1er Octobre 2024

UN SIÈCLE D'HISTOIRE DU CALVADOS Page 2

VIRE

Canton de Vire

Les habitants de la commune sont des Virois, Viroises

Février 1851   -   Un accident.   -   Mardi dernier, un des ouvriers de la fabrique à papier du M. Desétales à Vire, a eu le poignet pris dans un des rouages. L'engrenage où sa main a été accrochée, est armée de deux tranchants ou couteaux, et l'avant-bras s'est trouvé en un instant dépouillé par ces couteaux, qui ont fait au moins 400 tours sur le bras de ce malheureux avant que l'ouvrier le plus près de lui ait pu venir à son secours et arrêter la mécanique. L'amputation de l'avant-bras a été indispensable.  (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Mai 1852   -   Cours d’Assises du Calvados.   -   Audience du 12.

La session de mai a commencé le 10, et doit se terminer le 24. Plusieurs vols, des faux, des coups et blessures, une banqueroute frauduleuse, y sont déférés, ainsi que deux cas d'incendie, 2 viols, un attentat à la pudeur, 2 infanticides.

L'arrondissement de Pont l'Évêque n'y fournit que trois jurés MM. Bénard, de Beaumont ; Larguillier, de Trouville ; Mermet, de Criquebeuf. Audience du 11 mai.

La fille Decaen, dite Rosalie, de l'arrondissement de Vires comparaissait sous la double accusation d'incendie et de tentative d'empoisonnent.

C'est un de ces caractères extravagants qui apparaissent rarement, et sont d'autant plus remarqués. Rosalie ne craignait pas de se livrer aux plus rudes travaux des champs, souvent sous des habits d'homme qui convenaient parfaitement à ses démarches, elle avait un violon et d'autres instruments, elle avait un fusil et un pistolet et chassait aux petits oiseaux.

Après l'avoir gardée pendant sept à huit ans, la dame Veuve Madeline se décida enfin à la renvoyer, fatiguée qu'elle était de sa conduite excentrique, quoique sous les rapports de moralité et de probité, il n'y eût aucun reproche à lui faire.

Cette fille sollicita vivement de rentrer chez sa maîtresse, mais ce fut en vain. Son avant dernière tentative date du 1er novembre, le lendemain nouvelles instances sans plus de succès, elle sortit de la maison à 6 heures et à minuit le feu éclatait chez madame Madeline.

La première pensée fut que Rosalie était l'auteur du crime, son caractère sombre, irascible, vindicatif donnait lieu à ces soupçons que sa conduite pendant l'incendie confirmait et cependant personne n'osait l'accuser, tant on la craignait.

Dans le courant de décembre, une nouvelle servante trouva sur l'appui d'une fenêtre, un pot de miel qui exhalait une odeur étrange. La justice fut avertie, une expertise eut lieu, le miel contenait du phosphore, assez pour donner la mort. Rosalie apprit qu'on l'inculpait, elle s'enfuit, mais elle fut bientôt arrêtée. Elle nia tout bien entendu et le jury n'a point prononcé qu'elle fût coupable. Elle a été rendue à la liberté. (Source : Le Journal de Honfleur)  

 

Juin 1852   -   Cour d'Assises du Calvados.   -  Audience du 22.

— La fille Gaillard, a volé dans les arrondissements de St-Lô et de Bayeux au préjudice de cinq personnes qu'elle servait comme domestique, elle est condamnée à cinq ans de prison.

— Le 7 mars dernier deux femmes qui ramassaient du bois dans forêt de Rocantin, arrondissement de Vire, trouvèrent sous un amas de feuilles sèches, le cadavre d'un enfant nouveau né. Ils appelèrent des témoins, au nombre desquels se trouva une femme Podard qui déclara, que cet enfant était le sien et qu'il était mort.

La justice fut avertie, il fut reconnu que l'enfant était né viable, que la mort  était le résultat d’une violente pression sur la tête. La mère a déclarée coupable, Malgré ses dénégations et, à la faveur de circonstances atténuantes, condamnée aux travaux forcés à perpétuité. (Source :  Le Journal de Honfleur)

 

Juin 1852   -  Nous lisons dans le « Virois ».   -  Après la séance du conseil de révision, M. le préfet a adressé à MM. les maires des communes du canton d'excellents conseils ayant pour but de faciliter l'expédition des affaires administratives.

Après les avoir remerciés de leur concours et de leur dévouement aux intérêts de leurs administrés, il leur a promis son appui toutes les fois qu'ils le réclameraient pour le bien du service, et les a engagés à ne jamais douter de son zèle et à ne pas craindre de l'importuner par des réclamations et des demandes d'avis et d'instructions. « Ce n'est pas seulement, a-t-il ajouté, pour remplir un devoir que m'impose mes fonctions, c'est encore pour obéir aux ordres formels du Prince-Président, qui veut que tous les fonctionnaires se dévouent, sans relâche et sans réserve, aux intérêts du peuple. »

Les précédents de M. Pierre Leroy nous garantissent que, de sa part, ces ordres seront rigoureusement suivis. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Juillet 1852   -   Les Orages.   -   Les derniers orages ont causé, dans une partie du département, de graves dommages aux récoltes.

On cite comme ayant principalement souffert les communes suivantes : Valcongrain, Courvaudon , Cauvicourt, Saint-Sylvain, Saint-Germain-le-Vasson, Bretteville-le-Rabet, Villers-Canivet, Ussy , Meslay, Aubigny, Versainville, etc…

A Vire, la foudre est tombée, dans la nuit de lundi à mardi, vers deux heures, en la commune de Saint-Manvieu, au village de Lerocher-Villedieu, et a mis le feu à un corps de bâtiment appartenant au sieur Jean-François Launay, de Sept-Frères, occupé par les sieurs Bouvy, cultivateur, et Quillard, sabotier.

La perte approximative causée par le feu du ciel est de 3 800 fr. pour le propriétaire, 1 500 fr. pour le sieur Bouvy, et 215 fr. pour le sieur Quillard. Rien n'était assuré. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Juillet 1852   -   Le Baccalauréat.   -   La faculté des lettres de l'académie de Caen a procédé aux examens du baccalauréat, du 1er au 17 de ce mois ; et lundi dernier, elle a proclamé les résultats : 93 candidats se sont présentés ; 29 ont échoué à la version. Sur les 64 qui ont subi les épreuves orales, 43 ont été reçus.

Un seul, M. Hérault, d'Isigny, élève du lycée de Caen, a obtenu la mention BIEN. Parmi ceux qui ont obtenu la mention assez bien, on trouve pour le Calvados, MM. Pagny, de Mézières ; Delasalle, de Caen ; Auvray, de Vire ; Le Sauvage, de St-Gatien ; Puchot, de Lisieux ; Moutier, de Lisieux ; Morel, de Falaise ; Denis-Dudesert, de Condé-sur-Noireau ; Queillé, de Caen ; Tillaux, d'Aunay ; Cortès, de Monovar (Espagne) ; Cabard, de Méry-Corbon ; Gauthier, de Caen. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Octobre 1852   -   Le temps qu’il fait.   -   Les coups de vent se succèdent, sans relâche, depuis quinze jours et la pluie tombe presque sans interruption et quelquefois à torrents, de manière à faire naître des inquiétudes sur les navires en mer et surtout sur l'ensemencement des terres.

Dans la nuit de lundi à mardi (4 au 5 octobre) la pluie tomba avec une telle abondance que les petites rivières affluentes à la Seine, dans notre canton, grossirent singulièrement et avec rapidité. La « Morelle » faillit emporter le pont de Ficquefleur dont l'arche unique n'a que trois mètres d ouverture, elle s'ouvrit passage à chacune des deux extrémités, en couvrant toutes les prairies qui l'avoisinent. L' « Orange », plus encaissée, et dont le pont a 4 mètres n'a pas fait autant de mal, mais il n'en a pas été de même de la « Claire » qui vient tomber dans les anciens fossés de la ville, après avoir traversé deux fois souterrainement la route de Pont-l’Évêque. Ses bords sont bas, son lit resserré, elle a produit les mêmes dégâts qu'en décembre 1850.

Les usines, les tanneries, les moulins de diverses sortes ont, comme il y a deux ans, comme en 1846, éprouvé des dommages considérables, ainsi que les maisons d'habitation et jardins près desquels ou au milieu desquels elle passe.

Des réclamations furent alors adressées aux Préfets du Calvados, aux ministres qui avaient les travaux publics dans leur département, à l'administration des Ponts-et-Chaussées. On en espérait un résultat utile, et cependant les choses sont restées dans le même état. Un article du journal peut signaler le danger, mais c'est tout ce qu'il peut faire.

La « Calonne » et la « Touques », la première surtout, qui, à Pont-l’Évêque n'attendent pas une telle abondance d'eau pour déborder, couvraient de plusieurs mètres tous les herbages dont la ville est environnée, pendant près de 16 heures, les rues de la ville ont été changées en autant de rivières, et ses maisons pleines d'eau. Dans le quartier du « Bras-d’Or », l'eau, atteignait un mètre.

Lisieux n'a pas été épargnée. L'inondation a rempli les bas fonds la vallée de Corbon est sous l'eau.

La vallée de la Dives, offre sur une longueur de plusieurs kilomètres le plus, pénible spectacle.

A Caen les quais, les promenades, le cours, et les quartiers ont été immergés de près d'un mètre et demi. Les caves, les magasins, les boutiques ont été inondés et ont subi des dommages considérables, dans la rue Neuve-St-Jean, on ne pouvait entrer dans les maisons que par les fenêtres. Le service de la banque, du comptoir d'escompte, de la poste aux lettres se faisait en voitures. Le poste militaire de la rue Neuve St-Jean a été relevé à l'aide de charrettes.

Mercredi la foudre a tombé dans une des cours de l’Hôtel-Dieu et a renversé un factionnaire qui n'a repris ses sens qu'au bout de trois-quarts d'heure des soins des élèves internes de cette maison.

Le pont en construction sur l’ « Orne », vis-à-vis la commune du Coudray, a été emporté et le bac en partie détruit.

A Bayeux, les eaux se sont élevées à plus d'un mètre, plusieurs rues de la ville ont été inondées, on ne pouvait secourir les habitants et leur porter des vivres qu'à l'aide de chevaux et de charrettes.

Un particulier qui se rendait en cabriolet de Courseulles à Bayeux a failli être emporté par les eaux. Les herbages sont couverts, une trentaine de bestiaux ont péri.

Port-en-Bessin a été inondé.

Le pont d'Ouilly qui venait d'être reconstruit a été emporté, le vieux pont de Pont-Farcy est détruit.

La route de Caen à Granville, les communications entre Falaise, Condé, Vire ont été suspendues.

A Condé, le « Noireau » a débordé, deux ponts se sont écroulés, l'eau dépassait le premier étage.

A Flers, la crétine s'est élevée à plus de deux mètres dans les bas quartiers. Les caves occupées par les tisserands ont beaucoup souffert dans les marchandises et les métiers.

La « Vire » parait avoir fait des dégâts extraordinaires. Elles s’est élevée, suivant le Courrier de St-Lô, a près de 2 mètres 50 en plusieurs endroits, emportant le pont de Gourfaleur, entraînant des meubles, des poutres, des arbres entiers, bateaux, des bestiaux noyés.

On parlait de la destruction des ponts de Tessy et de St Fromond. Celui de Vire a éprouvé un affaissement considérable, et sera probablement à reconstruire.

Ainsi toute la Basse-Normandie a éprouvé des dommages plus ou moins grands suivant les localités. (Source :  Le Journal de Honfleur)

 

Novembre 1852   -  Arrêté préfectoral.   -   Les récentes inondations dont divers points de notre département ont été victimes, devaient attirer la sollicitude de l'administration supérieure. A défaut de grands travaux, qu'un avenir prochain verra sans doute réaliser pour quelques-unes des rivières dont les débordements ont fait le plus de ravages, telles que l'Orne et la Vire, il était urgent de prendre quelques mesures de première précaution, pour obvier au renouvellement de pareils désastres, ou pour en atténuer au moins les plus graves inconvénients.

M. le préfet du Calvados, qui a mis la plus grande activité à s'assurer par lui-même de l'état des choses, vient de prendre un arrêté dont l'importance sera comprise, et qui sera hautement approuvé par tous ses administrés. Ce magistrat s'est assuré, dans le cours de ses investigations faites sur lieux, que les désastres des récentes inondations sont dûs, à part les pluies torrentielles, à l'insuffisance des digues de certains étangs, au mauvais aménagement de beaucoup de moulins ou usines, et surtout aux encombrements ou empiétements sur divers cours d'eau.

L'arrêté de M. le préfet a donc pour objet immédiat d'obvier à ces graves inconvénients, en voici le texte :

Nous, Préfet du Calvados, etc…

Considérant que, sous le rapport de l'état des cours d'eau, il y a notamment à se préoccuper, de ceux servant aux usines de Lisieux, Condé et Vire, comme de l'absence de règlement pour l’Odon à Caen et dans sa banlieue.

Considérant qu'il y a spécialement urgence dans les travaux projetés pour la Touques et la Calonne à Pont-l’Évêque, dans l'exécution d'ouvrages susceptibles de prévenir pour Bayeux les irruptions inattendues de l'Aure, qui ont dernièrement envahi presque jusqu'à l'hôpital.

Considérant qu'en cas de débordements les eaux font disparaître la trace de la voie sur la route nationale n° 13 , à la vallée de Corbon, et que le cours étranglé de la Laize intercepte souvent les communications à Bretteville.

Considérant qu'il y a aussi à se préoccuper des travaux des divers syndicats de dessèchement, tant pour leurs intérêts propres que pour préserver les habitations ou les terres les environnant.

Considérant, enfin, que l'insuffisance de débouchés ou d'élévation de certains ponts, et le barrage formé par les abords en terre-plein, sans arches de secours, sont aussi des causes de danger.

Considérant que jusqu'ici les recommandations ou les dispositions isolées ne se sont pas montrées assez efficaces, et qu'il faut garantir l'avenir, que, par exemple, la fonte des neiges, en retrouvant la terre imprégnée d'eau et les réservoirs combles, nous exposerait à de nouveaux désastres.

Après nous être rendu sur les lieux principaux, et statuant d'après les plaintes qui nous ont été faites.

Arrêtons :

Art. 1er.   MM. les sous-préfets, maires, agents des ponts-et-chausséess et du service voyer, signaleront les contraventions particulières ou les dispositions naturelles qui peuvent compromettre la sûreté du pays, en cas de crue des eaux.

Ces avis parviendront, sans-délai, au préfet, immédiatement il interdira les usines, moulins, barrages, etc..., ou ordonnera les travaux de déblaiement des cours d'eau.

Art. 2.   Indépendamment de ce qui précède, M. l'ingénieur chargé du service hydraulique se transportera de suite sur les points les plus exposés, notamment à Condé, Vire et Lisieux, pour examiner l'état du Noireau, de la Druance, de la Vire, de la rivière d'Orbec, etc..., pour ordonner d'urgence, à peine de mise en chômage, l'enlèvement des barrages, empêchements ou encombrements de ces cours d'eau.

Il procédera de même pour les moulins dont l'état serait dangereux.

De plus, il préparera et proposera, sous le contrôle de M. l'ingénieur en chef, un projet de règlement de police et d'entretien pour chacune des quatre rivières qui viennent d'être désignées, ainsi que pour la Laize et autres cours d'eau.

Art. 3   Toutes les demandes de création ou régularisation d'usines seront sans retard expédiées.

Art. 4    Les travaux dont  le projet est en instance pour garantir la ville de Pont-l’Évêque des inondations, seront rappelés instamment.

