Août
1878. - Excellente mesure.
- Le
Ministre vient d'interdire dans les écoles communales les quêtes qui
s'y font habituellement sous divers prétextes religieux ou
autres.
Pendant
qu'il y était, le Ministre aurait bien fait d'interdire aussi les
souscriptions ouvertes dans certaines écoles pour offrir soit à
l'instituteur, soit au curé, un cadeau à l'occasion de leur fête ou
anniversaire. ( Bonhomme Normand )
Octobre
1889. -
Le drame de Bréville.
-
Marie-Rose avait deux ans quand elle perdit sa mère. Son père
s'étant remarié, on la mit chez sa grand'mère. Malheureusement, la
grand'mère vint à mourir, et la fillette dut retourner chez son père.
Là,
son existence allait changer. La belle-mère, femme dure, acariâtre,
prit aussitôt en aversion, malgré sa gentillesse et toutes ses
heureuses qualités, une enfant qui n'était pas à elle, et lui
infligea une vie de tortures.
Le
père, faible d'esprit et de corps, ne savait pas défendre sa fille
contre les indignes brutalités de la mégère. Marie-Rose avait un
petit frère qu'elle adorait, issu comme elle d'un premier mariage, et
qui était sa consolation au milieu de tant de misères, le pauvret,
victime comme elle des mauvais traitements de la belle-mère, tomba
malade et mourut. Marie-Rose se trouva seule.
Elle
avait 16 ans. Un jeune gars, pour qui elle se prit d'affection et qui
travaillait parfois à la ferme, vint demander sa main, la belle-mère
le renvoya en traitant grossièrement la pauvre Marie-Rose. Une après-midi,
Marie-Rose se trouva seule avec son bourreau. Que se passa t-il ?
Marie-Rose n'a pas pu le dire. Mais, lasse de souffrir, elle saisit un
épieu, courut après sa belle-mère dans l'étable, et la frappa sans
pitié, sur le dos, sur les reins, sur la tête, si violemment, si
vigoureusement, qu'au bout d'un instant elle ralait, était mourante. Ce
n'est pas assez !... Pour l'achever, elle la fait piétiner par une
vache. Au bout de quarante-huit heures de souffrances, la femme mourait,
tuée par cette enfant de seize ans ! Mais celle-ci, delivrée de son
accès de fureur, s'était agenouillee devant elle en implorant son
pardon. Sous le coup de la douleur, la vieille n'a pas voulu pardonner.
Le
jury de la Manche a été plus pitoyable ; il a acquitté Marie-Rose. (
Bonhomme Normand)
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