreham est à l'arrêt. Cela vient des ponts et chaussées et de la voirie qui se disputent le contrôle de cette lignette. L'affaire est soumise au conseil d'État qui ne fera sans doute pas connaître sa décision avant Pâques ou la Trinité. 

Dimanche, à l'occasion des courses, le train de plaisir de Caen à Trouville n'aura pas lieu, il sera repris le dimanche suivant.

 

Juillet 1891  -  Sauvetages.  -  Le sieur Lecoq, garde maritime à Trouville, a sauvé le sieur Jouan qui avait commis l'imprudence de vouloir passer à la nage de Deauville à Trouville, et qui, au milieu de sa course, avait coulé à pic. 

— La nommée Désirée, 45 ans, rue St-Jean, 54, rentrant de faire une promenade en barque sur l'Orne, est tombée dans la rivière en se penchant pour saisir un poisson. Cette femme a été retirée immédiatement de l'eau par M. Branca, fumiste. 

 

Juillet 1891  -  Sauvetage.  -  Le sieur Lecoq, garde maritime à Trouville, a sauvé le sieur Jouan qui avait commis l'imprudence de vouloir passer à la nage de Deauville à Trouville, et qui, au milieu de sa course, avait coulé à pic. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1891  -  Panique en mer.  -  Dimanche soir, un abordage a failli avoir lieu entre les paquebots le « Cygne » et la « Gazelle », chargés de passagers qui revenaient des courses de Trouville. C'est par suite d'une avarie arrivée au vieux « Cygne » que ce steamer a failli prendre la « Gazelle » en flanc. L'accident a été évité par le capitaine de la « Gazelle » qui a fait stopper en arrière. C'était affreux, parait-il, d'entendre les cris des enfants et des femmes. Quelques-unes ont été débarquées encore évanouies.  (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1891  - Ivre et pas ivre.  -  Une pétition, signée de 161 négociants, armateurs et patrons de barque de Trouville, a été adressée à l'autorité supérieure maritime. Il s'agit de vexations et d'injustices inqualifiables sur lesquelles nous reviendrons si justice n'est pas rendue. Entre autres, citons un malheureux, atteint d'un mal incurable, que le commis maritime, après examen attentif, a affirmé « n'être pas ivre » ce qui n'a pas empêché qu'après cette déclaration, faite devant témoins, les gendarmes de la marine ont affirmé son « état complet d'ivresse ».

Il faut croire qu'ils portaient tous des lunettes de couleurs variées pour la circonstance, mais ceci ne nous dit pas à quelle cause il faut attribuer cette erreur flagrante des gendarmes leur faisant prendre pour un camarade de la bouteille un pauvre diable se débattant contre un accès nerveux.  (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1891  - Noyé.  -  Le sieur Joseph Avisse, marin à Trouville, en voulant embarquer, pendant la nuit, dans le canot la « Macreuse », patron Charles Brout, est tombé à l'eau et a été rapidement emporté par le courant de jusant.  (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Novembre 1891  -  Pas de décès.  -  Pendant 27 jours, sur une population de 6 300 habitants, aucun décès à Trouville.  (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Décembre 1891  -  Une victime de la mer.  -  Vendredi, le bateau-pilote « Molda » sortait du port de Trouville avec très beau temps lorsque, arrivé à la hauteur de la dernière balise, la bôme, en s’abattant, vint frapper le matelot Pilemont, qui était occupé sur l’arrière du bateau. 

Ce malheureux fut précipité à la mer et se soutint environ deux minutes sur l'eau, puis disparut. Il laisse une veuve enceinte et un enfant de 5 ans. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1892  -  Lait additionné d’eau.  -  Vendredi, la police de Trouville a saisi à une marchande qui habite les environs un échantillon du lait qu'elle débitait à Trouville. L'analyse a démontré qu'il était additionné de 6 dixièmes d'eau. Procès-verbal a été dressé contre la délinquante. C'est la deuxième fois que cette femme est prise pour le même fait cette année.  (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1892  -  Cadavre inconnu.  -  Le cadavre trouvé l'autre dimanche dans la Touques, à Trouville, a été reconnu pour être celui du nommé César Alleaume, 58 ans, journalier à Glanville, disparu de son domicile depuis le 23 janvier. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1892  -  Les gaufrettes normandes.  -  Les gaufrettes normandes aux fruits dont nous avons déjà entretenu nos lecteurs, a subi comme tous les produits à succès, les honneurs de la  contrefaçon. Il est essentiel d'exiger le nom : Gaufrette Normande, dont la conservation est garantie, usine à Trouvllle-sur-Mer, Gabriel et Cie.  (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1892  -  Bains de mer.  -  On commence à louer sur nos côtes, quelques hôtels sont déjà garnis. Le casino de Trouville va ouvrir. La jetée-promenade doit être prolongée et permettra de partir pour le Havre et d'en revenir à heure fixe, sans atteindre le bon vouloir des marées. 

— Le capitaine Mayer, tué si malheureusement en duel, venait tous les ans avec son père et sa mère passer la saison des bains de mer à Luc, hôtel Belle-Plage. Il était très doux, pas fier et très estimé. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1892  -  Bains de mer.  -  Les chaleurs font fuir Paris et rechercher les bords de la mer. Aussi les baigneurs commencent-ils à arriver. Le casino de Trouville, toujours dirigé par M. de Maraine, vient de publier son tableau de troupe. Il est très complet. La jetée en fer a été essayée. Tout porte à croire que vers le 10 juillet le public pourra bénéficier des inestimables avantages d'un nouveau service régulier, sans souci des bases-mer. Les régates de Trouville auront lieu les 30 et 31 juillet et le 1er août. 

 - Ouverture du casino de Luc le 10 juillet, Jeux, orchestre choisi, petite troupe d'opéra et de comédie recrutée parmi les meilleurs artistes. 

 - Mme Messeline qui a joué 80 fois miss Helyette, à Bruxelles, est descendue à l'hôtel Belle-Plage. 

 - Caen Bains de Mer a fait sa réapparition. Toujours frais, toujours soigné, notre confrère. Il fera bien de surveiller son correspondant d'Arromanches qui lui fait dire que le maire ne fait pas réparer l'effondrement des digues : d'abord, parce que les digues ne sont pas défoncées, ensuite, parce que cela ne regarde pas le maire. 

 - Autre éclosion : « l'Écho des Plages », bi-hebdomadaire, journal des stations de Beuzeval-Houlgate, Dives. Cabourg, le Home, Ouistreham, Lion, Luc, Langrune, St-Aubin, Bernières et Courseulles. 