Art. 5    Un projet sera produit pour l'amélioration du régime de l'Aure.

Art. 6    Tous les frais de règlements d'usine ou d'enlèvements d'ouvrages non autorisés et nuisibles seront à la charge des usiniers.

Art. 7    M. l'ingénieur Sallebert est autorisé, à ces fins, à parcourir ou occuper les terrains nécessaires, et même à prendre ou prescrire les mesures dont l'urgence ne permettrait pas de nous en référer.

Art. 8    MM. les ingénieurs des ponts-et-chaussées, pour les routes nationales et départementales, les agents voyers pour les lignes vicinales compléteront leur inspection des ponts les plus ébranlés ou même entachés de vice de construction, et proposeront les mesures d'urgence.

Il sera procédé de suite également par eux aux divers travaux et projets qui sont dans leurs attributions et dont la nécessité est signalée ci-dessus.

Art. 9    Les arrêtés de règlements interviendront ultérieurement.

Art. 10    MM. les sous-préfets, MM. les maires, M. l'ingénieur en chef et M. l'agent voyer chef sont chargés d'assurer l'exécution, chacun en ce qui le concerne, du présent arrêté.

Ledit arrêté, pour recevoir la publicité convenable, sera inséré au « Recueil des Actes administratifs », et sera offert en communication aux parties intéressées.

En outre, MM. les maires de Bayeux, Caen, Condé, Lisieux, Pont-l’Évêque et Vire, feront imprimer, publier et afficher le présent arrêté dans ces villes.

Fait à Caen, le 23 octobre 1852.   Pierre LE ROY. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Janvier 1853  -   Nouvelles locales.   -  Le Journal de Vire annonce qu'un tremblement de terre a eu lieu, dans cette ville, pendant la nuit du jeudi 6 de ce mois. (Source :  Le Journal de Honfleur)

 

Novembre 1853   -   L’approvisionnement des Halles.   -   Les deux journaux de Vire signalent à l'attention, nous sommes portés à le dire, à la reconnaissance publique, un citoyen, M. Mosselman, qui a fait venir d'Angleterre une quantité considérable de grains, dont il pourvoit les marchés de la Manche, ce qui amène nécessairement une baisse de prix. Ils citent notamment la halle du 21 octobre où il y avait 443 hectolitres de froment, dont 110 appartenant à ce négociant, et qui ont été vendus au prix moyen de 26 fr.

Ces deux journaux font remarquer que le blé de la récolte de 1852 pesait en moyenne 73 kilog. l'hectolitre, et que celui de 1853 pèse 80 kilog., ce qui doit amener une baisse de prix, lorsque ces blés seront, après le ballage, portés aux halles.

Un négociant de Tréguier fait venir d'Amérique un navire chargé de farine, pour être mise en vente dans cette ville.

Quatre autres négociants, du même endroit, ont pris l'engagement de garder 440 quintaux de froment, à 15 fr. le quintal, pour aider à l'approvisionnement de la population. (source Le Journal de Honfleur)

 

Novembre 1853   -   L’École.   -   M. le recteur de l'académie du Calvados, par un arrêté du 12 de ce mois, invite MM. les maires et MM. les ministres des différents cultes à dresser, de concert, avant le 1er décembre prochain, les listes des enfants qui pourront être admis gratuitement dans les écoles publiques, pendant l'année 1854. (source Le Journal de Honfleur)

 

Avril 1854   -   Les incendies.   -   Les journaux de notre département et ceux des départements voisins, sont remplis du récit de nombreux incendies, dont la plupart doivent être attribués à l'imprudence, et qui viennent journellement affliger diverses contrées

— Le 14 de ce mois, un incendie, résultat de l'imprudence, a éclaté en la commune de Neuville, près Vire ( Calvados ). Un appentis a été la proie des flammes. On évalue la perte à 130 fr.

— Le même jour, un autre incendie plus grave, résultat de l'imprudence, a éclaté à Bernières-le-Patry ( Calvados ). On évalue la perte à 5 000 fr. tout était assuré.  (source Le Journal de Honfleur)

 

Mai 1854   -   Vie locale.   -   Par toute la France, i'œuvre de la sanctification du dimanche prend un accroissement extraordinaire. Les journaux sont remplis de détails intéressant à ce sujet. Vire n'a pas voulu rester en arrière, et déjà on s'occupe d'organiser un projet d'Association pour la fermeture des magasins et ateliers de notre localité, les dimanches et jours fériés. Les principaux propriétaires et négociants ont déjà donné leur adhésion. Espérons que tout le commerce va suivre cette impulsion. (source Le Journal de Honfleur)

 

Août 1854  -  Gare aux troncs.  -  La semaine dernière, à Vire, le nommé Eugène Gautier, 50 ans, sans domicile fixe, a été arrêté dans l’église Notre-Dame, au moment ou il dévalisait les troncs au moyen d'une baleine de corset enduite de glu qui lui servait à en extraire les pièces de monnaie, Il a fait des aveux et prétend n'avoir soustrait qu'une somme de 1 fr. 50.  

 

Août 1854   -   Nouvelles locales.   -  L'Empereur et L'Impératrice, viennent d'accorder, dans le département du Calvados, savoir : 200 fr. à la commune de Pierres, canton de Vassy ; 200 fr. à l'église de Presle, même canton ; 150 fr à l'église d'Annebecq, canton de Saint-Sever ; 200 fr. pour l'école des filles de Vassy ; 200 fr. à l'église de Saint-Lambert, canton d'Harcourt. LL. MM. ont, en outre, accordé des médailles d'encouragement aux meilleurs ouvrier, des fabriques de Vire. (Source : Le Journal de Honfleur)

 

Octobre 1854   -   On lit dans le Journal de Vire.   -   La foire Saint-Michel s'est ouverte, vendredi dernier, par un temps magnifique. Depuis longtemps on n'avait vu le champ de foire garni d'une aussi grande quantité de bêtes à cornes. Le prix s'est bien maintenu, et la marchandise a trouvé un écoulement facile. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Décembre 1854   -   L’alcool.   -   Depuis quelques temps, les journaux de notre département, signalent plusieurs accidents attribués à l'ivrognerie, cette hideuse passion, que l'on considère avec raison comme la source de tous les maux et de tous les crimes, et que l'on peut considérer également, grâce aux tristes et nombreux exemples qui sont trop souvent offerts, comme la cause des plus grands malheurs.

Nos extrayons du « Pilote du Calvados » le récit de ces accidents, duquel nous avons toutefois retranché ce qui nous paraissait insignifiant pour nos lecteurs :

— Le 29, on a trouvé, dans le ruisseau du Pont de Maupas, qui partage les communes de Neuville et de Vaudray, le cadavre du nommé Gilles Legorgeu, âgé de 78 ans. On attribue cette mort à l'ivresse. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Février 1855   -   Un crime.   -   Un crime épouvantable vient de jeter la consternation dans notre ville, et de mettre le deuil au sein d'une des plus honorables familles de Vire. Dimanche matin Mme D…… a été trouvée assassinée dans sa chambre à coucher.

La justice s'est immédiatement transportée sur les lieux, accompagnée de médecins. M. Godon, procureur impérial, et M. Ozanne, juge d'instruction, ont commencé une enquête qui se poursuit avec activité.

Cet assassinat est le sujet de toutes les conversations. L'on comprendra facilement que nous ne devons pas nous faire l'écho des bruits qui circulent, et quelle réserve nous est imposée en face des recherches de la justice. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Juillet 1855   -   Une exécution.  -   Jeudi dernier, à sept heures du matin, le nommé Marie, dit Frérot, condamné à mort, par la Cour d'assises du Calvados, comme, coupable de plusieurs incendies commis dans l'arrondissement de Vire, a subi sa peine sur la place ordinaire des exécutions. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Août 1855   -  Une importante commande.   -   La ville de Vire, justement renommée pour ses fabriques de draps, vient d'obtenir un légitime et beau succès. Il y a quelques semaines, M. le ministre de la guerre fit proposer à la chambre consultative de commerce de Vire la fourniture de 30 000 mètres de drap pour l'armée. Ces 30 000 mètres se subdivisaient en drap d'officier et de sous-officier pour la garde — drap pour les tuniques de la ligne  — capotes (gris-bleu) et drap (garance) pour pantalon, également pour la ligne.

M. J. Juhel-Desmares, manufacturier expérimenté, président de la chambre de commerce, 1er adjoint au maire, et M. Le Rosey, ancien capitaine en retaite, 2e adjoint au maire, et maintenant manufacturier, soumissionnèrent, le premier, le drap pour tuniques, le second, le drap pour capotes et les garances.

Un autre manufacturier de Vire. M. Gohin aîné, avait d'avance, soumissionné à Paris les draps pour la garde.

Dignement représentée déjà à l'Exposition universelle, la fabrication viroise est assurée, par cette importante commande, de prendre place désormais au premier rang parmi les manufactures rivales. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Février 1856   -   Cour d’Assises du Calvados.  -   Présidence de Monsieur le conseiller d’Angerville. Audience du 11 Février.

Jules-Philippe Mayas, forçat libéré, domicilié à Vire, est accusé d’avoir, à plusieurs reprises, notamment aux mois d’avril et de juillet 1855, maltraité de la manière la plus grave la veuve Mayas, sa mère légitime. Ce fils dénaturé est condamné à 10 ans de travaux forcés. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Août 1856   -   Recherches dans l'intérêt des Familles.  -   Disparition des nommés Subtil et Chalmé. Caen, 25 juillet 1856.

A MM. les Sous-Préfets, les Maires, et les Commissaires de Police. Messieurs,

Deux jeunes enfants, dont vous trouverez ci-après les signalements, ont quitté, le 15 de ce mois, le domicile de leurs parents, à Vire, et les recherches faites depuis lors pour découvrir le lieu de leur retraite sont restées sans résultat. Je vous prie de faire parvenir à la mairie de Vire les renseignements que vous posséderiez ou que vous pourriez recueillir sur ces deux enfants.

Agréez, Messieurs, l’assurance de ma considération la plus distinguée, Le Prefet du Calvados, TONNET.

Signalements : Subtil (Auguste), âgé de 12 ans 1/2. Taille : 1 m. 55, bouche moyenne, cheveux blonds, nez ordinaire, yeux bleus, visage plein, front haut, teint coloré. Il portait lorsqu’il est sorti de la maison paternelle, vers 8 heures du matin, un paletot gris blanc, boutonnant à moitié sur le devant, un pantalon d’été à carreaux, une calotte en velours, sans visière, et des sabots.

Chalmé (Frédéric), âgé de 12 ans. Taille : 1 m 40, bouche moyenne, cheveux châtains, nez busqué, yeux gris-bleus, visage ovale, front haut, teint pâle. Il était vêtu au départ d’une blouse bleue en coutil, d’un pantalon en coutil blanc, d’une casquette en drap bleu presque neuve, et de brodequins à peu près usés. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Mai 1857   -   Les vols.  -   Nous avons à signaler de nouveaux vols commis dans les églises.  -   Dans la nuit du 22 au 23 avril, des malfaiteurs se sont introduits dans l'église Notre-Dame de Vire. Ils se sont efforcés ensuite de pénétrer dans la sacristie, où ils espéraient faire main-basse sur les vases sacrés,  mais, heureusement, la solidité de la porte a résisté à toutes leurs tentatives d'effraction. Grâce à cette circonstance, ils ont été obligés de se retirer les mains vides.  (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Mai 1857   -   Le recensement de la population.  -   Le dernier numéro du Recueil des actes administratifs contient le recensement de la population de toutes les communes du département. Les tableaux seront considérés comme officiels pendant 5 ans, du 1er janvier 1857 au 1er janvier 1861.

La population totale du département est de 478 397 habitants, répartie entre 37 cantons et 784 communes.

La population des arrondissements est ainsi répartie :

Caen. 9 Cantons ; 189, Communes ; 135 126 habitants.

Bayeux. 6 Cant. ; 143 Com. : 78 735 habit.

Falaise. 5 Cant. ; 119 Com. ; 58 634 habit.

Lisieux. 6. Cant. ; 124 Com. ; 66 742 habit.

Pont-l’Évêque. 5 Cant. ; 113 Com. ; 54 864 habit.

Vire.  :  6 Cant. ; 96 Com. ; 84 299 habit.

Voici maintenant comment se divise la population de notre arrondissement :

Cantons de Balleroy. 26 communes 15 429 habitants.

Cantons de Bayeux. 16 communes 14 531 habitants.

Cantons de Caumont. 19 communes 11 062 habitants.

Cantons de Isigny. 28 communes 14 791 habitants.

Cantons de Ryes. 27 communes 11 101 habitants.

Cantons de Trévières. 27 communes 11 821 habitants.

Pour Bayeux, la population flottante est de 9 667 ; population fixe, 9 087.

Pour Isigny, population flottante, 2 186 ; population fixe , 2 186.  (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Octobre 1857   -  On écrit de Vire.   -   Le 18 octobre, une tentative d'assassinat a été commise, sur la personne du nommé Renouf (Louis), âgé de 23 ans, domestique à Pont-Farcy. Un malfaiteur l'a frappé dans la maison de son maître d'un coup de couteau, qui lui a fait au côté une profonde blessure.

La gendarmerie se mit aussitôt à la poursuite de l'assassin, qui fut arrêté à peu de distance du lieu du crime. Il a déclaré se nommer Marion (Edouard), être âgé de 26 ans, et natif de Brulon. Il a été écroué à la prison de Vire. (Source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Août 1858  -  Brigades de gendarmerie  -  Le Conseil d'arrondissement de Vire, tendant à l'établissement d'une seconde brigade de gendarmerie à pied dans cette ville. Considérant que la brigade à cheval existante ne suffit pas pour satisfaire d'une manière convenable aux besoins du service dans une ville de 7 000 habitants, entourée d'une population industrielle considérable, située au milieu d'un arrondissement populeux, point où aboutissent un grand nombre de routes, lieu de passage de fréquents convois de détenus, que les nécessités d'une police vigilante, le maintien de l'ordre et de la sécurité, l'observation des règlements sur de nombreuses voies de communication, réclamant un personnel plus nombreux. Réitère, avec insistance, le vœu déjà émis de l'établissement d'une brigade de gendarmerie à pied à Vire.

 

Juin 1858   -   Cour d’Assises du Calvados.   -   Présidence de M. Adeline. Audience du 19 mai.

— Louis-Honoré Lelièvre, âgé de 24 ans, domestique à Neuville, près Vire, est accusé de viol et de blessures, ayant occasionné une incapacité de travail pendant plus de vingt jours. Voici comment les faits se seraient passés :

Le 26 mars dernier, la femme Porquet, d’une moralité irréprochable, revenait du marché de Vire avec son mari et un ami de ce dernier. Les deux hommes s’arrêtèrent à une auberge dite de la Giraffe, mais la femme Porquet, voulant regagner son domicile le plus vite possible pour allaiter son cinquième enfant, entra dans l’écurie de l’auberge pour y attacher l’âne sur lequel elle avait fait la route, et que son mari devait ramener. C’est alors que l’accusé, entrant dans cette même écurie, voulut embrasser la femme Porquet, qui ne le connaissait pas. Elle le repoussa donc, et l’arrivée de l’ami de son mari dans l’écurie mit fin aux instances de Lelièvre. La femme Porquet partit alors et s’acheminant par les prés ; l’accusé courut après elle et la rejoignit à 500 mètres environ, dans une pièce isolée, d’où les cris de la femme Porquet ne pouvaient être entendus.

Lelièvre, malgré la résistance opiniâtre de sa victime, la terrasse, lui met un mouchoir dans la bouche, et dans sa chute, la femme Porquet se casse le péroné de la jambe gauche.

