1er novembre 2024

UN SIÈCLE D'HISTOIRE DU CALVADOS

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VILLERVILLE

Canton de Trouville-sur-Mer

Les habitants de la commune sont des Villervillais, Villervillaises

Mars 1876   -  Tempêtes sur mer et naufrages.  -  Nous avons depuis quelques semaines, sur les côtes de la Manche, un temps abominable. Il vente presque continuellement en tempête.

La mer est affreuse. La navigation n'est pas plus praticable qu'en plein mois de décembre. Les pécheurs sont a l'ancre depuis douze jours.

  Un picoteux de Luc ayant cassé ses amarres, a été poussé vers Trouville, il est inscrit au port de Courseulles sous le n° 179.

  Une  goélette ou bisquine se serait naufragée sur le ratier de Villerville. Le bateau est perdu, on dit que l'équipage aurait péri. Nous n'avons pu avoir de renseignements à cet égard.

  Dimanche, à la suite de la tempête, les communications avec l'Angleterre, la Belgique, Lille, le Havre, Rouen, Amiens, Arras, Beauvais , etc……., ont été momentanément interrompues.

  Des pêcheurs assurent avoir vu engloutir, par la mer démontée, le vapeur anglais « Thittle ». Ce navire, qui était attendu à Dieppe avec un chargement de charbon devait être monté par onze hommes d'équipage.

  Mardi, vers sept heures du matins le brick-goélette anglais « Juliette », capitaine Roberts, venant de Llanelly avec un chargement de 250 tonneaux de charbon à destination de Caen, est tombé sur les rochers situés vis-à-vis de Bernières, à trois milles environ du rivage. A 8 heures l'équipage, composé de sept hommes, embarquait dans le canot du bord et atteignait la côte de Langrune. A 9 h., après deux heures de mer démontée, la « Juliette »  était entre deux eaux, ballottée par la houle qui était très forte, elle perdait ses mâts de perroquet et de flèche. On n'aperçoit actuellement que les bas mâts de ce navire. Les matelots sont arrivés à Caen par le chemin de fer de Luc.

 

Mai 1876   -  Maçons et bains de mer.  -  Les ouvriers maçons d'Honfleur, profitant des nombreux travaux en cours d'exécution à Trouville, Deauville, Villerville, etc…., se sont  mis en grève. Ils demandent que le prix de leur salaire soit porté à 45 c. au lieu de 40 c. l'heure.

— La municipalité de Villerville fait enlever au devant de l’estacade des bains, l'énorme quantité de cailloux et de rochers qui faisait le désespoir des baigneurs, cette masse de cailloux retirée de la mer n'est pas perdue et sert à construire solidement un chemin vicinal qui longe les falaises.

— Du côté de Trouville, les locations ne marchent pas du tout. On a des craintes sérieuses pour la saison. La reine d'Espagne ne viendra pas cette année, d'autres hôtes habituels sont en partance pour l'Exposition de Philadelphie.  

 

Octobre 1876   -  La tempête.  -  Une tempête épouvantable s'est déchaînée sur nos contrées dans la nuit de samedi à dimanche, de nombreux arbres ont été déracinés dans les campagnes, sur notre littoral, beaucoup de barques ont brisé leur ancre. A Villerville, la barque de pêche du sieur Baron, est allée se briser sur les galets, en face de Pendedepie. 

Les échafaudages et la tour en construction de l'église du Molay, près Bayeux, ont été renversés par le vent. 

Les herbages de la vallée de Pont-l'Evéque ont été inondée, il en a été de même de certaines rues de Pont-l'Evêque où la circulation a été interrompue pour les piétons.  

 

Janvier 1877   -  Naufrage et naufragés.  -  Samedi dernier, on a trouvé sur la plage de Villerville, le cadavre du sieur Eugène Vigard-Germet, âgé de 25 ans, né à Hipport, demeurant au Havre, où il exerçait la profession de marin. Ce malheureux était monté dans un canot, qui sombra à l'entrée du chenal du port du Havre, et, malgré les secours immédiats, il avait été impossible de retrouver son corps, qui a séjourné dans l'eau pendant près de vingt jours. 

 

Juin 1877   -  Bains de mer.  -  Les plages du littoral font leur toilette, elles se préparent à dignement recevoir les étrangers qui viennent leur demander asile pendant la belle saison. Dans l'intérêt des voyageurs, la Compagnie du chemin de fer de l'Ouest a modifié son service. Les locations se font à des prix encore supérieurs à ceux de l'an dernier.

Le maréchal Canrobert a loué à Villerville ; M. le Préfet du Calvados doit louer, à Langrune, la propriété Hallais. A Trouville, Pasdeloup et son orchestre sont annoncés.

Partout on a construit : auprès du casino de St-Aubin, un hôtel avec bains chauds a été établi par M. Niard, l'ouverture est annoncée pour le 1er  juillet, à Saint-Aubin, sur la plage, M. Vermont a placé une tente café ; à Langrune, la masure qui se trouvait devant l'hôtel Delaunay a été démolie ; à Luc, on parle d'éclairer la grande rue de la mer avec  des candélabres.

Alors qu'il était communal, le chemin qui conduit de la gare de Luc, à la propriété Larivière, était quasi praticable, aujourd'hui qu'il est classé départemental il n'est pas sans danger de s'y aventurer les jours de pluie. Ce n'était pas la peine assurément... d'en changer le classement (air connu).

Ouistreham, presque désert depuis l'installation du chemin de fer de la mer, reprend vie, grâce à la gondole le « Chevreuil » et au steamer « l'Utile » qui font, chaque dimanche, le trajet de Caen par le canal. Départs de Caen à 9 heures du matin, de Ouistreham à 6 heures 30 du soir. Parcours en 1 heure et demie. Prix : 1 fr. 50 aller et retour, et moitié place pour les enfants. 

 

Août 1878   -  Les bains de mer.  -  C'était fête à Courseulles dimanche. Jamais il n'y avait eu foule pareille. Dans le train de 9 heures 20, qui n'est parti qu'à 10 heures, plus de 1 000 promeneurs ont pris place. Dans la gare et aux abords, c'était un tohu-bohu indescriptible, il y a même eu des vitres de brisées. Pendant que les uns maugréaient et se lamentaient, les  autres chantaient et criaient, au grand mécontentement des gendarmes, qui nous ont paru, dans la circonstance, un peu trop irascibles et enclins à verbaliser.