— Bureaux et rédaction, 102, rue Saint-Pierre, Caen. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1892  -  Abordage.  -  Un bateau de pèche de Calais a recueilli en mer l'équipage du « Charles-et-Rose », du port de Trouville, abordé la veille par un steamer inconnu, qui a continué sa route sans porter secours à ceux qu'il venait de couler. Les malheureux, au nombre de cinq, n'ont eu que le temps de sauter dans un petit canot. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1892  -  En ballon.  -  Une ascension a eu lieu samedi au Havre, au profit de l'aéronaute Porlié. A quatre heures, M. Porlié avec sa fille, âgée de 14 ans, est dans la nacelle du « Victor-Hugo », cubant 700 mètres, il crie le traditionnel « a Lâchez tout ! » Le ballon s'élève dans les airs aux applaudissements chaleureux de la foule. Après avoir plané longtemps au-dessus de la mer, le ballon a paru se diriger du côté de Trouville et Caen. Il est passé près de Bernières en rasant la terre et en suivant la direction sud-ouest. Les passagers appelant au secours, des personnes ont essayé en vain d'arrêter l'aérostat qui a atterri à la Dèlivrande.  (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1892  -  Bains de mer.  -  Jamais pareille foule sur nos côtes. On a compté, un jour, à Trouville, de 15 à 18 000 étrangers. Les boulangeries étaient à sec et les boucheries vides. La pluie de vendredi a été profitable aux cordonniers, aux couturières et aux marchands de confection. Par suite de la pluie, une maison de confection a vendu pour 600 fr. de complets, variant entre 20 et 50 fr. Les courses de dimanche, à Trouville, ont été très belles. Les départs ont commencé lundi et se poursuivent. Les uns vont à Cabourg pour les courses d'aujourd'hui, les autres à Dieppe. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1892  -  A propos d’influenza.  -  Sous ce titre : « l'Influenza à Caen et en Normandie au siècle dernier (1767-1775-1776) », le docteur Catois vient de publier une intéressante notice qui prouve qu'on a, ces temps derniers, donné un nouveau nom à une vieille maladie et que ce qu'on appelle aujourd'hui « influenza » n'est autre chose que la grippe qui malmena si fort nos aïeux il y a cent vingt ans. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1892  -  Acte de folie.  -  Le sieur Paul Hue, conducteur du bac de Trouville-Deauville, marié et père de famille, a été pris subitement d'un accès de folie furieuse, par suite probablement d'un coup de soleil. Il s'est d'abord jeté dans le chenal, où il a fallu le repêcher, c'est à peine si les efforts de quatre vigoureux pêcheurs ont suffi pour le maintenir et le maîtriser. On a dû lui mettre la camisole de force, et c'est dans cet état, tout en se débattant, qu'on l'a hissé dans une voiture pour le conduire, à Caen, au Bon-Sauveur.  (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1892  -  Incendie.  -  Un incendie, attribué à la malveillance, a détruit la nuit deux bâtiment dépendant de la ferme du Haut-Bois, près Trouville, appartenant à la comtesse d'Hautpoul. La ferme était inhabitée, un domestique seulement couchait dans un bâtiment éloigné. Un nouveau fermier devait emménager dans quelques jours, ses récoltes étaient rentrées, mais il ne s'était pas encore fait assurer. Les pertes sont évaluées à 20 000 fr. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1893  -  Oh ! Amour.  -  Mme Annette Gounin, 31 ans, demeurant à Paris, boulevard St-Michel, et le baron Joseph de Janisch, 27 ans, né à Vienne, demeurant à Paris, rue Lincoln, vont faire opposition au jugement qui les a condamnés par,  défaut à 40 et 20 jours de prison, pour adultère et complicité d'adultère. 

Comme nous l'avons raconté dans notre dernier numéro, c'est à Villerville que ce flagrant délit a été constaté. Le baron avait loué le chalet Isabelle, à Trouville, et, à Villerville, une chambre de garçon où il ne couchait jamais, située près de la villa occupée par Mme Gounin. Leurs relations remontent à trois ans déjà, et M. Gounin, tout à ses affaires, ne s'apercevait de rien. Prévenu, sans doute, il arriva le 26 juillet, à 2 heures du matin, flanqué de deux gendarmes qui pincèrent madame dans le plus grand négligé et son amoureux à peine culotté qui essayait d'enfourcher, le mur du jardin. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1893  -  Les victimes de la mer.  -  La semaine dernière, deux hommes et une femme arrivaient à Trouville. Ils frétèrent une barque montée par le patron Tribbou et le matelot Pillon, pour aller chasser au large. La femme et un des chasseurs, pris de peur, se firent bientôt remettre à terre. L'autre chasseur et les deux matelots regagnèrent le large, mais un coup de vent fit chavirer la barque et tous les trois tombèrent a la mer. 

Le Parisien a pu se sauver. Les deux matelots se sont noyé. Ils laissent deux veuves et plusieurs jeunes enfants dans la misère. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1893  -  Les victimes de la mer.  -  Un sieur Giffard et deux jeunes garçons, faisant partie du prochain tirage au sort, les sieurs Hongre, journalier, et Courcy, pointilleur, tous demeurant à Trouville, ont eu l'idée, samedi matin, d’aller chasser les oiseaux de mer, ils sortirent dans un petit canot à voiles et à avirons. Il ventait fort et il pleuvait. 

A la tombée de la nuit, on trouvait dans les rochers d'Hennequeville, un aviron et le pavillon du canot, mais les malheureux chasseurs avaient disparu. Le canot avait chaviré sous voile, dans une risée de vent, engloutissant avec lui les trois hommes qui étaient à bord. Giffard laisse une veuve et six enfants en bas âge. Sa pauvre femme, voyant le mauvais temps, avait voulu empêcher le départ de son mari. C'était comme un pressentiment du malheur qui allait arriver. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1893  -  Chemins de fer, tramways.  -   La compagnie de l'Ouest va établir une double voie sur le tronçon de Lisieux à Pont-l'Evêque. 

Le conseil municipal de Trouville, mal inspiré, a rejeté le projet de tramways partant de la gare et traversant la ville pour aboutir à la jetée - promenade. 

Honfleur, Trouville et Deauville ont refusé de subventionner un tramway entre Honfleur et Trouville. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1893  -  A propos de sécheresse.  -  La plus grande que nous avions eue en Normandie est celle de 1559. De Pâques à la Toussaint la chaleur fut fort grande, dit M. de Bras. Le temps était toujours à l'orage et, pendant plus de six mois, il ne tomba pas, ou très peu d'eau. L'hiver qui suivit fut très doux et les violettes de mars parurent en janvier. Les arbres, trop avancés, donnèrent peu de fruits. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1893  -  La saison.  -  Les baigneurs commencent à arriver sur nos côtes. Petit à petit, les casinos ouvrent leurs portes et on entend de-ci de-là les accents des orchestres. Samedi, le casino de Trouville, sous l'habile direction du sympathique M. de Maraine, fera sa réouverture avec théâtre, concerts, bals et jeux de toutes sortes.