La douleur et l'émotion font bientôt perdre connaissance à cette femme, et Lelièvre, profitant de son évanouissement, consomme sur elle le plus odieux attentat ; puis abandonnant cette femme, il rentre à l’auberge, où il se vante de son infâme action. Après une assez longue attente, son mari ne la voyant point rentrer, se mit à sa recherche, et la trouva dans l’affreux état où l’avait laissée l’auteur de cette indigne violence.

Lelièvre avait donc à rendre compte à la justice du crime de viol commis sur la femme Porquet de la blessure faite à la dite femme.

A l’audience comme dans ses interrogatoires, il attribue à un prétendu état d’ivresse les crimes qui lui sont imputés ; mais déclaré coupable sans circonstances atténuantes, l’accusé a été condamné à la peine de dix ans de travaux forcés. (Source : Le journal de Honfleur)

 

Septembre 1858   -   Un assassinat.   -   Un assassinat, entouré du plus profond mystère, a été commis à Vire dans la nuit du 30 août. Voici le récit du Journal de Vire :

Des malfaiteurs, qui n'ont pu avoir qu'un but de vengeance, frappent, dans la nuit de lundi à mardi, vers minuit, à la porte d'un sieur Jacques Désert, fermier de M. Léon Dupont, à Saint-Germain-de-TalIevende, et lui demandent de venir les remettre dans leur chemin, disant qu'ils sont égarés. Désert leur indique, de l'intérieur de sa maison, le chemin qu'ils ont à prendre pour rejoindre la grande route, qui n'est qu'à la longueur d'une pièce, cela ne leur suffit pas, ils se disent soldats et protégés par la loi, et menacent de défoncer la porte s'il ne vient les conduire.

Ne se doutant nullement de l'affreux projet de ces malfaiteurs, Désert met seulement son pantalon, et se dirige avec eux vers la grande route, mais à peine y a-t-il fait quelques pas, qu'il tombe frappé d'un coup de poignard qui l'atteint au cœur.

Inquiète de ne pas voir revenir son mari, la femme de Désert, mère de quatre enfants, se lève à son tour et se met à sa recherche, quelle ne fut pas son émotion, quand, arrivée sur la route, elle aperçut à quelques mètres le corps inanimé de son époux baignant dans son sang ! La justice informe. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Juin 1859   -   Cour d’Assises du Calvados.   -   Présidence de M. le conseiller Coqueret.

Audience du 23 mai.

C'est encore une accusation d'infanticide, qui amène devant le jury une jeune fille de 20 ans, nommée Marie-Victoire Leroy, de la commune de Neuville. Déclarée coupable avec circonstances atténuantes, la fille Leroy est condamnée à 6 années de réclusion. (source : L’Indicateur de Bayeux)

 

Janvier 1860   -  Les pluies diluviennes.   -   Par suite des pluies diluviennes qui ont succédé à la fonte des neiges toutes les rivières de notre contrée ont débordé et ont inondé nos belles prairies.

En divers endroits on n'a d'autres accidents à déplorer que les inconvénients et les dégâts produits par les eaux, mais malheureusement il n'en a pas été ainsi partout ; ainsi, samedi dernier, au Pont-Errembourg, une maison sapée par le courant s'est écroulée en ensevelissant sous ses ruines une jeune fille de 19 ans, qui, préservée heureusement par des meubles, a pu être retirée de dessous les décombres sans autre blessure qu'une large cicatrice au front.

Vendredi soir, à Vire, le sieur Debon Prosper, âgé de 54 ans, homme de confiance chez M. Rastouin, tanneur, voulut entrer dans un moulin à tan situé dans les Vaux de Vire, afin de sauver les marchandises. En passant sur une rampe qui conduit à la rivière, il a glissé dans le courant très rapide à cet endroit, et a disparu sans qu'il soit possible de le retrouver.

La voie ferrée a été aussi endommagée en différents endroits et a même été détruite sur 2 points. ( Le journal de Honfleur )

 

Janvier 1860   -   On écrit de Vire, 30 décembre.   -  A la suite des pluies qui sont tombées beaucoup plus abondamment hier que les autres jours, la Vire a débordé depuis Maisoncelles-la-Jourdan jusqu'au-delà de Saint-Martin-de-Tallevende.

A Vire, vers cinq heures du soir, l'eau était montée de plus d'un mètre, rue aux Teintures ; elle a commencé à baisser vers minuit. Toutes les autorités ont passé une partie de la nuit sur le théâtre de l'inondation.

Les dégâts sont considérables, mais l'eau n'est pas encore assez retirée pour qu'on puisse les évaluer. Un nommé Debon (Prosper), âgé d'environ 54 ans, homme de confiance chez M. Rastouin, tanneur, a été noyé en voulant entrer dans le moulin à tan, pour préserver les marchandises. Il était marié, sans enfants. ( L’Indicateur de Bayeux)

 

Janvier 1860   -   Les inondations dans le Calvados.   -   Après trois jours de pluies continuelles et abondantes, nos deux rivières, dit « Le Normand » ( de Lisieux ), ont débordé sur plusieurs points. Vendredi, le boulevard des Bains a été submergé sur une étendue d'une vingtaine de mètres. La rivière d'Orbec couvrait les prairies de Beuvillers ; la gare du chemin de fer et les deux routes d'accès n'ont pas été atteintes par les eaux.

A Vire, les rues aux Teintures et du Pont ont été submergées, il y avait un mètre d'eau dans les maisons. Les fabriques de Maisoncelles, Saint-Germain-de-TalIevende et Saint-Marlin-de-Tallevende ont beaucoup souffert. Les perles et dégâts sont évalués à 80 000 fr.

La crue avait commencé le 29, vers sept heures du soir, et la rivière la Vire et le Noireau ne sont rentrées dans leur lit que le lendemain matin, à sept heures.

A Condé-sur-Noireau, l'alarme était donnée le 30 décembre, à deux heures du matin. Aussitôt toute la gendarmerie avec l'empressement et le dévouement que ce corps d'élite apporte toujours quand il s'agit de conjurer un péril, un danger, montait à cheval et se rendait en toute hâte dans le quartier Saint-Martin, entièrement inondé, et dont les habitants imploraient des secours.

Les eaux avaient envahi depuis la rue de la Roque jusqu'à la filature de M. Louis Calais, située à 1 kilomètre de là. Toutes les rues, tous les chemins aboutissant, à la rivière de Noireau, étaient submergés. Il y avait , dans certains endroits, près de 2 mètres d'eau.

Les habitants, ayant placé des lumières sur toutes les fenêtres, permirent ainsi aux gendarmes de se transporter à cheval partout où leur présence était réclamée. Aidés des autorités, du commissaire de police et d'autres personnes dévouées, ces braves soldats purent retirer des rez-de-chaussée, un grand nombre de personnes qui y étaient en danger. Ce pénible travail était enfin achevé, lorsque tout-à-coup on apprit que les époux Beaumont, âgés d'environ 70 ans, et un jeune enfant de 5 ans, étaient restés dans leur domicile, envahi par l'inondation. Aussitôt le maréchal-des-logis de gendarmerie, le commissaire de police, assistés de deux courageux citoyens, les sieurs Prébois et Loreille, que nous sommes heureux de signaler, coururent au secours de ces malheureux, qui étaient en proie au plus violent désespoir. En effet, réfugiés sur leur lit, les époux Beaumont voyaient déjà l'eau dépasser la paillasse ; quelques instants plus tard, et peut-être ils, allaient trouver la mort, lorsque leurs sauveurs sont arrivés. Ces pauvres vieillards ont été recueillis par le sieur Prébois.

49 familles ont eu a souffrir de cette inondation. On cite comme ayant essuyé de plus grandes pertes : MM. Rivière, Bazin, Vardon-Duguet, Duret-Robillard, Duguet, Delhan, Anne frères, Froger, Delier, etc... On estime à 30 000 fr. environ le montant des perles. ( L’Indicateur de Bayeux)

 

Janvier 1860   -   Les inondations.   -   A Vire, la rivière de ce nom a débordé vendredi vers six heures du soir. Elle a envahi tous les quartiers bas de la ville et s'est élevée à plus de un mètre dans la rue aux Teintures. Toutes les autorités se sont rendues sur les lieux du sinistre, ainsi que la gendarmerie, pour prévenir les accidents. A minuit, les eaux ont commencé à se retirer.
Les pluies torrentielles qui ont accéléré la fonte des neiges, ont produit dans notre arrondissement de nombreuses inondations.
La rivière d'Aure, de Drôme et de Tortonne ont débordé dans les vallées qu'elles arrosent. La Fosse du Souci est devenue insuffisante pour recevoir les deux premiers de ces cours d'eau qui refluent par Etréham et vont gagner la baie d'Isigny en inondant les marais de La Cambe et de Trévières. Du sommet de la butte d'Escures les prairies inondées présentent à la vue l'aspect d'un vaste lac.
La ville de Bayeux n'a eu aucunement à souffrir de l'inondation, dès les premiers symptômes de gonflement manifestés par l'Aure, l'Administration municipale avait prudemment fait lever tous les barrages pour prévenir l'accumulation des eaux. ( L’Écho Bayeusain )

 

Janvier 1860   -   Avis de recherche.   -   M. le préfet vient d'adresser la circulaire suivante à MM. les sous-préfets, les maires, les commissaires de police et les commandants de gendarmerie : Caen, le 26 décembre 1859.

Messieurs, Le jeune Desmousseaux (Charles), âgé de 12 ans, placé dans l'établissement des orphelins, de Caen, s'est évadé à la fin du mois de juin dernier, et on n'a pu encore découvrir le lieu où cet enfant est retiré.

Je vous prie de me communiquer les renseignements que vous pourriez obtenir sur le fugitif, assez grand pour son âge, dont le visage ovale est ordinairement pâle et qui a les cheveux bruns.

Son air et son langage ne révèlent pas l'intelligence.

Agréez, etc…                 Le préfet du Calvados, TONNET.       ( L’Indicateur de Bayeux)

 

Avril 1860   -   Un accident.   -   Le 7 du courant, à 11 heures du matin, le nommé Pinel, couvreur, demeurant à Vire, était occupé à réparer la couverture du petit séminaire de cette ville.

L'échelle glissa sur la gouttière, et le malheureux Pinel fut précipité d'une hauteur de 6 mètres environ. On le releva sans connaissance et on le transporta à l'Hôtel-Dieu.

Le docteur Le Barbanchon, appelé pour donner des soins au blessé, a constaté qu'il n'avait aucune fracture, mais qu'on ne pouvait rien garantir avant 3 ou 4 jours. (Le Ordre et la Liberté)

 

Avril 1860   -   Un accident.   -   Le nommé Levoivenel Eugène, cavalier au 10e Cuirassiers, placé dans la réserve à Vire, était employé comme domestique chez le sieur Bazire, aubergiste de cette ville.

Lundi dernier, étant occupé, avec trois autres personnes, à décharger une voiture de bois, il fut pris sous l'un des arbres et eut la jambe facturée. Il reçut, en outre, de graves contusions sur plusieurs autres parties du corps.

Transporté aussitôt chez le sieur Bazire, son maître, celui-ci a fait appeler un médecin et a déclaré qu'il se chargeait de donner à ses frais tous les soins nécessaires au blessé. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1860   -   Les suites d’un accident.   -   Le malheureux Pinel, couvreur, dont nous avons dernièrement annoncé la chute de sur un des bâtiments du Petit-Séminaire de Vire, a succombé mardi, 10 de ce mois, malgré les soins les plus empressés qu'il a reçus à l'Hôtel-Dieu. Pinel était âgé de 56 ans. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1860   -   Le nouveau pont sur la Vire.   -   On s'occupe en ce moment, à Vire, de sonder le terrain où l'on doit asseoir le nouveau pont de Ste-Anne, qui sera édifié à quelques mètres en amont de l'ancien.

Le mauvais état de l'ancien pont et sa situation par rapport aux rues qui y conduisent, font ardemment désirer que les travaux auxquels on prélude en ce moment soient exécutés au plus tôt.

L'importance de ce passage sur la Vire est assez notable, puisqu'il rattache au centre de la ville un des quartiers les plus considérables et les plus populeux, en même temps qu'il se trouve sur la ligne impériale qui relie la Bretagne à la Normandie.

Les assises du nouveau pont, vers le sud, reposerons, paraît-il sur l'emplacement occupé en ce moment par l'église Ste-Anne, qui, insuffisante et peu solide, va être reconstruite sur un terrain voisin, grâce à la persévérance sollicitude de M. de Larturière, maire de Vire, et du vertueux et généreux curé de Ste-Anne, M. Dupont. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1860   -   La situation de l'agriculture.   -   On nous communique les détails suivants sur la situation de l'agriculture dans notre canton.

Quoique le défaut de chaleur nui à nos herbages, ils ont pourtant encore un aspect satisfaisant. Les blés, malgré les pluies abondantes, promettent beaucoup. Nos arbres à noyau ont eu belle floraison ; les poiriers ont également bien réussi et les pommiers qui ont été bien retardés par une température défavorable donnent de grandes espérances.

Il faudrait maintenant du beau temps et de la chaleur et l'année serait, nous assure-t-on, très fertile. ( Le moniteur du Calvados )

 

Juillet 1860   -   Un suicide.   -   Le nommé Legorgeu Victor, âgé de 44 ans, bourrelier, domicilié à Vire, rue du Calvados, s'est suicidé, le 9 du courant, en se pendant, à l'aide d'une corde, au gond d'une croisée de son habitation.

On attribue ce suicide au mauvais état des affaires commerciales du sieur Legorgeu, qui, le jour de sa mort, devait être saisi. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1860   -   Un accident de la route.   -  Le vendredi 13 courant, un sieur Richard, marchand de bois à Sainte-Anne-de-Buais, canton du Tilleul (Manche), montait la Grand’Rue à Vire, avec une voiture pesamment chargée de charbon. En voulant monter sur un des brancards pour soulager son cheval de limon, il tomba entre le derrière du cheval et les roues de la voiture. Une d'elles l'atteignit au talon et lui fit une grave blessure qui faisait craindre le tétanos. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1860   -   Les congés scolaires.   -  Par décision du 16 juillet, M. le ministre de l'Instruction publique, conformément à la proposition de M. le recteur et à l’avis du Conseil académique, a fixé l'ouverture des vacances  au mercredi 8 août prochain, et la rentrée des classes au jeudi 4 octobre suivant, pour des lycées et des collèges du ressort académique de Caen.

Dans cette fixation sont compris les deux jours supplémentaires accordés à l'occasion de l'annexion de la Savoie et du Comté de Nice à la France. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1860   -   Un accident de voiture.   -    Le 22 juillet, vers 11 heures un quart du matin, la veuve Marie, née Gallien Julie, âgée d'environ cinquante ans, servante chez Mme veuve Durosel, propriétaire, demeurant à Vire, place Castel, sortait de l'hôtel de sa maîtresse, montée dans une petite voiture attelée d'un cheval. En rentrant dans la rue de Chênedollé, cet animal a pris le mort aux dents. La domestique a fait tous ses efforts pour le retenir, mais elle n'a plus y parvenir, il est venu jusque dans la rue aux Brebis, et là, il s'est jeté contre la maison du sieur Lalouel, cabaretier. La femme a été lancée dans une des croisées de la maison de ce dernier, en tombant, elle a cassé une partie de cette fenêtre.

Des morceaux de verre lui ont occasionné des blessures assez graves à la main et à l'avant-bras droit. On l'a portée immédiatement chez M. Vaussy, pharmacien, qui lui a donné ses soins. On espère qu'elle n'en sera pas estropiée. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1860   -   Une éclipse.   -   Un temps couvert de nuages n'a pas permis, dans notre contrée, d'observer les phases de l'éclipse de soleil qui a eu lieu mercredi.