— On se plaint toujours et partout de la malpropreté des dunes. A Luc, la descente à la mer n'est plus seulement un cloaque, c'est aussi un casse-cou.

  A Villerville, c'est au nez et à la barbe du garde champêtre qu'on dépose, en face de l'hôtel, les détritus des cuisines.

  A Lion, c'est avec les saletés de la commune qu'on élargit les dunes.

— A Langrune, on a dernièrement planté un calvaire. Par suite d'autorisations un peuu trop légèrement données, le lieu où s'est tenue la cérémonie religieuse extérieure était entouré de femmes colosses et de veaux à deux tètes. Au banquet, des invités se sont plaint de n'avoir qu'un verre et une tasse à café pour deux. Passe, pour le verre, mais pour le café, impossible d'accorder celui qui ne met dedans qu'un larmo d'eau-de-vie et celui qui s'en fourre douze demoiselles comme, un chantre que nous connaissons.

— Que les temps sont changés !.. Aujourd'hui, à Saint-Aubin, on se plaint de trop entendre retentir la cloche de la vente au poisson. Jadis, c'était différent. Au premier coup, tout le pays était sous cloche. C'est là qu'on apprenait les nouvelles du jour et de la nuit, c'est là qu'un petit groupe, aujourd'hui en partie disparu, passait en revue le bataillon féminin, c'est là qu'on recherchait, pourquoi Mme X……. avait les yeux gros de larmes et sa voisine les traits un peu fatigué, et toujours on en trouvait la cause dans le départ subit d'un ami intime, ou l'arrivée  d'un mari anxieusement attendu. C'est là aussi que Jamet annonçait qu'à la grand'messe maître Rossignol chanterait en musique, et qu'à vêpres son curé prêcherait, en faux-bourdon.  

 

Décembre 1878   -  Phare.  -  On fait en ce moment, à Villerville, des études pour établir un phare dominant l'embouchure de la Seine, et destiné à protéger les navires contre les nombreux bancs de sable, qui s'y sont formés.

 

Janvier 1879  -  Appropriations et réparations en 1878.  -  85 locaux, appartenant à 73 communes, ont été appropriés ou réparés dans le Calvados  -  Arrondissement de Pont-l'Evêque : Rumesnil, école mixte ; Gonneville-sur-Honfleur, école mixte ; La Rivière-Saint-Sauveur, école de garçons ; Blonville, école mixte ; Clarbec, école de garçons ; Villerville, école de garçons.

 

 Avril 1879   -  Découverte d’un cadavre.  -  Le cadavre d'un homme inconnu, paraissant âgé de 60 ans, a été trouvé dans une mare située sur la commune de Villerville, canton de Pont-l'Evêque. Voici son signalement : Tête presque chauve, front large, nez moyen, bouche moyenne, menton rond, vêtu d'une blouse en toile bleue, pantalon en velours bleu foncé, gilet en drap noir, tricot en laine marron, casquette en drap marron avec bordure noire, chemise en toile, cravate en laine noire, chaussé de brodequins. Cette mort doit être attribuée à un suicide.  

 

Mai 1879   -  Un noyé.  -  Le cadavre d'un inconnu trouvé dans une mare de Villerville a été reconnu pour être celui d'un nommé Modeste-Théophile Blain, âgé de 62 ans, cultivateur, né et demeurant à Marmimont (Oise). La mare où il s'est noyé contenait à peine 300 litres d'eau. On attribue cette mort à un suicide déterminé par un dérangement du cerveau par suite d'un emprunt de 1 200 fr. qu'il ne voulait faire connaître à personne. Il ne se trouvait pas cependant dans une situation gênée, car il possédait un capital de 15 à 20 000 fr.  

 

Octobre 1879   -  Pêche.  -  La pêche du saumon, de la truite et de l'ombre-chevalier est interdite dans tous les cours d'eau du département, depuis le 19 octobre, au coucher du soleil, jusqu'au premier février 1880, au lever du soleil. Cette interdiction s'applique à tous les procédés de pêche, même à la ligne flottante à la main. 

 

Novembre 1879  -  Un étrange suicide.  -  Une histoire assez singulière et où un moment d'aliénation a pu jouer un certain rôle, s'est passée mardi à Villerville. Un nommé Delaunay, âgé de trente ans, demeurant avec sa mère, s'était marié civilement la veille et devait se marier mardi à l'église, à 6 heures du matin. On le vit à ce moment, alors que  quelques personnes attendaient le commencement de la messe, entr'ouvrir la porte de l'église, se retirer aussitôt et se rendre chez sa mère qui, paraît-il, s'opposait au mariage et s'était refusée à y assister. Delaunay dut quitter sa mère au bout de peu de temps, on se mit à sa recherche, et quatre heures plus tard, ou le trouvait mort dans le sous-sol, d'une maison en construction. Il était pendu par le milieu du corps, une corde lui serrait les reins et les flancs, sa tête était en bas et touchait ses pieds. On s'explique difficilement ce genre de suicide.  

 

Mai 1880  -  Pêche aux moules.  -  La pêche des moules est permise sur les moulières du Râtier de Villerville et de Hennequeville.  

 

 Novembre 1882  - Un homme à la mer. -  Vendredi l'après-midi, vers 4 h. 1/2, Louis Dufay, patron et armateur du bateau de pêche, n° 217, de Villerville, a été enlevé par une lame sourde et jeté à la mer au moment où il se dirigeait sur Honfleur. Dufay montait la « Reine-du-Ciel » avec son gendre, que ce même coup de mer a roulé à bord, et avec un mousse qui, fort heureusement, en ce moment était dans la chambre du bateau où son patron venait de l'envoyer chercher un peu de tabac à chiquer. Chacun a fait son possible pour tenter le sauvetage du malheureux Dufay,  mais toutes les tentatives ont été vaines. L'infortuné marin était à peine tombé à l'eau qu'il disparut en criant : « Mes pauvres enfants, adieu. » 

Il était marié et père de quatre enfants. La mort semble s'abattre cruellement sur la famille Dufay : il y a une vingtaine d'années, l'aîné de la famille périssait dans une circonstance semblable. Un autre frère était emporté, dernièrement, par une affreuse maladie cancéreuse.