— L'un de nos confrères de Bayeux nous apprend, en style de restaurateur, l'ouverture, à Asnelles, de l'hôtel-Repos, tenu par M. Bertrand, nouvellement restauré. Puisse-t-il aussi bien restaurer ses clients. 

— Cette année, un train partant à 5 heures 9 du soir de Paris arrivera à 10 heures 6 à Trouville.

— Autre amélioration : les voyageurs partant de Cabourg à 6 h. 40 et de Trouville à 7 h. 47 arriveront directement à Paris à minuit 10, sans changement de voiture. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1893  -  Les fourrages.  -  Une circulaire ministérielle indique de ne pas acheter le foin à plus de 100 fr., les 1 000 kilos quand les grains, les tourteaux et autres résidus, tels que drèches, pulpes, etc…….., peuvent donner l’équivalent en nourriture à un prix moindre. 

— On peut donner les feuilles d'arbres aux bestiaux, elles ont la valeur de la luzerne. Ne pas donner de châtaigniers, pas, de feuilles de noyers, elles tarissent le lait. Ne pas donner de très jeunes feuilles, elles nuisent à l'arbre et donnent la maladie du bois aux animaux. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1893  -  Cavalcade.  -  Le 9 juillet, grande cavalcade de bienfaisance, historique et fantaisiste, organisée à Trouville sous le patronage de la municipalité: 400 costumes, 10 chars allégoriques, 100 fr. décernés au char le mieux réussi. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1893  -  Un drame.  -  M. Georges Le Veillé, député de la Haute-Vienne, habitait depuis un mois rue Guillaume-le-Conquérant, à Trouville. Il était venu, au bord de la mer espérant rétablir sa santé absolument perdue par suite d'une phtisie pulmonaire qui le minait depuis plusieurs années. M. Le Veillé succombait jeudi matin. Au moment où il rendait le dernier soupir, Mme Le Veillé, folle de douleur, s'armant d'un revolver de petit calibre, s'est logé une balle dans la tête. 

Un médecin appelé en toute hâte a prodigué ses soins à la malheureuse femme, un chirurgien du Havre a été aussi appelé, mais la balle n'a pu être extraite. M. Le Veillé était né à Argentan et âgé de 32 ans. Il appartenait à une famille de commerçants. 

Il a été au lycée de Caen.  Après avoir rempli les fonctions de maître répétiteur dans plusieurs collèges, il s'était fait recevoir licencié et s'était fait inscrire comme avocat à la cour d'appel de Paris. Il avait été élu, en 1889, député de la 1er  circonscription de Limoges, au scrutin de ballottage, comme boulangiste. Il laisse un enfant de six mois. L'état de Mme Le Veillé s'est un peu amélioré, mais il y a peu d'espoir. La balle se trouve entre la cervelle et l'os frontal, et son extradition est jugée impossible. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1893  -  Bains de mer.  -  Encore quelques jours et la saison sera dans son plein. Parmi les grandes plages, Trouville et Cabourg paraissent les plus favorisés. Un seul train à amené plus de 400 voyageurs à Trouville. Il commence à y avoir du monde sur les planches et au Casino où les concerts et les représentations théâtrales sont très suivies. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Août 1893  -  Les désespérées.  -  Les obsèques de M. Georges Le Veillé, originaire de l'Orne, député de Limoges, ont eu lieu la semaine dernière à Passy, près Paris. On se rappelle que M. Le Veillé est mort presque subitement à Trouville et que sa veuve tenta de se suicider près de son cadavre. Aujourd'hui, Mme Le Veillé est hors de danger. On a pu lui extraire les trois balles qu'elle s'était tirées dans la tête, mais son chagrin est tel que l'on craint qu'elle ne se livre de nouveau à quelque acte de désespoir. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1893  -  Victimes de la mer.  -  Samedi, le sieur Jean Audren, patron du petit vapeur « Henri » affecté aux promenades en mer, sortait du port de Trouville, dans la barque du bord, espèce de norwégienne de très faible tonnage, pour aller passer quelques heures en mer. Depuis ce moment, il n'a plus reparu, et son canot est venu s'échouer au plein de la mer, près des bains de Tourgéville, ayant encore à bord les deux avirons de couple et une couverture. On se perd en conjectures comment il a pu se noyer, car il était bon nageur. 

  -   Dimanche le vapeur « Rapide », qui effectuait le dixième voyage de la journée, entre le Havre et Trouville, a abordé au départ du Havre de 9 h. 33, par son tambour de bâbord, à environ un demi-mille de la bouée Nord-Ouest Trouville, la barque « Eugène », n° 170 d'Honfleur, patron Bourdel, qui n'avait aucun feu, contrairement aux prescriptions réglementaires. La barque a coulé aussitôt. Le patron a pu être sauvé. Le capitaine Réhel à fait immédiatement machine en arrière et a stoppé. 

Le canot de sauvetage, mis à la mer, a exploré les lieux pendant une demi-heure et n'a pu trouver le matelot qui accompagnait le patron Bourdel. Cet homme d’après les dires du patron, dormait enveloppé dans la voile. (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Septembre 1893  -  Le cyclone.  -  Nous avons eu, dans le Calvados, la fin du cyclone qui a fait tant de ravages dans le Midi et près de Paris. 

— A Cette, un mousse a été enlevé par le vent et a été noyé. 

— A Maisons-Laffitte, il y a eu plusieurs blessés, le vent était tellement violent qu'une voiture attelée a été renversée et trois wagons culbutés.

— A Rouen, la foudre est tombée sur une maison, pas d'accident. 

— Dans la région de Charleroi, une maison s'est écroulée, un homme a été tué. 

— Le vapeur n'a pas pu entrer samedi à Trouville, il a dû retourner au Havre. 

