Janvier
1830
-
On écrit de Cherbourg.
-
La geleasse
hollandaise « Mercurius », capitaine Roose, partie le 9
décembre de Liverpool, à destination d'Anvers, après avoir essuyé
beaucoup de mauvais temps et quelques avaries dans sa voilure, était
parvenue jusqu'en vue des feux de la Hève, lorsque le 28, à deux
heures du matin, par un temps très obscur, il fut abordé par un
chasse-marée, qui courait vent arrière.
La
violence du choc brisa son étrave et fracassa son avant dans plusieurs
parties. Les deux navires restèrent accrochés l'un à l'autre, et le
hollandais fut force de sacrifier tout son gréement de beaupré et
diverses autres manœuvres, afin de se débarrasser, mais à peine y
fut-il parvenu, qu'il se trouva bord à bord du chasse-marée, dont les
deux mats tombèrent en grand sur son pont.
Ce
ne fut qu'après plus de trois heures d'efforts inouïs, et après avoir
sacrifié quantité de manœuvres, qu'il réussit à s'en écarter; il
s'empressa aussitôt de sonder les pompes, et il reconnut 28 pouces
d'eau, il fit pomper sans discontinuer. Au jour, il résolut, pour le
salut commun, de relâcher au port de Cherbourg, qui se trouvait le plus
à proximité, il fit hisser aussi bien que possible quelques voiles
d'avant, afin de pouvoir gouverner, et le lendemain il put arriver sans
autre événement.
Le
nom du chasse-marée qui l'a abordé est la « Sainte- Famille »
de Vannes, capitaine Picot.
Un
matelot de l'équipage de ce navire s'est trouvé resté à bord de la
galeasse, et a lui-même donné ces renseignements. (Le Journal de Caen
et de la Normandie)
Mai
1830 - Renforts
pour l'Afrique. - Les
deux bataillons du 4e régiment de ligne, qui se trouvent
actuellement en garnison, l'un à Cherbourg et l'autre à Granville,
ont, dit-on, reçu l'ordre de se tenir prêts à faire partie du corps
d'armée de réserve qui doit se réunir à Toulon après le départ de
l'expédition d'Afrique.
Les
cadres de ces bataillons vont être complétés par les soldats qui
étaient en congé et qui sont rappelés à cet effet, et par des hommes
pris dans les 12e et 64e régiments de
ligne.
Le
bataillon qui tient garnison à Caen y restera provisoirement comme
dépôt du régiment. (Le
Pilote du Calvados)
Juillet
1831 -
Navires suédois en rade à Cherbourg.
- On
écrit de Cherbourg, 1er. juillet : « Nous avons en rade deux frégates
et une corvette suédoise. Ce sont des bâtiments
d'instruction sur lesquels on fait naviguer des élèves de marine, or,
les soumet à la quarantaine de rigueur, on prend les plus grandes
précautions pour se préserver du
choléra morbus ». (Le Pilote du Calvados)
Juin
1833 -
Extrait d'un
rapport adressé au ministre de la marine par le préfet maritime.
- Lorsque
je vous rendais compte par le courrier d'hier que la frégate la
« Résolue »
s'était échouée dans la nuit sur les roches du cap Levi, je
conservais encore quelque espoir qu'elle pourrait rafflouer à la marée
et entrer ici, mais j'ai été totalement trompé dans mon espérance,
la frégate, au lieu de monter, s'est crevée, et le capitaine Lemaître
s'est vu dans la cruelle nécessité de la faire évacuer, de crainte que
le bâtiment ne finît par être brisé par l'action de la lame qui
déferlait dessus avec une très grande force, et que l'existence de son
équipage ne fût compromise.
Les
hommes en descendant à terre ont sauvé leurs sacs et les menues armes,
et le capitaine Lemaître s'est établi sur le rivage sous des tentes
avec une partie des ses officiers, ses maîtres, ses gabiers et ses
chefs de pièces. Le reste est arrivé ici, soit par terre, soit par le
bateau à vapeur que j’avais envoyé hier matin sur le lieu du
naufrage.
Ce
bateau est le seul bâtiment qui ait pu revenir de tous ceux que j'avais
dirigés sur ce point. Le vent et la mer sont trop forts pour que les
autres navires aient pu quitter l'anse de la Mondraye où ils se sont
réfugiés.
Un
des ingénieurs de ce port, M. Daviel, est parti ce matin pour le cap
Lévi, afin d'examiner l'état de la frégate et ce qu'on pourra
extraire de la coque et de la mature. Demain je pourrai, j'espère, vous
faire connaître ce que nous pourrons sauver de la frégate.
(Mémorial du Calvados)
Juillet
1833 -
On écrit de
Cherbourg, le 22 juillet.
- La
frégate la « Résolue »,
qui, dans la nuit du 22 au 23 juin dernier, avait été entraînée, par
les courants et les vents contraires, sur les rochers du cap Lévi, a
été relevée et mise à flot hier.
Cette
opération délicate, qui a exigé des travaux considérables et hors
des règles ordinaires de l'art, a été dirigée avec une rare
intelligence par M. Daviel, ingénieur de la marine. Cet habile
ingénieur n'a point cessé, pendant plus de quinze jours consécutifs,
de surveiller les ouvrages qui ont été exécutés jours et nuits à
bord du bâtiment. A peine avait il le temps de prendre ses repas et de
se livrer quelques instants au sommeil.
Enfin,
le problème difficile qui lui avait été confié a été résolu
complètement, quant à ce qui le concernait. Malheureusement il est à
regretter que le travail de l'ingénieur ayant si bien réussi, le vent
et les marées n'aient pas permis de faire franchir à la « Résolue »
Ies nombreux écueils dont elle est entourée, il est à craindre qu'on
ne soit obligé de la démolir sur le lieu même où elle est échouée.
Cependant on conserve encore quelque espoir de l'en retirer à la pleine
mer de la vive eau prochaine, si les vents ne sont plus contraires. (Mémorial
du Calvados)
Août
1833 -
Lettre du ministre du Commerce aux préfets. - Le
ministre du commerce vient d'adresser à MM. Les préfets du Nord, du
Pas-de-Calais, de la Somme, de la Seine-Inférieure et du Calvados, une
lettre à l'occasion des armements qui vont se faire dans nos ports pour
la pêche du hareng.
Le
ministre recommande l'exécution rigoureuse des lois qui répriment
l'introduction frauduleuse de poisson de pêche étrangère. La fraude
consiste à se procurer, à l'aide d'armements simulés, du hareng
acheté à vil prix sur les côtes d'Ecosse ou de Hollande, et à
l'apporter en France, sans payer de droit et avec le bénéfice du sel
délivré en franchise.
(Mémorial du Calvados)
Août
1833 -
Transport de l'obélisque. - L'allège
le « Luxor » est arrivé à Cherbourg, ainsi que le
bateau à vapeur le « Sphynx » Les deux navires sont
en très bon état.
Le
« Luxor » ne partira de Cherbourg qu'après le
départ du Roi, qui visitera dans ce port le monument voyageur. Ce ne
sera guère qu'à la fin du mois de septembre, quand les eaux seront un
peu hautes, que le bâtiment aux ordres de M. de Verninac pourra
remonter la Seine. Alors le « Luxor » viendra
s'amarrer à un des quais de Paris, où une cale aura été préparée,
et le monolithe en sera extrait comme il y a été introduit.
C'est
M. Lebas, ingénieur de la marine, celui qui a embarqué l'obélisque de
Luxor, que le ministère a chargé de dresser cette aiguille sur la
place de la Concorde.
Quand
à la cale de débarquement, elle sera exécutée par la direction des
ponts et chaussées, qui s'entendra avec M. Lebas pour la nature du
travail, la forme et l'emplacement de la cale. (Mémorial du Calvados)
Août
1833 -
Navires en constructions.
- On
construit dans ce moment, à Cherbourg, deux bâtiments à vapeur de la
force de 50 chevaux, pour le service journalier de la poste entre Calais
et Douvres. Ces bateaux ou paquebots sont exécutés sur les plans de M.
Moissard, officier du génie maritime, à qui l'on doit déjà le plan
du bateau le « Luxor », qui transporte en France
l'obélisque égyptien, et qui a été projeté sous la direction et
d'après les données de M. le baron Rolland, inspecteur général du
génie maritime. (Mémorial du Calvados)
Septembre
1833 -
Accidents. -
Deux marins
ont péri en rade dans le canot-pilote du port, le 3 septembre, à 8
heures du soir.
Le
même jour, un marin du cutter la « Constance » a eu
le bras emporté, en chargeant une pièce à bord de ce bâtiment, au
moment d'une salve. Ce marin a été transporté à l'hôpital, où il a
été amputé. (Mémorial du Calvados)
Octobre
1833 -
Visite de Sir Frédéric Maitland à Cherbourg. - Nous
avons annoncé dans notre dernier numéro que sir Frédéric Maitland,
commandant en chef du port de Portsmouth, était arrive à Cherbourg,
dans un des yachts de l’amirauté.
Cet amiral a visité avec détail toutes les parties de notre arsenal,
et a plus particulièrement porté son attention sur la corderie
mécanique, plusieurs pièces de cordages ont été faites en sa
présence, et, malgré les préjugés du maître cordier du dock yard
de Portsmouth qui l'accompagnait, M. Maitland a parfaitement reconnu, et
nous en avons la certitude, la grande supériorité de notre procédé
pour la beauté et la qualité de toutes espèces de cordages.
Nous
pensons que l'arsenal de Portsmouth ne tardera pas à être doté encore
une fois d'un nouveau monument du génie français, et que l'on verra
bientôt une corderie mécanique auprès de l'admirable machine à
poulie de M. Brunel.
Plusieurs
capitaines de vaisseau anglais, de haute distinction, ont aussi beaucoup
admiré l'installation de la barre de gouvernail du vaisseau le « Jupiter »
le procédé en est simple et ingénieux, et suivant eux il fait le plus
grand honneur à l'inventeur, M. Daviel. (Mémorial du Calvados)
Octobre
1833 -
Le chasse-marée « St-Jean ».
- Le
chasse-marée le « St-Jean », capitaine Bonnet,
allant de St-Martin à
Rouen, avec un chargement de vin, vient d'entrer en relâche forcée
dans notre port. Ce navire a subi, pendant sa traversée, des temps
affreux.
Le
23 septembre dernier, étant au large des Glénant, il eut
connaissance d'un sloop qui paraissait dans la plus grande détresse. Le
capitaine Bonnet fit monter un homme dans les haubans, afin de pouvoir
découvrir plus facilement, il aperçut à quelque distance un canot
chargé d'hommes qui ne pouvaient être que l'équipage de ce navire. Le
capitaine Bonnet fit alors tous les efforts possibles pour les sauver,
et ce ne fut qu'à une heure après midi qu'il put, après des peines
ouies, les recueillir tous à son bord. Ces malheureux étaient dans
l'état le plus déplorable, ils déclarèrent appartenir au sloop la
« Jeune-Pauline », de Bourg, capitaine Lataste.
Le
capitaine Bonnet, après leur avoir donné tous les soins que leur état
exigeait, les débarqua le même jour à Concarneau, où il fut forcé
de relâcher. Il est reparti de Concarneau le premier octobre, et depuis
ce moment, il a subi toutes les rigueurs du mauvais temps. Le 14, il
était affalé parmi les rochers du Raz, avec les temps les plus
affreux, il se trouva dans la nécessité de couper son grand mât, afin
de redresser le navire qui inclinait d'une manière dangereuse. La chute
du mât a occasionné la perte du taille-vent et le bois de la vergue de
misaine. La chaloupe fut écrasée, mais le navire se redressa lentement
et alors il put prendre les meilleures dispositions pour s'éloigner des
écueils. Dans l'après-midi, le temps devint plus calme, et le
lendemain il, put entrer dans Cherbourg, où il va maintenant subir les
réparations nécessaires pour continuer son voyage. Le capitaine Bonnet
craint qu'il n'existe quelques avaries dans le chargement. (Mémorial du
Calvados)
Novembre
1833 -
Suicide à Cherbourg.