 

Février 1884  -  Un homme à tout faire.    Il parait que le garde champêtre de Villerville et à la fois receveur-buraliste, allumeur de réverbères, afficheur public, et garde champêtre.

 

Septembre 1885  -  L’ouragan.  -  La tempête qui a sévi cette semaine sur notre contrée a causé d'immenses ravages.

A Caen et dans les campagnes voisines, les dégâts sont purement matériels : arbres arrachés, pommiers brisés et dépouillés de leur récolte, couvertures endommagées. Le train de 8 heures, de Courseulles à Caen, est demeuré en détresse pendant 3/4 d'heure à la sortie de Douvres. Quatre grands arbres, arrachés par le vent, obstruaient la voie, ayant brisé les fils télégraphiques. Il a fallu scier les troncs d'arbres qu'il aurait été impossible de déplacer, s'ils étaient restés entiers.

A Lisieux, Pont-l'Evèque, Vire, Bayeux, grands dégâts, mais pas d'accidents. A Condé, où se tenait la foire, des tentes de forains ont été renversées. Des peupliers sont tombés sur un bâtiment de la tannerie de M. Maillard, et l'ont effondré. Un ouvrier a failli être tué.

Sur nos côtes, cet ouragan coïncidait avec la grande marée, ce qui en a augmenté la violence. A Langrune, la mer a enlevé sur plus de cent mètres les talus en terre bordant la rue de la Plage, démoli des murs en pierre sèche, coupé les pentes qui conduisent à la mer et brisé les escaliers en bois. A Cabourg, les cabines des bains culbutées. Les branches des arbres jonchaient toutes les avenues.

Une barque d'Arromanches dont l'équipage se composait de 13 hommes a échoué à Asnelles, après avoir lutté 10 heures contre l'ouragan. A Deauville, la mer a enlevé le pavillon en bois placé au bout de l'estacade. A Trouville, la jetée Est a été endommagée. Un homme a été jeté à la mer par le vent et n'a pu être sauvé qu'avec grandes difficultés. Un pêcheur montant une barque du Havre, Auguste Fouriel, 35 ans, né à Honfleur, enlevé par une lame, n'a pu être retrouvé. De mémoire de marin, la mer n'avait jamais été plus furieuse. A Honfleur, le musoir de l'estacade a été assez fortement avarié par les vagues, de même que le côté nord de la digue construite à l'entrée du port. A Villerville, la tempête a eu des effets désastreux. Les falaises hautes de 20 mètres ont été escaladées par les lames, le village a été envahi, les cours remplies d'eau, des maisons démolies, le casino est littéralement emporté. Les peintres Duez, Pinel, Ravaud, le romancier Montaigut, qui ont voulu voir ce spectacle effrayant, ont manqué d'être enlevés par la mer. On est sans aucune nouvelle de plusieurs barques de pêcheurs.

Au Havre, une barque de Trouville, poussée par le vent, a heurté le steamer « l’Éclair » et brisé ses tambours. La barque a eu son beaupré cassé. Le trois-mâts italien « Nipoli-Accume » a été jeté contre le mur du quai et a éprouvé de fortes avaries. Au poste des Transatlantiques, les pieux d'amarrage s'arrachaient, et il a fallu mouiller les ancres des paquebots pour parer à tout événement.

Le cotre de Cherbourg, « l'Avenir » a fait côte sur les rochers de Mielle, l'équipage a été sauvé.

 

Mars 1886  -  Le hareng.  -  La pêche du hareng qui a été faite cette semaine dans nos parages peut être qualifiée sans exagération de « pêche extraordinaire ». Une barque de Villerville en a vendu pour 800 fr. qu'elle avait pris dans sa marée. Une autre plate en a vendu, en trois jours pour 1 500 francs.

 

Juin 1886  -  Démission.  -  La municipalité de Villerville n'est pas d'accord en ce moment. La politique n'y est pour rien. Six conseillers municipaux viennent d'adresser leur démission au préfet, et on dit que l'adjoint est également disposé à y ajouter la sienne. Tout cela, parce que, disent-ils, le maire ne s'occupe pas assez des choses de la commune, surtout au moment où les étrangers vont arriver.  

 

Juin 1886  -  Découverte d’un cadavre.  -  On a trouvé sur la grève de Villerville le corps du malheureux jeune homme qui s'était donné la mort en se tirant deux coups de revolver sur le bord du bateau qui  fait le trajet du Havre. Il a été inhumé sous le nom de Jules Wencker, 26 ans, né à Levallois Perret (Paris).  

 

Juin 1887  -  Les fortes chaleurs.  -  Les fortes chaleurs que nous subissons ne sont rien auprès de celles que nos pères eurent à supporter. Ainsi, en 1803, la Normandie vit s'écouler une période de quatre-vingt-quinze jours sans pluie. En 1811, année de la fameuse comète, les rivières tarirent dans plusieurs départements. En 1844, nouvelles chaleurs, le thermomètre resta stationnaire entre 50 et 60 degrés. Dans quelques départements, les bestiaux périrent faute d'eau. En 1859, 1860, 1869 et 1874, le thermomètre monta à 38 degrés. L'année dernière, il y eut 20 degrés au mois d'octobre, température exceptionnelle pour la saison.

 

Juillet 1887  -  La sécheresse.  -  Si le temps devenu si chaud, si serein, n'est pas défavorable aux céréales, la maraicherie se plaint vivement de la sécheresse prolongée, les légumes et les fruits ont soif. D'autre part, les vers rongeurs, qui font, sous terre, la guerre à nos récoltes, se développent à l'aise, la pluie ne venant plus les noyer. On demande un peu d'eau.

 

Août 1887  -  Le drame de Villerville.  -  A Villerville, vivaient avec leurs cinq enfants, les époux Grandinot, journaliers. Le mari, emporté et brutal, s'enivrait, puis, querellait sa femme et la rouait de coups. Jeudi, les voisins entendirent le bruit d'une querelle, mais n'y firent pas attention, et Gaudinot s'en alla, comme de coutume, à son travail. Mais la femme ne parut pas. Dans l'après-midi, des voisines s'inquiétèrent, et, avisant la fillette de trois ans qui jouait sur la porte, l'interrogèrent. « Maman, répondit le bébé, elle est en haut, elle est morte !... » 

Les voisines, qui montèrent en toute hâte, virent la malheureuse femme sur son grabat. Au bruit qu'elles firent, Mme Grandinot souleva sa tête, tendit la main à l'une d'elles, et fit  de vains efforts pour parler. Deux grosses larmes coulèrent, le long de ses joues, elle poussa un soupir et expira. 