— En Angleterre, il y a eu une tempête de neige. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Octobre 1893  -  Victime de la mer.  -  Lundi matin, le sieur Gervais, 54 ans, placier à Trouville, était allé à la pêche aux équilles. Il fut surpris par la marée montante et un brouillard qui ne permettait de rien distinguer. Malgré ses appels, les autres pêcheurs, ne sachant pas nager, ne purent se porter à son secours pour le sauver.  (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1893  -  Les suites d’un accident.  -  Nos lecteurs se rappellent l'accident de voiture arrivé dans la cour de la gare de Trouville il y a quelques semaines. Mme Leblond, demeurant à Paris, fut grièvement blessée, le bruit de sa mort a couru. Le courageux cocher Bard, qui, s'étant jeté à la tête du cheval emporté, avait été grièvement blessé, est entièrement rétabli et a pu reprendre son service. (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Octobre 1893  -  Statistique.  -  En 1892, la gare de Trouville à reçu 134 143 voyageurs. Pour 1893, il y a augmentation. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1893  -  Octroi de Trouville.  -   Un poste de contrôleur en chef de l'octroi de Trouville va être vacant. Pour concourir, se faire inscrire au secrétariat de la mairie jusqu'au 15 novembre. (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Novembre 1893  -  Récompenses.  -  Médailles à M Huguet, commis principal des contributions indirectes à Ablon, pour avoir exposé sa vie lors de l'explosion de la fabrique de dynamite, et à M. Pierre Moisy, maçon, pour sauvetage d'un enfant à Trouville.

— Mention honorable à M. Alexandre Borichez, brigadier de gendarmerie à Evrecy, pour avoir exposé ses jours en tentant le sauvetage d'une femme dans un incendie. 

— Témoignages officiels de satisfaction, à MM. François Mouillard, préposé des douanes, et Georges Kohn, banquier, pour sauvetage d'un homme a Beuzeval. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1894  -  Sinistre maritime.  -  La barque « Auguste-Victorine », de Trouville, qui a quitté ce port, le 18 décembre, pour aller chaluter en baie de Seine, n'ayant pas reparu, est considérée comme perdue. Ce bateau était monté par six hommes, y compris un mousse, quatre d'entre eux étaient mariés et pères de famille, ils laissent six orphelins tous jeunes et dans une lamentable situation. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1894  -  Oies et dindes.  -  Les steamers de la compagnie de Southampton ont transporté cette année en Angleterre : 112 479 oies, et 8 550 dindes. Soit : 121 039 bêtes. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1894  -  Perdu en mer.  -  Adolphe Paulin, 20 ans, matelot à bord de la « Lucie-Adéle », de Trouville, est tombé à la mer près des côtes d’Angleterre et n'a pu être retrouvé. Ce jeune homme était l'aîné de sept enfants et le seul soutien de sa famille. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1894  -  Agression.  -  Mercredi soir, une agression nocturne a eu lieu à la sortie de Trouville, sur la route de Touques. Un passant, devant venir de Touques, a été attaqué gravement par un lutteur forain. L'état du blessé est très grave. Il a été transporté d'urgence à l'asile de nuit de Trouville. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1894  -  Mouvement de la population.  -  D'un rapport inséré au Journal officiel, il résulte qu'il y a eu dans le Calvados en 1892, 8 616 naissances ; 10 672 décès ; 3 054 mariages et 89 divorces, excédent des décès, 2 056. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1894  -  Le froid.  -   L'hiver nous est revenu brusquement cette semaine. Mardi matin le thermomètre marquait 4 degrés au-dessous de zéro et mercredi 6 degrés.  (Source  : Le Bonhomme Normand)

   

Mars 1894  -  36 heures sans manger.  -  Les deux barques de pêche 37 et 49, de Trouville, sur le sort desquelles on était très inquiet, sont rentrées au port, lundi soir à la marée. Surprises par un calme plat de trois jours, elles n'avaient pu faire route pour aucun port du littoral. N'ayant plus de vivres à bord, les équipages sont restés trente-six heures sans manger. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1894  -  Les victimes de la mer.  -  Mardi, alors que son bateau était sur son chalut, à trente milles dans le sud d'Hastings, le patron Trujan de la barque « Euphrasie » de Trouville, aperçut, vers, 8 heures du soir, une embarcation dans laquelle se trouvaient huit hommes qui faisaient des signaux de détresse. 

Dépourvue de voilure, l'embarcation paraissait aussi privée de ses avirons. Il faisait un temps affreux et il ventait en bourrasque. Tout à coup, le canot fut poussé par une vague assez près de la barque de pêche pour permettre aux pêcheurs de reconnaître que les naufragés étaient des Français. « Sauvez-nous ! s'écriaient ces malheureux », A ce moment le patron Trujan envoyait un aviron aux naufragés et se disposait à couper le câble qui le retenait sur son chalut, lorsqu'une vague monstrueuse, surgissant tout à coup, enleva au large la frêle embarcation, qui fut bientôt hors de vue. Il fut dès lors impossible au patron Trujan de porter secours à ces infortunés dont on est depuis sans nouvelles. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1894  -  Les désespérés.  -  Le sieur Antoine Larsonneur, après avoir été longtemps employé au factage de la grande vitesse pour le compte de la maison Juillard, à Trouville, s'était mis à son compte. Il n'a pas réussi. Pris de chagrin, il résolut de s'asphyxier avec sa femme. Mais les voisins, attirés par les aboiements plaintifs d'un chien et les gémissements qui partaient du logis des époux Larsonneur, prévinrent le commissaire, qui trouva, dans un cabinet noir, les deux malheureux se tordant de douleur. Ils ont été conduits à l'hôpital dans un état assez grave. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1894  -  La saison.  -  On se prépare sur nos côtes, à inaugurer la saison 1894. A Trouville, nous voyons avec regret M de Maraine prendre sa retraite. Il est remplacé comme directeur général, par M. Hédin. La direction des jeux est confiée à M. Maris, artiste de l’Opéra-Comique.

—   Luc va s’embellir, la terrasse de l'hôtel Belle-Plage sera transformée en jardin de plaisance. M Ménard, le directeur de l'an dernier ayant résilié la gestion en sera la même que les années précédentes, avec un maître d'hôtel très compétent en plus, c'est dire que, comme prévenance, confortable et table, rien ne laissera à désirer. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Mai 1894  -  Musique.  -  Au concours du Havre, beau temps et foule. Ont obtenu des prix : Les Enfants de la Plage de Trouville, 29 exécutants ; la fanfare de Beuzeval-Houlgate, 31 exécutants, et la fanfare de Manerbe et Coquainvilliers, 20 exécutants. 

—   La réunion musicale, en forêt, qui a eu lieu dimanche à Montfiquet, près Balleroy, a très bien réussi.  (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Juin 1894  -  Bains de mer.   -  Malgré le mauvais temps et, par suite, le peu d'arrivées, les casinos et hôtels du littoral ont fait leur réouverture. Le casino de Trouville, avec la direction de M. Hedin, nous promet des merveilles. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1894  -  La saison.   -   Le temps est décidément contre la saison balnéaire. Juillet a été tout ce qu'il y a de plus mauvais. Août est relativement moins bon encore. Il y a chaque jour presque autant de départs que d'arrivées. C'est la ruine pour les uns, la misère noire pour les autres cet hiver. 