- Sur
les sept heures du soir, mercredi dernier, un boulanger, nommé Vallée,
habitant Cherbourg, dans la rue des Portes, après s'être enivré
pendant le jour, s'est pendu dans son grenier. On ne connaît pas le
motif qui a pu le porter à un tel acte de désespoir. Il était âgé
de 41 ans. (Mémorial du Calvados)
Décembre
1833 -
Nouvelles de Mer. –
M. Achille Quoniam, notre compatriote, élève de première
classe, sur la corvette l' « Ariane », qui s'est
conduit d'une manière si brillante à l'affaire de Bougie, a été
promu par ordonnance royale du 5 novembre 1833, au grade de lieutenant
de frégate.
-
Le navire anglais « Racker », capitaine Smith, vient
d'arriver sur notre rade, venant de Québec avec une partie de matures
pour le Gouvernement. Il va entrer dans le grand-port
pour les y déposer, et ensuite faire voile pour Londres, dernier lieu
de sa destination. Ce navire avait 60 jours de mer. (Mémorial du
Calvados)
Janvier
1834 -
Sauvetage d'un Monument Historique à Querqueville.
- Le
monument de Kerkeville, connu sous le nom de Chapelle St-Germain, fut
presque entièrement
découvert, il y a quelques mois, par un ouragan, et la ruine totale de
cette construction remarquable aurait été bientôt la suite de cet
état de choses. M. Aug. Asselin,
alors directeur de la Société académique de Cherbourg, n'eut besoin
que d'en informer M. le préfet de la Manche, pour éveiller toute sa
sollicitude.
M.
le préfet répondit aussitôt qu'il allait réclamer avec instance du
gouvernement des fonds pour cette réparation, et il vient d'annoncer
que le ministre du commerce et des travaux publics avait accueilli sa
demande et mettait à sa disposition la somme nécessaire.
Ainsi,
grâce au zèle et à la bienveillance de notre premier magistrat et à
la protection du gouvernement, on va s'occuper sur-le-champ de réparer
les dommages, et les habitants de l'arrondissement de Cherbourg, comme
tous ceux de la presqu'ile du Cotentin verront avec une vive
satisfaction qu'on n'épargne rien pour conserver cette antique chapelle
de St- Germain, qui, après avoir été une église gauloise, avant
l'établissement du Christianisme, fut la première église chrétienne
de la presqu'ile.
(Mémorial du Calvados)
Février
1834 -
Pétition pour le rétablissement de la route entre Querqueville
et Cherbourg. - M.
de Bricqueville a déposé, sur le bureau de la chambre, une pétition
des maires et adjoints des communes des cantons de Beaumont et Osteville,
pour le rétablissement des communications entre le fort de Querqueville
et la ville de Cherbourg, interceptées par la mer qui a détruit la
route.
(Mémorial du Calvados)
Mars
1834 -
Nouvelle Ligne Maritime Cherbourg-Îles
Anglo-Normandes-Southampton.
- A
compter du 12 avril et jusqu'au 21 octobre de l'année 1834, le « Lord
Beresford », navire à vapeur, de 200 tonneaux et de la force
de 80 chevaux, partira chaque mois de Cherbourg pour les îles de
Guernesey et de Jersey ainsi que pour Southampton.
Ce
beau navire, qui ne le cède à aucun de sa classe pour tenir la mer et
pour la rapidité de sa marche, a été entièrement remis à neuf et
réunit tous les agréments qu'on puisse
désirer. (Mémorial du Calvados)
Juillet
1834 -
On lit dans le Journal de Cherbourg.
- Dans
l'après-midi, le 16 juillet, un incendie
a eu lieu sur la lande La More, commune de Bretteville. Cet incendie a été
occasionné par l'imprudence de deux enfants qui avaient allumé du feu
pour faire cuire des œufs.
Trois
vergées de bois jan et de bruyères, appartenant à M. Hervieu,
greffier de la justice de
paix de St-Pierre-Eglise, ont été brûlées. La
perte est évaluée à 300 francs. (Mémorial
du Calvados)
Septembre
1834 -
Les chevaux d'un voiturier assassinés.
-
Un pauvre et honnête voiturier de Cherbourg, le sieur Lecanu (
Jean ), père de 5 enfants a été, dans la nuit du 6 au 7, victime d'un
trait de scélératesse indigne. On s'est introduit furtivement dans son
écurie, et l'on a assassiné les deux chevaux qui étaient l'unique
moyen d'existence de lui et de sa famille.
L'auteur
de ce lâche attentat est jusqu'à présent inconnu, et Lecanu déclare
n'avoir point un seul ennemi sur lequel il puisse arrêter ses
soupçons. Espérons cependant que le coupable finira par tomber entre
les mains de la justice.
Aussitôt
que le bruit d'un crime aussi lâche s'est répandu dans Cherbourg, de
généreux citoyens ont fait courir des listes de souscription, et l'on
a l'espoir que la valeur des deux chevaux tués ( estimés à 900 fr.
environ ) sera bientôt retrouvée. (Mémorial du Calvados)
Janvier
1835 -
Le temps. -
Au lieu
d'amener une pluie si nécessaire, depuis si longtemps désirée, le
temps paraît devoir se fixer à la gelée.
La
nuit dernière, le thermomètre est descendu jusqu'à 6° au-dessous de
zéro. L'atmosphère est très pure, le baromètre est plus élevé
qu'il ne l'ait été de l'année, et tout fait présager un froid vif et
soutenu. (Le Pilote du Calvados)
Janvier
1835 -
Les duels. -
On assure
que, depuis quelque temps, un assez grand nombre de duels ont eu lieu
entre les militaires du 7e de ligne, en garnison à Caen.
C'est derrière l'établissement des abattoirs que les rencontres ont
ordinairement lieu.
A
la fin de la semaine dernière, un soldat a reçu une blessure que l'on
dit grave, et plusieurs autres ont été blessés légèrement. (Le
Pilote du Calvados)
Janvier
1835 -
Nouvelle expédition pour retrouver le
brick « La Lilloise ».
- Un
brick de guerre va entrer en armement à Cherbourg, pour aller, au
printemps prochain,
dans les mers du Nord, à la recherche du brick la « Lilloise »,
dont les traces n'ont point été retrouvées, malgré l'activité des
recherches faites, l'été dernier, par le brick la « Bordelaise ».
Quelque
faible que soit l'espoir à l'égard du capitaine de Blosseville, le
gouvernement veut continuer des recherches jusqu'à présent
infructueuses.
Le
Journal de Cherbourg, qui nous parvient ce matin, confirme cette
nouvelle. C'est la gabarre la « Pourvoyeuse » qui est
désignée pour faire la campagne d'Islande.
Le
brick-canonnière la « Bordelaise », qui fit l'année
dernière cette expédition, vient de partir de Cherbourg pour le Sénégal,
le 2 janvier, sous les ordres de M. Condé, lieutenant de vaisseau. (Le
Pilote du Calvados)
Février
1857 -
Nous lisons dans les journaux de Cherbourg. - Un
violent incendie qui a mis une partie de la population Cherbourgeoise en
émoi, a éclaté vendredi soir vers 11 heures, dans un atelier de
menuiserie situé place de la Trinité, en moins
d'en quart d'heure, l’établissement était tout embrasé, les gerbes
de feu s'élevaient à plus de 20 mètres au-dessus du toit et se
répandaient à une très grande distance. Cet atelier était entouré
de ces hideuses habitations qui couvrent en grande partie ce quartier,
le plus insalubre de la ville, on s'est empressé de déménager toutes
les maisons attenantes, la fumée traversait déjà le pignon et
suffoquait les malheureux qui n'ont eu que le temps de se sauver à
demi-vétus.
Malgré
le zèle et l’énergie déployés par les pompiers de la ville et de
la marine qui ont attaqué le feu par quatre rues différentes,
l'élément destructeur n'en a pas moins consumé en entier l’établissement
et endommagé les maisons voisines.
Chacun
a largement participé à porter secours, on a même pu remarquer
certains actes de zèle et de courage, J. Bérard, capitaine de
pompiers, et M. l'architecte de la ville s'étaient les premiers rendus
sur le lieu du sinistre, nous les avons vus à différentes reprises
dans le foyer même de l'incendie. M. le commissaire central a aussi
montré beaucoup d'énergie, nous
avons
aussi remarqué une audace extraordinaire chez deux braves marins, l’un
que nous ne connaissons pas, l’autre est un nommé Gosselin, déjà
médaillé pour des actes de courage.
Les
marins et soldats ont largement participé à arrêter les progrès de
l'incendie. (Le Moniteur
du Calvados)
Février
1857 - La foudre. -
Dans la nuit
du 25 au 26 janvier, la foudre a brisé les fils du télégraphe
électrique de la ligne de Cherbourg, entre le haut des Rouges-Terres et
le Mont-à-la-Kaine, sur une longueur de 7 kilomètres. Le fluide a
détaché les fers qui sont scellés dans les porcelines et qui
supportent les fils. Il s'est arrêté dans ses ravages à un brusque
détour de la ligne télégraphique. La communication a été rétablie
dans la journée. Il y avait sur le parcours où l’accident a eu lieu
de 12 à 15 centimètres de neige. (Le Moniteur du Calvados)
Février
1857 - Des essais.
- La
frégate à vapeur à grande vitesse I’ « Impétueuse »,
de la force de 800 chevaux, a mis en rade dans l'après-midi du 28
janvier, et a commencé le lendemain ses essais de marche.
La
corvette à vapeur la « Biche »
a mis en rade le 30 janvier, aussi pour faire ses essais de marche, par
suite du changement de son système moteur. (Le Moniteur du Calvados)
Février
1857 - Départ pour la Chine.
- Le
transport mixte la « Meurthe »
et la canonnière å vapeur l' « Avalanche »,
qui avaient relâché à Darmouth, en se rendant de Cherbourg
en Chine, ont repris la mer le 26 janvier par vents de E.-N.-E., forte
bourrasque, temps couvert, grosse mer. (Le Moniteur du Calvados)
Août
1857 - On lit dans Le Phare de la Manche.
- Les Journaux
de Ja Manche ont mentionné avec détails l'agréable surprise faite,
dans la Journée du 17 août, par la reine d'Angleterre à la population
de Cherbourg. Sa Majesté britannique et le prince Albert, avec six de
leurs enfants, arrivés inopinément en rade le 17 août, dans la
soirée, sont descendus à terre le lendemain et ont parcouru la
ville.
Le
Phare de la Manche
résume ainsi le récit de cette royale visite :
La
visite de la reine d'Angleterre à Cherbourg a été favorisée par la
température la plus propice. Lundi 17 août, jour de l'arrivée de Sa
Majesté mardi 18, jour de son débarquement, de sa promenade dans la
ville, de son excursion dans la campagne, et mercredi 19, jour de son
départ, le temps a été d'une splendeur admirable. Ainsi que nous
l'avons dit, Sa Majesté britannique est arrivée incognito à
Cherbourg, où personne ne l'attendait. Elle est débarquée sur notre
territoire, avec le prince son époux et ses enfants, sans un seul
officier anglais pour l'escorter, se confiant avec magnanimité à la
loyauté française et ne voulant pas d'autre garde, comme l'Empereur
Napoléon s'était noblement confié à la loyauté anglaise quelques
jours auparavant. Ces sentiments réciproques des deux souverains
alliés pour l'une et l'autre nation, honorent d'ailleurs les deux
grands peuples qui marchent à la tête de la civilisation du monde. Sa
Majesté britannique a été reçue à Cherbourg de la manière la plus
courtoise et la plus cordiale. La gracieuse Reine a charmé notre
population et conquis ses sympathies. Elle n'a fait que passer parmi
nous, et sa courte apparition sur nos rives a suffi pour l’y rendre
populaire. Espérons que l'an prochain il nous sera donné d'acclamer
une autre souveraine qui possède aussi le don de charmer par ses
grâces les populations qu'elle visite espérons
que LL MM. Empereur et l'impératrice viendront à Cherbourg à
l'occasion de l’immersion de l'arrière bassin du port, de
l'inauguration de la statue de Napoléon 1er
et de l'ouverture
du chemin de fer, trois grandes solennités qui, croit-on, auront lieu
simultanément. La réception affectueuse que nos concitoyens viennent
de faire à la nation, honorent
d'ailleurs les deux giall de la civilisation du monde Sa Majesté
britannique a été reçue à Cherbourg de la manière la plus courtoise
et la plus cordiale. La gracieuse Reine a charmé notre population et
conquis ses sympathies. Elle n'a fait que passer parmi nous, et sa
courte apparition sur nos rives a suffi pour ly rendre populaire
Espérons que l'an prochain il nous sera donné d'acclamer une autre
souveraine qui possède aussi le don de charmer par ses grâces les
populations qu'elle visite espérons que LL.. MM. Empereur et
l'impératrice viendront à Cherbourg à foccasion de l'immersion de
l'arrière bassin du port, de l'inauguration de la statue de Napoléon
1er et de l'ouverture du chemin de fer, trois grandes solennités qui,
croit-on, auront lieu simultanément.