Les autorités furent prévenues, les gendarmes ne tardèrent pas à arriver, ils cernèrent la maison de Grandinot qu'ils arrêtèrent le soir même. Les cinq enfants ont été aussitôt recueillis par des voisins charitables. On ne sait encore si Grandinot a commis un assassinat ou si les mauvais traitements dont il accablait sa femme ont hâté la fin de cette malheureuse. Sa  première femme, décédée il y a quelques, années, avait eu beaucoup à souffrir de ses violences. Grandinot n'a pas été arrêté et se tient à la disposition de la justice. 

 

Août 1887  -  L’affaire de Villerville.  -  Le nommé Gaudinot, demeurant à Villerville, avait été accusé d'avoir involontairement causé la mort de sa femme. L'autopsie n'a fait découvrir  aucune trace de coups ou de violences sur le corps de la morte.  

 

Mai 1888  -  Défense du littoral.  -  Le ministre de la guerre a décidé qu'il sera procédé immédiatement aux études et à la construction d'une batterie haute, à Villerville, sur la route de Honfleur à Trouville.

 

Août 1889.   -   Dépravation.   -   La semaine dernière, à Villerville, le nommé Anthime Bellanger, 23 ans, a été arrêté comme inculpé de tentative de viol sur la fille de sa concubine. la jeune Questel, 6 ans.

Grâce à l'intervention de témoins, cette brute n'a pu assouvir son ignoble passion. ( Bonhomme Normand)

 

Mai 1890  -  Moules.  -  La pêche en est autorisée du 1er mai au 31 octobre, sur le banc du Ratier et aux moulières de Villerville et de Hennequeville.

 

Mai 1890  -  Abeilles.  -  Dans le Calvados, les ruches d'abeilles devront être éloignées d'au moins dix mètres de la voie publique ou des héritages voisins, et en être séparées par une clôture haute de deux mètres au moins. Dans les champs, elles-devront être à cent mètres au moins de tout chemin ou de toute maison. Les ruches ne pourront être transportées dans les landes, bruyères ou bois, qu'avec une autorisation spéciale du préfet, délivrée sur un avis du conseil municipal. 

 

Mai 1890  -  Malades contagieux.  -  Les enfants atteints de la variole, de la scarlatine et de la diphtérie ne devront rentrer à l'école qu'après 40 jours, pour la varicelle, la rougeole, et les oreillons, 20 jours après. Quant aux enfants atteints de coqueluche, maladie dont la durée et variable, ils ne pourront être admis de nouveau dans les écoles  qu'en présentant un certificat du médecin.  

 

Janvier 1891  -  Abordage.  -  Un abordage a eu lieu jeudi, à un mille sud-ouest de l'entrée du port du Havre, entre le steamer « Emilie », de Dunkerque, venant de Rouen, et la plate de pêche « Sainte-Marie-Protégez-Nous » n° 186, de Villerville, patron Duchemin, montée par trois hommes. Le navire abordeur s'est éloigné aussitôt après la collision. Quant à la plate qui faisait eau de toutes parts, elle a pu cependant regagner le port, mais, arrivée devant le Musée, elle a coulé. L'équipage a été sauvé.

 

Juillet 1891  -  Un triste accident.  -   Un triste accident s'est produit à bord du bateau de pêche de Villerville n° 151. Le patron, Cyrille Prentout, âgé de 34 ans, et un matelot, Victor Acard, qui jouaient sur le pont, ont glissé et sont tombés à la mer.

Prentout a disparu aussitôt, mais Acard qui savait nager, a pu attendre les secours que l'équipage s'est empressé de lui porter. Quand on l'a recueilli, il était épuisé et allait disparaître à  son tour. Toute la nuit,  on lui a prodigué les soins les plus efficaces et, le matin, le bateau est entré à Honfleur, d'où Acard, à peine remis, a été conduit en voiture à Villerville. Le malheureux patron laisse une veuve et trois enfants en bas âge.

 - Le corps de Cyrille Prentout, a été rencontré en mer par les pêcheurs d'Yport. Aucun n'a voulu le ramener, dans la crainte, ont-ils dit, de ne pouvoir vendre leur poisson, s'ils avaient apporté le noyé ; est aussi par superstition. Quel égoïsme et qu'elle inhumanité !

 

Janvier 1891  -  Incendie.  -  Un incendie s'est déclaré chez le sieur Leménager, boulanger à Villerville. Le feu a pris naissance dans la chambre à coucher. Il a dû être communiqué aux rideaux par une lampe à huile sans verre restée allumée. Pertes, 1 500 fr.  

 

Juin 1891  -  Jeu de main, jeu de vilain.  -  Jeudi soir, la plate de pèche de Villerville « Tout-à-Dieu » se trouvait en face le Havre. Elle était montée par le patron Prentout, 34 ans ; le matelot Accard, 52 ans ; un novice et un mousse. 

Pendant que le chalut était alla mer, Prentout et Accard s'amusaient à se bousculer sur le pont, lorsqu’ils tombèrent sur la lisse du bateau et furent précipités à l’eau, Prentout ne savait pas nager, il coula aussitôt. Accard se maintint et, malgré le courant très fort à cet endroit, s'efforça de regagner son bord. 

 Une gaffe lui fut lancée par le novice de la plate, mais il s'épuisait visiblement et allait à son tour disparaître lorsqu'un autre bateau de pèche, le « Félix », également de Villerville, arriva sur les lieux. 

Aidé du mousse et du novice, un homme du « Félix » ramenai presque sans vie, le malheureux Accard. Prentout laisse une veuve et trois enfants ; Accard est dans la consternation.  

 

Juillet 1891  -  Bêtise, égoïsme, superstition.  -  On se rappelle l'accident dont un malheureux pêcheur de Villerville, Cyrille Prentout, patron de la plate « Tout-à-Dieu », T.-R. 151, fut victime il y a une quinzaine de jours. 

