Novembre
1829
-
On nous écrit.
-
La
construction de la tour destinée à recevoir le nouveau phare de
Barfleur est déjà assez avancée pour faire espérer que dans moins
d'un an ce point important offrira un feu visible aux marins qui
fréquentent ces parages.
L'éclairage
des côtes de la Normandie a toujours été si négligé, qu'il reste
encore beaucoup d'améliorations à apporter dans cette partie
essentielle du service maritime.
Témoins
les désastres que nous allons signaler.
Le
28 octobre dernier, le beau Sloop l' « Adèle »,
capitaine Briette, appartenant à la maison Jobert frères, et venant d'Adra
avec un riche chargement de cuivre et de plomb, a coulé bas entre
Honfleur et Quilbeuf, au moment même ou il évitait sur ses ancres pour
appareiller. Il parait qu'il a touché contre une carcasse de navire
perdu, qui a crevé le bordage d'arrière. Son brave capitaine et le
jeune pilote n'ont voulu quitter le navire que lorsqu'ils eurent l'eau
sous les bras. L' « Adèle » était assurée à la
compagnie de Caen.
-
Dans la nuit du 29 octobre, le navire l' « Augustin »,
capitaine Poulain, chargé de pierre pour la même maison, a sombré à
3 lieues au large du cap de la Héve. L'équipage a été sauvé et
recueilli par un bateau de pêche d'Honfleur.
-
Le 30 octobre, le brick le « Frederick », de
Caen, mouillé à la posée de la Canardière, près le sloop naufragé
l' « Adèle », a perdu une de ses ancres en
appareillant.
Enfin,
il y a quelques jours, le navire neuf le « Czar
Pierre », venant de St.Petersbourg, avec une cargaison de cuivre,
s'est perdu en avant de Quilbeuf, ayant à son bord un pilote et un
capitaine dudit port.
Ainsi
des navires qui ont essuyé des traversées longues et périlleuses, qui
ont résisté à tous les dangers des deux mers, viennent se perdre en
beau temps et avec des pilotes pratiques dans les atterrissages de la
baie de Seine. Si nous reportons nos regards vers la Tamise, nous voyons
ses chenals et ses courants jalonnés par des bouées sans nombre, la
nuit ils sont éclairés par mille feux flottants, et chez nous
rien..... !!! Puisse notre ministère, que tous les journaux politiques
accusent d'être si Britannique d'ailleurs, ne pas oublier que la
vieille Angleterre, avec sa vieille aristocratie, est toute marchande,
et n'est quelque chose que par ses marchands. (Le Journal de Caen et de
la Normandie)
Août
1833 -
Le phare de Barfleur.
- Sur
le promontoire de Barfleur, au milieu des rochers qui terminent la
presqu'île de la Manche, un monument très
remarquable s'élève inaperçu. C'est une colonne de deux cent
vingt pieds de hauteur, construite entièrement en granit rouge, et
destinée à porter un feu de navigation. On ne sait ce qu'on doit le
plus admirer, ou de la hardiesse d'un édifice si frêle en apparence,
exposé à toute la fureur des tempêtes, ou des machines ingénieuses
qui servent à l'ériger, car pour monter les pierres, pour les déposer
chacune à sa place, pour supporter les ouvriers et les mettre à l'abri
de tout danger, il n'est employé qu'un appareil fort léger que l'on
élève sans peine d'assise en assise, sans qu'il soit besoin de prendre
aucun point d'appui extérieur. Aussi la pose du couronnement n'a pas
présenté plus d'obstacle que celle de la base, et l'élévation a
cessé d'être une difficulté.
On
parvient au haut du phare par un escalier tournant, ménagé dans
l'épaisseur de la muraille, et qui a 349 degrés de chacun 80
centimètres de largeur, cet escalier est parfaitement éclairé par 48
fenêtres, ouvertes l'une sur l'autre, sur quatre lignes opposées. Le
puits, qui monte du sol au sommet de la colonne, a 5 pieds de diamètre.
L'auteur
de ce bel ouvrage, M. de la Rue, est un jeune homme de trente ans à
peine, quoique ses traits portent déjà l'empreinte d'études
sérieuses et prolongées. Campé dans le soubassement
même de la colonne, il se condamne depuis cinq ans à une âpre
solitude, que les ouvriers seuls animèrent d'abord, mais qu'une grande
affluence de curieux visite aujourd'hui. (Mémorial du Calvados)
Juillet
1834 -
On nous écrit de Barfleur.
- Un
événement assez tragique vient d'avoir lieu ici.