La
réception affectueuse que nos concitoyens viennent de faire à la reine
d'Angleterre, nous est un témoignage que Cherbourg mérite bien d'être
honoré de la visite de Leurs Majestés Impériales. En nous quittant la
reine Victoria a donné à Cherbourg une somme de 100 liv. sterl, dont 1
000 fr. pour les pauvres de la ville, 1 000 fr. pour concourir à la
construction de nouvel hospice, et 500 fr. pour les orphelines
indigentes et les vieilles femmes sans ressources recueillies dans
l'établissement charitable de Sainte Marie (Source L'Indicateur de
Bayeux)
Mars
1858 - Une statue. - La
statue équestre et colossale de l'empereur Napoléon 1er, destinée à
être devant le port de Cherbourg, vient d'être coulée avec un plein
succès, par MM. Eck et Durand, les célèbres fondeurs. Cette statue,
modelée par M. Levéel, sera prochainement exposée dans la cour du
Louvre, avant de partir pour sa destination. Le coulage a eu lieu le 5
février, on l'a retirée du moule ces jours derniers. (Source: L'Indicateur
de Bayeux)
Avril
1858 -
On lit dans le Courrier du Havre.
-
Il parait décidé que l'Empereur assistera à l'inauguration du
chemin de fer de Cherbourg et à celle de la statue équestre
de Napoléon 1er due au ciseau d'Armand Levéel, placée sur le port de
cette ville. On se propose, dit-on, de réunir pour ces fêtes les deux
escadres d'évolution, celle de Toulon, commandée par le vice amiral
Romain-Desfossés, sénateur, l'autre, celle de Brest commandée par le
vice-amiral Lavaud (Source: L'Indicateur de Bayeux)
Décembre
1858 - On iit dans Le Phare de la Manche.
- Les vaisseaux
mixtes le « Donawerth
», de 80 canons el de 450 chevaux, portant le pavillon de M. le
contre-amiral Jehenne, et « Austerlitz »,
de 90 canons 500 chevaux, ont mouillé sur la rade de Cherbourg mercredi
15 décembre, à 5 heures du soir, venant de Brest, d'où ils étaient
partis dans la nuit du 13 au 14. L' « Austerlitz »
a besoin de réparations et va désarmer; il a débarqué ses poudres et
est entré dans le port. Il sera remplacé dans l'escadre d'évolutions
par le vaisseau à vapeur l' « Alexandre »,
sur lequel passe son état-major et son équipage. Le vaisseau à vapeur
« Arcole »,
qui fait partie de la division de M. le contre-amiral Jehenne, a
terminé ses réparations et reprend son armement.
Sous
quelques jours, nous aurons donc dans nos eaux trois vaisseaux armés le
« Donawerth», « Arcole » et « Alexandre ».
Nous avons en outre six vaisseaux désarmés
ou en commission dans le port: « Austerlitz », la « Ville-de-Nantes»,
le « Saint-Louis », le « Tourville », le « Jemmapes
» et le « Bayard ». Le « Bayard »
est entré dans une des
formes de l'arrière bassin, où il sera converti en bâtiment mixte,
sans qu'il soit nécessaire, comme pour
opérer la transformation du « Donawerth » et du « Saint-Louis »,
de le haler à terre et de le remonter sur le chantier. (Source L'Indicateur
de Bayeux)
Mai
1860 - On lit dans le Phare de la
Manche. - Les
vents qui ont soufflé de la mer depuis quelque temps ont encore jeté
sur le rivage un certain nombre de cadavres provenant du naufrage du
navire américain «Luna
». Jusqu'à présent, on a retrouvé 59 cadavres : 41 hommes, 13
femmes, et 5 enfants; 43 ont été retrouvés à Gatteville, 10 à
Barfleur, 2 à Néville, 1 à Réthoville, 1 à Réville, 1 à la digue
de Cherbourg et 1 à Dieppe, le pilote Guillon. 33 de ces malheureux
naufragés restent encore à la mer.
Les derniers cadavres étaient à peine reconnaissable, c'étaient des
tronçons, des lambeaux de chair déchirés contre les rochers, c'était
horrible à voir ! Ce spectacle déchirait le cœur. (Le Phare de la
Manche)
Juin
1861 - On lit dans le premier numéro de la Vigie de
Cherbourg. -
Une dépêche
télégraphique, arrivée samedi matin à Cherbourg, ordonne le départ
de 1 400 hommes d'infanterie de marine pour la Cochinchine, sous les
ordres de M. le chef de bataillon Briart, du 2e régiment.
Le
1er régiment, en garnison dans notre ville, fournira 600
hommes, dont deux capitaines, MM. de Mauduit et de Barmen ; deux
lieutenants, MM. Basle et Eichelberger ; et un sous-lieutenant,
M. Bourchet.
Il
est également question du départ de deux batteries d'artillerie de
marine pour la même destination. (
L’Ordre et la
Liberté )
Juin
1861 - Une adjudication.
- Le
1er juillet prochain, il sera procédé, au port de Cherbourg, à
l'adjudication de l'entreprise suivante : Construction des
établissements définitifs
de la Corderie, travaux estimés à la somme de 1 200 000 fr.
Cautionnement à fournir après l'approbation du marché, 60 000
fr. ( L’Ordre et la Liberté )
Juin
1861 - Une
revue. - Le
maréchal Baraguay d'Hilliers, commandant en chef les troupes de toutes
armes stationnées dans la 5e circonscription territoriale
militaire de
l'empire, dont le département de la Manche fait partie, a du arriver à
Cherbourg dimanche. Les troupes de la garnison avaient reçu les ordres
pour être passées en revue le lendemain. ( L’Ordre et la Liberté )
Juin
1861 - La défense des côtes.
- La
commission mixte de la défense des côtes, présidée par M. le
général de division d'artillerie marquis de La Place, est réunie à
Cherbourg depuis jeudi, et exécute tous les jours, à la batterie
Sainte-Anne ou à la Digue, des expériences de bouches à feu, de
projectiles et de tir.
Cette
commission est composée de MM. les généraux d'artillerie de La Place,
Lebœuf et Soleille, le contre-amiral Jurien de la Gravière, le
capitaine de vaisseau Dubut, les colonels d'artillerie Pélissier et
Pourchet, le chef d'escadron d'artillerie Piedfort. ( L’Ordre et
la
Liberté )
Juin
1861 - L’orage. -
Un
violent orage a éclaté sur Cherbourg, jeudi 20 juin, de 7 à 8 heures
du matin. La nue électrique, étendant un voile opaque entre le
rayonnement du soleil et la terre, et produisant une obscurité plus
intense que celle d'une éclipse totale, était si rapprochée du sol,
que les détonations de la foudre succédaient presque immédiatement
aux éclairs qui les accompagnaient, malgré l'énorme différence de
rapidité entre la transmission de la lumière et celle du son.
La
foudre est tombée plusieurs fois dans le voisinage de Cherbourg, entre
autres, à deux endroits sur les hauteurs d'Octeville, et à la
Bouteillerie, à Tourlaville, mais sans causer aucun dommage.
C'est
en mer, au large de la Digue, qu'elle a pris pour sa victime un
malheureux navire.
Le
sloop le « Sauveur », de 40 à 50 tonneaux, patron
Lemonnier, armateur M. Bienvenu, ayant 3 hommes d'équipage et 1 mousse,
était parti de Cherbourg à la marée pour aller prendre un chargement
de sable sur la côte de Fermanville. Immobilisé par le calme et
surpris par l'orage, il a été foudroyé à 8 heures moins 1/4 du
matin, å 5 milles dans le N.-O. du Cap-Lévi. La mature seule a été
frappée. Son mât a été entamé dans toute sa longueur et rompu en
trois morceaux, la partie supérieure est tombée sur le pont avec la
bome, le verre de l'habitacle a été brisé par la commotion. La coque
n'a pas été atteinte.
Les
quatre hommes de l'équipage étaient en ce moment assis à l'arrière,
et, par un bonheur tout providentiel, ils n'ont reçu ni blessure ni
contusion au milieu des éclats de bois et des débris de la mature qui
ont couvert le pont.
Mis
à l'état de ponton, le navire a été pris à la remorque par le
pilote Gosselin, qui se trouvait dans les mêmes eaux, et amené dans le
port de Cherbourg. Il remplace sa mature mise en pièces, et pourra
reprendre la mer ces jours-ci. (Phare
de la Manche.)
Août
1861 - Le Roi de Suède.
- Le
bâtiment qui a transporté le roi de Suède au Havre et sa conserve
sont arrivés mercredi soir sur la rade de Cherbourg, où ils attendront
S. M. Charles XV, qui viendra
s'embarquer dans ce port pour retourner dans son royaume. ( L’Ordre et
la Liberté )
Août
1861 - Le 1er
régiment d'infanterie de marine.
- Le
détachement de 600 hommes que le 1er
régiment d'infanterie de marine avait à diriger sur Toulon pour la Cochinchine,
est parti de Cherbourg mercredi, à 6 heures du Soir, par un train
spécial.
Ce
détachement est sous les ordres de M. le capitaine de Mauduit.
L'état-major et la musique du régiment l'ont conduit à la gare dès 5
heures. ( L’Ordre et la Liberté )
Janvier
1862 -
Tableau officiel. -
D'après les
tableaux dressés officiellement
en 1861, et qui seront considérés comme seuls authentiques pendant
cinq ans, à partir du 1er
janvier dernier, la population des cinq départements de l'ancienne
Normandie s'élève au total à 2 681 412, divisé ainsi :
Calvados.
480.992
Eure.
598,661
Manche.
591,421
Orne.
425,350
Seine-Inférieure.
789,988
(Journal
de Honfleur)
Janvier
1862 -
Un navire suspect. -
Le Phare de la
Manche publie ce qui suit sur le navire suspect qui vient d'entrer dans le
port de Cherbourg :
Le
brick « Emmanuel
d'Helly »,
capitaine Talguen, parti de Londres avec un chargement de diverses
marchandises à destination de la Conception (rivière de l'Uruguay),
est entré, le 5 janvier, dans notre port pour se faire franciser. Il a un
équipage de 10 hommes et 9 passagers. Il a été obligé de prendre la
mer d'urgence, selon le rapport du capitaine, aussi est il arrivé à
Cherbourg sans une seule embarcation à bord, sans compas, sans voiles de
rechange et autres objets indispensables pour entreprendre une navigation
de long cours, il doit prendre tout cela ici, où des experts seront
nommés pour constater les choses qui lui manquent. Il n'a pas non plus de
rôle d'équipage.
Un
navire venant d'un port voisin dans cet état insolite, a naturellement
inspiré des soupçons. Lundi soir, une garde de six hommes d'infanterie
de marine a été placée à bord par
ordre supérieur, et y est restée vingt quatre heures, c'est à dire
jusqu'à ce que l'on ait reçu des renseignements précis.
L'odyssée
de ce navire est en effet assez étrange. Construit à Gênes, et se
trouvant dans la mer des Antilles, « Emmanuel
d'Helly » était
arrivé de la Dominique à Londres sous pavillon anglais, et après un
temps plus ou moins long, il part subitement d'Angleterre avec une
cargaison, mais dépourvu des choses de première nécessité, pour venir se
faire franciser à Cherbourg. (Journal de Honfleur)
Janvier
1862 -
Le « Emmanuel-d'Helly ».