D'après une lettre adressée d'Yport, le corps de Prentout aurait été rencontré à différentes reprises à deux milles au large, soit par le travers d'Étretat, soit par le travers d'Yport, par des canots de pèche de ce dernier port, mais les patrons ne voulurent pas le recueillir « par rapport à leur marée qu'ils n'auraient pu vendre, s'ils avaient apporté le noyé, et aussi par superstition. »  

 

Janvier 1893  - Série d’adultères.  -  Dans une seule audience, le tribunal de Pont-l'Evèque a eu trois flagrants délits d'adultère à juger. En tête, un baron, autrichien il est vrai. Or, ce baron Joseph Janische, 27 ans, né à Vienne, était, l'été dernier, en villégiature à Villerville. Ce n'est pas très gai Villerville. Aussi, pour charmer ses loisirs, il fit la cour à une charmante voisine de 31 ans, répondant au doux nom d'Annette, dont le mari s'absentait souvent pour aller à Paris où il habite.

Prévenu par quelque domestique mécontent, le mari fit pincer le couple en flagrant délit. Ils ne se sont pas présentés à l'audience. A leur défaut, on à entendu les domestiques qui ont tout raconté. Le baron a été condamné à 20 jours de prison et la gentille Annette Schareb, à 40 jours de la même peine. 

—  Flagrant délit à Trouville : Marie Le Drinlenec, femme Canu, 28 ans, 1 mois ; son complice, Charles Delarose 29 ans, 10 jours. 

—  Clémentine Leseur, femme Lepetit, 32 ans, demeurant à Cabourg, 1 mois de prison ; son complice, Henri Gourgues, 27 ans, demeurant à Trouville, 8 jours. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1893  -  La saison des bains.  -  Le beau temps amène déjà des baigneurs. M. Pasteur est arrivé cette semaine à St-Aubin, où il restera un mois. 

Ce sont MM. Noël et Passard, propriétaires du Grand-Hôtel de Monaco, qui se sont rendus concessionnaires des établissements de la plage de Cabourg, hôtel et restaurant. 

M. Lajoye a loué l'hôtel Belle-Plage de Luc à un homme du métier, M. Menard, dont les parents tiennent un hôtel à Paris. L'ouverture a lieu dimanche prochain. 

M. Simon-Max, l'artiste parisien si connu et si aimé, vient de. prendre la direction du casino de Villerville, troupe choisie, avec Mme Simon-Girard en tête. Tous les jours, Five O'Clock.  (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Septembre 1893  -  Respect aux morts.  -  Dernièrement, on enterrait à Villerville un honnête et brave citoyen : M. Lebrun, ancien chef de bureau des enfants assistés du Calvados, officier d'académie et décoré de huit médailles. Il n'a pas voulu du clergé à son inhumation. C'était, son idée à cet homme, nous la respectons, sans la partager. Mais, au moment de la mise en terre, la fosse s'est trouvée trop petite et le fossoyeur s'est mis à piétiner sur le cercueil pour le faire entrer de forces. Sachant que l'on pouvait agir ainsi avec ce mort qui se « faisait enterrer comme un chien ». Triste résultante des sermons de ces faux apôtres qui admettent la liberté, mais à la condition qu'elle fasse bouillir la marmite du presbytère. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Novembre 1893  -  La baleine de Villerville.  -  La baleine qui s'était échouée par le travers de Villerville, a été mise en vente par les soins du service de la marine. 

Elle a été achetée 400 fr. par M. Max, directeur du Casino de Villerville. Il s'est entendu avec des industriels du pays pour dépecer et vendre les parties marchandes de l'énorme poisson. Il en fera monter le squelette qui sera exposé la saison prochaine à l'entrée du Casino. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1894  -  Casino de Villerville.   -  Prochainement ouverture. Inauguration de la baleine de Villerville, échouée vivante le 21 octobre 1893, reconstituée par les soins de M. Simon-Max. Des fêtes seront organisées dans le ventre de la baleine. Le public entrera par la tète du cétacé et sortira, par l'arrière train. 

Jonas, revue en un acte, avec chants, voyage sous-marin, théâtre, concerts. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1895  -  Mérite agricole.  -  Sont décorés : MM. Barassin, cultivateur à St-Martin-de-Fontenay ; Fanet, cultivateur à Fontaine-Henry ; Gombault, aviculteur à Merville ; Gouye, maire de Canchy ; Henry, éleveur à Thaon ; Lepailleur, éleveur à Tessel-Bretteville ; Piel, horticulteur à Deauville, et Ricard, éleveur à Villerville. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Novembre 1895  -  Que d’affaires ! que d’affaires !  -  Cette affaire a déjà été racontée par mon compère. Il s'agit de maître Jean Guéret, 53 ans, conseiller municipal à Villerville, qui aurait dû tenir caché ce qu'il a montré à la femme Travers et à sa fille. Ce sont elles qui l'affirment. Cette exhibition n'est pas prouvée, mais ce qui est certain, c'est que maître Jean, en leur crachant au nez, a traite « de vache » la femme Travers, et que celle-ci lui a répondu : « Je n'vos en ai jamais servi ».

C'est Me Engerand qui plaidait cette affaire devant le tribunal de Pont-l'Evêques. A force de faire rire messieurs les juges, il les a désarmés, car, toujours en riant, ils ont acquitté Guéret qui, à sa sortie, a encore regardé de travers mame Travers et sa fillette. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1896  -  Les victimes de la Mer.  -  Dimanche 12 avril, vers six heures du soir, la barque de pêche « Augustine », de Villerville, patron Lamidey, se trouvait sur le banc d'Anfard quand le vent s'éleva tout à coup et fit chavirer l'embarcation qui coula immédiatement. Le matelot Perchet, jeté à la mer par une lame, parvint à saisir une vergue et se maintint ainsi à la surface de l'eau pendant près de deux heures, c'est-à-dire jusqu'au moment où le matelot Lesault, du vapeur le « François 1e », malgré la mauvaise mer, n'hésita pas à se jeter à la nage. 