Ce phénomène n'a eu d'autres effets pour nous que de rendre le temps encore plus obscur, surtout vers trois heures. ( Le Pays-d’Auge )

 

Juillet 1860   -   Le grand recensement quinquennal.   -   C'est l'année prochaine, en 1861, que le grand recensement quinquennal de l'Empire français et de ses nouvelles annexes aura lieu, le dernier ayant eu lieu en 1856.

Au recensement de cette année 1856, la population de la France fut trouvée être de 36 millions 39 634 individus. On suppose, d'après les données, que la France a grandi sera peuplé de 40 millions d'individus en 1861.

Au recensement de 1856, Paris, avec ses 12 arrondissements, était peuplé de 1 million 174 346 individus, et le département de la Seine de 1 million 727 419 personnes. ( Le Pays-d’Auge )

 

Août 1860   -   Nous recevons les nouvelles suivantes au sujet des récoltes de l'arrondissement de Vire.   -   La pluie, qui tombe si abondamment depuis plusieurs semaines, cause le plus grand préjudice à la récolte de nos foin. C'est à peine si, aujourd'hui 3 août cette récolte est à moitié faite, ordinairement, elle était achevée dès le commencement de juillet. Dans bien des prés se trouvent des herbes, coupées depuis plus d'une semaine, qui ne pourront servir comme fourrage. Par surcroît de malheur, le temps ne s'annonce point sous de meilleurs auspices.

Cependant, il faudrait bien enfin un peu de soleil et de chaleur pour nos blés, qui répondraient ainsi aux belles espérances qu'ils s'offrent.

Nos vergers sont garnis de fruits aussi beaux qu'abondants. Les sarrasins et les colza, au contraire, sont loin d'être bons. La maladie des pommes de terre s'est relevée comme les années dernières. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Août 1860   -   Un accident de travail.   -   Un de ces jours derniers, une ouvrière de l’usine de M. Joubert, à Martilly, près Vire, nommée Marie Dumaine, a reçu quelques blessures assez graves en travaillant dans cet établissement. Bien qu'elle ait été douloureusement atteinte à un pied, à un bras et aux reins, on espère qu'elle pourra reprendre son travail dans une quinzaine de jours.

Si le mouvement des machines n'avait point été arrêté avec la plus extrême promptitude, on aurait eu un plus grand malheur à déplorer.

De quelles mesures et de quelles précautions ne devrait-on pas faire usage pour éviter le retour des accidents de cette nature, si fréquents dans toutes les villes industrielles ? ( L’Ordre et la Liberté)

 

Mars 1861   -   Un incendie.   -   Voici quelques détails sur l'incendie qui a éclaté le 2 du courant, à 11 heures 1/2 du soir, dans la maison du sieur Guillin, sellier-carrossier à Vire, et dont nous avons parlé dans notre numéro de mardi dernier :

Le feu s'est déclaré dans les greniers remplis de fourrages, avec une intensité que peuvent faire concevoir l'inflammabilité de ces objets et l'impétuosité du vent qui soufflait alors. Par bonheur, les flammes se trouvaient poussées vers la place, où les débris embrasés venaient s'éteindre sur un sol boueux. On ne peut prévoir quels auraient été les désastres occasionnés et à quel point l'incendie se fût arrêté si le vent avait eu une autre direction.

Dès que l'éveil fut donné, les secours les plus empressés furent prodigués de toutes parts par une foule nombreuse dans laquelle on remarquait, aux premiers rangs, comme toujours, les autorités et les ecclésiastiques de notre ville. Les travaux ont duré jusqu'à 4 heures 1/2 du matin. Malgré le zèle et le dévouement employés dans la circonstance, la part du feu a été large, et il ne reste plus guère que les murailles de l'important corps de bâtiment incendié.

On a pu sauver les chevaux et les voitures. La perte occasionnée par ce sinistre, que l'on attribue généralement à l'imprudence, est évaluée approximativement à 6 000 f. L'immeuble seul était assuré. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Mars 1861   -   Un abattoir.   -   Un abattoir va enfin être construit à Vire, dans un court délai. Une enquête de commodo et incommodo vient d'être ouverte à ce sujet. Les pièces du projet de construction sont déposées à la mairie, ainsi que les plans et devis approuvés par le Conseil municipal.

L'abattoir occupera un emplacement de 2 500 mètres, qui seront pris dans l'herbage où est déjà construit un petit bâtiment affecté au dépôt des poudres de chasse et autres, c'est-à-dire dans les limites de la ville et suffisamment en dehors de l'agglomération. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1861   -   Le télégraphe électrique.   -    La ville de Vire va bientôt jouir des avantages de la télégraphie électrique. On travaille en ce moment à l'appropriation de l'appartement destiné aux bureaux et au logement du personnel. Le bureau télégraphique sera situé rue des Cordeliers, dans un bâtiment dépendant de l'ancien couvent de ce nom.

Encore un grand service rendu à la ville de Vire, et notamment à son industrie, par M. de Larturière, maire. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1861   -   La visite de M. le Préfet.   -   M. Isidore Cantrel, notre correspondant de Vire, nous annonce en ces termes l'arrivée dans cette ville du premier magistrat de notre département :

M. le préfet du Calvados a commencé, lundi dernier, dans l'arrondissement de Vire, sa tournée de révision. Après avoir terminé ses opérations pour les cantons d'Aunay et de Bény-Bocage, M. Le Provost de Launay est arrivé à Vire ce même jour, à 7 heures du soir. La ville avait fait tous ses efforts pour recevoir dignement sa première visite.

Un immense cortège, composé des autorités, des fonctionnaires et des corps constitués de la ville, des maires, adjoints et conseillers municipaux de tout le canton, des membres des Sociétés d'agriculture et d'horticulture de l'arrondissement, de la musique municipale, de toutes les corporations industrielles avec leurs bannières, de la compagnie de pompiers, des élèves du collège, du petit séminaire, de l’école chrétienne et de l'école mutuelle, s'est rendu au-devant de M. le préfet jusqu'à la limite de la ville, et l'a accompagné ensuite jusqu'à l'hôtel de la sous-préfecture.

La ville de Vire a fait de cette réception une fête à laquelle elle a pris part tout entière, et chacun a exporté, de cette première entrevue, de bonnes espérances et un bon souvenir dans lequel la gracieuse affabilité de l’éminent fonctionnaire occupait une place de faveur. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1861   -   La foire des Rogations.   -   A Vire, la foire des Rogations s'est ouverte, vendredi dernier, par une pluie abondante et qui a duré toute la journée. Cette pluie si désirée, et la première après une longue sécheresse, n'était pas moins un contre-temps pour une foire dont les préparatifs présageaient l'importance.

La vente du bétail, seule, s'en est peu ressentie, les animaux y étaient en grande quantité, et ils s'y sont tenus généralement à des cours élevés. Les génisses s'y vendaient avec une faveur marquée, pour le surplus, il y avait plutôt une légère tendance à la baisse. Inutile de dire que le commerce des boutiquiers-forains a été à peu près nul.

Le surlendemain, le beau dimanche, l'incertitude du temps n'a pas empêché une foule très nombreuse d'encombrer la place du champ de foire, mais on pouvait y constater l'absence de la plupart des personnes, quelque peu éloignées de la ville, qui, à pareil jour, s'y donnent habituellement rendez-vous. ( L’Ordre et la Liberté)

 

Mai 1861   -   Le Journal de Vire publie la lettre suivante qui lui a été communiquée par le maire de cette ville.   -   Vire, le 22 mai 1861.

Monsieur le maire,

La ville de Vire a vivement réclamé l'établissement d'une ligne télégraphique à M. le préfet du Calvados, lors de son passage à Vire.

Ce magistrat me charge de vous informer qu'il a reçu de S. Exc. le ministre de l'intérieur l'avis que l'exécution de cette ligne allait avoir lieu immédiatement.

Je vous invite, en conséquence, Monsieur le maire, à hâter l'appropriation du local.

Recevez, Monsieur le maire, l'assurance de ma considération très distinguée. Le sous préfet, Mammès. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Juin 1861   -   L’instruction publique en France.   -   Lorsque M. Charles Dapin publia sa carte teintée sur le degré de l'instruction publique répandue dans les différents départements de la France, on n'avait pas encore déployé tous les efforts que le gouvernement annonce aujourd'hui. Il est curieux de rapprocher les chiffres de l'instruction secondaire d'il y a dix ans avec ceux de l'année dernière.

En 1850, 19 269 élèves suivaient les cours des 57 lycées et 31 700 les cours des 305 collèges communaux.

En 1860, 27 996 élèves ont été instruits dans les 61 lycées et 27 985 dans les 245 collèges communaux.

Enfin, 4 millions 16 923 enfants reçoivent les bienfaits de l'instruction primaire dans les écoles. De plus, 68 708 enfants sont élevés dans des établissements privés ecclésiastiques ou laïques. ( Le Moniteur du Calvados )

 

Juin 1861   -   On nous écrit de Vire.   -   La lutte sera vive entre les candidats au conseil d'arrondissement. MM. de Larturière et Cazio, qui se recommandent par de longs et éminents services rendus à la localité, paraissent, jusqu'à présent, devoir réunir la majorité des suffrages. ( Le Moniteur du Calvados )

 

Juin 1861   -   Avis aux militaires.   -    Par un ordre du jour à la date du 31 mai, M. le maréchal Magnan, commandant le corps d'armée, dans lequel se trouve placée la 2e division militaire, vient de défendre aux troupes sous ses ordres de se baigner isolément.

MM. les chefs de corps et de détachements devront, à cet égard, exercer la plus active surveillance pour empêcher des actes malheureux de désobéissance dont plusieurs militaires ont été victimes tout récemment.  ( L’Ordre et la Liberté )

 

Juin 1861   -   Chemin de fer.   -    M. le maire de Vire vient d'être informé que le tracé définitif du chemin de fer d'Argentan à Granville va être immédiatement soumis à l'approbation ministérielle. Les plans parcellaires sont levés jusqu'à Flers et les travaux vont être poussés avec activité.

L'ingénieur chargé de l'exécution de la ligne et nommé par décision du 8 juin, s'est installé à Argentan mardi dernier. ( Le Moniteur du Calvados )

 

Juin 1861   -   Une curieuse expérience.   -    M. Lamoureux, membre de la Société aérostatique et météorologique de France, prétend avoir résolu le grand problème de la direction des ballons, après dix années de travaux persévérants. M. Dupuy-Delcourt, très connu du monde savant, l'a sérieusement engagé à faire un essai pratique de son invention.

La première ascension de M. Lamoureux aura lieu à Vire, dans l'enceinte des halles, le dimanche 23 juin, de deux à trois heures. Nous tiendrons nos lecteurs au courant des résultats de cette curieuse expérience. ( Le Moniteur du Calvados )

 

Juin 1861   -   Interdit provisoirement.   -    M. le ministre de l'instruction publique et des cultes vient de prendre un arrêté aux termes duquel est interdit provisoirement, dans les écoles primaires publiques et libres de l'empire, l'ouvrage intitulé : « Petit Cathéchisme pour les temps présents », publié à Paris par la librairie Lecoffre, et à Saint-Brieuc, par l'imprimeur-libraire Prudhomme.

Aucun cathéchisme autre que le diocésain ne doit d'ailleurs être introduit dans les écoles. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Août 1861   -   AVIS.   -   Dans l'intérêt de l'agriculture, de la salubrité publique et de la conservation des chemins, l'administration doit réprimer un abus qui consiste à laisser écouler sur la voie publique les purins provenant des fumiers, au lieu de conserver ces matières fertilisantes, qui améliorent notablement les engrais de ferme.

MM. les maires sont donc engagés à prendre, en vertu des lois des 16-24 août 1790, 19-22 juillet 1791 et 18 juillet 1837, des arrêtés portant interdiction de cet abus, et à les faire exécuter après les avoir soumis à l'approbation préfectorale et publiés en la forme ordinaire. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Août 1861   -   La restauration du vieux donjon.   -    M. le maire de Vire fait faire en ce moment d'urgentes réparations au vieux donjon virois. L'infiltration de l'humidité dans ses murailles découvertes, encore d'une élévation considérable, aurait promptement amené sa disparition définitive.

Depuis quelques mois, les pierres que la pluie détachait à chaque instant du sommet venaient joncher les abords de la vénérable ruine, au grand danger des promeneurs qui fréquentent la charmante place qui l'entoure.

Une couche de ciment de Portland va recouvrir la partie supérieure des pans, dont toutes les faces vont être soigneusement rejointoyées.

Tout le monde saura gré à M. le maire de Vire d'avoir fait entreprendre ces travaux, qui assureront la conservation, pour longtemps encore, des glorieux débris d'un monument presque millénaire, en qui revit toute l'histoire viroise, et aux pieds duquel vinrent s'abriter les premiers habitants d'une ville dont il fut, pendant une longue suite de siècles, le défenseur, et dont il est aujourd'hui le plus précieux ornement. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Août 1861   -   Nous recevons les détails suivants relatifs aux récoltes, dans les environs de Vire.   -    Le beau temps qu'il fait depuis une douzaine de jours a permis de ramasser enfin tous les foins , dont la récolte se trouve ainsi achevée dans de bonnes conditions.

La récolte des blés a commencé aussitôt après. La plupart des blés sont beaux, ainsi que les autres céréales ; les épis sont généralement abondants, longs et bien nourris.

Les sarrasins sont en fleur ; ils sont épais et vigoureux ; le gueslot, qui s'y montrait en abondance, à la faveur d'une longue humidité, a disparu sous une belle végétation, sous une floraison superbe et d'un très agréable parfum.

C'est sans doute à la beauté de nos sarrasins que l'on doit la multiplication remarquable de nos abeilles, qui essaiment en ce moment : quelques ruches donnent jusqu'à cinq ou six essaims.

La maladie de la pomme de terre s'est manifestée à peu près dans les conditions ordinaires, c'est-à-dire avec une très inégale intensité, coïncidant, comme toujours, avec la nature du sol plus ou moins favorable, et des soins plus ou moins bien entendus.

Mais la récolte vraiment abondante ici est celle des pommes. Dans la plupart des vergers, les arbres sont déjà courbés sous de lourds fardeaux de beaux fruits vermeils ; c'en est au point que, dans les auberges et cabarets, le cidre ne se vend que 10 centimes le litre. Il y a peu de poires.

En résumé, l'année ne sera point mauvaise, sous l'important point de vue des subsistances, surtout s'il plait à Dieu de nous accorder encore quelques jours d'un temps propice. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Août 1861   -   Brûlé vif.   -   Le 25 de ce mois, un jeune enfant de quatre ans, Louis-Auguste Perdriel, demeurant à Vire, chez ses parents, se trouvait à Neuville, chez le sieur Lebelle, cultivateur, et était gardé par la demoiselle Victorine Doisnel, âgée de 26 ans, journalière en cette commune. Cette dernière étant sortie pour affaires, le malheureux enfant s'approcha du feu, qui prit à ses vêtements, peu d'instants après, il succombait, affreusement brûlé. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Septembre 1861   -   On nous écrit de Vire.   -   On exécute en ce moment, dans la paroisse Sainte-Anne de Vire, des travaux fort importants.

D'abord, on s'y occupe de la reconstruction du pont Sainte-Anne. Le nouveau pont va occuper à peu près la place de l'ancien, qui vient d'être démoli. Seulement, le pont que l'on édifie, beaucoup plus large que le précédent, se trouvera aussi dans une direction beaucoup plus favorable pour relier commodément les rues du Pont et Grand-Rue, toujours très fréquentées et par où, notamment, passent à chaque instant de lourds chargements de granit.