- Le
même journal ajoute dans son dernier numéro :
Les
correspondants de Cherbourg ont adressé à différents journaux, le
récit des premiers bruits qui ont couru sur le brick l' « Emmanuel-d'Helly »,
dont nous avons annoncé l'entrée dans notre port. D'après les uns, ce
navire serait chargé d'armes et de munitions de guerre ; selon les
autres, il serait un contrebandier, une sorte de flibustier et aurait à
son bord des individus de la plus dangereuse espèce.
Rien
de tout cela n'est vrai. Nous avons dit à peu près ce qu'est ce navire,
qui vient d'être francisé et attaché à notre port. Il se nomme
aujourd'hui « Emmanuel
d'Helly », de
Cherbourg. Il est commandé par le capitaine Talguen, de St-Malo, et a
pour armateur avoué M. Marley, de la Martinique, qui se trouve à bord.
(Journal de Honfleur)
Janvier
1862 -
On écrit de Cherbourg, le 7 janvier.
- Un
fait sans précédent vient de se produire dans notre port de commerce. Un
ordre ministériel, arrivé hier soir de Paris, a ordonné de faire
occuper militairement le brick « Emmanuel
d'Helly »,
capitaine Talguen, venant de Londres et se rendant à la Conception
(rivière de l'Uruguay). Ce navire était entré dans notre port le 2
janvier, et le capitaine, qui est Français, n'a pu produire aucun papier
de bord. Les dix hommes de l'équipage, composé d'Espagnols, d'Anglais et
de gens de couleur, ainsi que les neuf passagers, tous hommes à air très
résolu, sont consignés à bord. Beaucoup de versions circulent dans la
ville à ce sujet ; mais ce qui parait le plus probable, c'est que le
brick « Emmanuel d’Helly » est chargé de munitions
et de contrebande de guerre. (Journal de Honfleur)
Janvier
1862 -
Le sauvetage en mer. -
On écrit de
Paris qu'on s'occupe au ministère de la marine de l'organisation de
moyens de sauvetage sur le littoral français.
Ce
projet ne saurait trop tôt être mis à exécution et avec trop de zèle.
Les naufrages sont fréquents, ils se multiplient en raison de l'activité
croissante de la navigation, et chaque année voit périr bien des
victimes que des secours plus efficaces pourraient arracher à la mort.
Dans
la Grande-Bretagne, on travaille avec persévérance à accroître le
nombre des stations de sauvetage, il y en avait 124 à la fin de 1856 et
173 à la fin de 1860. L'institution nationale de sauvetage a créé de
nombreuses stations que dirigent des comités locaux. Des bateaux de
sauvetage sont placés sur bien des points du littoral avec des voitures
de transport et des abris convenables pour leur conservation.
Depuis
son origine, cette société a sauvé plus de 12 000 personnes. Elle
distribue des médailles, des diplômes honorifiques et des récompenses
en argent. Dans une période de 55 ans (c'est en 1824 qu'elle a été
créée), elle a décerne 82 médailles en or, 666 médailles en argent et
une somme de 350 400 fr. en récompenses pour faits de sauvetage, elle a,
en outre, dépensé 1 158 760 fr. pour organiser des stations.
Nous
croyons qu'il est utile de signaler ces faits, parce qu'il y a encore
beaucoup à faire en France sous ce rapport. (Journal de Honfleur)
Avril
1862 -
La pêche des huîtres.
- La
population maritime du quartier de Cherbourg possède sous sa main une
source de richesses. Il a été pêché sur le littoral de ce quartier,
pendant l'année 1861, 21 millions d'huîtres, qui, au prix moyen de 20
fr. par millier, forment 420 000 fr,
Dans
le quartier de la Hougue, cette pèche a été plus abondante encore. On a
recueilli sur son littoral 33 millions d'huîtres, ce qui, au prix moyen
de 20 fr. le mille, donne un produit de 660 000 fr.
Cette
pêche, tant sur le littoral du quartier de Cherbourg que sur celui de la
Hougue, est susceptible d'un très grand développement, eu égard à la
supériorité des produits, notamment sur les côtes à l'ouest de
Cherbourg. (Phare de la Manche.)
Août
1862 - La troupe pour le Mexique. - De
tous côtés on presse l'embarquement des troupes destinées à renforcer
notre brave corps d'armée du Mexique. Ce soir, demain
et après-demain, des convois spéciaux du chemin de fer, chargés de
troupes, passeront à Caen, en destination pour Cherbourg. (l’Ordre
et la Liberté)
Septembre
1862 - Les pierres
sépulcrales. -
On va
faire revenir de Cherbourg à Paris, pour être mis dans le musée des
souverains, les pierres sépulcrales de Napoléon
1er à Sainte-Hélène, lesquelles étaient restées dans le
port français, lorsqu'elles furent débarquées de la « Belle-Poule »
qui, sous le commandement du prince de Joinville,
ramenait les restes de Napoléon 1er. (l’Ordre et la
Liberté)
Novembre
1862 -
Le mauvais temps. -
Le
Courrier de Cherbourg
signale le mauvais temps qui règne sur nos côtes, soumises,
paraîtrait-il, à une seconde édition des rafales équinoxiales.
Jusqu'à ce jour, cependant, on n'a aucun sinistre à déplorer.
(l’Ordre et la Liberté)
Décembre
1862 -
L'hôpital
Napoléon III.
- Nous
parlions, il y a quelques jours, de la solennelle inauguration de
l'hôpital Napoléon III à Cherbourg, monument hospitalier construit
d'après les plans et sous la direction de M. Geuffroy. Les succès de cet
habile architecte ont reçu tout aussitôt leur récompense. Il vient
d'être chargé de la construction de l'hôpital Saint-Louis de Bayonne.
(l’Ordre
et la Liberté)
Décembre
1862 -
On
écrit de Cherbourg.
- Un
nouveau bataillon d'infanterie de marine va être envoyé en Cochinchine.
Quatre officiers du 1er régiment sont désignés pour partir; ils
rejoindront à Toulon. On travaille avec activité à l'armement de la
frégate à vapeur Impétueuse, destinée à faire une campagne
très-prochaine dans les mers du Sud. (l’Ordre
et la Liberté)
Décembre
1862 - On écrit de Cherbourg, le 23 décembre. - Une
heureuse nouvelle a été annoncée hier au nombreux personnel ouvrier de
l'Arsenal : Il est alloué à tous les ouvriers du port, à partir du 1er
de ce mois et jusqu'à nouvel ordre, un supplément de salaire de 25
centimes par jour, à cause de la cherté des vivres.
-
Ce matin, vers 8 heures, un des bœufs que l'on embarquait pour
Guernesey sur le sloop « Mars », s'est échappé des
mains de ses gardiens et est entré dans le café de Paris,
a fait le tour de la salle et du billard, et est reparti sans causer de
dommage. (l’Ordre et la Liberté)
Avril
1863 - A l’Honneur.
- Sur
la liste des récompenses accordées par le ministre de l'intérieur pour
des actes de dévoûment, nous voyons avec plaisir figurer les noms de
deux courageux citoyens qui ont obtenu chacun une médaille en argent de 2e
classe, ce sont :
M.
Chappe (Agénor-Joseph), brigadier au haras impérial du Pin, qui, à
Saint-Pierre-sur-Dives, le 30 mars 1862, s'est rendu maître d'un cheval
emporté, attelé à une voiture dans
laquelle était une personne.
M.
Belloy, lieutenant de sapeurs-pompiers de Cherbourg : dévouement
éprouvé dans plusieurs incendies (Cherbourg, 19 novembre
1858 ; 2 novembre 1860).
(l’Ordre et la Liberté)
Mai
1863 - Le « Grand-Amiral ».
- La
magnifique frégate à vapeur russe le Grand-Amiral, commandée par le
capitaine de vaisseau Rugney, a mouillé sur la rade de Cherbourg
dans la soirée du 15 mai, venant de Gibraltar et se rendant à Cronstadt.
Les saluts d'usage ont été immédiatement échangés entre ce bâtiment
et la terre.
D'autres
navires russes doivent, dit-on, venir relâcher à Cherbourg, où l'on
attend également, vers la fin du mois, une division navale suédoise
venant de la Baltique. (l’Ordre
et
la Liberté)
Mai
1863 - Une tempête.
- On
mande de Cherbourg, le 19 mai, que la nuit précédente a été marquée
par une forte tempête de nord-est, qui a augmenté de violence avec le
jour, et qui n'est pas encore calmée. Pendant toute la matinée, la mer a
été affreuse, déferlant avec impétuosité sur les quais et sur la
digue.
Toute
communication par bateau a été interdite momentanément avec la rade. Le
navire-pilote le « Lutin » a cassé sa chaîne au
mouillage, et a été drossé sur le rivage de Chantereyne,
où il s'est défoncé.
D'autres
avaries ont eu lieu sur divers points. (l’Ordre et la Liberté)
Mai
1863 - Une nomination.
- M.
le capitaine de vaisseau Roussin vient d'être nommé commandant de la
frégate cuirassée le « Solferino », en expériences
à Cherbourg. (l’Ordre et la Liberté)
Juin
1863 - Avis. -
On
annonce que l'administration des tabacs vient de prendre une mesure qui
sera approuvée par les consommateurs. Les débits de tabac pourront dorénavant
livrer au public des paquets de tabac à fumer de 100 grammes (1 fr.)
Jusqu'à présent, les moindres paquets étaient de 200 grammes (2 fr.) (l’Ordre
et la Liberté)
Juin
1863 - On écrit de Cherbourg. - Le
vaisseau cuirassé et éperonné le « Solferino »
fait en ce moment l'admiration des gens de mer.
C'est
une machine de guerre formidable. L'éperon est fixé à l'étrave, ou
plutôt c'est tout le navire qui est fixé à lui, de telle sorte que les
chocs qu'il doit donner seront supportés
par le vaisseau entier. La prévision des ingénieurs a été jusqu'à
parer aux inconvénients qui pourraient résulter de ces chocs pour
l'arbre de couche qui meut les hélices. On a donné à cet arbre la
faculté de pouvoir reculer sans causer d'accidents dans l'économie des
machines.
Un
autre vaisseau semblable, construit à Rochefort, est attendu à
Cherbourg, où il complétera son armement.
On
fait sur les cuirasses des navires du port de Cherbourg l'essai d'une
peinture dont l'inventeur est un Anglais, et dans laquelle l'essence de
houille entre dans une assez large proportion, comme préservatif certain
contre l'oxydation des plaques du blindage. (l’Ordre et
la Liberté)
Juillet
1863 - L’escadre à Cherbourg.
- Il
y aura bientôt dans les eaux de Cherbourg tout une escadre de bâtiments
cuirassés ; quatre sont déjà mouillés sur rade : le vaisseau à
éperon le « Solférino », les frégates la
« Normandie », la « Couronne » et l'
« Invincible ». Deux autres sont attendus: le vaisseau
à éperon le « Magenta », venant
de Brest, et la frégate la « Gloire », venant de
Toulon.
La
réunion à Cherbourg de ces six navires blindés a pour but de faire une
série d'expériences comparatives, afin de fixer l'opinion des hommes
spéciaux sur les questions de
science nautique que soulève ce nouveau type de bâtiments. (l’Ordre et
la Liberté)
Octobre
1863 - On lit dans la Vigie de Cherbourg. -
Dix frégates sont en chantier et prêtes, ou à peu près, à
prendre armement : ce sont la « Flandre », la « Gauloise »,
la « Guyenne », la « Magnanime », la
« Provence », la « Revanche », la
« Savoie », la « Surveillante », la
« Valeureuse » et l' « Héroïne ». (l’Ordre
et la Liberté)
Novembre
1863
-
On lit dans la Vigie de Cherbourg, du 12 novembre.
-
La corvette américaine confédérée « Georgia »,
commandant Maury, est entrée hier, dans l'après-midi, dans le port
militaire, après débarquement de ses poudres. Elle sera placée dans
l'une des formes du bassin Napoléon III, l'état de sa coque exigeant de
promptes réparations.
Ce
sera le deuxième bâtiment des États confédérés auquel le
gouvernement français aura prêté le secours de ses arsenaux. (l’Ordre
et la Liberté)
Novembre
1863 - On lit dans la Vigie
de Cherbourg, du 12
novembre. -
La corvette américaine confédérée Georgia, commandant Maury,
est entrée hier, dans l'après-midi,
dans le port militaire, après débarquement de ses poudres. Elle sera
placée dans l'une des
formes du bassin Napoléon III, l'état de sa coque exigeant de promptes
réparations.