Quelques hôtels sont cependant privilégiés : à Luc, Belle-Plage est comble ; à Arromanches, les hôteliers ne savent où donner de la tète en présence de l'invasion d'Anglais qui les assaillent. 

Partout, les directeurs de casinos se mettent en quatre pour attirer le monde, mais, malgré les réclames suggestives publiées par les journaux de Paris, les salles de théâtre, de concert et de bal sont vides, le baccara et les petits chevaux mêmes sont délaissés. 

Ce qui ne manque pas par exemple, ce sont les bicycles hommes et femmes. Toutes les routes droites en sont sillonnées, non sans danger pour les piétons. 

A ce propos, le maire de Trouville, qui a réussi cette année à faire aller à peu près au pas les voitures rue des Bains, ferait bien d'interdire cette voie étroite et tortueuse aux bicyclettes. Chose rare par ces temps pluvieux, la santé publique est bonne partout. Trouville seul est sous le coup d'une douce épidémie : on ne peut pas faire quatre pas sans rencontrer une femme en position intéressante. On met cet état de bien faire sur le compte de la vaccination que tous les Trouvillais, hommes et femmes, ont dû subir cet hiver. Aussi, chaque fois que les baigneurs rencontrent une femme grosse, murmurent-ils en riant : « Encore une qui a été vaccinée » ! (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1894  -  Mort accidentelle.   -   Dans la nuit de dimanche à lundi, le sieur Gautier, conducteur du train de Trouville à Paris, a été victime d'un accident au tunnel du Grand-Jardin, près Lisieux. On ignore encore dans quelles circonstances, son cadavre a été retrouvé affreusement mutilé. Gautier, qui habitait Deauville, laisse plusieurs enfants et une femme enceinte. Il avait 37 ans. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1894  -  Brutalité.   -  Dans la nuit de dimanche, deux individus, qui étaient venus aux courses de Trouville, s'étaient réfugiés, la nuit, dans une prairie appartenant à un sieur Volard. Ils ont été brutalisés et frappés à tel point que l'un des malheureux a dû être conduit à l'hospice. Les auteurs de cette brutalité sont les nommés Chiquel, 28 ans ; Dumoutier, 18 ans ; Vauquelin, 25 ans, employés du sieur Volard. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1894  -  La saison.   -   La fin d'août n'aura pas été meilleure que le commencement, aussi, en ce moment, sur nos places, se croirait-on aux plus mauvais jours de septembre. Le plus curieux, c'est de lire les journaux de Paris payés pour faire de la réclame aux plages normandes.  A entendre l'un (celui qui est payé) la saison de Trouville a été tout ensoleillée et les jeux d'une correction parfaite, tandis qu'à Dieppe la ville est un tombeau et le casino une caverne de grecs. 

Autre chanson émanant de l'autre côté (celui qui n'a pas la plume graissée) : Trouville n'est qu'un trou où l'on est plumé comme dans un bois, surtout au cercle de l'Eden, où le patron « taille lui-même, toujours avec des cartes neuves, des banques qui sont, comme de juste, tout ce qu'il y a de plus rasoir. » 

En somme, ce qu'il y a eu de plus agréable, à Trouville du moins, ce sont les représentations théâtrales et les concerts. Au Casino, nous avons entendu avec plaisir une cavatine de M. Dupuy, professeur de violon. M. Dupuy est un véritable amateur, c'est lui du reste qui a acheté la riche collection de violons réunis par feu M. Le Cavelier, de Caen. 

Pendant la période des courses, on a fait une rafle de bonneteurs, mais les pickpockets ont pu travailler sans être trop inquiétés. Leur nouveau chef a même été vu trônant à une table de jeu, à Cabourg. Reconnu par un joueur, le directeur lui a donné poliment son congé.  

On a arrêté Louis Hippolyte, 27 ans, se disant voyageur de commerce, et Louis Delamare, 20 ans, boucher, tous les deux domiciliés à Paris, pour avoir, en lui faisant le « coup du père François », enlevé la montre du sieur Harel, pâtissier. 

Le théâtre de la baleine, installé sur la jetée-promenade de Trouville, a failli être jeté à la mer.  La perte n'eût pas été grande, car, sous tous les rapports, cette installation ne fait pas honneur au propriétaire, M. Simon-Max. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1894  -  De Honfleur à Trouville.   -   Comme tous les ans, au moment de la saison des bains, on parle de la création d'un tramway devant relier ces deux villes. L'hiver arrive, et on ne parle plus de rien. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1894  -  Filles et rastaquouères.   -  L'Eden-Casino de Trouville a été, pendant toute la saison, le rendez-vous des filles et des rastaquouères de tout étage. Aussi ne saura-t-on jamais le nombre d'escroqueries et de vols qui y ont été commis sous l’œil par trop complaisant des agents chargés de la surveillance des jeux. 

Cependant un joueur n'a pas voulu se laisser plumer et a crié. C'était le 18 août, dans la soirée. Deux filoux, Biaise Delaunay, 36 ans, garçon de café à Asnières et Mathieu Meyer, 28 ans, se disant voyageur de commerce à Paris, se trouvaient autour d'une table. « Passe-moi donc les deux Louis qui sont sur la table de jeu, dit Meyer à Delaunay. » 