Les dangers de toute sorte que l'ancienne construction offrait à une circulation toujours très active, rendaient ces travaux très urgents. Cependant, s'ils ont été entrepris si promptement, il ne faut point oublier qu'on le doit à la sollicitude de M. le préfet, qui, lors de sa première visite à Vire, constata par lui même combien l'exécution en était indispensable et pressante.

A quelques pas seulement du pont Sainte-Anne, se trouve l'emplacement où l'on va élever la nouvelle église de ce nom. Le sol est entièrement dégagé des maisons qui l'occupaient et des importants débris de la démolition. Il ne reste plus qu'à achever quelques terrassements avant de poser les bases du nouvel édifice.

Aujourd'hui que les déblaiements sont fort avancés on remarque avec plaisir que l'éminence des Costils ne dominera pas défavorablement le nouvelle église, comme on pouvait le craindre de prime-abord.

Enfin, la rue du Pont est à l'instant toute bouleversée. On y remplace le pavé, dangereux à cause de la pente rapide, par du macadam, puis, on dispose de trottoirs de chaque côté de la chaussée.

Voilà encore une très louable amélioration qui jointe aux autres travaux, contribuera puissamment l'heureuse transformation d'un quartier intéressant, que le progrès n'avait pas visité depuis longtemps. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Novembre 1861   -   Une tentative de vol.   -   Une tentative de vol a eu lieu, dans la nuit de mercredi à jeudi dernier, à Vire, rue des Cordeliers, en hôtel de M. Eugène de la Roberdière, l'un des plus riches propriétaires de l'arrondissement.

M. et Mme de la Roberdière, absents depuis plusieurs semaines avec tout leur personnel, avaient laissé leur habitation à la garde du domestique de M. Langrais, leur plus proche voisin.

Les voleurs ont été heureusement entendus par ce domestique, et ils ont pris la fuite, aux cris proférés par ce dernier.

La justice s'occupe activement de la recherche des coupables.

Il est à observer que les bureaux de la recette particulière de Vire, distants de quelques pas seulement de l'hôtel de la Roberdière, ont été, il y a quelques semaines seulement, l'objet d'une pareille tentative. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Novembre 1861   -   Le télégraphe.   -   La ligne télégraphique de Vire à Caen, par Condé-sur-Noireau, fonctionne depuis quelques jours, des affiches, placardées dans les rues de Vire et de Condé, indiquent les heures d'ouverture des bureaux et les conditions des tarifs.

Le lieu d'installation du bureau de Vire donne matière à un curieux rapprochement. Le local, sis rue des Cordeliers, destiné à la correspondance télégraphique, la plus belle conquête de la physique moderne, a été loué à l'Administration par l'arrière-petite-fille de l'illustre Virois Pierre Polinière, que le monde savant se plaît à regarder comme le père de la physique expérimentale. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Décembre 1861   -   Le granit de Vire.   -   Décidément, le granit virois a fait ses grandes entrées dans le domaine artistique. C'était autrefois une pierre rebelle, se prêtant à grand'peine à la régularité quadrangulaire. Aujourd'hui, parait-il, on fait du granit tout ce qu'il plait.

On se rappelle le monument fait, il y a quelques mois, par M. Legorgeu, de Vaudry, et élevé à la mémoire du célèbre musicien Robberechts. On se rappelle également avec quelles louanges et aussi quel étonnement cette œuvre si remarquable fut accueillie à Caen, où elle fut exposée pendant quelques jours, et à Paris, lieu de sa destination. Divers articles furent publiés à ce sujet dans tous les journaux, du pays et même dans quelques feuilles parisiennes.

En ce moment, nous avons plus et mieux qu'un monument funèbre. Le granit se fait, sous le ciseau de M. Legorgeu, d'une docilité de plus en plus frappante. De la sculpture symbolique, dont on était si fort surpris il y a peu de temps, l'artiste est allé, en effet, jusqu'au bas-relief, jusqu'au portrait.

Un médaillon en bronze, reproduisant les traits de Robberechts, fut placé sur son mausolée. On n'aurait jamais songé à un médaillon de granit. M. Legorgeu, cependant, obtint une copie du bronze, qui était dû à un renommé sculpteur, M. Bartholdi.

Entre cette copie de l'œuvre d'un maître et l'âpre pierre bocaine s'établit bientôt une lutte ardente, intéressant au plus haut point les beaux-arts et l'exportation granitique.

A l'heure qu'il est, il y a deux copies du médaillon de M. Bartholdi. La copie de plâtre est vaincue. La ressemblance de tous les traits, l'animation de toutes les parties de la face, de grandeur naturelle, sont là sur le victorieux granit. Le bronze n'est pas mieux, il n'a pas plus de vie et d'expression, pas plus de poli, de perfection. On convenait que le granit était une pierre belle et solide, proclamons maintenant qu'il se prête, comme le marbre, ( qui est fragile et cher ) à toutes les fantaisies de l'art. Il ne faut que la main de M. Legorgeu, que cela absolument. On en pourra juger, pendant quelques jours encore, dans ses ateliers, au sommet des monts de Vaudry. On espère même que ce chef-d'œuvre, d'une nature inconnue jusqu'ici, pourra, comme le monument de Robberechts, être visité à la gare de Caen avant d'être expédié à Paris.

A M. Legorgeu appartient l'initiative de tels travaux, à lui appartient aussi incontestablement un magnifique succès, et, s'il résulte de cette initiative, de ces succès, ( comme on n'en peut douter ) un surcroît d'importance dans le commerce des granits, personne ne viendra reporter à un autre un honneur, une reconnaissance dont la plus glorieuse part lui appartient si bien. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Décembre 1861   -   Les nouvelles cloches.   -   On se souvient peut-être que l'église Notre-Dame de Vire fut pourvue, il y a quelques mois, d'une nouvelle sonnerie. Ces cloches, d'un timbre trop faible, viennent d'être avantageusement remplacées.

La sonnerie actuelle est même tellement belle, que quelques personnes ne craignent pas de la comparer à celle de Saint-Pierre de Caen. Le premier glas sonné par ces nouvelles cloches a été celui de Mme de Tréprel, et, par une remarquable coïncidence, la mère de cette regrettable dame, M. de Petiville, douairière, a été une des marraines de ces cloches. ( L’Ordre et la Liberté )

 

Mars 1862   -   Les grands travaux.   -   A propos des travaux importants en voie d'exécution ou qui seront prochainement entrepris à Vire.

La ville de Vire est pleinement entrée depuis dix ans dans la voie des améliorations matérielles. Encore une pareille période, et elle sera complètement transformée. Toutefois, notre but, en ce moment, n'est pas de rechercher quels sont les progrès déjà réalisés, mais uniquement d'énumérer ceux qui sont réservés à un avenir prochain.

Le travail qui approche le plus de son achèvement est le pont Sainte-Anne, qui va être livré, dans peu de jours, à la circulation.

A deux pas de là, on s'occupe activement à l'édification de la nouvelle église du même nom. Comme entreprise pécuniaire aussi bien que comme œuvre d'art, ce sera une importante création. Les plans en ont été dressés par un ecclésiastique de la plus haute distinction, M. l'abbé Robert, chanoine de la cathédrale métropolitaine de Rouen, ancien curé d'Yvetot, et dont le talent architectural a acquis, depuis longtemps une glorieuse notoriété. Il est même déjà consacré dans le pays par quelques pieux monuments, entre autres, la charmante église du couvent de Blon, près de Vire, et la chapelle conventuelle des Frères instituteurs de Tinchebray. Il existera une grande analogie entre l'église de Blon et l'église Sainte-Anne de Vire, sauf les plus amples proportions de celle-ci.

La belle saison prochaine contribuera puissamment à l'avancement de ces travaux, que de graves difficultés de fondation ont rendus, de prime-abord, plus longs et plus coûteux qu'on ne l'avait prévu.

Parmi les travaux qui vont entrer cette année en cours d'exécution, il faut signaler la construction des Abattoirs, œuvre bien utile, longtemps sollicitée en vain, mais qui doit être entrée, à cette heure, dans la dernière phase des formalités préalables.

Des décisions municipales plus récentes se rapportent à des améliorations non moins importantes : l'élargissement et la rectification des rues Grande-Rue et aux Teintures.

On sait que la ville de Vire est assise sur un coteau, dont le versant sud, se terminant à la rivière, est occupé presque uniquement par l'industrie viroise. La Grande-Rue, dont le nom fait si singulièrement contraste avec toutes ses dimensions, est le centre du mouvement commercial. C'est là que sont les ateliers des apprêteurs de draps, des presseurs surtout, c'est là que se vend la draperie, c'est le passage obligé pour se rendre du centre de la ville aux usines, aux teintures, aux carrières de granit, etc…, c'est la voie de communication de la Normandie pour la Bretagne, la route impériale de Caen à Redon. Or, que l'on se représente ces lourds chargements de pierres, de charbon de terre, de laine, de chiffon pour la papeterie, qui la sillonnent à chaque instant, ( ces voitures desservant les usines et stationnant de porte en porte ), cette population nombreuse qui y circule sans cesse, que l’on joigne à ce tableau le spectacle d'une chaussée étroite, à l’alignement le plus capricieux, d'un escarpement effrayant, et l'on concevra combien il est urgent d'améliorer cette voie de communication sur laquelle les embarras et les dangers sont de toutes les minutes.

Si la Grande-Rue a pu quelquefois mériter ce nom, c'est qu'elle se trouve auprès de la rue du Valherel, qu'il faut prendre ensuite pour se rendre dans la vallée où sont les usines. Sombre, malsaine, tortueuse, exiguë à n'offrir guère que le passage d'une voiture, la rue du Valherel résume l'enfance de la ville. C'est bien là, sur les bords de la Vire, que vinrent s'établir ces pelletiers, ces mégissiers du Nord, qui furent les premiers habitants et les premiers industriels virois. Ajoutons que la rue du Valherel s'embranche à angle aigu sur la Grande-Rue, et offre une tournée des plus difficiles pour les longues voitures qui sont forcées de s'y engager si souvent. D'ailleurs, la rue en question, toute vieille qu'elle est, ne présente aucun intérêt à l'antiquaire et à l'artiste.

A coup sûr, on ne criera pas pour tout cela à la manie de la démolition. Puis, on trouve toujours des ressources pour d'aussi utiles travaux, et enfin, les ouvriers que le malaise industriel condamne au chômage, trouveront là une occupation bien opportune.

Mentionnons encore que la municipalité viroise vient de décider que toute la ville serait désormais éclairée au gaz. Les rues principales avaient joui seules jusqu'ici de ce mode d'éclairage.  ( l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1863   -   le secours mutuels.   -   L'association philanthropique de secours mutuels entre patrons et ouvriers travaillant à la fabrication du drap à Vire se réunira le dimanche 1er février, en assemblée générale, à la mairie de cette ville. A cette séance, une collecte sera faite en faveur des ouvriers cotonniers.

Il existe en France 7 000 sociétés de secours mutuels, il serait bien à désirer que toutes suivissent le noble exemple qui leur est donné par la société de Vire. Ce serait là de la vraie fraternité. (l’Ordre et la Liberté)

 

Mars 1863   -   Un sinistre commercial.   -    Un sinistre commercial de la plus haute gravité vient de frapper l'industrie viroise.

Le tribunal de commerce de Vire, dans une audience extraordinaire tenue vendredi dernier, a prononcé la mise en faillite de M. Edmond Désétables, l'un des principaux fabricants de papiers du pays.

Ainsi s'écroule, tout à l'imprévu, une importante et ancienne maison dont le nom est intimement lié au souvenir des progrès de la papeterie normande, et qui semblait dans un état d'opulence capable de résister à tous les revers.

M. Désétables avait pris la fuite dès les premiers jours de la semaine dernière.

Selon les bruits les plus accrédités, le passif s'élèverait à 400 000 fr., dont 250 000 environ dus à des maisons de banque de Vire. Quant à l'actif, outre les marchandises et un important mobilier industriel, il se grossira d'une fortune foncière considérable, mais dont il faudra avant tout distraire certaines charges emportant priorité. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1863   -   Avis.   -   On annonce que l'administration des tabacs vient de prendre une mesure qui sera approuvée par les consommateurs. Les débits de tabac pourront dorénavant livrer au public des paquets de tabac à fumer de 100 grammes (1 fr.) Jusqu'à présent, les moindres paquets étaient de 200 grammes (2 fr.) (l’Ordre et la Liberté)

 

Juin 1863   -   Avis.   -   MM. les éleveurs sont prévenus que M. l'inspecteur général des haras visitera les étalons approuvés et autorisés et ceux qui lui seront présentés pour des approbations et autorisations nouvelles, savoir :

A Vire, le 23 septembre, à 8 heures du matin.

A Bayeux, le 4 novembre, à onze heures du matin, près de l'établissement de M. Lesénécal.

A Caen, le 5 novembre, à midi. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1863   -   Des militaire aux champs.   -    Le ministre de la guerre a décidé que cette année, comme les années précédentes, des militaires seraient mis à la disposition des cultivateurs qui en auraient besoin pour les travaux des champs, à défaut d'un nombre suffisant d'ouvriers civils. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1863   -   Un décret impérial du 6 juillet.   -    Autorise la ville de Vire à établir un abattoir public, avec fonderie de suif, et à former une place destinée à en faciliter l'accès. (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1863   -   Les récoltes.   -    Les nouvelles qui nous parviennent de l'arrondissement de Vire, relativement aux récoltes, sont des meilleures.

Les foins sont rentrés depuis quelques jours, dans les plus excellentes conditions de qualité et d'abondance. Les légères pluies qui sont survenues ensuite ont fait le plus grand bien aux sarrasins surtout, dont la floraison est aujourd'hui magnifique. Le beau temps étant redevenu certain, on s'est mis ces jours-ci à couper les blés, dont les longs et beaux épis présentent à peu près partout les apparences de la maturité.

Toutes les céréales, du reste, sont avancées et remarquablement belles.

Les vergers y sont aussi très favorisés, et les pommes joignent à l'abondance une grosseur et une beauté particulières, dues à une saison tout exceptionnelle. (l’Ordre et la Liberté)

 

Novembre 1863   -   Une noyade.     -   Un sieur François Marie, dit Jamtel, ouvrier charpentier à Neuville, s'est noyé dans la Vire, lundi de la semaine dernière. Il avait quitté, à cinq heures du soir, la maison du sieur Laîné, où il travaillait, en emportant son souper, et longeait la rivière pour prendre la route de La Graverie. Il aura probablement voulu franchir une brèche sur un fossé qui touche à la Vire. Le passage est difficile, et, si peu qu'il ait perdu l'équilibre, cela suffisait pour qu'il tombât dans la rivière, qui était très forte.

On a trouvé près du fossé son chapeau et sa hache. Malgré les recherches les plus actives, on n'a pu retrouver le corps.  (Journal de Vire.)

 

Décembre 1863   -   On nous écrit de Vire.   -   Samedi dernier, vers 11 heures du matin, le sieur Vivier, âgé de 39 ans, couvreur, demeurant à Vire, était occupé avec un ouvrier à ramoner les cheminées de la caserne de gendarmerie de cette ville, tout-à-coup il glissa sur le toit et tomba la tête la première sur le pavé, d'une hauteur de 11 mètres. La mort a été instantanée.