Ce
sera le deuxième bâtiment des États confédérés auquel le
gouvernement français aura prêté le secours de ses arsenaux. (l’Ordre
et la Liberté)
Décembre
1863 - Un accident maritime.
- Le
3, un accident déplorable a eu lieu à Cherbourg. Une
embarcation de la Couronne, montée par 31 matelots et commandée par un
lieutenant de vaisseau qui se portait au secours d'un sloop en péril,
s'est brisée contre des récifs, et deux hommes seuls ont échappé au
désastre.
L'officier
qui commandait cette embarcation était M. le lieutenant de vaisseau de
Besplas, ancien aide de camp de l'amiral Hamelin, officier distingué, et
auquel un très bel avenir semblait réservé.
Les
29 marins qui ont péri étaient tous des matelots d'élite. (l’Ordre et
la Liberté)
Décembre
1863 -
Sinistre maritime à Cherbourg.
- Nous
avons parlé, dans notre dernier numéro, de l'affreuse catastrophe
arrivée dans la nuit de mercredi dernier à Cherbourg,
et dans laquelle ont péri victimes de leur dévouement et de leur courage
M. le lieutenant de vaisseau de Besplas et tous les hommes de son
équipage.
Le
Constitutionnel
contient les détails suivants sur ce lamentable événement :
-
Le sloop français
« Argus »,
de Granville, capitaine Deslandes, se rendait à Cherbourg, venant du
Havre, avec une cargaison de marchandises. Battu par la tempête qui sévissait
dans toute sa force, il alla échouer, vers trois heures du matin, sur le
rocher le Happetout, à la pointe N.-O. de l'île Pelée. La mer était
furieuse, et le bâtiment, battu par les flots, était menacé d'une
destruction complète; on entendait les cris désespérés de l'équipage
qui appelait au secours.
C'est
à ce moment que le grand canot de la frégate cuirassée la « Couronne »
sortit du port sous le commandement de M. le lieutenant de vaisseau
Ferdinand de Besplas, pour
tenter le sauvetage du navire en péril. M. de Besplas avait à son bord
dix-huit intrépides marins, tous décidés comme lui à braver les
dangers de cette nuit affreuse et à secourir
à tout prix les malheureux naufragés.
Le
canot accosta bientôt l’ « Argus »,
et on se mit courageusement à l'œuvre pour le relever.
On y parvint après des efforts inouïs et l' « Argus »
se remit à flot.
Le
petit vapeur de rade, la « Navelle »,
avait remorqué l’embarcation de la « Couronne »
sur le lieu du sinistre. Les trois embarcations tentèrent de regagner
Cherbourg. L'équipage de l' « Argus »
était tellement épuisé qu'il ne pouvait plus manœuvrer.
Il
était en ce moment huit heures du matin. Un affreux coup de vent survint
et brisa les remorques entre le vapeur et les deux embarcations qui, à sa
suite, tentaient de regagner le port. Les courants et de violentes rafales
emportèrent l' « Argus »,
qui alla faire côte dans l'anse du Moulin. Le capitaine Deslandes fut
noyé en mettant sa chaloupe à la mer.
D'un
autre côté, le canot de la marine impériale faisait route vers le cap
Levi. Il avait été impossible de rétablir les remorques brisées, et le
bateau à vapeur ne put même recueillir à son bord les hommes de
l'équipage. Arrivé à la côte de Fermanville, le canot fut renversé
par la lame et se brisa entièrement sur les rochers.
Deux
hommes seulement de l'équipage ont été relevés sans connaissance par
des douaniers. Les seize autres marins avaient péri victimes de leur
dévouement.
Le
lendemain matin, on a retrouvé le corps du brave officier, M. de Besplas,
qui avait montré tant de courage et de zèle éclairé dans la mission
qu'il avait été chargé de remplir.
S.
Exc. M. le ministre de la marine, à la nouvelle de ce cruel événement,
a envoyé un de ses aides de camp, M. Dumas, porter à la famille de M. de
Besplas les témoignages de sa sympathie, M. le contre-amiral de la
Roncière est parti aussitôt pour Cherbourg. M. de Besplas, qui emporte
les regrets de ses chefs, n'était âgé que de 32 ans.
Ce
n'est pas seulement parmi nos marins que ce fatal événement causera une
douleur profonde, la consternation qu'il a causée à Cherbourg sera
ressentie dans toute la France.
P.-S.
L'Empereur, voulant honorer la mémoire du lieutenant de vaisseau de
Besplas et de ses compagnons d'infortune, a ordonné que leurs obsèques
fussent célébrés avec une grande solennité. C'est aujourd'hui (5
décembre). Qu’a eu lieu la triste cérémonie. Toutes les troupes de
terre et de mer avaient pris les armes. Tous les navires avaient le
pavillon en berne et le canon se faisait entendre à de courts
intervalles.
La
population tout entière s'est jointe à l'armée pour payer ce dernier
tribut à ces braves représentants de notre marine toujours prête à
payer de sa personne, qu’il s'agisse du
service de l'État ou d'un service à rendre à l'humanité.
A
la suite de ce cruel événement, le préfet maritime de Cherbourg a
adressé aux officiers et équipages de la flotte l'ordre du jour suivant
:
Officiers
et équipages,
Une
grande catastrophe est venue jeter le deuil dans nos cœurs. Une chaloupe
de la frégate cuirassée « Couronne »,
commandée par un vaillant officier, M. de Besplas, et montée par des
hommes intrépides, a péri après avoir secouru et sauvé un bâtiment de
commerce qui était près de sombrer.
Un
grand nombre de nos compagnons et de nos amis (trente-deux) sont morts en
accomplissant cette œuvre de dévouement et d'humanité. Honorons leur
mémoire ! car ils sont morts en remplissant leur devoir, et le sacrifice
qu'ils ont fait de leur vie ajoute une gloire à l'histoire de notre
marine, déjà si féconde en belles actions, inspirons-nous donc de leur
exemple, et que leur souvenir soit à jamais pour nous un juste sujet
d'orgueil et de sympathie !
Le
contre-amiral, préfet maritime, G. Roze.
-
Indépendamment de la perte de l' « Argus » et du grand
sinistre que nous rapportons plus haut, nous apprenons que trois navires
ont été jetés à la côte, mais les équipages ont été sauvés. (l’Ordre
et la Liberté)
Mai
1864 -
On écrit de Cherbourg, le 1er
mai. -
Aujourd'hui,
à deux heures, a eu lieu le débarquement des troupes d'infanterie de
marine qui reviennent du Mexique.
L'amiral
Roze, préfet maritime par intérim, le sous-préfet, les fonctionnaires
de tous rangs se sont rendus sur le quai Napoléon, où se trouvaient
déjà réunis les nombreux états-majors de la marine et de l'armée de
terre.
L'amiral
a harangué les soldats, qui ont accueilli ses paroles par les cris
répétés de vive
l'Empereur !
Ils
ont été ensuite massés par compagnies en tête de leur régiment qui a
défilé devant la statue de Napoléon 1er,
aux nouveaux cris de vive
l'Empereur ! Le
régiment s'est rendu ensuite à sa caserne, parcourant la ville, dont les
rues étaient pavoisées.
Une
foule considérable s'était portée sur la place Napoléon. Des bouquets
et des couronnes ont été jetés aux soldats sur leur passage. Un ciel
magnifique a favorisé la fête.
La
municipalité a offert plusieurs barriques de vin pour le dîner des
soldats. (l’Ordre et la Liberté)
Mai
1864 -
Les bains de mer de Cherbourg.
-
Il y a longtemps déjà,
Cherbourg disparut un jour de la carte thermale. L'établissement des
bains ne tarda pas à tomber en ruines, et la plage, l'une des plus belles
et des mieux disposées de tout le littoral, resta veuve de baigneurs
étrangers, car notre population continua à la fréquenter
assidûment.
Celui
qui, l'année dernière, a visité Cherbourg sera bien surpris cette
année en voyant le magnifique bâtiment s'élevant aujourd'hui sur les
ruines qu'il contemplait avec regret, et un superbe jardin, plante
d'arbres et de bosquets, semé de fleurs, où il n'y avait autrefois qu'un
terrain en friche parsemé de ronces.
Grâce
à l'initiative de quelques-uns de nos concitoyens qui se sont formés en
société, grâce à la baguette magique de M. Geufroy, l'intelligent
architecte auquel Cherbourg doit ses principaux monuments, habilement
secondé par MM. les entrepreneurs Baude et Lepont, Bahot, Viel, Pichard,
Tellier et Fleury, notre station thermale ne laissera plus rien à
désirer sous le rapport de l'installation et du confortable. Un mois
encore, c'est-à-dire du 15 au 20 juin, aura lieu l'inauguration de
l'établissement, à laquelle seront conviés un grand nombre de nos
confrères de la presse parisienne et du département.
Du
bâtiment, nous ne dirons rien, si ce n'est qu'il fait le plus grand
honneur à celui qui en a conçu les plans et organisé les aménagements.
Mais nous dirons, chose importante, que la direction de l'établissement a
été confiée à un homme expert en l'art balnéaire et qui n'en est pas,
Dieu merci, à faire ses preuves. Nous félicitons la Société du choix
qu'elle a fait, car nul mieux que M. F. Alwood - nous l'avons vu à l'œuvre
- ne sait distraire son public jeux, danses, chants, spectacles, concerts,
feux d'artifices, se succèderont sans trêve au Casino. On s'amusera
cette année, à Cherbourg, ni plus ni moins que dans nos plus célèbres
établissements thermaux. On y respirera, mêlé aux tièdes haleines du
climat, un parfum de cette incomparable société parisienne où tous se
rapprochent, se mêlent presque, sans jamais se confondre.
Cherbourg,
on n'en peut douter, ne tardera pas à être envahi par les touristes, les
promeneurs et les baigneurs de toutes conditions. L'air y est pur, le
climat très doux, quoi qu'en disent les censeurs, et la plage si belle !
(l’Ordre et la Liberté)
19
Juin 1864 - Combat naval entre l' « Alabama »
et le « Kerseage ». - Les
voyageurs qui arrivaient de Cherbourg dimanche soir nous apportaient la
nouvelle qu'un
combat
naval avait eu lieu le même jour entre les deux navires américains, l'
« Alabama » et le « Kerseage », dont
la présence dans les eaux de Cherbourg avait été signalée, et, hier
soir, le Moniteur universel confirmait en ces termes cette nouvelle :
Une
dépêche télégraphique de Cherbourg annonce que ce matin (19 juin), à
11 heures 30 m., l' « Alabama » était sorti de rade.
Le « Kerseage » s'est aussitôt dirigé sur
lui. A 12 heures 10 m., le combat était engagé, on entendait une vive
canonnade.
A
1 heure 10 m., l' « Alabama », poursuivi par le
« Kerseage », retournait à toute vapeur sur Cherbourg,
mais il coulait peu de temps après.
Toute
la population de Cherbourg savait que les deux capitaines américains
s'étaient donné rendez-vous, et que M. Semmes, commandant le steamer
confédéré, n'avait pas craint d'accepter et même d'engager la lutte
malgré son infériorité, le « Kerseage » ayant une
artillerie plus nombreuse et étant un navire en partie cuirassé. Aussi,
le port et tous les points élevés d'où l'on pouvait dominer la mer
étaient-ils garnis d'une foule immense qui a pu suivre, pour ainsi dire
à l'œil nu, les phases de ce combat
naval.
Dans
la matinée, vers dix heures, l' « Alabama » est sorti
de la rade accompagné
de la frégate cuirassée la « Couronne », qui avait
reçu l'ordre de conduire le navire confédéré en dehors des eaux
françaises, c'est-à-dire à neuf milles au large. A peine la « Couronne »
venait-elle de s'éloigner que l' « Alabama » s'est
dirigé sur le « Kerseage » pour l'attaquer. Le combat
s'est immédiatement engagé avec acharnement. Le résultat était d'abord
incertain, lorsqu'une bombe lancée du « Kerseage » a
produit un tel ravage à bord du bâtiment confédéré que le capitaine
Semmes, voyant le navire sur le point de sombrer, a dû chercher à
regagner à toute vitesse le port de Cherbourg ; mais il n'a pu y
parvenir. Il a coulé au large. Le « Kerseage », qui le
poursuivait, a recueilli plus de cinquante naufragés.