Celui-ci les passa et Meyer les empocha. Mais le vrai gagnant protesta et cria de telle façon qu'il fallut bien verbaliser et arrêter les deux escrocs qui ont été condamnés chacun à deux mois de prison. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1894  -  Trop de vacances.   -  Pour l'année scolaire 1893-1894, on arrive, dans les lycées et collèges, au total inouï de 201 jours de congé contre 164 de travail. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1894  -  Le vélo.   -  L'Académie a parlé. Tout compte fait, sauf de très rares exceptions, hommes et femmes peuvent, sans danger pour leur santé, monter en vélocipède, cet exercice n'est interdit qu'aux personnes atteintes d'une maladie de cœur. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1894  -  Pommes et poires.   -  La récolte varie dans le Calvados. Dans certains endroits, les pommes abondent et les poires sont en moyenne, dans d'autres parties, les poires sont en abondance et les pommes donnent une demi-année. Quoi qu'il en soit, les pommes ne seront pas chères cette année et il ne faut pas les payer au-dessus de un franc la barattée. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1894  -  Le coup du père François.   -  M. Henri Vincendon, 25 ans, fils d'un riche propriétaire du Midi, était venu passer quelques jours à Trouville. Un soir, en sortant du cercle, il était attaqué sur la plage par deux individus qui, après lui avoir fait le coup du père François, le dépouillèrent de sa montre, de sa chaîne en or et d'une somme importante en billets de banque qu'il avait en portefeuille. Les auteurs de ce coup étaient Hippolyte Louis, dit le Gros-Louis, 24 ans, et Lucien Delanou, dit le Boucher de Montmartre, 26 ans, deux souteneurs venus de Paris avec leurs maîtresses pour faire la saison. Gros-Louis avait été immédiatement arrêté, la semaine dernière seulement on a pu mettre la main sur Delanou, qui a été écroué à Pont-l'Evêque avec son complice. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1894  -  Le départ de la classe.  -  Le départ des conscrits aura lieu les 15 et 16 novembre. Certaines catégories d'appelés seront cependant mises en route quelques jours plus tard. Les conscrits affectés aux troupes stationnées en Algérie et en Tunisie partiront par petits détachements, du 18 au 26 novembre, de façon à ne pas encombrer les paquebots. Le recrutement de la Seine n'enverra pas, cette année, d'hommes aux zouaves, aux tirailleurs algériens et aux chasseurs d'Afrique. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1894  -  Les victimes de la mer.  -  La barque de pèche « Sarcelle », de Trouville, patron Léon Duval, se trouvait la nuit, dans le nord du feu de Ouistreham, se disposait à mettre son chalut à la mer. Le matelot Julien Sénécal tenait la bosse derrière. Lorsque, après  avoir largué, il voulut passer à l'avant, l'appareil filait avec vitesse et il fut pris dans une boucle du bras d'avant qui l'entraîna à la mer. Il ne jeta qu'un cri et disparut pour ne plus reparaîtra. 

— César Deschamps, 48 ans, à Trouville, était allé reconduire son fils, mousse, qui repartait à la marée, lorsqu'en voulant embarquer à bord de la barque de pêche TR, pour passer les vivres, le pied lui manqua et il tomba à l'eau. Lorsqu'il fut retiré, dix minutes après l'accident, il ne donnait plus signe de vie. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1894  -  Le froid.   -  Il fait un froid glacial depuis quelques jours. Le temps est à la neige. A Paris, il en est tombé et le froid a déjà fait des victimes. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1894  -  Co….co…rnette et content.   -  Le sieur Roullier est un horticulteur bien connu à Trouville. Un jour, Louis Vindevogel, âgé de 25 ans, vint lui faire ses offres de services comme garçon jardinier et, en même temps, notre gars s'inclina devant Mme Victorine Roullier, 32 ans, en lui laissant entendre que, sous le rapport de la greffe, il était de beaucoup plus fort que son mari. Roullier s'en aperçut et pour arrêter à son début la concurrence que son garçon voulait lui faire, il prétexta en voyage et rentra dans la nuit. Madame était couchée, le garçon jardinier lui tenait compagnie dans un déshabillé qui ne laissait aucun doute sur ce qui s'était passé ou allait se passer. Le mari commença par cogner sur l'amoureux, puis il porta plainte en adultère. 

Devant le tribunal, la femme a voulu nier, mais il y avait des lettres qui racontaient ce qui s'était passé, et en les entendant lire, le mari riait si haut que les gendarmes furent obligés de le menacer de l'expulser, s'il ne se taisait pas. La femme Roullier a été condamnée à quinze jours et Vindevogel à huit jours, mais avec la loi Bérenger. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1894  -  Un étrange maître de port.   -   Une barque de pêche de Trouville était allée à la côte par la faute des sabliers qu'une tolérance inexplicable autorise à séjourner dans le chenal. Par malheur, c'était un agent des ponts et chaussées de Honfleur qui remplissait par intérim les fonctions de maître de port. Et ce n'est pas de sa faute si la barque n'a pas été perdue, car, après avoir interdit aux sauveteurs de se servir des cabestans de la jetée, il ne parlait rien moins que de faire couper le mât et de faire sauter la coque du bateau. C'était fait, si, le lendemain, des marins, plus pratiques que cet étrange maître de port, n'étaient pas parvenus à amener la barque dans le port. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1894  -  Année pluvieuse.   -  Sur 340 jours l'Observatoire de Paris a compté 204 jours de pluie ; 100 jours brumeux, créant de la boue, mais sans pluie, et enfin une quarantaine de jours beaux. Les derniers jours de l'année seront plutôt pluvieux que froids. Mercredi, sur notre région, éclairs, tonnerre, vent, pluie et grêle. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1894  -  Les chiens attelés.   -  La gendarmerie de Trouville a verbalisé contre le sieur Jean Lichèron, marchand de poisson à St-Martin-de-la-Lieue, qui avait attelé un chien. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Décembre 1894  -  Tempête.   -  Les ouragans qui se sont déchaînés ces jours derniers sur l'ouest de l'Europe ont causé de nombreux accidents. La mer était démontée sur nos côtes. Un certain nombre de canots de pêcheurs ont éprouvé des avaries. Le canot « Blanche-Marie », d'Yport, a sombré en face du port de Fécamp. Le patron, père de sept enfants, a péri avec, ses trois matelots. 

— La « Virginie-Hélise », de Lannion, allant au Havre, a fait naufragé en vue d'Auderville (Manche). Le bateau de sauvetage de Goury a pu, en bravant les plus grands périls, sauver le capitaine et trois hommes. Le cadavre d'un quatrième est resté accroché dans les haubans et n'a pu être enlevé. 

— La tempête a été, formidable sur les côtes d'Angleterre et de Hollande. Une goélette de Glascow a sombré avec seize hommes. Un train de marchandises a déraillé à Chelford, par suite de la violence du vent, et a été jeté en avant de l'express. Il y a eu douze morts et trente blessés. 

— A Glervan, le vent a jeté dans un fossé une voiture de saltimbanque. Le feu y a pris et quatre personnes, qui y étaient couchées, ont été carbonisées. Beaucoup de personnes ont été tuées par la chute de cheminées, Sur les côtes de Hollande, une cinquantaine de barques ont coulé avec équipages. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1895  -  Tempête.   -  Les tempêtes ont continué cette semaine, principalement samedi et dimanche. Le service maritime a été en grande partie suspendu sur nos côtes. Dimanche, le bateau de Caen au Havre a voulu sortir du port de Ouistreham, mais il s'est vu forcé de rentrer dans le port. Depuis longtemps on n'avait pas vu une mer aussi démontée. Le transatlantique La « Champagne », qui devait partir pour New-York, est resté au port du Havre. La barque « Jeune-Henri », de Dielette, s'est perdue sur les rochers de Grune, près de Cherbourg. Les quatre hommes qui la montaient n'ont pas été retrouvés. Ils laissent dix orphelins. Plusieurs pêcheurs de harengs, surpris par la tempête, ont été obligés d'abandonner leurs filets évalués à plusieurs milliers de francs pour se réfugier à l'abri. Un navire s'est perdu près de Brest sur la côte de l'île de Batz. La tempête a amené une collision entre deux vapeurs dans le port de St-Sébastien (Espagne) Deux matelots ont été tués. 