Ce malheureux, qui laisse une femme, deux enfants, dont l'aîné a 7 ans à peine, et une mère septuagénaire, jouissait à Vire de la meilleure réputation. Plusieurs fois, dans les incendies, il avait donné des preuves de dévouement. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1863   -   L’ouragan du 2 décembre.   -   Le Journal de Vire s'exprime en ces termes :

Les dégâts causés par cette tempête doivent être très grands. On ne parle que de couvertures enlevées, de faites démolis, d'arbres déracinės ou rompus. Des constructions ont été renversées, entr'autres un hangar, dans l'établissement du collège, dont la toiture a beaucoup souffert, et à Tallevende, aux Monts-Bonnel, une grange renfermant du blé. A la maison de M. Juhel-Desmares, rue des Cordeliers, une cheminée s'est écroulée, heureusement le domestique qui couche dans la maison était absent, il eût été tué dans son lit. La couverture du chœur de l'église paroissiale, celle de la chapelle du Petit-Séminaire, nouvellement couverte, celle de l'église Saint-Thomas, ont aussi été endommagées. Au Cotin, une dizaine d'arbres ont été abattus l'un deux, ayant au moins 2 mètres de circonférence à sa base, a été renversé sur les cheminées du château. Un fort sapin a été renversé sur la propriété de M. Martin, avocat. On cite des plants de pommiers, aux environs, dans lesquels il se trouve jusqu'à 24 et 37 pommiers déracinės.

M. Achard, directeur de la poste. a été atteint au visage par un volet, en passant dans la rue aux Fèvres, sa blessure, heureusement, est légère. D'autres personnes ont été aussi blessées, dans les basses rues, par la chute des débris de toute sorte que le vent enlevait des maisons,

La femme qui s'est noyée dans la rivière d'Aure et dont nous avons annoncé la mort avant-hier, est la nommée Lelouvier, marchande de charrée. Cette malheureuse avait été vue s'engageant sur la passerelle étroite et extrêmement dangereuse qui sert à passer la rivière, et ce n'est qu'un quart d'heure après qu'on l'a aperçue flottante près du pont Trubert, à 150 mètres du lieu de sa chute. Elle était âgée de 59 ans.

L'Indicateur nous apprend que ce triste accident dont cette passerelle vient d'être le théâtre, est le cinquième dans un assez court espace de temps. L'Administration ne devrait-elle pas prendre des mesures pour empêcher le retour de pareils malheurs ?

Les journaux du Havre et de Rouen nous apportent, de leur côté, le récit de nombreux accidents survenus à la suite de cette affreuse tempête, qui aurait exercé ses ravages un peu partout. A Paris même, elle a été l'occasion de nombreux dégâts. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1863   -   L’église Ste-Anne.   -   Samedi dernier, dit le Journal de Vire, quelques pierres faisant partie des nervures des voûtes de l'église Sainte-Anne sont tombées en entraînant avec elles les bois de service placés au-dessous.

Cinq ou six ouvriers se trouvaient en ce moment sur les échafaudages ; un seul d'entre eux, entraîné par les bois, a fait une rechute d'échafaudage en échafaudage, et en a été quitte pour une légère contusion à la jambe et quelques écorchures à la figure. (l’Ordre et la Liberté)

 

Février 1864   -   Le tirage.   -    C'est le 15 de ce mois que commence, dans les 89 départements de l'Empire français, la grande opération du tirage au sort des jeunes gens de la classe de 1863, nés en 1843. (l’Ordre et la Liberté)

 

Février 1864   -   Un commencement d’incendie.   -    On nous écrit de Vire que, vendredi dernier, à 2 heures d'après-midi, un commencement d’incendie s'est déclaré, Grande-Rue, à Vire, au domicile d'un sieur Barbot. On suppose que le feu aura été mis aux rideaux du lit par une étincelle partie de la cheminée.

Ce sinistre pouvait prendre des proportions très graves dans un quartier dont les maisons sont presque entièrement bâties en bois. Grâce à l'énergie déployée par le sieur Fabian, occupant le rez-de-chaussée de la maison, la perte s'est réduite à des objets mobiliers et est évaluée à 300 francs, couverts par l'Assurance mutuelle. (l’Ordre et la Liberté)

 

Février 1864   -   L’hiver est là.   -    L'hiver ne nous laisse absolument plus rien à désirer, après les gelées assez fortes que nous avons endurées, puisqu'elles ont dépassé dix degrés, la neige est survenue, et aujourd'hui toutes nos rues en sont couvertes, depuis plusieurs jours. (l’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1864   -   Le vol de grain.   -   Dans la nuit du 4 avril, vers une heure du matin, un incendie a éclaté à Vire, dans une des petites boutiques adossées à l'église Notre-Dame.

Au bout d'une demi-heure de travail, on a pu faire la part du feu et préserver l'église et les autres boutiques.

On attribue cet incendie à une chaufferette allumée, laissée la veille sur le plancher.

La perte est évaluée à 6 300 fr. environ, dont plus la moitié n'est pas couverte par les assurances. (l’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1864   -   Un accident.   -   Le Journal de Vire publie la triste nouvelle suivante :

Un bien triste accident est arrivé ce matin (21 avril) dans notre ville, M. Madeline Dubourg, suppléant de M. le juge de paix, est tombé dans son jardin par une fenêtre des appartements qu'il occupait à un second étage, place Impériale, lequel est élevé du sol d'environ sept mètres. La mort a été instantanée.

M. Madeline était âgé de 73 ans, il était sujet à des étourdissements. Au moment de la chute, il voulait ouvrir une persienne, et l'on attribue sa mort malheureuse à l'infirmité dont il était atteint. (l’Ordre et la Liberté)

 

Décembre 1864   -   Un incendie.   -   Dans la nuit de samedi à dimanche, vers une heure du matin, des cris : « Au feu ! » vinrent troubler le repos des habitants de notre ville, dit le Journal de Vire.

Le feu s'était, en effet, déclaré dans la manufacture de M. Adrien Lenormand, fabricant de draps dans les Vaux. En un instant, une grande partie de la population fut sur pied, les pompes de la ville accoururent sur le lieu du sinistre, où se trouvaient déjà celles des fabriques voisines.

Fort heureusement on s'était aperçu du feu avant qu'il n'eût fait de progrès considérables, et, grâce à la promptitude et à la bonne direction des secours, on parvint bientôt à s'en rendre maître. Au bout de deux heures, tout danger avait disparu.

La perte est évaluée à 3 500 fr. environ, elle est couverte par une assurance.

Pendant que l'on travaillait à éteindre le feu, une femme est tombée dans le réservoir, où elle puisait de l'eau. Elle s'y serait infailliblement noyée, sans la présence d'esprit et le dévouement de M. Le Page, gendre de M. Lenormand, qui, se jetant tout habillé à son aide, l'en retira et la fit porter dans un des lits de la maison. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1865   -   Nous lisons dans le Journal de Vire.   -    Lundi soir, à neuf heures et quelques minutes, l'alarme était donnée dans les principaux quartiers de la ville par les clairons et les tambours des pompiers. Une immense colonne de fumée, chassée par une forte brise de sud sud-ouest, obscurcissait, sur quelques points, les régions inférieures de l'atmosphère alors sans nuages.

Bientôt, et malgré un magnifique clair de lune, une sinistre réverbération, illuminant tout-à-coup le haut de la rue des Cordeliers, indiquait qu'un vaste incendie venait de se déclarer dans les combles et greniers de l'importante maison de M. Victor Roger, occupée par Mme veuve de Petiville et M. Cazin.

Dans cette circonstance et comme toujours, les pompiers ont fait preuve de courage, d'intelligence, de dévouement, et tout le monde s'est empressé de les seconder.

Trois chaînes, promptement organisées et fonctionnant activement pendant trois heures, ont abondamment alimenté les pompes de Vire et celle de M. Robert-Gastebois. Vers minuit, on a fini par se rendre maître du feu, en préservant l'intérieur de la maison d'une destruction totale.

La cause de ce sinistre, qui, malgré l'isolement de l'habitation envahie par les flammes, pouvait prendre les plus graves proportions avec un vent plus fort et menacer sérieusement toute la rue Girard, est un simple feu de cheminée mal éteint dans l'après-midi.

Le sieur Denis (Auguste), pompier, en tombant sur un palier, s'est fait à la tête une blessure assez grave, qui cependant ne met pas sa vie en danger.

La perte occasionnée par cet incendie n'est pas encore exactement connue, mais elle peut être approximativement évaluée à 15 000 fr. pour le bâtiment, et à 2 000 fr. pour le mobilier, le tout couvert par des assurances. (l’Ordre et la Liberté)

 

Janvier 1865   -   La lettre du préfet.   -    M. le préfet de la Manche a adressé, le 30 décembre dernier, la circulaire suivante à MM. les sous-préfets et maires du département : « Deux maires du même arrondissement ont été récemment condamnés pour délits de chasse.

Il serait superflu d'insister sur ce que de tels faits présentent de regrettable et même de scandaleux.

Je me borne à vous signaler, messieurs, les condamnations dont il s'agit comme une circonstance exceptionnelle et qui ne se reproduira plus. Je n'hésiterai pas, d'ailleurs, en cas de nouveaux délits de cette nature, à sévir contre ceux qui manqueraient aussi gravement à la dignité de l'administration. Recevez, etc... (l’Ordre et la Liberté)

 

Juillet 1865   -   L’orage.   -   Lundi matin, un orage épouvantable est venu fondre sur notre ville et nos environs, dit le Journal de Vire, laissant presque partout un souvenir quelconque. Les éclairs et les coups de tonnerre se succédaient avec une rapidité incessante.

A Vire, le tonnerre est tombé dans le plant de l'Hospice Saint-Louis, sans laisser de traces de son passage. II n'en a pas été de même dans la vallée des Vaux, il est tombé sur un des bâtiments de la fabrique à papier de MM. Reines frères, où il a enlevé un mètre carré de la couverture. Plusieurs femmes occupées dans ce bâtiment ont été tellement effrayées qu'elles sont tombées en syncope, et trois d'entr'elles ont dû être portées à l'hôpital et n'ont pu retourner à la fabrique que dans le courant de l'après-midi.

Dans le canton de Saint-Sever, le tonnerre est tombé dans une prairie où plusieurs vaches ont été tuées. A Saint-Germain-de-Tallevende, il est tombé dans un champ, sans occasionner de dégâts. Sur la route de Condé, un enfant a été renversé sans éprouver d'autre accident. Entre Moncy et Clairfougères, un bâtiment a été détruit par le feu du ciel, nous manquons de détails. Cette ferme est exploitée par madame veuve Patard. A Lassy, le clocher a été gravement endommagé par la foudre. A Montchamp, un corps de bâtiment a été incendié. (l’Ordre et la Liberté)

 

Août 1865   -   Un accident.   -   Un accident de même nature, mais qui heureusement n'a pas occasionné la mort, est arrivé dans notre ville, dit le Journal de Vire. Vendredi matin, le jeune Morel, Émile-Aristide, âgé de quatorze ans, ouvrier dans la fabrique de draps de M. Levergeois, était occupé à graisser une carde en mouvement, lorsqu'il fut saisi par la manche de sa blouse.

Les engrenages de la machine lui broyèrent la main gauche et l'avant-bras. Des médecins furent appelés immédiatement, et l'amputation de l'avant-bras fut jugée nécessaire. On essaya d'endormir le malheureux enfant pour faire l'opération, mais on ne put y parvenir, et il souffrit l'amputation en pleine connaissance, sans pousser un cri.

Sa position est aussi bonne que possible ; espérons qu'il ne tardera pas à se rétablir et qu'il trouvera facilement un emploi dans quelque bureau. (l’Ordre et la Liberté)

 

Octobre 1865   -   Un accident de la route.  -   Mardi dernier, dit un journal de Vire, un sieur Chanu (Julien-Jean-Baptiste), cultivateur à Passais (Orne), descendait la Grande-Rue avec une charretée de pommes. Comme tant d'autres charretiers, trop confiant dans la mécanique de sa voiture, ce malheureux négligea de mettre à la retraite de sa voiture les deux chevaux qui précédaient son limonier. Bien mal lui en prit, car arrivé au plus rapide de la Grande-Rue, la mécanique cassa et toute l'attelée se trouva gagnée par la voiture pesamment chargée.

Chanu, qui se trouvait alors près de son limonier, essaya de diriger ses chevaux, mais un faux pas le fit tomber à la renverse et une des roues lui coupa les deux jambes. Relevé presque aussitôt, on s'empressa de le porter à l'hôpital, mais il mourut avant d'y arriver, demandant à plusieurs reprises un prêtre.

Cette mort imprévue, ajoute le même journal, ne devait pas être, pour le quartier, la seule de la journée.

M. Lefour, boulanger au Pont de Sainte-Anne, témoin de l'accident arrivé à Chanu, en fut vivement frappé. Cet homme était atteint depuis longtemps d'une maladie du cœur. Sa femme, le voyant ainsi impressionné, l'engagea à prendre quelque distraction et à aller passer l'après-midi chez son beau-frère à la Besnardière. C'était là que Lefour devait trouver la mort, car au moment où il se disposait à aider son beau-frère à brûler un porc, il s'affaissa sur lui-même pour ne plus se relever. La mort fut presque instantanée. (l’Ordre et la Liberté)

 

Avril 1866   -   Un concours.   -  Le 20 avril courant, a eu lieu à l'hôtel de ville de Vire, le concours cantonal destiné à récompenser les adultes de 15 à 18 ans qui ont su le mieux conserver  ou accroître leurs connaissances en instruction primaire.

Deux prix seront accordés, le premier un livret de caisse d'épargne de 40 francs, le second, un volume d'une valeur de 10 francs.

 

Juillet 1866   -   Adultère.   -   Il y a à tout âge, même chez le beau sexe, des passions vraiment irrésistibles. Témoin une femme Michel, âgée de 52 ans, des environs de Vire,  qui a abandonné le toit conjugal, pour suivre à Gisors un nommé Lorette, âgé de 22 ans, ouvrier de chemin de fer.

Le revers de la médaille, c'est que, sur la plainte du mari outragé, et en vertu d'un mandat d'amener, la gendarmerie est venue troubler leur rêve de bonheur, en les arrêtant tous les deux  le 29 juin, chez un aubergiste de Gisors, au moment où ils reposaient tranquillement sur le même oreiller.

Ces deux tourtereaux ont été dirigés sur Vire, pour être mis à la disposition de l'autorité judiciaire.  

 

Juillet 1866   -   Un incendie.   -   Une des plus belles usines de la vallée des Vaux vient d'être détruite par le feu.

Lundi matin, vers quatre heures et demie, les habitants de Vire étaient brusquement réveillés par le clairon d'alarme et se dirigeaient aussitôt vers l'importante filature de M. Raulid, exploitée par le sieur Luc Gaston, à Saint-Germain-de-Tallevande.

Malgré la proximité de la rivière et des pompes de Vire et autres appartenant aux principaux industriels de la vallée, les flammes ont détruit en quelques instants six corps de bâtiments, un matériel considérable, des matières premières, des produits fabriqués et une grande quantité de meubles.

La perte totale résultant de ce sinistre, dont la cause est encore inconnue, s'élève approximativement à 200 000 francs, dont 160 000 francs couverts par les compagnies « la France », « la Mutuelle » et le « Phénix ».

Ce désastre prive de travail et de ressources 90 ouvriers et leur famille. Une souscription en leur faveur a été immédiatement ouverte à l'hôtel de ville de Vire.  

 

Janvier 1867   -   La neige.   -   Pendant deux jours, mais principalement dans la nuit de mardi à mercredi dernier, la neige est tombée en grande abondance, tant à Caen qu'aux  environs.

Les lettres que nous recevons de nos correspondants, nous informent que le même fait s'est produit sur tous les points du département.