Après des efforts inouïs, il put saisir la vergue et sauver enfin le malheureux marin qui n'en pouvait plus. Quant au patron et au mousse, ils sont disparus. Perchet a entendu le  malheureux Lamidey crier, avant d'être englouti : «Mes enfants !... Mes pauvres enfants ! » Ce malheureux était âgé de 32 ans, il laisse une veuve et trois enfants. Quant au mousse Leroy, qui est de Saint-André-d'Hébertot, il a, jusqu'au dernier moment, crié au matelot Perchet : « Oh ! père Jean ! père Jean ! sauvez-moi !... »  (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1896  -  Conseil Général.  -   Comme il était facile de le prévoir, l'impôt sur le revenu n'a pas été bien accueilli par la presque totalité des conseils généraux. Celui du Calvados, à l'unanimité moins deux abstentions, celles de MM. Knell et Bunel, a émis le vœu que le projet du gouvernement soit repoussé. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1896  -   Vol et Incendie.   -   Lundi, à Villerville, on a volé 5 000 fr. dans la villa, de Mlle de Malakoff, puis le feu a été mis à l'habitation. L'incendie a été rapidement éteint.

Jean Wonpach, 25 ans, valet de pied de la villa, fortement soupçonné, a été arrêté. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1896  -  Incendie et vol.   -   Nous avons signalé dans notre dernier numéro un vol et un commencement d'incendie villa « Malakoff », à Villerville.

Cette villa est habitée par Mlle Pélissier, duchesse de Malakoff, qui a à son service une douzaine de domestiques. Dans, la finit le lundi de la semaine dernière le feu éclata dans la chambre même de la duchesse. Une forte odeur de pétrole s'en dégageait. L'incendie, fut rapidement éteint, mais, après, la duchesse de Malakoff fut étonnée toutefois de ne plus retrouver sur une petite table de travail un billet de 50 francs et une pièce de 40 francs qui s'y trouvaient quelques instants avant l'alerte. Elle alla alors vers une cassette placée dans l'armoire à glace, dont la clef était restée sur la porte. La cassette était vide, 5 000 fr. en billets de banque avaient disparu. De plus, le petit coffret avait été également enduit de pétrole, mais, la tentative faite pour l'enflammer n'avait pas réussi.

A la suite de l’enquête, on a arrêté un valet de pied de la villa, Mathias Wanpach, 25 ans, d'origine luxembourgeoise, qui avait caché dans un paquet de cigarettes, un billet de 50 francs dont il n'a pas pu indiquer la provenance. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1897  -  Dangers de la mer.  -  On a trouvé échoué sur la plage aux Grandes-Dalles, près Fécamp, un cadavre que l'on croit être celui du jeune mousse de quinze ans, Jules Dabourday, qui était à bord de la « Marguerite », barque de Villerville récemment coulée.

— La barque du sieur Victor Marie, dit Léon, a sombré près de Port-en-Bessin. Pendant prés d'une heure, le malheureux Marie est resté entre la vie et la mort, cramponné au haut d'une vergue. Il a été sauvé. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1897  -  La neige.  -  Dès samedi,  il en est tombé sur notre région. Mardi, elle a été plus abondante, mais sans tenir. Dans les Alpes, il y a eu une véritable tourmente. Au col de la Traversette, où trois de nos soldat ont été récemment engloutis, la neige a atteint près de 5 mètres d'élévation. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1897  Vent et tempête.  - Ces derniers jours, la mer a été démontée sur nos côtes. Il n'y a pas eu de sinistres causant mort d'hommes, mais les embarcations ont eu beaucoup à souffrir, et le vapeur « le Havre » a coulé à pic en vue de Cherbourg. Les six hommes qui le montaient ont été sauvés. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Avril 1897  -  Pêcheur retrouvé.  -  Une barque du Tréport a retrouvé le corps du pêcheur Fortuné Aubert, de Villerville, noyé par suite de l'abordage de la plate « Liberté », le 30 janvier dernier. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1897  -  Pêcheur retrouvé.  - On a retrouvé à Senneville, près Fécamp, le corps de Julien Bacon, 18 ans, la dernière victime de la plate de Villerville « Marguerite », perdue le 3 mars  dernier. (Source : Le Bonhomme Normand)

 

Juillet 1897  -  Terrible accident de voiture.  -  Le peintre Dantan, 49 ans, très connu à Paris, venait depuis plusieurs années en villégiature à Villerville. Mercredi, il était allé en voiture à Trouville, avec sa femme, une dame Flint et ses deux jeunes filles. Au retour, en descendant la côte qui aboutit à Villerville, les guides se sont brisées, le cheval s'est emballé et est allé s'abattre contre le mur de l'église, M. Daman s'est brisé le crâne, il est mort quelques instants après. Sa femme, qui avait eu une cuisse brisée en deux endroits, est morte 48 heures après. L'une des jeunes Flint, âgée de 16 ans, a été blessée aux jambes et contusionnée par tout le corps, sa mère et sa sœur n'ont eu que de  légères contusions. M. et Mme Dantan laissent trois jeunes enfants. Mlle Flint a été opérée, son état est aussi satisfaisant que possible. (Source  : Le Moniteur du Calvados)  

 

Juillet 1897  -  Cadavre retrouvé.  -   On a retrouvé en face de Tancarville et transporté à Villerville le cadavre du sieur Julien Baron, patron de la barque de pêche « Liberté » N°15, coulée le 30 janvier dernier par le steamer « Olive », montant à Rouen. (Source  : Le Moniteur du Calvados)  

 

Août 1897  -  Basses vengeances.  -  Des malfaiteurs inconnus ont mutilé un animal domestique à la dame Olive, à Villerviile, et à la veuve Richard, à Brucourt.

-  Quatre pommiers de 20 ans, appartenant au sieur Gouley, de Maisoncelles-Pelvey, ont été dépouillés de leur peau sur un côté et dans le pied de l'arbre. Préjudice causé : 80 francs. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1898  -  Barques de pêche coulées.  -  Dans la nuit de jeudi à vendredi, la barque « Espérance-en-Marie-Joseph », de Villerville, a abordé, à un mille environ dans le sud-ouest du Ratier, la barque « Manola », n° 114, de Trouville, qui a coulé presque aussitôt. Les trois hommes d'équipage ont été sauvés. Mardi matin, la barque « Espérance-en-Marie-Joseph » a été abordée à son tour et coulée par le steamer anglais « Niobé ». Le patron et le mousse ont été sauvés, mais les deux hommes d'équipage, Aubert, 24 ans et Hauvel, 17 ans, ont péri. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1898  -  Barque de pêche coulée.  -  Nous avons dit dans notre dernier numéro que la barque de pèche « Espérance-en-Marie-Joseph » de Villerville, avait été abordée et coulée  en Seine par le vapeur « Niobé » et que deux hommes de l'équipage avaient péri.