Le voilier français « Marte – Louise » a été abordé près de Gibraltar par un vapeur anglais et a perdu cinq matelots.  — Aux Etats-Unis, la mer a envahi le Village de Gaira, dont les maisons se sont effondrées. Cinquante personnes ont péri dans les flots.

— La barque « Ossta » à fait naufrage près de Holyhead (Angleterre). On a établi une communication avec la côte, mais, avant qu'on eût pu recueillir un seul des vingt-quatre naufragés, une lame énorme les enleva. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1895  -  Tempête et neige.   -  Nous sommes, quant à présent du moins, favorisés. Il n'en est pas de même dans le Midi et le Centre de la France. A Foix, dans la vallée de Luchon, des avalanches de neige ont occasionné de nombreux accidents suivis de quinze morts. A la neige a succédé une forte gelée. Toute la région est dans la consternation. Sur plusieurs points, en Algérie, les communications sont interrompues. Du côté de Toulouse, plusieurs personnes sont également mortes de froid. En Espagne, des trains ont été arrêtés et la circulation a été interrompue. 

— Des épaves assez nombreuses viennent s'échouer depuis quelques jours sur le littoral du Calvados. On signale un fût de vin rouge de 600 litres, marqué « V. 750, A. M. », des fûts vides de 600 litres environ portant l'inscription « Droulers Prouvost, à Roubaix (Nord) », avec numéros : une planche de cordage avec l'inscription « Colombine Paimpol ». Trois cadavres de bœufs sont venus à la côte sur les plages du syndicat de Dives. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1895  -  Bateau coulé.   -  Samedi soir, au moment du plus fort de l'ouragan, qui s'est déchaîné sur la Manche, le « Protégé-de-Dieu », de Trouville, monté par trois hommes d'équipage, se disposait à entrer au Havre. Poussé par le vent, ce bateau manqua son entrée. Le patron jeta l'ancre à l'entrée des jetées afin de se maintenir en attendant un peu plus de calme pour entrer. Les trois marins se voyant sur le point de périr poussèrent des cris de détresse. Des lignes ayant été lancées aux naufragés, ceux-ci s'amarrèrent et furent sauvés, au moment où le sloop, couvert par les lames, coulait à pic. On le considère comme perdu. Le « Protégé-de-Dieu », de 54 tonneaux, appartenait à la veuve Halley, demeurant à Honfleur, il était parti de Trouville, avec un chargement de sable pour le Havre. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1895  -  Le chantage dans le Calvados.   -  C'est dommage qu'à propos des affaires de chantage on n'ait pas interrogé le maire de Trouville. Il aurait dit combien il a dû verser aux grands journaux de Paris pour faire cesser une campagne de dénigrement entreprise, il y a quelques années, contre « la Reine des plages », nous croyons même nous rappeler que des établissements publics et même la compagnie des bateaux à vapeur furent invités à financer pour grossir la somme, car, ayant appris que la « Reine des plages » chantait si bien, tous les grands journaux de Paris voulurent avoir d'elle un morceau. Quelques-uns s'exécutèrent, mais d'autres refuserait de prêter leur concours à ce concert de chantage. 

Autre histoire du même genre. Lors de son installation, le casino de Luc fut obligé, pour faire cesser les attaques dont il était l'objet, de verser aussi de l'argent à certains journaux de Paris. Le chantage parisien existe donc depuis longtemps. Seulement les maîtres chanteurs ont voulu élever trop haut la note,  voilà ce qui leur a fait faire couic ! (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1895  -  Neige et froid.   -  L'hiver que nous traversons menace d'être un des plus longs que nous ayons eu depuis longtemps. Il est de nouveau tombé de la neige dimanche la nuit, et le froid continue. Les routes et les chemins sont impraticables. On s'étonne de l'inaction des administrations que cela concerne. Les bras inoccupés sont nombreux dans nos campagnes et en leur faisant appel on pourrait rétablir la circulation sur beaucoup de points, au besoin, on pourrait avoir recours aux prestataires. Si cet affreux temps continue, les navires ne pourront plus arriver à Caen. L'Orne est prise et le paquebot La « Dives » est resté huit jours retenu par les glaces près de Longueval. Il n'a été dégagé que mercredi matin. Quant au canal, les glaçons l'encombrent. Cette situation est d'ailleurs générale. La Seine est prise à Paris et à Rouen. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Février 1895  -  Les victimes de la mer.   -   Un des marins de la barque de pêche de Trouville, N° 28, Charles David, en voulant amarrer l'écoute du foc, au moment où le bateau sortait du port d'Ostende (Belgique), a été enlevé par un coup de mer et a disparu. Un de ses camarades l'a vu revenir à la surface, mais il a été impossible, vu l'état de la mer, de lui porter secours. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1895   -   Les victimes de la mer.   -    La barque de pêche « Paul-Rose », n° 60, de Trouville, s'est mise dernièrement à la côte, à Mariskerke, près d'Ostende (Belgique). Trois hommes d'équipage sont morts : ce sont les nommés Sierry, du Trêport ; Acken et Somers, d'Ostende.  Un quatrième, le nommé Perard, originaire de Calais, a été trouvé à Bord ayant les pieds et les mains gelés. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1895  - Accouchée sur la route.   -   Dans la nuit de mercredi à jeudi, vers 2 heures du matin, la nommée Victorine Isabel, 27 ans, servante au Havre, se rendait à pied dans sa famille, qui habite les environs de Caen, pour y faire ses couches. Entre Villers et Trouville elle fut prise de douleurs et mit au monde une petite fille. Elle plaça son enfant dans un panier garni de quelques hardes et revint sur ses pas. Arrivée à Trouville, elle s'adressa chez Mlle Eudes, sage-femme, qui lui donna les soins que nécessitait sa situation. Le maire fit mettre la mère et sen enfant chez la logeuse des indigents. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1895  -   Guerre aux corbeaux.  -  Les corbeaux pullulent dans les parcs de certains châteaux et dévastent les récoltes. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de prendre des mesures pour forcer les propriétaires de ces parcs à les détruire eux-mêmes ou à les laisser détruire ? Renvoyé à qui de droit.   (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1895  -   La boisson cause de mort.  -  La femme Célestin Dol, journalière à: Trouville, avait placé sa petite fille, de 2 ans dans une brouette, pendant qu'elle se consolait dans un débits du carrefour d'Aguesseau. Un lourd tombereau, chargé de sable, conduit par le nommé Amand Dubois, vint à descendre la rue, et, avant que le charretier eût pu arrêter son attelage, l'enfant tombait sous le banneau. La pauvre petite n'a pas été écrasée, mais elle avait été tellement serrée par la roue qu'elle est morte une heure après. Inutile de dire que la population est très irritée contre la mère de l'enfant. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1895  -  Les crimes du Calvados.  -  Jules Jeane, originaire de Bretagne, revenait du Tonkin lorsqu'il entra comme ouvrier chez M. Biet, couvreur à Orbec. Quelque temps après, il épousait la fille de son patron. La lune de miel fut très courte, car Jeane était brutal et buveur. Les époux Jeane étaient venus à Trouville pour s'établir. Mais ils ne trouvèrent rien à leur convenance. Cela irrita encore Jeane, qui maltraita de plus en plus sa malheureuse femme. A bout, elle se réfugia chez son père, avec ses deux enfants de 7 et 5 ans, et demanda sa séparation. Jeudi, les époux comparaissaient devant le tribunal de Pont-l'Evêque pour la tentative de réconciliation. Dans cette entrevue, Jeane demanda à sa femme de lui laisser la garde de ses enfants. Celle-ci refusa. En la quittant, son mari lui dit : « J'irai demain à Orbec et je te tuerai ».  Il a tenu parole. 