Aux environs d'Aunay, la couche de neige qui recouvre le sol, est  tellement épaisse, que le charriage par voiture est devenu impossible.

La voiture de Vire à Caen, qui arrive ici à six heures du soir, n'est arrivée jeudi qu' à une heure après minuit.

Le train poste de Paris, qui doit entrer en gare de Caen, à trois heures du matin, est arrivé jeudi à six heures et demie. Trois machines y avaient été attelées à Mezidon, pour l'aider à se  frayer un chemin à travers la neige qui, dans les bas-fonds surtout, atteignait à une hauteur de plusieurs pieds.  

 

Février 1867   -   Honorable distinction.   -   En face de l'honorable distinction dont viennent d'être l'objet, deux ouvrières du Calvados, nous pensons ne pouvoir mieux faire ressortir leurs titres à cette distinction, qu'en produisant les deux notes suivantes qui résume en peu de mots tout ce que leur conduite à de méritoire et d'exemplaire (Caen et Vire).

Mlle Blondel Nadine, âgée de 22 ans, est couturière à Vire. Elle est l'unique soutien d'une famille composée du père, de la mère et de sept enfants plus jeunes que Nadine. Pour suffire à tant  de besoins, elle passe les jours et une partie des nuits au travail de la couture.

Elle n'aurait pu longtemps continué cette vie d'abnégation sans compromettre sa vue et sa santé, et la machine à coudre que vient de lui accorder S. M. Eugénie, les bras à venir plus  efficacement en aide à sa famille.

Puissent de aussi noble exemples porter leur fruit autour d'eux. Si la vie compte pour certains ses jours exceptionnels d'épreuves et d'angoisse. Elle réserve toujours pour les plus vaillants l'heure présidentielle qui doit effacer en un instant toutes les larmes du passé.

 

Février 1867   -   Incendie.   -   Mercredi soir, peu avant dix heures et demie, la ville de Vire s'est trouvée soudainement éclairée. L'importante est belle usine de M. Levergeois, construction monumental élevée à grands frais, il y a quelques années, à l'extrémité du Château-de-Bras, était envahie par les flammes qui trouvaient abondamment dans le matériel et dans les matières premières de l'établissement, des aliments faciles à leur dévorante activité.

Un grand vent de sud-ouest, soufflant en foudre par intermittences, emportait avec une rapidité vertigineuse à des distances considérables, des gerbes immenses d'étincelles, des  avalanches de cendres incandescentes, constellées de charbons très volumineux. Une véritable pluie de feu, serrée comme une grêle d'orage, couvrait les abords de  l'usine, l'écluse et les quartiers environnants.

Un assez grand nombre de personnes ont eu leurs habits troués et chacun se surveillait mutuellement aux chaînes pour empêcher les vêtements de prendre feu. Heureusement  que des grains fréquents de pluie, de neige fondue et de grêle protégeaient les toitures et les travailleurs. Tout autre etat de l'atmosphère eut pu favoriser la propagation de l'incendie sur différents points de la partie basse de la ville où beaucoup de maisons sont encore couverte en bois.

Des oiseaux, surpris par cette gigantesque lueur qu'ils prenaient pour le grand jour, s'envolaient éperdus, et un pigeon est venu se précipiter à tire d'ailes au centre du foyer.

Rien de l'usine, sauf la machine à vapeur séparée du principal corps de bâtiment par la rivière, n'a pu être sauvé, et tous les efforts se sont bornés à protéger les bâtiments voisins.

Un matériel considérable, beaucoup de matières premières et des produits fabriqués, dont une partie était destinée à l'Exposition universelle, ont été détruits en quelques minutes.

À deux heures du matin, il ne restait plus de la magnifique l'usine que des décombres s'abîmant par intervalle dans un immense brasier.

On ignore comment le feu s'est déclaré dans l'étage supérieur et l'heure précise à laquelle il a commencé. Quant à la perte résultant de ce sinistre qui prive momentanément de travail et de  ressources une cinquantaine d'ouvriers et leurs familles, elle est encore inconnue, mais elle atteint au moins le chiffre de 150 000 francs, valeur assurée à plusieurs compagnies.  

 

Août 1867   -   L'Exposition universelle.   -    21 départements ont envoyé leurs instituteurs à Paris, à l'occasion de l'Exposition universelle, ces MM. sont répartis entre les trois lycées Louis-le-Grand, Saint-Louis et Napoléon.

Les instituteurs du Calvados habitent le lycée Louis-le-Grand.

L'Empereur et l'Impératrice ont reçu lundi dernier tous les instituteurs en ce moment à Paris.

En tête du cortège marchaient ceux du Calvados, représentés par MM. Douétil, instituteur à Vire ; Cauvin, chef à Bayeux ; Delarue, à St-Sever ; Barbier, à Castillon-en-Auge ; Biron, à St-Pierre-sur-Dives ; Castel, à Harcourt ; Briens, à Coulonces ; Harang, à Pierres, et quelques autres dont les noms n'échappent.

L'Empereur et l'Impératrice ont reçu ces députation avec des paroles de bienveillance et d'encouragement, qui ont porté à son comble l'enthousiasme des assistants privilégiés.  

 

Septembre 1867   -   Une inauguration.   -   Dimanche a eu lieu, à Vire, la fête d'inauguration du chemin de fer qui relie cette ville à la capitale.

Le programme des fêtes a été porté à la connaissance du public, à l'aide d'une affiche.  

 

Février 1868   -   Un voleur original.   -   Un fait assez original s'est passé vendredi au marché de Vire.

Quand les cultivateurs venus des alentours eurent fait leur marché, dîné à leur au péage et bien bu leur demi tasse, ils songèrent à regagner leurs pénates. Le premier qui eut cette idée, dit naturellement au garçon d'écurie de mettre son cheval à la voiture.

Le garçon exécute cet ordre. Puis arrive le premier fermier qui s'écrie :

  -   Mais il manque quelque chose à ma jument !

Le domestique ouvre de grands yeux et aperçoit en effet que la queue du cheval est coupée. Il se précipite vers l'écurie où se trouvent encore cinq chevaux.

O ciel ! Encore cinq queues de coupées !

Grand émoi. On court chez le commissaire de police, chaque coup de sonnette représente une queue absente.

Enfin le bruit court que cinquante chevaux ont été mutilés de la même sorte. Cinquante est un peu exagéré, mais le chiffre est déjà fort joli en le réduisant à la moitié.

La gendarmerie a battu la ville pour mettre la main sur le larron... à tous crins, mais rien.

Ce facétieux voleur aura probablement profité du premier train pour lever le pied....  

 

Octobre 1868   -   Une tempête.   -   Jeudi dernier, dans l'après-midi, une trombe d'eau s'est abattue sur Vire, avec une violence telle que l'on ne se rappelle pas avoir vu jamais la pluie tomber avec tant de force et en si grande abondance.

Les rues étaient de véritables torrents, et au bas de celle en pente, il était absolument impossible de passer.

Le mur du collège qui se trouve au dessus des prairies a été abattu par la trompe, et des morceaux de murs non détachés, et pesant de 1 000 à 1 500 kilos, ont été entraînés par l'eau à une distance de près de 30 mètres.

A un kilomètre de distance de Vire, en dehors de la ligne suivie par la trombe, il n'est pas tombé une goutte d'eau.

 

Octobre 1868   -   Des phénomènes.    -   Les phénomènes horticoles pullulent. A Vire, on peut admirer une vigne en fleur et en plein air ; dans la même ville chez M. Vaussy, pharmacien,  se trouve un oranger qui a produit deux oranges mesurant chacune 45 centimètres de circonférence.

Dans le jardin de la dame Arsène Bréon, à Saint-Aubin-sur-Mer, se trouve un pommier en fleur.

Dans nos campagnes, on considère ces phénomènes de la végétation comme un signe de mortalité. Encore un préjugé à déraciner.  

 

Décembre 1868   -   Une décision.   -   Dans sa séance du 9 novembre 1868, le Conseil municipal de Vire, à l'unanimité, a adopté la délibération suivante :

Le buste de Chênedollé sera posé sur la fontaine de la place Impériale reportée vers le centre de cette place.

La statue de Castel sera installée sur la place de l'Hôtel-de-Ville.  

 

Janvier 1869   -   Un accident.   -   La rivière de Vire, qui passe dans la rue aux Teintures à Vire, est tellement forte que personne n'ose y laver.

Cependant, une demoiselle Levergeois osa s'y hasarder. Son linge était lavé, elle voulut aussi nettoyer le chaudron dans lequel elle l'avait apporté, malheureuse idée, car, en plongeant ce vase  dans la rivière, l'eau entraîna le chaudron et la demoiselle Levergeois, heureusement des voisins se trouvaient témoins de l'accident, et ce ne fut pas sans mal qu'ils parvinrent à retirer cette  personne qui, entraînée par la force du courant aux abords du pont eut infailliblement péri. Elle en a été quitte pour la peur et pour un bain forcé qui ne devait pas être très chaud au 30 décembre.

 

Mars 1869   -   Un incendie.   -   Vers le milieu de la nuit de samedi à dimanche, les habitants de Vire étaient  brusquement réveillés par le tocsin et le clairon d'alarme. Un incendie qui aurait pu prendre des proportions désastreuses sous l'influence d'un état moins calme de l'atmosphère, venait de se déclarer au bas de la rue Girord. En quelques instants, pompiers, population et les autorités, tout le monde était à son poste.

Après trois heures d'efforts et de lutte, on a pu circonscrire les ravages du terrible fléau.

La perte résultant de ce sinistre, qui doit être attribué à l'imprudence, est approximativement évaluée à 16 100 francs, pour valeur immobilières et mobilières.

Bien que chacun ait fait son devoir, nous devons signaler le dévouement du sergent Richy, fourrier au 70e de ligne, employé près le conseil de révision de la garde mobile pour l'arrondissement de Vire, qui, en face des plus grands dangers, a sauvé d'une mort certaine la veuve Vieval dont les cheveux et la figure avaient déjà été atteints par les flammes.

Quoique de semblables actions ne soient pas rares dans l'armée, la population a vivement applaudi à ce nouvel acte d'héroïsme et d'intrépidité.  

 

Août 1869   -   Pour les Beaux-Arts.   -  M. le ministre de la Maison de l'Empereur et des Beaux-Arts vient d'accorder :

Au musée de Caen, un tableau ayant pour sujet  « l'Huître et les Plaideurs ».

Au musée de Lisieux, un tableau représentant  « Un jeune taureau de la vallée d'Auge ».

Au musée de Vire, un tableau représentant « la Marne à Tancrou ».

Au musée de Honfleur, un tableau ayant pour sujet « Vente de poissons sur la plage de Grandcamp ».

Pour l'Hôtel-de-Ville de Falaise, « le Portrait de Sa Majesté l'Impératrice ».

Pour l'Hôtel-de-Ville de Honfleur, « le Portrait de Sa Majesté l'Empereur ». 

 

Août 1869   -   Fait divers.   -  Vendredi 27 août, vers 2 h. 1/2 du soir, un incendie accidentel a détruit la couverture en chaume d'un corps de bâtiment à usage de maison d'habitation, habité par le nommé Victor Quellier, à Vire. La perte est évaluée approximativement à 900 francs Tout était assuré.  

 

Août 1869   -   Fait divers.   -  Le 13 de ce mois, à 11 heures du soir, le nommé Pierre-Auguste Simon, âgé de 36 ans, poseur de rails sur la ligne du chemin de fer, près Vire, faisait le service de nuit en remplacement du surveillant titulaire.

On suppose qu'il se sera endormi près d'un poteau kilométrique, et que, surpris par l'arrivée du train n° 63, il aura voulu traverser la voie pour se mettre à son poste, malheureusement il n'en a pas eu le temps, et le chasse-pierre l’ayant atteint, il a été traîné une longueur d'environ 6 mètres.

Le mécanicien, ayant senti un mouvement qui n'était pas ordinaire, a arrêté la machine à environ 200 mètres et est revenu sur les lieux avec le chef du train, mais ils n'ont trouvé qu'un cadavre.

 

Août 1869   -   Fait divers.   -   L'inauguration des monuments élevés en l'honneur de Castel et de Chênedollé, aura lieu le dimanche 12 septembre, à Vire.

Nous publierons ultérieurement le programme détaillé de la fête.

 

Septembre 1869   -   Fait divers.   -   Mardi, vers midi, la rue Saulnerie, à Vire, fut mise en émoi par une détonation extraordinaire et successive, M. Lecler, ferblantier, était en train de  déballer une caisse de lanternes vénitiennes, quand il lui prend idée d'essayer si quelques pétards de l'année précédente pourront encore prendre feu.

Le pétard fait son effet, et M. Lecler jette de côté son allumette, sans faire attention où elle va tomber. Malheureusement elle tombe dans la petite boite qui contenait les pièces d'artifices  et y met le feu. Aussitôt une détonation effrayante se fait entendre, la rue entière est pleine de fumée qui empêche de se rendre compte de l'accident, on croit la maison embrasée à l'intérieur.

Heureusement M. Lecler conserva tout son sang-froid, et d'un coup de main il lança la boite enflammée au milieu de la rue. Les voisins en ont été quittés pour la peur.

 

Septembre 1869   -   Fait divers.   -   Dimanche dernier, vers 2 heures 1/2 d'après-midi, un feu très intense se déclara dans la cheminée du concierge du tribunal de Vire. La cheminée était bonne, et on avait lieu de croire que l'on allait être maître de ce feu en très peu de temps. En effet, au bout d'une heure et demie environ on croyait que tout était éteint, quand vers 7 heures ½ on rappela les couvreurs et les pompiers qui amenèrent une pompe avec eux. Un coude très long existait dans le conduit de cette cheminée, et la suie qui s'y était amoncelée en très grande quantité avait pris feu. Pour arriver à l'éteindre, on fut obligé de faire une ouverture dans la chambre du greffe du tribunal de commerce. Peu de temps après on était  totalement maître du feu. Ce sinistre pouvait être d'autant plus grave que tous les papiers du tribunal et les registres de l'état civil sont entassés dans les greniers de ce bâtiment,  au-dessus de la cheminée.  

 

Décembre 1869   -   Fait divers.   -  Dans la nuit du 15 décembre, vers onze heures et demie, les cris, « au feu » ! ainsi que le son des clairons et des tambours de la compagnie de-pompiers, sont venus troubler les habitants de Vire dans leur sommeil.

En effet, les flammes sortaient à plein d'une des vastes remises de M. Poupion, loueur de voitures et de chevaux, rue du Calvados. La première pompe n'était pas encore arrivée sur le lieu du sinistre, que le feu sortait avec une violence inouïe par les deux extrémités de la remise, consumant les nombreuses voitures qui y étaient renfermées, et près de 30,000 de foin entassé dans les greniers, l'intensité ne laissait aucun doute sur la possibilité de rien sauver du bâtiment incendie et de plusieurs ménages qui occupaient les étages supérieurs. Les locataires n'eurent que le temps de se sauver, sans même s'habiller.

Les efforts de tous pour combattre les progrès du feu, fournir de l’eau aux pompes, maintenir les chaînes, étaient généraux, chacun était à son poste. Pompiers, autorités,  ecclésiastiques, élèves du séminaire et du collège, accompagnés de leurs directeurs et professeurs, citoyens de toutes les classes, tous ont fait ce qu'il était possible de faire en pareille circonstance.

Le chef de la gare de Vire et ses employés, arrivés vers 11 heures 45 sur le lieu du sinistre avec leur pompe, ne l'ont quitté qu'à 7 heures du matin, après avoir rendu de signalés  services, car, dans cette circonstance, le fonctionnement des trois pompes de la ville a laissé beaucoup à désirer.