Outre
la « Couronne », un yacht anglais et un navire suédois
se trouvaient non loin des deux combattants, ces navires ont donc pu, au
moment où l' « Alabama » coulait, mettre leurs
embarcations à la mer et sauver plus de soixante marins qu'ils
ramenèrent à Cherbourg.( L’Ordre et la Liberté)
Juin
1864
-
Nous recevons ce matin par l'agence Havas la dépêche suivante.
-
Southampton, 20
juin.
Le
capitaine Semmes et l'équipage de l' « Alabama » sont
arrivés à Southampton. L' « Alabama » a commencé l'attaque.
Le combat a duré de 10 heures 10 minutes à midi et demi. Lorsque le
navire confédéré coula, le steamer « Deerhound »,
qui observait le combat, sauva 40 hommes de l'équipage. parmi lesquels se
trouvaient le capitaine et 13 officiers. On croit que le « Kerscage »
est très endommagé L' « Alabama » a eu un officier et
un soldat noyés, six tués, dont un officier, et enfin seize blessés. Le
capitaine est grièvement blessé à la main. Le « Kerseage »
a sauvé le reste de l'équipage.
On
dit que le journal de bord et tous les papiers du capitaine Semmes,
relatifs aux croisières de l' « Alabama », ont été
sauvés.
L'
« Alabama » avait déjà pris ou coulé plus de 200
navires fédéraux. Aussi s'était-il acquis en Amérique une terrible
popularité, il était devenu l'épouvantail de la marine marchande. L'
« Alabama » et son capitaine, parfait gentleman du
reste, tout Barberousse qu'il soit, étaient l'objet à Cherbourg d'une
vive curiosité. Le vaisseau était un marcheur hors ligne.
Nous
croyons pouvoir affirmer en terminant que le capitaine de l' « Alabama »
est un marin français fort habile, de Lorient. Le nom sous lequel il a
inspiré tant d'effroi à la marine fédérale est un pseudonyme. Son
véritable nom est Teissier, et nous savons qu'il est avantageusement
connu de plusieurs de nos honorables concitoyens..(
L’Ordre et la
Liberté)
Juin
1864
-
L' « Alabama » et le « Kearseage ».
-
Le Moniteur
universel du 21 publie les renseignements que voici sur le combat naval de
l' « Alabama » et du « Kearseage »,
dont nous avons rendu compte mardi :
On
sait que le navire confédéré l' « Alabama », dont
les dernières dépêches de Chine signalaient la présence dans les eaux
de cet empire, et qui est arrivé en Europe presque en même temps que la
nouvelle de ses expéditions dans les mers de l'extrême Orient, avait
relâché, il y a quelques jours, dans le port de Cherbourg pour s'y
ravitailler de charbon, dont il fit, en effet, une provision achetée au
commerce de cette ville.
Dès
que l'arrivée de l' « Alabama » fut annoncée en
Europe, les différents navires de la marine fédérale qui croisaient
dans cette partie du monde, aussitôt avertis, se sont hâtés de prendre
des dispositions pour traquer un si redoutable ennemi. Le « Kerseage »,
arrivé le premier, se posta dans le canal de manière à atteindre l'
« Alabama », s'il venait à prendre le large.
L'
« Alabama », du reste, loin d'éviter son adversaire,
malgré la disproportion des forces, est sorti hier matin (20 juin), en
plein jour, de la rade de Cherbourg, suivi de la « Couronne »
de la marine impériale, chargée d'empêcher toute agression dans les
limites des eaux territoriales de la France. A onze heures, en dehors de
cette limite, l' « Alabama » et le « Kearseage »
se sont rencontrés, et le combat a duré jusque vers une heure et demie.
Il
parait que l’ « Alabama » aurait eu d'abord
l'avantage, jusqu'au moment où un boulet du « Kearseage »
vint briser son hélice, qui fut mise en pièces. Cet accident livra le
bâtiment confédéré complètement à la merci de son ennemi, qui le
coula au large.
Un
yacht anglais à vapeur, l' « Acteon », attiré par la
curiosité jusqu'à un demi-kilomètre du lieu du combat, a pu sauver et
prendre à son bord quelques hommes de l'équipage confédéré. Un
bateau-pilote en a recueilli neuf autres, parmi lesquels un officier, et
les a ramenés à Cherbourg. De son côté, le préfet maritime de ce port
s'est empressé d'envoyer un vapeur pour aider, au besoin, le « Kearseage »
au sauvetage.
Tous
les blessés, au nombre de vingt, ont pu être ainsi recueillis. On porte
le nombre des morts, du côté des Confédérés, à dix.
On
n'a pas encore de renseignements sur le sort du commandant de l' « Alabama »,
le capitaine Semmes, dont le nom est devenu presque légendaire à la
suite de tant de hardis coups de main accomplis depuis trois ans sur
toutes les mers du globe.
Cependant,
une dépêche, que nous avons publiée mardi, annonçait que le commandant
de l' « Alabama », recueilli en mer, était débarqué
à Southampton.
Aujourd'hui
nous avons, par le Times, des détails encore plus précis :
C'est
le yacht « Deerhaind », dit ce journal, qui a amené à
Southampton la capitaine Semmes avec 14 officiers et 27 hommes de
l'équipage de l' « Alabama ». L'action a eu lieu à
neuf milles environ de Cherbourg. Elle a duré de 11 heures 10 minutes
jusqu'à 12 heures 40 minutes. Pendant le combat, l' « Alabama »
eut son hélice brisée. Le capitaine Semmes fit déployer les voiles, et
ses canon tirèrent jusqu'à ce que les gueules fussent sous l'eau.
L'arrière du vaisseau était complètement submergée lorsque le
capitaine Semmes donna l'ordre de se sauver. Les hommes sautèrent alors
par-dessus le bord et nagèrent vers les embarcations, en se sauvant comme
ils le pouvaient. L' « Alabama » avait 150 hommes
d'équipage lorsqu'il a quitté Cherbourg ; 10 ou 11 ont été tués;
plusieurs autres ont été noyés.
Les
chronomètres, l'argent et tous les papiers des navires pris par l'
« Alabama » ont été sauvés.(
Le Moniteur Universel )
Juin
1864
-
Nous lisons encore les lignes suivantes dans le Moniteur
universel.
-
Le « Kearseage »
a recueilli 62 naufragés de l' « Alabama », puis il
est rentré à Cherbourg, où il a mouillé dans l'après-midi. Dix
blessés confédérés et 3 blessés fédéraux ont été conduits à
l'hôpital de Cherbourg. Neuf autres naufragés de l' « Alabama »
ont été sauvés et ramenés à Cherbourg par un bateau-pilote français.
Le
remorqueur le « Var », qui se tenait sous vapeur par
ordre du préfet maritime, est sorti de Cherbourg pour porter secours à
l' « Alabama », dès que ce bâtiment parut en danger, mais,
à cause de la distance à laquelle s'était livre le combat, le « Var »
ne put arriver sur le lieu du naufrage qu'au moment où le sauvetage des
marins de l' « Alabama » venait d'être terminé.(
Le Moniteur Universel )
Juin
1864
-
Le Phare de la Manche, du 21, publie ce qui suit, au sujet de
l'Alabama.
-
Le navire
confédéré comptait 122 hommes d'équipage, 22 officiers. Il était
commandé par M. Semmes, 56 ans. Tout le monde a entendu parler du navire
qui tenait la mer depuis deux ans, et du capitaine qui a commandé le
« Sumter ». Quelques-uns de nos officiers de mer et de
terre ont été témoins, les premiers, lors de leur séjour en Algérie,
des coups de vaillance de M. Semmes. Que les méticuleux en pensent ce
qu'ils voudront, nous sommes de la patrie de Surcouf. Ceux de Cherbourg
qui ont vu le capitaine Semmes disent que sa figure martiale, aux longues
moustaches, rappelait celle du général Allard, ce soldat exilé de la
France, ministre et général de Rund-jeet-Sing, qui organisa et, sa vie
durant, sauvegarda l'indépendance du Pendjaub.
Le
commandant du « Kearseage » se nomme Wenslow, il est du
Sud, mais il a embrassé la cause du Nord, ils ont, lui et M. Semmes,
servi sur le même bâtiment.
Trois
hommes de l'équipage sont morts à bord du « Kearseage »
des blessures reçues à bord de l' « Alabama ». Tous
trois, croyons-nous, avaient été amputés. Onze blessés sont à
l'hôpital, ils ont des fractures et des brûlures, ils seront sauvés.
Un
seul officier, que l'on sache, a péri, c'était le médecin, le docteur
Llewillin. Il a été englouti au moment où il finissait de panser un
blessé, qui a été sauvé.
Un
autre officier blessé, recueilli par l'embarcation de M. le
major-général Rozé, est mort à bord de cette embarcation. Cinq
officiers ont été sauvés par le pilote Mauger, et ils ont été
débarqués dans l'après-midi, parmi eux se trouve M. Armstrong, à qui
un éclat d'obus a causé une légère contusion au côté gauche. Le
même pilote a également débarqué 7 hommes recueillis par lui. Le soir,
52 hommes de l’ « Alabama », qui étaient à bord du
« Kearseage », ont été mis à terre. Est-ce par suite d'un
ordre supérieur émanant de l’autorité française ? Est-ce en
conformité du droit des gens ? Est-ce pour obtempérer aux instructions
télégraphiques de M. Dayton ? Est-ce nécessité de situation ? Nous l’ignorons,
de même qu'on ignore le chiffre des blesses du navire fédéral, on
ignore également si parmi les habiles canonniers de ce navire ne se
trouvent pas quelques déserteurs français, embauchés à Brest où le
« Kearseage » a fait long séjour.
Une
dépêche télégraphique, en date du 20 juin, 2 heures de relevée, a
annoncé à M. Bonfils, représentant à Cherbourg des Confédérés, que
le capitaine et d'autres officiers ( quel chiffre ? ) avaient pris terre
sains et saufs..
La
veille, M. Rafaël Semmes, que plusieurs personnes avaient exhorté, non
sans quelque vivacité, à ne pas tenter le combat, s'était montré
inflexible à cet égard, répondant qu'il voulait prouver aux plus
susceptibles qu'il n'était pas un corsaire s'attaquant seulement aux
bateaux du commerce, qu'il était dans un port de guerre, qu'il avait pris
avis de
différents officiers français, lesquels, se mettant à sa place,
reconnaissaient qu'ils se seraient battus. C'est-là le point d'honneur
militaire mis au-dessus du sentiment politique.
La
veille encore, samedi, à 10 heures du soir, M. Rafaël Semmes avait dit
à M. Bonfils : « Je suis catholique romain comme vous, je ne
pourrai, demain, assister au service divin, promettez-moi d'assister à la
messe et de la faire dire à mon intention. »
La
demande a été religieusement exécutée.(
Le Phare de la Manche
)
Juin
1864 -
On écrit de Cherbourg, le 12 juin.
- Une
dépêche ministérielle ordonne de changer immédiatement l'armement des
navires cuirassés « Solferino »,
« Magenta »
et « Couronne ».
Ces
bâtiments seront armés de pièces rayées de 30, de pièces de 50 et de
4 obusiers de 0,80.
L'armement
de la « Couronne »
se composera de 20 pièces de 30 rayées, de 16 pièces de 50 et de 4
obusiers de 0,80 rayés. (Phare
de la Manche. )
Juillet
1864 - On lit dans le Phare de la Manche.
- Une
scène tragique a eu lieu lundi, vers quatre heures du matin, dans une
maison de la rue du Bassin, à Cherbourg. Une jeune fille de Toulon,
récemment arrivée à Cherbourg pour y rejoindre un officier-marinier, se
voyant mal accueillie par ce dernier qui voulait la renvoyer en Provence,
lui a porté un coup de poignard qui eût pu être des plus graves s'il ne
se fût amorti sur une côte.