Le malheureux Aubert, 24 ans, de Villerville, une des victimes, qui laisse une veuve et un enfant de quelques mois sans aucunes ressources, était le frère de l'un des pêcheurs noyés l'année dernière à la suite de l'abordage de la barque « Liberté » par le navire anglais « Olive ». La seconde victime, Hauvel, 17 ans, demeurait chez ses parents, à Vasouy. (Source : Le Bonhomme Normand)  

 

 Mai 1898  -  Charité chrétienne mal appliquée.  -  Dernièrement, pendant la prière du soir, un vol avec escalade était commis au presbytère de Villerville. Une lettre, signée « Tante Rose », signalait comme le voleur un individu de la commune. Les gendarmes firent chez lui une perquisition minutieuse et ne découvrirent rien. Du reste, cet homme put établir qu'au moment du vol il se trouvait loin du presbytère. Le signataire de la lettre est connu, l'auteur du vol aussi, dit-on. Mais l'affaire en reste là, le curé l'ayant demandé. 

C'est beau la charité chrétienne, mais à la condition qu'elle ne serve pas à couvrir les voleurs. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mai 1898  -  Canot de pêche coulé.  -  Le canot de pêche « Notre-Dame-des-Flots », de Tancarville, revenait de la pêche aux moules, à Villerville, près Trouville. Surpris par le flot dans l'estuaire de la Seine, il a chaviré sous voile et a disparu presque aussitôt. Le patron du canot naufragé, Pierre Cousin, laisse une veuve et cinq enfants. 

Triste coïncidence : le fils aîné de Pierre Cousin a trouvé la mort dans des conditions analogues, en janvier dernier, à bord du canot « Augustine-et-Marie », chaviré sous Berville. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1898  -  Vol d’une brebis.    On a volé une brebis de 90 fr. au sieur Lemènager, boulanger à Villerville. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Juin 1898  -  Réservistes et territoriaux.    Les réservistes et territoriaux d'infanterie, convoqués pour accomplir une période d'instruction en 1898, sont invités à retirer dans la première quinzaine de juin leurs ordres d'appel qui sont déposés à la gendarmerie de leur résidence. (Source  : Le Bonhomme Normand) 

 

Juillet 1898  -  Grave accident de voiture.     Un cheval attelé à un banneau appartenant au sieur Letellier, entrepreneur de travaux publics à Trouville, s'est emballé sur la route de Villerville. Le conducteur, renversé, a passé sous une roue. Poursuivant sa course, l'attelage rencontra un break de Honfleur dans lequel se trouvaient six personnes. L'avant-train du break fut brisé et les roues tordues, mais heureusement, les voyageurs n'eurent aucun mal. Quant au conducteur du banneau, il avait été relevé dans un état lamentable et on craint pour ses jours. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1898  -  La saison.   -   Le temps s'est maintenu au beau jusqu'à ce moment. Le mois d'août est sauvé. L'affluence est toujours grande sur nos côtes. Les propriétaires de maisons, effrayée par les creux de juillet, se sont décidés à diminuer les prix de leurs maisons. Seules, les grandes locations n'ont pas toutes trouvé preneurs. Les localités les moins favorisées sont Deauville, Villers et Villerville.

— Les baigneurs se plaignent plus que jamais du prix exagéré des denrées. Aussi beaucoup de familles font-elles venir la viande, les volailles et même les légumes en colis de 5 à 10 kilos dont le port se trouve couvert par la différence de prix d'un seul poulet.

« Que voulez-vous, nous disait à ce sujet un commerçant... Il faut bien que nous gagnions pendant la saison de quoi vivre tout l'hiver ».

Nous sommes heureux de constater qu'il y a moins de mendiants, cette année, à Trouville, mais plus de pickpockets et de grecs, et que la grande voie des quais est balayée souvent et arrosés suffisamment. Il n'y a plus que cette coquine de pissotière du quai dont les marées font, comme odeur, concurrence à celles de la poissonnerie.

Moins de chant et de musique, cette saison, dans les deux églises de Trouville. Les curés rechignent, dit-on, à payer les artistes, ils voudraient qu'ils se fassent entendre pour l'amour de Dieu afin de laisser à l'église tout le bénéfice de quêtes souvent fructueuses. Dimanche, à Notre-Dame-des-Victoires, où l'orchestre du casino jouait, la quête a produit environ 1 200 fr. Il  est vrai que c'était pour les pauvres et non pour les embellissements de l'église ou l’achat d'un orgue monumental comme celui de Bon-Secours.

Dès lundi, les déménagements ont commencé à Trouville avec un trop remarquable ensemble. Du reste, ni la municipalité, ni le casino ne font rien pour retenir le public. Quant aux représentations théâtrales du Casino, toujours les mêmes fours dont se souviendront les Coquelin, les Le Bargy, les Lina Munte et autres grands artistes en tournée. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1898  -  Découverte de cadavre.   -   Nous avons annoncé dans notre dernier numéro que le sieur François Martin, 35 ans, ouvrier maçon à Trouville, s'était noyé accidentellement en péchant de l'équille. Le corps du malheureux a été retrouvé devant les bains de Villerville.  (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

 Janvier 1899  -  La tempête.   -   Une violente tempête s'est déchaînée la semaine dernière, sur notre littoral. Il y a eu de très grands dégâts à Saint-Aubin, Bernières et à Langrune. A Ouistreham, les vagues ont culbuté et enlevé presque toutes les cabines sur la plage jusqu'à Riva-Bella. Le pavillon nord de la villa de la marquise d'Angerville, à Beuzeval-Houlgate, s'est écroulé. Celle de M. Auburtin, maître des requêtes au conseil d'État, a été en partie éventrée. Les dégâts sont immenses à Trouville : tous les bordages de la jetée ouest ont été enlevés. La mer a pénétré dans le café Mottet, sous les galeries de la plage la promenade en planches est presque détruite, les cabines ont été enlevées, jetées l'une sur l'autre, brisées en miettes. La mer a dévasté toutes les propriétés bordant la plage, depuis l'hôtel des Roches-Noires jusqu'à la digue, faisant d'énormes dégâts. Le parapet a été enlevé sur plus de 70 mètres. Quant à la jetée-promenade, elle est encore debout, mais dans toute sa longueur son plancher a été enlevé, ce n'est plus qu'un monceau de décombres.

