Octobre
1829
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On nous écrit de Sainte-Mère-Église.
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le 18
septembre une espèce de trombe a traversé tout le territoire de la
commune de Picauville ( département de la Manche ), sa plus grande
force s'est montrée dans les terres cultivées. Là, elle a renversé
un grand nombre de pommiers. Les murs d'une grange ont été ébranlés
et le toit enlevé, heureusement
la principale maison était hors de la ligne, mais une chaumière de
pauvres gens a été entièrement détruite.
On
parle de personnes transportées d'une place à l'autre, d'hommes
renversés de cheval, etc…
(Le Journal de Caen et de la Normandie)
Avril
1950
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Une querelle de clocher.
-
Nous nous en voudrions de jeter de l'huile sur le feu. Comment
cependant ne pas dire que les séances du Comité de Débarquement nous
avaient habitués a plus de confiance et d'union.
Celle
qui vient de se tenir à l'Hôtel de Ville de Bayeux
sous la
présidence de M. Triboulet, en présence de MM. Lejoux,
sous-préfet ; Lecacheux, Yver, sénateurs de la Manche, et leurs
collègue du Calvados, M. André ; Léonard Gille et Destors, de
l'assemblée départementale du Calvados, et d'une cinquantaine de
maires des communes du littoral, a témoigné d'un particularisme
regrettable. Peut être après tout valait-il mieux mettre une bonne
fois les points sur les i pour éviter le retour de querelles qui en
définitive ne profiteraient à personne.
Au
risque de bousculer l'ordre du jour des débats disons d'abord que les
fêtes anniversaires du jour ( J ) se dérouleront le 5 Juin à Tracy,
Arromanches et Ver. Le lendemain les manifestations se poursuivront à
Ste-Mère-Église, Ste-Marie-du-Mont et Vierville, ou aurait lieu
l'inauguration de la Mairie et de la Poste ainsi que la pose de la
première pierre de l'école communale. Un détail qui a son importance
: la subvention gouvernementale allouée au Comité et qui était l'an
dernier de 3 millions, a été réduite de 300 000 fr. Les temps sont
durs.
Pour
la même raison, Il semble que le port artificiel d'Arromanches, soit
sur le point d'être sacrifié aux nécessités de la reconstruction du
port du Havre. L'État ferait ainsi, parait-il, une économie d'un
milliard. Au-tant dire que les raisons sentimentales devront céder
devant les chiffres si les caissons se révèlent à l'examen encore
utilisables. Les premières opérations de renflouement débuteraient en
juillet prochain.
Et
nous en arrivons au morceau de résistance. Un aménagement des sites de
débarquement avec les bénéfices de la vente des épaves du port
américain de Saint-Laurent-Vierville doit permettre de financer, entres
autres dépenses, la reconstruction de l'église de Vierville,
l'organisation de musées à Arromanches et Sainte-Mere-Église, le
monument projeté à Bayeux et la réfection de la flèche de
Saint-Pierre de Caen. Ce dernier projet souleva de la part de certains
de nos voisins de la Manche une véritable querelle ... de clocher.
Les
États-Unis nous offrent leur port pour aménager nos sites, dirent-ils
en substance. Les bénéfices doivent donc être partagés entre les
deux secteurs américains du Calvados et de la Manche et non avec le
secteur anglo-canadien du Calvados. Fort opportunément, Monsieur
Triboulet, député, approuve d'ailleurs par une grande partie de
l'assistance, ramena la discussion à une hauteur d'où elle n'aurait
jamais du descendre. S'il est permis de prétendre (non sans paradoxe)
que la ville de Caen ne saurait être considérée comme une commune du
littoral, la destruction du clocher de St-Pierre est là pour attester,
hélas, que les artilleurs d'un cuirassé ont une autre façon
d'apprécier les distances. Comme le bon sens ne perd jamais ses droits
entre Normands, la sagesse et la justice on fini par avoir raison.
Et
l'on en vint par ou l'on aurait du sans doute commencer : désormais, un
parlementaire de la Manche représentera ses compatriotes aux réunions
administratives du Comité qui se tiennent
à Paris. Sage mesure qui, en attendant l'aménagement des sites,
ménagera du moins toutes Ies susceptibilités. (Le Bonhomme Libre)
Septembre
1950 -
Au Comité du Débarquement.
- Si
le Comité du Débarquement n'existait pas il faudrait l'inventer.
Heureusement il existe et chacune de ses réunions témoigne du souci de
ses membres a entretenir le culte de grands souvenirs. Dans une assemblée
qui réunit les représentants de communes légitimement fières des
exploits dont elles furent le théâtre, le cap des susceptibilités
locales n'est pas toujours facile à éviter. Disons donc que la dernière
séance tenue samedi à l'Hôtel de Ville de Bayeux sous la présidence
de M. Triboulet, député, n'a connu que des débats exempts de périls.
Il ne fut d'ailleurs question que de bonnes nouvelles. On s'y est
d'abord félicité du succès remporté par les cérémonies commémoratives
du 6 juin dernier.
Il
est probable que celles de l'an prochain qui se dérouleront à Luc et
Langrune soient honorées de la présence du Général Eisenhower.
Enfin, une nouvelle dont on parlait sans oser y croire : un crédit de
180 millions, provenant de la vente d'épaves américaines va permettre
l'édification de deux musées à Arromanches et à Cherbourg, d'un
monument à Port-en-Bessin et de stèles commémoratives à Carentan,
Ste-Mère-Église, St-Laurent-Vierville, St-Come-de-Fresne, Courseulles,
Bernières-sur-mer, Ouistreham et Bénouville notamment. Le mémorial de
la Libération prévu à Bayeux, au rond-point de Vaucelles, dont on
annonce l'inauguration pour l'an prochain, recevra sa part du pactole et
les Caennais apprendront avec plaisir que la même aubaine servira à la
reconstruction de la flèche de leur église Saint-Pierre.
Un
représentant de la Manche aurait voulu que le 6 juin soit déclaré
jour férié. Il parait que la chose présenterait de telles difficultés
qu'on décida à tout le moins
de demander que les écoles du littoral fassent relâche.
Me
Laurent soutint cette cause avec tant de chaleur que sans attendre le
prononcé de l'arrêt par les autorités préfectorales, les écoliers peuvent des maintenant attribuer un bon point
au distingué maire de Luc. (Le Bonhomme Libre) |