Nous
ne pouvons donner d'autres détails sur cette affaire. La jeune fille a
été mise en état d'arrestation. (l’Ordre et la Liberté)
Août
1864 -
Un météore. -
Le Phare de la
Manche annonce que, le
3 août, vers huit heures du soir, un bolide de couleur jaunâtre, de
forme conique et répandant un vif éclat, a été vu à Cherbourg. Il a
été visible pendant plus d'une minute, et a fini par éclater en l'air
en répandant un tourbillon d'étincelles.
Ce
météore est un des plus remarquables que l'on ait vus depuis longtemps.
(l’Ordre et la Liberté)
Août
1864 -
On lit dans le Phare
de la Manche, du 13
août. - La corvette fédérale américaine le « Kearseage »
commandant Winslow, qui était dernièrement sur notre rade et qui a
laissé à Cherbourg un souvenir mémorable, est revenue hier dans nos
eaux. Elle s'est présentée, vers une heure, à l'entrée de la passe de
l'Est, pour envoyer une chaloupe à terre avec plusieurs officiers, et a
louvoyé toute l'après-midi derrière la digue.
Deux
de ses embarcations ont abordé successivement à la darse du port de
commerce, l'une pour prendre les trois hommes de son équipage qui avaient
été transportés blessés à
l'hôpital maritime après son combat du 19 juin avec l'« Alabama »,
l'autre pour faire des vivres. Le dernier de ces canots a rallié le bord
sur les sept heures du soir, et le « Kearseage »,
cinglant aussitôt vers le large, s'est éloigné sous toute vapeur. (l’Ordre
et la Liberté)
Août
1864 -
Un grave accident. -
Un déplorable accident a attristé la fin de la fête du 15 août
à Cherbourg. Au moment du feu d'artifice, une bombe devant servir au lancement
des fusées a fait explosion, et ses éclats, projetés horizontalement,
sont venus frapper quelques-uns des spectateurs les plus rapprochés des
pièces d'artifice.
Une
femme a été tuée sur le coup, et, parmi les blessés dont quelques-uns
sont
grièvement atteints, une seconde victime a succombé depuis
l'événement. (l’Ordre
et la Liberté)
Septembre
1864
-
Une mutation.
-
M. Auguste Mignot, fondé de pouvoirs de M. le receveur
particulier des finances de l'arrondissement de Cherbourg, vient, par
arrêté de M. le préfet de la Manche,
du
2 de ce mois, d'être nommé percepteur à Saint-Germain-le-Gaillard
(Manche). (l’Ordre et la Liberté)
Septembre
1864
-
L’exhumation de marins.
-
Le 31 août dernier, on a procédé, dans le cimetière de
Cherbourg, à l'exhumation des restes des 17 marins de la frégate
cuirassée la « Couronne », qui ont péri victimes de
leur dévouement, lors de la grande tempête du 2 décembre 1863, en
portant secours au navire du commerce l' « Argus ».
Ces
marins ont été inhumés à nouveau dans un terrain donné par la ville
et concédé à perpétuité. Un monument va être élevé à la mémoire
de ces malheureuses victimes, avec les fonds provenant de la souscription
qui avait été ouverte.
Une
partie de ces fonds a déjà été remise aux familles pour leur venir en
aide. (l’Ordre et la Liberté)
Septembre
1864
-
Un incendie.
-
Dans la nuit du 4 au 5, vers minuit et demi, un incendie a
éclaté dans une des mansardes formant le comble d'une maison à trois
étages, située à Cherbourg, rue Notre-Dame, nº 24.
Grâce
aux prompts secours qui ont été donnés, le feu n'a pas communiqué avec
les étages, mais les mansardes, les greniers et la toiture ont été
complètement brûlés. Tout le monde a pu se sauver.
La
cause de cet incendie est attribuée à l'imprudence d'un locataire qui,
en s'endormant, aurait laissé sa chandelle allumée près de son lit. (l’Ordre
et la Liberté)
Septembre
1864 -
Une mutation. -
M. Auguste
Mignot, fondé de pouvoirs de M. le receveur particulier des finances de
l'arrondissement de Cherbourg, vient, par arrêté de M. le préfet de la
Manche,
du
2 de ce mois, d'être nommé percepteur à Saint-Germain-le-Gaillard
(Manche).
(l’Ordre et la Liberté)
Septembre
1864 -
On nous écrit de Cherbourg, sous la date du 11 septembre.
- Le
yacht le « Jérôme-Napoléon », ayant à son bord le
prince Napoléon, la princesse Clotilde et le prince Humbert, est arrivé
sur rade de Cherbourg, hier 10 septembre, à neuf heures et demie du
matin, venant du Havre.
Les
navires sur rade se sont pavoisés et ont tiré une salve de 101 coups de
canon. Le yacht a répondu aux navires en passant
le long de leurs bords, et est venu mouiller près de la passe du port
militaire.
Le
préfet maritime s'est aussitôt rendu auprès des princes pour prendre
leurs ordres. Immédiatement après, les arrivants sont allés visiter la
Digue, qu'ils ont parcourue en grande partie. A onze heures et demie, ils
sont descendus à terre, sont allés à la préfecture maritime et ont
visité le casino des bains. A deux heures, à bord du vaisseau cuirassé
et à éperon le « Magenta », mouillé sur rade, on a
fait. en leur présence, l'exercice des pièces se chargeant par la
culasse. Deux coups de canon ont été tirés.
Après
cette expérience, les princes se sont rendus au port militaire, qu'ils
ont visité presqu'entièrement, et, à cinq heures du soir, ils ont
rejoint le « Jérôme-Napoléon », à bord duquel ils
avaient offert un somptueux dîner aux autorités.
Le
yacht a quitté la rade de Cherbourg, cette nuit, faisant route pour
l'Angleterre. (l’Ordre et la Liberté)
Octobre
1864 -
Un sinistre. -
Un
nouveau sinistre vient de frapper le commerce maritime de Cherbourg : le
trois-mâts de ce port la « Palmyre », capitaine Millet,
armateur M. Le Terrier, s'est perdu sur la côte d'Haïti, dans la nuit du
20 au 21 septembre. Tout l'équipage est sauvé.
(l’Ordre et la Liberté)
Octobre
1864 -
Mort de la doyenne. -
Dimanche dernier, est morte à Cherbourg
la doyenne d'âge de cette ville, Mme Anne Lelong, veuve Fenard,
décédée dans sa 101e année. Elle était née au Theil, le 5
juin 1764. (l’Ordre et la
Liberté)
Décembre
1864
-
Le temps qu’il fait.
-
La neige est
tombée assez abondamment dans nos contrées dimanche matin ; à midi,
elle avait déjà, aux environs, une épaisseur de près de 20
centimètres. La soirée de dimanche a été calme et douce, mais, dans la
nuit, le froid l'a emporté, et, lundi matin, le thermomètre marquait une
des plus basses températures de nos contrées maritimes, 10 degrés
au-dessous de zéro.
Cherbourg
et le Cotentin, en général, ont eu plus de neige que nous, ce qui n'est
pas habituel. Cette neige a l'inconvénient d'arrêter beaucoup de
travaux, mais elle est plutôt avantageuse aux biens de la terre. Elle
recouvre les nouvelles semailles, fait mourir les insectes et protége les
colzas, si retardés cette année, et qui ne résisteraient pas à une
forte gelée directe.
Ces
derniers frimas ont nécessairement interrompu la fabrication des cidres,
qui était assez avancée, et qui donnait des résultats exceptionnels. En
effet, les jus de cette année contiennent un huitième de plus d'alcool
que les années précédentes. Le cidre sera donc d'une qualité
supérieure et se conservera mieux que d'habitude. Les blés sont à un
prix décourageant pour les agriculteurs (17 à 18 fr. l'hectolitre), et
il n'y a pas encore de reprise sur les bestiaux maigres, à cause de la
cherté persistante des fourrages.
Quant
au commerce des poulains et des chevaux en général, à part les sujets
d'élite, il y a stagnation obstinée, malgré l'impulsion que la
fondation de la Société du demi-sang normand avait paru donner tout
d'abord au marché chevalin. Le mécanisme de cette institution est du
reste mieux compris, et beaucoup de gens qui, dans le principe, ne
s'étaient pas bien rendu compte de la raison d'être de cette nouvelle
Société d'encouragement, reviennent de leurs défiances, maintenant
surtout que la publication des statuts leur a ôté pour le moment toute
crainte de la voir dégénérer en Société étalonnière. (l’Ordre et
la Liberté)
Janvier
1865 -
On lit dans le Phare de la Manche.
- Nous
avons dit que l'équipage de la frégate prussienne, la « Gazelle »,
est caserné au quartier de la division des équipages de la flotte,
pendant que son navire se répare dans une des formes du port militaire.
On peut donc voir aujourd'hui les Prussiens monter la garde à Cherbourg,
car l'équipage de la « Gazelle » a naturellement un
poste à la porte de la caserne qu'il occupe. (l’Ordre et la Liberté)
Janvier
1865 -
Un accident maritime. -
L'aviso à
vapeur le « Talisman »,
commandant de Saux, qui était parti de Gibraltar le 16 janvier, a
mouillé sur notre rade jeudi dernier, à 7 heures 30 du matin, dit la Vigie
de Cherbourg. Le
« Talisman »
se trouvait à peu de distance de Cherbourg (il était 3 heures du matin),
lorsqu'il a donné sur un brick de commerce, le « Tallar »,
et lui a cassé un mât. Le « Tallar »,
de 400 tonneaux de port, avait pris un chargement de soufre à Séville
(Espagne), à destination de Dunkerque.
Le
« Talisman »
a pris le navire abordé à sa remorque et l'a conduit dans le port de
Cherbourg. Le capitaine du « Tallar »,
M. Le Démellé, qui a eu la jambe cassée lors de l'abordage, a été
immédiatement transporté à l'hôpital maritime, où il reçoit les
soins les plus empressés. On ignore encore si l'amputation sera
nécessaire. (l’Ordre et la Liberté)
Janvier
1865 -
Une découverte. - Un
canot a été jeté par la tempête, la semaine dernière, sur la côte d'Urville.
On présume que cette embarcation est une des chaloupes qui appartenaient
à l' « Alabama ».
(l’Ordre et la Liberté)
Février
1865
-
Nous lisons dans la Vigie de Cherbourg.
-
Le vaisseau de
la marine turque « Kossova », et les frégates « Estoyroul »
et « Khudevendyar », sous le commandement supérieur de
l'amiral Edhem Pacha, ont mouillé sur notre rade dans la nuit de samedi
à dimanche. Ces bâtiments ont salué la rade au point du jour ; le
vaisseau le « Napoléon » et les batteries de terre ont
répondu immédiatement.
Son
Exc. Méhémet-Djémil-Pacha, ambassadeur de Turquie, accompagné de M.
Memir Effendi, son secrétaire, et de M. Chauvin, chancelier de
l'ambassade, arrivait quelques heures après (par le train de 7 heures
15).
Son
Excellence, qui était descendue à l'Hôtel de l'Univers, est repartie
mercredi matin pour Paris. (l’Ordre et la Liberté)
Mars
1865 -
La vie du port. -
La corvette
prussienne la « Niobé », bâtiment-école des élèves
de marine, a mouillé sur notre rade samedi, vers midi, venant de la
Méditerranée.
Ce
navire doit rallier le port de Dantzig (Prusse) dans une quinzaine de
jours, de conserve avec la « Gazelle », frégate de la
même nationalité, en ce moment en réparation dans notre port.
On
attend les bricks prussiens le « Mosquito » et le « Rob-Ber »,
navire-école des mousses, qui doivent également rallier leur pays natal.
(Vigie de Cherbourg.)
Avril
1865 -
Nous lisons dans la Vigie de Cherbourg.
- Notre rade
présentera cet été un aspect imposant, car la création d'une seconde
escadre cuirassée, qui prendra le nom d'escadre de la Manche, est
aujourd'hui définitivement résolue.
Elle
se composera de la frégate cuirassée la « Flandre »
dont on presse l'armement avec la plus grande activité, du « Magenta »,
de l' « Héroïne », et plus tard de la « Gauloise »
qui sera mise à l'eau le 23 de ce mois.