Vers quatre heures, nouvelle émotion. La générale, les clairons, le tocsin même (qu'on avait jugé à propos de ne pas sonner jusqu'alors), jetaient l'alarme dans la ville. On entendait de tous côtés, le feu reprend plus fort que jamais. Il a fallu recommencer un nouveau travail, et le danger n'a cessé que vers 7 heures 1/2 du matin.

Ceux qui n'ont pas assisté à cet incendie auront peine à se rendre compte de l'intensité du feu, alimenté par près de 30,000 de foin entassé dans les greniers, et une vingtaine de voitures à quatre roues.

On n'a pas dit qu'il y eut eu d'accident, ce qui est surtout triste dans ce sinistre, c'est la perte de cinq chevaux qui se trouvaient dans l'écurie, par où on présume que le feu a pris, et qui n'avaient d'autre sortie que par rentrée de la remise. 

 

Janvier 1870   -   La population.   -  Mouvement de la population :

Ville de FALAISE.  -  Naissances, 153 ; Mariages, 67 ; décès, 205.

Ville de LISIEUX. - Naissances, 306 (enfants légitimes, 242 ; enfants naturels, 64) ; mariages, 104 ; décès, 480.

Ville de VIRE. - Naissances, 112 ; Mariages, 61 ; décès, 101.

Ville de TROARN. - Naissances, 13, dont 8 garçons et 7 filles ; mariages, 8 ; décès, 21, dont 9 du sexe Masculin et 12 de sexe féminin. La population du bourg est  1.000 habitants environ.

 

Février 1870   -   Rébellion et outrage.   -   Ernest Fauvel, 20 ans, journalier, né et demeurant à Vire, à 1 mois d'emprisonnement pour rébellion et outrage par paroles envers la gendarmerie.

 

Juillet 1870   -  Fait divers.   -   Mercredi dernier, vers midi, à l'heure où tout le monde se disposait à dîner, le feu s'est déclaré à Vire, rue Saulnerie, aux domiciles des demoiselles Gosselin, passementières, et de M. Adam, imprimeur-libraire et éditeur du Journal de Vire. En quelques minutes, cet incendie a pris des proportions très inquiétantes pour ce quartier commerçant et populeux, où presque toutes les constructions sont en bois. La sécheresse extraordinaire qui règne depuis si longtemps ajoutait encore aux chances d'un immense  désastre.

La population accourue au premier cri d'alarme, a instantanément formé plusieurs grandes chaînes pour alimenter les pompes de la ville, de la gare et de quelques principales usines. Après une lutte intelligente et énergique de quatre à cinq heures, le feu a pu être à peu près circonscrit dans son foyer primitif et les maisons préservées.

Quelques-uns des habitants les plus rapprochés, affolés par la terreur, ont cru prudent de faire enlever leurs marchandises et une partie de leur mobilier. Comme toujours, population,  pompiers et autorités, tout le monde a bien fait son devoir, et les chaînes ne se sont rompues qu'après la disparition de tout danger, malgré la faim et la soif des travailleurs.

Un poste de surveillance est heureusement resté pendant toute la nuit sur le théâtre de l'incendie, car le feu a repris trois fois dans les décombres fumant encore, à 6 heures du matin. La perte résultant de ce sinistre, qui doit être attribué à l'imprudence, s'élève à une trentaine de mille francs, en partie couverts par une assurance. Par suite de ce sinistre, le Journal de Vire n’a pas paru jeudi.  

 

Août 1870   -  Mobilisation.   -    La garde mobile du Calvados, formant un effectif de plus de 6,000 hommes, est définitivement constituée, elle comprend quatre bataillons,  divisés en huit compagnies chacun.

Le premier bataillon, composé des cantons de Balleroy, Bayeux, Isigny, Ryes, Trévières, Creully, Douvres et Tilly-sur-Seulles, et le quatrième bataillon, composé des cantons de; Caumont, Villers-Bocage, Aunay, Bény-Bocage, Condé-sur-Noireau, St-Sever, Vassy et Vire tiennent provisoirement garnison à Caen.

Le deuxième bataillon, composé des cantons de Bourguébus, Caen (Est et Ouest), Évrecy, Troarn, Bretteville-sur-Laize, Falaise, Coulibœuf et Thury-Harcourt, tient garnison Lisieux.

Le troisième bataillon composé des cantons de Lisieux, Livarot, Orbec, Mézidon, St-Pierre-sur-Dives, Blangy, Cambremer, Dozulév  Honfleur et Pont-l'Evêque, tient garnison à Bayeux.

 

Septembre 1870   -  La République.   -   Dans les églises, le Domine salvum fac Republicam a remplacé le Domine salvum fac Imperalorem. Il ne manquait à la République que la sanction religieuse. Elle lui est donnée.

 

Septembre 1870   -  La République.   -   Les Conseils municipaux sont dissous, dans chaque commune, les fonctions municipales sont confiées à une commission composée : pour la ville  de Caen, de sept membres ; pour les villes de Bayeux, Condé-sur-Noireau, Falaise, Honfleur, Lisieux, Pont-l'Evêque, Trouville et Vire, de cinq membres et de trois membres pour les autres communes.

 

Septembre 1870   -  Avis.   -   Le comité de défense du département du Calvados, devant lequel des inquiétudes ont été manifestées, au sujet d'une circulaire énonçant les  mesures à prendre pour faire le vide devant l'invasion, a reçu de autorité Militaire et donne aux populations l’assurance formelle qu'il ne s'agit, quant à présent, que de conseils et d'avertissements  pour les préparatifs à faire en vue de l'arrivée de l'ennemi, mais non d'exécution des mesures elles-mêmes.

 

Mars 1871   -  Décoration.   -  Dans un précédent numéro, nous avons annoncé la nomination de M. Gaston de Lartunère au grade de chevalier de la Légion-d’Honneur. A ce nom nous devons ajouter ceux de MM. Jonio et Duchemin, de Vire et Deloué,

jeune soldat de Bény-Bocage, qui tous ont mérité la croix de la Légion-d'Honneur, et ont été décorés sur le champ de bataille.  

 

Août 1871   -  Les impôts  -  Seigneur ! Seigneur ! Que va devenir le pauvre monde ? On met des impôts sur tout.

Sur les chats, sur les serins, sur le tabac, sur le boire et sur le manger.

Mais ce n'est pas tout encore, figurez-vous qu'un député de la droite, qui en aura sans doute mangé comme .. un satisfait, vient de proposer qu'on mette un impôt sur la teurgoule.

La teurgoule ! qu'est-ce que c'est que cela, vont se demander les petites maîtresses et les muscadins.

Mes petits agneaux, c'est le riz cuit au four, c'est la terrinée, que les gens comme il faut de la campagne appellent de la teurgoule….,..

Et cela, parce que les jours de fête, ces nobles goulifards se fourrent de telles cuillerées de ce mets délectable, que la.... bouche leur en teurd !

 

Octobre 1871   -  Fait divers.   -  Lundi, dans l'après-midi, la femme Levergeois, âgée d'une soixantaine d'années, s'était assise au soleil sur un mur en pierre qui sert de parapet, place du Château, à Vire. Cette malheureuse femme s'endormit, et dans son sommeil elle tomba dans les jardins qui se trouvent au-dessous, du côté du Château-de-Bas. Dans sa chute elle, s'est brisée plusieurs côtes et fait des contusions à là tête. Immédiatement transportée à l'hôpital, les secours les plus prompts lui furent donnés, mais la gravité de ses blessures laissé peu d'espoir de la sauver.

 

Janvier 1872   -  Nouvelles du Calvados.   -   Le mouvement de la population de Caen, pendant l'année 1871, se résume ainsi :

Naissances..... 702

Mariages…… 268

Décès………. 2138

Falaise : naissances, 136 ; mariages, 48 ; décès, 298.  Lisieux : naissances, 272 ; mariages, 97 ; décès, 721. Vire : naissances, 116 ; mariages, 52 ; décès, 381. Honfleur : naissances, 129 ; mariages, 72 ; décès, 380 ; Troarn : naissances, 16 ; mariages, 5 ; décès, 26.  

 

Avril 1872   -  Accidents de chemin de fer.   -  D'après la statistique des accidents des chemins de fer en France, depuis 1870, il a été constaté officiellement que sur les lignes de l'Ouest, la proportion est de un voyageur blessé sur 1 million 600 mille voyageurs transportés.

 

 Mai 1872   -  Le temps qu’il fait.  -  Depuis quinze jours, il pleut, il vente, il grêle, il neige, il gèle.

Dans le Calvados, gelée et inondation. Dans l'Orne, neige et gelée. Aux environs de Paris, les légumes et les fruits sont en partie détruits. Dans les pays vignobles, tout semble anéanti.

Le blé augmente sur tous les marchés, cependant, il ne faut pas trop s'effrayer de cette hausse, car les récoltes ne sont pas en détresse, et ceux-là qui prétendent que le blé va  pourrir en terre sont des imbéciles ou des spéculateurs.

 

Mai 1872   -  Pluie.  -  Les pluies abondantes qui sont tombées pendant ce mois, ont produit une crétine très préjudiciable dans la vallée de la Dives. En effet, l'eau couvre tout à fait un grand nombre d'herbages dans plusieurs communes, surtout dans les partis les plus basses, où elle atteint 50 à 60 centimètres.

 

Mai 1872   -  Le temps qu’il fait.  -  La température insolite qui règne depuis quelques semaines, est cause d'une aggravation de la mortalité dans certaines contrées.

A Paris le chiffre des décès a été de plus 1000 dans la dernière semaine, total considérable en raison du nombre actuel des habitants.

 

Mai 1872   -  Fait divers.   -  La récolte du blé sera abondante cette année et le pain bon marché. Qui dit cela ? La caille, d'après le dicton ancien : « Autant de fois chante la caille, autant de pistoles vaut le sac de blé. » Or, cette année, la caille fait entendre son chant criard quatre fois consécutives : signe d'abondance et le blé à 40 fr. le sac. L'année dernière, elle le répétait six et sept fois ; présage de cherté. En effet, le blé n'a-t-il pas, en ces derniers jours, monté à plus de 60 fr.

 

Juin 1872   -  Dénombrement.  -   Voici les chiffres du dénombrement de la ville de Vire : population sédentaire, 6.336 ; population flottante, 412.    Total de la population, 6.778.    En  1866, la population était de 6.863 : la diminution est donc de 85.

 

Août 1872   -  Tremblement de terre.   -  Jeudi 22 août, à 3 heures 7 minutes du matin, un faible tremblement de terre s'est fait ressentir à Vire et aux environs. La secousse a duré trois secondes, et les oscillations paraissaient se diriger de l’ouest à l'est. Bien qu'elle n'ait pas été très violente, elle a imprimé un mouvement très sensible de trépidation aux cloisons, petits meubles, globes de pendules, vaisselles, etc….. Le bruit souterrain qui accompagne presque toujours ce phénomène, et qui peut être comparé au roulement sur le pavé d'une grosse  voiture pesamment charge, s'arrêtant instantanément à quelques pas de l'observateur, a eu assez d'intensité pour réveiller quelques personnes.

 

Novembre 1872   -  Accident.  -  Samedi, la nommé, Ostermann, contre-maître Foulonier, dans l’usine de MM. Zimmermann frères, à Martilly prés Vire, était occupé à placer un tuyau sur le fourneau de savonnage, situé derrière les métiers et tout près de l'arbre de transmission.  S'étant, dans un moment, approché trop près de cet arbre ses vêtements  se trouvèrent saisis par les boulons, et lui-même fut entraîné dans le mouvement précipité de l'arbre. Aux cris que poussa ce malheureux à la vue du danger qui le menaçait, le nommé, Roullans, ouvrier mécanicien, courut fermer les vannes pour arrêter les métiers. Ostermann avait déjà fait soixante détours, suspendu à cet arbre, et, à chaque tour ses pieds venaient frapper la muraille.

Le sieur Lecoq, ouvrier foulonnier, vint en aide au contre-maître pendant que l'arbre, tournait encore, et il faillit avoir le même sort, il fut également saisi par ses vêtements, mais il eut la présence d'esprit de saisir un poteau, qui se trouvait à sa portée, et il fut assez heureux pour n'avoir que ses vêlements mis en lambeaux. Quant à la victime principale, le sieur Ostermann,  il en serra heureusement quitte pour quelques jours de repos, n’ayant reçu que de fortes contusions.  

 

Avril 1874   -   Suicide.  -  Un douloureux événement a émotionné les habitants de la Grande-Rue, à Vire. Une demoiselle Marie-Victoire Brison, atteinte de maladie noire, s'est précipitée par la fenêtre d'une chambre située au 2° étage et s'est brisé le crâne sur le pavé de la rue.  

 

Mai 1874   -   Éboulement.  -  Le nommé Thomas Laumonnier, âgé de 75 ans, menuisier, rue Turpin, à Vire, avait placé dans la chambre où il demeure un établi pesant. Le plancher de cette chambre, qui était en très mauvais état, s'est écroulé sous le poids. Laumonier et sa femme, âgée de 72 ans, ont été précipités dans la cave d'une hauteur de 2 mètres 50. Dans leur  chute ils se sont fait des blessures graves pour nécessiter leur entrée à l'hospice.  

 

Février 1875   -   Danger.  -  Jeudi, on déchargeait un tonneau de cidre à la porte du domicile de M-X.….., à Vire. Pendant que les charretiers faisaient les préparatifs pour descendre le tonneau, Mme X.….., venant à rentrer chez elle, passa près de la tête du cheval, qui la mordit à l'épaule.

Les charretiers, aux cris de cette dame, se jetèrent à la tête de l'animal, et ce fut à grand'peine qu'ils parvinrent à lui faire lâcher prise. Heureusement pour Mme X.…..; l'épaisseur des  vêtements avait empêché l'animal de faire une morsure profonde, elle en a été quitte pour une douleur assez vive et ses habits déchirés.

 

Février 1875   -   La Cour.  -  La Cour de Cassation a décidé : 1° que, seuls les propriétaires ou les fermiers avaient le droit exceptionnel de tirer sur les poules des voisins ; 2° qu'ils ne pouvaient les tuer qu'au moment où elles commettaient un dégât actuel et effectif ; 3° et sur les lieux mêmes où le dommage était causé. Ceci s'applique aussi aux pigeons.

 

Février 1875   -   Danger.  -  Jeudi, on déchargeait un tonneau de cidre à la porte du domicile de M-X.….., à Vire. Pendant que les charretiers faisaient les préparatifs pour descendre le tonneau, Mme X.….., venant à rentrer chez elle, passa près de la tête du cheval, qui la mordit à l'épaule.

Les charretiers, aux cris de cette dame, se jetèrent à la tête de l'animal, et ce fut à grand'peine qu'ils parvinrent à lui faire lâcher prise. Heureusement pour Mme X.…..; l'épaisseur des vêtements avait empêché l'animal de faire une morsure profonde, elle en a été quitte pour une douleur assez vive et ses habits déchirés.  

 

Juin 1875   -   Orage.  -  Lundi, un violent orage a éclaté sur Vire et une partie de l'arrondissement. La foudre est tombée dans plusieurs endroits, sans que nous ayons de sinistres à enregistrer. La grêle est tombée en abondance, mais les habitants de la campagne croient pas qu'elle ait fait du mal aux blés.

 

 Octobre 1875   -  Enfant brûlé.  -   Mardi, un enfant de trois ans, fils d'an nommé Mercier, demeurant rue Petite-Poissonnerie, à Vire, est tombé dans un chaudron d'eau bouillante. Son pauvre petit corps tombait en lambeaux. Il est mort peu de temps après.  

513.   -   VIRE   -   Laitière des Environs de Vire

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