Jeane revint à Trouville, acheta un revolver et prit le lendemain le train pour Orbec. Il arriva chez  son beau-père au moment où la famille allait prendre son repas. L'émotion fut grande. Sans qu'on l'y invite, Jeane s'assit et but un verre de cidre qui était placé devant le couvert d'un de ses enfants, puis il dit froidement : « C'est pour aujourd'hui ».  La femme Jeane se leva et, tout en observant son mari avec angoisse, elle essaya de sortir, « Ne t'en va pas », dit Jeane, et il porta la main à la poche de son gilet. Sa femme se jeta alors instinctivement derrière son vieux père, âgé de 77 ans, et s'agenouilla en criant : « Ah ! mon Dieu ! » Jeane tira son revolver de sa poche, et, avant que le père n'ait pu arrêter son bras, il déchargea quatre coups de son arme sur sa malheureuse femme, qui s'affaissa sans pousser un cri. 

Après avoir accompli son crime, Jeanne s'est rendu à la gendarmerie et s'est constitué prisonnier. 

Après avoir refusé toute nourriture, Jeane s'est décidé à manger. Il dit regretter son crime, la façon dont il l'a prémédité et accompli permet de supposer qu'il joue la comédie. Lors de la confrontation, il a même demandé à déposer un baiser sur le front de sa victime.. On lui a refusé. Jeane a 35 ans, sa femme, très estimée, en avait 33. (source : le Bonhomme Normand)

 

Juin 1895  -  Les suites d’un sinistres en mer.  -  Au commencement de mars, la barque de pêche « Paul-Rose », de Trouville, quittait ce port. La plupart des hommes étaient gris. La barque se mit à la côte près d'Ostende (Belgique). Trois hommes moururent de froid, un quatrième eut les pieds gelés. Le patron, Auguste Catherine, 37 ans, a été poursuivi pour avoir embarqué deux individus non inscrits sur le rôle d'équipage et pour avoir débarqué un mousse frontière belge, sans l'intervention de l'autorité maritime. Il a été condamné à 75 fr. d'amende. (source : le Bonhomme Normand)

 

Juin 1895  -  Pauvre fille.  -  Dimanche soir, une jeune fille de 16 ans, domestique à Villers-sur-Mer, s'est jetée dans la Touques par-dessus le pont de Trouville. Retirée immédiatement, elle a été transportée à l'hospice. On a trouvé sur elle un billet ainsi conçu : « Je me nomme Hélène Bellois, demeurant à Villers-sur-Mer. Ceux qui trouveront mon corps, je les prie de le renvoyer à Villers ». Elle n'a pas voulu faire connaître le motif de son désespoir, se bornant à déclarer qu'elle renouvellerait sa tentative de suicide, le plus tôt possible.  (source : le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1895  -  Découverte de cadavre.  -  Le cadavre du noyé trouvé sur la plage de Trouville, a  été reconnu par sa femme pour être celui d'un nommé Albert Margrey, 42 ans, journalier à Villers-sur-Mer. Cet individu, paraît-il, ne jouissait pas de la plénitude de ses facultés. (source : le Bonhomme Normand)

 

Juin 1896  -  Il n’y a plus d’enfants.  -  Un attentat à la pudeur aurait été commis sur la jeune Eugénie Lecoq, servante à Touques, par Jean Ledan, 15 ans, mousse à Trouville. 

— A Villers-sur-Mer, un garçon de 16 ans s'est livré à des actes ignobles sur une petite fille de 6 ans. 

— La femme Tribouillard, demeurant à Trouville, a déclaré que ses deux filles âgées de 15 ans et 12 ans et demi, avaient abandonné le domicile maternel pour aller courir la prétentaine. Elles ont été vues du côté d'Honfleur. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1895  -  Faudra aller nu-pieds.  -  La chaussure est menacée d'une hausse importante par suite de l'élévation du prix des cuirs due à la disette des fourrages en 1893, forçant l'éleveur à vendre ses bestiaux, et à la fertilité de 1894 engageant l'éleveur à garder ses élèves. 

D'autre part, en 1893-94, l'Amérique, par suite d'une crise monétaire, avait réduit sa fabrication qu'elle reprend avec ardeur, enfin, pendant la guerre de Chine, on a absorbé d'énormes quantités de chaussures et il va en falloir davantage encore à la Chine et au Japon pour rechausser leurs armées. 

C'est en raison de ces causes diverses que les fabricants de chaussures de Paris et de province ont résolu d'élever leurs prix de 20 à 30 pour cent. (source : le Bonhomme Normand)

 

Août 1895  -  Victime de la mer.  -  La plate de pêche n° 109 se trouvait en face de Trouville, lorsque, en voulant mouiller l'ancre, le jeune mousse à eu la jambe prise dans la chaîne et a été enlevé à la mer. Le pauvre enfant a disparu aussitôt et il a été impossible de le sauver.  (source : le Bonhomme Normand)

65.   -   TROUVILLE-sur-Mer   -   Place de la Poissonnerie

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