Deux
escadres étrangères viendront nous visiter,
une escadre anglaise qui mouillera en rade dans les derniers jours de
juillet ou dans les premiers jours d'août, et une escadre russe composée
des frégates cuirassées le « Sébastopol » et le
« Petropawlosk », de la corvette cuirassée « Smerch »,
construite sur les plans de la célèbre corvette danoise « Rolf-Krake »,
et des canonnières cuirassées à tourelles « Vechoun »,
« Koldoun » et « Edinogor »,
récemment terminées. Cette escadre quittera Cronstadt au commencement du
mois de juin pour se rendre directement dans nos eaux. (l’Ordre et la
Liberté)
Juin
1865 -
La flotte. -
Le journal
anglais The Owl annonce que le 15 juillet, le prince de Galles ira
à Plymouth passer en revue les flottes cuirassées réunies de la France
et de l'Angleterre. Après avoir dit que cette réunion des deux flottes
est un gage de l'alliance franco-anglaise, le The Owl ajoute : «
Après cette magnifique revue de Plymouth, les deux flottes se rendront
dans différents ports d'Angleterre et de France. Elles seront sans doute
inspectées à Cherbourg par l'Empereur Napoléon. Nous sommes persuadés
que les habitants de nos grands ports de mer rivaliseront de bienveillance
avec leurs voisins de France, en offrant l'hospitalité à leurs visiteurs
marins. Nous regardons cet événement comme étant de nature à laisser
de joyeux et bons souvenirs aux deux pays, car tout en évoquant et
établissant une amitié durable, il assurera probable- ment la
tranquillité du monde. (l’Ordre
et la Liberté)
Juillet
1865 -
La division de cuirassée.
- M.
le contre-amiral baron de La Roncière Le Noury, chef d'état-major de M.
le ministre de la marine et des colonies, est appelé au commandement de
la division cuirassée qu'on vient de former à Cherbourg. Il prendra le
titre de commandant en chef la division d'expériences de l'Océan. (l’Ordre
et la
Liberté)
Juillet
1865 -
La grande fête maritime internationale.
- On
assure que, par suite d'arrangements tout récents, c'est à Cherbourg et
non à Brest qu'aura lieu la grande fête maritime internationale du mois
d'août.
L'escadre
anglaise, commandée par le contre-amiral Dacres, arrivera le 14 août à
Cherbourg. L'amiral anglais aura son pavillon sur le vaisseau à vapeur l'
« Edgard ».
On fait à ce navire de guerre les aménagements nécessaires pour qu'il
puisse recevoir à son bord le duc de Sommerset, premier lord de
l'Amirauté, lord Clarence Paget, secrétaire, et les autres membres de
l'Amirauté. (l’Ordre et la Liberté)
Août
1865 -
Le contre-amiral. -
Une
dépêche particulière de Cherbourg annonce que M. le contre-amiral baron
de La Roncière Le Noury, commandant en chef de la division navale
cuirassée de l'Océan, a hissé, mardi dernier, sur le vaisseau cuirassé
à éperon le « Magenta », son pavillon, qui a été
salué de neuf coups de canon. (l’Ordre et la Liberté)
Septembre
1865 -
nouvelles diverses. -
Une rixe
sanglante a eu lieu mardi soir entre des matelots américains et des
habitants de Cherbourg. En voici l'origine, d'après nos renseignements :
Sur
les 5 heures du soir, deux marins américains buvaient chez M. Laurent,
cafetier, place du Château, pendant que d'autres marins américains
étaient attroupés en face de la rue du Bassin et se querellaient, il y
eut même des voies de fait entre eux.
La
rixe finie, ils voulurent pénétrer chez le sieur Laurent pour chercher
querelle à leurs camarades qui s'y trouvaient.
Le
cafetier, pour éviter un désordre que faisait craindre leur état
d'exaspération, crut devoir intervenir, et repousser un des matelots
américains au moment où il allait se jeter en furieux sur un de ses
compatriotes, mais saisi violemment à la gorge par deux américains et
frappé, malgré sa femme qui était accourue à son secours et qui fut
brutalement repoussée, le sieur Laurent ne parvint à se dégager
qu'après avoir reçu plusieurs coups de poing à la tête. Il saisit
alors un manche à balai et se défendit. Plusieurs individus attablés
dans le café et quelques bourgeois passant dans la rue se portèrent à
son secours, et une lutte terrible eut lieu dans l'établissement.
C'est
à ce moment que M. De Busschère, commissaire de police du quartier,
accourut sur le théâtre de la lutte, où des forcenés frappaient avec
leurs couteaux. Il voulut d'abord employer l'autorité légale, mais
repoussé et frappé d'un coup de poing, il dut résister à la violence
par la force, et aidé par plusieurs bourgeois et des marins français,
indignés de la conduite des Américains, il parvint à mettre les
perturbateurs à la porte, à s'emparer du couteau que brandissait le seul
qui fut resté dans le café, et à conduire ou plutôt à traîner 5
matelots au violon, où ils ont passé la nuit, et d’où ils sont sortis
hier matin, sous la conduite d'un de leurs officier et de la gendarmerie,
pour être reconduits par la force armée à leur bord, et y subir la
punition que le règlement disciplinaire de la marine des États-Unis
infligé à de pareils délits
Aucune
blessure grave n'a heureusement eu lieu dans cet rixe. Toutefois, nous
devons signaler la conduite énergique et vraiment courageuse qu'a tenue
dans cette circonstance le commissaire de police De Busschère.
(Phare de la Manche)
Octobre
1865 -
Visite de salubrité. -
La Vigie de Cherbourg
annonce que M. le vice-amiral préfet maritime a nommé une commission
qu'il a chargée de visiter scrupuleusement tous les établissements de
l'arsenal et les divers casernements de la marine, à seule fin de
s'assurer si, dans tous ces établissements, il règne une parfaite
salubrité, si le logement et la nourriture des troupes ne laissent rien
à désirer.
Nous
applaudissons à cette excellente mesure, dit la Vigie, qui a pour
but de prévenir l'épidémie qui sévit dans le Midi de la France.
Le
bruit avait couru à Caen que le choléra avait fait son apparition à
Cherbourg, les lignes qui précèdent sont de nature à démontrer que
cette nouvelle est, heureusement, dénuée de fondement. (l’Ordre et la
Liberté)
Juin
1889. -
Tremblement de terre. -
Dans l'Orne, la
secousse a été ressentie, mais ne parait pas avoir été aussi forte que
dans le Calvados.
Dans
la Manche, c'est à Cherbourg que la commotion a été la plus violente.
Il y a eu quatre secousses. Un clocheton de la chapelle des Morts à
l'église Sainte-Trinité a été renversé. Le phénomène s'est aussi
fait ressentir dans l'Eure, ainsi qu'au Havre, à Rouen et dans la
Seine-Inférieure.
Il
a été très violent dans les îles de la Manche. A Paris, secousse peu
sensible. ( Bonhomme Normand)
Juin
1889. -
Le tremblement de terre du 30 Mai.
- Cherbourg,
30 mai, 10 h. soir.
A
huit heures vingt-trois, Cherbourg a ressenti pendant six à sept secondes
environ, les secousses d'un violent tremblement de terre.
Un
clocheton de la cathédrale s'est effondré : nombre de maisons ont eu
leurs vitres brisées ; plusieurs personnes ont été renversées.
Cette
première secousse a été suivie de deux autres moins violentes. On
redoute des sinistres. (l'Avenir du Calvados)
Septembre
1914 -
Un cuirassé américain à Cherbourg.
- Dimanche
matin, est arrivé sur rade, à Cherbourg, le cuirassé américain
« North-Carolina »,
venant de New-York. Ce navire a salué la terre de vingt et un coups de
canons qui ont été rendus, coup pour coup, par la batterie du front de
mer.
Les
visites de courtoisie ont eu lieu ensuite, avec le gouverneur de Cherbourg
et les autorités civiles. Nous croyons savoir que le cuirassé « North-Carolina »
a apporté des secours s'élevant à un million en or, destinés aux
membres des colonies américaines restés en France.
Le
« North-Carolina »
a rapatrié un certain nombre de consuls français, en Amérique, touchés
par un ordre de mobilisation. Le « North-Carolina »
séjournera plusieurs jours sur rade. (Bonhomme Normand)
Septembre
1914
-
Prisonniers allemands.
-
Il
y en a 1 200 ( rien que ça ! ) d'arrivés à Cherbourg. Parmi eux, 14
officiers qui sont retenus à bord d'un paquebot dans le port du Commerce.
On les a dissimulés aux regards du public en tendant des bâches.
Ces
officiers sont gardés par des soldats d'infanterie coloniale. Ils doivent
avoir conservé leur raideur et leur orgueil germanique et ils ne doutent
de rien, car il paraît qu'ils ont demandé à boire du champagne ! On a
du négliger de leur en offrir.
Dans
le port de Cherbourg se trouvent aussi deux prises de guerre : un
trois-mats allemand et un vapeur autrichien. Puisse-t-il en venir beaucoup
d'autres ! (Bonhomme Normand)
Octobre
1914 -
Chez nos voisins. -
A Cherbourg et
dans la région, il y a 16 000 émigrés du Nord. La misère de ces
pauvres gens est extrême et nos voisins de la Manche s'ingénient pour la
soulager.
Ils
ont imaginé de faire vendre, dimanche dernier, dans toutes les communes
du département, des petits drapeaux aux couleurs des diverses nations
alliées. On a offert ainsi 450 000, près d'un demi million, de ces
pavillons minuscules, et ce sont les jeunes filles qui se sont consacrées
à cette vente patriotique.
Ce
jour-là, les demoiselles de la Manche n'ont pas été trop manchotes.
(Bonhomme Normand)
Novembre
1914 -
Un jeune héros. -
Actuellement
se trouve à Cherbourg, où il prend un peu de repos, un jeune soldat
belge, Émile Sapin, 22 ans. A lui seul, Émile Sapin a détruit une
batterie allemande, pris le drapeau d'un régiment de hussards, tué le
colonel et fait 40 prisonniers. Il est chevalier de l'Ordre de Léopold et
de la Légion d'honneur. (Bonhomme Normand)
Septembre
1950 -
Au Comité du Débarquement.
- Si
le Comité du Débarquement n'existait pas il faudrait l'inventer.
Heureusement il existe et chacune de ses réunions témoigne du souci de
ses membres a entretenir le culte de grands souvenirs. Dans une assemblée
qui réunit les représentants de communes légitimement fières des
exploits dont elles furent le théâtre, le cap des susceptibilités
locales n'est pas toujours facile à éviter. Disons donc que la dernière
séance tenue samedi à l'Hôtel de Ville de Bayeux sous la présidence de
M. Triboulet, député, n'a connu que des débats exempts de périls. Il
ne fut d'ailleurs question que de bonnes nouvelles. On s'y est d'abord
félicité du succès remporté par les cérémonies commémoratives du 6
juin dernier.
Il
est probable que celles de l'an prochain qui se dérouleront à Luc et
Langrune soient honorées de la présence du Général Eisenhower. Enfin,
une nouvelle dont on parlait sans oser y croire : un crédit de 180
millions, provenant de la vente d'épaves américaines va permettre
l'édification de deux musées à Arromanches et à Cherbourg, d'un
monument à Port-en-Bessin et de stèles commémoratives à Carentan,
Ste-Mère-Église, St-Laurent-Vierville, St-Come-de-Fresne, Courseulles,
Bernières-sur-mer, Ouistreham et Bénouville notamment. Le mémorial de
la Libération prévu à Bayeux, au rond-point de Vaucelles, dont on
annonce l'inauguration pour l'an prochain, recevra sa part du pactole et
les Caennais apprendront avec plaisir que la même aubaine servira à la
reconstruction de la flèche de leur église Saint-Pierre.
Un
représentant de la Manche aurait voulu que le 6 juin soit déclaré jour
férié. Il parait que la chose présenterait de telles difficultés qu'on
décida à tout le moins de
demander que les écoles du littoral fassent relâche.
Me
Laurent soutint cette cause avec tant de chaleur que sans attendre le
prononcé de l'arrêt par les autorités préfectorales, les écoliers peuvent des maintenant attribuer un bon point
au distingué maire de Luc. (Le Bonhomme Libre) |