Grands dégâts également à Villerville, ainsi que sur le littoral entre Grandcamp et Isigny.

Les quartiers St-François et Notre-Dame, au Havre, ont été inondés. Dans plusieurs rues, on ne pouvait circuler, car l'eau atteignait jusqu'au moyeu des roues. A Fécamp, la violence des flots a détruit complètement la digue du boulevard du Casino. Une machine à vapeur a été précipitée dans le brise-lames. La plage de Dieppe est dévastée. Des pièces de bois et des fermes en fer, arrachées du musoir de la jetée, volaient comme des allumettes sur le tablier du brise-lames.

Dans les départements, la tempête a causé également des accidents : à Raon-l’Étape (Vosges), un douanier a reçu sur le corps une pile de planches et a été tué net. il était marié et père d'un enfant. Partout il y a eu des inondations par suite de crues subites des fleuves et des rivières. Les pertes sont énormes. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Janvier 1899  -  Noyé accidentellement.   -   Le sieur Louis Ledec, 31 ans, marin du bateau de pêche n° 61, de Villerville, rentrait dimanche matin à bord de son navire, amarré quai des Remorqueurs, au Havre. lorsque, par suite d'un faux pas, il a été précipité dans l'avant-port, ce n'est que vers midi que le cadavre du malheureux marin, qui avait coulé à pic, a pu être retrouvé. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Mars 1899  -  Une garnison.  -  Villerville, la coquette petite station balnéaire, va devenir ville de garnison. Le génie militaire entreprend en ce moment, auprès de la batterie de  Cricquebœuf, la construction de baraquements pour loger une compagnie d'infanterie ; ces travaux seront terminés, assure-t-on, dans les premiers jours d'avril.  (Source  : Le Bonhomme  Normand)

 

Juillet 1899  -  Découvertes de cadavres.  -  Le cadavre en putréfaction du sieur Eugène Guille, 36 ans, journalier à Bayeux, a été trouvé dans l'étang de M. de Rampan, à Saint-Loup-Hors, près Bayeux. C'est une citation trouvée dans sa poche qui a permis de le reconnaître. On croit que, trompé par l'obscurité, le sieur Guille est tombé accidentellement dans l'étang.

— Ou a trouvé à Villerville, près Trouvilie, le cadavre d'un inconnu assez bien mis, de 25 à 30 ans, auquel manquait le doigt majeur de la main droite. Il avait dans sa poche 25 centimes. La mort paraissait dater de quelques heures seulement. On croit qu'il était domestique. (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Août 1899  -  Affaires de mœurs.   -  Louis Caillebot, 60 ans, marin à Villerville, est prévenu d'avoir commis de nombreux attentats à la pudeur, notamment sur Gabrielle Lecoq, 8 ans, et sur Marguerite Hébert, 9 ans. Caillebot qui a tout nié, a été condamnée à 2 ans de prison. Défenseur, Me  Dubourg.

— On ne reproche à Eugène Fischer, 20 ans, journalier à Vire, qu'un seul attentat à la pudeur commis sur Eugénie Goulhot, 5 ans et demi. Mais comme ses antécédents sont très mauvais, Fischer a été condamné à 5 ans de réclusion. Défenseur, Me  Boissais.

— Frédéric Dupont, 78 ans, propriétaire et adjoint à Basly, était accusé d'attentats à la pudeur commis sur Aimée Pain, 9 ans. Sur les instances de l'accusé, la femme Pain avait consenti à ne pas porter plainte. Mais une lettre anonyme dénonça les faits au parquet qui fit faire une enquête. Heureusement pour lui, Dupont était défendu par Me Guernier, qui a obtenu son acquittement.

— Désiré Delanoë, 27 ans, journalier à la Folletière, arrondissement de Lisieux, a comparu comme prévenu d'avoir commis un attentat à la pudeur sur la veuve Anneval, âgée de 85 ans ! Le jury, pensant que cet attentat ne pouvait pas avoir de suites graves, a eu pitié de Delanoë et l'a acquitté. Défenseur,Me  Chéron.

— Jules Desprès, 43 ans, maçon au Mesnil-Bacley, est prévenu d'avoir commis plusieurs attentats à la pudeur avec violence sur sa fille, alors qu'elle était âgée de moins de 15 ans. Ce misérable père nie les faits. Il est condamné aux travaux forcés perpétuels. Défenseur, Me  Martin.

— Un vagabond, François Angué, 34 ans, né à Claire-Fougère (Orne), de passage à Moult, a violé la jeune Berthe Lefevre, âgée de 11 ans et demi. Il a été condamné à 20 ans de travaux forcés. Défenseur; Me  Grandsart.  (Source  : Le Bonhomme Normand)

 

Octobre 1900   -   Suicides.  -   Le sieur Camille Gaucher, laveur de vaisselle dans un hôtel de Villerville, près Trouville, s'est pendu. Cause inconnue. 

— Le sieur Jules Duclos père, propriétaire à Orbec, s'est pendu dans sa grange. On ignore les causes du suicide. (Source  : Le Bonhomme Normand)  

 

Octobre 1900   -   Accident mortel, mais pas assassinat.  -  Le sieur Georges Marescot, 29 ans, journalier à Villerville, était allé à l'affût, la nuit, avec le jeune Casimir Lhomme, 18 ans, domestique à Glanville, venu chez ses parents. 

En route, Marescot, ayant besoin de se baisser, porta la main au fusil pour relever la crosse, mais sa main s'appuya inconsciemment sur la gâchette et le coup partit, atteignant mortellement le malheureux Lhomme qui le suivait et qui tomba la tête dans l’ornière du chemin. Marescot, voyant tomber son jeune compagnon, courut pour le relever. 

Il recula épouvanté en constatant que le malheureux, ayant reçu la charge dans le cou, ne donnait plus signe de vie. Marescot perdit alors la tête. Il courut tout d'une traite à Trouville et frappa à la porte du garde champêtre Vergy auquel il raconta que Lhomme venait de se suicider en se tirant un coup de fusil dans la tète. Marescot ne put soutenir ce récit mensonger devant les résultats de l'autopsie et finit par tout avouer. 

Marescot aimait le jeune Lhomme qui était très estimé, car, l'aîné de sept enfants, il donnait tout ce qu'il gagnait à sa mère. (Source  : Le Bonhomme Normand)  

4    VILLERVILLE   -   Vue prise de la Plage

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