Deux
jeunes gens de Valognes, revenant de visiter le phare de Gatteville,
entrèrent chez une personne de leur connaissance à Barfleur. Sans
autre motif que la curiosité, l'un deux prend un fusil chargé qui se
trouvait dans l'appartement. A peine l'a-t-il saisi, que le coup part et
va frapper à la tête son infortuné camarade.
Sans
une circonstance assez particulière, ce dernier eût eu la cervelle
emportée, mais il se trouvait, dans le moment, la main portée à la
tête, ce qui lui a paré une partie du coup.
Le
docteur Allain, appelé aussitôt, a été obligé de lui faire
l'amputation de trois doigts, et on désespère beaucoup de son
rétablissement. (Mémorial du Calvados)
Septembre
1834 -
Les phares du Cotentin.
-
M. Larue, ingénieur des Ponts-et-Chaussées à Valognes sous les
plans et sous la direction duquel a été construit le beau phare de
Bardeur, vient de faire commencer les travaux préparatoires d'un autre
phare, qui s'élèvera à l'entrée du Raz Blanchard, vers la pointe d'Auderville
( Hague ), dans la partie Nord-Ouest de la presqu'île du Cotentin.
Ce
phare sera assis sur un rocher granitique, isolé en mer, à peu de
distance de la côte, Il sera comme celui de Barfleur, construit entièrement
en granit. Des ouvriers travaillent, depuis un mois environ, à disposer
le rocher, pour recevoir les premières assises. Ces deux feux
indiqueront aux navigateurs les deux extrémités du département de la
Manche, à l'Est et à l'Ouest de Cherbourg, (Mémorial du Calvados)
Mars
1860 - Un naufrage. - Un
acte qui fait le plus grand honneur
à un capitaine de Port-en-Bessin
vient de s'accomplir sur les côtes de Barfleur. Le 26 février dernier,
vers les trois heures du soir, le sloop caboteur « Jeune-Louis »,
capitaine Michel-Pierre Le Cavey, de Port-en-Bessin, se trouvant dans le
N.-E. de Barfleur, aperçut un chaland qui faisait des signaux de
détresse. Malgré la violence de la mer, le capitaine Le Cavey
n'hésita pas à aller au secours du navire qu'il prit à la remorque et
qui était le sloop « Allége », le Pourvoyeur de Caen, parti
d'Ouistreham le 25, en destination pour Cherbourg, et ayant à son bord
les frères Yvelin, de Barfleur, maîtres au cabotage et les nommés
Godreuil et Perruelle, charpentiers, mais le câble ayant cassé il a
fallu abandonner le chaland et se diriger sur Port-en-Bessin où le «
Jeune-Louis » est arrivé le 27 au matin par une mer affreuse, ayant à
son bord les quatre matelots du Pourvoyeur. Sans le dévouement du
capitaine Le Cavey ces quatre malheureux matelots auraient sans doute
trouvé la mort au milieu des flots. Leur navire,
quand il a été pris à la remorque, fatiguait déjà beaucoup, la
tempête augmentait et la mer devenait de plus en plus terrible. (L’Écho
Bayeusain)
Mai
1860 - On lit dans le Phare de la Manche. - Les
vents qui ont soufflé de la mer depuis quelque temps ont encore jeté
sur le rivage un certain nombre de cadavres provenant du naufrage du
navire américain « Luna ». Jusqu'à présent, on a retrouvé 59
cadavres : 41 hommes, 13 femmes, et 5 enfants ; 43 ont été retrouvés
à Gatteville, 10 à Barfleur, 2 à Néville, 1 à
Réthoville, 1 à Réville, 1 à la digue de Cherbourg et 1 à Dieppe,
le pilote Guillon. 33 de ces malheureux naufragés restent encore à la
mer. Les derniers cadavres étaient à peine reconnaissable, c'étaient
des tronçons, des lambeaux de chair déchirés contre les rochers,
c'était horrible à voir ! Ce spectacle déchirait le cœur. ( Le Phare
de la Manche )
Février
1864 - Le tirage. -
C'est le 15 de ce mois
que commence, dans les 89 départements de l'Empire français, la grande
opération du tirage au sort des jeunes gens de la classe de 1863, nés
en 1843. (l’Ordre et la Liberté)
Avril
1865 -
Les huîtres. - M.
le chef de service de la marine au Havre porte l'avis suivant à la
connaissance de la population maritime : «
Une dépêche de M. le vice-amiral Dupouy, préfet maritime du 1er
arrondissement, annonce qu'un banc d'huîtres très abondant a été
découvert à 25 ou 30 milles à l'E.- S.- E. de Barfleur, sur une
longueur de deux milles environ. »
(l’Ordre et la Liberté) |